RECHERCHES SUR LA MÉTHODE
DE MESURE DE LA DIGESTIBILITÉ
D’UN ALIMENT
CONDITIONS D’EMPLOI DE CETTE MÉTHODE
A. GASNIER J. P. VACHEL
Laboratoire de l’Institut
professionnel
de contrôle et de recherches des industries de l’alimentation animale, ParisPLAN DU
MÉMOIRE Technique
expérimentale et protocole des essais.Digestibilité
de la ration de référence en fonction de sa proportion dans lerégime.
a) Digestibilité
des rations totales.b) Digestibilité
de la ration de référence.Discussion.
Digestibilité
d’un alimentincorporé
enporportions
variables à une ration de référence.Discussion : a)
Digestibilité
du son.b) Digestibilité
du tourteau desoja.
Expériences
de WATSON et al.(Ottawa).
Digestibilité
des différentscomposants
de deuxmélanges :
aliment commercial-son et aliment commercial-tourteau de
soja.
a) Mélange
aliment commercial-son.b) Mélange
aliment commercial-tourteau desoja.
Digestibilité
des différentscomposants
d’un alimentajouté
aurégime
de base.a) Erreurs
possibles
sur la valeur des coefficients dedigestibilité.
b) Conditions
d’emploi
de la méthode de KELLNER.c) Erreurs dues à
l’analyse chimique.
Conclusions.
’
I,a méthode
classique
de détermination de ladigestibilité
d’un aliment(méthode
deK EI , I , NER )
consiste àmélanger
cetaliment,
enproportions
déter-minées,
à une ration dite de référence dont on connaît l’utilisationdigestive
lorsqu’on
la fournit seule aux animaux. Un tel mode de mesure supposeimpli-
citement que la
digestibilité
de la ration de référence reste invariablequelles
que soient les
proportions
dumélange.
Nous avons cherché à
vérifier,
chez leLapin,
l’exactitude de cettehypo-
thèse. Utilisant des
mélanges
enproportions
variables de deuxaliments,
nousavons
calculé,
à l’aide desystèmes
de 2équations
à 2inconnues,
ladigesti-
bilité de la ration de référence et celle d’un aliment
qu’on
luiajoute.
D’autre
part,
à l’aide des mêmesdonnées, employées
cette fois selonla
méthode de KELLNER, nous avons déterminé la
digestibilité, également
chezle
Lapin,
d’un alimentincorporé
enproportions
variables à une ration de réfé-rence. Ce nouveau calcul nous a
permis
de comparer les résultats obtenus àpartir
des deux méthodes utilisées.Enfin, grâce
au matérielanalytique
ainsiaccumulé,
nous avons tenté de déterminer ladigestibilité
des différents constituants alimentaires des rations utilisées et ce travail nous apermis
depréciser
les conditionsd’emploi
de laméthode de K!r,!,rr!x.
TECHNIQUE EXPÉRIMENTALE
ET PROTOCOLE DES ESSAISLes
animaux, lapins
adultes de race pure Chinchilla ou Blanc deVendée,
sont
placés
dans des cagesspéciales,
décrites par l’un de nous(r 939 ),
cagesqui permettent
une détermination aussiprécise
quepossible
desingesta
et desexcreta. A
chaque changement
derégime,
leslapins
sont soumis à uneadap-
tation de 7à 10
jours
de durée et les mesuresproprement
dites sontpoursuivies pendant
10jours.
Les cages sontplacées
dans unepièce
dont latempérature peut
êtreapproximativement réglée
en hiver(± 2 °)
à l’aide d’unchauffage élcetrique d’appoint.
Les animaux
reçoivent
leur alimentation une fois parjour,
le matin entre9
h 30et 10
h,
sous forme d’une« pâtée
imbibée d’eau. Au cours de la distri- bution dans lesmangeoires,
onprélève plusieurs
échantillonsqui
sont recueillisdans une
capsule
et mis à sécher à l’étuve à iooo. L’ensemble de ces échantil- lons nousparaît représenter
aussi exactement quepossible
lacomposition
moyenne de la ration distribuée tout au
long
d’unepériode expérimentale.
Chaque jour également,
les refus et les excreta sont recueillis etpesés
à0 ,
2 g
près.
Les fèces sont mises à sécher à l’étuve à 1000et, une foisséchées,
stockéesjusqu’au
moment del’analyse.
Lestechniques d’analyse
des différents constituants des rations et des excreta sont celles décrites dans la Brochure :Législation
des Aliments des Animaux(juin 194 8) publiée
par lesOrganisations
Professionnelles de l’Alimentation Animale.
Cependant,
nous avons dû modi-fier la méthode de détermination des matières grasses dans les
fèces,
les résul-tats que nous obtenions avec la méthode
employée
pour les aliments n’étant pasreproductibles
avec uneapproximation suffisante;
aussi n’avons-nous pu déter-miner les
digestibilités
des matières grasses et de l’extractif non azoté que pournos deux dernières séries
(Séries
IX et X — AnnexeV).
Cette modification feral’objet
d’une communicationspéciale. - -
Nous avons
systématiquement
vérifié quel’analyse
de l’échantillonglobal
de
nourriture,
constitué par l’ensemble desprélèvements
effectuéschaque jour
sur laration
distribuée auxanimaux,
fournit des valeurs très voisines de celles que l’onpeut
calculer àpartir
de lacomposition
centésimale des consti- tuants durégime.
Parexemple,
nous avonstrouvé,
pour lerégime
de la série IV de nosessais,
lacomposition suivante,
pour 100de matière sèche :Nous avons choisi comme ration de
référence,
un alimentcomposé
ducommerce
(Farine
n°i) ;
à cetteration,
nous avonsincorporé,
enproportions variables,
soit un son deblé,
soit un tourteau desoja.
Lescompositions
de cesaliments sont données en Annexe
(Annexe I).
Nous avons réalisé sur les
lapins Chinchilla,
4 séries de mesures suivant le schéma ci-dessous :(Avant
que commencel’adaptation
aurégime
de la sérieII,
les animaux ont étéprogressivement
habitués à leur nouvelle alimentation et à leur nouvel habitatpendant
3ojours.)
Et,
sur 5lapins
Blanc deVendée,
3 séries de mesuresd’après
leprotocole
suivant :
DIGESTIRILITË
DE LA RATION DERÉFÉRENCE
EN FONCTION DE SA PROPORTION D.B!S LEREGIME
L’expérimentation
fournit directement les valeurs de ladigestibilité
de lamatière sèche de la ration totale et c’est à
partir
de ces valeurs que l’onpeut
déterminer l’utilisation
digestive
descomposants
durégime.
On trouvera, dansle tableau I
ci-dessous,
les résultats d’ensemble que nous avons obtenus dans les diverses sériesexpérimentales.
Les éléments du calcul de ces résultats sont donnés en Annexes(Annexes
II etIII).
Notre
projet
initialcomportait,pour
le tourteau desoja,
la réalisation d’unequatrième
sérieexpérimentale,
le tourteau devant êtreajouté
à la ration de référence à raison de 7,5%. Malheureusement,
nous n’avons pas pu nous pro-curer le même aliment commercial que celui
qui
nous avait servi pour les essaisprécédents,
et nous avons dû étudier en outre ladigestibilité
de la nouvelle farine(aliment
n° 2- AnnexeI) qui
nous a été fournie.Ce sont
les résultats de ces deux dernièresséries
que l’on trouvera dans le tableau I bis ci-dessous.a)
-Digestibilité
des rations totalesLes résultats
groupés
dans le tableau I nouspermettent
de constater : 10 que la
digestibilité
moyenne décroîtquand
lepourcentage
de son dans la rationaugmente ; toutefois,
les différences entre les valeursprises
deux à deuxne sont pas
significatives. (Pour
les séries V et IV entrelesquelles
existe laplus grande différence,
t = 1,73.Signification
pour t au moinségal
à1 , 99 .)
Ilest donc normal que nous ayons
constaté,
au cours de ces essais que lepoids
moyen des animaux n’a pas cessé
d’augmenter
lentement. On remarquera en outre que l’influence du son dans l’alimentation se traduit très différemment d’un animal à l’autre.2
°
Que l’addition, jusqu’à
10%,
de tourteau desoja
à une farine commer-ciale pour
Lapins
ne modifie pas, en moyenne, ladigestibilité
de la ration totale.Les différences
enregistrées, qu’il s’agisse
de l’une ou de l’autre des rations de base que nous avonsutilisées,
ne sont passignificatives.
3
° Que
la différence dedigestibilité
moyenne de l’aliment n° l entre les deux races delapins
surlesquelles
nous avonsexpérimenté ( 74 ,6 %
pour les« Chinchilla o - Série V - et
7 6, 4 %
pour les « Blanc de Vendée » — SérieVI)
n’est pas
significative (t
=0 , 7 8).
b) Digestibilité
de la ration de référenceA l’aide des données
précédentes,
nous pouvons calculer lesdigestibilités
des deux
composants principaux
durégime :
aliment de référence et son outourteau de
soja.
Il suffit pourcela,
d’écrire que ladigestibilité
de la rationtotale est la somme
pondérée
desdigestibilités
des deuxcomposants
en ques- tion. Soient x et y leursdigestibilités respectives,
onpeut
écrire :en
appelant
D ladigestibilité
pour 100 de la ration totale. Si nous grouponsnos séries d’essais 2 à 2, nous pourrons calculer les valeurs x et y des
digesti-
bilités dans les différentes conditions où nous nous sommes
placés.
Ce mode de calcul revient en fait à supposer, comme on le fait dans la méthode
classique,
que lesdigestibilités x
et y ne varient paslorsque change
la
composition
de la rationtotale ;
mais il al’avantage,
d’unepart,
de ne rien inférer en cequi
concerne ladigestibilité
durégime
deréférence,
d’autrepart,
de limiter la validité del’hypothèse
selonlaquelle
lesdigestibilités
nevarient pas, à des variations de faible
amplitude
de lacomposition
desrations.
Les résultats des calculs que nous avons pu effectuer sont réunis dans le tableau II.
Discussion 1
° Les résultats obtenus au cours des essais sur la
digestibilité
du sonmontrent que :
Les
digestibilités
moyennes de la ration de référence semblent décroîtrequand
lepourcentage
de sonaugmente,
mais ces différences ne sont passigni-
ficatives.
(t
= o,y pour laplus grande différence, signification
pour tsupé-
rieur à
2,q.5.)
La digestibilité
moyenne déterminée dans les essais de la série V(farine seule)
étant de7 q.,6
alorsqu’elle
est de7 6,6 d’après
les résultats combinés des séries II et III, onpourrait
penser auphénomène
dedigestibilité
associative dumélange
aliment-son. Mais la différence entre ces 2 valeurs n’est pas si-gnificative. (t
= 1,01 -Signification
pour tsupérieur
à2 , 02 .)
Il est intéressant de remarquer en outre que la moyenne
arithmétique
des3
valeurs moyennes calculées par cette
méthode,
soit7 q.,6,
est exactementcelle que nous avons trouvée
expérimentalement. (Série
V - tableauI) ;
cequi
confirme la nonsignification
des différences entre les résultats calculés.Il semble
donc,
au moins dans les conditions de laprésente expérimentation,
que la
digestibilité
de la ration de référence ne varie pas, en moyenne,lorsqu’on ajoute
à cette ration desquantités
croissantes de son.2
° En ce
qui
concerne les valeurs calculées àpartir
des deux séries d’essais réalisées sur le tourteau desoja,
il semblerait que ladigestibilité
de la rationde référence soit
légèrement supérieure
à celle de la même ration distribuéeseule. On
pourrait
alors penser - commeprécédemment
pour le son - auphénomène
dedigestibilité
associative dumélange aliment-soja.
Mais la diffé-rence entre les deux valeurs moyennes de
digestibilité
de la ration deréférence,
avec et sans
soja
- 79,3 et7 6, 4 % —
n’est passignificative (t
= 2,z5-Signification
pour t =2 , 3 i).
Par
conséquent,
dans les conditions de nosessais,
nous sommes en droit de penser que le tourteau desoja, incorporé
à l’aliment deréférence,
ne fait pas varier ladigestibilité
de la matière sèche de celui-ci.3
°
Les résultats individuels confirment dans l’ensemble les conclusions que nous avons pu tirer de l’étude des moyennes. Il y a lieu toutefois de noter que chez certains animaux -lapins
n° 3et
4 - onenregistre
de grosses varia- tions des valeurs de ladigestibilité
de la ration deréférence,
bien que les valeurs moyennes calculées pourchaque lapin
soient très voisines de cellesqui
ont étédéterminées directement
(Série V).
De tels résultats sont bien difficiles à inter-préter ;
tout auplus
confirment-ilsqu’il
estindispensable d’expérimenter
surle
plus grand
nombrepossible
d’animaux pour obtenir des valeurs designifi-
cation certaine.
DIGESTIBILITÉ
D’UNALIMENT INCORPORÉ
EN PROPORTIONS VARIABLES A UNE RATION DÉRÉFÉRENCE
. Nous pouvons maintenant essayer de comparer les valeurs trouvées pour la
digestibilité
du son ou pour celle du tourteau desoja
à l’aide de la méthodeclassique
de KELLNER et à l’aide du calcul que nous avons définiprécédem-
ment. Les éléments de cette
comparaison
sontgroupés
dans le tableau III.DISCUSSION
a) Digestibilité
du son1
0 La détermination de la
digestibilité
du son par la méthode de K!r,!,N!R donne des résultats individuels extrêmementdispersés
- de 9,4 à8 2 , 7 % —
alors que les valeurs calculées à
partir
des moyennes du tableau I - etqui groupent
l’ensemble des mesures effectuées sur les 4 animaux - ne varientqu’entre
51,9 et58,6 %.
Deplus,
si l’on considère chacune des sériesexpéri- mentales,
les moyennes des 4 valeurs individuelles(pour
autantqu’un
tel calculait une
signification)
ne sont passtatistiquement
différentes.(Séries
II et III : t = 0,29 .- Séries III et IV : t = 0,20. - Séries II et IV : t = 0,13. -Signification
pour t =2 , 45 .)
2
° Le mode de calcul que nous avons
expérimenté
conduit à des résultatsencore
plus dispersés ;
ladigestibilité
du sonvarie,
chez le même animal de-
2.8 % (?)
à 99,2%.
Ces valeurs n’ont évidemment aucun sensphysiologique.
3
°
Il estcependant remarquable
de constater que, si l’on se contente den’enregistrer
que les moyennesarithmétiques
calculées sur l’ensemble desrésultats,
les 2 modes de détermination mènent à des résultats tout à faitcomparables :
55,5 et53 ,6 %!
C’est une nouvelle confirmation du fait que lesmesures de
digestibilité
doivent être réalisées sur leplus grand
nombrepossible
d’animaux.
b) Digestibilité
du tourteau desoja
Les valeurs que nous fournit la méthode de KELLNER sont, ici encore, extrêmement
dispersées ;
certaines d’entre ellesdépassent
mêmelargement
100
%,ce qui
nousparaît
dûuniquement
au mode de calculutilisé. Les
moyennesarithmétiques
que nous avonscalculées, uniquement
dans un butcomparatif,
n’ont évidemment aucune valeur
physiologique.
De
plus,
dans le casprésent,
nous ne retrouvons pas le fait que les moyennes obtenues à l’aide des deux modes de calcul sont très voisines l’une de l’autre et l’ensemble de nos résultats ne nouspermet
évidemment pas de savoir si l’une des méthodes que nous avonsemployées
est meilleure que l’autre. Nousverrons
plus
loin les causes de cet échec.*
* *
De nombreuses
expériences
dedigestibilité
ont été effectuées sur Bovins par WnTSOrr et ses collaborateurs( 1945
àI949)!
Nous avonsrepris
les valeurs trouvées par ces auteurs au cours d’uneexpérience
réalisée en vue de connaître ladigestibilité
des betteravesajoutées
à une ration de base defoin,
et nous lesavons
goupées
2par 2 comme nous avons tenté de le faire par nos propres résul- tats. Nous trouvons ainsi des variations considérables des valeurs de ladiges- tibilité,
et de la ration de base(foin),
et de l’alimentajouté (betteraves).
Aussipensons-nous, à la suite de tous ces
essais, qu’il n’y
a pas lieu de substituer à la méthodeclassique
deK FL1 , NFR ,
la nouvelletechnique
que nous avonsproposée.
DIGESTIBILITÉ
DESDIFFÉRENTS
COMPOSANTS DES DEUXMÉLANGÈS
ALIMENT COMMERCIAL-SONET
ALIMENT
COMMERCIAL-TOURTEAU DE SOJAa)
Mélange aliment commercial-sonNos résultats sont réunis dans le tableau de l’Annexe IV. Ils montrent que la
digestibilité
des matièresorganiques,
des matièresminérales,
des matièrescellulosiques,
duphosphore
et du calcium de la ration décroît au fur et à mesureque la
proportion
de sonaugmente
dans lerégime. Toutefois,
seule ladigesti-
bilité du calcium est diminuée d’une
façon statistiquement significative.
(t = 3 , 5 6
pour les deux séries V etIV ; signification
pour :2 , 45 ).
Par contre, la
digestibilité
des matières azotées restepratiquement
in-changée.
Nous retrouvons bien là le fait que le son laisse
inchangée la digestibilité apparente
descomposés
azotés alorsqu’il
fait diminuer l’utilisationdigestive
des autres
composants organiques
durégime.
Et nousajoutons qu’il
diminueégalement
ladigestibilité
de lapartie
minérale durégime.
Nousrejoignons
ainsi les conclusions des chercheurs
qui,
dans la fameusequerelle
de la farineentière contre la farine
blutée,
ont définitivementopté
pour cette dernière.La diminution de la
digestibilité
du Ca dans une ration contenant du sonest due : 1° à la faible teneur en Calcium de cet aliment
(o,II %) ; quand
laproportion
de son dans lerégime
passe de 0à 20%,
la teneur en calcium de laration passe de 1,27à
1 , 0 8
p. 100g secs ; elle diminue donc de i5%.
Simultané-ment, il y a
déséquilibre Phosphore-Calcium,
lerapport Ca/P
variant de 1,33à 1,02.
2
° A la
présence,
dans le son, d’acidephytique
dont on connaît bien l’action décalcifiante.Il y aurait donc lieu de
supplémenter
en Calcium les aliments dubétail,
dont la formulecomporte
une certaineproportion
de son ou derémoulages,
toutcomme on le fait pour les farines
panifiables
peublutées,
defaçon
à rétablirun
apport
normal de cet élément et à neutraliser l’action de l’acidephytique.
b)
Mélange aliment commercial-tourteau de soja(Annexe V)
La
digestibilité
descomposants organiques
de la ration ne variepratique-
ment pas
après
addition aurégime
de base de 5 à 10%
de tourteau desoja.
Par contre, celle du
Phosphore
et du Calcium est soumise à des variationsimportantes. Compte
tenu du fait que nous avons étéobligés
dechanger
d’ali-ment de base au cours de
l’expérimentation,
il semble quel’incorporation
de5
%
de tourteau desoja
à une ration du commerceaugmente
ladigestibilité
du Ca et surtout celle du
Phosphore (pour
les séries VI etVII,
la différence desdigestibilités
moyennes estsignificative),
l’utilisation des matières minérales totales restantcependant inchangée.
Il existeraitdonc,
pour cemélange
alimen-taire,
unphénomène
de «digestibilité
associative » au moins pour lephosphore.
Au-delà de 5
%, l’adjonction
desoja
à un aliment du commerce fait peu à peudisparaître
cette «digestibilité
associative » : pour 7,5%,
l’utilisationdigestive
du calcium et du
phosphore
estcomparable
à celle que l’on observe avecl’aliment de base
seul ;
pour 10%,
elle est nettement inférieure dans le casdu calcium.
Les
apports
de Calcium et dePhosphore
par l’alimentation nepeuvent
rendrecompte
de cesvariations ;
lesanalyses
des échantillonsprélevés
en coursd’expérience
montrent, eneffet,
que les teneurs des rations en ces éléments sont très voisines les unes des autres pourles
séries danslesquelles
le mêmealiment de base a été utilisé. Il y a donc lieu de supposer que la nature même de cet
apport
est tellequ’elle
renddisponible
pourl’organisme
deplus grandes quantités
de Calcium et dePhosphore lorsque
le tourteau desoja
entre dansl’alimentation du
Lapin
à raison de 5%
de la ration totale.Les valeurs
groupées
à l’Annexe Vindiquent,
en outre, que, pour les séries IX et X - aliment n° 2 seul ou additionné de 7,5%
desoja
- lesdigesti-
bilités du Ca et du P sont nettement différentes de celles que nous avons déter- minées pour les séries
précédentes,
réalisées avec l’aliment n° i comme rationde base. Or la
composition
minérale des deux aliments n’est pas la même : pour l’aliment n° i, lerapport Ca/P
est de 1,43 ; pour le n° 2, de2 , r8.
Il résultede cette
comparaison qu’un
aliment pourLapins
doit contenir Calcium etPhosphore
enquantités
telles que lerapport
de ces constituants soit nettementsupérieur
à 2 ; onarrive,
dans cesconditions,
àobtenir,
pour les deuxéléments,
une
digestibilité
de l’ordre de 50%.
Il resterait bienentendu,
à étendre ces recherches et à déterminer les limites inférieure etsupérieure
durapport Ca/P
pour
lesquelles
ladigestibilité
des deux éléments restesatisfaisante,
ainsi que les teneursoptima
en Ca et P de la ration pour unrapport Ca/P
donné.DIGESTIBILITE DES
DIFFÉRENTS
COMPOSANTS D’UN ALIMENTAJOUTÉ
AURÉGIME
DE BASELa méthode de KELLNER
permet théoriquement
de calculer ladigesti-
bilité des
composants
alimentaires d’un aliment -ici,son
ou tourteau desoja —
ajouté
à une ration dont on a étudié—préalablement
- l’utilisationdigestive.
Nous avons effectué ces calculs et nos résultats sont
groupés
dans le ta-bleau IV ci-dessous.
A
part
les valeurs obtenues pour l’utilisationdigestive
des matières orga-niques
du son et, si l’on veut, pour les matières azotées dusoja,
l’ensemble des résultats est totalement incohérent.Est-ce à dire que la
technique
que nous avons utilisée ne convient pas pour la mesure de ladigestibilité
descomposants
d’une ration ? Ce serait mettreen doute toutes les valeurs que l’on trouve dans la littérature et
qui
ont étéobtenues
d’après
la méthode de KELLNER. N’est-ce pasplutôt
que cette méthodedoit être
employée
dans certaines conditions bien déterminées et que nous nenous sommes pas
placés
dans ces conditions ? C’est ce que nous nous proposons de voir dans leparagraphe
suivant.Discussion
Le calcul de
K ELLNER ,
nous l’avons vu, suppose que ladigestibilité
de leration de base - et donc de ses constituants - ne varie pas
lorsqu’on ajouta
à cette ration l’aliment dont on veut connaître l’utilisation
digestive.Nous
avonsd’ailleurs
montré,
dans lapremière partie
de ce mémoire que cettehypothèse
estparfaitement justifiée,
au moins en cequi
concerne la matière sèche des aliments.Mais le calcul de la
digestibilité
d’uncomposant quelconque
d’un alimentnous
oblige
à utiliser deux coefficients d’utilisationdigestive :
l’un d’eux est relatif à ladigestibilité
de la ration debase, l’autre,
àla digestibilité
dumélange
ration de base-aliment à
expérimenter.
Si,
eneffet,
nousappelons
A et B lesquantités
d’uncomposant
donné-
disons,
pour fixer lesidées,
des matièrescellulosiques
-respectivement
four-nies par la ration de base et par l’aliment
ajouté
à cetteration ;
si nous appe- lonsd, x
et D les valeurs des coefficients d’utilisationdigestive
de cecomposant respectivement
pour laration
debase, l’aliment ajouté
et lemélange
ration debase-aliment,
nous pouvons écrire :Ad -f- Bx =
(A!-B)
Dd et D sont déterminés
expérimentalement.
Onpeut
donc calculer facilement x.a)
Erreurs possibles sur la valeur des coefficients dedigestibilité
Toutefois la mesure de ladigestibilité
d’uneration,
par lapesée
desingesta
et des excreta
implique
nécessairement un certain nombre d’erreurs : erreursde
pesée d’abord,
et aussi et surtout, erreurs dues à l’« individualité » des ani-maux mis en
expérience. L’excrétion
n’est pas,jour après jour, rigoureuse-
ment
proportionnelle
àl’ingestion
et l’on sait bien que les coefficients dediges-
tibilité mesurés
quotidiennement
varient dans d’assezlarges
limites. C’est cet ensemble d’erreurs que traduitnumériquement
« l’erreur standard » surle coefficient moyen d’utilisation
digestive.
D’autre
part,
le calculstatistique
montre que si la valeur déterminéeexpérimentalement
ne s’écarte pas de la valeur réelle(que
l’on tirerait d’une infinité demesures)
deplus
de son « erreurstandard »,
la différence entre valeurexpérimentale
et valeur réelle n’est passignificative (t
=r).
Il en résulte que
lorsque
nous disons :ladigestibilité
moyenne p. 100d’une ration est, 72,9 ± 1,3, nous aurions pu trouver aussi bien 74,2%
ouy,6 %,
par le
simple
fait du hasard de «l’échantillonnage )), si,
parexemple,
nous avionscommencé les mesures sur les mêmes
animaux,
un ou deuxjours plus
tard.Cette incertitude sur la valeur même du facteur que nous mesurons a
des
répercussions
considérables sur le calcul de la méthode KELI,NER. Pour neprendre qu’un exemple,
essayons de déterminer ladigestibilité
de la matièresèche du son
ajouté
à raison de 10%
à la ration de base.L’expérience
nous adonné une
digestibilité
de74 ,6
± 1,6 pour la ration de base seule et de 73,0 ce 1,4pour lemélange.
Si l’on effectue le calcul avec cecouple
de valeurs -74,6
et 73,0 - on trouve que la matière sèche du son est utilisée par leLapin
à raison de
5 8,6 %.
Mais nous pouvons aussi bienprendre,
comme bases decalcul,
les 2couples
de valeurs74,6
+1,6
et 73,0- 1,3 et74,6
-1 ,6
et 73,0 -1,3.
Dans cesconditions,
ladigestibilité
moyenne du son dans notreexpé-
rience est ou bien 31
%
ou bien 86%.
b)
Conditionsd’emploi
de la méhode de KEI.LNERPour lever
pareille incertitude,
iln’y
aqu’une
seule solution : il faut dimi-nuer autant que
possible
la valeur de « l’erreur standard » sur la moyenne.Et,
pour cefaire,
nous nedisposons
que de 2 moyens :augmenter
le nombre des déterminations et diminuer les écarts à la moyenne, c’est-à-direexpérimenter
sur des animaux
parfaitement
enrégime.
Il est
possible
que, dans notreexpérimentation,
la durée del’adaptation
aux
rations,
ainsi que la durée même des mesures, aient ététrop faibles.
Mais l’étude des coefficients d’utilisationdigestive
mesurésjour après jour
met enévidence, particulièrement
chez certains animaux(lapins
n° 2, 3 et 6 notam-ment),
des variationsimportantes
que nous pensonspouvoir expliquer
de lafaçon
suivante.L’aliment
de référence que nous avons utilisé est hautementdigestible ; c’est,
enfait,
un aliment« complémentaire
»qui,
dans lapratique,
doit être fourni aux
Lapins
en «complément
» d’une ration d’aliments encom-brants. Nous l’avons utilisé seul ou en
mélange
avec des rations de « concentrés ».Il en résulte que, d’une
part,
l’excrétion fécale est faible - de l’ordre de 16-2
o g secs en moyenne par animal et par
jour
- et que, parsuite,
les erreurs depesées prennent davantage d’importance ;
d’autrepart,
que le tractus intestinal nepeut
se mettre enrégime
à cause dutrop
faible volume du bol alimentaire. Il ne faut pasoublier,
eneffet,
que, chez unlapin
de 3kg environ,
la
longueur
de l’intestindépasse
3 m etqu’il
estnécessaire,
pour obtenir unfonctionnement
régulier
del’appareil digestif
que l’encombrement de la ration soit suffisant. Dans nosessais,
le coefficient d’encombrement desrégimes
uti-lisés
(matière sèche /unités fourragères)
variait de ià 1 , 15 .
Etd’après
de nom-breuses
déterminations,
nous sommes en mesure de dire que ladispersion
desvaleurs
quotidiennes
du coefficient d’utilisationdigestive
chez lelapin
est consi-dérablement réduite si le coefficient d’encombrement de la ration atteint z,2g.
c)
Erreurs dues al’analyse
chimiqueTout ce
qui précède
nouspermet
decomprendre pourquoi
nous n’avonspu arriver à des résultats cohérents
lorsqu’il
s’estagi
de déterminer ladigesti-
bilité des
composants
des alimentsajoutés
à la ration de base.Les coefficients d’utilisation
digestive
de cescomposants
sont entachés de la même erreur que ceux relatifs à la matière sèche - ceux-ci étant les seules valeurs déterminéesexpérimentalement.
A cette erreurs’ajoutent,
bien en-tendu,
les inévitables erreurs del’analyse chimique (Cf.
Erreur commise dans le calcul de la valeurfourragère
d’un alimentcomposé
en fonction des erreursde
l’Analyse chimique
par A.F RANÇOIS ( 1949 ). Mais,
à la différence du casprécédent,
nous ne pouvons ici déterminer la marge de variationpossible
desvaleurs calculées : nous ne
possédons,
eneffet, qu’une
seuleanalyse
desingesta
et des excreta par série
expérimentale. Toujours
est-il que cette marge est néces- sairement encoreplus importante
que celle dont nous avons pu montrer l’exis- tence pour la détermination de ladigestibilité
de la matière sèche d’une ration.Pour éviter ces
inconvénients,
il nous semble que la solution consiste à réaliser desanalyses d’ingesta
et d’excreta leplus
souventpossible
au coursdes séries
expérimentales,
defaçon
à être en mesure de déterminer lapart qui
revient à
l’analyse chimique
dans les erreurs des déterminations.CONCLUSIONS
1
0
Lorsque
l’onajoute
à une ration commerciale pourLapins,
soit du son(
10
à 20%),
soit du tourteau desoja (5
à 10%),
ladigestibilité
de la matièresèche de cette ration commerciale ne varie
pratiquement
pas, en moyenne.2
° La
digestibilité
de la matière sèche de la ration totale diminuelégère-
ment
lorsque
lerégime
renferme duson ;
elle ne variepratiquement
paslorsque
le
régime
renferme du tourteau desoja.
3
°
La détermination de ladigestibilité
d’un aliment au moyen de la mé- thodeclassique
de K!!,r,rrEx, donne des résultats moinsdispersés
que la mé- thodequi
consiste à grouper les résultats de deux sériesexpérimentales
et à cal-culer
séparément
lesdigestibilités
des deuxcomposants principaux
de la ration.4
° Lorsqu’un régime
pourLapins
contient une forteproportion
de son(
10
à 20%),
seule ladigestibilité apparente
des matières azotées de la ration resteinchangée ;
ladigestibilité
du Calcium est considérablement diminuée.D’où la nécessité
d’incorporer
à un telrégime
dessuppléments
de sels de calcium.Si le
régime
renferme de 5 à 10%
de tourteau desoja,
ladigestibilité
desmatières
organiques
ne variepratiquement
pas ; celle duPhosphore
et du Calciumdépend
de laproportion
de tourteau dans la ration.5
° Pour
qu’un régime
destiné à l’alimentation duLapin permette
une utilisationdigestive
de l’ordre de 50%
du Calcium et duPhosphore,
il faut que lerapport Ca/P
soit au minimumégal
à 2.6° Il n’a pas été
possible
d’obtenir des valeurs cohérentes des différentscomposants
alimentaires des aliments(son
et tourteau desoja) ajoutés
à laration de base. La discussion des causes de cet échec met en évidence les faits suivants
qui
conditionnentl’emploi
de la méthode de K!r,r,rr!xlorsqu’on
veutse servir du
Lapin
comme animald’expérience.
Pourpouvoir
utiliser aveccertitude ce mode de
calcul,
il faut :-
Expérimenter
sur des animauxparfaitement adaptés
aurégime
etdont les
régulations physiologiques
soient aussiprécises
quepossible
- cequi implique
la nécessité d’éliminer certainssujets,
mêmelorsqu’on dispose
d’ani-maux sélectionnés.
-
Disposer
d’un nombre aussigrand
quepossible
de déterminations pouratténuer,
dans toute la mesuresouhaitable,
les variations dues à l’individua- lité même des animaux. La durée des mesures doit être d’autantplus longue
que les écarts que l’on
observe,
d’unjour
àl’autre,
sontplus importants.
- Utiliser un aliment de référence suffisamment encombrant
(coefficient
d’encombrement au moins
égal
à1 , 2 )
pour que l’excrétion fécale soitimpor-
tante et aussi
régulière
quepossible.
-
Réaliser,
au cours des sériesexpérimentales, plusieurs
déterminations de lacomposition chimique des ingesta
et des excreta pourpouvoir
évaluerl’erreur