Aperçu et actualités analytiques sur les armes chimiques
Analytical outline and current events
on chemical weapons
Ivan RICORDEL
LaboratoiredeToxicologiedelaPréfecture dePolice,INPS,Paris
*=Auteur àquiadresserlacorrespondance : ProfesseurIvan
RICORDEL,
LaboratoiredeToxicologie dela Préfecturede Police,INPS,2, PlaceMazas,75012 Paris - Tel : 01 4475 47 30 -Fax : 01 4475 47 25 Les principales données ontétéexposéesau XVèmccongrès delaSFTA,Paris, 6-8juin
2007 (Reçu le 9juillet
2007; accepté le 18juillet
2007)RESUME
L'important stock d'armes chimiques dans le monde
fait
davantagecraindre aujourd'huison usage terroriste que le risquemilitairededestructionmassive.
Les toxiques terroristes candidats sont nombreux. Ceuxqui font l'objetde recherchesmilitaires constituent unegamme limitéeprincipalementaux vesicantsetorganophosphorés.
Ladosimetric biologique estl'élément princeps de la lutte.
Elleconcernelesproduitsenl'état, dégradésou desadduits covalents sur les protéines (fixation sur la cysteine pour l'ypérite, cholinestérases phosphorylées pour les organo¬
phosphorés...)ousurl'ADN. Lesmatrices concernées sont: les milieux environnementaux, les tissus agressés, le sang, l'urine, la salive, lesorganesdestockage.L'analyse, malgré son contexte d'emploi particulier, recourt aux mêmes moyens que ceuxutilisésen toxicologieconventionnelle. La préparation de l'échantillon
fait
appelà l'extraction liqui¬de/liquide, SPE,parfluidepressurisé ouenphase supercri¬
tique, et à la désorption thermique... Les outils sont la LC/MSet la CG/MS dans leurs diversmodes : Scan, SIM, MRM, MS-MS etMS",MALDITOF... LaRMNestégalement utile.
Desperspectives thérapeutiquessefontjour: De nouveaux inhibiteursréversiblesdescholinestérases(huperzine) pour¬
raient potentiellementremplacerlapyridostigminedutraite-
SUMMARY
The important stock ofchemical weapons in the world is morefearedtoday
for
aterrorist use thana militaryriskof
massive destruction. The terrorist poisons candidates are numerous. Those, which arethesubjectof militaryresearch, constitute arangelimited mainly to thevesicantsand orga- nophosphoruscompounds.Biologicaldosimetry is themain element
of
thefight.It
relates to the unchangedproducts, degradedproducts or covalent proteins adducts (cysteine adductsfor
yperite, cholinestérases phosphorylaledfor
organophosphorous...)orADNadducts. Thematrixesconcer¬
ned are : environmental mediums, attacked tissues, blood, urine,saliva, andinternalorgans
of
storage. Theanalysis, in spiteof
its contextof
particularemployment, resorts to the same means as those used in conventional toxicology. The preparationofthesampleneedstheliquid/liquidextraction, SPE, pressurizedfluid
or supercriticalphase, and thermal desorption. Thetools areLC/MSand GC/MS intheirvarious modes: Scan, SIM, MRM, MS-MS andMSn, MALDI TOF...NMR is also useful. Therapeutic prospects emerge. New reversibleinhibitors
of
thecholinestérases(huperzine)could replacethepyridostigminepreventive treatmentorbetter,the useof
human or mutant cholinestérases orparaoxonase, which are also useful in decontamination. The emergency treatment couldprofitfrom "antiglutamatergic" neuropro- 113Aperçu et actualités analytiques sur les armes chimiques
Analytical outline and current events
on chemical weapons
Ivan RICORDEL
LaboratoiredeToxicologiedelaPréfecture dePolice,INPS,Paris
*=Auteur àquiadresserlacorrespondance : ProfesseurIvan
RICORDEL,
LaboratoiredeToxicologie dela Préfecturede Police,INPS,2, PlaceMazas,75012 Paris - Tel : 01 4475 47 30 -Fax : 01 4475 47 25 Les principales données ontétéexposéesau XVèmccongrès delaSFTA,Paris, 6-8juin
2007 (Reçu le 9juillet
2007; accepté le 18juillet
2007)RESUME
L'important stock d'armes chimiques dans le monde
fait
davantagecraindre aujourd'huison usage terroriste que le risquemilitairededestructionmassive.
Les toxiques terroristes candidats sont nombreux. Ceuxqui font l'objetde recherchesmilitaires constituent unegamme limitéeprincipalementaux vesicantsetorganophosphorés.
Ladosimetric biologique estl'élément princeps de la lutte.
Elleconcernelesproduitsenl'état, dégradésou desadduits covalents sur les protéines (fixation sur la cysteine pour l'ypérite, cholinestérases phosphorylées pour les organo¬
phosphorés...)ousurl'ADN. Lesmatrices concernées sont: les milieux environnementaux, les tissus agressés, le sang, l'urine, la salive, lesorganesdestockage.L'analyse, malgré son contexte d'emploi particulier, recourt aux mêmes moyens que ceuxutilisésen toxicologieconventionnelle. La préparation de l'échantillon
fait
appelà l'extraction liqui¬de/liquide, SPE,parfluidepressurisé ouenphase supercri¬
tique, et à la désorption thermique... Les outils sont la LC/MSet la CG/MS dans leurs diversmodes : Scan, SIM, MRM, MS-MS etMS",MALDITOF... LaRMNestégalement utile.
Desperspectives thérapeutiquessefontjour: De nouveaux inhibiteursréversiblesdescholinestérases(huperzine) pour¬
raient potentiellementremplacerlapyridostigminedutraite-
SUMMARY
The important stock ofchemical weapons in the world is morefearedtoday
for
aterrorist use thana militaryriskof
massive destruction. The terrorist poisons candidates are numerous. Those, which arethesubjectof militaryresearch, constitute arangelimited mainly to thevesicantsand orga- nophosphoruscompounds.Biologicaldosimetry is themain element
of
thefight.It
relates to the unchangedproducts, degradedproducts or covalent proteins adducts (cysteine adductsfor
yperite, cholinestérases phosphorylaledfor
organophosphorous...)orADNadducts. Thematrixesconcer¬
ned are : environmental mediums, attacked tissues, blood, urine,saliva, andinternalorgans
of
storage. Theanalysis, in spiteof
its contextof
particularemployment, resorts to the same means as those used in conventional toxicology. The preparationofthesampleneedstheliquid/liquidextraction, SPE, pressurizedfluid
or supercriticalphase, and thermal desorption. Thetools areLC/MSand GC/MS intheirvarious modes: Scan, SIM, MRM, MS-MS andMSn, MALDI TOF...NMR is also useful. Therapeutic prospects emerge. New reversibleinhibitors
of
thecholinestérases(huperzine)could replacethepyridostigminepreventive treatmentorbetter,the useof
human or mutant cholinestérases orparaoxonase, which are also useful in decontamination. The emergency treatment couldprofitfrom "antiglutamatergic" neuropro- 113AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol. XLX,n° 2,2007
ment préventif ou mieux l'usage de cholinestérases ou paraoxonases humainesou mutantes égalementutiles dans la décontamination. Letraitement d'urgencepourraitbéné¬
ficier deneuroprotecteurs«antiglutamatergiques». Lathé¬
rapie cellulaire constitue une approche prometteuse contre la neuropathologie des neurotoxiqu.es organophosphorés.
Enfin, la greffecutanée decellulessouchesetladermoabra- sioncontrôlée devraientaméliorerlaréparationdes lésions cutanées des vesicants.
MOTS-CLÉS
Armes chimiques, Ypérites, Organophosphorés, Lewisite, Adduits.
lectors. Thecellular therapy constitutesapromisingapproa¬
ch against the neuropathology of neurotoxic organophos¬
phorous. Lastly, the cutaneous graft ofstock cells and the controlleddermoabrasionshould improverepairofthe cuta¬
neouslesionsofthevesicants.
KEY-WORDS
Chemical, weapons, Yperites, Organophosphorus toxicants, adductcompounds.
Le grand nombre de débats sur la crédibilité d'une menace chimiqueentant
qu'outil militaire
de destruc¬tionmassivetémoignede
l'incertitude
surtesujet mais aussi del'impact
majeur dans l'inconscientcollectif
qu'a eu l'usage du chlore en 1915, du phosgene en 1916 etdel'ypérite
en 1917 qui firent 100 000 morts lors dupremierconflit mondial.En réalité, en dépit d'un arsenal mondial encore très conséquent qui devrait être complètement détruit aujourd'hui puisque les conventions internationales, depuis 1868 (Saint-Pétersbourg)' puis 1874 (Bruxelles)2, en prévoyaient
l'interdiction
d'usage, on comprend que laprolifération ne se soit pas vraiment réduite avec la convention de Genève de 1925. En effet,si cetteconvention interdit«d'utiliser
à laguer¬re,les gazasphyxiants,les toxiques ousimilaires etles moyensbiologiques », elle
n'interdit
ni la fabrication, nila détentiondecesarmes,ni lariposte...Toutefois,la situation devaitêtreaméliorée lorsdelaconvention de Paris enjanvier
1993 qui déterminait la disparition totale des stocks demunitions chimiques 10 ans après sondébutd'application, orsamiseenvigueuraeulieu le 29avril
1997...182états
l'ont
ratifié: 98 % dela population mondiale, six autrespaysl'ont
signée sans laratifier : Bahamas, Congo, Guinée-Bissau,Israël,MyanmaretRépublique dominicaine. SeulementseptEtats nel'ont
nisignéeni ratifiée(Angola,Egypte,Iraq,Liban,Républiquearabe syrienne,RépubliquepopulairedémocratiquedeCorée etSomalie).Le devenirdustock nonéliminéetlarelative
facilité
de fabrication de ce type de produits « considérés long¬temps commele nucléairedupauvre » ... fontcraindre davantage
l'emploi
terroriste que leurusage lors d'un1 31 nations s'interdisent les « Armes dont l'emploi serait contraireauxloisdel'humanité»
- 16 nations s'interdisent « l'emploi du poison ou d'armes empoisonnées»
conflit
armé sil'on
se réfère aux budgets des armées consacrésàleurdéfense.Considérons aujourd'hui les seuls toxiques de guerre, les allégations et preuves de leur usage sont déjà légion. Parmieux,citons :
-Lemassacre de2000 KurdesàHalabja,par
l'Irak,
en 1988, quiseraitimputable à des cocktails de vesicants etdeneurotoxiques.-ouencorel'attentatdu 20 mars 1995 danslemétrode Tokyo avec l'usage de sarin,
fort
dilué, un neuro¬toxique organophosphoré, qui
fit
12 morts,700 hospi¬talisés dont 200 sauveteurs et des
milliers
de sujets désemparés (1).Nous avons encoreenmémoirelaprised'otages tchét- chène, à Moscou, qui
fit
120 morts et plus de 700 intoxiqués parmi les personnes présentes dans le théâtre Dubrowska, au cours de laquelle un anesthé¬sique vétérinaireetvraisemblablementimpur
fut
utili¬sé parles forces armées russes : lecarfentanil, 10 000 fois plus puissant que lamorphine au plan pharmaco- logique.
Il
auraitparailleurs (lapreuve n'en a pasété apportée) été associé à un autre agent anesthésiquevolatil
du type halothane ou isofurane. Ceci pourraitjustifier,
en dépit del'index
thérapeutique réputé cor¬rect du carfentanil, le caractère étonnamment délétère de
l'intoxication
etsarésistanceàlanaloxone(2).Il
est vraique lecontexted'emploi
quiinterdisait la maîtrise de la diffusion, la forme galénique inhabituelle (aéro¬sol), la capacité variable de stockage des graisses, le stressetlejeûnecontrariaientpourle moins,l'analyse dela situation médicale.
Il
ne fautdonc pas s'étonner dans un tel contexte que, 12 jours après l'assaut du théâtre,67 otages et9 sauveteurs aientétéencorehos¬pitalisés etpourcertains dansun étatgrave.
Les armées concentrent quant à elles leurs efforts sur tes toxiques les plus redoutables étant entendu que le richearsenalpotentielduterrorismeconcerne une toxi¬
cologie plus large
qu'il
convient d'étudier au cas par cas.Lecontexteanalytiquequinous intéressedavanta¬geaujourd'huiest alorscelui delatoxicologieconven- AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol. XLX,n° 2,2007
ment préventif ou mieux l'usage de cholinestérases ou paraoxonases humainesou mutantes égalementutiles dans la décontamination. Letraitement d'urgencepourraitbéné¬
ficier deneuroprotecteurs«antiglutamatergiques». Lathé¬
rapie cellulaire constitue une approche prometteuse contre la neuropathologie des neurotoxiqu.es organophosphorés.
Enfin, la greffecutanée decellulessouchesetladermoabra- sioncontrôlée devraientaméliorerlaréparationdes lésions cutanées des vesicants.
MOTS-CLÉS
Armes chimiques, Ypérites, Organophosphorés, Lewisite, Adduits.
lectors. Thecellular therapy constitutesapromisingapproa¬
ch against the neuropathology of neurotoxic organophos¬
phorous. Lastly, the cutaneous graft ofstock cells and the controlleddermoabrasionshould improverepairofthe cuta¬
neouslesionsofthevesicants.
KEY-WORDS
Chemical, weapons, Yperites, Organophosphorus toxicants, adductcompounds.
Le grand nombre de débats sur la crédibilité d'une menace chimiqueentant
qu'outil militaire
de destruc¬tionmassivetémoignede
l'incertitude
surtesujet mais aussi del'impact
majeur dans l'inconscientcollectif
qu'a eu l'usage du chlore en 1915, du phosgene en 1916 etdel'ypérite
en 1917 qui firent 100 000 morts lors dupremierconflit mondial.En réalité, en dépit d'un arsenal mondial encore très conséquent qui devrait être complètement détruit aujourd'hui puisque les conventions internationales, depuis 1868 (Saint-Pétersbourg)' puis 1874 (Bruxelles)2, en prévoyaient
l'interdiction
d'usage, on comprend que laprolifération ne se soit pas vraiment réduite avec la convention de Genève de 1925. En effet,si cetteconvention interdit«d'utiliser
à laguer¬re,les gazasphyxiants,les toxiques ousimilaires etles moyensbiologiques », elle
n'interdit
ni la fabrication, nila détentiondecesarmes,ni lariposte...Toutefois,la situation devaitêtreaméliorée lorsdelaconvention de Paris enjanvier
1993 qui déterminait la disparition totale des stocks demunitions chimiques 10 ans après sondébutd'application, orsamiseenvigueuraeulieu le 29avril
1997...182états
l'ont
ratifié: 98 % dela population mondiale, six autrespaysl'ont
signée sans laratifier : Bahamas, Congo, Guinée-Bissau,Israël,MyanmaretRépublique dominicaine. SeulementseptEtats nel'ont
nisignéeni ratifiée(Angola,Egypte,Iraq,Liban,Républiquearabe syrienne,RépubliquepopulairedémocratiquedeCorée etSomalie).Le devenirdustock nonéliminéetlarelative
facilité
de fabrication de ce type de produits « considérés long¬temps commele nucléairedupauvre » ... fontcraindre davantage
l'emploi
terroriste que leurusage lors d'un1 31 nations s'interdisent les « Armes dont l'emploi serait contraireauxloisdel'humanité»
- 16 nations s'interdisent « l'emploi du poison ou d'armes empoisonnées»
conflit
armé sil'on
se réfère aux budgets des armées consacrésàleurdéfense.Considérons aujourd'hui les seuls toxiques de guerre, les allégations et preuves de leur usage sont déjà légion. Parmieux,citons :
-Lemassacre de2000 KurdesàHalabja,par
l'Irak,
en 1988, quiseraitimputable à des cocktails de vesicants etdeneurotoxiques.-ouencorel'attentatdu 20 mars 1995 danslemétrode Tokyo avec l'usage de sarin,
fort
dilué, un neuro¬toxique organophosphoré, qui
fit
12 morts,700 hospi¬talisés dont 200 sauveteurs et des
milliers
de sujets désemparés (1).Nous avons encoreenmémoirelaprised'otages tchét- chène, à Moscou, qui
fit
120 morts et plus de 700 intoxiqués parmi les personnes présentes dans le théâtre Dubrowska, au cours de laquelle un anesthé¬sique vétérinaireetvraisemblablementimpur
fut
utili¬sé parles forces armées russes : lecarfentanil, 10 000 fois plus puissant que lamorphine au plan pharmaco- logique.
Il
auraitparailleurs (lapreuve n'en a pasété apportée) été associé à un autre agent anesthésiquevolatil
du type halothane ou isofurane. Ceci pourraitjustifier,
en dépit del'index
thérapeutique réputé cor¬rect du carfentanil, le caractère étonnamment délétère de
l'intoxication
etsarésistanceàlanaloxone(2).Il
est vraique lecontexted'emploi
quiinterdisait la maîtrise de la diffusion, la forme galénique inhabituelle (aéro¬sol), la capacité variable de stockage des graisses, le stressetlejeûnecontrariaientpourle moins,l'analyse dela situation médicale.
Il
ne fautdonc pas s'étonner dans un tel contexte que, 12 jours après l'assaut du théâtre,67 otages et9 sauveteurs aientétéencorehos¬pitalisés etpourcertains dansun étatgrave.
Les armées concentrent quant à elles leurs efforts sur tes toxiques les plus redoutables étant entendu que le richearsenalpotentielduterrorismeconcerne une toxi¬
cologie plus large
qu'il
convient d'étudier au cas par cas.Lecontexteanalytiquequinous intéressedavanta¬geaujourd'huiest alorscelui delatoxicologieconven-
tionnelle
qu'il
fautadapter auxcirconstancesd'emploi.En cequiconcerne la stratégiede détection,les évolu¬
tionsontététrès lentesmaisdepuisle débutdesannées 2000, un certain frémissement dans la recherche est perceptible. Les fulgurants progrès des moyens dont nousdisposonsaujourd'huiassociant méthodessépara- tives (Chromatographie en phase gazeuse CG et Chromatographie en phase liquide haute performance HPLC, électrophorèse capillaire, nano chromatogra¬
phie liquide
nanoLC.)
à la spectrométrie de masse (MS) dans toutes ses déclinaisons (single ion monito¬ring SIM, multiple
reactionmonitoring MRM, MS/MS,
MS", matrix-assisted laser desorption/ioniza- tion timeof fiigh MALDI/TOF,..)
augurentdeprogrès dont bénéficient-aussi le domaineparticulier
des toxiquesde guerre.On parle aujourd'hui de
dosimetric biologique
d'ex¬position aux agents C. En amont, le produit en cause doit être détecté au plus vite pour déterminer les mesures deprotection immédiates etadaptées àmettre en etdéfinirlepérimètredeprotectiondespopu¬
lations concernées.
Les moyensdedétectionutilisés pourcesmissionsfont cohabiter archaïsme nécessaire et modernité dont la
diffusion
est encorelimitée aujourd'hui
(3). Des moyens assez frustres dotent encore les armées et la sécuritécivile.
Ilsrendent nécessairelecontrôledeleur résultats pour confirmer ou lever les mesures de pro¬tection déclenchées.
Il
s'agit depapiers
réactifs, de trousses deréactifs prêts
àl'emploi,
duDétindiv
basésurlaréaction trèssensibledes organophosphorés sur
l'acétyl
cholinestérase dontils inhibent le pouvoir de transformationd'un
substrat coloré (limites de détection : 10 pg/m3 pour le sarin, 20 #g/m3 pour le soman, 50#g/m3pourtetabun 20#g/m3). Les toxiques deguerrenepassent pas autraversde cepremiercrible.L'appareil AP2C (appareil portable de contrôle de la contamination chimique) estunphotomètre deflamme sensible aux gaz riches en soufre (émission rouge) et phosphoreà
l'état
gazeux (émissionverte),muni d'une sonde dedésorptionélectrothermique qui s'adapte aux toxiquesliquides. .Les forces de secourssont égalementdotées de valises ergonomiques
(LODITOX)
contenant des tubesDraeger
et des accessoires de prélèvement d'atmo¬sphère. Le choix des tubes prédisposés dans le coffret est adaptéaux groupes CN,F, S,
thiodiglycol,
As...Lesarmées disposentd'uncertainnombredevéhicules autoblindés(24).Ils comportent dansleursaccessoires enplus deFAP4C (AP2C muni d'unesondededésorp¬
tiondestoxiquesliquides)et dela valise
LODITOX
,d'un
spectromètre de masseBruker
et pour 12d'entreeux,d'unchromatographe enphase gazeuse et de sa ligne de transfert au spectromètre. Ces moyens fonctionnentsurbatteries.
Les spectromètres sont calibrés surlesmasses caracté¬
ristiques des 200 principaux toxiques à « risque mili¬
taire» inclusdansdesbibliothèquesspécifiques OTAN qui comprennent également les toxiques industriels surveillés (TIC).
L'appareilestprogrammépouranalyserencontinu les
flux
de désorption des gazatmosphériques prélevés au moyen d'unecanne/sonde électrothermiquemanipulée à la main del'intérieur
et qui transfèrel'échantillon
dansl'analyseur.Les échantillonsdesol,liquidesvoire solides, sont prélevés au moyen d'une roulette silico- née, opérationnelle jusqu'à 60 km/h. Le prélèvement présenté àla sonde d'adsorption/désorption est analy¬
sableen introduction directe ou après séparation chro¬
matographique.
La sécurité
civile
est également équipée depuis quelques années de laboratoires mobiles similaires (4).Le plus élaboré équipe les marins pompiers de Marseille.
Il
est muni d'un spectromètre de masse Bruker et de sondes de prélèvement.Il
fonctionne sur groupe électrogène remorqué par le camion-laboratoi¬re.En dehorsd'appareils dedétectiondelaradioactivi¬
té,
il
possède également des tubes réactifsDraeger
,unexplosimètreOldham,TAP4Cou undétecteurspec- trométrique à mobilité ionique qui analyse en continu l'atmosphère aspirée àtravers un
filtre
semi perméables'affranchissant de l'oxygène. La source ionisante est
l'Américium
241. Lesions sontséparésenfonction de leurmasseetleurchargesousl'effet
d'unchampélec¬tromagnétique. Les spectres de mélangesposenttoute¬
foisdes problèmes d'interprétation. Les neurotoxiques deguerre,lalewisite,
l'ypérite
etl'acide cyanhydrique n'enposeraientpas.Enfin
un analyseurinfra
rouge à transformée de Fourrier analyse également en continu l'atmosphère aspiréeet détectetoutcomposéorganiquevolatil
àplus de 100 ppbdans l'atmosphèreen2minutes.L'équipement comprendaussi un CG/FID (détecteur à
ionisation de flamme) utilisé simultanément pour les composéscarbonés.
Des prélèvements de vapeurs sont réalisés sur tubes
Tenax
aumoyendepompes automatiqueset despré¬lèvementsdegazsontfaitsaumoyendecannistersspé¬
cifiques.
L'analyse en
TD
(thermodesorption)/CG/MS prendrait15 min selon les spécifications de la sécurité
civile
(30000 produitssontréférencés). Unefoisla détection faiteles systèmesportables évoquéspréalablementper¬mettent de zoner très rapidement l'espace dangereux tionnelle
qu'il
fautadapter auxcirconstancesd'emploi.En cequiconcerne la stratégiede détection,les évolu¬
tionsontététrès lentesmaisdepuisle débutdesannées 2000, un certain frémissement dans la recherche est perceptible. Les fulgurants progrès des moyens dont nousdisposonsaujourd'huiassociant méthodessépara- tives (Chromatographie en phase gazeuse CG et Chromatographie en phase liquide haute performance HPLC, électrophorèse capillaire, nano chromatogra¬
phie liquide
nanoLC.)
à la spectrométrie de masse (MS) dans toutes ses déclinaisons (single ion monito¬ring SIM, multiple
reactionmonitoring MRM, MS/MS,
MS", matrix-assisted laser desorption/ioniza- tion timeof fiigh MALDI/TOF,..)
augurentdeprogrès dont bénéficient-aussi le domaineparticulier
des toxiquesde guerre.On parle aujourd'hui de
dosimetric biologique
d'ex¬position aux agents C. En amont, le produit en cause doit être détecté au plus vite pour déterminer les mesures deprotection immédiates etadaptées àmettre en etdéfinirlepérimètredeprotectiondespopu¬
lations concernées.
Les moyensdedétectionutilisés pourcesmissionsfont cohabiter archaïsme nécessaire et modernité dont la
diffusion
est encorelimitée aujourd'hui
(3). Des moyens assez frustres dotent encore les armées et la sécuritécivile.
Ilsrendent nécessairelecontrôledeleur résultats pour confirmer ou lever les mesures de pro¬tection déclenchées.
Il
s'agit depapiers
réactifs, de trousses deréactifs prêts
àl'emploi,
duDétindiv
basésurlaréaction trèssensibledes organophosphorés sur
l'acétyl
cholinestérase dontils inhibent le pouvoir de transformationd'un
substrat coloré (limites de détection : 10 pg/m3 pour le sarin, 20 #g/m3 pour le soman, 50#g/m3pourtetabun 20#g/m3). Les toxiques deguerrenepassent pas autraversde cepremiercrible.L'appareil AP2C (appareil portable de contrôle de la contamination chimique) estunphotomètre deflamme sensible aux gaz riches en soufre (émission rouge) et phosphoreà
l'état
gazeux (émissionverte),muni d'une sonde dedésorptionélectrothermique qui s'adapte aux toxiquesliquides. .Les forces de secourssont égalementdotées de valises ergonomiques
(LODITOX)
contenant des tubesDraeger
et des accessoires de prélèvement d'atmo¬sphère. Le choix des tubes prédisposés dans le coffret est adaptéaux groupes CN,F, S,
thiodiglycol,
As...Lesarmées disposentd'uncertainnombredevéhicules autoblindés(24).Ils comportent dansleursaccessoires enplus deFAP4C (AP2C muni d'unesondededésorp¬
tiondestoxiquesliquides)et dela valise
LODITOX
,d'un
spectromètre de masseBruker
et pour 12d'entreeux,d'unchromatographe enphase gazeuse et de sa ligne de transfert au spectromètre. Ces moyens fonctionnentsurbatteries.
Les spectromètres sont calibrés surlesmasses caracté¬
ristiques des 200 principaux toxiques à « risque mili¬
taire» inclusdansdesbibliothèquesspécifiques OTAN qui comprennent également les toxiques industriels surveillés (TIC).
L'appareilestprogrammépouranalyserencontinu les
flux
de désorption des gazatmosphériques prélevés au moyen d'unecanne/sonde électrothermiquemanipulée à la main del'intérieur
et qui transfèrel'échantillon
dansl'analyseur.Les échantillonsdesol,liquidesvoire solides, sont prélevés au moyen d'une roulette silico- née, opérationnelle jusqu'à 60 km/h. Le prélèvement présenté àla sonde d'adsorption/désorption est analy¬
sableen introduction directe ou après séparation chro¬
matographique.
La sécurité
civile
est également équipée depuis quelques années de laboratoires mobiles similaires (4).Le plus élaboré équipe les marins pompiers de Marseille.
Il
est muni d'un spectromètre de masse Bruker et de sondes de prélèvement.Il
fonctionne sur groupe électrogène remorqué par le camion-laboratoi¬re.En dehorsd'appareils dedétectiondelaradioactivi¬
té,
il
possède également des tubes réactifsDraeger
,unexplosimètreOldham,TAP4Cou undétecteurspec- trométrique à mobilité ionique qui analyse en continu l'atmosphère aspirée àtravers un
filtre
semi perméables'affranchissant de l'oxygène. La source ionisante est
l'Américium
241. Lesions sontséparésenfonction de leurmasseetleurchargesousl'effet
d'unchampélec¬tromagnétique. Les spectres de mélangesposenttoute¬
foisdes problèmes d'interprétation. Les neurotoxiques deguerre,lalewisite,
l'ypérite
etl'acide cyanhydrique n'enposeraientpas.Enfin
un analyseurinfra
rouge à transformée de Fourrier analyse également en continu l'atmosphère aspiréeet détectetoutcomposéorganiquevolatil
àplus de 100 ppbdans l'atmosphèreen2minutes.L'équipement comprendaussi un CG/FID (détecteur à
ionisation de flamme) utilisé simultanément pour les composéscarbonés.
Des prélèvements de vapeurs sont réalisés sur tubes
Tenax
aumoyendepompes automatiqueset despré¬lèvementsdegazsontfaitsaumoyendecannistersspé¬
cifiques.
L'analyse en
TD
(thermodesorption)/CG/MS prendrait15 min selon les spécifications de la sécurité
civile
(30000 produitssontréférencés). Unefoisla détection faiteles systèmesportables évoquéspréalablementper¬mettent de zoner très rapidement l'espace dangereux
AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol.
XIX,
n° 2, 2007par analyse del'atmosphère.
L'unité
deMarseille intervientune centainedefoispar andepuis 8 ans pourdes alertes concernantdans 50 % descas des odeurs suspectes.Il
reste alors les infrastructures du territoire pour les autres moyens : spectrométrie d'absoiption atomique électrothermique(SAAE), spectrométried'émission en plasma induit/spectrométrie d'émission atomique (ICP/AES) et ICP/MS voire la résonance magnétique nucléaire (RMN), auxquels s'ajoutent les techniques d'optoacoustique et d'interrogation neutronique non intrusives. Les dernièresutilisentunrayonnementpho¬tonique issu de l'interaction nucléaire entre la matière observée et un flux de neutrons thermiques (pour
Cl/H/N)
ou rapides (pour As/OP) ou combinant les deux. Elles requièrent des détecteurs à scintillateurs à oxygermanate de bismuth ou à semi-conducteurs au Germanium de haute pureté. Leur intérêt est l'accès à l'analysedematricesdifficilesàtraitercommetebéton, lecharbon,les ciments,les munitionschargées(5).Leslaboratoires experts spécialisés sont peunombreux.
Pourlesarmées,
il
s'agit duCentred'étudeduBouchet etdu CRSSAdeGrenoble.Les structures delaPolice scientifique étudientlafai¬
sabilitéd'une spécialisationdans cedomaine.
Il
y alà uneniche dedébouchés àvenir.Je m'intéresserai donc maintenant aux questions prin¬
cipalementd'ordre analytiquetouchant auxprincipaux toxiques de guerre notamment transposables au terro¬
rismedans tes infrastructures «arrières».Quelles sont tes particularités?
Les problèmes analytiques ne sont pas spécifiques.Le particularismedecedomaineestlavariétédesmatrices analysées (du prélèvement biologique aux peintures, polymères, matrices plastiques, parties métalliques, sols,végétaux etc.). Leurpréparation doit particulière¬
ment tenir compte de leur dangerosité potentielle.
Il
faut assurer la sécurité des opérateurs : rappelons qu'unegoutted'agentVX
(ouA4
: [S-diisopropylami- noéthyl]-méthylthiophosphonate d'éthyle) sur la peau peut tuerun homme.Il
fautpar ailleurs assurer l'inté¬gritéde l'échantillonenévitanttoutrisquedetransfert dutoxique àpartirdeceprélèvement.
Des procédures recommandées dans te cadre de la conventionde 1993 pourtousleséchantillonsenviron¬
nementaux constituent une avancée dans ce domaine particulier.
Il
n'est pas possible de développer ce thème aujour¬d'hui.
Disons quelaRMN
duprotonoudécouplé duP, estunrecoursfréquentetqu'outrelestechniqueshabi¬tuelles d'extraction liquide/liquide
(LLE)
et en phase solide (SPE), l'extraction en fluide pressurisé (ESP)(eau, acétone, methanol, hexane à haute température maintenu liquide par haute pression) est fréquente de même que
l'extraction
en phase supercritique (EFS) qui présente une meilleure diffusion que l'ESP des solutésdans les solvants etdes solvants danslamatri¬ce. On utilise principalement le C02 à 31 °C sous 72barspourles composésthermolabiles (5).
Considérons ladosimétriebiologique proprement dite.
Elle est envisagée dans quatre situations principales :
utilisation avérée ou simple allégation, opérations de démantèlement, attentats et inspections dans le cadre de la convention de 1993. Plusieurs objectifs peuvent êtrevisés.
Le premieren réaction à l'événement estévidemment deconfirmer la réalitédelamenacedonc
d'identifier
le produit en cause sur la zoned'emploi
et sur les per¬sonnes impliquées voire dans tes
milieux
biologiquesdespersonnesblessées ou décédées.
Mais ces analyses peuvent être aussi nécessaires pour soutenir les études des mécanismes d'action etde dis¬
tribution dans l'organisme ou de cinétique d'élimina¬
tion. Elles le sont aussi pour optimiser les thérapeu¬
tiques,contrôler
l'efficacité
de ladécontaminationtant despersonnes quedeszonesimpliquées,définir laper¬tinence des marqueurs utilisables ou argumenter dans le cadredecontentieux...
Parmi les moyens d'analyse, l'observation des signes cliniquesprésentés parlessujetsintoxiquésestprimor¬
diale (3-6). Les difficultés sont nombreuses comme à
Tokyo etMoscou, en raison de l'ambiance, du stress, desfaussesinformations médiatisées ouparce que
l'on
a adjoint au toxique principal, des adultérants qui brouillent les pistes diagnostiques.
A
Tokyo comme àMoscou,
il
s'estpasséplusieursheures avantdeconfir¬mer
l'identité
du produit en cause.A
Tokyo, le Sarinn'a
étéévoquéqu'àT
+2 heures 30 (1errésultatmon¬trantl'effondrementdes cholinestérases sanguines des intoxiqués). La confirmation du laboratoire expert
n'a
étédonnéequ'à
T
+ 15heures maislaconnaissance du résultatn'apaspourautantmodifié,danscertains hôpi¬taux,lestraitementsengagés contretescyanures.
Les produits concernés sont principalement les mou¬
tardes au soufre (ypérite (HD dans la nomenclature OTAN)),tesmoutardesàl'azote(HN2àHN3),les com¬
posésorganophosphorés(tabun(GA),sarin(GB),soman (GD),cyclohexylsarin (GF),
VX,
VX-russe(R-33)).D'autres produits mériteraient un développement car ontétéutilisés :unvesicant égalementtoxiquepar l'ar¬
senic
qu'il
contient, la lewisite(L),
le cyanure d'hy¬drogène
(AC),
le benzylate dequinuclidinol (BZ),
le phosgene (CG), les trichotécènes (T2, désoxy-nivalé- nol...),laricine,latoxinebotulinique...Cettelisten'est AnnalesdeToxicologieAnalytique,vol.XIX,
n° 2, 2007par analyse del'atmosphère.
L'unité
deMarseille intervientune centainedefoispar andepuis 8 ans pourdes alertes concernantdans 50 % descas des odeurs suspectes.Il
reste alors les infrastructures du territoire pour les autres moyens : spectrométrie d'absoiption atomique électrothermique(SAAE), spectrométried'émission en plasma induit/spectrométrie d'émission atomique (ICP/AES) et ICP/MS voire la résonance magnétique nucléaire (RMN), auxquels s'ajoutent les techniques d'optoacoustique et d'interrogation neutronique non intrusives. Les dernièresutilisentunrayonnementpho¬tonique issu de l'interaction nucléaire entre la matière observée et un flux de neutrons thermiques (pour
Cl/H/N)
ou rapides (pour As/OP) ou combinant les deux. Elles requièrent des détecteurs à scintillateurs à oxygermanate de bismuth ou à semi-conducteurs au Germanium de haute pureté. Leur intérêt est l'accès à l'analysedematricesdifficilesàtraitercommetebéton, lecharbon,les ciments,les munitionschargées(5).Leslaboratoires experts spécialisés sont peunombreux.
Pourlesarmées,
il
s'agit duCentred'étudeduBouchet etdu CRSSAdeGrenoble.Les structures delaPolice scientifique étudientlafai¬
sabilitéd'une spécialisationdans cedomaine.
Il
y alà uneniche dedébouchés àvenir.Je m'intéresserai donc maintenant aux questions prin¬
cipalementd'ordre analytiquetouchant auxprincipaux toxiques de guerre notamment transposables au terro¬
rismedans tes infrastructures «arrières».Quelles sont tes particularités?
Les problèmes analytiques ne sont pas spécifiques.Le particularismedecedomaineestlavariétédesmatrices analysées (du prélèvement biologique aux peintures, polymères, matrices plastiques, parties métalliques, sols,végétaux etc.). Leurpréparation doit particulière¬
ment tenir compte de leur dangerosité potentielle.
Il
faut assurer la sécurité des opérateurs : rappelons qu'unegoutted'agentVX
(ouA4
: [S-diisopropylami- noéthyl]-méthylthiophosphonate d'éthyle) sur la peau peut tuerun homme.Il
fautpar ailleurs assurer l'inté¬gritéde l'échantillonenévitanttoutrisquedetransfert dutoxique àpartirdeceprélèvement.
Des procédures recommandées dans te cadre de la conventionde 1993 pourtousleséchantillonsenviron¬
nementaux constituent une avancée dans ce domaine particulier.
Il
n'est pas possible de développer ce thème aujour¬d'hui.
Disons quelaRMN
duprotonoudécouplé duP, estunrecoursfréquentetqu'outrelestechniqueshabi¬tuelles d'extraction liquide/liquide
(LLE)
et en phase solide (SPE), l'extraction en fluide pressurisé (ESP)(eau, acétone, methanol, hexane à haute température maintenu liquide par haute pression) est fréquente de même que
l'extraction
en phase supercritique (EFS) qui présente une meilleure diffusion que l'ESP des solutésdans les solvants etdes solvants danslamatri¬ce. On utilise principalement le C02 à 31 °C sous 72barspourles composésthermolabiles (5).
Considérons ladosimétriebiologique proprement dite.
Elle est envisagée dans quatre situations principales :
utilisation avérée ou simple allégation, opérations de démantèlement, attentats et inspections dans le cadre de la convention de 1993. Plusieurs objectifs peuvent êtrevisés.
Le premieren réaction à l'événement estévidemment deconfirmer la réalitédelamenacedonc
d'identifier
le produit en cause sur la zoned'emploi
et sur les per¬sonnes impliquées voire dans tes
milieux
biologiquesdespersonnesblessées ou décédées.
Mais ces analyses peuvent être aussi nécessaires pour soutenir les études des mécanismes d'action etde dis¬
tribution dans l'organisme ou de cinétique d'élimina¬
tion. Elles le sont aussi pour optimiser les thérapeu¬
tiques,contrôler
l'efficacité
de ladécontaminationtant despersonnes quedeszonesimpliquées,définir laper¬tinence des marqueurs utilisables ou argumenter dans le cadredecontentieux...
Parmi les moyens d'analyse, l'observation des signes cliniquesprésentés parlessujetsintoxiquésestprimor¬
diale (3-6). Les difficultés sont nombreuses comme à
Tokyo etMoscou, en raison de l'ambiance, du stress, desfaussesinformations médiatisées ouparce que
l'on
a adjoint au toxique principal, des adultérants qui brouillent les pistes diagnostiques.
A
Tokyo comme àMoscou,
il
s'estpasséplusieursheures avantdeconfir¬mer
l'identité
du produit en cause.A
Tokyo, le Sarinn'a
étéévoquéqu'àT
+2 heures 30 (1errésultatmon¬trantl'effondrementdes cholinestérases sanguines des intoxiqués). La confirmation du laboratoire expert
n'a
étédonnéequ'à
T
+ 15heures maislaconnaissance du résultatn'apaspourautantmodifié,danscertains hôpi¬taux,lestraitementsengagés contretescyanures.
Les produits concernés sont principalement les mou¬
tardes au soufre (ypérite (HD dans la nomenclature OTAN)),tesmoutardesàl'azote(HN2àHN3),les com¬
posésorganophosphorés(tabun(GA),sarin(GB),soman (GD),cyclohexylsarin (GF),
VX,
VX-russe(R-33)).D'autres produits mériteraient un développement car ontétéutilisés :unvesicant égalementtoxiquepar l'ar¬
senic
qu'il
contient, la lewisite(L),
le cyanure d'hy¬drogène
(AC),
le benzylate dequinuclidinol (BZ),
le phosgene (CG), les trichotécènes (T2, désoxy-nivalé- nol...),laricine,latoxinebotulinique...Cettelisten'estqu'indicative
et ne seront abordésici
que quelques exemptes.Les formes à analyser doivent être choisies selon les délais qui séparent
l'exposition
du prélèvement.Il
est possible de détecter les produits enl'état
pendant quelques heures. Les produits de dégradation sont accessibles en moyenne pendant quelques jours (pro¬duits d'hydrolyse,de condensation surlesfonctions S- Hetd'oxydation). Enfin,
il
estpossiblederecouriraux adduits covalents surciblesbiologiques notammentsur tesprotéines etl'ADN
pendant quelques mois (7-8-9).Les matrices potentielles sontlestissus, sièges
initiaux
de l'agression (peau, voies respiratoires), le système sanguin (sang total, plasma, sérum),
l'urine
et salive, tes plus faciles à collecter, ou parfois tes organes de stockage (cheveux,foie, graisses) enpost-mortem.Les outils les plus utilisés recourent à ladétection par spectrométrie de masse notamment pour les petites molécules polaires. Le mode « Scan » convient aux fortes quantités de metabolites présents, les modes
SIM, MRM,
MS/MS etMS" auplus grandcas defigu¬reoù
l'on
estconfrontéàdes tracescequ'illustrent
les quelquesapplications caractéristiques suivantes.L'Ypérite
est très peu représentée àl'état natif
même dans les phlyctènesqu'elle
provoque, hormis dans de rarescaspourlesquelsle blesséestimmédiatement pris en charge (explosions lors de déminage). Très rapide¬ment
l'hydrolyse
et/oul'oxydation
du soufre condui¬sentau
thiodiglycol
(TDG) et auxformes sulfoxyde et sulfone du TDG.L'ypérite
réagit par ailleurs avec le groupe S-H
de lacysteine du glutathion.Enfin
l'ypérite
se fixevialaformation d'ions épisulfo- nium, surles groupements S-H, O-H, NH2, C02H des protéines (l'hémoglobine, l'albumine...)ou sur lagua¬nine des acidesnucléiques (figure 1).
Les lésions toxiques de
l'ypérite
(molécule alkylante, radiomimétique) sont des phlyctènes énormes, appa¬raissant en 4 à 8 heures et cicatrisant
difficilement.
L'ypérite
est un brûlé immunodéprimé présentant des risques respiratoires infectieux sévères et une anémie thrombocytopénique et leucopénique pouvant être extrême (5-6).On dose depuis longtemps
l'ypérite
en CG/MS (10).De même le
thiodiglycol
ne pose pas de problème d'analyse en CG/MS même si certains auteurs trans¬formentle
TDG
enypériteparhydrolysechlorhydriqueà 120°C pour revenir au cas précédent. On recourt à unedéconjugaison par un mélangede sulfatasesetglu¬
curonidases puis après purification du dérivé en SPE
Cl
8, on dérive les esters penta fluoro benzoyles ou hepta fluoro butyryles en présence d'étalon interne deutéré (2H8TDG).RM.
Blacketal. détectentenCG-NICI
(ionisation chimiqueenionsnégatifs)-MS/MS,le fragmentcaractéristiquem/z=510 (11).Les mêmes auteurs injectent la forme majoritaire sul¬
foxyde (TDGO) après réduction préalable (l'oxygène du sulfoxyde pose problème pour la dérivation) par addition à
l'urine
de trichlorure de titane.Le reste est identique.La sensibilitéest de 1 ng/mL(12).Wils
et al. déterminent des teneurs de 5 à 100 ng/mL (max 330) dansl'urine
de sujets ypérités 5 à 10jours aprèsl'exposition
etde 3 à 8 ng/mL. 8 joursplus tard (7).R.
M.
Black et al. analysent dansl'urine
les produitsd'addition
HD/glutathion metabolises par les (3-lyases (figure2) avecunesensibilitécorrectede 0.1 ng/mLen CG/CI/MSSIM,
soit après réduction puis purification en SPE sur C8 puis en CG-PICI (ionisation chimique en ions positifs)-MS/MS (NH3) - ils détectentl'ion
fragment moléculaire m/z232 (M+NH4+) etl'ion
frag¬mentfils m/z75 (MeSCH2CH2)+(11)-, soit directement enLC-ES (electrospray)-MS/MS àtravers unecolonne depolystyrène
divinyl
benzène (PSDVB) (7).On peut aussi s'intéresser à l'analyse des produits métabolisés par des (3-lyases puis conjugués sur laN- acétyl cysteine en LC-ES-MS/MS en ions négatifs en
triple
quadripoleavecunesensibilitéde 1 ng/mL (7).Filderetal. analysentlesproduitsd'addition
HD/ADN
quipeuvent être détectés surlapeau,lesang,l'urine. Il
s'agit principalementdel'adduit
N7-(2-Hydroxy-éthyl thio éthyle)-guanine (figure 3) séparé en SPECl
8 puis analyséenLC-ES-MS/MSparl'ion
moléculaireMH+=m/z 256 qui donne
l'ion fils
m/z 105 [CH2CH2SCH2CH2OH]+ (13). D. B. Ludlum et al.obtiennentpar une méthode voisine,un seuil de sensi¬
bilité
est de8 pginjecté (0.2 ng/mL) (14).1 à 2 % de
l'ypérite
sefixe spécifiquement surlavali¬ne terminaledel'hémoglobine Hb. Les auteurs clivent
l'adduit
de l'hémoglobine par une réaction d'Edmann modifiée au moyen du penta fluoro phenyl isothiocya- nate. Lerésidu évaporé àsecredissousdans tetoluène est dérivé avec l'anhydride hexafluorobutyrique. Lalimite
de quantification est de 0.1 j«mol (aprèsl'injec¬tionàdes ouistitis d'unedose de 4.1 mg/kg, tesauteurs détectent
l'adduit
valine terminalependant 94jours enCG-NICI-MS
(13).L'adduit
majoritaire est surl'histidine. Il
est stable après hydrolyse dansHCl
6N. R.M.
Black et al. font unedérivationaveclechlorurede9 fluorenylméthoxy- carbonyle et détecte en LC-ESP-MS/MS (15-16).Price, en 2002, propose une méthode de contrôle de
l'exposition
àl'ypérite
enMALDI
TOF/MS sur l'hé¬moglobine adduite intacte.
Il
observe beaucoup d'es¬pèces alkylées mais le recul n'est pas suffisant pour
qu'indicative
et ne seront abordésici
que quelquesexemptes.
Les formes à analyser doivent être choisies selon les délais qui séparent
l'exposition
du prélèvement.Il
est possible de détecter les produits enl'état
pendant quelques heures. Les produits de dégradation sont accessibles en moyenne pendant quelques jours (pro¬duits d'hydrolyse,de condensation surlesfonctions S- Hetd'oxydation). Enfin,
il
estpossiblederecouriraux adduits covalents surciblesbiologiques notammentsur tesprotéines etl'ADN
pendant quelques mois (7-8-9).Les matrices potentielles sontlestissus, sièges
initiaux
de l'agression (peau, voies respiratoires), le système sanguin (sang total, plasma, sérum),
l'urine
et salive, tes plus faciles à collecter, ou parfois tes organes de stockage (cheveux,foie, graisses) enpost-mortem.Les outils les plus utilisés recourent à ladétection par spectrométrie de masse notamment pour les petites molécules polaires. Le mode « Scan » convient aux fortes quantités de metabolites présents, les modes
SIM, MRM,
MS/MS etMS" auplus grandcas defigu¬reoù
l'on
estconfrontéàdes tracescequ'illustrent
les quelquesapplications caractéristiques suivantes.L'Ypérite
est très peu représentée àl'état natif
même dans les phlyctènesqu'elle
provoque, hormis dans de rarescaspourlesquelsle blesséestimmédiatement pris en charge (explosions lors de déminage). Très rapide¬ment
l'hydrolyse
et/oul'oxydation
du soufre condui¬sentau
thiodiglycol
(TDG) et auxformes sulfoxyde et sulfone du TDG.L'ypérite
réagit par ailleurs avec le groupe S-H
de lacysteine du glutathion.Enfin
l'ypérite
se fixevialaformation d'ions épisulfo- nium, surles groupements S-H, O-H, NH2, C02H des protéines (l'hémoglobine, l'albumine...)ou sur lagua¬nine des acidesnucléiques (figure 1).
Les lésions toxiques de
l'ypérite
(molécule alkylante, radiomimétique) sont des phlyctènes énormes, appa¬raissant en 4 à 8 heures et cicatrisant
difficilement.
L'ypérite
est un brûlé immunodéprimé présentant des risques respiratoires infectieux sévères et une anémie thrombocytopénique et leucopénique pouvant être extrême (5-6).On dose depuis longtemps
l'ypérite
en CG/MS (10).De même le
thiodiglycol
ne pose pas de problème d'analyse en CG/MS même si certains auteurs trans¬formentle
TDG
enypériteparhydrolysechlorhydriqueà 120°C pour revenir au cas précédent. On recourt à unedéconjugaison par un mélangede sulfatasesetglu¬
curonidases puis après purification du dérivé en SPE
Cl
8, on dérive les esters penta fluoro benzoyles ou hepta fluoro butyryles en présence d'étalon interne deutéré (2H8TDG).RM.
Blacketal. détectentenCG-NICI
(ionisation chimiqueenionsnégatifs)-MS/MS,le fragmentcaractéristiquem/z=510 (11).Les mêmes auteurs injectent la forme majoritaire sul¬
foxyde (TDGO) après réduction préalable (l'oxygène du sulfoxyde pose problème pour la dérivation) par addition à
l'urine
de trichlorure de titane.Le reste est identique.La sensibilitéest de 1 ng/mL(12).Wils
et al. déterminent des teneurs de 5 à 100 ng/mL (max 330) dansl'urine
de sujets ypérités 5 à 10jours aprèsl'exposition
etde 3 à 8 ng/mL. 8 joursplus tard (7).R.
M.
Black et al. analysent dansl'urine
les produitsd'addition
HD/glutathion metabolises par les (3-lyases (figure2) avecunesensibilitécorrectede 0.1 ng/mLen CG/CI/MSSIM,
soit après réduction puis purification en SPE sur C8 puis en CG-PICI (ionisation chimique en ions positifs)-MS/MS (NH3) - ils détectentl'ion
fragment moléculaire m/z232 (M+NH4+) etl'ion
frag¬mentfils m/z75 (MeSCH2CH2)+(11)-, soit directement enLC-ES (electrospray)-MS/MS àtravers unecolonne depolystyrène
divinyl
benzène (PSDVB) (7).On peut aussi s'intéresser à l'analyse des produits métabolisés par des (3-lyases puis conjugués sur laN- acétyl cysteine en LC-ES-MS/MS en ions négatifs en
triple
quadripoleavecunesensibilitéde 1 ng/mL (7).Filderetal. analysentlesproduitsd'addition
HD/ADN
quipeuvent être détectés surlapeau,lesang,l'urine. Il
s'agit principalementdel'adduit
N7-(2-Hydroxy-éthyl thio éthyle)-guanine (figure 3) séparé en SPECl
8 puis analyséenLC-ES-MS/MSparl'ion
moléculaireMH+=m/z 256 qui donne
l'ion fils
m/z 105 [CH2CH2SCH2CH2OH]+ (13). D. B. Ludlum et al.obtiennentpar une méthode voisine,un seuil de sensi¬
bilité
est de8 pginjecté (0.2 ng/mL) (14).1 à 2 % de
l'ypérite
sefixe spécifiquement surlavali¬ne terminaledel'hémoglobine Hb. Les auteurs clivent
l'adduit
de l'hémoglobine par une réaction d'Edmann modifiée au moyen du penta fluoro phenyl isothiocya- nate. Lerésidu évaporé àsecredissousdans tetoluène est dérivé avec l'anhydride hexafluorobutyrique. Lalimite
de quantification est de 0.1 j«mol (aprèsl'injec¬tionàdes ouistitis d'unedose de 4.1 mg/kg, tesauteurs détectent
l'adduit
valine terminalependant 94jours enCG-NICI-MS
(13).L'adduit
majoritaire est surl'histidine. Il
est stable après hydrolyse dansHCl
6N. R.M.
Black et al. font unedérivationaveclechlorurede9 fluorenylméthoxy- carbonyle et détecte en LC-ESP-MS/MS (15-16).Price, en 2002, propose une méthode de contrôle de
l'exposition
àl'ypérite
enMALDI
TOF/MS sur l'hé¬moglobine adduite intacte.
Il
observe beaucoup d'es¬pèces alkylées mais le recul n'est pas suffisant pour