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Elevage pastoral et feu agricole en Corse : vers la maîtrise de la tradition

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Academic year: 2021

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HAL Id: hal-02758345

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Submitted on 4 Jun 2020

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Elevage pastoral et feu agricole en Corse : vers la maîtrise de la tradition

Mathieu Peraudeau, Pierre Santucci, Jean-Christophe Paoli, Remy Bouche

To cite this version:

Mathieu Peraudeau, Pierre Santucci, Jean-Christophe Paoli, Remy Bouche. Elevage pastoral et feu agricole en Corse : vers la maîtrise de la tradition. 2. Séminaire du Réseau Scientifique-Professionnel Méditerranée Élevage, May 2006, Saragosse, Espagne. �hal-02758345�

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Elevage pastoral et feu agricole en Corse : Vers la maîtrise de la tradition

M. Peraudeau, P. Santucci, J.C. Paoli et R. Bouche

Laboratoire de Recherche sur le Développement de l’Elevage (INRA-SAD LRDE) Quartier Grossetti, 20250 Corte, France

RESUME – Elevage pastoral et pratique du feu sont fréquemment associés en Méditerranée et particulièrement en Corse où cependant peu d’études sérieuses y sont consacrées. Un suivi d’élevage (6 exploitations), dans une région pastorale (Nord-Est d’Ajaccio) permet de montrer que l’usage du feu repose à la fois sur des critères physiques (dynamique de la végétation arbustive), technico-économiques (modalités d’occupation spatiale par le troupeau et coût d’intervention ) et historiques (tradition). Des perspectives sont avancées pour une maîtrise de l’emploi de cette pratique, au niveau de chaque élevage et à l’échelle collective, pour un maintien pérenne des ressources spontanées.

Mots clés : Elevage pastoral, feu agricole, végétation arbustive, gestion des ressources.

SUMMARY – "Pastoral stock breeding and burning in Corsica: Mastering tradition". Pastoral stock breeding and burning are often combined in the Mediterranean, and especially in Corsica, where only a few reliable studies have been conducted about this issue. Six breeding farms located in pastoral areas (NE of Ajaccio) have been followed through over the lactation season. This study shows that the burning activity is linked to physical (shrub vegetation dynamics), technico-economic (herd spatial driving and intervention cost) and historical (traditions) factors. Prospects evolve towards controlled use of burning, at farm level, as well as on a collective scale for a sustainable management of natural resources.

Keywords: Pastoral stock breeding, patoral burning, shrub vegetation, resources management.

Introduction

En méditerranée, le feu pastoral est en général considéré comme un fléau dans la mesure où il est synonyme de destruction (flore, faune), d’érosion (lessivage du sol), d’agression du paysage (incinération), de dépenses et de surcoûts et parfois à l’origine de drames humains.

Des raccourcis avec l’incendie sont inévitables et l’opinion publique, acquise au discours dominant (Clément, 2005) est particulièrement réactive, voire opposée à l’usage du feu.

Pour autant, des études scientifiques montrent l’intérêt de l’usage du feu, en tant qu’outil, en explicitant les conditions techniques (intensité, régime, saison, etc.), les modalités de conduite, les interventions post brûlage (Rigolot, 1999). Dans l’état actuel, les références sont suffisamment nombreuses pour conclure que l’emploi de cette technique est possible voire préconisée (Di Castri, 1991).

Ce travail s’inscrit dans le cadre de la définition d’une politique récente (PPIFEN : Plan de Prévention des Incendies de Forêts et des Espaces Naturels, document élaboré par le préfet de région : 2005) visant notamment à accorder une place au brûlage dirigé tant dans les élevages pastoraux, dans un premier temps à titre d’expérimentation, que dans l’entretien du sous bois forestier. Cette étude présente les caractéristiques des élevages, les logiques de gestion de l’espace par les troupeaux et les déterminants du brûlage. L'exploration d'améliorations techniques avec une perspective d’organisation des acteurs sur l’objet "feu" est ensuite envisagée.

Matériel et méthodes

Dans le cadre du programme sur la maîtrise du brûlage dirigé mise en œuvre pas les services de

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l'agriculture du département de Corse du Sud - Direction Départementale (DDAF) et Chambre Départementale (CDA) - six élevages pastoraux sont volontaires pour participer au programme.

Durant la campagne laitière (oct. 2004-juillet 2005), des enregistrements de données sur le fonctionnement du système d'élevage et des entretiens auprès des éleveurs sur l'usage du feu sont réalisés.

Les élevages sont de type pastoral, en zone de piémont, basés sur une race locale de brebis laitière - format, 35 kg poids vif et production annuelle de 120 l - et sur un territoire pastoral (TP) d'environ 400 ha, recouvert par une végétation arbustive typiquement méditerranéenne, couramment appelé parcours en raison de sa nature (relief, hétérogénéité du couvert végétal, faible valeur pastorale) et de son mode d'utilisation (pâturage libre, faible chargement/ha).

Des relevés cartographiques par Système d’Information Géographique (SIG Mapinfo) à partir de photographies aériennes (ortho-photoplan, IGN, 2002) sont effectués pour chaque élevage.

L'ensemble des caractéristiques figurent au Tableau 1.

Tableau 1. Caractéristiques des élevages Élevage UTH Effectifs Surface

(ha) Végétation basse††

(ha)

Arbustive (ha) Prairie (ha) Autre†††

(ha)

Basse Haute Naturelle Temporaire

A 2 120 cap

120 ov 618 183 94 214 52 6 69

B 1,5 250 ov 176 73 52 2 26 20 3

C 2 250 ov

130 bov 853 309 146 233 35 0,0 130

D 2 130 ov 135 117 7 1 0 0 10

E 2 470 ov

100 bov 497 363 57 7 10 0 60

F 2 170 ov 303 215 26 1 0 0 61

cap =caprin ; ov =ovin ; bov =bovin allaitant ; ††végétation composite à dominante herbacée ; †††Sol nu et végétation de ripisylve.

Résultats et discussion

Les territoires pastoraux (TP) de chaque élevage sont de grande taille (135 à 850 ha) mais cette surface n'est pas toujours utilisable par le troupeau en raison de facteurs naturels (pente, roches, type et densité de végétation) ; le chargement moyen est faible, même rapporté à l'espace accessible au troupeau (en moyenne 0.4 UGB/ha/an).

Les surfaces de pente supérieures à 30% représentent environ la moitié du TP (Fig. 1). La végétation arbustive est importante (en moyenne 30% ) et les surfaces artificialisées (prairies) sont rares et de taille réduite (Fig. 2). Contrairement à d'autres régions d'élevage pastoral (Corse, Provence, Sardaigne) où la tendance est à la création d'une cellule herbacée sur le TP, (Santucci et al., 2001 ; Dampne, 2005 ; Molenat et al., 2005) cet élevage base son système fourrager sur l'utilisation de la végétation spontanée avec cependant le recours au feu (Peraudeau, 2005).

Les pratiques de gestion du TP montrent une conduite classique du troupeau qui est relativement libre d’utiliser les différentes faciès de végétation. Pour autant, l’éleveur intervient pour guider son orientation, vers des portions d’espace jugées favorables à pâturer à un instant précis (matin, journée) ou période donnée en cours de la campagne (début de lactation par ex.). Au moment de la mise bas (octobre) et durant la phase d’allaitement des agneaux (durée 45 jours) les animaux, sont affectés à des portions d’espace proches de la bergerie. Ils utilisent soit des surfaces en herbe (spontanées ou cultivées) soit du parcours ou les deux. A l’échelle de l’année, le nombre de jours de pâturage permis par le parcours peut être de 100%, de 50% ou de 33% selon les élevages.

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0 200 400 600 800 1000

A B C D E F

surface (ha)

>40%

]30-40]%

]20-30]%

[0-20]%

0 200 400 600 800 1000

A B C D E F

surface (ha)

prairie cultivée prairie naturelle parcours

Fig. 1. Pente des territoires pastoraux. Fig. 2. Composition des territoires pastoraux.

Les données sur les surfaces incinérées (ODARC, 2003) montrent une pression variable du feu. La fréquence sur certaines surfaces est élevée (Fig. 3).

0 200 400 600 800 1000

A B C D E F

surface

(ha) surface non brûlée

entre 97 et 2002

surface brûlée 1 à 2 fois entre 97 et 2002

surface brûlée 3 à 6 fois entre 97 et 2002

Fig. 3. Fréquence des brûlages (1997-2002).

Les informations sur l’argumentaire du brûlage font apparaître un ensemble de critères qu’il est difficile de hiérarchiser a priori (Fig. 4). Il nous semble distinguer deux catégories, l’une à caractère

"structurel" (pente, densité végétation, précarité du foncier, équipement) qui est déterminante sur d’autres techniques de gestion de la biomasse que pourraient utiliser l’éleveur (gyrobroyage, mise en labour). Les facteurs investissements, nature et temps de réponse des interventions, absence de matériel sont des éléments de décision pour l'éleveur. L’autre relève davantage du fonctionnel (entretien, ouverture, élimination d’une plante toxique) qui est raisonnée en référence au cycle animal, aux besoins des animaux.

Fig. 4. Les déterminants du brûlage.

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La perception de ces deux ensembles par l’éleveur, semble pouvoir renseigner les choix techniques mis en œuvre et qui s’appuient également sur la tradition, facilement mobilisée : "le feu a toujours existé". Autrement dit, dans l’état actuel, il apparaît, pour l’éleveur, que l’usage du feu présente moins d’incertitudes que d’autres techniques.

pour un élevage durable : La maîtrise de l’usage du feu

Les résultats montrent que les zones de parcours constituent le support organique de l’élevage de cette région. L’alimentation du troupeau, calculé en journées de pâturage repose sur les ressources spontanées. Les contraintes de divers ordres (physiques, techniques, etc.) et les objectifs de l’éleveur pastoral (conduite d’un troupeau laitier) font que le recours au feu est une pratique nécessaire. Le feu est donc considéré comme la moins mauvaise solution, en terme de marge d’action. Si les investigations sont encore insuffisantes, l’on peut cependant s’interroger sur la pérennité des ressources soumises à la pratique du brûlage dont le corps de règles ne serait pas formalisé et contrôlé. La littérature fournit des connaissances (concepts, méthodes, outils) qui permettent d’instruire des décisions et des actes techniques. En Corse, leur mise en œuvre se heurte depuis longtemps (Barouch, et de Montgolfier, 1988) à une question d’organisation (profession agricole faiblement structurée sur la question du rôle des parcours) et de modèle technico-politique en place : choix exclusif de la création de prairies via la suppression de la strate arbustive par traitement mécanique (gyrobrage).

La situation actuelle de la zone d’étude, avec d'une part, une profession agricole en déclin (effectifs, organisation) des enjeux spécifiques à la région (urbanisation et autres activités humaines), des attentes sociétales en matière de gestion des ressources (biodiversité, paysages) d'autre part, indiquent que l’élevage pastoral doit montrer des signes forts d’ancrage au territoire. La maîtrise du brûlage, tant sur le plan technique qu’organisationnel constitue l’objet de la démarche en cours sur la base d'un dispositif multi-acteurs.

Remerciements

Travail réalisé dans le cadre du programme CPER et UE Interreg 3. Avec les collaborations techniques de la Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt ainsi que de la Chambre Départementale de l’Agriculture- Ajaccio.

Bibliographie

Barouch, G. et de Montgolfier, J. (1988). Les logiques d’acteurs. Les feux de Cythère. Dans : Le patrimoine du futur. Approche pour une gestion patrimoniale des ressources naturelles, de Montgolfier J. et Natali J.M. (eds). Economica, Paris, pp. 184-196.

Clément, V. ( 2005). Les feux de forêt en Méditerranée : Un faux procès contre Nature. EG, 4 : 289- 304.

Dampne, E. (2005). Typologie et perspectives de l’élevage caprin en Province de Sassari (Sardaigne, Italie). Mémoire de DAA. INA-PG, IZCS.

Di Castri, F. (1991). Prévention des incendies de forêt en région méditerranéenne par utilisation du feu et du pâturage contrôlés : Impact sur l’écosystème forestier. Rapport final ; contrat n°4V-0088- F(CD) avec la CEE. Septembre 1991.

Molenat, G., Foulquier, D., Autran, P., Bouix, J., Hubert, D., Jacquin M., Bocquier, F. et Bibe, B.

(2005). Pour un élevage ovin allaitant performant et durable sur parcours : Un système expérimental sur le Causse du Larzac. INRA Prod. Anim., 18(5) : 323-338.

ODARC (2003). Etude des pratiques pastorales de la micro région Nord d’Ajaccio. Rapport final octobre 2003.Peraudeau, M. (2005). Etude d’une micro région d’élevage : Vers une pratique raisonnée du feu pastoral dans le Golfe de Lava, Mémoire ENITAB-INRA Corté.

Rigolot, E. (1999). Le brûlage dirigé : Cadre de développement et objets de recherche. Dans : Ecobuage et gestion de l’espace. Montagnes Méditerranéennes, 10 : 31-36.

Santucci, P., Bernard, E. et Le Garignon, C. (2001). Quelques aspects de l'évolution de l'élevage pastoral corse. Pastum, 61-62 : 43-48.

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