A NNALES SCIENTIFIQUES
DE L ’U NIVERSITÉ DE C LERMONT -F ERRAND 2 Série Mathématiques
J. A. M ONJALLON
Les calculateurs analogiques itératifs
Annales scientifiques de l’Université de Clermont-Ferrand 2, tome 8, série Mathéma- tiques, n
o2 (1962), p. 131-134
<
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LES CALCULATEURS ANALOGIQUES ITÉRATIFS
J. A. MONJALLON
lng. Computer
&Special systems
europeandivision of Beckman
instruments(Conférence prononcée
au coursde la
Journéedes
con structeursde machines
àcalculer)
La
présente
communication a pour butd’exposer
dans sesgrandes lignes
un matériel de calculqui
agénéralement
trait à un domaine très voisin de celui desMathématiques,
le domaine desSciences
Physiques.
Ces ensembles de calcul sont connus sous le nomd’Analyseurs
différentiels.Le
développement
des"Analyseurs différentiels"
et d’une manièreplus générale,
des ensembles communémentplacés
sous le vocable de"Calculateurs Analogiques", pris
naissance il y a environ 25 ans, pourrépondre
à la demande croissante de machinescalculatrices, capables d’intégrer
di-rectement les
systèmes d’équations
différentielles.Depuis,
de nombreuxtypes
de calculateurs etd’analyseurs
différentiels ont été réalisés àpartir
de basestechnologiques
très diverses mais de-puis
de nombreusesannées,
nous pouvons constater que laprépondérance
des efforts et des re-cherches faites en ce
domaine,
a été axée sur laconception
et la réalisation d’ensembles calcula- teurs entièrementélectroniques.
Ceci est uneconséquence
naturelle de l’évolution considérable destechniques électroniques
au cours des dernièresannées,
encomparaison
de celles de lamécanique.
En
effet,
latechnique électronique
met désormais à notredisposition
des circuits trèsélaborés , capables
d’assurer à la foisrapidité, précision
et sécurité.Certes,
lesanalyseurs
différentielsmécaniques généralement
basés sur leprincipe
de l’inté-grateur mécanique
de Lord Kelvinprésentaient
l’énormeavantage
de réaliser desintégrations
enfonction de différentes
variables,
alors que les calculateurs paranalogie
directe etl’analyseur
dif-férentiel
électronique
nepouvaient permettre l’intégration qu’en
fonction d’une seule etunique
variablede
caractéristique "Temporelle"
d’ailleurs dite"Temps Machine".
De nos
jours,
par suite de défauts résolumentrédhibitoires,
lesanalyseurs
différentielsmécaniques
sontpratiquement
tombés en désuétude et à peuprès complètement oubliés,
en tant queprincipe
de base des calculateurs de butgénéral.
Leuremploi
se limite à des cas extrêmementspéciaux présentant
des calculs peucomplexes
et lents.Parallèlement, quoiqu’un
certain nombre de calculateurs paranalogie
directe soient encore en service et trouventégalement
leurapplication
dans des cas très
particuliers,
cestypes
de calculateurs ont vu leurchamp d’application
se res-treindre de
plus
enplus
par suite de leurimpuissance
insurmontable à la simulation desphénomènes
non linéaires.
L’apparition déjà
ancienne maintenantd’analyseurs
différentielsélectroniques
apermis
deréaliser un outil de calcul
puissant, beaucoup plus approprié
à la résolution des nombreuxproblèmes mathématiques
etphysiques
que pose la science moderne.Naturellement,
lestechniques
électro-niques,
par leur extrêmesouplesse
et leurspossibilités
de réaliser de nombreuxéquipements
decalcul non
linéaire,
furent d’une contribution extrêmement efficace dans leur essor.Il ne saurait être
questions
deprocéder
ici à unecomparaison
entre les méthodes de calculdites
"numériques"
et les méthodes"analogiques",
ce d’autant que les deux méthodes de calcul sont basées sur desprincipes "fonctionnels"
totalement différents etqu’en
aucun cas, ils nepeuvent
être mis en concurrence maisplutôt
destinés à secompléter
mutuellement.Certes,
les ensembles de calculnumérique
avec leur trèsgrande capacité
demémoire,
leursunités
arithmétiques
àgrande
vitesse et leursystème
deprogrammation simplifiée,
sont desoutils
extrêmement
puissants
de la rechercheopérationnelle mais, généralement,
le calculateuranalogique
s’avère encore
plus
efficace en tantqu’instrument d’investigation
et desynthèse.
Ceci est dû aussibien à sa
grande
vitesse decomputation qu’à
sasouplesse
dans lechangement
de programme ettriels. A titre
d’exemple,
ils sont trèsprécieux
tant dans la recherchespatiale
etaéronautique
pour l’étude du
comportement d’engins balistiques
et d’avionsultra-rapides,
que dans la recherche nucléaire pour la simulation de réacteurs àgrande puissance
et dans de nombreux autresdomaines
d’études
dynamiques.
Technologiquement,
au fur et à mesure que lesperformances exigées
desanalyseurs
dif-férentiels
électroniques
évoluaient vers uneplus grande précision
de leurscomposants opérationnels ,
une restriction de la bande
passante
devait êtreimposée
à ces machines pour satisfaire à cet im-pératif.
Pour cetteraison, l’analyseur
différentiel nepeut
être convenablementemployé
dans larecherche
statistique. Certes,
certains constructeurs ont réalisé des machinesanalogiques présentant
une bande
passante considérable,
pourrépondre
à des demandes similaires.Mais,
il faut immédia-tement
souligner
que cettelarge
bande passante se traduit endéfinitif,
par uneperte
énorme enprécision
decalcul,
car, d’une manièregénérale,
la même machine nepeut
atteindre les deux buts : trèslarge
bandepassante
etgrande précision.
Dans le
passé,
la méthode de calculanalogique
a énormément souffert de nombreuses lacunes dans la simulation des nonlinéarités, plus
encore de sonincapacité
às’adapter
à lacomputation
itérative ou
impliquant simplement
deséquations
aux dérivéespartielles,
bien que le domaine de calcul différentiel lui soitpratiquement
entièrement dévolu.Plus
récemment,
certainespossibilités
des calculateursanalogiques
avaient été accrues parun mode de calcul dit
"Répétitif",
mais ce dernier n’offraittoujours
aucune solution constructive dans les domainesprécités.
La notion extrêmement récente d’un nouvel élément
opérationnel
de calculanalogique :
L’Intégrateur
Inverse ouComplémentaire
a considérablement
changé
laphysionomie
du calculanalogique.
En
effet, l’application
de cesopérateurs
aux chaînes de calculanalogique, auquel s’adjoint
évidemment une
conception plus poussée
des commandes fonctionnelles des calculateurs apermis
un énorme accroissement de l’efficacité et de la
capacité
de résolution de tels ensembles decalcul ,
car les
techniques
decomputation
continue etincrémentielle, peuvent
être simultanément mises en oeuvre. Deplus,
l’amélioration des contrôles fonctionnelspermet
encore la mise en serviced’équi- pement
àlarge
bandepassante
etd’équipement
normaux sur la même machine. Le nouveléquipe-
ment de calcul
analogique
né de cettetechnique peut
être àproprement parlé
défini par le terme :Analyseur
différentiel itératif.Ce calculateur conserve tous les
avantages
del’analyseur
différentielclassique
mais en ad-dition,
ilprésente
la faculté de fonctionner comme la versionanalogique
d’un calculateurdigital.
En
réalité, l’analyseur
différentiel itératif ne diffère del’analyseur classique
que par la lo-gique
de ses commandes fonctionnelles et par laparticularité
d’utilisation desintégrateurs.
Les deux
types
de machinepossèdent
desintégrateurs,
des sommateurs, desmultiplicateurs , diviseurs,
résolvers etgénérateurs
de fonctions commecomposants opérationnels chargés
de réa-liser autant
d’opérations arithmétiques simples,
telles que :sommation, soustraction, multiplication , intégration
etc. nécessitées par la chaîne de calcul.La différence fondamentale est établie par la notion
d’Intégrateurs Complémentaires
et cettenotion a surtout trait à leurs conditions d’utilisation dans la chaîne de
calcul,
carpratiquement ,
les
intégrateurs complémentaires
sont de structurerigoureusement
semblable à celle desintégra-
teurs normaux.
D’une manière
générale,
lesintégrateurs complémentaires
entrent en actionpendant
lesphases répétitive
ou itérative du calcul. Disons immédiatement que le terme"Répétitif" qui
s’est introduitdepuis quelques
années dans le vocabulaire courant du calculanalogique
necorrespond
quepartiel-
lement au mode de fonctionnement propre àl’analyseur
différentiel itératif.Ce terme
qui
a d’ailleurs souventprésenté
une certaineambiguité
définit un mode de calcul basé sur unchangement
derapidité
dans l’échelle d’évolution duproblème
et un recommencementcyclique
de sacomputation
àpartir
des mêmes données.Le mode de fonctionnement de
l’analyseur
différentiel itératifpeut
êtreplus
àproprement
décrit comme la forme réelle d’itération au sensmathématique
du mot, c’est-à-dire une suite de calculs de même forme dont chacun est refait àpartir
du calculprécédent.
On
conçoit
aisément que ce mode de calculimpose
à la machine une certaine action de mé- morisation des données fournies parchaque
tranche de calcul.Cette action de mémorisation est
justement
dévolue auxintégrateurs complémentaires.
En
effet,
le circuit résistancecapacité
de cetopérateur
élémentaire en calculanalogique pré-
sente la
propriété
de suivre constamment et depouvoir
conserver l’informationanalogue qui
lui estappliquée, pendant
les intervalles de calcul oupendant
lestemps
d’arrêt et maintien du calcul(ap- pelé
souventFigeage
duproblème).
Il est donc tout à faitpossible
d’utiliser lesintégrateurs
commeélément de mémoire.
Dès lors il suffit de
procéder
à une constante commutation entre les réseauxd’intégrateurs
normaux et
d’intégrateurs complémentaires composant
un circuit de calcul pour assurer une compu- tation itérative.Il est nécessaire de
souligner
icil’importance
des circuitslogiques
des commandes fonction-nelles assurant cette commutation et la marche du calculateur dans ces conditions. Cette
logique
doit assurer une commutation
rapide
etprécise
des organes de calcul entre les fonctions :"Condi-
tions initiales -
Départ
Calcul - Arrêt et Maintien duCalcul"
de la machine.Pratiquement
ledécoupage
dans letemps
de cette commutation assure aux éléments de calcul lespositions respectives
suivantes :"Lorsque
lesintégrateurs
normaux sont enposition "Calcul" ,
les
intégrateurs complémentaires
sont enposition "Conditions initiales"
et inversement(voir figure) .
On remarque toutefois
qu’à chaque cycle
decommutation,
le calculateur s’arrête un instantsur la
position "Arrêt"
et"Maintien
ducalcul",
cet intervalle est nécessaire pourpermettre
un transfert convenable des informations entre lesintégrateurs
normaux etcomplémentaires.
Il estbon de noter
également
que tout l’ensemble de commutation est contrôlé par unsystème d’horloge
à
présélection permettant l’ajustage
trèsprécis
etindépendant
des intervalles de"calcul"
et de"conditions initiales".
De ce mode de fonctionnement
alterné,
il est trèsapparent
que les données calculées par lesintégrateurs
normauxpeuvent
être utilisées comme conditions initiales ou données d’entrée sur lesintégrateurs complémentaires
etréciproquement,
ainsi lacomputation peut
être vraiment définie et décrite comme la solution de différentsjeux d’équations
danslesquels
les données sontinterdépen- dantes,
c’est-à-dire que les conditions initiales ou les données d’entrée pour chacune d’entreelles , dépendant
des données calculées dans chacune des autres.Cette définition du fonctionnement
rejoint
trèsbien,
on le voitimmédiatement,
la définition de l’itération citéeplus
haut.Il va de soi que la
Technologie
de ce nouveléquipement
de calcul offre unecomplexité
accrue , ainsiqu’une exigence plus grande
vis à vis desperformances
de chacun de sescomposants.
Eneffet,
l’utilisation desintégrateurs
commedispositif
demémoire,
pose un certain nombre de pro- blèmes si l’information doit être retenuependant
un nombre considérable decycles d’itération ;
la dérive del’intégrateur
parexemple prend
uneimportance capitale
car elle conduirait à une sérieuseimprécision
des calculs. S’il ne nous est paspossible
de nousappesantir
ici sur tous les détailstechniques
propres à cetype
decalculateur,
nous nous bornerons néanmoins àsignaler
que par lejeu
de nombreux artificestechniques,
chacune des difficultésqui
auraientimposé
une limitation à la machine soit dans saprécision,
soit dans sonutilisation,
ont été surmontées.Quelles
sont lesperspectives
offertes à ce nouveautype
de calculateur ? Une ère nouvelle est ouverte au calculanalogique
et nous pensonspouvoir
affirmer que d’énormespossibilités
luisont ouvertes car il est indéniable que son mode
opératoire permet
un accroissement considérable descapacités
de résolution desproblèmes scientifiques
par les voiesanalogiques.
Il autoriseéga-
lement des
perspectives
d’un meilleur rendement d’ensembles decalcul, mixtes,
utilisant les tech-niques numériques
etanalogiques
parcouplage
de ces deuxtypes
demachines,
de manière àprendre
le maximum