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Academic year: 2022

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Les minorités ethniques ou nationales : entre renouvellement et permanences

Ethnic or national minorities : between renewal and permanence

Proposition d’appel à contributions pour Belgéo Guest editors :

-Franck Chignier-Riboulon (Professeur à l’Université Blaise-Pascal, Clermont-Ferrand) franck.chignier-riboulon@univ-bpclermont.fr

-Anne Garrait-Bourrier (Professeur à l’université Blaise-Pascal) anne.garrait@wanadoo.fr

-Stéphane Rosière (Professeur à l’université de Reims Champagne-Ardenne) stephanerosiere@orange.fr

Les coordinateurs de ce numéro de Belgéo souhaitent réfléchir sur le thème des « minorités ethniques ou nationales » deux concepts plurivoques entendus ici de façon souple, mais inscrits dans la lignée de P. Poutignat et J. Streiff-Fénart décrivant des groupes qui « n’existent que par la croyance subjective qu’ont leurs membres de former une communauté » (1995, p.39).

Dialectiquement liée à l’existence d’une majorité, la minorité — population en demande de reconnaissance d’une différence — est “ethnique” éventuellement d’un point de vue racial mais surtout par l’existence de “marqueurs ethniques” (langue, religion, culture, ou autres) qui lui sont spécifiques. L’aspiration à se différencier s’exprime de multiples façons, institutionnelles ou non, et aboutit à des situations très diverses, entre résistance et coopération, entre intégration forcée et autonomie. La volonté de distinction implique reconnaissance dans la loi comme dans les discours. La façon de nommer les lieux, les individus ; les statuts accordés ou revendiqués ; la visibilité dans l’espace politique et social sont autant d’éléments caractérisant l’altérité. Les problématiques liées aux minorités ethniques ou nationales qui avaient attiré l’attention des Political geographers de l’entre-deux-guerres (Isaïah Bowman dans son New World) sont nombreuses et les coordinateurs ce numéro de Belgéo se proposent de mettre l’accent sur trois d’entre elles.

The coordinaters of this issue of he Belgéo review plan to reflect about the « ethnic or national minorities », two polysemous concepts here perceived in a way opened to interpretation even if they are inscribed in P. Poutignat and J. S...’s definition, when they state that these groups “only exist thanks to the subjective belief their members share that they constitute a community.” The minority group is dialectically linked to the existence of a majority. It claims for the recognition of its difference. It can be said “ethnic” because of racial parameters but above all because of the presence of linguistic, religious, cultural or other discriminating and specific markers. The will to be different expresses itself in various ways – instutional or not – and leads to very diverse situations, located between resistance and cooperation, forced integration and autonomy. The way to name places, individuals, but also their status – granted or claimed for – their visibility in the social and political space, are elements characterizing the notion of “otherness”. The

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questions related to minority groups that the political geographers tackled in between the two world wars (like IB) are very varied and we would like to select just three:

Les maillages politiques : découpages et (re)constructions de territoires/Political links : the sharing of territories

Le territoire est un enjeu entre majorité et minorité. Dans cette perspective, le découpage administratif permet tout aussi bien de restituer et valoriser le territoire d’une minorité dans un ensemble plus vaste que de contribuer à sa dilution (les Tibétains en Chine). De ce point de vue, l’Union soviétique fut un laboratoire du découpage pseudo-national qui a influencé nombre d’États fédérés. Cependant, la logique du découpage et de ses enjeux ne se limite pas à l’action de l’Etat : de la même manière, les minorités revendiquent fréquemment des territoires, parfois plus vaste que l’aire administrative (comme au Pays basque où les nationalistes revendiquent la fusion avec la communauté autonome de Navarre, dont la partie sud n’est pas bascophone, mais aussi la réunification avec le pays basque français). La question des frontières des entités « autonomes » est alors multiscalaire (entre régions, comme entre États) et cause de tensions que les contributions pourront souligner.

Territory is a key notion relating the minority to the majority. The administrative repartition of territory can revalorize the space of existence of a minority as well as it can lead to its extinction.

(see the Tibetans in China). To that extent, the Soviet Union provides a good example of a pseudo-national repartition which influenced many other federal states. Nevertheless, the logic of repartition is not only a matter of State: in the same way, minorities often claim for territories much broader than their administrative boundaries (see the Basque country, where the autonomists ask for a fusion with the autonomous community of Navarre, whose southern part is not even Basque-speaking). The question of boundaries between “autonomous” entities is thus muti-scaled (between regions, or States) and it raises many tensions.

Stratégies d’acteurs: synergies et résistances culturelles et politiques Active strategies : synergy and cultural and political resistance

L’existence de minorités ethniques ou nationales implique a minima un jeu à trois types d’acteurs : minorité, majorité et État. Les minorités sont fréquemment soumises à des politiques plus ou moins ouvertes d’assimilation, le plus souvent menées par des majorités qui se sentent menacées. L'État, et plus particulièrement l'État-nation centralisé, est à la fois un acteur et un outil dans ce type de luttes. Il justifie les politiques d'assimilation par des considérations variées dont la réparation paraît être une constante. Le processus, clairement assumé, doit permettre réparation (d’une annexion, colonisation, etc.) et le retour à une situation antérieure ou normalisée plus ou moins mythique. Mais les processus d'assimilation peuvent aussi concerner la majorité (à l’échelle de l’État mais qui ne l'est pas forcément à l’échelle régionale ou locale).

Chaque groupe développe des stratégies de résistance dont les acteurs sont aussi divers que les moyens d’action. Les revendications des minorités sont portées par divers types d’organes politiques et structures : partis politiques (qui vont des forces rattachistes ou sécessionnistes aux partis favorables à la collaboration avec l’Etat ou vit la minorité), des associations culturelles et des médias dont les stratégies peuvent être mises en exergue.

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The existence of ethnic or national minorities basically implies a three-dimensional interaction:

minority, majority and States. The minority undergoes more or less developed policies of assimilation led by majorities feeling endangered. The central State – the Nation often – plays a key role in this situation. The notion of “restoration” is an important incentive in the state actions and the aim is the return to a mythical previous state of normality. But restoration can also be a necessity felt by the central State itself (local or regional) and each part has its own strategies.

The minority groups have their claiming carried by various associations and political structures:

political parties, cultural associations, local media, activists who may be favorable or opposed to the State the group lives in.

Multiculturalisme et concurrence des légitimités/ Multiculturalism and the opposition of legitimacies

Les textes pourront observer les stratégies développées par des minorités au sein d’États peu ou prou « officiellement » multiculturelles (Canada, Brésil, États-Unis, Inde). Dans ces situations de reconnaissance, les groupes ethniques entrent en concurrence pour faire entendre leurs demandes de droits et leurs revendications. La donne en est alors changée ; la multiplication des groupes, les réalités démographiques et les capacités à se faire entendre créent des formes de concurrence des légitimités, et des interrogations possibles sur les définitions de l’intérêt général et de la nation. Le Canada actuel résume quelque peu cette réalité au travers de l’idée « d’une communauté de communautés », mais d’autres exemples sont possibles. Cette troisième partie réinterroge alors le concept de « multiculturalisme » dans son acception la plus idéologique : la dénomination accordée à une nation constituées de groupe ethniques constitués et structurés – reconnus par l’Etat (ex. des communautés hispanique, afro-américaine et asiatique, dites

« minorités officielles » aux États-Unis). Peut-on dire de cette nation qu’elle est réellement

« multiculturelle » si, par exemple, l’inter-culturalité ne fonctionne pas (pas de solidarité intercommunautaire) ou s’il existe, dans les faits, un traitement différencié des politiques de discrimination positive ? Au final, le statut même d’une « minorité ethnique » ou « nationale » ne met-il pas en péril l’idée même de « multiculturalisme » dans sa forme la plus pratique ? We can observe the strategies developed by minority groups in nations more or less « officially multicultural » (Canada, Brasil, the USA, India). In these circumstances of recognition, the ethnic groups become competitive so as to make their voices heard as far as rights and claims are concerned. The variety of groups, the demographical realities and the capacity to be heard constitute a pattern of legitimacy of recognition and possible questionings about the definition of what general interest means. Canada sums it up through the sentence “ a community of communities”, but other examples are to be found. This third part studies the concept of

“multiculturalism” in it ideological dimension: the name given to a nation made up of structured ethnic groups identified by the State (“official minorities” in the USA) Can we say this nation is

“multicultural” if, for instance, if “inter-culturalism” (solidarity between communities) does not work or if there is in actual fact, a difference of treatment in the application of the “affirmative action” law? To some extent, can the very notion of “ethnic” or “national” group jeopardize the idea of multiculturalism itself?

Références

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