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Colloque « Les nouvelles figures de la dangerosité »

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Academic year: 2022

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Bulletin Amades

Anthropologie Médicale Appliquée au Développement Et à la Santé

 

73 | 2008 73

Colloque « Les nouvelles figures de la dangerosité »

Emmanuel Escard

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/amades/472 DOI : 10.4000/amades.472

ISSN : 2102-5975 Éditeur

Association Amades Édition imprimée

Date de publication : 1 mars 2008 ISSN : 1257-0222

Référence électronique

Emmanuel Escard, « Colloque « Les nouvelles figures de la dangerosité » », Bulletin Amades [En ligne], 73 | 2008, mis en ligne le 01 mars 2009, consulté le 14 septembre 2020. URL : http://

journals.openedition.org/amades/472

Ce document a été généré automatiquement le 14 septembre 2020.

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Colloque « Les nouvelles figures de la dangerosité »

Emmanuel Escard

RÉFÉRENCE

Colloque « Les nouvelles figures de la dangerosité », Agen, France, 15-17 janvier 2008

1 Ce colloque était organisé par l’Ecole Nationale d’Administration Pénitentiaire et le Centre Interdisciplinaire de Recherche Appliquée au champ Pénitentiaire.

2 Il a regroupé près de 300 professionnels issus de différentes disciplines avec pour objectifs d’analyser les causes socio-historiques de la dangerosité, de préciser sa construction actuelle à partir d’approches plurielles, ses représentations, les mécanismes de sa construction sociale, et d’aborder la question de la gestion de la dangerosité.

3 La dimension socio-culturelle des figures de la criminalité a largement été abordée. Des passerelles nombreuses peuvent être jetées avec l’anthropologie de la maladie, dans le contexte actuel de développement du processus de médicalisation de la déviance et de la souffrance, et d’un discours contemporain biaisé et alarmiste qui tend à établir que la violence est explicable donc évitable.

4 Il s’agissait de proposer une réflexion à partir du constat du développement du courant sécuritaire à l’origine d’une demande pressante d’identification et de neutralisation des individus et groupes dangereux.

5 Il s’avère que le danger est devenu un substitut du lien social, une société efficace se distinguant aujourd’hui par l’institutionnalisation de tout processus de dysfonctionnement (Lianos M, Rouen). La catégorie de dangerosité sociale désigne aujourd’hui des formes d’expérience sociale spécifiques, celles d’individus qui échouent à agencer leurs appartenances diverses et ne reconnaissent pas de norme consensuelle (Valenzuela E, Association Dialogues Citoyens).

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6 Depuis le développement de la criminologie au 19ème siècle, le corps et la biologie restent un des éléments central et récurrent des tentatives d’objectivation des déviances et de contrôle des dangerosités (Châles Courtine S, ENAP).

7 La distinction d’une dangerosité psychiatrique d’une part, criminologique d’autre part, contribue à entretenir des formes idéologiques de conviction, des croyances, et l’idée d’un danger potentiel indépendant de l’environnement et des constructions de l’individu, à l’origine d’une « fabrique de l’imprudence » (Villerbu L, Rennes).

8 Plusieurs communications sur l’histoire de la dangerosité ont permis de replacer l’ancienneté de l’assignation d’un caractère dangereux à certaines populations ou certains individus isolés. Ainsi en est-il de l’incrimination du vagabondage à partir d’une méfiance envers la pauvreté – le vagabond devenant une figure du criminel par excellence du 15è au 19è siècle, totalement irrécupérable et professant une absence patente de repentir (Dauven B et coll, Louvain) – et des jeunes filles atteintes de maladie vénérienne qui, entre 1912 et 1945, sont placées en institutions fermées de l’Etat belge. Plus récemment on peut citer la représentation des gens du voyage, des raveurs et des mineurs délinquants chez les riverains, la fabrication de la dangerosité de ces groupes stigmatisés étant influencée par les médias et les politiques (Bidet M, Cachan).

9 Le traitement réservé à l’enfant connaît une évolution indubitable mais ambiguë, entre mineur en danger et mineur dangereux. L’enfant incarne une figure marquée de la nouveauté, promesse de renouveau et menace de ruine d’un collectif conscient de sa précarité. Le mineur délinquant, synonyme de jeune des banlieues, est actuellement, avec le pédophile, la figure dominante de la dangerosité, par un processus de stigmatisation s’accompagnant d’archétypes immédiatement exploitables médiatiquement et politiquement (Vitiello A, Tours). La dangerosité familiale à l’origine du placement des enfants a également évolué, le préjudice « familial » encouru par l’enfant étant souvent appréhendé par les professionnels de l’aide à l’enfance en terme de fragilités, dépressions et autres maladies mentales, et non plus en termes de conséquences de la pauvreté (Eloi M, Bordeaux).

10 Un atelier a été réservé pour une critique du concept de dangerosité criminologique.

Un bref rappel de l’apport foucaldien a été fait par plusieurs intervenants sur les limites, voire les dangers, de l’expertise psychiatrique et de ses conséquences pénales et politiques. Un exposé plus anthropologique (Escard E, Clermont-Ferrand) a fait le point sur l’apport de cette discipline dans la compréhension des phénomènes violents et sur de nouvelles perspectives éthiques en psychiatrie légale en transposant des travaux effectués sur la détresse morale, les actes suicidaires et le relativisme éthique (Massé R) aux comportements hétéro-agressifs. En effet, les délinquants s’éloignent souvent des catégories diagnostiques psychiatriques en population générale réductrices de sens et du postulat de l’homme moderne rationnel, et il est important de se méfier du mirage de la certitude dans l’évaluation expertale. La gestion rationnelle des facteurs de risque réduits à des variables décontextualisées et dépolitisées masque en fait la profondeur des enjeux. Il paraît plus important d’être en faveur d’une clinique du réel contre une clinique de la prédiction dans le suivi spécialisé des auteurs de violence, l’objectif étant de créer une alliance permettant à la personne de se sentir à nouveau dans le monde des humains en utilisant comme levier thérapeutique l’accès à la souffrance en lien avec les violences agies. Il a été souligné que l’anthropologie culturelle pouvait améliorer notre perception astigmatique de la violence et en rendre

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compte afin de dépasser un certain juridisme et positivisme ayant retardé en France la prise en compte de l’expérience vécue, de la souffrance et du travail de la culture sur la construction et l’application des normes éthiques. A cet effet, il en est appelé au développement d’une nouvelle branche de l’anthropologie forensique, socio-culturelle, en vue surtout de relativiser les connaissances et les pratiques, faire avancer la réflexion éthique dans le domaine des violences et de la mort.

11 Plusieurs communications ont porté sur les auteurs d’infractions sexuelles, nouvelle figure de la dangerosité criminelle contemporaine, dont le traitement nécessite le passage d’une construction légale réifiante à une déconstruction pratique subjectivante (Lameyre X, Paris). La prévention de la maltraitance sexuelle passe également par la limitation de l’exclusion à tous les niveaux (y compris dans les milieux « psys ») des sujets pédophiles qui accroît leur détresse et peut amener à des passages à l’acte non contrôlés (Bennarie L, Association l’Ange Bleu).

12 Une recherche récente en psychologie sociale a mis en exergue la pluralité des représentations sociales de la dangerosité, ou plutôt des dangerosités, cette polyphasie cognitive des représentations témoignant de leur polyfonctionnalité sociale (Przygodzki-Lionet N, Lille).

13 Différentes nouvelles dangerosités ont été présentées, comme le risque routier dans les espaces périurbains, avec un fort décalage entre le ressenti et le réel, et très peu de conséquences sur les choix de cheminement (Mathieu-Huber D, Paris) ; les territorialisations par des marquages physiques, cognitifs et virtuels visibles par tout observateur (Brun-Picard Y, Aix-Marseille) ; la contribution des médias à la construction sociale du sentiment d’insécurité (Champagne P, Paris) ; la dangerosité animale à propos de cas de chiens méchants, remettant en cause l’image de connivence avec les animaux et la fragilité de l’emprise humaine sur l’environnement (Gerber D, Genève).

14 Il a été très peu question des violences à l’écart de la désapprobation sociale. Un exposé a cependant approfondi la criminalité passionnelle conjugale, avec une valorisation souterraine de relations hautement inégalitaires, la persistance de la privatisation du crime d’honneur, la réticence à investir la sphère familiale par des mesures sécuritaires (Sobota H, Lyon).

15 En revanche, a été largement évoqué le rôle que la société veut faire jouer aux psychiatres, assignés par le corps social, au travers de dispositions juridiques, à donner leur avis sur la dangerosité et la traiter. Cependant, leur savoir incertain peut engendrer de redoutables erreurs aux conséquences dramatiques tant pour les intéressés que pour la collectivité comme l’a illustré l’affaire dite d’Outreau.

16 De plus avec les orientations politiques récentes, une vigilance des professionnels sera nécessaire pour éviter que les buts sécuritaires ne prennent le pas sur les objectifs sanitaires.

17 Les présentations lors de ce colloque donneront lieu à une publication dans la revue Sciences criminelles dirigée par Cario R (Pau).

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