R EVUE DE STATISTIQUE APPLIQUÉE
B. I VANOVIC
Comment établir une liste des indicateurs de développement
Revue de statistique appliquée, tome 22, n
o2 (1974), p. 37-50
<http://www.numdam.org/item?id=RSA_1974__22_2_37_0>
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COMMENT ÉTABLIR UNE LISTE DES INDICATEURS DE DÉVELOPPEMENT
B. IVANOVIC
1 - INTRODUCTION
Le choix des indicateurs de
développement socio-économique
est certai-nement un des
plus importants problèmes
dans l’exécution duprojet
d’évalua-tion et de
prévision
dudéveloppement
durant la Deuxième Décennie des Nations Unies.La
qualité
des résultats sera d’autant meilleure que l’information sur le niveau dudéveloppement
des pays, contenue dans les indicateurschoisis,
estplus complète.
Il existe
aujourd’hui
un certain nombre d’indicateursqui
sont bien enra-cinés dans notre
esprit
comme étant ceuxqui renseignent
leplus
sûrementsur le
développement socio-économique
d’un pays etqui
sont utilisés leplus
souvent dans l’évaluation de son niveau de
développement.
Parexemple,
desindicateurs comme le P.I.B. par
habitant,
le tauxd’analphabètes,
lepourcentage
de lapopulation
nonagricole
ou lapart
desproduits
industriels dans le P.I.B.représentent quelques-uns
de ces indicateursclassiques.
Cependant,
les listes d’indicateurs dedéveloppement
utilisées dans les diffé- rentes institutions derecherche,
nationales ouinternationales,
ne sont pas tou-jours identiques
et les controverses nemanquent
pas dans la discussion surl’utilité et
l’importance
de l’un ou de l’autre de ces indicateursclassiques.
En
réalité,
onpeut
se demander d’une part s’il existe des raisonsobjectives
pour
permettre
de considérer tous ces indices comme des indicateurs de déve-loppement socio-économique
et, d’autrepart,
si d’autresindices, ignorés
ounégligés jusqu’ici,
ne seraient pasplus appropriés
que ne le sont certains deceux que l’on
envisage
traditionnellement.En recherchant ainsi de nouveaux indicateurs de
développement,
nousavons défini et étudié l’indicateur de la "Concentration des naissances
d’après
l’âge
de lamère"(1).
C’est un indicateurqui
donne l’information sur laqualité
familiale d’un pays. Mais il n’est pas difficile de constaterqu’il s’agit
aussid’un
important
indicateur dedéveloppement. Remarquons,
toutd’abord,
que la haute concentration des naissances dans un pays, calculéed’après l’âge
dela
mère, signifie
que par famille le nombre des enfants estlimité,
cequi
assureun niveau de vie
plus
élevé dans ce pays.Ensuite,
que le domaine de concen-tration se trouve entre 20 et 30 ans
d’âge
de lamère,
cequi
veut dire quel’âge
des
parents permet
aux enfants d’avoir une bonne éducationfamiliale,
uneprotection économique prolongée,
undéveloppement physique
favorable et uneéducation scolaire
plus complète. Enfin,
si la concentration estgrande,
onrencontre rarement des cas défavorables comme ceux, par
exemple,
de mèrestrop jeunes
outrop âgées,
d’enfants nés d’un secondmariage,
etc. Enbref,
la vie d’une famille est d’autant
plus
ordonnée et son activité sur leplan
socio-économique
est d’autantplus
efficace que la concentration desnaissances, d’après l’âge
de lamère,
estplus
forte.Les
analyses quantitatives
montrent que cet indicateur donneplus
d’infor-mation sur le niveau de
développement
d’un pays que certains indicateurs clas-siques
comme, parexemple,
lesexportations
d’articles manufacturés par habi- tant, la durée de vie moyenne, le tauxd’analphabètes
la part des industries manufacturières dans leP.I.B.,
le tauxd’inscriptions scolaires,
etc.On
pourrait
conclure que, pour arriver à une liste exhaustive des indi- cateurs dedéveloppement,
il faudraitajouter
aux indicateurs de toutes les listes utiliséesjusqu’à présent
ceuxqui
ont éténégligés
ouignorés
dans lepassé.
On formerait ainsi une très
longue
listequ’on appellerait
la liste maximaledes indicateurs de
développement socio-économique.
Lesstatistiques
de ces indicateurs donneraient des informations trèscomplètes
sur tous lesaspects
dudéveloppement
des pays observés.Cependant,
en examinant toutes lespublications statistiques
du Bureau destatistique
des NationsUnies,
des commissionséconomiques régionales,
desdiverses agences
spécialisées
des Nations Unies ainsi que lespublications
natio-nales et d’autres documents
publiés,
soit officiellement soitofficieusement,
nouspouvons constater que le choix des indicateurs de
développement
est très limité du fait de l’absence de donnéesstatistiques
relatives à de nombreux pays en voie dedéveloppement.
---
(1) Pour le pays j, la mesure de cet indicateur est donnée par
où n représente le nombre de groupes d’âge,
xij
le nombre de naissances où l’âge de la mère appartient au i-ème groupe etXj
le nombre total de naissances dans le pays j au coursde l’année observée.
L’absence ou la mauvaise
qualité
des donnéesstatistiques empêche
l’intro-duction d’un
grand
nombre d’indicateurs dedéveloppement
comme, parexemple,
ceuxqui renseignent
sur laproductivité
du travail dans l’industrie oudans
l’agriculture,
sur le niveau de vie de lapopulation, l’infrastructure,
lescadres dans l’industrie et
l’enseignement,
etc.L’introduction d’un seul indicateur dans le
système statistique
d’un paysexige
souventl’organisation
d’un nouveau service doté de cadrescompétents
etd’un
équipement adéquat qui
seraitapte
àcompiler,
traiter etpublier
lesdonnées. Ces données devraient être d’une bonne
qualité
etcomparables
àcelles des autres pays.
Par
conséquent,
l’introduction de nouveaux indicateurs dans notre liste d’indicateurs dedéveloppement exige
dutemps,
de nouvelles institutions et degrands
sacrifices financiers. Il va sans dire que ceproblème
est encoreplus
grave dans les pays en voie de
développement.
Pour suivre le
développement
des pays au cours de la DeuxièmeDécennie,
avec une
précision qui
serait suffisante pour atteindre nosobjectifs, quelques
nouveaux indicateurs devraient incontestablement être introduits dans la liste d’indicateurs de
développement.
Maislesquels
faut-il choisirparmi
tant d’indi-cateurs
déjà proposés ?
Le
premier problème
à résoudre dans l’exécution duprojet
d’évaluation et deprévision
dudéveloppement
au cours de la Deuxième Décennie sera doncl’établissement
scientifique
d’une listeoptimale
d’un nombre réduit d’indica- teurs dedéveloppement.
2 - CRITERE DU CHOIX DES INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT
SOCIO-ECONOMIQUE
Divers indicateurs
statistiques peuvent
être utilisés pour estimer et suivre ledéveloppement socio-économique
d’un pays. Chacun de ces indicateursapporte
une informationpartielle
sur le niveau dudéveloppement
et, engénéral,
ces informations
partielles
ne sont pasidentiques. Ainsi,
parexemple,
l’indi-cateur
"Pourcentage
de lapopulation
nonagricole"
nousapporte
une informa-tion sur le niveau du
développement
d’un paysqui
n’est pasidentique
à celleapportée
par l’indicateur "Consommationd’énergie
par habitant". Il faut donc choisir et former tout un ensemble d’indicateurs pour avoir une idéeplus
com-plète
sur le niveau dudéveloppement
des pays observés.Première conclusion : En augmentant le nombre
d’indicateurs,
on augmentel’information globale
sur le niveau dedéveloppement
des pays observés.Les différents indicateurs de
développement
ne contiennent pas le même volume d’information sur le niveau dedéveloppement
d’un pays. Cela veut direqu’ils
n’ont pas la mêmeimportance
parrapport
audéveloppement. Ainsi,
"P.I.B. par habitant"
apporte plus
d’information sur le niveau dudéveloppement socio-économique
d’un pays que, parexemple,
l’indicateur "Durée de vie moyenne des habitants". Si laquantité
d’information contenue dans un indi- cateur dedéveloppement
estmesurable,
onpourrait
établir un classementde ces indicateurs
d’après
leurimportance.
Deuxième conclusion : Des ensembles d’indicateurs de même
taille (même
nombred’indicateurs)
ne contiennent pas, engénéral,
la mêmequantité
d’in-formation
sur le niveau dedéveloppement
d’un pays.Les indicateurs de
développement
ne sont, engénéral,
pasindépendants
les uns des autres de sorte que l’information fournie par un indicateur est con-
tenue, en
partie,
dans l’informationqui
adéjà
été fournie par les autres indi- cateurs. En prenant donc en considération tout l’ensemble des indicateurschoisis,
il sepourrait
que certainesquantités
d’information serépètent
deuxou
plusieurs
fois. Il va sans direqu’il
faudrait soustraire ces redoublements dans l’informationglobale
et ne retenir que l’information propre contenue dans cet ensemble d’indicateurs.Troisième conclusion :
L’information globale (sans redoublements)
d’un ensemble d’indicateurs est, engénéral, inférieure
à la somme desquantités d’information
contenues individuellement danschaque
indicateur de cetensemble.
Comme
exemple,
prenons le cas de deux indicateurs dont ladépendance
mutuelle est totale. Si nous rangeons les pays observés par
rapport
aux valeurscorrespondantes
de l’un ou de l’autreindicateur,
nous obtiendrons deux clas- sementsidentiques.
Celasignifie
que les deux indicateurs contiennent la même information sur le niveau dedéveloppement
des pays observés et que, par con-séquent,
il suffit d’enprendre
unseul,
l’autre étantsuperflu.
Quatrième
conclusion : Endépit
dufait
que deux indicateurs observéspeuvent
être trèsimportants
aupoint
de vue del’information qu’ils donnent, séparément,
sur le niveau dedéveloppement
d’un pays, la contribution de l’un d’eux estinsignifiante
s’il existe uneforte
corrélation entre les deux.Cinquième
conclusion : Ilfaut supprimer
les indicateurs dont laquantité d’information
est entièrement contenue dansl’information globale
des indi-cateurs
déjà pris
en considération.Il s’ensuit
qu’un petit
nombre relatifd’indicateurs, judicieusement choisis, pourrait
contenir uneplus grande
informationglobale qu’un grand
nombred’indicateurs mal choisis.
Par
conséquent,
pour avoir une idée aussicomplète
quepossible
sur leniveau du
développement
des paysobservés,
il ne suffit pasd’augmenter
lenombre des indicateurs. Pour augmenter l’information
globale,
il faut tenircompte
del’importance
dechaque indicateur, exprimée
sous la forme d’unequantité d’information,
ainsi que des redoublements dansl’information, exprimés
sous la forme des
dépendances
mutuelles entre les indicateurs.Pour faire un choix
optimal
d’un nombre limité d’indicateurs dedévelop- pement,
laquantité
d’informationglobale (sans redoublements)
devrait êtremaximum tandis que la somme des redoublements devrait être minimum.
La contribution d’un indicateur dans l’évaluation du niveau de
dévelop- pement
d’un pays est d’autantplus
élevée que laquantité d’information,
noncontenue dans l’information
globale
des indicateursplus importants
quelui,
est
grande.
Cependant,
même s’ils’agit
d’un indicateur dont la contribution propre est nonnégligeable,
il ne nous seraguère
utile si sa valeur ne varie presque pas dans l’ensemble des pays observés.Ainsi,
parexemple,
l’indicateur"Pourcentage d’analphabètes
dans lapopulation âgée
de 10 ans ouplus"
n’a aucunesignifi-
cation dans l’ensemble des pays riches où sa valeur est stabilisée entre 1 % et 3
%.
Par contre, dans l’ensemble des pays pauvres, cette valeur varie entre 5 %et 99
%,
de sorte que ce même indicateur est très discriminatiflorsqu’il s’agit
d’évaluer le niveau dedéveloppement
des pays en voie dedéveloppement.
Lasituation serait inverse si nous
prenions
la "Part de laproduction
industrielle dans le P.I.B." comme indicateur dedéveloppement.
Sixième conclusion : Un bon indicateur de
développement
devrait êtrediscriminatif
dans l’ensemble des pays observés.Ainsi,
nous pouvonscompléter
le critère de choix d’un indicateur dedéveloppement
pour un ensemble de paysobservés,
de lafaçon
suivante :La contribution d’un indicateur dans l’évaluation du niveau de
dévelop- pement
d’un pays est d’autantplus
élevée que sapuissance
de discrimination estforte
dans l’ensemble des pays observés et que saquantité d’information,
non contenue dans
l’information globale
des indicateursqui
leprécèdent
etqui
sontdéjà pris
enconsidération,
estgrande.
Remarquons
que chacune de ces deux conditions n’est que nécessaire et nousacceptons
leurconjonction
comme suffisante.3 - EVALUATION OBJECTIVE DU DEGRE D’IMPORTANCE D’UN INDI- CATEUR DE DEVELOPPEMENT
Le
degré d’importance
ou designification
d’un indicateur dedévelop- pement pourrait
être conçu comme laquantité
d’information sur le niveau dedéveloppement
d’un pays, contenue dans cet indicateur. Il va sans direqu’il
n’est pas
question d’exprimer
d’une manière absolue cettequantité
d’infor-mation. Ce que nous pouvons
déterminer,
c’estplutôt
unequantité
relativequi dépendrait
de l’ensemble de tous les pays observés et de l’ensemble des autres indicateurs choisis.S’il existe une
dépendance
totale entre l’indicateur observé et le niveau dedéveloppement
d’un pays, nous aurons le même classement des pays enles rangeant soit par
rapport
à leur valeur de cet indicateur soit parrapport
àleur niveau de
développement.
Nous pouvonsdire,
dans ce cas, que toute l’information sur le niveau dedéveloppement
des pays est contenue dansce seul
indicateur,
car il suffit d’établir une liste de classification des pays observés parrapport
aux valeurscorrespondantes
de cet indicateur pourobtenir,
en même
temps,
la liste de classification de ces pays parrapport
à leur niveau dedéveloppement.
Si la
dépendance
estpartielle,
l’information contenue dans l’indicateur observé n’estqu’une partie
de l’information totale sur le niveau dedévelop- pement
des pays.Il s’ensuit que nous pouvons admettre que le
degré
del’importance
d’unindicateur de
développement correspond
audegré
dedépendance
entre cetindicateur et le niveau de
développement.
Cependant,
la définition de la notion dedéveloppement socio-économique
d’un pays n’est pas encore
précisée
d’unefaçon
satisfaisante et il n’est paspossible
de construire un indiceglobal qui pourrait exprimer,
d’une manièreabsolue,
le niveau de cedéveloppement.
Nous ne pouvons que nous contenter dedéterminer,
à l’aide des données d’un ensemble d’indicateurschoisis,
laposition
relative d’un pays parrapport
aux autres dans l’ensemble des pays observés. C’est ainsi que nous arrivons à la notion de "distance" entre deux pays parrapport
à leurdéveloppement.
Cette distance devrait satisfaire les conditions que les
propriétés
de ladistance d’un espace
métrique imposent,
cellesqui
assurent l’unicité de solution et enfin cellesqui l’adaptent
à la nature duproblème,
c’est-à-dire cellesqui imposent
la soustraction des redoublements dans l’information etqui
diminuentles effets de corrélations
apparentes.
En se basant sur un groupe d’indicateurs
X = {X1, ..., Xn},
le niveaurelatif du
développement
d’un pays sera alors défini comme distance dans ledéveloppement
entre ce pays et un pays fictifauquel
sontattribuées,
pourchaque indicateur,
des valeurs minima dans l’ensemble des pays observés p ={P1,
... ,Pm}.
Ainsi,
en utilisant la1-distance(l),
la mesure relative du niveau de déve-loppement
du paysPr
serait définie parl’expression
suivante :où xir
désigne
la valeur de l’indicateurXi
dans le paysPr,
xi =Min{xi1,
... ,xim},
ai
l’écart-type
deXi
etrji.1...j-1 le
coefficient de corrélationpartielle
entreXi
etXj.
---
(1) Voir le Research Memorandum N° 41 du 5 novembre 1970 (CNUCED).
Si tous les indicateurs choisis sont mutuellement
indépendants,
la distanceD se réduit à la distance F de
Fréchet,
c’est-à-direParmi tous les indicateurs du
développement,
le P.I.B. par habitant contient indiscutablement laplus grande quantité
d’information sur ledéveloppement
d’un pays. Même les économistes
considèrent,
engénéral,
cettequantité
d’infor-mation comme suffisante pour avoir la
première approximation
du niveau dedéveloppement
d’un pays.D’autre
part,
l’ensemble des indicateurs dedéveloppement
est l’union dedeux
grands
groupes d’indicateurs : lepremier englobant
des indicateurs éco-nomiques
et le deuxième des indicateurs sociaux. Tous les indicateursdépendent
du P.I.B. par
habitant,
mais ladépendance
entre les indicateurs de différents groupespourrait
être seulementapparente.
C’est pour cette raisonqu’il
con-viendrait mieux de
prendre
en considérationséparément
le P.I.B. parhabitant,
le groupe des indicateurs
économiques {X
=Xl,
... ,Xn,}
et le groupe desindicateurs
sociaux {Y
=X1,
... ,Yn,}.
Dans ce cas, la mesure relative duniveau de
développement
du paysPr prend
la forme suivanteoù nous avons
désigné
pardi(r)
- la différence entre les valeursXi
des paysPr
etP_
Di(r)
- la différence entre les valeursYi
des paysPr
etP_
ai -
l’écart-type
deXi
si -
l’écart-type
deYi
roi - le coefficient de corrélation
simple
entreXi
et le P.I.B. par habitantPoi - le coefficient de corrélation
simple
entreYi
et le P.I.B. par habitantrji.1...j-1 - le
coefficient de corrélationpartielle
entreXi
etXj
03C1ij.1... j-l -le
coefficient de corrélationpartielle
entreYi
etYj
RXY
le coefficient de corrélation collective entre les groupes X et Y_(ce
coefficientexige
le même nombre d’indicateurs dechaque groupe)
En
prenant
donc la I-distance D comme mesure relative du niveau dedéveloppement
d’un pays et enexprimant
ledegré
dedépendance
entre l’indi-cateur
Xi
et le niveau dedéveloppement
par le coefficient de corrélationsimple
ri, cette valeur ri sera considérée commedegré
del’importance
deXi .
En
rangeant
les indicateurs observésd’après
l’ordre degrandeur
de leurscoefficients de corrélation
simple
avec laI-distance,
nous obtiendrons le clas- sement des indicateurs dedéveloppement d’après
leurimportance.
On
pourrait
ainsi classerobjectivement
les indicateurs dedéveloppement, d’après
la corrélation entre les différents indicateurs effectivement utilisés et l’indiceglobal
contenant le maximum d’information.Cependant,
le calcul des coefficients de corrélation nepeut
pas être effectué directementpuisqu’au
moment ou nous devrions calculer la valeur de ces
coefficients,
nous ne dis-posons pas encore de la série des I-distances dont le calcul nécessite la con-
naissance du classement des indicateurs que nous ne sommes
qu’en
train derechercher.
En se trouvant ainsi dans un cercle
fermé,
nous nous demanderons s’il est au moinspossible
de résoudre leproblème
du classement des indicateurs dedéveloppement
enappliquant
la méthode d’itérationapproximative.
Remarquons,
toutd’abord,
que dans notreproblème peuvent
appa- raître deux cas extrêmes. Dans lepremier
cas, tous les indicateurs sontindépen-
dants et le
problème
de lamultiplication
des mêmesquantités
d’informationne se pose
plus.
Dans l’autre ladépendance
de tous les indicateurs choisis parrapport
à l’un d’eux est totale. Lesquantités
d’information de tous les indica- teurs sont alors contenues dans celui de l’indicateur dominant. Dans les deux cas, onpeut
sans aucune difficulté établir la série des I-distances et déterminer ensuite l’ordre des indicateurs parrapport
à leurdegré d’importance.
Cependant,
dans lapratique,
on se trouvegénéralement
entre ces deuxextrémités. Mais on
peut
direqu’on
se trouvetoujours
soit dans la situation où un indicateur contient laplus grande partie
de l’informationglobale
sur leniveau de
développement
des pays, soit dans la situation où l’on nepeut
pas affirmerqu’un
indicateur est, d’unefaçon évidente,
dominant parrapport
auxautres.
Le
premier
cas estplus proche
du cas extrême de ladépendance
totalede tous les indicateurs par
rapport
à l’indicateur dominant que du cas extrême del’indépendance
totale de tous les indicateurs. C’estpourquoi,
enpremière approximation,
nous supposerons que l’indicateur dominant contient la totalité de l’informationglobale
existant dans l’ensemble de tous les indicateurs observés.En d’autres termes, nous supposerons
provisoirement
que le niveau dedévelop- pement
d’un payscorrespond
à la valeur de l’indicateur dominant pour ce pays.En calculant la matrice de corrélation et en
rangeant
les indicateurs observésd’après
l’ordre degrandeur
de leurs coefficients de corrélation avec l’indicateurdominant,
nous obtiendrons un classementprovisoire
des indicateurs dedéveloppement d’après
leurdegré d’importance.
On diraqu’il s’agit
du clas-sement de la
première étape.
En utilisant
donc, provisoirement,
cet ordred’indicateurs,
nous pouvons calculer les valeurs de la I-distance pour tous les pays considérés. Etant donné que cetteI-distance,
basée sur tous les indicateursobservés,
contientplus
d’in-formation sur le niveau de
développement
des pays que l’indicateurdominant,
nous
déterminerons,
dans la deuxièmeétape,
l’ordre des indicateursd’après
la
grandeur
de leurs coefficients de corrélation avec la I-distance de lapremière étape.
Ce serait le classement de la deuxièmeétape.
En calculant la série des I-distances
d’après
le classement de la deuxièmeétape
et en calculant les coefficients de corrélation entre les indicateurs observés et la I-distance ainsiobtenue,
nous obtiendrons le classement des indicateurs de la troisièmeétape.
On continue ce
procédé
itératifjusqu’au
moment où le classement des indicateurs estidentique
avec celui del’étape précédente.
Ce classement d’indi- cateurs est définitif car il reste invariable dans toutes lesétapes postérieures.
Dans le deuxième cas
(sans
indicateurdominant),
on estplus proche
ducas extrême de
l’indépendance
totale de tous les indicateurs que du cas extrême de ladépendance
totale de tous les indicateurs parrapport
à l’indicateur do- minant. Alors nous supposerons, dans lapremière approximation,
que tous les indicateurs sontindépendants
et que, parconséquent,
iln’y
a pas de redou- blements dans l’information.La I-distance se réduit dans ce cas à la distance F de Fréchet dont le calcul
n’exige
aucun ordre des indicateurspuisqu’ils
entrent avec le même droit dans la formule de F.En calculant les valeurs de la distance F pour tous les pays considérés et en déterminant ensuite les coefficients de corrélation entre les indicateurs observés et la distance
F,
nous obtiendrons le classement de lapremière étape
des indicateurs de
développement d’après
leurdegré d’importance.
Par la
suite,
on utilise la même méthodeitérative,
comme dans lepremier
cas, pour arriver au classement définitif des indicateurs.
Remarquons
que dans leproblème
du choix des indicateurs dudévelop- pement socio-économique
on se trouve dans lepremier
cas, l’indicateur "P.I.B.par habitant"
étant,
sans aucundoute,
dominant.Si les indicateurs de
développement observés {X1, X2,
...,sont
rangés d’après
le classement définitif et si la I-distance D pourchaque
pays est calculéed’après
ceclassement,
la mesurequantitative
del’importance
del’indicateur
Xi
sera donnée par la formuleLeur ordre de
grandeur correspond
au classementdéfinitif,
c’est-à-dire :En
prenant
le groupe des pays en voie dedéveloppement
et en se limitantà 12 indicateurs de
développement,
en1968,
l’ordred’importance
de cesindicateurs était le suivant :
D’après
cesrésultats,
on constate que lesindicateurs,
tels que le tauxd’alphabètes
et lapart
des industries manufacturières dans leP.I.B.,
sontparmi
lesplus
faibles informateurs sur le niveau dedéveloppement
des pays dans l’ensemble des indicateurs observés.Cependant,
mis à part le P.I.B. parhabitant,
c’estprécisément
ces deux indicateurs que le Comité de laplanification
du déve-loppement
des Nations Unies a choisis pour identifier le groupe des pays les moins avancés.4. PUISSANCE DISCRIMINATIVE D’UN INDICATEUR
Comme mesure de la
puissance
discriminative de l’indicateurXi
dansl’ensemble des pays
P,
nous proposons le coefficient de discrimination dontl’expression algébrique
aurait la forme suivanteoù m
représente
le nombre de pays dans l’ensembleP, ki
le nombre de diffé- rentesvaleurs,
queXi prend
dans l’ensemble P etm,j
le nombre de pays dont la valeur deXi
estxij.
Remarquons
que ce coefficient n’a pas la mêmesignification
que le coef- ficient devariation, qui
mesure ladispersion
moyenne relative deXi
dans P.Ainsi,
dans notreexemple
illustratif de troisrépartitions
où la diversitéde la
puissance
de discrimination est évidente(avec
les coefficients de discri- minationrespectifs 0.322,
0.300 et0.267),
le coefficient de variation est presque constant(0.288,
0.286 et0.283).
5. - INFORMATION GLOBALE D’UN GROUPE D’INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT
Afin de déterminer la
quantité
de l’informationglobale,
contenue dansl’ensemble de k indicateurs choisis
Xl , X2,
...,Xk,
il faut s’en tenir aucritère relatif au choix des indicateurs de
développement qui
a été formulé dans leparagraphe
2 etqui
nousimpose
de tenircompte
dudegré d’importance
de
chaque indicateur,
des redoublements dans l’information contenue dans les différents indicateurs et de lapuissance
discriminative dechaque
indicateur.Supposons
que lesindicateurs {X1, X2
... ,Xk}
soientdéjà
ordonnésd’après
leurdegré d’importance.
La contribution
globale
de cet ensemble d’indicateurs dansJ’évaluation
du niveau dedéveloppement
des pays observés est donnée parl’expression
où
CDi(P) représente
le coefficient de discrimination de l’indicateurXi
dansl’ensemble des pays P et
rji.12...j-1
le coefficient de corrélationpartielle
entre les indicateurs
Xi
etXj.
Cette
expression
est croissante ethomogène
parrapport
auxpuissances
discriminatives des indicateurs choisis.
Chaque puissance
estpondérée
de tellefaçon
que la contribution de l’indicateurcorrespondant
dans l’informationglo-
bale est d’autant
plus importante
que le rang de l’indicateur estplus
élevé ellescorrélations
partielles,
entre cet indicateur et ceuxqui
luiprécèdent, plus
faibles.Si tous les indicateurs sont mutuellement
indépendants,
l’informationglo-
bale devient la somme despuissances
discriminatives de tous les indicateurschoisis,
c’est-à-direet si entre eux existe une
dépendance fonctionnelle-linéaire,
l’informationglobale
se réduit à lapuissance
discriminative dupremier indicateur,
c’est-à-dire àSi l’ensemble des indicateurs choisis
peut
êtrepartagé
en deux groupes mutuellementindépendants,
l’informationglobale
sera la somme des infor- mationsglobales correspondant
à ces deux groupes d’indicateurs.Il faut encore
souligner
que,d’après l’expression analytique
de l’infor-mation
globale (5.1),
lespuissances
discriminatives de tous les indicateursreprésentent
desquantités
additives et que l’utilisation du facteur depondération
fait soustraire la
quantité
d’information de l’indicateurXi déjà
contenue dansl’information des indicateurs
qui
luiprécèdent
par ordre de leurimportance.
6. - LISTE OPTIMALE D’UN NOMBRE REDUIT DES INDICATEURS DE DEVELOPPEMENT.
La
question
fondamentalequi s’impose
dans leproblème
du choix d’une liste des indicateurs dedéveloppement
est la suivante : Si nousdisposons
d’uneliste maximale de n
indicateurs,
comment la réduire en une liste de k indicateurs(k n),
mais de tellefaçon
que l’ensemble de ces k indicateurs contienne unequantité
d’informationglobale
sur le niveau dedéveloppement
des pays observésplus
élevée quen’importe quel
autre ensemble de k indicateurs choisisparmi
les n indicateurs de la liste maximale.
Supposons
que les indicateurs{X1, X2,
... ,Xn}
soientdéjà rangés
d’après
le classement définitif et queest un sous-ensemble ordonné de k
indicateurs,
oùLa contribution
globale
de cet ensemble d’indicateurs dans l’évaluation du niveau dedéveloppement
des pays est,d’après (5.1),
La liste
optimale
de k indicateurs sera constituée alors par le groupe{X03B1, X{3’
... ,X03BA} qui
maximisel’expression (6.1).
En d’autres termes, la listeoptimale
sera formée par les indicateurssi
Même en utilisant un
ordinateur,
la détermination de cette listeoptimale
ne sera pas facile si la liste maximale contient un
grand
nombre d’indicateurs.Cependant,
dans lapratique,
de hautes instances -telles que, parexemple,
l’Assembléegénérale
des NationsUnies,
ou le Conseil pour le Commerce et leDéveloppement
de la CNUCED oul’ECOSOC,
etc.-qui,
endéfinitive,
décidentet
adoptent
une liste d’indicateurs dedéveloppement, pourraient imposer
d’a-vance un certain nombre d’indications et laisser aux
experts
le soin decomplé-
ter cette liste afin de la rendre
optimale.
Peut-être que cette liste ne seraitplus
la meilleure
possible,
mais sur leplan technique,
il serait bienplus
facile d’exé- cuter des calculs.Soit
Xl, X2 ,... , p p les
p indicateurs fixés d’avance etXip+1,Xip+2,..., Xik
les
(k-p)
indicateursqu’il
faut choisirparmi
les(n-p) indicateurs
de la listemaximale. Pour une combinaison de
(k-p) indicateurs,
nous pouvons ordonner l’ensemble formé par l’union de cette combinaison et les p indicateurs fixésd’avance,
c’est-à-dire .L’ordre
de ces indices sera établid’après
ledegré d’importance
des indi-cateurs
correspondants.
La liste
optimale
sera maintenant constituée par les p indicateurs fixés d’avance et les(k-p) indicateurs {Xv, X03BC,
... ,Xk}
pourlesquels
Enfin,
si les k indicateurs sontdéjà choisis,
soit en les fixant d’avance soiten les identifiant par le
procédé (6.2)
ou par leprocédé (6.3),
onpourrait
se poser la
question
de savoir comment identifier l’indicateurXk+1, qui
appor- terait l’accroissement maximum à l’informationglobale C(l, 2,
... ,k).
Ce sera l’indicateur
Xw
sipour
Si l’on considère
séparément
le P.I.B. parhabitant,
le groupe d’indicateurséconomiques
et le groupe d’indicateurs.sociaux,
la listeoptimale
contiendrait le P.I.B. parhabitant,
le groupe{X03B1,
... ,X03BA}
et le groupe{Ya,
... ,Yk}
pourlesquels
Remarquons, cependant, qu’il faudrait,
dans cecas-ci,
calculer le coefficient de corrélation collectiveRxy
pourchaque
combinaison{Xi1,
...,Xik}
et{Yj1, ...,Yjk}.
7. -
CONCLUSIONDans cette
étude,
nous avonsessayé
deprésenter
unprocédé permettant
d’établir une listeoptimale
d’indicateurs dudéveloppement
dont lesstatistiques
serviraient pour l’évaluation et les
prévisions
dudéveloppement
dans laDeuxième Décennie.
On commence par l’établissement de la liste maximale des indicateurs de
développement
en réunissant les différentes listes utiliséesjusqu’à présent
ainsi que d’autres indicateurs
qui
ont éténégligés
ouignorés
dans lepassé.
Le
procédé consiste, ensuite,
à évaluerquantitativement
lapuissance
discriminative ainsi que
l’importance
dechaque
indicateur de cette liste maximale.On définit l’information
globale
d’un groupe d’indicateurs comme une somme de coefficients de lapuissance
discriminative de tous les indicateurs de ce groupe dont les coefficients depondération correspondent
àl’importance
des indicateurs et éliminent les redoublements des mêmes
quantités
d’infor-mation. La liste
optimale
d’un nombre réduit d’indicateurs dedéveloppement
sera alors formée par les indicateurs
qui
maximisent laquantité
de l’informationglobale.
Etant donné l’absence ou la mauvaise
qualité
des donnéesstatistiques
d’ungrand
nombre d’indicateurs de la listemaximale,
le coût et letemps
nécessaires pour introduire de nouveaux indicateurs dans lesystème statistique
des paysen voie de