Paris, le 4 mars 2020
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Les établissements de dialyse associatifs
demandent à la Cour des Comptes que le travail des professionnels de terrain soit pris en compte dans l’intérêt des patients
Les établissements associatifs de prise en charge des maladies rénales souhaitent apporter leurs contributions à un débat ouvert par la Cour des Comptes.
La Cour des Comptes examine, dans son rapport du 25 Février 2020, la prise en charge des maladies rénales. Plusieurs remarques faites par les magistrats apparaissent en décalage avec la réalité de terrain que connaissent les professionnels des établissements et activités de proximité.
Selon le Pr Maurice Laville, Président de la CPDAD, « Il est important de comprendre que les critères d’évaluation de la Cour des Comptes sont restrictifs et ne tiennent pas compte de tous les modèles de fonctionnement imposés par le maillage et la proximité.
Pour sa part, Anne-Valérie Boulet, Vice-Présidente de la CPDAD ajoute : « Un certain nombre d’orientations structurelles et économiques, en discussion actuellement, font courir un grave danger à l’offre de qualité proposée aux patients ».
Le maillage des offres de soins
Les prises en charge en dialyse se réalisent en unités médicalisées, à domicile ou en unités d’autodialyse. Ces soins sont organisés selon l’état de la maladie et la capacité des patients à participer à leurs soins. Il existe un maillage efficace de l’offre de soins sur les territoires. Des conventions entre acteurs garantissent la qualité et la continuité des soins.
Mais des besoins et des risques doivent être pris en compte :
➢ l’offre apportée par les unités de proximité n’est toujours pas reconnue, ni au plan national ni au plan local ;
➢ L’équilibre financier des petites unités est fragile car la proximité correspond aux besoins d’une population limitée. Il convient de les associer à des structures plus importantes pour assurer leur viabilité et garantir leur pérennité ;
➢ La dialyse à domicile demande un accompagnement par les professionnels dès les premiers jours de la prise en charge et un engagement personnel du patient en termes de logistique et d’amènagement de son espace de vie.
Comorbidités
Les professionnels de santé de la CPDAD sont engagés et mobilisés dans la prévention de l’insuffisance rénale, dans l’accès à la greffe et dans le développement de la dialyse adaptée aux besoins et attentes du patient. Ils participent et créent de nombreux programmes d’information, d’orientation et d’éducation thérapeutique. Ils sont favorables à ce que les patients puissent, quand ils le peuvent, pratiquer la dialyse à domicile.
Paris, le 4 mars 2020
Toutefois, il y a une réalité de terrain très factuelle :
➢ « le nombre de patients augmente rapidement (20 % entre fin 2012 et fin 2017) ».
➢ L’information et la prise en charge des patients lourds n’est pas toujours aisée. 40 % des patients en dialyse ont, en effet, plus de 75 ans avec de fréquentes comorbidités telles le diabète, l’obésité, l’insuffisance respiratoire et les maladies cardiovasculaires, qui limitent les possibilités de greffe et de dialyse autonome.
Caractéristiques des patients incidents en dialyse
2012 2017 Variation 2012-17
Effectif 9710 11006 + 13,5 %
Incidence (pmp) 154 172 + 1,23 % par an
Diabète (95% de type 2) 41,5 % 47,3 % + 2,7 % par an
Obésité 22,9 % 25,3 % + 1,7 % par an
Insuffisance respiratoire 13,6 % 17,1 % + 4,9 % par an
Les restrictions
La croissance des dépenses en dialyse est de 2,4 % par an depuis 2013. Cette croissance est liée à l’augmentation du nombre de patients dialysés, comme le souligne la Cour des Comptes. En effet, la France a fait le choix idéal que tous les patients accèdent, sans restriction, à l’ensemble des modalités de prise en charge. Tant à l’initiation du traitement que dans sa continuité, dans le respect de la volonté du malade.
Le Ministère a entrepris une sévère baisse des tarifs. Entre 2014 et 2019, une baisse de 16% pour les centres, 8 % pour l’UDM et de 1 à 2,6 % pour les autres modalités. Nous constatons que ces mesures de restriction réduisent la qualité des prestations et services due aux patients. Et elles ne favorisent pas le développement d’offres de proximité. Plus grave, les autorités de santé ne mènent pas de politiques incitatives pour favoriser une dialyse proche des besoins de la population.
La qualité
Les professionnels de la CPDAD sont favorables à des initiatives innovantes de financement « à la qualité ». Ces initiatives sont fondées sur l’information, la formation, l’amélioration de l’inscription sur les listes de greffe et le renforcement de l’implication des patients (Expérience Patient). Depuis le 1er octobre 2019, les établissements associatifs mettent en œuvre la réforme du financement sur la prévention, en intégrant le financement à la qualité et aux besoins spécifiques des patients.
Nous souhaitons que les décisions nationales ne soient pas contraires à l’offre de proximité, et à l’adaptation de l’offre aux besoins des patients, régulièrement réévaluée et réajustée.
Le système est en mouvement. Il faut poursuivre la dynamique sans sacrifier la qualité de prise en charge.
Nous pensons qu’il ne faut pas stigmatiser les professionnels de santé et négliger les besoins et les attentes légitimes des patients.
Paris, le 4 mars 2020
A propos de la CPDAD
La CPDAD (Conférence des Présidents et Directeurs d’Associations de Dialyse) est une association 1901. Elle est née en 2000 de la volonté de mutualiser les forces pour améliorer les pratiques.
Elle regroupe les représentants des établissements associatifs en santé spécialisés dans la prévention,
l’accompagnement et le traitement des Maladies Rénales Chroniques. Ils regroupent 24 membres représentant près de 30% des patients en Insuffisance Rénale Chronique.
La prise en charge des patients par ces établissements repose sur 4 fondements :
• Un engagement fort pour la prévention de la maladie
• Un maillage territorial favorisant l’accessibilité des soins
• Une approche individualisée des patients grâce à une offre de soins complète (intégration de toutes les modalités de dialyse)
• La qualité de services apportés aux patients et à leur accompagnant, (soins supports, innovation, thérapeutiques non médicamenteuses, intervention de spécialistes…)
La dimension humaine, de la patientèle comme des équipes, est, pour ces établissements, un enjeu central. Ils ont choisi de se regrouper au sein de la CPDAD autour d’un « contrat » commun : L’engagement et la gestion au service de l’amélioration de la prise en charge des maladies rénales.
Contact Presse ORTUS
Nicolas Merlet - 06 25 79 64 79 – nicolasmerlet@ortus-sante.fr