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Submitted on 1 Jan 1993
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Les enjeux de la réforme de la politique agricole dans le
secteur de la viande bovine
E. Boutitie
To cite this version:
E. BOUTITIE Minist!re de l’Economie et des Finances Direction de la Prévision
Les
enjeux
de la réforme de la
politique agricole
dans le
secteur
de la viande bovine
L’offre communautaire de la viande bovine
a
toujours pose
de grosprobl6mes
derégula-tion, passant
depériodes
dequasi pénurie
à des situations tr6s excédentaires comme cellesque 1’on a connues ces deux dernières ann6es.
Les instruments mis en
place
par laCommunauté n’ont pas été réellement
effi-caces pour les raisons suivantes :
- il coexiste dans le secteur de la viande bovine des
systèmes
deproduction
très diffé-rents, avec des couts deproduction
trèsdispa-rates : les
systèmes
extensifs du Massif Central et lessystèmes
intensifs de 1’Ouest et du Nord del’Europe.
Un instrumentrégulant
1’offre d’unsystème
deproduction
nepermet
par forcement de
reguler
celle d’un autre. - ledeveloppement
des viandes de porc et de volailles apesé
sur 1’evolution de laconsom-mation de viande rouge rendant encore
plus
précaire
1’equilibre
offre-demande. -ce secteur est étroitement
dependant
dusecteur laitier. En France sur 100 vaches en
1991,
57 étaient laitières et 43 de race àvian-de. La
majeure partie
de laproduction
de vian-de est done issue dutroupeau
laitier. Cetteproportion
est encoresupérieure
en moyennedans la CEE.
- les accords d’association notamment
avec
les pays de 1’Est conduisent à
importer
desquantités
de viande et d’animauximportantes
chaque
année.- même s’il existe certains marches à
1’ex-portation
vers les paystiers,
ils sontlimites,
cloisonnés et le
prix
des6changes
est souventun
prix
dedumping
lie à 1’ecoulement destocks de viandes
congel6es.
Dans le cas d’un pays comme la
France,
ladefinition d’une
politique agricole
coh6rente à la fois sur les céréales et la viande bovine estdelicate.
Alors que nos avantages
comparatifs
nouspoussent
a demander uneregulation
de 1’offrepar les
prix
dans le secteur descéréales,
lapresence
desystèmes
deproductions
extensifs,
moinscompétitifs
en matière de coûts de revient que lesélevages
intensifs du Nord oude 1’Ouest nous
oblige
à nuancer le discours enmatière de viande bovine. La
negociation
surla réforme de
1’organisation
communautaire des marches (OCM) viande bovine a bienmon-tré les difficultés que la Communaute avait à
pousser
trop
loin unelogique
d’extensificationqui
pourtant
permettrait
de maintenir nossys-tèmes de
productions
du Massif Central. Tout1’enjeu
des futuresadaptations qui
serontnécessaires sera soit de choisir
explicitement
1’un ou 1’autre des
systèmes
deproduction,
soitde trouver des instruments
qui puissent
êtreefficaces pour les deux
systèmes
sans remettre en cause 1’existence dusystème
extensifqui
joue
un roleimportant
en termesd’occupation
du territoire.
Pourquoi
uneréforme de la
PAC ?
Si les modalités de la réforme ont donné lieu à delongs
debats,
sa nécessité n’était pascontestee.
Indépendamment
des contraintes externesqui pesaient
sur la Communaute dont lesresti-tutions à
l’exportation
faisaientl’objet
decri-tiques
deplus
enplus
vives,
ledispositif
desoutien interne par les
prix
devait être modifiécar :
- il conduisait à
une
augmentation
reguliere
de la
production
que les baisses deprix
gra-duelles nepermettaient
pasd’endiguer.
Cetteprogression
excédait trèslargement
celle de la consommationqui
était affectée par des pro-duits concurrents a desprix
moins élevés.- le solde
exportable s’accroissait,
pesant
lourdement sur le
budget
communautaire,
nonseulement en ce
qui
concerne les restitutionsmais aussi par 1’intervention sur les marches.
- l’accroissement considerable des
depenses
ne
permettait
pas pour autant d’améliorersignificativement
le revenu desagriculteurs.
- les
prix
élevés constituaient une incitationa la
poursuite
de 1’intensificationpouvant
àterme poser des
problèmes
d’environnement. Tous cesarguments
ont été essentiellementdéveloppés
dans le secteur des céréalesqui
constituent le coeur de la réforme. Ce secteur aparticulièrement
été mis en avant parcequ’il
s’agissait
d’une revolution pour lesproduc-teurs
qui
ne connaissaient pas encore leconcept
de soutien par des aides directes sesubstituant
partiellement
au soutien desprix,
contrairement aux éleveurs bovins. Mais lesmotivations
profondes
de la réforme del’orga-nisation commune du marché des céréales sont
aussi valables pour le secteur bovin.
Quelles
que soient lescritiques qui
pouoaient
êtrefaites
sur lespropositions
initiales de la
Commission,
sonprojet
a U
ait une réelle coherence.
La
Commission, qui
souhaitaitpouvoir
dis-poser d’outils efficaces de maitrise de
1’offre,
arésolument choisi de contraindre
quantitative-ment tous les
producteurs qui
nepourraient
supporter
une baisse desprix
de 35 %. Lespro-ducteurs ne souhaitant pas réduire leur
pro-duction
(par
legel
des terres) devraientCeux dont les couts de
production
étaienttrop
élevés étaient contraints degeler
15 % de leur surface pour bénéficier d’aidescompensatrices
à l’hectare surl’intégralité
de leur surface(gelée
et nongelee).
Cette orientation avait au moins
théorique-ment deux autres
avantages :
- elle
permettait
uneconquête
du marchéinterieur des céréales
puisque
ces dernièresredevenaient
comp6titives
parrapport
auxproduits
concurrentsimportés.
- elle incitait à freiner voire arreter la ten-dance de
progression
annuelle des rendements a 1’hectare.Elle cumulait donc deux instruments de
regulation
de l’offre (sur les surfaces et sur lesrendements) avec un instrument de relance de
la demande.
En ce
qui
concerne la viande bovine1’esprit
des
propositions
de la Commission était simi-laire.Une baisse des
prix importante
(15 %)com-pensée
uniquement
pour les éleveursrespec-tant t des criteres d’extensification. L’extensification
jouait
ici le role d’outil deregulation
quantitative
comme legel
desterres pour les céréales. La baisse des
prix
était dimensionnée pour
permettre
a la viande de boeuf de conserver, voire d’accroitre sacom-pétitivité
parrapport
aux viandes blanches(porc
et volaille).L’extensification enfin était
presentee
comme nécessaire pour limiter les
pollutions
dans les zones
d’élevage
intensif.Les outils mis en
place
pour laproduction
laitière étaient
plus classiques.
Laregulation
de laproduction
était naturellement assur6e par le mécanisme desquotas.
La Commissionjustifiait
la baisse duprix
du lait (10 %) par leseconomies que réaliseraient les
producteurs
sur les
charges
d’alimentation animale du faitde la baisse du
prix
des céréales. Uneprime
compensatrice
à la vache laitière venaitpre-server les revenus des
producteurs
lesplus
extensifs.
Malgré
sacoherence,
de très nombreusescritiques
ontcependant
été formul6es à 1’en-contre despropositions
de la Commission par les Ministres de1’Agriculture qui,
sansremettre totalement en cause
1’esprit
initial,
ont
largement
modifie les modalitésd’applica-tion.
Les
negociations
en Conseil des Ministresont conduit a une
modification importante
des modalités
d’application
de laréforme.
Lesprincipaux points
de discussionqui
ontrévélé des conflits d’intérêts entre les Etat membres sont les suivants :
-
l’ampleur
de la baisse desprix
des c6r6ales. Outre la modificationimportante
de la forme dusoutien,
qui
a fortement faitréagir
1’ensemble des
organisations syndicales
agri-coles refusant des aidesqui
leurparaissaient
être
déresponsabilisantes,
deux clans se sontaffront6s. D’une
part,
lespartisans
d’unebais-se forte
qui
assurerait une meilleurereconquê-te du marché interieur et restituerait mieux
aux
producteurs
lessignaux
du march6. Ils’agissait
ici de mettre l’accent sur unerégula-tion de l’offre par les
prix.
D’autrepart,
lespartisans
du maintien d’unepolitique
deprix
élevés avec une maitrisequantitative
fortelimitant au besoin nos
exportations
subven-tionnées. Les Allemands soutenaient ce
der-nier
point
de vue ainsi que les Néerlandaisqui
voyaient
d’un mauvais oeil fondre leursavan-tages
comparatifs
en matièred’approvisionne-ment en denrées à bas
prix
pour l’alimentationanimale.
- le
degré
de l’incitation à 1’extensificationen viande bovine. Les pays du Nord trouvaient
inacceptable
que lesproducteurs
intensifssoient
complètement
exclus du benefice desprimes
à1’61evage.
La France a aussi demandeque le seuil d’exclusion en UGB par hectare
soit transforme en seuil de
plafonnement.
Deux
arguments
ont été avances : lecarac-tere
insupportable
des baisses de revenuinduites chez les
producteurs
de taurillonstout d’abord. Les difficultés administratives
générées
par un seuil d’exclusion ensuite : onrisquait
en effet d’inciter les éleveurs à&dquo;omettre&dquo; de declarer des animaux avec toutes
les
consequences
sanitairesqui pourraient
endécouler.
C’est
pourquoi
un seuil deplafonnement
afinalement été retenu. Il diminuera
progressi-vement de
3,5
UGB/ha en 1993 à 2 UGB/ha en1996. 11 est à noter que ce seuil est
beaucoup
moins
pénalisant qu’en
apparencepuisque
la definition duchargement
retenu, necomptabi-lisant que les animaux
primables
(brebis,
bovins males et vaches allaitantes) et les vacheslaitières,
conduit à des nombres d’UGB/hasignificativement
inférieurs au tauxde
chargement généralement
utiliseenglobant
l’ensemble des animauxpresents
sur1’exploi-tation,
notamment les animaux de moins d’unan et les
génisses.
Enfin,
lespropositions
initialesgénéreuses
de la Commissionquant
au niveau de laprime
bovin male ont conduit certains pays dont la France à
revendiquer
des montantplus
élevés decompensation
pour les éleveurs extensifs(augmentation
de laprime
à la vacheallaitan-te de 75 à 120
Ecus,
creation d’uneprime
pourles
élevages
extensifs de 30 Ecus/tête pour les moins de1,4
UGB/ha ;
voir 1’encart 1 pour le detail des mesures arrêtées). Finalement il aaussi été accordé au mais
ensilage
la mêmeprime qu’aux
c6r6ales. Cette aidesupplémen-taire viendra compenser le
plafonnement
desprimes
pour lesproducteurs
intensifs.Cette
negociation
en &dquo;échelle deperroquet&dquo;
peut
conduire às’interroger
à la fois sur laréelle incitation à 1’extensification incluse dans la nouvelle
politique
et, surtout, sur 1’efficacitede la maitrise de la
production
mise enplace.
En
effet,
le SCEES a démontré que seulementFrance en 1996. En
1993,
le seuil de3,5
UGBpar hectare ne sera
quasiment
paspénalisant
(0,3
% des vaches allaitantes et 4,3 % des bovins males). Parailleurs,
83 % des vaches allaitantes et 60 % des bovins males b6n6ficie-ront de laprime
&dquo;extensification&dquo;.Toutefois, compte
tenu desrisques
de d6ra-page de laproduction,
le nombre total deprimes
distribu6es a étécontingent6
au niveauregional
ou national pour les bovinsmales,
ledépassement
dutroupeau
de referencecondui-sant à une diminution du nombre de
primes.
IIsemble que la France s’oriente vers le choix
d’un
troupeau
de reference nationale pourobtenir la
plus grande souplesse
compte
tenudes mouvements
interrégionaux
de cesani-maux. En ce
qui
concerne les vachesallai-tantes, le
contingentement
sera au niveauindividuel,
cequi implique
unegestion
desdroits à
prime
et de leurs transferts entre pro-ducteurs.Sur ce dernier
point
lereglement
commu-nautaire
prévoit
que 15 % des transferts sansfoncier
peuvent
passer par une reserveadmi-nistrée,
le restant 6tant transmis par undispo-sitif de
gestion
marchandeplus
ou moinsenca-- Baisse des prix r6glementaires de 15 % en trois ans a partir de 1993.
- Augmentation des primes a 1’6]evage
Vache allaitante : 1992 50 Ecus / vache
1995 120 Ecus / vache Bovin male : 1992 40 Ecus 12 mois
1995 90 Ecus à 10 mois 90 Ecus a 22 mois
- Plafonnement
progressif des primes
3,5 UGB / ha en 1993
2 UGB / ha en 1996 - Prime supplémentaire aux 6levages extensifs
Pour les chargements inférieurs a 1,4 UGB / ha : 30 Ecus / vache allaitante / an 30 Ecus / bovin mdle / an
- Instauration de quotas de primes individuels en vache allaitante et d’un troupeau de
reference pour les bovins males (reference : meilleure des années 1990, 1991 et 1992). - Attribution de la prime c6r6ales (2 132 F / ha) au mais ensilage.
- Plafond a l’intervention degressif : 350 000 t en 1996. - Octroi de la prime a la vache allaitante aux troupeaux mixtes
(moins de 120 000 kg de quota laitier).
Mesures d’accompagnement communautaires
- aides à I’extensification
- aides 6 la reconversion de terres arables en p5turages extensifs Mesures d’accompagnement nationales
- exoneration des parts d6partementales et r6gionales de la taxe sur le foncier non bati - augmentation de I’indemnite spbciale montagne de 11 %
- prime à I’herbe pour les chargements inf6rieurs a 1 UGB / ha : 300 F / ha de surface
fourragère en 1995. Extension a 1,4 UGB / ha sous certaines conditions de part de
surface en herbe dans la SAU.
- mesures de prise en charge d’int6r6ts
dree. Le
dispositif
français
n’a pas encore 6t6arrêté,
mais il fait1’objet
de vifs débats entre les tenants d’unegestion
purement
adminis-tree et ceuxqui
souhaitent unegestion plus
marchande. Dans tous les cas, il est vital de
disposer
d’unsystème
suffisammentsouple
qui
ne freine pas les restructurations dont ce
sec-teur aura besoin. Il
faut,
parailleurs,
toutfaire pour
permettre
aux éleveursqui
lesou-haitent d’extensifier et donc de céder ou de
bénéficier de droits à
prime
hors foncier. Il est claircependant
que des transfertsinterrégio-naux
trop
massifs de droits àprime
doiventêtre évités.
En ce
qui
concerne laproduction laitière,
labaisse des
prix
de 10 %compensée
par uneprime
à la vache pour les extensifs a étéreje-tee par une
majorité
d’Etats membres. Eneffet,
cetteprime
étaitparticulièrement
one-reuse (1400 MEcus/an) alors même que
l’int6-ret d’extensifier la
production
laitière est très discutable.Quelles
évolutions au-dela de laréforme
poursatisfaire
les contraintes internes etexternes (GATT) ?
Faute d’une maitrise suffisante de la
pro-duction,
uneadaptation
de la réforme del’or-ganisation
commune du marché de la viandebovine sera avant tout nécessaire pour des
rai-sons internes. Des simulations réalisées avec
le modèle MAGALI en France ont montre
qu’après
une diminution de laproduction
dansles années 1993 à 1995 du fait d’un effet de
cycle,
le niveau de laproduction
en 1997 sera au moinsegal
a celui de ces deux dernièresannées de crise. Cette simulation
n’intègre
pas laprime
à 1’herbe décidée par le Gouvernementfrançais
et laprime
à la vache allaitante auxtroupeaux
mixtesqui
devraientnécessairement avoir un effet de relance
sup-plémentaire
dans ce secteur.Ainsi,
ilapparait
clairement que la réforme de Mai 1992 neper-mettra pas de
régler
leproblème
desurproduc-tion intra-communautaire.
Cette situation difficile au
plan
internerisque
d’êtreaggravée
par une contrainte sur nosexportations
subventionnées de viandebovine sur pays tiers. Contrairement au
sec-teur des c6r6ales ou il
pourrait
etreimagine
de baisserdavantage
lesprix
interieurs pourpouvoir
exporter sansrestitution,
la differenceentre le
prix
communautaire et leprix
mondial de la viande bovine ne laisse aucunespoir
decontourner ainsi une éventuelle contrainte
quantitative impos6e
par le GATT. Eneffet,
même une baisse des
prix
de la viande bovinecoh6rente avec celle des céréales
permettant
demaintenir sa
compétitivité
parrapport
auxviandes blanches ne serait pas suffisante.
Les autres contraintes
impos6es
par lecom-promis
deWashington
(acces minimum aumarché
communautaire,
tarification et réduc-tion de 36 % des elements tarifaires d’ici à1999,
reduction du soutien interne de 20 %) nedevraient pas poser de
problème
pour ledans la boite &dquo;bleue&dquo; c’est-a-dire dans la
cate-gorie
des aidesqui
seraient pour untemps
exemptées
de reduction.Les contraintes internes et externes seront par ailleurs d’autant
plus
difficiles àsupporter
que le revenu des éleveurs
specialises
envian-de bovine est très inférieur à celui de la
moyenne des
exploitations
(-60 % environ).La maitrise de la
production
passerapour-tant foreement par une diminution du soutien aux
produits
dans ce secteur. 11 semble que lacomparaison
de 1’effet de la diminution desprix
payés
auxproducteurs
sur 1’evolution de1’offre pour les céréales et la viande bovine montre que le
phénomène
de fuite en avant(augmentation
de 1’offre pour compenser lespertes
de recettes dues à la baisse desprix)
estmoins
prononce
dans le secteur de la viande bovine(figure
1). On retombecependant
sur unproblème qui
n’a pujusqu’a
present
etrerésolu. Une
politique
de reduction du niveau de soutien nepermet
pas auxproducteurs
extensifs de survivre. De
plus,
les conflits d’in-teret entre les Etats membres sont telsqu’il
sera difficile d’obtenir une
politique rigoureuse
pour une
categoric
deproducteurs
tout enpre-servant d’autres
categories.
La France a choisi un outil de
type
diffé-rent en instituant la
&dquo;prime
a 1’herbe&dquo;. Ils’agit
de reconnaitre à 1’actif de laproduction
extensive de viande bovine des effets externespositifs
sur 1’environnementqui
nepeuvent
etre
rémunérés,
en l’absence demarché,
quepar des transferts directs. Ces derniers doi-vent
cependant
êtredecouples
de laproduc-tion pour éviter tout effet pervers
d’augmen-tation
intempestive
d’une offre deproduits
qui
ne trouveraient pas deplace
sur lemar-ché. Il ne convient pour autant pas de
cumu-ler ce
type
d’instrument avec des niveaux deprimes
à1’61evage classiques
surdimension-nés pour ne pas créer les conditions d’une
relance artificielle dans un secteur dont
1’6quilibre
offre-demandepourrait
etre dura-blement menace.La France ne doit pas craindre de
revendi-quer un
recentrage
des aides communautaires sur le secteur extensif. Nousdisposons
d’une abondante surfacefourragère
et d’un savoir faire certain dans ce domaine. Deplus,
lapart
de la France dans desdépenses
communau-taires ainsi recentrées serait bien
supérieure
à celle dont elledisposait
avant la réforme de la PAC. Des estimations sommaires d6montrentque, même avec la réforme de la PAC de Mai
1992 dont 1’orientation vers 1’extensification
est
douteuse,
notre taux de retour s’ameliore nettement,passant
d’un peuplus
de 20 % àprès
de 25 % (encart 2). On nepeut
cependant
oublier
qu’une
telle orientation aura desconsequences importantes
sur lesélevages
intensifs
specialises
deBretagne
et desPays
de Loire. 11 faudrait deplus
tenircompte
des différentssystèmes,
naisseurs,
naisseurs-engraisseurs
etengraisseurs,
et de la localisa-tion des outils de transformation(abattoirs,
ateliers dedécoupe)
existants. Mais ne faut-ilpas
mieux,
pourreguler
laproduction
dedevelop-per ses
production
hors sol de porc et devolaille
grace
à la baisse duprix
de 1 alimenta-tionanimale,
et recentrer le soutien en viandebovine sur les zones
plus
extensives ?Compte
tenu de l’ensemble de ceselements,
l’augmentation
de la taille desexploitations
de viande bovine est une evolution nécessaire etineluctable pour les éleveurs de viande bovine. Plus de 56 % d’entre eux avaient
plus
de 50ans en 1990 contre moins de 50 % pour la moyenne des
exploitations.
Cette structure dela
pyramide
desages
pourrait
être un atoutdans ce secteur.
Ainsi,
àpartir
d’unehypothè-se de maintien des flux d’entrée annuels dans
la
profession,
le nombred’exploitations
pour-rait diminuer de 33 % entre 1990 et 1999(encart
3),
lesexploitations
restant enplace
ayant
alors une tailleéconomique qui
leurper-mettrait de mieux faire face à leur nouvel environnement. Cette
appreciation plutôt
encourageante
meritecependant
d’êtrenuan-cee par l’observation des évolutions de ces
der-nieres années. La
politique
de cessation d’acti-vite laitière a en effet conduit a uneaugmenta-tion du nombre d’éleveurs
specialises
envian-de bovine
depuis
1986.Plus que
jamais
1’evolution du secteur de la viande bovine sera donc difficile àgérer,
lesenjeux
des restructurations à venir pour les éleveurs 6tant semble-t-il bienplus importants
que ceux dans le domaine des céréales dont onparle
pourtant
beaucoup plus.
Y. LEON,
M. QUINQU
INRA Station d’Economie etSociologie
rurales 65 rue de St-Brieuc 35042 Rennes CedexEffets de la
réforme
de la PAC
sur
les
régions d’élevage
1
/ Tendances de 1’evolution
au
niveau
communautaire
Les estimationsqui
suivent sont d6riv6es de simulations réalisées à l’aide du modèle MISS. Mis aupoint
à la Station d’Economie etSociologie
rurales de 1’INRA deRennes,
MISSest un outil
d’exploration
desconsequences
deschangements
despolitiques agricoles
chez lesprincipaux
acteurs mondiaux. IIpermet
demesurer les effets de ces
changements
surdivers indicateurs :
budget,
revenuagricole,
balance
commerciale,
cout pour leconsomma-teur. Le modèle MISS est mondial. Il est
cen-tré sur la CEE et les Etats-Unis
(Guyomard
etal 1992).
Trois scenarios de simulation sont compa-rés. Chacun
correspond
à la simulation des effets d’une variante depolitique
agricole,
caractérisée par un ensembled’hypotheses
d’evolution des volumes et du
prix
desquanti-tes offertes et demand6es
(Guyomard
et al1992).