GESTION DES ESPÈCES AQUATIQUES
ENVAHISSANTES :
L’APPROCHE ÉCONOMIQUE
Crédit Nicolas Pipet IIBSN
Alban THOMAS
UMR 1081 LERNA, INRA-UT1-CNRS Toulouse School of Economics
Groupe de Travail IBMA – 7e réunion, Onema, Paris, 21-22 janvier 2013
EXPERTISE IRD ESPÈCES ENVAHISSANTES EN NOUVELLE-CALÉDONIE, NOUMÉA, IRD, 2005
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Michel « Ratator » Pascal
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PLAN DE LA PRÉSENTATION
1. Introduction
2. Aspects écologiques des invasions biologiques 3. Economie des invasions biologiques
4. Analyse coûts-bénéfices 5. Application à la jussie
6. Perspectives Onema 2013-2015
1. INTRODUCTION
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Invasions biologiques (aka espèces invasives aka espèces envahissantes aka espèces non-endémiques)
Plusieurs catégories : insectes, mammifères, reptiles, plantes, microbes, graines, arbres, etc.
La plupart des végétaux / animaux de nos contrées ont été introduits à l’origine
souvent pour de bonnes raisons,
parfois avec des conséquences dommageables
Néfastes ou bénéfiques à l’homme et/ou aux écosystèmes
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EXEMPLES
Lièvres en Australie :
12 couples importés en 1859
900 millions à la fin du 19ème siècle
Etourneaux :
60 individus lâchés à Central Park, New York en 1890
1918 : 7 états envahis
1962 : ensemble des USA
Jacinte d’eau : présente dans 50 pays sur 5 continents
Perche du Nil (poisson prédateur) :
invasion du Lac Victoria en 1950
explosion démographique conduisant à l’extinction de 200 espèces (sur 400 endémiques).
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UN PROBLÈME PRÉOCCUPANT
Globalisation (communication, commerce international)
Evolution du paysage (fragmentation)
Surexploitation de certaines ressources naturelles
Pour les humains :
transmission de pathogènes
maladies
risques sanitaires
Pour les écosystèmes :
concurrence avec espèces endémiques
destruction du paysage
perte de biodiversité
Pour les ressources naturelles
écoulement, qualité de l’eau
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Premier programme international en 1982 sur l’écologie des invasions biologiques
Initiative du Scientific Committee on Problems of the Environment (SCOPE)
Volumes issus de ce programme : Australie (1986), US et Hawaii (1986), Afrique du Sud (1986), Europe et pays Méditerranéens (1990), tropiques (1991)
1e conférence mondiale à Trondheim (Norvège), 1996.
Recommendations conduisant au Global Invasive Species Programme (GISP) en 1997
Approuvées par plus de 50 pays
L’un des ‘livrables” : “The Economics of Biological
Invasions“, Perrings, Williamson et Dalmazzone (2000)
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LOIS INTERNATIONALES ET ANALYSE COÛTS-BÉNÉFICES
Convention sur la diversité biologique en 1992
Convention de Berne (1992)
Amendement à la International Convention on Plant Protection (ICPP), includant la ”pest quarantine”
L’Analyse Coûts-Bénéfices est maintenant adoptées comme guide pour protection des végétaux
recommandations de la ICPP aux US, Australie et Nouvelle Zélande
Commission Européenne concernant décisions affectant la biodiversité
Compatibilité de l’Analyse Coûts-Bénéfices (ACB) avec l’établissement de listes blanches/noires en commerce international
2. ASPECTS ECOLOGIQUES DES INVASIONS BIOLOGIQUES
9
Toute espèce importée ne devient pas envahissante
Problème au stade de l’installation (colonisation)
Les espèces naturalisées deviennent invasives lorsque
elles prolifèrent dans les écosystèmes
en modifiant de façon significative leur structure et fonctionnalités
Debat au sujet de la relation entre diversité biologique de l’environnement récepteur et le potentiel d’invasion
10
Modèle conceptuel de Planty-Tabacchi (1993)
Introduction
Colonisation (établissement)
Développement, destruction ou intégration
Extension
Williamson et Fitter (1996) : règle des “trois 10”
En général, 1000 espèces importées
100 considérées comme introduites
10 naturalisées
seulement 1 envahissante
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Aire d’origine
Exportation Elimination
Système local Introduction
Exclusion compétitive
Colonisation
Système anthropique Système naturel Compétition
Développement Extension
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(1) Transport commercial (1) Transport passagers (2) Installation
(3) Propagation (4) Transfert
(1) Listes noires ou grises (2) Quarantaine
(3) Formation analyse des risques (2) (3) Réseau de biosurveillance (2) (3) Eradication
(1) Transport commercial (1) Transport passagers Stations de bio-surveillance
PROBABILITE DES INVASIONS BIOLOGIQUES
13
Introduction : volontaire ou involontaire
Facteurs d’établissement :
type de sol
proximité climatique
plantes - hôtes
fragmentation de l’environnement récepteur
(zones non-anthropisées, obstacles naturels, sol stérile)
Facteurs liés aux espèces introduites et leur mdoe d’introduction :
vitesse de croissance
capacité reproductive
potentiel effectif de dispersion (vent, oiseaux)
tolérance à une large variété de conditions écologiques
diversite génétique des individus introduits.
14
Augmente avec le volumé cumulé de marchandises importées et le nombre de passagers
Décroît dans le temps avec la probabilité associée à d’autres pays ou d’autres écosystèmes
(illustrant le potentiel limité d’invasion)
Est corrélée positivement avec la similarité entre le pays importateur et ses partenaires commerciaux
LA PROBABILITÉ D’ INVASION
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Les produits intermédiaires sont des facteurs plus importants de propagation des espèces envahissantes que les produits finis
Cette probabilité dépend des perturbations exogènes sur les écosystèmes locaux
événements naturels et climatiques
projets routiers ou miniers
déforestation
LA PROBABILITÉ DE PROPAGATION
3. ECONOMIE DES INVASIONS BIOLOGIQUES
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Impacts économiques : agriculture, santé humaine, milieux aquatiques, etc.
Etude Pays Espèce Coût total
Bertram 1999 New-Zealand weeds 840 NZ$ million
Turpie & Heydenrych 2000 South Africa Black wattle tree US$ 65 million Wit et al. 2001 South Africa Black wattle tree US$ 552 million Reinhardt et al. 2003 Germany 20 EE Euro 160 million/an Cullen & Whitten 1995 Australia Rubus fructicosus AS $ 2 million
Echtum plantaginetum
Tisdell 1990 Australia weeds AS$ 33 million
Pimentel et al. 2002 USA 50,000 IS US$ 137 billion/an Pimentel et al. 2001 UK, India, US, 120,000 IS US$ 314 billion/an
Australia, Brazil, S.Africa
OTA 1993 US 79 IS $ 97 - 137 billion
Perrault et al. 2003 US Saltcedar $ 39 - 121 million /an
GAO 1999 Michigan Sea lamprey $ 3 million
Sturtevant Great Lakes Sea lamprey $ 2-4 billion / an
Hushak 1995 Lake Erie Ruffe $ 600 million
Zebra mussel $ 5 billion
Sun 1994 Great Lakes Zebra mussel $ 5 billion
Rockwell 1991 Florida Aquatic weeds $ 7.3 million / an
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Mesures possibles :
Phase d’introduction : interdiction, prévention, traitement
Phase d’établissement : détection sur le terrain
Phase de propagation : éradication (ou contrôle)
Si échec, mitigation (adaptation par l’environnement local)
Interactions économie – écologie - gestion
Déterminer quelles espèces sont susceptibles de devenir invasives et se développer, en fonction des conditions locales
Evaluer le coût de contrôle et les dommages sur l’économie locale et les écosystèmes
Aider à construire listes blanches/noires d’espèces importées,
comparer les avantages des politiques d’inspection vs. éradication
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Analyse rigoureuse de politiques conjointes aux différents stades ((introduction, propagation, établissement)
Exemple typique de catastrophe naturelle :
probabilité faible – modérée d’établissement
coûts des dommages très élevés
Problèmes usuels d’évaluation de la biodiversité (valeur économique totale incluant composantes non marchandes, etc.)
Contrôle des EE : arrangements optimaux de partage de coût dans un cadre dynamique
Impact des politiques de gestion des EE sur le commerce international et le développement
QUESTIONS DE RECHERCHE
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Petit nombre (la plupart, liées au commerce international ou évaluation de risque)
Perrings et al. (2002) : contrôle des EE comme un bien public, discute des raisons économiques des invasions
Shogren (2002) : stratégies de réduction de risque avec risque endogène (mitigation ou adaptation aux EE)
Horan et al. (2002) : identification du niveau approprié de contrôle pré-invasion en présence d’incertitude
Thomas et Randall (2000) explorent le rôle de l’information et les questions de responsabilité (commerce international)
ANALYSES ÉCONOMIQUES EMPIRIQUES
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Eiswerth et van Kooten (2002) : application du contrôle optimal
stochastique avec incertitude (sur variables d’état pertinentes, fuzzy sets)
Knowler et Barbier (2000) : modèle bioéconomique d’invasion avec compétition avec espèces locales
Leung et al. (2002) : modélisation bioéconomique du niveau de risque
«acceptable » (programmation dynamique stochastique), valeurs marchandes et non-marchandes
Settle et Shogren (2002) : modélisation de l’interaction entre espèces invasives et locales (truites, grizzly bears, rapaces, etc.)
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Olson et Roy (2002) : politique de gestion des EE avec croissance naturelle, diffusion et perturbations environnementales
Dalmazzone (2000) : corrélation entre les EE et le commerce international, selon plusieurs vecteurs d”introduction
Levine et d’Antonio (2003) : prévision du taux d’invasion futur à partir de modèles d’accumulation d’espèces
Fernandez (2004) : Spécification de programmes optimaux de gestion des EE sous condition de minimisation des coûts sociaux
Colautti et al. (2003) : rôle des échanges trans-océaniques comme vecteur des EE
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Oran et Lupi (2004) : efficacité économique des stratégies de conformité (mesures de biosécurité)
Costello et McAusland (2003) : impact sur les coûts de production d’approvisionnements étrangers, en raison de politiques de gestion des EE (barrières tarifaires)
Costello et McAusland (2004) : substitution / complémentarité entre instruments de politique (droits de douane, inspections)
Margolis et Shogren (2004) : modèle à la Grossman-Helpman de formation des tarifs douaniers, avec les exportateurs comme groupe de pression (lobby)
4. L’ANALYSE COÛT-BÉNÉFICES APPLIQUÉE AUX INVASIONS BIOLOGIQUES
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Etapes de l’Analyse Coûts-Bénéfices (ACB) appliquée aux invasions biologiques
1. Estimation des impacts
a. Identification des variables pertinentes (entrée – sortie, interface, etc.) b. Définition des unités de mesure pour ces variables
c. Etablissement des valeurs de référence sans EE
d. Identification du “processus de production” associant les EE à un ensemble d’outputs
e. Quantification du niveau attendu de chaque output en fonction du niveau pertinent de chaque input
f. Estimation des variations dans les catégories input et output, selon des scénarios avec et sans introduction
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2. Calcul des effets directs
a. Biens marchands
- variations marginales dans la production (prix de marché, variation d’output)
- Variations non marginales dans la production (mesure du surplus du producteur et du consommateur)
b. Biens non marchands (évaluation contingente, transfert de bénéfices,…)
3. Evaluation des effets indirects
a. Multiplicateur de revenu et effets sur l’emploi b. Biens associés
4. Calcul des coûts et bénéfices annuels 5. Prise en compte du temps (actualisation)
ETUDES DE CAS D’ACB
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Première ACB : Office of Technology Assessment, 1993, Etats-Unis
Species Year of Total Total Benefit
study costs benefits Cost ratio NPV, in 1991 million USD
Past impacts - Plants
Hydrilla & water hyacinth 1982 0.641 0.112 5.25/1
Melaleuca 1991 160 12.3 13/1
Past impacts – Fish
Sea lamprey 1980 878.588 63.897 13.75/1
Sea lamprey 1988 296.421 9.797 30.25/1
Potential impacts - Plants
Purple loosestrife 1987 53.47 1.982 27/1
Witchweed 1976 <2,163.43 <124.53 [78/1 ; 19.1/1]
Potential impacts - Insects
Cotton boil weevil 1979 <7.193 < 0.418 [17.2 ; 18.1]
Mediterranean fruit fly 1981 1,188.41 93.40 12.75/1 Potential impacts - Pathogens
Foot and mouth disease 1976 25,275.51 <1,497 [16.9/1 ; 24.9/1]
Potential impacts - Others
Siberian log imports 1990 64,704.21 38.94 1.661/1
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Californie : Red Imported Fire Ant (RIFA) Solenopsis invicta
Origine : Amérique du sud (1940)
Découverte en Californie en 1997, à partir du Texas et des états du sud- est des Etats-Unis
Vitesse de propagation estimée : > 100 miles par an
Principaux risques :
pour l’homme : piqures (chocs anaphylactiques mortels pour 1 % de la population)
dommages sérieux aux conduites électriques et d’eau infestation des systèmes d’éclairage des aéroports
pour les espèces en danger (spotted owl, etc.)
Politique USDA et FDA : quarantaines sur les transports de terre, foin, et équipements en provenance des régions infestées
Red Imported Fire Ant (RIFA)
RED IMPORTED FIRE ANT, QUARANTINE AREAS AND COLONIZATION RISK,
27
28
Impact (millions US $)
Catégorie Bas Moyen Haut
Arboriculture, viticulture 12.0 30.0 48.0
Horticulture 3.7 9.2 14.8
Grandes cultures 0.8 2.0 3.3
Vergers 18.2 18.2 18.2
Semences 4.5 4.5 4.5
Prairies 5.9 9.5 15.4
Total agriculture 45.1 73.5 104.2
Total ménages 342.0 829.0 885.0
Total 387.1 902.5 989.2
Coûts annuels totaux estimés de l’installation de la RIFA en Californie (Jetter et al., 2002)
LE BLACK WATTLE TREE SUD-AFRICAIN
DE WIT, CROOKES ET VAN WILGEN (2001)
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Introduction du Black Wattle Tree (Acacia mearnsii) au 19ème siècle en Afrique du Sud, à partir de l’ Australie
Bénéfices commerciaux (teinture, bois de feu), mais fortement invasif
Dommages pour la biodiversité, les ressources aquatiques, les écosystèmes ripariens
Politique sud-africaine : éradication / contrôle des herbiers invasifs
Intérêt du papier : explorer et comparer les différents modes de gestion
Bénéfices (valeur actualisée nette) > 552 millions R (6 R = 1US$)
Dommages : > 1 426 millions R (surtout réduction débits aquatiques)
SCÉNARIOS DE GESTION ET RAPPORTS COÛTS- BÉNÉFICES
30
Valeur actualisée nette sur 20 ans
Scenario Bénéfices / Coûts
I II
C et B quantifiés) y.c. R100 M de biodiversité
1. Do-nothing 0.4 0.3
2. Arrachage manuel 3.2 4.5
3. Bio-contrôle et arrachage manuel 4.1 5.8
4. Bio-contrôle, arrachage manuel, 7.5 10.7
hypothèse basse coût protection
5. Bio-contrôle, arrachage manuel, 4.0 5.7
hypothèse haute coût protection
6. Optimisation gestion plantations & 2.5 3.0 arrachage manuel
7. Industrie secondaie & arrachage manuel 3.2 4.5 8. Bio-contrôle, avec hypothèse incapacité 2.4 3.5
de protection des cultures
CONCLUSION SUR LA LITTÉRATURE ÉCONOMIQUE
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Littérature croissante sur l’économie des espèces envahissantes Mais
Manque d’analyses empiriques en raison principalement de
Manque de données économiques et écologiques
Coût des enquêtes de terrain pour évaluer les bénéfices
Les modèles bio-économiques de gestion des EE ne sont pas généralisés
La plupart des analyses se concentrent sur
Des questions de commerce international
de choix entre contrôle ou éradication
Les effets non marchands sont difficiles à évaluer
Les EE peuvent avoir des effets ambigüs (bénéfiques ou dommageables selon le secteur)
PISTES DE TRAVAIL ONEMA 2013
32
Quelles modalités (économiques) de gestion de la jussie sur plusieurs régions de France ?
Objectif : Préconisations en matière de politique publique pour la gestion de la jussie
Analyse coûts-bénéfices sur différents sites en France
Pour différents scénarios de gestion de la jussie
Identification de la meilleure option ?
Contraster différents sites avec pratiques et historiques de contrôle différentes
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En pratique :
Analyse des modalités de mise en oeuvre de l’option de politique envisagée
Information précise nécessaire sur :
l’écologie de l’espèce (processus de croissance)
sa répartition géographique
Son évolution spatio-temporelle
Les impacts sur les services écologiques
Les impacts marchands (sur activités économiques)
Les bénéfices associés à la protection des usages non marchands (biodiversité)
Etude de faisabilité : la jussie dans le Marais Poitevin
Financement d’une étude préalable en 2012 ONEMA-INRA
Stage d’Alice Issanchou (ESA Angers)
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5. APPLICATION À LA JUSSIE
35
Trois fonctions à spécifier
Fonction de
croissance/dispersion de la Jussie
Fonction des
dommages sociaux de la Jussie
Fonction des coûts de contrôle de la Jussie
sous contrainte de la fonction de croissance
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Spécifications
• La fonction des dommages sociaux est la somme des fonctions des différents
dommages
• Les fonctions de dommages dépendent de la quantité de Jussie
• La fonction des dommages sociaux de la Jussie est supposée strictement convexe
• Si le stock de biomasse de la Jussie est nul, les dommages sont nuls
Spécification des fonctions théoriques
Formulation des hypothèses
Fonction des dommages sociaux de la
Jussie
37
où
C : fonction de coûts de contrôle S : stock de biomasse de Jussie Y : quantité extraite.
(Ropars-Collet et Le Goffe, 2008)
Spécification des fonctions théoriques
Formulation des hypothèses
Fonction des coûts de contrôle
de la Jussie
où
S : stock de biomasse de Jussie r : taux de croissance intrinsèque K : capacité de charge du milieu
(capacité limite) Spécification des
fonctions théoriques Formulation des
hypothèses
Fonction de
croissance/dispersion de la Jussie
Fonction des coûts de contrôle
de la Jussie sous contrainte de la fonction de croissance
39
Estimation des trois fonctions
Typologie des dommages de la
Jussie
Construction d’une fonction de dommages pour chacun des impacts
Impacts marchands : estimation des pertes ou surcoûts occasionnés
Impacts non-marchands : utilisation de la Capacité à Payer (CAP) (transfert de bénéfices)
CAP : somme que les agents sont prêts à payer pour bénéficier de l’augmentation de qualité du milieu(Bonnieux, 1998 ; Boyle et al, 2009)
Transfert de bénéfices : utilisation d’études déjà existantes pour estimer la
valeur de biens
environnementaux similaires
(Genty, 2005)
Transfert de CAP avec ajustement
à travers le temps : Indice des Prix à la Consommation (IPC) (Navrud, 2010 ; données Bureau of Labor Statistics et INSEE)
à travers l’espace : taux de change à parité de pouvoir d’achat (PPA) (Ready et Navrud, 2006 ; données OCDE)
40
Estimation des trois fonctions
Typologie des dommages de la
Jussie
Construction d’une fonction de dommages pour chacun
des impacts
Impacts marchands : estimation des pertes ou surcoûts occasionnés
Impacts non-marchands : utilisation du CAP (transfert de bénéfices)
Obtention de données de
coûts de contrôle
Traitement des données : régression non linéaire
41
Estimation des trois fonctions
Typologie des dommages de
la Jussie
Construction d’une fonction de dommages pour chacun des
impacts
Impacts marchands : estimation des pertes ou surcoûts occasionnés
Impacts non-marchands : utilisation du CAP (transfert de bénéfices)
Obtention de données de croissance de la Jussie sur le site
étudié
Traitement des données : régression non linéaire Obtention de
données de coûts de contrôle
Traitement des données : régression non linéaire (Logiciel Mathematica)
42
Formulation des fonctions théoriques Formulation des
hypothèses
1
Estimation des trois fonctions
Typologie des dommages de
la Jussie
Construction d’une fonction de dommages pour chacun
des impacts
Obtention de données de croissance de la Jussie sur le
site étudié
Traitement des données : régression non linéaire Obtention de
données de coûts de
contrôle
Traitement des données : régression non linéaire
2
Détermination du stock optimal de
Jussie
3
Maximiser les bénéfices et minimiser les coûts
Bénéfices marginaux = Coûts de contrôle
marginaux
(Pearce et al, 2006)
Fonction de croissance/disper-
sion de la Jussie Fonction des
dommages sociaux de la
Jussie
Fonction des coûts de contrôle
de la Jussie
sous contrainte de la fonction de croissance
43
Formulation des fonctions théoriques Formulation des
hypothèses 1
Estimation des trois fonctions
Typologie des dommages de la Jussie
Construction d’une fonction de dommages
pour chacun des impacts
Obtention de données de croissance de
la Jussie sur le site étudié
Traitement des données : régression
non linéaire Obtention de
données de coûts de
contrôle
Traitement des données : régression
non linéaire
2
Détermination du stock optimal de
Jussie
3
Maximiser les bénéfices et minimiser les coûts
Bénéfices marginaux = Coûts de contrôle marginaux
(Pearce et al, 2006)
Interprétation 4
Selon le milieu
considéré et le résultat obtenu, il est possible de déterminer si le mode de gestion actuel est optimal ou non.
Fonction de croissance/
dispersion de la Jussie Fonction des
dommages sociaux de la
Jussie
Fonction des coûts de contrôle de la
Jussie
sous contrainte de la fonction de croissance
44
Unités de mesure utilisées
• Euro
• Tonne de biomasse fraîche
Tel que 1m² de Jussie = 6 kg de biomasse fraîche de Jussie
1) Kilomètre de rive
2) Surface = km de rive x largeur envahie (% de recouvrement) 3) Tonne de biomasse fraîche
(Ropars-Collet et Le Goffe, 2008)
Courbe de croissance :
conversion de kilomètres de rives en biomasse fraîche en considérant un recouvrement de 100%
= toute la largeur du kilomètre considéré est envahie.
45
LA ZONE HUMIDE DU MARAIS POITEVIN
46 (source : http://sevre-niortaise.fr/wp-content/uploads/12_68_cartes-repartition-jussies-19952010_308.pdf)
Fonction de dommages sociaux de la Jussie : typologie des dommages
Impacts marchands et non marchands
Ampleur et nature des impacts
Méthodes d’évaluation
Références scientifiques
Méthode des transferts de bénéfices
Coûts de contrôle
Rôle des hypothèses biophysiques
Incidence du taux de recouvrement
propagation uniforme, etc.
47
• Impacts marchands
48
Impacts de la Jussie dans le Marais Poitevin
Ampleur et nature des impacts Méthodes d’évaluation
Revenus touristiques (navigabilité)
A partir de 60% de recouvrement, sur les réseaux primaire et
secondaire
Pertes touristiques par kilomètre envahi de 50
% (effet de substitution) avec 625 000 visiteurs annuels dont la moitié reste une journée, et l’autre six nuits (Parc Interrégional du Marais Poitevin, 2009)
soit 6,3 équivalent jours (Ropars-Collet et Le Goffe, 2008). Ne sont considérées que les dépenses de fréquentation par jour (données du site de l’office du tourisme Niort/Marais poitevin et du site « Le Marais Poitevin »)
Revenus
agricoles et de la pêche
professionnelle
Bouchage des canaux servant d’abreuvoirs et de limitation de parcelles
Pas de pêcheur professionnel
-
Envasement des fossés et des canaux
A partir de 60% de recouvrement, sur les réseaux secondaire et
tertiaire
Coûts supplémentaires de curage par kilomètre envahi (Pipet, com. personnelle)
Inondations Limitation de la circulation de l’eau, envasement, peut
accentuer les situations de crue
-
Qualité de l’eau A partir de 100% de
recouvrement, sur tout le linéaire Rejet de nitrates lors de sa
décomposition
Coûts de réparation, à partir des coûts de dépollution des nitrates (Commissariat Général au Développement Durable, 2011) et de la quantité de nitrates dans la Jussie (Fruteau, 2004 dans Debril et al, 2005)
Impacts non marchands
Impacts de la Jussie dans le Marais Poitevin
Ampleur et nature des impacts Méthodes d’évaluation
Valeur esthétique En dessous de 30% de
recouvrement, augmente la valeur esthétique ; au-delà, la diminue
Transfert de bénéfices (Corrigan et al, 2009)
CAP / méthode d’évaluation contingente
Valeur des aménités récréatives
A partir de 60%, sur les réseaux primaire et secondaire
Transfert de bénéfices (Scherrer, 2006)
Coûts de déplacements
Valeur de la biodiversité
En dessous de 30% de
recouvrement, la biodiversité est augmentée par la Jussie ; au-delà, elle diminue
Somme des budgets de recherche alloués à la zone considérée (Binet et al, 2009) +
Transfert de bénéfices (Katossky et Marical, 2011)
valeur de non-usage, calculée à avec le CAP des résidents et des visiteurs / évaluation
contingente Valeur de la
pêche récréative
Avec un faible recouvrement : frayère à poissons
Avec un fort recouvrement : obstacle mécanique aux
techniques de pêche, mortalité piscicole
Transfert de bénéfices (Milon et Welsh, 1989)
CAP / méthode des coûts de déplacement
Valeur de la
chasse récréative
Occupe l’espace aquatique au détriment du gibier d’eau
Transfert de bénéfices (Cooper et Loomis, 1991)
CAP / méthode des coûts de déplacement
49
Fonction des coûts de contrôle de la Jussie / Fonction de croissance de la Jussie
Construites selon la méthodologie présentée précédemment
en utilisant des données de croissance
et de coûts de gestion spécifiques au Marais Poitevin (données : Leplat, 2004 ; Pipet, com. Personnelle)
50
RÉSULTATS
• Fonction des dommages sociaux de la Jussie
51
D(S) = 1 965,57 S² + 8 315,6 S D’(S) = 3 941,14 S + 8 315,6
Fonction de croissance/dispersion de la Jussie
52
Estimation Test de Student
K (capacité limite de
charge km de rives)
741,76 35,33
R (taux de croissance intrinsèque)
0,88 49,77
Coefficient de corrélation (R²) = 0,99 (11 observations)
K =741,76 km K =21 362 tonnes
• Fonction des coûts de contrôle de la Jussie
53
Estimation Test de Student
a 98 058 400 4,11
b - 723 935 - 1,68
c 2 693,72 1,58
Coefficient de corrélation (R²) = 0,93 (4 observations)
54
soit à l’équilibre, quand Y est égal à la fonction de croissance d S/ d t :
euros
euros
• Le stock optimal de Jussie dans la zone humide du Marais Poitevin
Il existe une seule solution réelle positive telle que : B’(S) = C’(S)
tel que S =28,3 tonnes
et Y = 24,8 tonnes (soit 87% de la biomasse)
55
CONCLUSIONS DE L’ÉTUDE PRÉALABLE
• Biais et limites
• Peu de données et des hypothèses fortes
• Besoin de validation des hypothèses de propagation
• Équivalence kilomètre envahi/quantité de Jussie ?
• Tous les impacts ne sont pas pris en compte
• Pertinence de la méthode du transfert de bénéfices
56
Les dommages sont plus importants que les coûts de contrôle
Résultat trouvé cohérent avec la stratégie de gestion de la Jussie dans la zone humide du Marais Poitevin
Ce que nous pourrions faire avec des données supplémentaires :
Meilleure estimation des courbes de dommages
Etude d’autres phénomènes :
substitution
congestion
influence de la situation de référence pour estimer le CAP
rôle des fossés privés
57
RÉFÉRENCES
• Binet E., Escafre A. et Fournié F., 2009. Evaluation à mi-parcours de la mise en œuvre du plan d’action gouvernemental pour le Marais poitevin 2003-2012. Disponible en ligne sur http://www.epmp-marais-poitevin.fr/ressources-pdf/evaluation_mi-parcours_2009.pdf [Consulté le 07/06/2012]
• Bonnieux F., 1998. Principe, mise en oeuvre et limites de la méthode d’évaluation contingente. Économie publique. N° 1, pp. 47-90
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6. PROJET ACTION INRA - ONEMA 2013 - 2015
Action INRA – ONEMA 2013-2015 sur l’économie des espèces envahissantes
Budget : 50 k€ en 2013, 50 k€ en 2014, 20 k€ en 2015
Scientifiques impliqués :
Pierre Courtois (UMR LAMETA, Montpellier) et Estelle Gozlan (UMR EcoPublique, Versailles) pour l’analyse économique des politiques de gestion
Jean-Pierre Amigues, Sylvain Chabé-Ferret et Arnaud Reynaud (UMR LERNA, Toulouse) pour l’évaluation des bénéfices, l’évaluation ex poste des politiques de gestion
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OBJECTIFS DU PROJET
Une meilleure modélisation intégrée écologie – économie
Qui prendrait en compte les aspects dynamiques et spatiaux
En évaluant les bénéfices des politiques de gestion auprès des acteurs intéressés (activités marchandes, non-
marchandes)
Une évaluation des performances a posteriori des politiques de gestion
Analyse statistique des résultats des programmes de mesure
Analyse économique des choix stratégiques (type de mesure, étendue spatiale, temporalité, fréquence des interventions, etc.
Des recommandations (aide à la décision) pour les gestionnaires
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Phase 1 : recueil données statistiques sur les mesures de gestion et l’évolution des milieux envahis
Phase 2 : analyse économique et statistique des mesures de contrôle (passées) et construction de scénarios
Phase 3 : enquête « terrain » en vue de construire l’évaluation des bénéfices (associés à la protection des milieux)
Phase 4 : construction des coûts associés aux politiques de gestion contenues dans les scénarios
Phase 5 :analyse coût-bénéfices
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Merci de votre attention
Alban THOMAS
thomas@toulouse.inra.fr
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