BRUCELLOSE CAPRINE
II. - INFLUENCE DE I,A BRUC!I,I,OSE CAPRINE SUR LES GESTATIONS. COMPORTEMENT DES PRODUITS
G.RENOUX
1%aculté de Médecine,
Montpelliev
(Hévault).SOMMAIRE
Sur 59 Chèvres en expérience, 8 ont été
autopsiées
trop tôt pour être fécondées ;cinq
sont restéesinfécondes tout au
long
des deux ans d’observation.4
6 Chèvres ont mis bas, de 3à 122 semaines
après
l’infection par Br.melitensis,
8çjeunes
dont79ont été étudiés.
1* - Le taux de fécondité d’un troupeau de Chèvres est d’autant
plus grand
que l’infectionbrucellique
est ancienne ; sous cette réserve, l’avortement ou la mortinatalité sont loin d’être fré- quents dans un troupeau infecté, par ailleurs bien conduit.2
. - Un Chevreau en apparence normal mais issu d’une mère
brucellique
peut être porteur de Brucella.3
. - L’infection
brucellique
des Chevreauxdépend
de l’intensité et de l’ancienneté de l’infec- tion de la mère.Quand
la mère estpositive
àl’autopsie,
les chances d’infection du chevreau par Br.melitensis sont augmentées.
4
. - Près d’un tiers des Chevreaux « normaux » est porteur sain de Bv, melitensis ; cette affection
est
inapparente,
sans manifestationssérologiques ;
elle dure au moins un an ; ceci ressemble à la Tolérance immunitaire.5
. - Les autres Chevreaux, issus de mère infectée, résistent
complètement
aux causes naturel-relles d’infection par Br. melitensis.
6. - Ces résultats
suggèrent
que des facteursgénétiques
contrôleraient lasusceptibilité
deschevreaux à la brucellose.
7
. - Trois souches
correspondant
à 2Chevreaux ont des caractèresparticuliers
et différents deceux de la souche infectante : elles se
rapprocheraient
de Br. ovis, Buddle.Les fécondations et mises bas d’un
troupeau
de Chèvres infectées par Bv.meli- tensis et suiviespendant plus
de deux ans(R ENOUX , ig6i)
ont été observées et notées.La descendance ainsi obtenue est étudiée
depuis
les naissancesjusqu’aux autopsies
étalées sur y mois afin de connaître les réactions
sérologiques
et les résultats descultures chez des chevreaux nés d’animaux infectés ou au contact de ceux-ci.
Le but de ce travail est
d’ajouter
à nos connaissances sur lapathogénie
etl’épi- zootiologie
de la Brucellosecaprine.
( 1
) Ancien directeur de l’Institut Pasteur de Tunis, Tunisie, où ces expériences ont été faites grâce à
l’aide de F. A. O. et de O. M. S.
Les méthodes et
techniques employées
sont celles décrites dans unepublication
antérieure
(R ENOUX , 10 6 1 ).
Pendant la durée de
l’expérience,
oit jc! chèvres sontmélangées
en un seultroupeau,
les fécondations sefont
librement et sont assurées par 4 boucs : 3 vaccinés par le vaccin tué au formol enexcipient huileux,
I3 moisplus
tôt alorsqu’ils
étaientde
jeunes chevreaux ;
Ibouc, adulte,
indemne.En deux ans et
demi,
on constate !!gestations
pour4 6
chèvres. Huit de cesanimaux sont
autopsiés trop
tôt pour avoir letemps
d’être fécondés(ils
nefigurent
donc pas sur le tableauI ).
Au
long
del’expérience, chèvres
sont restées infécondes : trois sont infectées par BY.melitensis,
deux n’ontjamais
révélé leur infection par une culturepositive.
I. - INFLUENCE DU TEMPS ÉCOULÉ ENTRE LA DATE D’INFECTION DE LA MERE
ET I,A DATE DE LA MISE BAS
(OL’
DEL’AVORTEMËNT)
SUR LA PRESENCEDE BY. mELtt272SZS CHEZ LE PRODUIT DE CONCEPTION
La
première
série de mises bas est constatée :ca)
chez les chèvres artificiellement infectées entre g et 13semainesaprès
l’inocu-lation ;
b)
chez les chèvres naturellement infectées entre 23 et 30semainesaprès
leur entrée dans letroupeau
et 2à 9 semaines (moyenne
3semaines
etdemie) après l’appari-
tion du
premier
avortement dans le groupeprécédent,
infectédepuis
I4 mois( 1 ).
La deuxième série de
gestation prend place :
a)
chez les chèvres artificiellement infectées entre go et8 3
semaines(moyenne 6
5 semaines) après l’inoculation ;
b)
chez les chèvres naturellement infectées entre .!5( 1 fois)
et 75 à 82 semainesaprès
l’entrée dans letroupeau.
La troisième série de
gestation, qui
ne concerne que les chèvres artificiellementinfectées,
a lieu entre II4 et 122 semaines(moyenne II g ) après
l’inoculation.En
portant
sur un tableau(tableau I )
lesgestations
et les résultats des cultures faites sur lesproduits
degestation
on en tirequelques
remarques :I
. le taux de fécondité dans le
troupeau
est d’autantplus
élevé que l’infectionbrucellique
estplus ancienne ;
II
. la transmission de Br. melitetasis de la mère au
petit
estplus fréquente quand
l’infection de la mère est récente.
III
. au moins dans les conditions de notre
expérience, qui
d’ailleurs ne diffèrent pas sensiblement des conditions de la nature, la Brucellosen’apparaît
pas comme un facteur de stérilité définitive chez la chèvre ;IV
. les avortons ou les mort-nés ne
représentent,
autotal,
que 16 pour cent desproduits
de fécondation : si la Brucellose est le seul facteur évident(nourriture
correcte, pas
d’endoparasites
enexcès, etc,.)
l’avortement est loin d’être larègle.
( 1
) Comme nous l’avons w dans une publication précédente (Rwot v, in6[) l’infection par Br. ntelilerrsis des chèvres neuves, introduites (tans un troupeau déjà infecté, ne se produirait
qu’au
moment où les Prncetla sont massivement excrétées par les premiers avortements. Le seul contact entre animaux neufs et animaux infectés, même éliminant des Brucella dans le lait ou par le mucus vaginal, ne paraît pas suffisant.II. — RAPPORTS ENTRE 1/INFECTION BRUCELLIQUE DE LA MÈRE
ET I,:! PRÉSENCE DE Br. meLLGe72StS DANS LE PRODUIT DE CONCEPTION
Nous avons vu que les chèvres
pouvaient
être classées en 4 groupes(R!!roux, ig6i) :
chèvresbactériologiquement négatives ;
chèvresqui
ont fourni des cultures de BY. melitensis à la fois de leur vivant(cultures
du sang, des sécrétionslactées,
desmucus
vaginaux)
et dans les échantillonsprélevés après autopsie ;
chèvresqui
n’ontdonné des cultures de Br. melitevesis
qu’à partir
des échantillonsprélevés pendant
leur
vie ;
chèvrespositives
seulement par les échantillons obtenus àl’autopsie.
1
° On
peut
résumer comme suit les constatations sur laprésence
ou l’absenced’une contamination
brucellique
des chevreaux selon les résultatsbactériologiques
obtenus chez les mères
(tableau 2 ) :
a)
si la mère estbactériologiquement négative,
lesproduits
naissent à terme etsont tous,
eux-mêmes, bactériologiquement négatifs (même après
12 mois de viedans un
troupeau
infecté par Bv.melitensis).
b)
il estplus
facile d’isoler Br. melitensis des avortons ou chevreaux mort-nés que des animaux nés à terme etautopsiés rapidement après
leurnaissance ;
c)
on retrouve Br. melitensis dans lesprélèvements
des tissus de chevreaux issus de mèresinfectées, jusqu’à
16 moisaprès
leurnaissance;
d)
laproportion
de chevreauxporteurs
de Br. melitensis est lamême,
que les animaux aient étéautopsiés
dès leur naissance ouplusieurs
moisaprès.
Assez
paradoxalement,
il semble que les chevreauxqui
ontéchappé
à l’infectionbrucellique
in utevo ou trèsprès
de la naissance soient résistants à la Brucellose.Ceux
qui
sont infectés restentporteurs
de Br. melitensispendant
delongs
mois.2
°
Chaque
fois que cela a étépossible,
dans les conditions où s’est déroulée cetteexpérience,
les sécrétions lactées et les mucusvaginaux
ont étéprélevés
et mis enculture.
Il ne
s’agit
ici(comme
pourn’importe quel
résultat deculture)
que de la« mise en évidence » et non pas de la «
présence
» de Brucella dans l’échantillon examiné :quand
les cultures sontnégatives,
nous ne pensons pasqu’elles signifient
l’absencecertaine de Bvucella dans le lait ou le mucus
vaginal.
Quoi qu’il
ensoit,
l’excrétion de Br. melitensis au moment de la misebas,
surtoutpar le lait chez la
mère, augmente
relativement les chances de trouver leproduit
deconception
infecté.Mais la
présence
de Br. melitensis dans les organes de la mère( 3 e
et4 e ligne
dutableau
I )
est un facteur trèsimportant
pour conditionner l’infectionbrucellique
du
petit.
En d’autres termes, dans le groupe où la maladie de la mère n’est revelée que par l’excrétion de Brucella le nombre de chevreaux infectés estsignificativement plus faible, (chi) 2
= 5,4, que dans le groupe de chèvrespositives
àl’autopsie
seule.Parce que les
mères,
débarrassées de laBrucellose,
mettront bas despetits
sains etindemnes à la 3e
gestation.
Ainsi,
cequi
estdangereux
pour la conservation d’une enzootiebrucellique
chezles chèvres ce n’est pas la mère
temporairement excrétrice,
mais la femelleporteuse
occulte d’une affection
inapparente.
III. - INFECTION BRUCELLIQUE DES PRODUITS DE CONCEPTION
Les
4 6
chèvresgestantes correspondent
à3 6
chèvres sur3 8
infectées par l’instil- lation d’unegoutte
desuspension
microbienne contenant 2 X 105 Br.melitensis,
souche 53 H.
3 8,
sur laconjonctive
de l’oeilgauche
et à 10 chèvres sur 13,normales,
indemnes de Brucellose au moment où elles sont introduites dans letroupeau
9 moisaprès
l’inoculation infectante décrite ci-dessus.Ces
4 6
chèvres ont donné 74gestations qui
serapportent
à8 4 produits
obtenus aucours de i à 3
gestations
par chèvre :10 chèvres avortent = 14
produits;
10avortons sontautopsiés
= 9sontpositifs (présence
de Br. melitensis dans les organes ou tissusprélevés
àl’autopsie).
6 chèvres mettent bas 6 chevreaux
mort-nés ;
6 sontautopsiés :
3 sontpositifs.
5
8
chèvres mettent bas6 3
chevreaux ou chevrettesapparemment
normaus :2
o sont
positifs.
Ces résultats
globaux
confirment des constatations antérieures(R ENOUX
etAI,TO!1,
1955 ;RENO U X, 1957b) :
des chevreaux en apparence normaux, nés à terme de mères infectées par Br. melitensispeuvent,
à leur tour, êtreporteurs
de Brucella.IV. -
F R É Q uENcE
ET RÉPARTITION DES BRUCELLA DANS 1,’ORGANISMF DES CHEVREAUX 1ÉS DE MÈRES INFECTÉESA. - Dans le sa)t! Ii 17
échantillons de sang du coeur sont
prélevés
àl’autopsie
faite lejour
même dela naissance ou de l’avortement : un seul est
positif
chez un chevreau d’ailleurs massi- vement infecté.68
7
hémocultures sont faites chez les 2c! chevreaux sacrifiés entre une semaine et I7mois
après
leurnaissance ;
toutes sontnégatives.
B. - Dans les échantillons
d’organes
ou de tissusI 6
32
échantillonsprélevés
àl’autopsie
de 79 avortons ou chevreaux ontpermis 2 L!6
cultures : 2006 des échantillons isolés et 140après broyage
de l’ensemble des échantillons de 14 animaux(tableaux 3 ).
I,es
1 8 7 prélèvements
de 7chevreaux,
mis en culture en frottant une tranche de section à la surface d’une boîte de milieu WE et enensemençant
une deuxième boîteavec le
broyat
du même échantillon(soit
374cultures),
on fourni 17résultatspositifs :
3
par le « frottis »
seulement ;
6 par lebroyage seulement ;
8 à la fois par le frottis et le
broyage.
Sur une si
petite série,
la différence entre les deux méthodes d’ensemencement desprélèvements
de tissus n’est passignificative.
Ces résultats montrent,cependant,
l’intérêt de
multiplier
lesprocédés
d’ensemencement et la validité toute relative des culturesnégatives.
D’autre
part,
et pour 14chevreaux,
toutes lesportions
d’échantillons restantaprès
les ensemencements habituels ont étébroyées
ensemble dans unbroyeur
élec-trique.
Lapurée
ainsi obtenue est ensemencée dans 10boîtes,
pourchaque animal,
de milieu WE à raison de I ml par boîte :
1
. 3 chevreaux avaient
déjà
fourni un ou des résultatspositifs
aux méthodeshabituelles d’ensemencement. Le
broyage
en masse de 57 échantillons estpositif
pour ces trois chevreaux avec 25 boîtes
positives
sur 30 ensemencées.ii. c3 chevreaux sont
négatifs
selon les méthodes habituellesd’ensemencement,
4 étant issus de mèresbactériologiquement négatives :
lebroyage
en masse de2II échantillons est
négatif.
III
. 2 chevreaux issus de mères
infectées,
ont fourni des résultatsnégatifs
auxméthodes habituelles
d’ensemencement ;
l’un d’eux est un avortonjumeau
d’unfrère infecté. Les deux chevreaux sont
positifs après
ensemencement dubroyage
enmasse de tous les échantillons : 16 boîtes contiennent des Brucella sur les 20 ensemen-
cées avec le
mélange
de 32 échantillons.Les cultures
après broyages
en masse de l’ensemble des échantillons sont,comme nous l’avons
déjà
vu dans lapremière partie
de cetravail, plus fréquemment positives
que l’ensemencementséparé
dechaque
échantillon. Il estprobable
que leséjour
desprélèvements
à laglacière
à -25° Cpendant plusieurs jours
avant l’ense-mencement soit un facteur favorable à la mise en évidence de Brucella
intracellulaires ;
le même fait s’observe avec les Rickettsies ou avec Listeviamonocytogeiaes.
Ces constations amènent à penser que tous les résultats de cultures
négatives
necorrespondent
pas nécessairement à desanimaux,
en toutecertitude,
indemnes d’infectionbrucellique.
Un certain nombred’animaux, porteurs
« sains » de Brucellaéchappent
aux moyens habituelsd’investigation.
Celacorrespond peut-être
à desinfections
pauci-bacillaires
deschèvres,
d’autantplus
redoutablesqu’elles passent inaperçues.
Le tableau 3 montre que le nombre
d’organes
ou de tissus trouvéspositifs
pourchaque
animal estfaible ;
il oscille entre i et 8 par chevreau.Il
apparait
aussi de ce tableau 3 que des chevreaux ont fourni sensiblement moins deprélèvements
que d’autres. Cela adépendu
des circonstances et laputréfaction commençante, particulièrement
des avortons ou desmorts-nés,
au moment del’autop-
sie
(rappelons
que la Stationexpérimentale
était à 50 kilomètres deTunis)
aempê-
ché de
prélever
tous les échantillonsprévus.
Le fait que By. melitensis aitpoussé
surdes cultures faites dans de telles conditions démontre une fois de
plus
lagrande
valeursélective du milieu WE.
Les organes ou tissus trouvés
positifs
sont rassemblés dans le tableau 4. Lespré-
lèvements suivants ont été constamment
négatifs :
moelle osseuse,utérus, ovaire, mamelle ; ganglions lymphatiques :
sous-maxillairegauche,
atlantalgauche,
rétro-scapulaire
droit etgauche,
mammairedroit,
testiculairegauche, poplités
droit etgauche.
Quelques
remarques :i. le contenu
gastrique
d’un chevreau(fils
de la chèvre224 ) autopsié
5jours après
la naissance estpositif : présence
de Br.melitensis ;
seuls la rate et le foie de ce chevreau ont été ensemencés :négatifs.
I,eplacenta
estpositif ;
le mucusvaginal
etle colostrum de la mère sont
positifs.
11
. Le chevreau 50
(fils
de249 )
a fourni 2g échantillons ensemencés à la fois par frottis etaprès broyage.
Le seulprélèvement positif
a été le poumon.m. 27 échantillons sont ensemencés
après broyage
àpartir
d’unchevreau,
filsde la chèvre 232, seule la culture du testicule est
positive.
Même résultat à
partir
des 15 échantillons du chevreauCOI6,
fils de 252.m. - Le chevreau 15, fils de 232 est sacrifié 4 mois
après
sanaissance ;
laculture de 2i échantillons est
négative. Cependant,
leplacenta
étaitpositif
au momentde la naissance.
C. - Les souches isolées
Dans
chaque
boîte oit se trouvent des coloniessuspectes
onprélève
pour identi- fication 10 coloniesquand plus
de 10 colonies sontprésentes
et toutes les coloniesquand
leur nombre est inférieur à 10.Nous avons ainsi identifié 75I colonies par les
épreuves
décrites dans unepubli-
cation
précédente (RE NOUX , 19 (1).
1°
74 8
identificationscorrespondent
à autant de souchesqui
ont les caractères de Bv.melitensis,
enphase
« smooth ».2
° Deux
colonies,
isolées du testicule d’unchevreau,
fils de la chèvre 232,présentent
des caractèresparticuliers qui
lesrapprochent
de la souche C 16 A quenous avions isolée d’une brebis artificiellement infectée par Br. meLitea!sis 53 H
3 8 (RENOux
et MAHa!!!! ,I g55) :
culture enprésence
de thionine et defuchsine,
SH 2 -,
faibleagglutination
par les sérumsmonospécifiques
anti A et antiM,
thermorésis- tance, stabilité enprésence d’acriflavine, agglutination
par le sérum anti C 16 A et par un sérumhomologue
anti « chevreau 232 ».Notons que le
placenta
de la chèvre 232étaitpositif :
Br. melitensis smooth.3
° Une colonie isolée du
ganglion iliaque
du chevreau 23, fils de la chèvre25
6, possède
les mêmescaractéristiques
que ci-dessus(sauf SH2 + +). Cependant
lescolonies isolées de la mère et d’un chevreau
jumeau
ont toutes lescaractéristiques
deBr. melitensis.
Des souches semblables ont été isolées d’échantillons de chèvres
(R ENOUX , I g6 I ).
Ces souches riches en
antigène
« r », ressemblentbeaucoup
aux cc dissociated strains »( A i / MX
, 19 6 0 ).
Elles serapprochent
de Br, ovis(B UDDLE , 195 6)
dont elles différent essentiellement par l’absence de besoin en gazcarbonique.
Ces constatations attirent l’attention sur l’existence de souches de Brucella
aux caractères inhabituels.
La
fréquence
réelle de telles souches dans la nature est, à notreavis,
moins faible que ne le laissent supposer lespublications. L’important
est de penser à leurpossibilité
et de ne riennégliger
pour les identifier.Ces « souches différentes »
apportent
desarguments supplémentaires
pour unerévision de la taxonomie des Brucella et surtout pour des modifications des
techniques
d’identification de ces microbes.
V. - RÉACTIONS
S!,ROI,OGIOU!S
DES CHEVREAUX ISSUSDE MERE INFECTÉE PAR BY. YYG2LZteYLS2S.
68 7
prises
de sang faites à 2g chevreaux conservés de 7jours
ày mois permettent
d’effectuer les réactions
d’agglutination,
de déviation ducomplément
et la recherche desanticorps incomplets
par un sérumantiglobuline
de chèvre. Les mêmes examenssérologiques
sont faits sur le sérum du sangprélevé
au coeur pour 17 des 34 chevreaux sacrifiés lejour
de leur naissance.Le tableau 5 compare les résultats
sérologiques
obtenus sur le sang du coeurprélevé
àl’autopsie
des nouveaux-nés avec ceux de la mère au moment de la mise bas.Les tableaux 6 et 7 résument la
comparaison
des résultats desépreuves
sérolo-giques
chez les chevreaux conservés à leur naissance etpendant
leurvie,
avec les mêmesépreuves
effectuées chez les mères au moment de la mise bas oupendant
lemois
qui
leprécède.
Les titresindiqués
au tableau 7 sont lesplus
élevés observéspendant
cettepériode.
Ces
comparaisons
montrent que :z. - Sur 17 chevreaux sacrifiés à la naissance
( 4
issus de mèrebactériologique-
ment
négative)
et dont on aprélevé
le sang du coeur,4 sont porteurs
de Br. melitensis et révèlent desanticorps
dans le sang du coeur ;6 chevreaux
(dont
2 nés de mèrenégative)
à culturesnégatives
ont eux aussides
anticorps sériques ;
7
chevreaux
( 2
nés de mèrenégative)
sontsérologiquement négatifs.
L’existence ou la
présence d’anticorps
dans le sang du coeur de chevreaux nou-veaux-nés
paraissent
êtreindépendantes
desquantités d’anticorps
décelés chez la mère.2
. - 2c! chevreaux sont
autopsiés tardivement,
de i semaine à ymoisaprès
leur naissance.a)
10 chevreaux sont trouvésporteurs
de Brucella àl’autopsie :
i. Un seul
(n o 34 )
estsérologiquement positif pendant
les 2moisd’observation ;
m. 9sont
sérologiquement négatifs
au moment del’autopsie :
3avaientprésenté
des réactions
sérologiques
transitoires dutype qu’évoque
legraphique
i ;in. tous ces chevreaux avaient des
anticorps
leplus
souvent à des titres très bas au moment de lanaissance, quel
que soit le statutsérologique
de leur mère.b)
19 chevreaux sontbactériologiquement négatifs
àl’autopsie :
i. un chevreau n°
C0 29 ,
montre unesérologie
fortementpositive pendant
unmois, puis négative pendant
les 16 moissuivants ;
m. 6 chevreaux ont des réactions
sérologiques
transitoirementpositives
selonle
graphique
i ; l’un d’eux(n° 35 )
n’avait pasd’anticorps
à lanaissance ;
m. 12chevreaux n’ont pas
présenté d’anticorps pendant
leurvie ;
les sérums de 9d’entre eux avaient
permis
des réactionspositives
à lanaissance ;
m. la mère n° 218 d’un des trois chevreaux à
sérologie toujours négative
avaitcependant
montré un titre très élevéd’anticorps
fixant lecomplément
dans le moisprécédant
la naissance.c)
33 chevreaux ont desanticorps
auprélèvement
fait à la naissance( 13
sontinfectés par Br.
melitensis) ;
9agglutinations ( 3 seules,
6 combinées avec la réaction de fixation ducomplément) ;
ig fixations ducomplément ( 2 seules,
6 combinéesavec
l’agglutination
et 11combinées à laprésence d’anticorps incomplets) ; 23 réactions
de Coombs
( 12
seules et et m associées à la fixation ducomplément).
En
général,
les titres de cesanticorps sériques
sont faibles etdisparaissent
trèsrapidement
du sang des chevreaux enexpérience.
d)
Laqualité
et les taux desanticorps présents
dans le sang des chevreaux nouveaux-nésparaissent
doncindépendants
desanticorps
constatés chez la mère.Par
exemple :
- mère montrant des
agglutinines
et sensibilisatrices à des taux élevés et peuou pas
d’anticorps
chez lepetit ( 2 e petit
de la chèvre 224, tableau6) ;
- Pas
d’anticorps
chez lamère,
taux élevé chez le nouveau-né(n o 20 8),
etc.Les courbes des réactions transitoires observées
pendant
la vie des autres chevre-aux laissent à penser que si le chevreau n° 34 eût vécu
plus longtemps,
les résultatsseraient devenus
négatifs
à leur tour.e)
m chevreaux( 4 bactériologiquement positifs
et 7négatifs)
ontprésenté pendant quelque temps
dans leur vie desanticorps sériques,
tous d’une manière semblable augraphique
z. Aucun n’ajamais permis
d’établir degraphiques
ressem-blant à ceux des chèvres infectées alors
qu’elles
étaient adultes. Aucun sérumprélevé
au moment de
l’abattage
ne contenaitd’anticorps.
17
chevreaux
( 5 bactériologiquement positifs
et 12négatifs)
n’ont pasprésenté d’anticorps sériques pendant
leur vie.Ainsi les chèvres infectées in utevo ou à leur naissance par Br. melitensis
peuvent héberger
des BvuceLla dans leurorganisme pendant
16 mois sanssignaler
cette infec-tion par la
présence d’anticorps
dans leur sang circulant.Bien
entendu,
tout aulong
del’exposé qui précède, quand
nousparlons
de l’ab-sence
d’anticorps
dans un sérum cela nesignifie
que l’absence desanticorps
recherchéset non le manque total dans un tel échantillon de tous les
anticorps possibles.
Nous avons utilisés des réactions «
cliniques
»d’usage
courant par tous ; l’avenir nouspermettra d’essayer
toutes lestechniques
del’Immunologie justement
pour tenter de déceler l’existenced’anticorps
autresqu’agglutinines,
sensibilisatrices ou blo-quants
dans ces sérums «négatifs
» afind’augmenter
laprécision
dudiagnostic
séro-logique
de la Brucellose.DISCUSSION
Les
gestations,
avortements et mise bas deschèvres, objet
d’unprécédent
travail(R
E xoux, ig6i) permettent
d’étudier l’influence de la Brucellose sur la fécondation et lesgestations
des chèvres et lecomportement
des chevreaux et chevrettes issus de mères infectées par Bv. melitensis.Une
première
notion sedégage :
Quand
la Brucellose estrécente,
le nombre des chèvres fécondées estfaible ;
àla
première
série degestations, quelques
semainesaprès
le contactinfectant,
seule-ment z5 chèvres sur 5r sont
fécondées, puis 33/4 8
à la 2esérie degestations
et2 6/ 30
à la troisième série.
Or,
nous avonsdéjà
vu quel’implantation
de Br. melitensis dansla
sphère génitale
était trèsprécoce
chez les chèvres et bienantérieure,
leplus
souvent, à une activité sexuelle réelle(RE NO ux, 19 6 1 ).
Ilapparaît
fortprobable
que laprésence vaginale
ou utérine de Br. melitensis soit la causeempêchante
d’unefécondation,
parun mécanisme
qui
reste à élucider.Les avortements ou la
mortinatalité,
nereprésentent
que 2o des8 4 produits
mis bas en 3
gestations.
L’avortement n’est donc pas unerègle générale ;
au contrairedans un
troupeau
bien conduit lamajorité
des chèvres n’avortera pas.On notera aussi que la
Brucellose ,
si elleempêche
la fécondité au stadeaigu
dela
maladie,
ne conduit pas les chèvres à la stérilité définitive.On confirme
l’opinion
de HORRoexs et KEXNEDY(igo6) :
« pregnancy goes onuninterrupted
in infectedgoats ;
amiscarriage
wasreported only
in one instance »(sur 13 8
chèvrespositivement infectées).
Les constatations des chercheurs de la Commission de Malte avaient été un peu oubliées parce que dans la nature, les chèvres
soumises,
outre laBrucellose,
à bien des aléas(malnutrition, parasitoses, viroses, froid,
traumadivers...)
avortentfréquem-
ment et facilement : il ne serait pas exact d’en déduire que l’avortement des chèvres soit un
signe quasi pathognomonique
de brucellose.I,es
cobayes nouveau-nés,
sains selon toute apparence, mais issus de mèrebrucellique
sont dans unelarge proportion
eux-mêmes infectés par Bv. melitensis(R!:!oux
etal., i 95 o).
Nous avionsdéjà
vu que des chevreaux nés de mère atteinte de Brucellosepouvaient
êtreporteur
de Bvucella et que deschevreaux,
nés de mèreindemne, pouvaient
s’infecter par Bv. melitensis dans lespremiers jours
de leur vie(R!:!oux
etALTO--’,!, r 955 ).
Les constatations actuellespermettent
de confirmer cettenotion,
que nous croyonsimportante :
certains des chevreaux ouchevrettes,
issus de mèrebrucellique, hébergent
Bv. melitensis dans leurs tissus et conservent cette bactériependant
au moins un an(durée
del’observation).
D’autrepart,
ceux des nouveau-nésqui
neprésenteraient
pas dès la naissance - ou,peut-être,
dans lesjours
suivants - une telle infestationbrucellique apparaissent
résistants à l’infec- tion naturelle.Cette résistance naturelle et cette infection si
précoce,
ainsi que leursproportions
relatives
(r/ 3
de chevreaux infectés in utero et2/3
derésistants) suggèrent
l’existence de facteursgénétiques
pour commanderl’aptitude,
ou non à l’infectionbrucellique.
C’est là un intéressant
sujet
d’éventuels travauxqui,
sur leplan pratique, pourraient
amener une
prophylaxie physiologique
de la Brucellose : le caséchéant,
il suffiraitde sélectionner des souches animales naturellement résistantes.
Assez
généralement
les chevreauxporteurs
sains de Brucella font une maladie totalementinapparente
sans aucune manifestationsérologique (pas d’agglutinine,
de sensibilisatrice ou
d’anticorps incomplet
dans leursang) pendant
17mois, temps
de notre observation.Nous avions vu
qu’il
étaitpossible
d’isoler des souches de Bvucella de chèvressérologiquement négatives (R!!roux,
I g57a).
Si l’onprend
le mot « tolérance immu- nitaire » dans son sens leplus large,
c’est-à-direl’incapacité
pour unorganisme
defabriquer
desanticorps
contre unantigène qu’il
a rencontré au cours de la vieutérine,
on est bien
obligé
de penser(sous
la réserve évidentequ’aucun
autreanticorps
queceux
jusqu’ici recherchés, n’existe)
que dans le casparticulier
des chèvres infectées in utevo ou dès la naissance parBrucella,
un telphénomène
existe. De toutesfaçons,
il semble bien
qu’il y ait
là un stimulantsujet
d’études.Nous pensons, et
espérons vérifier,
que c’est par l’intermédiaire de tels chevreauxporteurs sains,
que se conserve et se propage l’enzootiebrucellique.
La maladie restesilencieuse et
inapparente
chez lesjeunes
et les Brucella seraientexpulsées
de leursgîtes profonds
et excrétées au moment desgrands
remaniementsphysiologiques
entraînés par l’activité sexuelle et les fécondations.
Il n’est pas
exclu, d’ailleurs, qu’un
semblable mécanismepuisse
exister chez d’autresespèces domestiques.
La notion encoreclassique
de la résistance naturelle desjeunes caprins
à la Brucellosereposait
sur un fauxsyllogisme, plus
ou moinsexplicite : agglutination positive = brucellose,
doncagglutination négative
= absen-sence de brucellose.
Or,
nous savons bien que la réactiond’agglutination
est loin d’êtrepositive
dans tous les cas debrucellose, quelle
que soitl’espèce
animale en cause.A notre
connaissance,
il n’existe pasd’expérimentation
ayant montréqu’effective-
ment, c’est-à-dire par l’absence de toute culture
positive,
lesjeunes bovins,
ovinsou
suidés,
sont réellement insensibles à l’infectionbrucellique.
Comme chez les
adultes,
onpeut
isolerdes jeunes caprins
des souches de Brucella«
atypiques » qui
ressemblent à Br. ovis.Reçu
en décembre ig6i.SUMMARY
GOAT BRUCELLOSIS. 11. ITS INFLUENCE ON GESTATIONS BEHAVIOUR OF THE KIDS.
Of the 59goats under observation, 8 were
autopsied
beforemating.
Of theremaining
Sr animals,5
did
not kidduring
two years of observation. 46 goats kidded between g to 122weeks after Br. meli- tensis infection,producing
84offsprings ;
seventy nine of them were examined.I
. - The fecundation rate in a goat herd was greater during late or chronic Byucella infection.
Subject to this, abortions or stillbirths were not a common feature in a well-managed herd.
2
.-- An
apparently healthy
kid,dropped by
an infected dam, may harbor By. melitensis.3
. - Brucellosis of kids
depends
upon theseverity
of the mother’s disease and upon the timeelapsed
after maternal infection. When the dam was Byucellapositive
at autopsy, the chances that its kid was infected were increased.4
. --- About one-third of the
apparently
normal kids were carriers of Br. melitensis ;although harboring
Brucellathey appeared
ingood
health without anyserological
manifestations of brucello- sis. The duration of the carrier state lasted at least for one year : such aphenomenon
resemblesImlnunological
Tolerance.5
. - Other kids, born from infected dams, were fully resistant to natural infection
by
Br.melitensis.
6. - Genetic factors may control brucella
susceptibility
of kids assuggested by
these results.7
. - Three Brucella strains, isolated from two kids,
presented peculiar
characteristics which differed from those of the infecting By. melitmsis strain. These three «atypical
strains resembled Br. oz!is, Buddle.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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