La génération spontanée
A. Vandermoere
La génération spontanée serait l'apparition d'un être vivant sans
ascendant, sans parent
La croyance en la génération spontanée fit longtemps partie du sens commun. Au cours des millénaires, les hommes s'étaient aperçus que
leurs animaux d'élevage avaient besoin d'un accouplement pour
produire des petits. Néanmoins, pour les petits animaux, on continuait à croire que des petites souris pouvaient naître spontanément d'un tas de
chiffons et des asticots sortir d'un morceau de viande. Les micro- organismes, microbes et levures, semblaient le produit évident d'une
génération spontanée.
A. Vandermoere
Dans la Chine ancienne, on croyait que les bambous généraient des pucerons
En Inde c'est la naissance de mouches à partir d’ordures et de sueur
Les inscriptions babyloniennes mentionnent des vers engendrés par la boue des canaux
En Égypte antique, grenouilles et crapauds naissaient du limon déposé par le Nil.
Plusieurs siècles avant Jésus-Christ, des
philosophes grecs pensaient que les êtres vivants
comme les vers, les crocodiles, les anguilles ou les
Pour les philosophes grecs, la vie est propriété même de la matière ; elle est éternelle et apparaît spontanément chaque fois que les
conditions sont propices. Ces idées se retrouvent dans les écrits de Thalès, de Démocrite, d’Épicure, de Lucrèce et de Platon. Aristote
réalise la synthèse des idées développées avant lui et érige la génération spontanée en véritable théorie qui va s’imposer
pendant des siècles
A. Vandermoere
Dans un livre de botanique daté 1609 on peut lire : "Il existe un arbre peu commun en France, il est vrai, mais fréquemment observé en Écosse. Des feuilles tombent de cet arbre ; d’un côté elles touchent l’eau et se transforment en poissons, de l’autre côté elles touchent la
terre et se transforment en oiseaux."
En 1648, Jean-Baptiste Van Helmont(2), chimiste et médecin à Bruxelles, propose une recette pour créer en vingt et un jours des souris :
A. Vandermoere
Ce sont les expériences d’un Italien : Rédi (1638) qui mirent fin à ces croyances tout du moins pour les animaux. Il démontra en utilisant des montages-témoins que la viande en putréfaction ne forme pas d’asticots lorsqu’on la recouvre d’un papier ou d’une gaze aux mailles très fines qui
empêchent les mouches de venir y pondre.
En 1674, le savant hollandais Antoine van Leeuwenhoek effectue les premières observations de micro-
organismes à travers un microscope de sa fabrication.
On découvre des micro-organismes partout. Les adeptes de la génération spontanée trouvent là un
nouveau champ d’application pour leurs idées.
A. Vandermoere
En 1718, Louis Joblot démontre expérimentalement que les micro-organismes résultent d’une contamination par l’air ambiant. Il ne réussit pas à convaincre
les naturalistes, qui considéraient le monde des micro-organismes comme le bastion le plus significatif de la génération spontanée.
Même Buffon pense que la nature est pleine de germes de vie capables de
s’éparpiller lors du pourrissement puis de s’unir pour produire des microbes.
La controverse Needham-Spallanzani sur la génération spontanée ou L'anticipation de la querelle Pouchet-Pasteur
A. Vandermoere
John Needham, ami de Buffon, commence son expérience avec une infusion de sauce de mouton
et différentes graines. Il a bouilli l’infusion pendant quelques minutes pour tuer les
microorganismes présents. Il a ensuite fermé les erlenmeyers avec des bouchons de liège.
Quelques jours plus tard, il a examine l’infusion au microscope et a observé de nombreux microorganismes. Il a répété expérience avec différentes infusions et chaque fois il a observé
des microorganismes. Il a alors conclu que
Spallanzani ne croyait pas en la génération spontanée.
Il pensait que Needham n’avait pas bien scellé les
contenants, ce qui laisserait les microorganismes entrer, ou qu’il n’avait pas bouilli les erlenmeyers assez longtemps pour tuer les microorganismes présents dans l’infusion.
Spallanzani a fait plusieurs expériences pour prouver son hypothèse.
Il a fait une infusion en bouillant des graines dans de l’eau.
Il a ensuite fermé les contenants en faisant fondre le haut. Il a ensuite placé les contenants dans de l’eau en ébullition
durant 1 h pour tuer les microorganismes présents.
Spallanzani a ouvert les contenants après plusieurs jours et il n’a pas trouve de microorganisme.
Il a donc conclu que les microorganismes dans les infusions n’étaient pas formés par la génération
spontanée. A. Vandermoere
Les supporteurs de la génération spontanée n’étaient toujours pas satisfaits. Certains disaient que quand la solution était bouillie cela
détruisait une substance active dans l’infusion qui était nécessaire pour la génération spontanée. D’autres disaient que l’air était nécessaire pour la
génération spontanée.
Spallanzani a prouvé que de bouillir ne détruisait pas une substance active. Il a bouilli des erlenmeyers pas complètement ferme durant 30 minutes, 1 heure, 1,5 heures et 2 heures. Si la chaleur détruisait l’ingrédient
actif, il y aurait moins de microorganismes dans les erlenmeyers qui étaient chauffées plus longtemps.
Cependant, les microorganismes étaient présents dans chaque contenant, il y avait même plus de microorganismes dans les contenants chauffés le plus longtemps.
La chaleur ne détruisait pas la substance active.
Au contraire, la chaleur rendait les infusions meilleures pour la croissance des microorganismes.
Même avec son excellent travail, la théorie de la génération spontanée était toujours acceptée
Environ 50 ans ont passé avant que Louis Pasteur prouve que la génération spontanée était fausse.
A. Vandermoere
La querelle qui dura 6 ans: Pouchet-Pasteur
En 1860, l'Académie des sciences décide de récompenser d'un prix de 2 500 francs« celui qui, par des expériences bien faites, jettera un jour nouveau sur la question des générations dites
"spontanées"».
Deux candidats se dégagent : Félix-Archimède Pouchet, qui pense avoir démontré l'existence de la génération spontanée, et Louis Pasteur, qui est persuadé du contraire.
A. Vandermoere
POUCHET: POUR la génération spontanée
Fervent défenseur de la génération spontanée, il met en place une expérience en 1858 pour la confirmer.
Pouchet a chauffé une infusion de foin une première fois à 55°C puis une autre fois à 100°C, s'appuyant sur les travaux
de Pasteur pour tuer les organismes. Il a placé ce bouillon dans un milieu qu'il croyait hermétique et sans contact avec
l'air extérieur afin d'observer la présence ou non d'organismes dans le bouillon.
Un flacon contenant de l’eau bouillie fut renversé sur la cuve à mercure, puis une atmosphère chimiquement pure et une pelote de
foin préalablement stérilisée y furent
introduites. Des micro-organismes ne tardèrent pas à apparaître….
Génération spontanée
A. Vandermoere
PASTEUR veut mettre fin « POUR DE BON » à la théorie de la génération spontanée
Pasteur ne peut accepter ces résultats et il va mettre au point une suite d'expériences pendant six ans dans son laboratoire de l'Ecole Normale Supérieure
Pasteur reprend le principe de l’expérience de Pouchet en améliorant tout ce qui prête à suspicion pour un chimiste:
Il remplace la décoction de foin par un milieu artificiel de culture composé d'eau et d'éléments nutritifs permettant éventuellement aux germes de se développer.
Il découvre que la cuve à mercure qu'utilisait Pouchet pour permettre de filtrer l'air ambiant et ainsi assurer l'étanchéité du dispositif était recouverte de germes. Et comme, Pouchet chauffe son bouillon avant de le mettre dans son dispositif, les germes présents sur la cuve à mercure ne sont pas tués et peuvent donc être la cause de la contamination.
Pasteur propose alors un nouveau procédé, il place son bouillon dans plusieurs ballons en verre. Il procède ensuite de 4 manières différentes pour un certain nombre de ballons
A. Vandermoere
Dans le premier, il ne ferme pas le ballon et ne chauffe pas le bouillon, c'est le témoin.
Dans le deuxième cas, il fait bouillir le bouillon puis ferme le ballon hermétiquement en chauffant et déformant le bout.
Ensuite, il laisse une ouverture dans le ballon dont le col est alors droit.
Au quatrième cas, où le bouillon est chauffé et le col est étiré comportant ainsi plusieurs sinuosités (d'où son nom de col de cygne) mais où le ballon n'est pas fermé.>
Les expériences
Témoin
Ballon à col de cygne
A. Vandermoere
Les résultats
Dans le premier et le troisième ballons, les bouillons se sont troublés et au microscope on observe des micro-
organismes. Normal, puisque ces derniers étaient en contact avec l'air comme le soutient Pasteur.
Dans le deuxième ballon, on n’observe aucun organisme au microscope : le ballon est hermétiquement fermé.
Dans le quatrième cas, on ne remarque aucun organisme.
L'air qui est arrivé jusqu'au bouillon a été filtrée par les
Pour se préparer aux attaques des scientifiques, Pasteur a aussi réalisé l'expérience , en n'utilisant que les ballons fermés avec le col de cygne, à la montagne, à la campagne, sur les
toits de son laboratoire, afin de déterminer la "pureté de l'air". Cet argument lui permet de répondre à ce que dit Pouchet sur l'air irrespirable en présence de micro-organismes.
A. Vandermoere
C'est Pasteur qui reçoit le prix de l’académie des sciences en 1862, en tirant une gloire considérable
et durable. « Après des luttes mémorables contre ses contradicteurs [...], Pasteur anéantit la doctrine de la
génération spontanée. »
14 ans plus tard en 1876, Ferdinand Cohn condamna l'expérience de Pouchet. Il découvrit que le foin utilisé dans la décoction contient une
bactérie, un bacille subtile (bacillus subtilis) qui