REPUBLIQUE TUNISIENNE
MINISTERE DE L’INTERIEUR ET DU DEVELOPPEMENT LOCAL MUNICIPALITES DU GRAND SFAX
STRATEGIE DE DEVELOPPEMENT DU GRAND SFAX PHASE II
(SDGS2)
ETUDE DES ZONES URBAINES POPULAIRES
RAPPORT DE
SYNTHESE
Étude réalisée par le Bureau d’études Architecture et Innovation
INTRODUCTION GENERALE Contexte et cadre d’étude
L’implantation des quartiers populaires en zones depuis les années 20 dans le Grand Sfax, nous offre l’image d’une spécialisation ségrégative sociale de l’espace. Si la première génération de ces quartiers était circonscrite dans la zone péricentrale d’où leur appellation locale de R'bat ou faubourgs, d'autres générations se sont développées depuis. Elles ont touché tout l'espace urbain, suburbain et périurbain. Espaces d'accueil mais aussi de refuge pour une population démunie, rurale dans sa majorité, ces quartiers vivent très souvent en marge de la vie urbaine. La qualité de la vie dans ces quartiers est déjà au départ détériorée, ce à cause de leur implantation sur des sites très souvent non urbanisables, fragiles et à nuisance.
Leur carence en équipement et infrastructure de base, a facilité l'installation de mécanismes d'exclusion. Cette situation va en s'empirant au fur et à mesure de leur densification. Des difficultés et des contraintes multiples se sont opposées à une intervention efficiente permettant d'améliorer le cadre de vie de leurs habitants, et d'amoindrir leur marginalité au sein de l'espace urbain. Pourtant, ces zones d'habitat fournissent à la ville une main d'œuvre d’exécution, nécessaire à sa croissance économique. Leur insertion dans la ville représente une forme de régulation sociale puisqu'elle contribue à un développement urbain métropolitain harmonieux et équilibré.
L’étude décidée dans le cadre d’une démarche conséquente de la Stratégie de Développement du Grand Sfax 2016, la SDGS 2, initiée par les 7 communes, projette de restreindre le disfonctionnement urbain dans le Grand Sfax englobant les 6 délégations, ce afin d’engager l’agglomération sfaxienne dans un processus de développement capable de la hisser au rang de métropole méditerranéenne. Cela implique la régulation des contradictions sociales entre quartiers aisés et quartiers populaires au sein de la ville ; d'où la nécessité de dépasser le niveau de réhabilitation/viabilisation des quartiers malaisés, pour viser un objectif plus concluant qui est celui de l’intégration urbaine. C'est en instaurant une meilleure articulation de ces quartiers avec la ville, que cet objectif serait réalisé.
L'intégration visée n'est pas seulement socio-spatiale et économique, elle est aussi identitaire. En effet, afin que le quartier ne soit pas un lieu d'exclusion, son adoption par ses habitants, est une étape nécessaire vers un sentiment d'appartenance à la ville qui l'a généré, compte tenu que l'appartenance est aussi bien fonctionnelle qu'affective. La ville ne serait donc pas uniquement un espace d’usage pour les habitants des quartiers, elle devrait être aussi un territoire auquel ils commencent progressivement à s’identifier. C'est pourquoi seul à travers la participation des habitants dans la restructuration et la revalorisation du cadre de vie de leur quartier, que le processus d'intégration peut œuvrer ; c'est cette empreinte qu'ils peuvent mettre dans leur espace de vie qui engagerait d'abord son appropriation, ensuite la communion avec la ville.
Finalité et objectifs de l’étude
Finalité de l’étude
• Hisser l’agglomération sfaxienne au rang de métropole méditerranéenne, ce à travers l’intégration urbaine des zones populaires les plus en difficulté
• Renforcer la cohésion sociale au niveau de ces zones et à celui de l’agglomération.
Objectifs de l’étude Objectifs généraux :
• Réguler les contradictions socio-spatiales dans une ville qui se veut métropole compétitive.
• Associer réellement et à tous les niveaux les habitants des quartiers populaires au développement de la ville.
Objectifs spécifiques :
• Inventorier les zones et quartiers populaires du Grand Sfax afin de maîtriser la totalité du phénomène, de mieux connaître ses caractéristiques et d’évaluer l’ampleur de sa dynamique spatiale.
• Identifier les zones populaires les plus en difficulté.
• Proposer des mécanismes d'intervention suivant la typologie des zones populaires, ce à travers des plans d’action appropriés.
Approche et techniques d’investigation
Cette étude a nécessité l’adoption d’une approche multi source pour l’acquisition de données historiques, spatiales, démographiques et sociales qui ont alimenté un SIG sous le logiciel ARC VIEW, lequel logiciel a permis le traitement de ces données.
L’approche adoptée est d’ordre social multi source, puisant dans : - Les sources bibliographiques, administratives et académiques,
- La documentation iconique, cartographique et satellitaire, était nécessaire pour entreprendre d’une part, une analyse diachronique afin d’évaluer l’évolution du phénomène étudié, son envergure spatiale et son impact spatial sur le fonctionnement urbain de la ville de Sfax, et d’autre part l’acquisition de données spatiales
- L'enquête par de terrain observation.
- L'enquête par de terrain par entretien.
- L’enquête socioéconomique par questionnaire en deuxième.
La méthodologie d’acquisition et de traitement des données
Se basant sur le logiciel ARC VIEW, et l’imagerie satellitaire, un SIG interactif pouvant être alimenté, rectifié, et permettant la prise de décision a permis la création d’une base de données spatiales et thématique utilisant l’information obtenue des différentes sources déjà citées.
Diagramme simplifié de la méthodologie de Travail
Démarche et phasage de l’étude
Se basant sur les différents outils d’investigation, la démarche suivie est d’abord une démarche diagnostic mais d’approche globalisante qui permettra l’élection de 10 quartiers prioritaires ; ensuite ces dix quartiers seront étudiés d’une manière approfondie, trois d’entre eux seront retenus pour la phase finale en vue d’une intervention opérationnelle efficiente.
Ces trois étapes de la démarche correspondent au phasage de l’étude.
Première phase :
Son objectif est de brasser le phénomène dans sa totalité, de connaître sa dimension spatiale, démographique et sociale, et d’évaluer le niveau de son intégration. Cette opération servira à inventorier les quartiers populaires sans distinction de localisation spatiale, qu’il s’agisse de zones urbaines, suburbaines ou périurbaines. Un essai de quantification du phénomène de point de vue démographique et spatial est à considérer. Deux sections constitueront le contenu de cette phase.
Première section : la finalité de cette section est de constituer un inventaire typologique des quartiers et d’évaluer la nécessité de l'intégration, ce qui correspond à un constat spatial dont l’objet est de repérer globalement le phénomène à étudier. L’espace de constat et de repérage est celui du Grand Sfax/6 délégations. Il s’agit aussi d’essayer de délimiter les quartiers sur une image satellitaire géoréférencée et de définir leurs caractéristiques
populaires récents de formation spontanée surtout dans les secteurs ruraux des délégations du Grand Sfax, ils ne sont pas encore stabilisés, et leur étalement est encore très dynamique.
Cette délimitation permet aussi de prospecter les friches d’attente en vue de l’étalement du quartier.
Deuxième section : la finalité de cette section est de dégager une typologie selon une échelle de priorité d’intervention. Une dizaine de quartiers prioritaires seront retenus, comme support d’étude de la deuxième phase en se basant sur les différentes caractéristiques spatiales démographiques et socioéconomiques des quartiers repérés.
Deuxième phase :
La finalité de cette phase consiste au choix de trois quartiers nécessitant une intervention d'urgence à travers l’élaboration de plans d’action appropriés. Ce choix est tributaire de l’étude approfondie des dix quartiers prioritaires. L’enquête par questionnaire est l’outil de base de cette phase.
Troisième phase :
La finalité de cette phase est d’élaborer des plans d’action pour instaurer au sein des quartiers élus des mécanismes d’intégration efficients. Cette phase est opérationnelle, elle devrait amorcer des processus d’intégration adaptés. Cette opération se base sur une réflexion en rapport avec les mécanismes d'intégration des quartiers populaires dans la ville, sachant que l'insertion des quartiers démunis dans la ville est aussi bien urbaine que sociale.
Il s’agit aussi de prendre en compte dans cette opération les caractéristiques du profil type du résident des quartiers populaires, connu pour être celui d’un rural migrant qui fut au cours de son itinéraire migratoire, ballotté entre différentes zones géographiques, et entre le monde rural et le monde urbain.
Première Phase
Cette phase a pour objet de réaliser en une première section le diagnostic exhaustif du phénomène des zones urbaines populaires du Grand Sfax, et d’élire dans une deuxième section 10 quartiers prioritaires.
Première section
Cette section qui représente la base de toute l’étude fut très laborieuse, puisque l’espace qui la concerne, celui du Grand Sfax, est étalé sur plus de 50 000 ha, et le phénomène à étudier est très dynamique et n’est pas totalement répertorié par l’administration concernée.
Avant de commencer le diagnostic, le lexique utilisé fut défini et une définition du quartier populaire fut adoptée. Cette définition est d’ordre spatial/urbanistique, social, et paysager. Elle a pris en compte aussi le type d’usage de l’espace et celui des pratiques sociales caractéristiques du quartier populaire, et notamment le vécu communautaire.
L’espace d’étude (figure 1, tableau 1)
L’espace d’étude est le Grand Sfax avec ses 6 délégations : Sfax El-Madina, Sfax El- Gharbya, Sakiet Ezzit, Sakiet Eddeyer, Sfax El-Janoubya et Thyna.
Le diagnostic a été réalisé au niveau des délégations certes, mais il a fallu « descendre » au niveau des secteurs des 6 délégations, communaux ou non communaux ; au total 43 secteurs ont été visités afin que le diagnostic puisse balayer tout l’espace du Grand Sfax.
Cependant, lors de ces visites, et à partir des critères fixés au préalable concernant la définition du quartier populaire sur laquelle l’étude fut basée, 15 secteurs dans lesquels le phénomène ne se présente pas furent éliminés du reste de l’étude. Les enquêtes de terrain se sont ainsi orientées vers les 28 secteurs restants. Ces derniers se répartissent entre 20 secteurs communaux, 6 secteurs non communaux et 2 secteurs de la délégation de Thyna qui englobent chacun, un espace communal et un autre non communal.
Figure1 : Espace d’étude
Tableau 1 : Délégations et secteurs du Grand Sfax concernés par les quartiers populaires
Sfax El- Madina
Sfax El- Gharbya
Sakiet Ezzit Sakiet Eddeyer
Sfax El- Janoubya
Thyna Hay‐Elkhayri Merkez
Chaker
Essedra Merkez Essebii
Gremda Thyna
Communal Communal Communal Communal Communal Communal Non communal Erbadh Hay El‐Habib Chihia Merkez
Kaanich
El‐khazzanet Sidi Abid
Communal Communal Communal Communal Non communal
Communal Non communal 15 Novembre Sokra Sidi Salah Sidi Mansour El‐Aouebed El‐Hajib
Communal Communal Non communal Communal Non Communal
Non communal
Aïn
Cheikhrouhou
Oued Ermal Hay Bourguiba Ayoun Elmeil
Communal Communal Communal Non
communal
Ettaouidhi El‐Houda Saltanya
Communal Communal Communal
Mohamed Ali Hay‐Elbahri ElB’derna
Communal Communal
Non communal
6 secteurs communaux
6 secteurs communaux
3 secteurs 2 communaux 1 non communal
6 secteurs 5 communaux 1 non communal
4 secteurs 1 communal 3 non communaux
3 secteurs 1 non communal 2 communal et non communal
Total : 28 secteurs
20 secteurs communaux, 6 secteurs non communaux, 2 secteurs de la délégation de Thyna qui englobent en même temps un espace communal et un autre espace non communal
Les Résultats du diagnostic
I- Repérage, localisation et délimitation des quartiers populaires :
Le repérage et la délimitation des quartiers, furent réalisés à partir de l’image satellitaire. Ils ont été basés sur une définition du quartier populaire établie au préalable.
1- Méthodologie de repérage et de localisation : sachant à priori que les quartiers populaires à Sfax sont ou bien programmés ou encore spontanés, le repérage a été réalisé à partir des référents suivants :
a- Concernant les quartiers programmés : ces quartiers sont repérés à partir de leur tissu urbain relativement bien structuré dans lesquels le parcellaire est réduit et les logements sont agencés en bandes avec une densité élevée. Les quartiers, anciennes cités rurales sont reconnus aussi par leurs placettes centrales caractéristiques.
b- Concernant les quartiers spontanés : qu’ils soient anciens « r’bat » ou récents, ces quartiers sont tous repérés à partir de leur tissu urbain relativement anarchique et dense.
Concernant le tissu r’bat, cette densité est très élevée, ce qui donne l’impression que les
logements se « bousculent » de part et d’autre de la voirie. Le parcellaire est très réduit et l’inexistence d’espaces libres est caractéristique de leur stabilisation. Quant aux quartiers spontanés récents, ils sont reconnus par un maillage moins dense que celui des r’bats et par l’existence d’espaces libres.
2- Enquête de terrain : les différentes enquêtes nous ont permis de confirmer le repérage, ce à partir du paysage caractéristique des quartiers populaires qu’ils soient spontanés ou programmés et du vécu de leurs résidents.
Repérage, localisation et enquêtes de terrain furent à la base de la délimitation et de l’élaboration d’un listing inventaire et d’une cartographie des quartiers populaires du Grand Sfax.
II- Inventaire et cartographie d’inventaire
Tous les outils d’investigations utilisés ont permis d’établir un inventaire exhaustif des quartiers populaires du Grand Sfax par délégations et secteurs. Les délégations ont été classées selon le nombre de quartiers correspondants afin d’évaluer l’importance du phénomène aussi bien dans le Grand Sfax dans sa totalité, qu’à l’intérieur des délégations.
Tableau 2 : Inventaire des quartiers populaires dans le Grand Sfax par délégation
Délégation/Secteur Quartier Délégation/Secteur Quartier
SAKIET EDDEYER SFAX EL-GHARBYA
El-B’derna Hay El-B’derna Merkez Chaker Merkez Chaker nord
Hay Essaadi Merkez Chaker sud
Sidi Mansour Hay Sidi Mansour Hay El-Firma
Hay Enadhour Hay El-Habib Hay El-Habib Hay Bourguiba Hay Bourguiba R’bat Bir El-Kharouba
Hay El-Mansour Hay El-Baladi
Hay Cimer Sokra Hay Syphax
Hay El-Baraka Oued Ermal Hay Oued Ermal
Hay Chaker Hay Bouromména
Hay Essalèma 1, 2 Hay Bir Essakouma
Saltanya Hay El-khalij Hay Ejabéna
Hay El-Hana 1 El-Houda Hay Bir Lahlou
Hay El-Hana 2 Hay El-Aguerba
Hay El-Awayed Hay Ennour
Merkez Kaanich Hay El-Ons Hay El-Bahri1
El-Haffara (El-Mraaya) Hay El-Bahri Hay El-Bahri 2
El-Haffara (El-Amal) Hay El-Bahri 3
7 Novembre Hay El-Amal
Merkez Essebii Ennour Hay Cimer
El-Maazoun Sous total : 6 secteurs 19 quartiers 18 Janvier
Sous total: 6 secteurs 20 quartiers
Délégation/Secteur Quartier Délégation/Secteur Quartier
SFAX EL-MADINA Sfax El-JANOUBYA
Hay El-Khayri Nkhili El Khazzanet Hay El-Khazzanet Erbadh R’bat El-Gouabsya-
Bouret Ejjaraya
Hay El-karama
Zenket Ben Saïd Zenket Ejezar
15 Novembre Bouret El-Adhar Sidi Khlifa- El-Awayet
Zenket Enakhla Zenket Ejabéna
Aïn Cheikhrouhou Zenket El-Fourati Ayoun Elmeil Hay Ayoun El-Meil
Zenket Sellami Hay Edebba-Afran Ejjir
Zenket El- Hachicha Hay Ouerguemma –
Arafet El-Gueblya
Bouret Mzid Hay Arafet Edhahrawya
Ettawidhi Ettawidhi-El-Amen-KJ. El-Aouebed Zenket El-Féris Mohamed Ali Zenket Echichma Gremda Hay Essalem
Zenket Taktak Sous total : 4 secteurs 11 quartiers Zenket El-khodhra
Zenket El-Passage Délégation/Secteur Quartier El-Haffara (5 août) THYNA
Sous total :6 secteurs 15 quartiers Sidi Abid Ben Saïda -7 Novembre Hay El-Badrani
Délégation/Secteur Quartier Hay Touta
SAKIET EZZIT Hay Ibn El-Jazzar
Sidi Salah Sidi Salah Hay Ennasr 1
Teniour Hay Ennasr Hay Ennasr2
Chihia Hay Al-Istiklal Hay El-Badrani
Essedra Hay Zenket El-Hamala Hay El-Aguerba 2
Sous total :4 secteurs 4 quartiers El-Hajib Hay El-Aguerba 1 El-Khadhra- El-Wafa
Thyna Hay Thyna 1,
Hay Thyna 2 Hay Elmoez 1,2,4 Sous total : 3 secteurs 13 quartiers
Figure 2 : Inventaire des quartiers populaires dans le Grand Sfax par délégation
L’inventaire des quartiers populaires et sa cartographie permettent de faire les observations suivantes :
• Au niveau du Grand Sfax, on dénombre 81 quartiers populaires, répartis sur l’ensemble des 6 délégations et les 28 secteurs.
Le comptage nous donne 82 quartiers, cependant, El-Aguerba 1 et 2, appartenant à deux
qui nous permet de les compter un seul quartier au lieu de deux. Par conséquent, la délégation de Thyna ne compte que 12 quartiers au lieu de 13.
Les 6 délégations ne se sont pas concernées au même degré par l’habitat populaire.
Tableau 3 : Classement des délégations suivant le nombre des quartiers populaires
Délégation Sakiet Eddeyer
Sfax El- Gharbya
Sfax El- Madina
Sfax El- Janoubya
Thyna Sakiet Ezzit Nombre de quartiers 20 19 15 11 12 4
%/ Grand Sfax 24,7% 23,4% 18,5% 13,6% 14,8% 5%
- la délégation de Sakiet Ezzit est celle qui compte le moins de quartiers : 4 seulement (5%), alors que la délégation de Sakiet Eddeyer compte 20 quartiers (24,7%),
- c’est le secteur de Sidi Abid de la délégation de Thyna qui compte le plus de quartiers (8quartiers),
- le phénomène étudié n’est pas en corrélation avec l’espace non communal, puisque El- Madina et El-Gharbya, les deux délégations totalement communales comptent ensemble, 34 quartiers, c'est-à-dire un peu moins que la moitié du total des quartiers.
• La majorité des quartiers est regroupée en zones
La localisation de la majorité des quartiers nous renvoie à une logique de regroupement en zones, affirmant que le phénomène est bien lié à l’espace d’implantation, site et environnement social à considérer. Seuls quelques quartiers sont isolés et ne font pas la règle.
En effet, la localisation et la délimitation des quartiers populaires du Grand Sfax sur une cartographie d’image satellitaire nous a révélé qu’il ne s’agit pas d’implantations isolées, mais plutôt d’un phénomène structuré en zones d’habitat populaire, suivant une logique urbaine bien déterminée. En fait la dynamique de l’habitat populaire à Sfax ou ailleurs, a toujours obéi à la loi du groupement ; le niveau de groupement se fait suivant la force d’appel de ces zones.
L’habitat populaire à Sfax, qu’il soit concerté ou spontané, a toujours choisi à chaque nouvelle période socioéconomique, ou à chaque événement urbain crucial, une zone d’occupation pour migrer par la suite vers une nouvelle destination suivant plusieurs déterminants. Cependant, il y a lieu de constater que le déterminant en rapport avec la valeur foncière est plus que révélateur. En fait, cette valeur est fixée suivant certains critères dont l’habitat populaire lui-même. C’est ainsi que certaines zones du Grand Sfax furent condamnées depuis les années 20 ou encore les années 70 à ne recevoir que de l’habitat populaire, et cette réalité est inéluctable.
Ainsi 16 zones groupent la majorité des quartiers populaires.
Tableau 4 : Inventaire des zones populaires du Grand Sfax
Zones Nbre de
quartiers
Les quartiers
Erbadh 8 R’bat El-Gouabsya- Bouret Ejjaraya, Zenket Ben Saïd, Bouret El- Adhar, Zenket El-Hachicha, Zenket Essalémi, Zenket El-Fourati, Bouret Mzid, Zenket Ennakhla
Chaker 3 Merkez Chaker nord, Merkez Chaker sud, Hay El-Firma Echichma- El-
Haffara Ettawidhi
8 Ettawidhi-El-Amen-Kerkenah Jedida, Zenket Echichma, Zenket Taktak, Zenket El-khodhra, Zenket El-Passage, El-Haffara (5 août), El-Haffara (El-Mraaya), El-Haffara (El-Amal)
Oued Ermal- Bir El-kharouba
8 R’bat Bir El-Kharouba, Hay El-Baladi, Oued Ermal, Hay
Bouromména, Hay Bir Essakouma, Hay Ejabéna, Hay Bir Lahlou, Hay El-Aguerba
Bourguiba 7 Hay Bourguiba, Hay El-Mansour, Hay Cimer Nord, Hay El- Baraka, Hay Chaker, Hay Essalèma 1, 2, Hay El-Ons Hamza 3 Hay El-khalij, Hay El-Hana 1, Hay El-Hana 2
El-Aouebed 3 Hay Ayoun El-Meil, Hay Edebba-Afran Ejjir, Zenket El-Féris Ouerguemma –
Arafet Il-Gueblya
1 Hay Ouerguemma –Arafet Il-Gueblya
El-Khazanet 3 Hay El-Khazanet, Hay El-Karama, Hay Ejjabbéna El Habib - El-
Bahri
5 Hay El-Habib, Hay El-Bahri 2, Hay El-Bahri 3, Hay El-Amal 1 et 2, Hay Cimer Sud
El-Bahri- Ennour 2 Hay El-Bahri 1, Hay Ennour
Zone Essebii 3 Ennour Afrane, El-Maazoun, 18 Janvier Sidi Mansour 2 Hay Sidi Mansour, Hay Enadhour Thyna sud 3 Thyna 1, Thyna 2, El-Moez 1, 2, 4 Aéroport sud et
sud est
7 Ben Saïda -7 Novembre, Hay El-Badrani, Hay Touta, Hay Ibn El- Jazzar, Hay Ennasr 1, Hay Ennasr2, Hay El-Aguerba 1 et 2 Aéroport nord et
nord ouest
1 El-Khadhra-El-Wafa
Total zones : 16 Total quartiers groupés en zones : 67
Le reste des quartiers ne répond pas au processus zonal, certains sont créés à l’intérieur de quartier d’habitat pavillonnaire, exemples : les quartiers anciennes cités rurales de Hay Ennasr et Hay El-Istiklel, de la délégation de Sakiet Ezzit et précisément de la commune de Chihia, Hay Essalème une ancienne cité rurale dans la commune de Gremda, et Hay El- Awayed, un quartier spontané qui est situé dans le secteur Saltanya de la délégation Sakiet Eddeyer.
Tableau 5 : Inventaire des quartiers populaires isolés du Grand Sfax
Quartiers Délégation Com/non com. Ménages Logements Habitants
7 Novembre Sakiet Eddeyer Communal 90 77 316
El-Awayed Sakiet Eddeyer Communal 100 82 353
Essaadi Sakiet Eddeyer Non communal 70 60 246
El-B'derna Sakiet Eddeyer Non communal 80 45 194
El-Istiklel Sakiet Ezzit Communal 90 83 32
Ennasr Sakiet Ezzit Communal 72 66 264
El-Hamala Sakiet Ezzit Communal 10 9 39
Sidi Salah Sakiet Ezzit Non communal 70 63 277
Essalem Sfax El-Janoubya Communal 135 119 476
Zenket
Ejazzar Sfax El-Janoubya Non communal 300 253 1139 Sidi Khlifa-
lawayet Sfax El-Janoubya Non communal 750 657 2891 Arafet
Edhahraouia Sfax El-Janoubya Non communal 40 37 163
Enkhili Sfax El-Madina Communal 90 75 285
Syphax Sfax El-Gharbya Communal 120 101 445
Total Quartiers
isolés 2017 1727 7120
14 quartiers répartis sur les 6 délégations, 8 communaux, 6 non communaux
Figure 3 : Inventaire des zones populaires du Grand Sfax
Tableau 6 : Zones populaires et quartiers populaires isolés : Les données de base Zones :16 Quartiers Logements Ménages Habitants
1-Zone Chichma –El-Haffara -Ettawidhi 8 5770 5121 20014
2-Zone Er'bath 8 5320 4472 20159
3-Zone Oued Ermal-Bir El-Kharouba 8 1835 1647 6606 4-Zone aéroport sud et sud-est 7 2866 2569 11865
5-Zone Hay Bourguiba 7 2314 1626 6160
6-Zone d'El-Aouebed 3 875 807 3551
7-Zone Ouerguemma- Arafet El-Gueblya 1 1350 1246 5482 8-Zone El-Bahri- Hay El-Habib 5 6285 5548 22348
9-Zone Chaker 3 970 786 2882
10-Zone El Khazzanet 3 745 629 2831
11-Zone Essebii 3 353 314 1350
12-Zone Hamza 3 1150 905 3706
13-Zone Thyna sud 3 1940 1693 7449
14-Zone El-Bahri 1 et Ennour 2 960 872 3488
15-Zone Sidi Mansour 2 550 374 1608
16-Zone aéroport Nord et Nord ouest 1 1200 1052 4629 Total quartiers en Zones
% quartiers en zones/total quartiers
67 82,7%
34483 94,5
29661 94,5
124128 94,5 Quartiers isolés
% quartiers isolés/total quartiers
14 17,3 %
2017 5,5 %
1727 5,5 %
7411 5,5 %
Total quartiers 81
100% 36500 31388 131539 Ainsi, 81 quartiers populaires résument le phénomène au sein du Grand Sfax/délégations.
Tableau 7 : Part des quartiers populaires dans le Grand Sfax, population et surface Population* Part
des Q. populaires Surface•
(ha)
Part des Q. populaires Quartiers populaires 131539 962.62 ha
Grand Sfax/délégations 587 273 22.4% 54364.61 1.8%
Grand Sfax/communal 521.770 19.8% 15702.62 3.7%
*Estimation en 2009, •Calcul de la surface sous ARC VIEW
Il est à observer qu’en termes de population, la part des quartiers populaires dans le Grand Sfax, au niveau des délégations ou au niveau des communes est d’une grande importance. Par contre en termes de surface cette part est faible, ce qui atteste la forte densité à l’intérieur de ces quartiers et affirme la grande proximité que vivent les habitants des quartiers.
Toutes les observations concernant les quartiers populaires et relatives à l’espace de leur implantation et à leur logique de groupement, peuvent être expliquées par les processus de leur formation. Une typologie de formation peut aider à comprendre la dynamique de ce phénomène dans le Grand Sfax.
III- La typologie des quartiers selon leur formation 1- Observations
La typologie de formation des quartiers populaires est riche, les tableaux 6 et 7 ainsi que la figure 4 le confirment.
Tableau 8 : Typologie de formation des quartiers populaires dans l’espace communal
Sfax El- Madina
Sakiet Eddeyer Sfax El- Gharbya
Sfax El- Janoubya
Sakiet Ezzit Thyna
Les quartiers programmés Les anciens r’bats
(entre 1920 et 1960)
Les quartiers spontanés (nouveau r’bat: Zenka, Boura, Hay)
quartier à logement rural ou social
Quartier type CIMER 1- R’bat El-Gouabsya -
Bouret Ejjaraya
1- Zenket El-Hachicha 1-Hay Ettawidhi,-El- Amal.K..J.
1- Hay Cimer nord 2- R’bat Zenket Ben 2- Zenket Essalémi 2- Hay Bourguiba 2- Hay Cimer sud 3- R’bat Bouret El- 3- Bouret Mzid 3- Hay El-khalij
4- R’bat El-Haffara (5 4- Zenket El-Fourati 4- Hay El-Mansour 5- Zenket Echichma 5- Zenket Enakhla 5- Hay Elbaraka 6- Hay El-Haffara (El-
Amal,)
6- Zenket El-Khodhra 6- Hay Chaker 7- Hay El-Haffara (El-
Mraaya)
7- Zenket Taktak 7- Hay El-Hana 1 8- R’bat Chaker sud 8 - Zenket El-Passage 8- Hay El-Hana 2 9- R’bat Chaker nord 9 - Hay Enkhili 9- Hay El-Ons 10- R’bat Oued Ermal 10- Hay El-Aguerba 10-Hay Sidi Mansour 11- R’bat El-Firma 11- Bir Essakouma 11- Hay Enadhour 12- R’bat Bir El-
Kharouba
12- Hay Ejjabéna 12-Hay 7 novembre 13- Syphax 13- Hay Essalèma1,2 14- Hay El-Aweyed 14- hay El-Maazoun 15- 18 janvier 15- Hay Thyna 1 16- Ennour El-Afran 16- Hay Thyna 2 17- Hay Ibn El-Jazzar 17-Hay Elmoez 1,2,4 18- Ennasr 1 18- Hay El-Badrani 19- Ennasr 2 19- Hay Touta
20- Hay El-Bahri 1 21- Hay El-Bahri 2 22- Hay El-Bahri 3 23- Hay Ennour 24- Hay El-Amal 25- Hay El-Baladi 26- Hay Bouroména 27- Hay Bir Lahlou 28- Hay El-Habib 29- Hay Essalem 30- Hay Ennasr 31- Hay El-Haméla 32- Hay El-Istiklal
Sous total : 12 Sous total : 19 Sous total : 32 Sous total : 2
Total 65
Tableau 9 : Typologie de formation des quartiers populaires dans l’espace non communal
Les quartiers programmés de promotion publique (anciennes cités rurales)
Les quartiers spontanés 1- Arafet Edhahraouia 1- Oueghemma - Arafet Elgueblya
2- Ayoun El-Meil 2- Edebba - Afran Ejjir
3- El-Karama 3- Zenket Ejezar
4- El-Khazzanet 4- Zenket Ejjabéna
5- Hay Sidi Khlifa -El-Awayet 5-Zenket El-Féris
6- El-B’derna 6- Ben Saïda - 7 Novembre
7- Essaadi 7- El-Aguerba 1 et 2
8- Sidi Salah 8- El-Khadhra - El-Wafa
Sous total : 8 Sous total : 8
Total 16 Total communal : 65 + total non communal : 16 = 81 quartiers
- Avec 65 quartiers communaux, le phénomène des quartiers populaires est d’abord un fait communal pour plus de 80 %.
Figure 4 : Les quartiers populaires dans l’espace communal et non communal
Figure 5: Les quartiers populaires dans l’espace communal programmé et non communal
- Les quartiers sont situés aussi bien dans l’espace urbain que suburbain et périurbain - La typologie des quartiers populaires reflète la richesse du phénomène de l’habitat populaire quant à la stratégie de l’administration et à celle du Tunisien déshérité à produire le logement. Nous distinguons, espace communal et espace non communal confondus, que 3 modes se partagent le phénomène de l’habitat populaire dans le Grand Sfax :
1- Modes de formation des quartiers populaires du Grand Sfax
a- Les anciens r’bats : au nombre de 12, ils sont situés tous dans l’espace communal, péricentral surtout.
b- Les quartiers programmés de promotion publique ou privée : 34, dans le communal et 8 dans le non communal. Nous pouvons les ventiler en 3 types :
- Anciennes cités rurales de promotion publique, qui se sont densifiées et donc transformées.
- Cités sociales dégradés de promotion publique surtout mais privée aussi.
- Anciens quartiers CIMER (Construction de Maisons Evolutives Rationalisées) c- Les nouveaux r’bats, Zenkas et nouveaux Hays ou quartiers spontanés : au nombre de 35, 19 dans le communal et 16 dans le non communal.
Les anciens quartiers spontanés situés, dans l’espace communal surtout, sont stabilisés à part ceux de la délégation de Thyna, et plus précisément Ennasr 1 et 2, et Ibn El-Jazzar ; alors que les nouveaux en pleine dynamique d’extension et de densification sont situés dans l’espace non communal à l’exemple de Ben Saïda - 7 Novembre dans la délégation de Thyna aussi.
Figure 6 :Typologie de formation des quartiers populaires dans le Grand Sfax
Cette variété des modes de formation est certes en corrélation avec les événements urbains qu’a connus la ville de Sfax et l’histoire même de l’habitat en Tunisie et plus précisément à Sfax.
2- Historique de formation des quartiers populaires du Grand Sfax
Le tableau qui suit et la carte d’évolution spatiale de l’habitat spontané dans le grand Sfax peuvent nous explique cette richesse de la typologie.
Figure 7 : Historique et mode de formation des quartiers populaires du Grand Sfax
Tableau 10 : Historique et mode de formation des quartiers populaires du Grand Sfax
Mode de formation Datation Les quartiers
Les R’bats ou premier type de quartiers populaires spontanés
Années 20 El-Gouabsya, Zenket Ben Saïd, 2 Première génération de r’bats
Années 30 Echichma, El-Adhar 2
Années 40 Merkez Chaker sud, Merkez Chaker nord 2 Deuxième génération de r’bats Années
50
Zenket El-Hachicha, Zenket El-Fourati El-Haffara (5 août), El-Haffara (El-Amal), El- Haffara (El-Mraaya)
5
Troisième génération de r’bats
Années 60
Zenka Essalémi, Bouret Mzid, Bir El- Kharouba, Oued Ermal, Zenket Ennakhla, Zenket El-Khodhra, Zenket Taktak, Zenket El- Passage, R’bat El-Firma, Bouret Ejjaraya
12
Les quartiers populaires programmés, de promotion publique et privée Premiers programmes de logements
collectifs de type social et de compensation
Fin des années 60
Hay Bourguiba (social), Ettawidhi (de
compensation) 2
Cités rurales dans l’espace communal actuel
El-Khalij, Sidi Mansour, Enadhour Thyna 1, Thyna 2, El-Badrani, Touta, Bir Lahlou, Bouromména, El-Baladi (Sfax El-Gharbya) Ennasr, (Sakiet Ezzit), Essalem, El-Istiklal, El- Haméla, El-Ons (Sakiet Eddeyer), Elbaraka, Hay El-Maazoun
17 Programmes des cités rurales
Années 70-80
Cités rurales dans l’espace non communal
Ayoun El-Meil, Arafet Edhahraouia, El- Karama, El-Khazzanet, Sidi Khlifa,-Awayet (Sfax El-Janoubya), El-B’derna, Essaadi, Sidi Salah.
8
Quartiers d’habitat populaire et social programmés
A partir des années 80
Cités sociales dans l’espace communal El-Mansour, Chaker, (Sakiet Eddeyer), Elmoez 1, 2, 4, El-Bahri 1, El-Bahri 2, El- Bahri 3, Ennour, Hay Essalèma 1 et 2, Hay El- Amal 1et 2, El-Haffara (El-Amal)
10 Construction individuelle de
maisons évolutive rationalisée
CIMER
CIMER sud, CIMER nord 2
Le deuxième type de quartiers populaires spontanés Dans l’espace communal A partir des
années 80
Ennasr 1 et 2 (Thyna), Ibn El-Jazzar
Hay Enkhili, El-Aguerba (Sfax El-Gharbya), Bir Essakouma, Zenket Ejjabéna, (Sfax El- Gharbya), Ennour- El-Afran (Sakiet Eddeyer), 18 janvier, El-Awayed, Syphax
11
Dans l’espace non communal (suburbain et périurbain)
Ouerguemma,-Arafet El-Gueblya, Edebba - Afran Ejjir, Zenket Ejezar, Zenket El-Féris, Zenket Ejabèna (El-Janoubya), Ben Saïda-7 Novembre, El-Aguerba 1- 2 (Thyna) El- Khadhra- El-Wafa (Thyna)
9
Total 81
Nous distinguons trois grandes périodes de la production de l’habitat populaire (Cf Tableau 10):
a - Période des R’bats (3 générations), des années 20 aux années 60 b- Période de l’intervention de l’état : années 70 et 80
Déjà, depuis la fin des années 60, l’état tunisien qui a procédé à une action répressive vis-à-vis de l’habitat spontané, a accordé à la seule promotion publique le droit de produire l’habitat populaire, suivant des programmes orientés vers les ménages non solvables.
Deux types de programmes ont dominé la production de l’habitat populaire au cours de cette période : celui des cités rurales pour le relogement et le logement dans l’urbain et le rural (fin des années 60, toutes les années 70, et le milieu des années 80) et le programme des CIMER ou Construction Individuelle de Maison Evolutive Rationalisée, une opération bien adaptée au moyen financiers des couches populaires mais ne pouvant couvrir toute la demande de logements sans cesse en accroissement.
c- Période la promotion publique et du spontané, depuis la fin des années 80
Au cours de cette période, les deux modes ont œuvré parallèlement : la promotion publique a continué à opérer, avec l’entrée en action de la promotion privée, et d’autre part le mode spontané qui, endigué depuis la fin des années 60, a repris aussi bien dans l’urbain, le sub-urbain que dans le périurbain, résultat de l'inadéquation entre l’offre et la demande de l’habitat populaire. Ce retour a démontré l’échec relatif de la politique d’habitat programmé, orienté vers les ménages non solvables, qu’elle appartienne à la promotion publique ou privée.
Il faut cependant rappeler que bien que l’habitat dans ces quartiers spontanés, les constructions se font sur des terrains le plus souvent agricoles achetés légalement à leurs propriétaires. Il faut aussi signaler que l’habitat spontané des années 80 et plus, n’est pas celui vétuste et souvent insalubre des années 20, 30 ou 40. Le nouveau mode de formation de l’habitat spontané montre la grande capacité des ménages à produire un habitat meilleur en qualité, suivant leur rythme d’investissement et surtout adapté à leur mode de vie.
IV- Les caractéristiques de localisation des quartiers populaires 1- Les situations :
a- Des quartiers populaires sur les deux ailes littorales, nord et sud
Mis à part les zones péricentrales des anciens r’bats, la majorité des quartiers populaires spontanés ou programmés occupent les ailes nord et sud du Grand Sfax, Les choix d’aménagement depuis le PDU de 1977, avaient aussi engagé ces deux ailes vers l’habitat populaire.
b- Quartiers populaires et proximité de grands équipements ou de Grands Programmes d’aménagement
Les quartiers populaires situés dans les deux ailes littorales, se retrouvent actuellement à proximité d’équipements ou de grands projets stratégiques. Au sud c’est l’aéroport Sfax- Thyna, et le grand projet de la SDGS2 concernant ce littoral : le projet SMAP III. Quant au nord, c’est d’une part le théâtre d’été de 12 000 places, et d’autre part et surtout le grand
quartiers populaires non encore intégrés peut nuire à leur bon fonctionnement et à leur valeur intrinsèque.
2- Les sites
a- Site à risque d’inondation
En apparence le cadre naturel de la plaine de Sfax, en particulier le Grand Sfax (Topographie basse, réseau hydrographique peu développé, pluie indigente et des pentes faible), ne représente pas, pour certains, de contraintes majeures pour l’étalement latéral de l’habitat. En fait, ces caractéristiques cachent d’autres qui ne se manifestent qu’occasionnellement à la suite des pluies exceptionnelles pendant lesquelles les petits oueds, négligeable en temps ordinaire, s‘élargissent beaucoup et deviennent plus agressifs à grand risque d’inondation. En effet, les espaces les plus touchés étaient ceux dont la valeur foncière est dépréciée et dans lesquels on avait le plus souvent sous-estimé la violence des oueds et multiplié les constructions. Ceci concerne à la fois les quartiers populaires spontanés et programmés. Malgré cela, la densification rapide des espaces à risque a continué avec un rythme plus rapide qu’avant et ce en rapport, certainement, avec le sentiment de sécurité exagéré par la population à la suite de la construction des ouvrages de protection. L’examen très rapide de la carte de l’évolution historique des quartiers dans les années 80 confirme ce nous avons signalé.
b- Site à proximité des sources de pollution et de nuisance dans le Grand Sfax Les formes de dégradation de l’environnement de Sfax sont variées et se trouvent en partie au voisinage des quartiers populaires :
- la pollution atmosphérique :
C’est le phénomène caractéristique de la ville de Sfax. Cette situation est en rapport, essentiellement, avec l’implantation des industries polluantes sur :
• Le littoral Nord de Sfax (ancienne NPK) et dont l’impact était négatif à la fois sur le littoral et sur la population des quartiers des zones Ettawidhi-Hay B-El-Amen-Karkenah Jdida et Hay Bourguiba.
• Le littoral Sud de Sfax qui représente l’actuelle source de pollution due essentiellement au dégagement des rejets gazeux des cheminés de la SIAPE dont les principaux produits chimiques polluantes correspondent à des micropoussières de Plomb, de souffre, de phosphate et de fluor. La présence de ces produits est d’autant plus importante avec la présence de l’ancienne décharge publique et les bassins des margines. Cette situation est très préoccupante dans la mesure où un grand nombre de quartiers, notamment les quartiers de la délégation de Thyna, se trouvent en contact direct avec ces sources polluantes.
La pollution de l’air, dans le Grand Sfax, prend aussi, une autre forme qui devient gênante pour la population de certains quartiers. Il s’agit en fait des mauvaises odeurs dégagées par les poulaillers et les fermes. A proximité des quartiers de la zone Essebii, dans les quartiers d’El Khadhra et El Wafa, etc.
- La pollution Sonore
Un grand nombre de quartiers populaires se trouve dans des zones à nuisance sonore notamment ceux qui se trouvent à proximité de la voie ferrée et surtout de l’aéroport. Cette nuisance est appelée à s’accentuer avec l’agrandissement de l'aéroport et le développement de ses activités en 2008.
- La pollution hydrique Elle caractérise à la fois :
• Les lits des oueds qui se transforment en des bassins réceptacles des déchets solides et liquides dégageant ainsi des odeurs nauséabondes. Cette pollution est perceptible le long du lit El-Maou mais surtout le long de oued Ezzit qui est aménagé en canal.
• Les terres humides : il arrive que la nappe phréatique affleure et qu’elle soit contaminée par les déchets liquides des industries polluantes, par les puits perdus…Ces endroits deviennent surtout en été, des sources pour le développement des insectes.
- La ligne à haute tension qui traverse Hay Ouerghemma- Afran-Ejjir, constitue pour la population locale, un risque et une source de nuisance inquiétante.
Souvent ces risques et sources de nuisances se trouvent conjugués dans le même espace à l’exemple de la zone de l’aéroport, ils peuvent aussi nuire au développement des Grands projets urbains.
Figure 8 : vue satellitaire des quartiers de la zone Aéroport Sud et Sud Est et les principales sources de pollutions et de nuisance environnantes
Figure 9 : Risques, nuisances et grands projets dans le Grand Sfax
3- Les paysages
a- Les caractères communs des paysages :
Il existe en fait une constante qui rassemble les quartiers populaires sfaxiens. En effet, quelque soit l’appartenance du quartier à une typologie ou à une autre, le caractère paysager qui domine est celui qui résulte du faible niveau d’investissement accordé à l’acquisition du logement, que ce soit au niveau du bâti, ou à celui de l’espace de son implantation.
Cependant, que le quartier soit isolé ou en zone, le paysage qu’il reflète est celui d’une réelle rupture par rapport à son environnement socio-spatial. Cette rupture est perceptible à travers :
- Un désordre urbain voire un chaos urbain
- Un tissu généralement en bandes et pas très bien aéré ou/et ensoleillé - La petite taille du parcellaire et celle du logement
- L’état général des constructions est dominé par la simplicité et la vétusté du bâti surtout dans les anciens quartiers.
b- Les caractères de dissemblance des paysages :
Ces dissemblances sont en fait secondaires car liées aux différentes typologies. Nous rencontrons ainsi les paysages suivants :
- Le paysage figé des quartiers, anciennes cités rurales, qui n’ont pas trop changé, puisque les caractères de la ruralité persistent encore, ou bien à cause de l’implantation du quartier dans un espace périurbain, ou encore à cause d’un contenu social résultant de l’exode.
- Le paysage inachevé et en cours de structuration permanente, avec les couleurs ciment et brique de la construction en cours, ce paysage est propre au quartier spontané qu’il soit communal ou non communal. A cela s’ajoutent les espaces en friche d’attente avec ce qui reste de l’activité agricole antécédente (arbres, animaux, terrains,..) et la voierie encore terre et non encore tracée.
- Le paysage condensé et encombré au niveau de la voirie étroite et des façades chaotiques. Ce paysage est celui des anciens r’bats avec leur voirie étroite et tortueuse, et celui des quartiers programmés de promotion publique ou privée avec une voirie très étroite aussi mais rectiligne et une densification verticale anarchique.
V- Les caractéristiques des quartiers populaires du Grand Sfax : logements, population et infrastructure
Les quartiers populaires sont raccordés presque à 99% en eau potable, et pratiquement à plus de 97% en éclairage domestique. Toutefois, le raccordement au réseau d’assainissement n’existe que dans 49 quartiers. Quant à la voierie, 41 quartiers seulement sont pourvus d’une voierie traitée. En ce qui concerne l’éclairage public, 57 quartiers sont dotés d’un éclairage insuffisant. Il reste à noter que 2 quartiers sont en train de recevoir une action d’intégration au niveau de ces infrastructures.
VI- Les quartiers populaires du Grand Sfax et les différentes opérations de réhabilitation
La majorité des opérations d’intervention dans les quartiers populaires à Sfax et dans le reste du pays, était en fait liée aux différentes politiques urbaines nationales suivies depuis l’indépendance, et au projet de ville au niveau régional.
Tableau 11 : Les opérations d’intervention dans les quartiers populaires du Grand Sfax (avant et depuis la création de l’ARRU)
Le quartier Délégation Nature de l’opération
Les actions La date R’bat El-
Gouabsya
Sfax El-Madina Erbadh
Désenclavement en particulier
Réaménager les accès Démolition de
maisons pour insalubrité et relogement
1965
Chichma Bir El-Kharouba
Merkez Chaker sud Oued Ermal
- M I -Municipalité du Grand Sfax - ME direction Aménagement
du Territoire
Sfax El-Madina Sfax El-Gharbya Sfax El-Gharbya Sfax El-Gharbya
Désenclavement en particulier
Amélioration des dessertes Démolition de
maisons pour insalubrité et relogement sur
place
1978
-El-Haffara (El-Mraaya)
Sakiet Eddeyer Programme de développement urbain Intégré
Toutes les infrastructures,
démolition de maisons pour insalubrité, zone
d’activités
1991
El-Ons Sakiet Eddeyer Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie
1993- 1997 Zenket El-
Passage
Sfax El-Madina Réhabilitation légère
Eclairage public
Ennasr Sakiet Ezzit Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie
1993- 1997 Zenket El-
Hachicha
Sfax El-Madina Réhabilitation légère
Voirie, éclairage public et assainissement
1998- 2002
Ennour Sakiet Eddeyer Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
1998- 2002 Ennasr1 El-
Badrani Touta
Thyna Réhabilitation légère
Bitumage de la voirie, assainissement
1998- 2002
El-Habib Sfax El-Gharbya Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
2003- 2007
Ettawidhi Sfax El-Madina Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
2003- 2007
Thyna 1 et 2 Thyna Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
2003- 2007
El-Istiklel Sakiet Ezzit Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
2003- 2007
Ennasr Sakiet Ezzit Réhabilitation
légère
Bitumage de la voirie, éclairage
public
2007- 2008 Sidi Mansour
MEHAT (ARRU)
Sakiet Eddeyer Projet présidentiel de réhabilitation
des quartiers autour des grandes
villes
Infrastructure, Stade de quartier, Zone verte et récréative pour enfants, salle omnisports, zones de métiers (métiers), la rénovation de logements.
2008- 2009
les petits métiers.
Syphax Sfax El-Gharbya Associé à Sidi
Mansour
Associé à Sidi Mansour
2008- 2009 El-Gouabsya-Ben
Saïd
Sfax El-Madina Projet de réhabilitation de
dix quartiers populaires
Bitumage de la voirie
2009 (En cours) Merkez Chaker Sfax El-Gharbya Projet de
réhabilitation de dix quartiers
populaires
Bitumage de la voirie
2009 (En cours El-Bahri 1, 2, 3, Sfax El-Gharbya Projet présidentiel
de réhabilitation des quartiers autour des grandes
villes
Développement de l'infrastructure, des
activités économiques, des
équipements collectifs, et la
rénovation de logements.
2009- 2010
Figure 10 : Les aménagements dans les quartiers populaires dans le Grand Sfax
Deuxième section
Cette section représente la finalité de la première section Il s’agit d’élire 10 quartiers prioritaires pour les étudier d’une manière approfondie au cours de la deuxième phase.
Procédure d’éligibilité
La procédure d’éligibilité des quartiers s’est faite à partir de requêtes auprès du SIG- quartiers populaires que nous avons élaboré sous ARC VEW. Ces requêtes on été basées sur des critères quantitatifs et qualitatifs fixés au préalable. Nous avons achevé la procédure d’éligibilité par un le tri d’exactement 10 quartiers à partir du classement des quartiers obtenus à partir de l’avant dernière requête.
I- Critères et procédures d’éligibilité
Qu’ils soient quantitatifs ou qualitatifs, les critères d’éligibilité ont été établis suivant la politique de réhabilitation engagée par le Ministère de l’Aménagement et de l’Habitat, représenté par l’ARRU, et ses exigences. Nous avons établi et utilisé progressivement 6 requêtes, 4 critères d’exclusion, 1 critère d’éligibilité, et 1 dernier critère de classement.
Critères d’exclusion
Sont exclus les quartiers ayant bénéficié d’une grande opération de réhabilitation (Type présidentiel), opération achevée, en cours.
Seront exclus les quartiers ayant une superficie inférieure à 2 ha
Sont exclus les quartiers ayant une densité logement/ha inférieure à 25.
Sont exclus les quartiers ayant un programme de grande opération de réhabilitation pour 2012/2013.
Critère d’éligibilité
Sont retenus les quartiers souffrant d’un risque soit à cause de leur site inondable ou à cause de la proximité d’au moins d’une source de nuisance
Critère de classement
Sont retenus, les 10 premiers quartiers obtenus d’une liste de classement acquise à partir d’une requête basée sur l’importance de la superficie.