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Vers la co-construction des patrimoines, entre théories et pratiques

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Academic year: 2022

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Appel à contributions Colloque international

Vers la co-construction des patrimoines, entre théories et pratiques

Engagées, participatives, partagées : patrimonialisations en devenir

UNIVERSITE DE CERGY-PONTOISE

MAISON INTERNATIONALE DE LA RECHERCHE

29-30 juin 2016

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Ce colloque souhaite interroger et mettre en débat le croisement des expertises dans la production contemporaine des patrimoines, à l’aune de la diffusion du paradigme participatif dans l’action publique. En effet, depuis quelques décennies, les processus de patrimonialisation semblent gagner en complexité en articulant des « mondes » (H.S. Becker) qui s’ignoraient ou jouissaient d’une inégale légitimité dans la définition des valeurs patrimoniales et la constitution des corpus patrimoniaux.

A des niveaux différents, les processus de sélection, de conservation et de valorisation d’objets désignés comme patrimoines intègrent de plus en plus fréquemment des formes d’expertises variées et participatives, qu’elles soient initiées par des professionnels, des chercheurs, des institutions ou par d’autres acteurs, issus de la société civile (habitants, associations…). De façon parfois très volontariste et impérative (Unesco, Convention de Faro), et en réponse à des enjeux multiples, la fabrique patrimoniale contemporaine est conçue, théorisée et pratiquée comme une co-construction impliquant des acteurs porteurs de types de savoirs considérés dans leur complémentarité.

Dans un contexte de mondialisation des flux, d’accroissement des mobilités, d’émergence de sociétés « multiculturelles » et de métropolisation des territoires, les identités, les appartenances et l’idée même de nation sont réinterrogées. Théories et pratiques patrimoniales

« participatives » questionnent ce qui fait patrimoine pour les groupes sociaux minoritaires ou marginalisés, les catégories ne partageant pas les représentations d’acteurs dominants ou experts, ou encore les habitants d’espaces peu reconnus pour leur qualité patrimoniale (banlieues, périphéries urbaines, marges…). Au-delà, ces démarches visent surtout à rendre actives, visibles et impliquées des catégories « invisibles », « sans voix » ou « peu légitimes » dans la patrimonialisation. On peut dès lors questionner ces processus de co-construction sous l’angle de la mobilisation, de l’engagement et du militantisme, ce dont témoigne, par exemple, l’invention d’un patrimoine de l’immigration en France, à la croisée des luttes associatives, de l’injonction politique et du renouvellement de la recherche académique depuis les années 1980.

La co-construction du patrimoine est dès lors pensée comme un enrichissement des discours sur le passé, lequel est fortement articulé avec le présent, et relu à l’aune des enjeux du présent.

Ces mobilisations du passé impliquant le partage et la production collective des savoirs, la (ré)intégration de récits particuliers, minoritaires ou occultés dans le « grand récit » patrimonial, reposent sur des pratiques culturelles et sociales (tourisme « alternatif » ou « participatif », collectes, balades urbaines…) renouvelées et la production de nouveaux espaces d’échanges entre acteurs. Nous souhaitons les explorer, de même que les discours qui les sous-tendent et leurs effets socio-spatiaux.

Il s’agira, dans ce colloque, d’interroger les méthodes, les espaces et les dispositifs mis en œuvre pour permettre la co-construction patrimoniale : celle-ci ne relève-t-elle pas d’un échange

« interculturel » qui implique souvent un « bousculement » des pratiques, des cultures professionnelles ou des traditions disciplinaires, et la remise en question de catégories héritées ? Chercheurs, professionnels et spécialistes acceptent-ils si facilement la « parole habitante », l’intégration d’autres discours, compétences ou formes d’expertise, à leurs approches ? Surtout, comment s’opèrent les échanges entre acteurs et la circulation des savoirs ? Comment s’envisagent le repositionnement de l’expert/professionnel/scientifique au sein du collectif, dans les interactions/négociations/conflits avec les autres acteurs, et la remise en question de son autorité (L. Smith) – laquelle constitue une perte de pouvoir parfois

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revendiquée, comme en témoignent par exemple les approches défendues par les archéologues se réclamant d’une « community archeology », plus particulièrement dans le monde anglo- saxon ?

Quelles en sont les limites et les aspects problématiques ?

Ces évolutions conduisent à l’extension/diversification des « corpus » patrimoniaux existant, que ce soit à travers l’identification de nouveaux objets « faisant patrimoine », ou la production de savoirs enrichis/augmentés sur des catégories déjà reconnues.

Dans quelle mesure les glissements sémantiques concernant le patrimoine (« patrimoine noble/ignoble », « légitime/illégitime », « exceptionnel/ordinaire ») sont-ils l’expression de l’affirmation de voix nouvelles ?

La co-construction interroge notamment ce qui, dans la diversité des formes d’attachements à l’espace ou aux objets (A. Hennion), peut faire patrimoine : usages et pratiques du quotidien (l’ancrage dans un territoire, les souvenirs d’enfance, les rapports de familiarité…), goûts, savoirs vernaculaires. Mais alors comment concilier/croiser ces derniers avec les savoirs construits selon les critères professionnels, les méthodes scientifiques ou les normes institutionnelles ? On peut également se demander en quoi ces pratiques et théories de co-construction des patrimoines participent à une re-catégorisation du monde, à travers la manière dont les acteurs définissent les groupes et les territoires à impliquer : quelles « communautés imaginées » se construisent à travers ces processus de patrimonialisation « participatifs » ? Quelles reterritorialisations du patrimoine ? En quoi les projets patrimoniaux participatifs contribuent-ils à produire des catégorisations socio-spatiales (« habitants », « exclus », « immigrés »,

« banlieue »…) - au risque de la stigmatisation et du rejet ? Ces processus participatifs ne contribuent-ils pas à masquer ou au contraire à recréer certaines injustices, marginalisations ou rapports de domination ? Ne suscitent –ils pas de nouveaux rapports de force lorsque les mémoires produites par les acteurs impliqués s’avèrent irréconciliables ou les intérêts en jeu, inconciliables ?

Interroger et contextualiser ces théories et ces pratiques de co-construction patrimoniale conduit ainsi à réfléchir aux enjeux territoriaux, sociaux et politiques des processus de patrimonialisation : que nous apprennent ces pratiques/théories qui envisagent la patrimonialisation comme un moyen de valoriser des territoires en marge, de créer du lien social, d’intégrer des minorités socialement ou spatialement exclues, ou de bousculer des hiérarchies établies ? Que nous révèlent-elles des aspirations des acteurs à la justice, démocratie, droits, intégration, désir de reconnaissance ; mais aussi de leurs capacités de résistance et d’action, de lutte contre les inégalités, de promotion des valeurs de partage et de solidarité ? Comment croisent-elles les concepts de maîtrise d’usage, de communs et de convivialisme, défendus par un nombre croissant d’acteurs? Et cependant, dans le même temps, que nous disent-elles des clivages, injustices, inégalités, et fragmentations socio-spatiales qui caractérisent nos sociétés contemporaines ? Conduisent-elles à une dépolitisation de la question patrimoniale ou à sa repolitisation ?

La variété des « cultures participatives », la multiplicité des traditions disciplinaires et des conceptions du patrimoine, sans oublier la complexité des constructions identitaires contemporaines (nationales, locales, personnelles…) se traduit par une grande diversité de pratiques en Europe et dans le monde. Le colloque propose d’envisager ces questions dans une approche comparative et en faisant intervenir chercheurs et praticiens issus de contextes nationaux différents.

Ce colloque pluridisciplinaire clôture un projet de recherche, intitulé « La patrimonialisation en question : entre culture experte et culture habitante », financé par le Ministère de la Culture et

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de la Communication, dans le cadre de l’appel lancé par le GIS IPAPIC 2014 sur

« l’interculturalité dans les processus de patrimonialisation ».

Nous encourageons les personnes intéressées à proposer des contributions intégrant les aspects suivants :

 Formes canoniques, normes, critères, conventions et déviances dans les processus de patrimonialisation

 Experts, professionnels, et scientifiques du patrimoine – acteurs et « mondes du patrimoine » - intermédiaires, médiateurs - Communautés imaginées / collectif /minorités - patrimonialisation multipartenariale / démocratie patrimoniale

 Décolonisation des disciplines/savoirs/pratiques patrimoniales - From Community/public archeology, public/engaged anthropology, public history to community heritage

 Engagement, militantisme, mobilisation et patrimonialisation - Patrimoine et légitimité/reconnaissance/intégration - Patrimoine et rapports de domination / subaltern - justice patrimoniale/droits au patrimoine

 Usages, mésusages, contre-usages du passé et co-construction/concurrence/conflits des savoirs/mémoires/valeurs - tabous/occultations in/irré-conciliabilité / divergence d’intérêts dans les co-constructions patrimoniales

 Enjeux / coûts de la co-construction/participation – durabilité /développement

 Dispositifs, outils, pratiques de la co-construction : inventaires

participatifs/collectes/balade/ tourisme – mise en réseau - Circulation et partage des savoirs - enrichissement/appauvrissement des savoirs

 Patrimoine / ville ordinaire/ territoires du quotidien - Patrimoine participatif et

périphéries (urbaines, rurales…) / nouvelles catégories (patrimoine ordinaire, banal, du quotidien…)

 Approches critiques de la participation – injonction/idéologie de la co-construction patrimoniale

Envoi des résumés : 500 mots (en anglais ou en français) à coconstructiondespatrimoines@gmail.com

Les contributions seront présentées en anglais prioritairement, en français secondairement (avec un support en anglais)

Date limite d’envoi des résumés : 15 Avril

Réponses données par le comité d’organisation : 5 Mai

Date et lieu du colloque : mercredi 29 et jeudi 30 Juin à l’Université de Cergy-Pontoise (Val d’Oise)

Contact

Laboratoire de géographie MRTE - Université de Cergy-Pontoise Elizabeth Auclair : elizabeth.auclair@u-cergy.fr

téléphone : 06 50 03 58 94

Comité d’organisation

Elizabeth Auclair, Anne Hertzog, Marie-Laure Poulot, Laure Cazeaux, Elise Garcia

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