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BIM La révolution numérique du secteur de la construction est en marche.

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Texte intégral

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Année / Jahr:

2019

BIM La révolution numérique du secteur de la construction est en marche.

Auteur / Autor:

Benoît Carron

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Benoît Carron, Avocat spécialiste FSA en droit de la construction et de l’immobilier, Professeur titulaire à l’Université de Fribourg, Genève

I. Introduction II. Généralités

A La notion

B Les sources et les appuis 1. La SIA

2. Le CRB

3. Bâtir digital Suisse (BdCH) 4. La KBOB

C Quelques distinctions D Les acteurs BIM

1. En général

2. Le manager BIM 3. Le modeleur BIM 4. Le coordinateur BIM 5. Les responsables BIM 6. Le coordinateur ICT

7. Les utilisateurs de modèles BIM E L’utilité du BIM

1. En général

2. En phase de conception 3. En phase de construction 4. En phase d’exploitation

III. Quelques éléments de la méthode BIM A La fixation des objectifs

B La détermination des besoins et des exigences d’information C Le manuel BIM du projet et ses différents éléments

1. Le plan de processus 2. Le plan d’utilisation BIM 3. Les règles de modélisation BIM 4. Le plan de coordination BIM D La collaboration BIM

1. En général

2. L’atelier de collaboration intégré 3. L’espace virtuel de projet 4. Le bureau de projet IV. L’impact juridique du BIM

A En général

B Dans les contrats passés avec les mandataires C Dans les contrats d’entreprise

V. Conclusion

L’auteur tient ici à remercier MM. Eric Baeni et Nicolas Pierret, du bureau Tekhne SA à Lausanne, et Me Aline Boitelle, avocate-stagiaire à Genève, pour leur précieuse collaboration.

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I. Introduction

Avec le BIM, la révolution 4.0 déferle sur le monde suisse de la construction. Encore confiden- tielle il y a dix ans, cette méthode de collecte, de partage et de gestion de l’information sur une maquette numérique intégrée qui nous vient des pays anglo-saxons et qui couvre l’ensemble du cycle de vie d’un ouvrage, est en passe de submerger le marché. Si les maîtres d’ouvrage privés et publics l’adoptent en masse, elle pourrait même devenir sous peu le standard, à tout le moins pour les projets complexes. Et ce malgré la résistance opiniâtre offerte par les partisans de la méthode « classique ».

Il importe donc pour les juristes et les autres praticiens de la construction de se familiariser avec cette méthode novatrice, de façon à pouvoir, le cas échéant, la servir et s’en servir utilement.

La présente conférence présente, à l’attention des néophytes, ce qu’est la méthode BIM, ce qu’elle chamboule dans le processus constructif et quelles sont les problématiques juridiques qui doivent être traitées spécialement dans les contrats qui s’y réfèrent1.

II. Généralités

L’acronyme BIM vient de l’anglais. Il est formé des lettres B (pour « Building »), I (pour « Infor- mation ») et M (pour « Modeling », « Model » et « Management »).

Le mot « Building » doit être pris au sens large. Il désigne, d’une façon générale, les constructions, qu’il s’agisse d’un bâtiment ou d’un travail de génie civil. La méthode BIM n’est donc pas can- tonnée à un type de construction particulier mais peut servir aussi bien pour des bâtiments d’ha- bitation, des centres commerciaux, des complexes industriels, des hôpitaux, des aéroports, des routes, des lignes de chemin de fer, des ponts, des barrages, des tunnels, etc.

La lettre I, pour « Information », montre que cette méthode est un processus de collecte, d’extrac- tion et d’échange de données numériques. Le BIM ne se contente donc pas de représenter graphi- quement une construction en trois dimensions (3D). Ce qu’il ajoute, c’est le fait de rattacher à cette représentation graphique un nombre considérable de données exploitables et interopérables, comme des méthodes constructives et des délais (4D), des coûts (5D), des simulations de vie d’ouvrages (6D) ou encore des opérations de maintenance (7D) 2.

Quant à la lettre M, elle recouvre trois réalités distinctes, ce qui montre, si besoin est, que la méthode BIM est un processus complexe3:

- BIM pour « Building Information Modeling ». La modélisation recouvre l’activité con- sistant à élaborer et à administrer des modèles (ou maquettes) numériques de construction (art. 1.2.3 SIA-2051).

- BIM pour « Building Information Model ». Le terme anglais « Model » se traduit en français par « modèle » ou « maquette ». Il désigne une représentation numérique simpli- fiée de la construction et de son environnement immédiat (terrain). Les maquettes BIM intègrent les propriétés physiques et fonctionnelles des différents composants de la cons- truction et du terrain, ainsi que leurs relations. Il s’agit d’une base de données numériques censée fournir une source fiable pour les décisions devant être prises tout au long du cycle

1 Pour une présentation générale du BIM, cf. not.www.objectif-bim.com.

2 Sur les dimensions du BIM, cf. not. www.objectif-bim.com, ad « BIM 2D 3D 4D 5D 6D 7D XD ».

3 MAROLF/SCHALCHER, Immobilienmanagement – Handbuch für Immobilienentwicklung, Bauherrenberatung, Im- mobilienbewirtschaftung, Zurich 2017, p. 492 ss ; SCHURTENBERGER, BIM in Europa – ein Tagungsbericht, BR/DC 2018, p. 16 ss ;AZHAR/KHALFAN/MAQSOOD, Building Information Modeling (BIM): Now and Beyond, Austral- asian Journal of Construction Economics and Building, 12 (4) 15-28, p. 15 ss.

A La notion

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de vie de la construction, de sa conception à sa déconstruction (art. 1.2.3 SIA-2051). Les maquettes BIM associent donc une base de données à un modèle 3D.

- BIM pour «Building Information Management ». Ce troisième aspect du BIM a trait au pilotage et au contrôle des processus et des maquettes BIM en vue d’une optimisation digitale de la planification, de la construction et de la gestion d’une construction (art. 1.2.8 SIA-2051). Il suppose une intense collaboration et communication interdisciplinaires entre tous les acteurs du processus constructif (maîtres d’ouvrages, architectes, ingénieurs, entrepreneurs, sous-traitants, fournisseurs, utilisateurs). La particularité de cette collabo- ration est qu’elle intervient très tôt dans le processus constructif et que, grâce aux progrès fulgurants accomplis par les smartphones, les tablettes et les logiciels dédiés, elle peut être centralisée et aisée. Le format IFC (« Industry Foundation Classes ») permet ainsi la mise en commun de données entre les différents intervenants et l’exploitation d’une base de données unique. De même, le format BCF (« BIM Collaboration Format ») les autorise à s’envoyer des commentaires ou des demandes de modification en y attachant seulement une petite partie de la maquette BIM avec des vues. Sous cet angle, la méthode BIM est bien plus que la création numérique de représentations de l’ouvrage en deux ou trois di- mensions, déjà pratiquée avec la conception assistée par ordinateur (CAO)4.

A l’initiative de la SIA, du Centre suisse d’études pour la rationalisation de la construction (CRB), de la Conférence de coordination des services de la construction et des immeubles des maîtres d’ouvrage publics (KBOB), de la Communauté d’intérêts des maîtres d’ouvrages professionnels privés (IPB) et de Bâtir digital Suisse (BdCH), un bureau de coordination de la transformation numérique dans les domaines de la planification, de la construction et de l’immobilier a été créé en décembre 2016 sous le nom de « Netzwerk-digital »5.

Ces différents organismes ont développé ou sont en train de développer des outils destinés à fa- ciliter le passage à la méthode BIM et sa bonne utilisation.

1. La SIA

Fin 2017, la SIA a sorti le cahier technique SIA-2051 « Building Information Modelling (BIM) – bases pour l’application de la méthode BIM »6. Ce cahier technique, qui fait partie intégrante de la collection de normes de la SIA (cf. SIA-2051, p. 2), s’adresse aux architectes, aux ingénieurs et aux professionnels spécialisés ainsi qu’aux maîtres d’ouvrage, aux exploitants et aux entrepre- neurs (art. 0.1.3 SIA-2051). Son objectif principal est d’instaurer une base commune de compré- hension pour la méthode BIM (cf. SIA-2051, p. 4) pour aider les maîtres d’ouvrage, les exploi- tants et les entrepreneurs à s’entendre avec les planificateurs en cas d’application de la méthode BIM (art. 0.1.4 SIA-2051).

La norme SIA-2051 définit les différents concepts utilisés, décrit le processus BIM, pose les bases de la collaboration nécessaire entre les différents intervenants, fixe leur rôle et leur responsabilité avant de donner quelques recommandations sur la structure des prestations et la rédaction des contrats. Elle n’exclut pas l’application des règlements SIA-102, SIA-103, SIA-105, SIA-108 et SIA-113 ainsi que de la norme de compréhension SIA-112 « Etude et conduite de projet » en ce

4 CADOSCH, BIM und die Arbeit am Raum, BR/DC 2015, p. 121 s; HAMAR/MAFFINI, BIM – mehr als Planung in 3D, BR/DC 2015, p. 253 ss.

5 Cf. www.netzwerk-digital.ch.

6 Sur la norme SIA-2051 en général, cf.HUBER, SIA 2051 Building Information Modelling – Grundlagen zur An- wendung der BIM-Methode, BR/DC 2018, p. 215 ss;STÖCKLI, Was BIM ist – ein Lesebericht, Revue de l’avocat 2018, p. 251 ss; BEYELER, SIA ad BIM – Der Entwurf des Merkblattes prSIA 2051, BR/DC 2016, p. 268 ss.

B Les sources et les appuis

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qui concerne la description des prestations des mandataires et la fixation des honoraires (art. 0.1.5 SIA-2051).

En 2018, la SIA a publié un Complément contractuel SIA 1001/11 (2018) « Convention com- plémentaire BIM » 7. Ce document vient s’ajouter au contrat de mandataire ou de direction des travaux lorsque les travaux de conception doivent être réalisés à l’aide de la méthode BIM. Il complète le contrat de mandataire et en fait partie intégrante. Le complément contractuel permet notamment aux parties de s’entendre sur les objectifs BIM et sur les éventuels transferts de pres- tations d’une phase partielle à l’autre, de fixer les prestations spécifiques BIM dues par le man- dataire et de convenir de leur rémunération, de régler les droits d’utilisation du modèle numérique, ainsi que de définir les responsabilités respectives du mandant et du mandataire. Le complément contractuel SIA-1001/11 est accompagné du Commentaire SIA 1001/11-K « Commentaire relatif à l’application de la convention complémentaire BIM (SIA 1001/11) ».

La norme SIA-2051 et le complément contractuel SIA 1001/11 servent de base aux autres publi- cations de la SIA suivantes:

- La documentation D 0270 (2018) « Anwendung der BIM-Methode – Leitfaden zur Verberesserung der Zusammenarbeit ». Avec cette documentation, la SIA souhaite créer un socle de compréhension commune pour l’application de la méthode BIM. Elle ex- plique, sur la base d’un projet modèle, comment mettre en œuvre la méthode BIM dans un cas concret. La documentation D 0270 n’existe pour l’instant qu’en allemand.

- La documentation D 0271 (2018) « Anwendung der BIM-Methode – Modellbasierte Mengenermittlung nach eBKP-H ». Cette documentation met en œuvre la norme SIA- 2051 et la documentation D 0270 dans le domaine du calcul de quantités. Elle n’a pas encore été traduite en français.

La SIA prévoit de publier d’autres documentations consacrées au BIM, soit:

- la documentation D 0272 « Anwendung der BIM-Methode – Räumliche Koordination », - la documentation D 0273 « Anwendung der BIM-Methode – Bestandsaufnahme », et - la documentation D 0274 « IFC in der Praxis ».

2. Le CRB

Le CRB, qui s’attache, d’une façon générale, à rationaliser l’acte de bâtir en standardisant la com- munication entre tous les partenaires de la construction8, s’est attelé à différents programmes liés au BIM, à savoir:

- Le développement de « Product Data Templates » (PDT) génériques. Les « Product Data Templates » sont des supports de données qui permettent de définir les propriétés de différents produits sur la base de standards reconnus. La CRB souhaite définir des sets d’attributs pour les éléments, les éléments partiels et les composants actuels des codes des coûts de construction « eCCC » et « eCCC Gate » ainsi que la mise à disposition des fi- chiers IFC correspondants.

- L’extension de la plate-forme d’information sur les produits et les matériaux PRD existante9 en une véritable bibliothèque BIM. Cette extension passe par la mise à dis- position de « Product Data Sheets », qui sont des « Product Data Templates » qui ont été remplis par les fabricants des produits.

7 Pour une présentation du complément contractuel SIA 1001/11 (2018), cf.MARTI, Die neue SIA-Zusatzvereinba- rung BIM (SIA 1001/11), BR/DC 2018, p. 221 ss.

8 Cf. www.crb.ch.

9 Cf. www.bauen-digital.ch.

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- Le développement des services web correspondants. Cela passe par la mise à disposi- tion de services en ligne, avec lesquels les données d’utilisateurs requises dans le contexte de la thématique BIM peuvent être utilisées.

3. Bâtir digital Suisse (BdCH)

Bâtir digital Suisse (BdCH) est une plate-forme destinée à favoriser la transformation numérique de l’industrie suisse de la construction et de l’immobilier. Son objectif est de permettre la numé- risation et la coopération continue de toutes les parties concernées tout au long du cycle de vie d’un immeuble. Elle développe des instruments pratiques destinés à tous les acteurs du secteur de la construction et de l’immobilier et contribue à la réglementation et à la normalisation des pro- cessus à l’échelle nationale et internationale10.

Le site de Netzwerk-digital (www.netzwerk-digital.ch) mentionne les projets et réalisations de BdCH suivants:

- Le plan par étapes BIM. Il s’agit d’un modèle abstrait qui indique la voie à emprunter pour l’utilisation de la numérisation dans le domaine de la construction en tenant compte des aspects de la planification, de la construction et de l’exploitation. L’objectif du plan par étapes est d’introduire progressivement la numérisation dans les secteurs de la cons- truction et de l’immobilier en Suisse. Ce plan concerne principalement les bâtiments et leurs infrastructures.

- Les projets pilotes BIM en Suisse. BdCH souhaite créer, en collaboration avec ses membres et des experts, un recueil de projets pilotes en cours ou achevés qui intègrent des aspects partiels de la numérisation. Les résultats, positifs ou négatifs, du recours à la mé- thode BIM y seront présentés avec franchise, de façon à mettre en lumière les optimisa- tions possibles et à améliorer l’opinion des utilisateurs potentiels.

- Les lignes directrices BIM. Ce projet porte sur la création d’une base indépendante des logiciels, de façon à permettre la collaboration dans le cadre des flux d’échanges. Les points faibles actuels sont identifiés et des instructions concrètes sont fournies, qui indi- quent comment mettre en place avec succès la méthode BIM. En plus des flux d’échanges courants, les lignes directrices contiennent des recommandations qui s’adressent à toutes les personnes impliquées.

- Le projet « LOD ». Le projet s’attache à définir le « Level of Development » pour chaque groupe de composants selon les phases, les cas d’utilisation, les langues et les classifica- tions, de façon à permettre une saisie et une mise à disposition des informations uniformes et constantes.

- Le « Wiki/Blog » BIM. Ce projet porte sur la création d’un site internet élargi destiné à la recherche d’informations et de termes concernant la méthode BIM ainsi qu’à leur dif- fusion au travers de la plate-forme de communication et de la base de données de BdCH.

- Le catalogue des rôles et des prestations. BdCH souhaite identifier les prestations ordi- naires et les prestations à convenir spécialement en lien avec la méthode BIM et réfléchir sur les incidences de celle-ci sur le déroulement des phases partielles SIA (prestations anticipées ou différées). A cet égard, l’élaboration d’une check-list simple et efficace doit permettre d’éviter aux parties de commettre des erreurs graves lorsque le maître d’ouvrage commande la méthode BIM.

- Le plan d’utilisation BIM. Il se fonde sur le plan par étapes mentionné ci-dessus et con- crétise ses exigences en lien avec le niveau de prestation souhaité. Le plan d’utilisation

10 Cf. www.crb.ch.

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BIM définit les utilisations standards requises et les options possibles en matière d’utili- sation, de processus et de qualification. Il traite des questions de savoir quelles informa- tions doivent être saisies et gérées, à quel moment, avec quel niveau de détail et par qui.

4. La KBOB

En janvier 2018, la KBOB a publié des « Recommandations concernant l’utilisation du BIM ».

Ce document a pour but de favoriser une compréhension commune de l’utilisation du BIM par les services de la construction et des immeubles des maîtres d’ouvrage publics, de façon à ce qu’ils puissent appréhender le BIM de façon uniforme.

De son point de vue, la méthode BIM doit contribuer à la prise en compte de l’intégralité du cycle de vie des immeubles et à la mise en place, par les pouvoirs publics, d’une gestion permanente des données relatives à leurs constructions, incluant toutes les phases et toutes les unités organi- sationnelles. Les recommandations de la KBOB portent donc moins sur le déroulement concret des projets BIM que sur l’inclusion judicieuse du BIM dans le contexte général du mandat de prestations des maîtres d’ouvrage publics (ch. 1 des recommandations).

Pour le surplus, la KBOB envisage d’élaborer des moyens auxiliaires pragmatiques et orientés vers la pratique, par exemple des aide-mémoires, des modèles, des listes de contrôle ou encore des prescriptions relatives aux appels d’offres qui soient adaptés aux ouvrages construits avec la méthode BIM. Elle vise également à mettre sur pied une plate-forme d’échange d’informations ouverte aux maîtres d’ouvrage publics ainsi qu’aux investisseurs et propriétaires immobiliers proches des maîtres d’ouvrage publics (ch. 16 des recommandations).

En fonction de l’étendue de la collaboration souhaitée et du type de flux de données mis en place, on distingue le « Little BIM » du « Big BIM »:

- Le « Little BIM » désigne l’application de la méthode BIM qui se limite à quelques dis- ciplines et qui renonce à l’échange et à l’utilisation commune de modèles numériques d’ouvrage (art. 1.2.4 SIA-2051). Dans ce cas, les informations sont échangées de manière conventionnelle par le biais de plans, de coupes 2D et de documents y relatifs (art. 3.3.1.1 SIA-2051).

- Le « Big BIM » correspond à une application interdisciplinaire de la méthode BIM (art. 1.2.5 SIA-2051), avec un échange de données structuré sous la forme d’un modèle numérique de l’ouvrage utilisé en commun et qui peut être traité par le destinataire sans charge de travail importante (art. 3.3.1.1 SIA-2051).

Selon les formats de fichier utilisés (ouverts ou propriétaires), on établit également une distinction entre l’« Open BIM » et le « Closed BIM »:

- L’« Open BIM ». Dans ce système, l’échange de données relatives aux modèles numé- riques s’opère en utilisant des formats de fichiers ouverts et non-natifs comme l’IFC (pour

« Industry Foundation Classes »; cf. SN ISO 16739) (art. 1.2.5 et 1.4.26 SIA-2051). Une collaboration « Open BIM » n’est possible que lorsque toutes les applications peuvent échanger des données entre elles (art. 3.3.1.2 SIA-2051).

- Le « Closed BIM ». Cette expression désigne une solution dans laquelle l’échange de données est lié à un logiciel utilisant des formats de fichier fermés propriétaires (art. 1.2.7 SIA-2051).

Les formes de collaboration entre les intervenants permettent de procéder à la distinction supplé- mentaire suivante:

C Quelques distinctions

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- Les modèles isolés. Le travail sur de tels modèles (« Little BIM », « Closed BIM ») sert à optimiser le bénéfice de l’entreprise (augmentation de l’efficience et assurance qualité).

Le plus souvent, le modèle isolé est interne à l’entreprise. La collaboration avec les autres intervenants du projet repose sur des documents qui peuvent se présenter sous la forme de tableaux, de textes ou de plans générés à partir du modèle numérique de l’ouvrage (art. 3.3.3.1 SIA-2051).

- Les modèles indépendants. Ils sont utilisés lorsque les exigences ne peuvent être repré- sentées avec un seul modèle. L’objectif est d’accroître l’efficience et la qualité à l’échelle de plusieurs domaines spécialisés. Les différents modèles spécialisés sont élaborés avec les propres logiciels et échangés sous la forme de tableaux, de textes ou de modèles spé- cialisés. La transmission des modèles spécialisés aux intervenants du projet utilise un for- mat d’échange ouvert, pouvant être lu par les logiciels destinataires (par ex. IFC). Les différents modèles spécialisés ne sont pas regroupés pour d’autres évaluations. Les retours sont traités séparément dans les modèles spécialisés. Les modèles spécialisés sont le plus souvent administrés de manière décentralisée (art. 3.3.3.2 SIA-2051).

- Le modèle commun. Le travail sur un modèle commun (« Big BIM », « Closed BIM ») est la somme des modèles partiels et spécialisés synchronisés. Tous les intervenants tra- vaillent, avec le même logiciel (type, version, etc.), sur les modèles partiels et spécialisés concernés dans le cadre de cycles d’échange définis. Le fait de travailler sur un modèle de coordination commun a pour but d’augmenter l’efficience de la collaboration (art.

3.3.3.3 SIA-2051).

- Les modèles partiels et spécialisés harmonisés, le modèle de coordination. Le travail avec des modèles partiels et spécialisés harmonisés au sein d’un modèle de coordination (« Big BIM » ou « Open BIM ») vise à réduire les informations redondantes et à optimiser ainsi la qualité, l’efficience et l’efficacité de la collaboration. Cela permet d’analyser les données sur l’ensemble du projet et d’optimiser ainsi le projet. La collaboration entre plu- sieurs disciplines nécessite l’utilisation d’un logiciel spécifique. C’est pourquoi l’échange de données nécessite le plus souvent des formats normés comme l’IFC (art. 3.3.3.4 SIA- 2051).

1. En général

Les projets reposant sur la méthode BIM nécessitent de faire appel à des spécialistes qui viennent renforcer les équipes du maître d’ouvrage, des mandataires (architecte, ingénieur civil, ingénieurs spécialisés), des entrepreneurs et des utilisateurs.

La fonction de directeur général du projet est ainsi modifiée. Au-delà de la conception et de la direction du processus global, la fonction de direction nécessite, outre une compréhension fonda- mentale des aspects techniques de la conception basée sur la méthode BIM, des compétences réelles en matière de planification des processus et de direction de projet. Ce besoin accru en coordination et en collaboration au sein de projets reposant sur la méthode BIM requiert des com- pétences de gestion plus grandes au niveau de la direction générale du projet (art. 4.4.1.2 SIA- 2051).

Des tâches supplémentaires doivent également être assumées dans le domaine du management BIM et de la coordination du contenu des modèles (coordination BIM et coordination technique) et de la coordination ICT (« Information and Communication Technology », en français: « tech- nologie de l’information et de la communication ») (art. 4.4.1.1 SIA-2051).

Selon l’importance et la complexité du projet, ces fonctions sont réunies ou, au contraire, séparées sur le plan organisationnel et personnel (art. 4.4.1.5 SIA-2051).

D Les acteurs BIM

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2. Le manager BIM

Le manager BIM est le spécialiste responsable de la gestion BIM (art. 1.5.1 SIA-2051). Il assure le pilotage et le contrôle des processus BIM dans une perspective stratégique et d’accompagne- ment du projet. Le manager BIM est principalement chargé d’initier, d’élaborer et de mettre à jour le manuel BIM du projet (cf. infra, p. 89). Il est également responsable de la réalisation des objectifs BIM (art. 1.2.8 SIA-2051). Le manager BIM assiste la direction générale du projet pour les questions relatives à l’organisation de l’application de la méthode BIM. Il doit bénéficier d’une vaste expérience dans la réalisation de projets de conception et de construction (art. 4.4.3 SIA- 2051).

Les tâches et responsabilités du manager BIM sont notamment les suivantes:

- l’élaboration, actualisation et mise en œuvre du manuel BIM du projet en collaboration avec la direction générale du projet, le maître d’ouvrage et les planificateurs et spécialistes impliqués,

- la formulation des objectifs BIM,

- la détermination des tâches, compétences et responsabilités BIM des intervenants du pro- jet,

- la détermination de normes et de réglementations relatives à l’élaboration, l’utilisation et l’échange du modèle (classifications, « Level of Geometry » et « Level of Information » [LOG et LOI], propriétés, etc.),

- la garantie du « reporting » sur l’application de la méthode BIM,

- l’assurance qualité pour l’utilisation de la méthode BIM dans le projet global, - la mise en œuvre de directives pour la collaboration entre les entreprises,

- l’assistance des intervenants du projet pour l’utilisation de la méthode BIM (art. 4.3.3 SIA-118).

3. Le modeleur BIM

Le modeleur BIM est le spécialiste chargé de l’élaboration et du traitement des maquettes numé- riques de la construction (art. 1.5.2 SIA-2051), en conformité avec les directives du manuel BIM du projet et des directives internes qu’il a reçues (art. 4.4.7 SIA-2051).

Les tâches et responsabilités du modeleur BIM sont notamment les suivantes:

- l’élaboration factuellement correcte et la gestion des modèles numériques de l’ouvrage, y compris les modèles de l’existant,

- la saisie et la gestion des données relatives au modèle,

- l’examen et le contrôle qualité des modèles numériques de l’ouvrage,

- l’évaluation des modèles sous la forme de plans, de listes, de visualisations, etc.,

- l’exportation de modèles numériques de l’ouvrage, ou de parties de ceux-ci, à partir du propre environnement de travail,

- l’importation de modèles numériques de l’ouvrage ou de parties de ceux-ci, vers son propre environnement de travail,

- la préparation des modèles spécialisés disciplinaires pour l’échange et l’intégration dans d’autres modèles (art. 4.4.7 SIA-2051).

En règle générale, la tâche de modeleur BIM n’est pas une fonction indépendante mais une ex- tension du contenu des profils professionnels traditionnels. Tous les collaborateurs participant à

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la conception de la construction, comme les architectes, ingénieurs, dessinateurs, chefs de chan- tier, spécialistes techniques, peuvent donc fonctionner comme modeleurs BIM. Pour compléter leur qualification technique, ils ont cependant besoin de formations complémentaires sur la con- ception avec la méthode BIM et sur le maniement des outils logiciels utilisés dans le cadre du projet ou pour la tâche de conception considérée (art. 4.4.7 SIA-2051).

4. Le coordinateur BIM

Le coordinateur BIM est chargé d’harmoniser et de contrôler les modèles spécialisés et partiels disciplinaires au sein des projets reposant sur la méthode BIM (art. 1.5.3, 4.4.1.3 et 4.4.4 SIA- 2051).

La coordination BIM inclut le regroupement de modèles numériques de l’ouvrage dans des mo- dèles de coordination, ainsi que le contrôle formel et fonctionnel des modèles numériques de l’ouvrage à l’aide de règles préétablies. Elle intervient au niveau de la direction générale du projet et peut être complétée par la coordination BIM au sein des différentes disciplines, dans le domaine des installations du bâtiment par exemple (art. 1.2.9 et 4.4.4 SIA-2051).

La fonction exige non seulement des connaissances techniques sur l’utilisation des outils de coor- dination et de contrôle (formats d’échange, vérificateur du modèle, etc.), mais aussi une expé- rience de la coordination des processus de conception (art. 4.4.1.3 SIA-2051). Outre leur compé- tence spécialisée, les coordinateurs BIM ont besoin de bien connaître les systèmes compatibles BIM utilisés; ils doivent également être en mesure de faire fonctionner les systèmes utilisés pour la coordination et la vérification des modèles.

Les tâches et responsabilités du coordinateur BIM sont notamment les suivantes:

- la participation à la détermination du besoin de coordination et à la définition des mé- thodes de coordination,

- la mise en œuvre des mesures de coordination requises,

- l’élaboration de modèles de coordination à partir des modèles spécialisés et partiels, - la vérification et validation des modèles de coordination et des modèles partiels et spécia-

lisés (vérification du modèle),

- la détermination des corrections et changements nécessaires (en collaboration avec la di- rection générale du projet et, si possible, directement avec tous les intervenants du projet), - l’élaboration et transmission des exigences de changement en collaboration avec la direc-

tion générale du projet,

- la validation des modèles pour leur transmission, en collaboration avec la direction géné- rale du projet (art. 4.4.4 SIA-2051).

Le coordinateur BIM ne doit pas être confondu avec le coordinateur technique, même si la coor- dination technique et spatiale des installations du bâtiment peut être soutenue et optimisée par l’application de la méthode BIM (art. 1.2.10 et 2.8. 4 SIA-2051). La direction générale du projet ou le coordinateur technique est responsable de la direction de la coordination technique des ins- tallations du bâtiment. Il va de soi que la coordination BIM peut, le cas échéant, être assurée par un coordinateur technique disposant des connaissances BIM nécessaires (art. 2.8.4 SIA-2051).

5. Les responsables BIM

Les responsables BIM sont les personnes qui sont chargées, en interne, de la bonne utilisation technique de la méthode BIM.

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a) Le responsable BIM du mandant

Le responsable BIM du mandant est la personne qui doit être désignée par le maître d’ouvrage pour veiller à la bonne utilisation technique de la méthode BIM lorsque celui-ci demande expres- sément l’application de cette méthode. Il assiste le mandant ou le chef de projet du mandant pour la direction du processus BIM. Il est l’interlocuteur spécialisé des responsables BIM de l’équipe de conception, et notamment du manager BIM (art. 1.5.5 et 4.4.2 SIA-2051).

Les tâches et responsabilités du responsable BIM du mandant sont notamment les suivantes:

- la formulation des exigences d’information du mandant (« EI Mandant ») de concert avec le chef de projet du mandant,

- le contrôle et approbation du manuel BIM du projet,

- la participation au processus de conception (planification de la conception), - la vérification du processus de conception BIM,

- le contrôle et approbation des livraisons de données des mandataires au mandant (art.

4.4.2 SIA-2051).

b) Les responsables BIM des bureaux d’étude

La direction des bureaux d’étude participant à la conception, à la construction et à l’utilisation de l’ouvrage définit ses besoins d’information stratégiques (Besoins d’information de l’organisation mandataire ou « BIO Mandataire ») et met en place, au sein de l’entreprise, l’organisation néces- saire à la bonne application de la méthode BIM pour le projet en question (art. 4.2.1 SIA-2051).

Ses tâches liées à la méthode BIM comprennent les éléments suivants:

- la fixation des objectifs stratégiques pour l’application de la méthode BIM,

- la détermination des responsabilités personnelles et factuelles pour l’application de la mé- thode BIM,

- l’élaboration de directives spécifiques à l’entreprise pour l’application de la méthode BIM,

- la détermination du budget (art. 4.2.1 SIA-2051).

En dehors des tâches dévolues à la direction des bureaux d’étude, un responsable technique pour l’application de la méthode BIM (responsable BIM) doit être désigné en interne. Celui-ci doit posséder une connaissance technique approfondie des systèmes logiciels utilisés.

Les tâches des responsables BIM des bureaux d’étude couvrent en principe les domaines suivants:

- l’énonciation et mise en œuvre de directives uniformes pour l’élaboration et la gestion du modèle,

- l’énonciation et mise en œuvre de règles uniformes pour les échanges de données en in- terne et avec d’autres entreprises, vis-à-vis notamment des formats de données à utiliser, - la mise à disposition de modèles et de solutions standard,

- la mise à disposition de bases de travail et d’outils, comme par exemple des catalogues d’éléments,

- l’élaboration et la mise en œuvre de directives pour la collaboration interne et avec d’autres entreprises dans le cadre de projets,

- l’assistance des utilisateurs lors de la mise en œuvre des directives internes,

- la garantie de l’échange d’expériences et d’informations dans l’entreprise et au sein d’un public de professionnels,

(12)

- la participation à l’acquisition du matériel et des logiciels, - l’entretien du matériel et des logiciels (art. 4.2.2 SIA-2051).

c) Les responsables de projet BIM des entrepreneurs

Les responsables de projet BIM sont des responsables techniques chargés, en interne, de veiller à la bonne utilisation de la méthode BIM par les entrepreneurs (art. 1.5.5 SIA-2051). Ils sont les interlocuteurs spécialisés du manager BIM ou du coordinateur BIM (art. 4.4.6 SIA-2051).

Leurs tâches sont notamment les suivantes:

- la coordination BIM au sein d’une discipline ou d’une entreprise participant au projet, - la fonction d’interlocuteur spécialisé pour le coordinateur BIM,

- la représentation de sa discipline au sein de la coordination BIM,

- l’élaboration de directives pour la conception BIM au sein d’un domaine de compétence, - l’assurance qualité pour l’utilisation de la méthode BIM au sein de la discipline,

- la préparation des modèles spécialisés disciplinaires pour l’échange et l’intégration dans d’autres modèles (art. 4.4.6 SIA-2051).

6. Le coordinateur ICT

Le coordinateur ICT (pour « Information and Communication Technology », en français: « Tech- nologie de l’information et de la communication ») est le spécialiste des technologies de l’infor- mation et de la communication du projet (art. 1.5.7 SIA-2051). Il est le garant de la mise en place de bonnes conditions techniques BIM, ce qui demande une compréhension approfondie des pos- sibilités et des limites inhérentes aux logiciels utilisés, ainsi que la maîtrise des questions de ges- tion et de sécurité des données (art. 4.4.1.4 SIA-2051).

Les tâches et responsabilités du coordinateur ICT sont notamment les suivantes:

- la coordination des systèmes logiciels utilisés,

- l’organisation de la gestion centrale ou décentralisée des données, ainsi que de la sauve- garde de données,

- l’organisation et la surveillance des droits d’accès, - l’assistance logicielle (art. 4.4.5 SIA-2051).

7. Les utilisateurs de modèles BIM

Les utilisateurs des modèles BIM sont les intervenants au projet qui utilisent les modèles numé- riques de l’ouvrage ou les informations contenues dans ces modèles sans contribuer directement à leur modélisation ou à leur coordination. Cette notion regroupe les maîtres d’ouvrage et leurs représentants (si le responsable BIM du mandant fait défaut; cf. supra II.D.5.a), les cadres des fonctions hiérarchiques et de fonctions du projet ou encore les spécialistes techniques qui n’ap- pliquent pas la méthode BIM (art. 4.4.8 SIA-2051).

Les utilisateurs de modèles BIM se servent des modèles numériques de l’ouvrage pour les inter- préter, les évaluer et les commenter, ou encore pour extraire les données spécifiques dont ils ont besoin pour leurs examens, leurs analyses ou leurs attestations. Ils disposent de simples droits d’accès en lecture aux modèles et n’ont pas besoin de connaître les logiciels de modélisation. Ils doivent toutefois comprendre les principes de conception de la méthode BIM et maîtriser les lo- giciels d’accès aux modèles (art. 4.4.8 SIA-2051).

(13)

1. En général

La méthode BIM a pour objectif de renforcer la coopération interdisciplinaire et l’échange de données entre les différents acteurs de la construction de façon à obtenir un flux de données co- hérent, coordonné et exploitable tout au long du cycle de vie d’une construction, soit de la pre- mière étape de sa conception jusqu’à son exploitation, voire sa déconstruction (art. 0.1.2 SIA- 2051).

Un aspect important des modèles numériques auxquels recourt la méthode BIM réside dans le lien qui existe entre des informations géométriques comme la forme, la position, la surface ou le volume et des caractéristiques non-géométriques comme la désignation des espaces et des parties de la construction, la matérialisation, les quantités et les qualités (art. 2.1.3 et 2.2.4 SIA-2051).

Les modèles de données permettent d’effectuer des analyses et des simulations, de façon à re- cueillir des informations; il est également possible de déduire des modèles de données des repré- sentations et des produits ou de transmettre à des tiers des sélections de données dans des formats de fichier spécifiques (art. 1.3 SIA-2051). La collaboration et l’utilisation du modèle numérique de l’ouvrage permettent de visualiser le futur ouvrage sur la base d’informations fiables (art. 2.1.3 SIA-2051).11

2. En phase de conception

La méthode BIM permet aux maîtres d’ouvrage de vérifier très tôt si les exigences qu’ils ont posées sont respectées, notamment en matière de coûts. La méthode BIM permet en effet de rat- tacher des coûts aux différents éléments de la maquette BIM (5D) et de visualiser le futur ouvrage sur la base d’informations fiables (art. 2.1.4 SIA-2051). Les maîtres d’ouvrage peuvent ainsi pro- céder aisément à des simulations qui leur montrent les incidences de leurs choix sur le coût final, la performance et l’utilité du projet. Il en résulte des décisions éclairées et une sécurité accrue lors des étapes suivantes de la conception (art. 2.1.2 SIA-2051).

En phase de conception, la méthode BIM, avec son échange de données centralisé, permet d’éviter que les données géométriques de la construction ne soient saisies plusieurs fois par des interve- nants différents. Elle facilite ainsi l’acte de construire et prévient surtout les contradictions et les incohérences que des saisies multiples ne manquent pas d’engendrer.

La méthode BIM oblige les acteurs de la construction, y compris les entrepreneurs, à coordonner leurs activités dès le début du processus de conception et le résultat de leur travail peut être vi- sualisé à chaque étape sous forme numérique (maquettes 3D). Cela empêche que des erreurs de conception et de coordination des différentes techniques n’apparaissent qu’en phase d’exécution, avec les conséquences négatives qui en résultent en termes de délais, de qualité et de coût. Cela améliore également la qualité générale du projet.

La méthode BIM assure en outre une meilleure transmission de l’information recueillie en phase de conception, qui reste attachée aux éléments des modèles numériques utilisés ou peut être re- trouvée en consultant les versions archivées des différentes versions des maquettes.

Cette méthode améliore enfin le degré de précision des différents devis. L’architecte ou l’ingé- nieur dispose en effet des quantités et des caractéristiques exactes des différents éléments, ce qui

11 Sur les avantages du BIM pour les différents intervenants et aux différentes étapes du projet, Cf. not. www.objectif- bim.com, ad « Avantages du BIM »; SCHOCH, BIM – Funktionsweise und Potenzial einer neuen Planungsmethode, BR/DC 2015, p. 61 ss; AZHAR/KHALFAN/MAQSOOD, op. cit., p. 19 ss; AZHAR/HEIN/SKETO, Building Information Modeling (BIM): Benefits, Risks and Challenges, passim.

E L’utilité du BIM

(14)

diminue la marge d’erreur. De même, l’amélioration de la coordination entre les mandataires di- minue le risque de modification de commande en cours de chantier due à des erreurs de planifi- cation ou de coordination.

Sans compter que la maquette numérique permet une planification plus fine des travaux, ce qui est source d’économies.

3. En phase de construction

Les maquettes BIM ne se contentent pas de représenter graphiquement une construction en trois dimensions (3D). Elles peuvent y rattacher des méthodes constructives et des délais (4D). La méthode BIM permet ainsi une meilleure planification du chantier en amont, ce qui favorise la rapidité d’exécution des travaux et améliore la productivité. Elle permet également aux différents acteurs de visualiser dans le temps la durée d’un événement ou la progression d’une phase de construction, et d’identifier rapidement des planifications irréalistes ou défectueuses ou encore les optimisations possibles12.

L’intensification de la coordination des différents intervenants en phase de conception améliore également la qualité de la planification et diminue considérablement le risque de voir apparaître des erreurs de conception ou de coordination des techniques en phase de construction. On évite ainsi que la planification interfère avec la construction, ce qui est favorable à l’avancement et au ratio financier du chantier. Et si des modifications doivent quand même être apportées au projet en cours d’exécution, la méthode BIM autorise un travail plus rapide et plus performant, avec moins de risques d’erreurs.

Les progrès accomplis par les smartphones et les tablettes permettent en outre aux entrepreneurs et à leurs sous-traitants de consulter la maquette BIM en temps réel sur le chantier. Le risque qu’ils travaillent sur des plans périmés disparaît ainsi. De même, le recours à des maquettes 3D favorise leur compréhension du projet par rapport à de simples plans et coupes 2D.

Il est enfin possible, grâce à la méthode BIM, d’obtenir un aperçu de la situation financière d’un projet à un moment donné. Les maquettes BIM peuvent en effet rattacher des coûts (5D) à la représentation graphique de la construction (3D) et aux délais (4D). Elles facilitent également le calcul des éventuelles modifications de commande, les variations de quantités et de matériaux avec leurs conséquences financières pouvant être extraites facilement des modèles.

4. En phase d’exploitation

Les maquettes BIM peuvent rattacher aux représentations graphiques d’une construction (3D) des simulations de vie de l’ouvrage (6D) et des opérations de maintenance (7D).

La prise en compte des besoins de l’exploitation de la construction déjà en phase de planification et la possibilité de procéder à des simulations de vie de la construction permet d’optimiser l’ex- ploitation et donc de diminuer le coût de la construction sur l’ensemble de son cycle de vie.

Avec la méthode BIM, l’exploitant peut également rattacher à la maquette numérique les infor- mations requises pour l’exploitation et l’utilisation de l’ouvrage sous forme de documents (fiches produits, manuels d’utilisation, certificats de garantie) et de données (emplacement, nombre, ca- ractéristiques et fournisseur de l’élément, expiration des délais de garantie, intervalles d’entretien, date d’obsolescence des systèmes). L’exploitation en est facilitée car il suffit au « facility mana- ger » de cliquer sur l’élément recherché de la maquette BIM pour disposer de l’information dont il a besoin, avec un risque d’erreur diminué d’autant.

12 HAMAR/MAFFINI, op. cit., BR/DC 2015, p. 253 ss.

(15)

Pour éviter que la maquette BIM remise à l’exploitant ne soit pleine de données inutiles pour ce dernier, il faut veiller à archiver indépendamment les informations et les données utilisées uni- quement pendant les phases de conception et de construction, et qui ne sont pas requises pour les autres cycles de vie de l’ouvrage (art. 3.3.5.1 SIA-2051).

III. Quelques éléments de la méthode BIM

Il ne suffit pas de choisir la méthode BIM pour que ses bénéfices et son utilité se fassent néces- sairement sentir dans le processus de conception et de construction. Cette méthode repose en effet sur l’idée qu’il ne s’agit pas de représenter un ouvrage numériquement avec le plus de détails possibles mais plutôt de n’inclure dans les modèles numériques de l’ouvrage que les informations nécessaires en fonction des objectifs du projet (SIA-2051, p. 4).

La bonne application de la méthode BIM oblige donc le maître d’ouvrage, le mandataire et l’ex- ploitant à formuler de façon claire et mesurable, lors de la première étape de travail, les objectifs du projet qui doivent être atteints par le recours au BIM. Ces objectifs peuvent concerner aussi bien la conception, que la construction ou encore la gestion de la construction (art. 2.2.2 SIA- 2051). Leur éventail englobe des aspects de l’assurance qualité, l’optimisation des processus, des effets de rationalisation, des méthodes pour trouver des solutions, l’utilisation des modèles pen- dant la phase d’exploitation, la transmission de modèles à d’autres services à fins de documenta- tion plus poussée (p. ex. pour le « permis de construire numérique » ou l’actualisation dans la mensuration officielle) (art. 2.2.4 SIA-2051).

Le maître d’ouvrage joue un rôle déterminant dans la fixation de ces objectifs. Il ne saurait en effet déléguer à ses mandataires la responsabilité de l’investissement et du retour sur investisse- ment (art. 2.2.6.1 SIA-2051). Si le maître d’ouvrage pose des exigences particulières en ce qui concerne le processus BIM ou s’il souhaite obtenir des informations particulières directement à partir des maquettes, il doit l’indiquer dans la définition du projet ou dans un complément adéquat.

Ces exigences doivent figurer séparément dans le manuel BIM du projet (art. 2.2.6.2 SIA-2051).

Les mandataires ont besoin d’objectifs clairement définis qui peuvent être déduits des objectifs du maître d’ouvrage ou avoir été développés de manière autonome sur la base de leurs propres besoins. La direction générale du projet encadre la formulation des objectifs, avec le soutien du manager BIM. Dans l’idéal, le processus devrait impliquer tous les mandataires et s’effectuer de façon collaborative (art. 2.2.7 SIA-2051).

Après avoir défini en commun les objectifs devant être atteints avec la méthode BIM, il convient de les traduire en besoins d’information du mandant, des exploitants et des mandataires. Ces be- soins d’information deviennent des exigences d’information des différents intervenants dans le cadre des conventions passées entre les parties concernées.

Pour le mandant et l’exploitant, le processus suit les étapes suivantes:

- Le besoin d’information de l’organisation mandante (« BIO Mandant ») définit, au niveau stratégique, le contexte initial du projet et garantit une harmonisation entre les objectifs du projet, d’une part, et les objectifs et stratégies de l’organisation du mandant, d’autre part (art. 1.2.20 et 2.3.2 SIA-2051).

A La fixation des objectifs

B La détermination des besoins et des exigences d’information

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- Le besoin d’information projet du mandant (« BIP Mandant ») formule, au plan stra- tégique, le besoin d’information du mandant pour le processus de conception et de cons- truction. Il pose les questions qui doivent trouver réponse grâce à l’utilisation des modèles numériques de l’ouvrage du point de vue du mandant (art. 1.2.21 et 2.3.3 SIA-2051).

- Les exigences d’information du mandant (« EI Mandant ») spécifient les informations requises par le mandant sous la forme de modèles numériques de l’ouvrage, de plans et de documents à fournir au maître d’ouvrage dans le cadre du processus de conception et de construction (« Data Drop »). Ces documents répondent aux besoins d’information du mandant (art. 1.2.24 SIA-2051).

- Les exigences d’information de l’exploitant (« EIE ») spécifient les informations né- cessaires à l’exploitation sous la forme de modèles numériques de l’ouvrage, de plans et de documents. Ces documents répondent au besoin d’information de l’organisation man- dante.

Le mécanisme est le même pour les mandataires. On définit donc d’abord leurs besoins d’infor- mation avant d’arrêter leurs exigences d’information:

- Le besoin d’information de l’organisation mandataire (« BIO Mandataire ») définit le besoin d’information de l’organisation mandataire et garantit la prise en compte de ses objectifs dans le besoin d’information du projet (art. 1.2.22 SIA-2051).

- Le besoin d’information projet du mandataire (« BIP Mandataire ») formule, sur un plan stratégique, le besoin d’information du mandataire pour le processus de conception et de construction. Cela permet de poser les questions des mandataires auxquelles le mo- dèle numérique de l’ouvrage devra répondre pendant l’élaboration et la réalisation du pro- jet (art. 1.2.23 SIA-2051).

- Les exigences d’information du mandataire (« EI Mandataire ») spécifient les infor- mations qui seront échangées entre les mandataires dans le cadre du processus de concep- tion et de construction sous la forme de modèle numériques de l’ouvrage, de plans et de documents. Ces exigences répondent au besoin d’information du mandataire (art. 1.2.25 SIA-2051).

En procédant ainsi au début de la phase de conception, on s’assure que les modèles numériques de l’ouvrage qui vont être produits présenteront la qualité requise pendant les différentes phases de vie et qu’ils pourront être utilisés comme prévu. Si cette démarche est omise, il y a un risque de ne pas générer, administrer et mettre à jour le bon volume de données, ni les données et infor- mations dont les intervenants ont effectivement besoin. Avoir trop de données peut être tout aussi problématique que de ne pas en avoir assez. Dans le premier cas, la charge de travail pour l’ac- tualisation et la gestion durables des données est plus importante, sans qu’on ne puisse tirer un bénéfice de ces données. Dans le second cas, il peut arriver que les données manquantes doivent être saisies ultérieurement, ce qui nécessite alors beaucoup de travail. C’est la raison pour laquelle il est recommandé, p. ex., de prendre en compte les éventuelles exigences de l’exploitation dès la conception (art. 2.3.1.2 SIA-2051).

Le manuel BIM du projet est élaboré par le manager BIM (1.2.8 et 4.4.3 SIA-2051) sur la base des objectifs BIM du projet ainsi que des besoins et exigences d’informations du mandant, des mandataires et de l’exploitant. Il définit les objectifs, les structures organisationnelles, les respon- sabilités et le cadre des prestations BIM. Ce manuel règle également les processus et les exigences en matière d’échange des différents intervenants (art. 1.2.11 SIA-2051).

Le manuel BIM du projet consigne tout le processus de conception, de construction et d’utilisation du projet, y compris les activités qui ne sont pas directement concernées par l’application de la C Le manuel BIM du projet et ses différents éléments

(17)

méthode BIM. C’est un instrument indispensable car le recours à la méthode BIM exige une or- ganisation précise des processus (art. 2.4.1 SIA-2051).

Il s’agit d’un instrument de gestion du projet qui est élaboré spécifiquement pour un projet donné et qui se compose pour l’essentiel des éléments suivants: 1° le plan du processus, 2° le plan des éléments BIM, 3° les règles de modélisation BIM et 4° le plan de coordination (art. 2.4.1 et 2.4.2).

1. Le plan de processus

Le plan de processus est une représentation graphique du processus de travail dans lequel les décisions, les activités, les mesures de coordination avec leurs interdépendances sont représentées dans un ordre chronologique et logique (art. 1.2.31 SIA-2051). Il découle des objectifs du projet, des contraintes de l’élaboration de projet et des exigences générales de la planification du projet.

Ce plan constitue la base pour la définition des cas d’application BIM (art. 2.5.1.2 SIA-2051).

Pour que les objectifs du projet puissent être mis en œuvre de manière systématique dans les modèles numériques de l’ouvrage, la collaboration entre les intervenants au projet doit intervenir le plus tôt possible, être la plus étroite possible et impliquer le plus grand nombre d’intervenants possible. Dans ce plan, les intervenants du projet et le maître d’ouvrage harmonisent entre eux les décisions nécessaires, les travaux de conception, les résultats de la conception, le traitement des modèles, l’utilisation des modèles et l’échange des modèles (art. 2.5.1.1 SIA-2051).

Cette coordination de la planification doit être contrôlée et mise à jour périodiquement lors des phases suivantes du projet. Elle complète et recoupe sur le fond la coordination des travaux du projet (art. 2.5.1.3 SIA-2051).

2. Le plan d’utilisation BIM

Le plan d’utilisation BIM définit les informations et les évaluations (objectifs et buts) pouvant être obtenues sur la base des modèles en fonction des disciplines et des phases du projet concer- nées (art. 1.2.12 et 2.6.1.2 SIA-2051).

Le plan d’utilisation BIM contient les éléments suivants:

- les objectifs pour l’application de la méthode BIM,

- l’utilisation préconisée du modèle en fonction de la phase de conception et de l’interve- nant,

- la forme d’utilisation et d’évaluation du modèle (art. 2.6.3.3 SIA-2051).

Les utilisations effectivement nécessaires doivent être discutées au sein de l’équipe de conception, ainsi qu’avec le mandant, les exécutants, les utilisateurs et les exploitants (art. 2.6.3.2 SIA-2051).

3. Les règles de modélisation BIM

Les règles de modélisation BIM définissent le degré d’information des modèles de l’ouvrage en fonction des disciplines et des phases (objets, éléments, propriétés, paramètres) (art. 1.2.13 SIA- 2051). Elles permettent de s’assurer que la teneur informative des modèles correspond bien à l’avancement effectif du projet (art. 2.7.1.1 SIA-2051).

Les modèles doivent offrir un soutien optimal pour la conception, la réalisation et l’utilisation de l’ouvrage. Outre la géométrie de l’ouvrage et son environnement immédiat, les modèles numé- riques renferment des caractéristiques décrivant les propriétés et les valeurs-clés des éléments de construction. Il convient aussi de pouvoir utiliser ces données indépendamment des modèles, dans des métrés ou des descriptifs détaillés par exemple. Le principe cardinal suivant régit la modéli- sation BIM: autant que nécessaire et aussi peu que possible (art. 2.7.2.1 SIA-2051).

(18)

Pour atteindre cet objectif, la teneur informative des modèles doit être harmonisée avec les phases de projet selon la norme SIA 112 « Etude et conduite de projet » en fonction du niveau de déve- loppement demandé (LOIN = « Level of Information Need »). Le LOIN décrit le niveau de déve- loppement demandé pour le projet et ses produits (modèle numérique de l’ouvrage, documents, etc.) du point de vue du mandant (art. 1.4.18 SIA-2051). Le LOIN se compose du « Level of Geometry » (LOG), qui définit le niveau de détail de la représentation géométrique d’un élément du modèle (art. 1.4.19 SIA-2051), et du « Level of Information » (LOI), qui définit la quantité d’informations non-géométriques que contient un élément du modèle ainsi que la teneur de ces informations (art. 1.4.20 SIA-2051).

Les classifications LOG et LOI dont il a été question au paragraphe précédent sont fusionnées dans les cinq catégories de LOD (« Level of Detail ») normalisées suivantes13:

- LOD 100 (« Concept Design »). La maquette 3D est développée de manière à présenter les informations à un niveau élémentaire. Les paramètres comme la zone, la taille, le vo- lume, l’emplacement et l’orientation sont définis.

- LOD 200 (« Schematic Design »). Les éléments de la maquette sont représentés graphi- quement de manière générique en tant qu’objet ou ensemble. Les dimensions, quantités, formes, positions et orientations des éléments peuvent être approximatives. Des informa- tions non-géométriques peuvent être attachées aux éléments de la maquette.

- LOD 300 (« Detailed Design »). Les éléments de la maquette sont représentés graphique- ment en tant qu’objet ou assemblage. Les dimensions, quantités, formes, positions et orientations sont précises et spécifiques aux éléments. Des informations non-géomé- triques peuvent être attachées aux éléments de la maquette.

- LOD 350 (« Construction Documentation »). Les éléments de la maquette sont repré- sentés graphiquement en tant qu'objet ou assemblage. Les dimensions, quantités, formes, positions et orientations sont précises et spécifiques aux éléments. La maquette inclut des détails et des éléments qui montrent comment la construction interagit avec les différents systèmes et les autres éléments de construction, avec des schémas et des définitions écrites. Des informations non-géométriques peuvent être attachées aux éléments de la ma- quette.

- LOD 400 (« Fabrication & Assembly »). Cette catégorie reprend le LOD 350. Les infor- mations complètes sur les détails de construction, la fabrication, l’assemblage et l’instal- lation sont rattachées aux différents éléments. Des informations non-géométriques peu- vent être attachées aux éléments de la maquette.

- LOD 500 (« As Built »). Les éléments sont modélisés tels que construits et vérifiés sur place en vue de l’entretien et du fonctionnement. Des informations non-géométriques sont attachées aux éléments de la maquette.

Le plus souvent, l’ouvrage à planifier est représenté dans plusieurs modèles (cf. supra II.C.). On distingue en particulier les types suivants:

- Les modèles spécialisés. Ce sont des modèles spécifiques à une discipline (architecture, structure, statique, installations du bâtiment, terrain, etc.) (art. 1.4.4 et 2.7.3.2 SIA-2051).

- Les modèles partiels. Ce sont des modèles qui représentent une partie donnée d’un ou- vrage (façade, armature, structure, etc.) pour réduire la complexité du traitement (art. 1.4.7 et 2.7.3.3 SIA-2051).

- Les modèles de coordination. Ce sont des modèles de l’ouvrage provisoires qui regrou- pent différents modèles spécialisés avec contrôle de cohérence. Les modèles de coordina- tion sont destinés à déceler les erreurs et à coordonner le travail. Ils ne sont généralement

13 Cf. not. www.objectif-bim.com, ad « Niveau de détail de la maquette numérique ».

(19)

pas développés davantage sur le plan du contenu, mais fournissent des bases pour le re- maniement des différents modèles spécialisés. Un modèle de coordination peut être cons- titué de plusieurs modèles partiels répartissant l’ouvrage en domaines judicieux au sens des objectifs (art. 1.4.8 et 2.7.3.4 SIA-2051).

- Les modèles de référence. Ce sont des modèles spécialisés qui contiennent les informa- tions de base pour les autres concepteurs (modèle de l’architecture, modèle de l’existant, etc.) (art. 1.4.6 et 2.7.3.5 SIA-2051).

- Les modèles de présentation. Ce sont des modèles qui sont élaborés à un moment donné pour une représentation de projet particulière et qui ne seront pas développés davantage par la suite (visualisations, etc.) (art. 2.7.3.6 SIA-2051).

- Les modèles de l’existant. Ce sont des modèles spécialisés qui représentent les éléments du projet qui existent déjà au départ du projet. Ils peuvent être réalisés au moyen d’un scanner laser ou de procédés de mesure à imagerie en 3D. Les modèles de l’existant peu- vent comprendre des constructions voisines, des données de mensuration officielle, des informations sur les canalisations, le modèle numérique du terrain, le réseau des trans- ports, etc. (art. 1.4.5 SIA-2051).

- Les modèles numériques de terrain (« MNT »). Ce sont des modèles qui représentent la surface terrestre naturelle avec les cours d’eau et les glaciers, sans prendre en compte les éléments présents à la surface comme les ouvrages ou la végétation (art. 1.4.1 SIA- 2051).

- Les modèles numérique de surface (« MNS »). Ce sont des modèles qui représentent la surface terrestre avec tous les éléments qui s’y trouvent (art. 1.4.2 SIA-2051).

- Les modèles numériques de l’ouvrage (« MNO »). Ce sont des modèles qui représentent un ouvrage ou certaines parties de l’ouvrage. Le modèle numérique de l’ouvrage complet résulte de la compilation des modèles partiels et spécialisés coordonnés, élaborés par les différents planificateurs (art. 1.4.3 SIA-2051).

- Les modèles d’information pour la phase projet (« MIPP »). Ce sont des modèles dé- veloppés sur la base des exigences d’information du mandant (EI Mandant) et des man- dataires EI Mandataire) qui servent pendant les phases de conception et de construction d’un ouvrage (art. 1.2.28 SIA-2051).

- Les modèles d’information pour la phase d’exploitation (« MIPE »). Ce sont des mo- dèles développés sur la base des besoins d’information de l’exploitant qui sont destinés uniquement à l’exploitation d’un ouvrage (art. 1.2.27 SIA-2051).

Les modèles à utiliser doivent être précisés et définis avec leur teneur informative sur la base du plan d’utilisation BIM. Il convient à tout le moins de définir, pour chaque modèle, les propriétés affectées aux éléments utilisés pour les différents « LOIN », de désigner les personnes respon- sables de la définition et de la gestion des propriétés et, enfin, de déterminer la portée du modèle.

Dans la mesure du possible, l’utilisation de catalogues d’éléments communs est recommandée (art. 2.7.4 et 2.7.5 SIA-2051).

La définition des modèles à utiliser dans le cadre du projet est une tâche de direction. Elle doit être effectuée dès le début de la conception par la direction générale du projet ou le manager BIM (art. 2.7.4 SIA-2051).

4. Le plan de coordination BIM

Le plan de coordination BIM prescrit le type et le moment des contrôles et de la coordination en fonction des modèles à élaborer. Il fixe les résultats escomptés pour le contrôle et détermine les conditions de validation des modèles numériques de l’ouvrage ainsi que la mise en œuvre des corrections (art. 1.2.15 SIA-2051).

(20)

Une grande partie des avantages de la méthode BIM provient du traitement concomitant et cohé- rent du projet par plusieurs intervenants ainsi que de la coordination permanente ou périodique des travaux de conception et des modèles utilisés. Le plan de coordination BIM sert à atteindre cet objectif en garantissant la cohérence et l’exactitude des modèles utilisés (art. 2.8.1.2 SIA- 2051).

Le plan de coordination BIM contient les éléments suivants:

- les échéances de la coordination des modèles et niveaux de développement pour le traite- ment des modèles, structurés selon les phases de conception et en fonction des interve- nants du projet,

- les modèles partiels et spécialisés à coordonner, - les formats d’échange à utiliser,

- les types et méthodes de contrôle des modèles,

- les procédures et responsabilités pour définir des changements des modèles, - les objectifs de qualité et exigences pour valider les modèles après le contrôle, - les contrôles de la qualité (« Quality Gates »),

- les directives pour l’échange de données,

- les mesures pour soutenir la coordination technique, - les exigences d’échange spécifiques (art. 2.8.5 SIA-2051).

La direction générale du projet est responsable de l’élaboration et de l’actualisation du plan de coordination. Si des managers ou des coordinateurs BIM ont été désignés pour le projet, ils par- ticipent à l’élaboration et à l’actualisation (art. 2.8.1.1 SIA-2051). Comme indiqué ci-dessus (cf. supra II.D.4 et 5), la coordination BIM doit être distinguée de la coordination technique des installations du bâtiment même si celle-ci peut être soutenue et optimisée par l’application de la méthode BIM (art. 2.8.4 SIA-2051).

1. En général

La méthode BIM peut être appliquée avec différentes formes de collaboration et différents inter- venants du projet au cours de différentes phases. Elle suppose cependant que les objectifs à at- teindre dans le cadre du projet aient été formulés clairement, ce qui impose une structuration et une organisation des données pertinentes (art. 3.1.1.1 et 3.1.1.4 SIA-2051).

Pour une bonne planification de la structure et du contenu du modèle numérique de l’ouvrage, il est recommandé de se poser les questions suivantes:

- Quels sont les objectifs à atteindre avec quel modèle de données?

- Quelles sont les données nécessaires ici et comment sont-elles techniquement structurées?

- Qui fournit les données? À quel moment et selon quel degré de qualité (exhaustivité, pré- cision thématique et de positionnement, actualité, cohérence)?

- Comment décrire des éléments de modèle pour maintenir aussi longtemps que nécessaire la neutralité vis-à-vis des produits et des systèmes?

- Sous quelle forme et avec quelle profondeur d’intégration s’effectue la collaboration? Se- rait-il possible de l’étendre?

D La collaboration BIM

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