Rouen, le mercredi 25 novembre 2020
| Patrimoine |
L'Hôtel du Département de la Seine-Maritime officiellement classé au titre des Monuments
historiques
C'est officiel depuis le 28 octobre dernier : l'Hôtel du Département est classé au titre des Monuments historiques. Cette protection porte sur quatre des cinq bâtiments construits de 1957 à 1965 ainsi que la tour des archives. Elle concerne à la fois les façades et toitures mais aussi de multiples espaces intérieurs comportant des éléments patrimoniaux remarquables.
HDD©Archives Départementales
L’arrêté préfectoral précise "que l’Hôtel du Département présente au point de vue de l’histoire et de l’art un intérêt suffisant pour en rendre désirable la préservation en raison de son architecture s’inspirant du courant moderne et dont les bâtiments du programme d’origine conservent leurs formes, volumes et une part importante du second œuvre et mobilier intégré conçus dans les années 1960 faisant de l’Hôtel du Département un témoignage des grands projets de l’architecture administrative de la reconstruction voulue à la fois fonctionnaliste et de prestige".
C’est en mai 2019 que le Département avait sollicité les services du Ministère de la Culture pour une protection, au titre des Monuments historiques, des éléments les plus remarquables de l’Hôtel du Département, exemple reconnu d’architecture contemporaine de l’après-guerre, et plus spécifiquement de l’ensemble constitué par les bâtiments conçus dès les années 50 pour accueillir la nouvelle préfecture et les archives départementales.
Les commanditaires et concepteurs de cet ensemble (État et Département) ont voulu, à cette époque, en faire un exemple de modernité dans un contexte de grand bouleversement urbanistique lié aux chantiers de la reconstruction de Rouen. On présentait alors le projet comme « la Préfecture de l’an 2000 ».
En rupture radicale avec l’architecture classique des préfectures construites dans les décennies précédentes, les architectes proposaient une division formelle complètement inédite avec un volume bas pour l’administration et un volume haut pour les archives installées dans une tour de 99 mètres de hauteur, appelée à rivaliser avec la tour-lanterne de la cathédrale. Plutôt qu’une façade plate comme celle de la cité administrative, le choix était fait d’un bâtiment incurvé donnant une grande élégance à l’ensemble. Cette construction a d’ailleurs servi de modèle pour nombre de bâtiments publics construits dans la même période,notamment la Maison de la radio à Paris.
Outre cette recherche de modernité, il avait également été décidé de s’inscrire dans une démarche résolument esthétique comme en témoigne l‘écriture très raffinée de l’architecture extérieure mais aussi des décors intérieurs. C’est ainsi que la réalisation de ceux-ci ont été confiés aux plus grands décorateurs de l’époque. De même, des matériaux de grande qualité ont été utilisés : béton armé habillé de pierres de France, marbre, travertin, plafond de bois précieux ou de staff, corniches, lambris plaqués d’essence précieuse, portes et murs capitonnés etc…
Ce souci de raffinement a également accompagné le choix de la lustrerie et du mobilier avant-gardiste, spécifiquement réalisés pour l’édifice tout comme certaines œuvres d’art, notamment la très belle tapisserie de Mathieu Matégot qui orne encore le grand salon.
Les bâtiments ont connu, durant ces cinquante dernières années, et surtout à partir de la décentralisation en 1982 et du départ de la Préfecture en 1995, de nombreuses modifications, nécessitées par l’évolution des compétences et de l’activité administrative de la collectivité départementale.
D'ailleurs, une exposition sur l'Hôtel du Département intitulée "Audace & Modernité" retraçant les 55 ans d'histoire de ce bâtiment emblématique de la construction de Rouen était initialement programmée courant novembre. Cependant, en raison de la crise sanitaire, son ouverture est donc retardée.
Bertrand Bellanger, Président du Département, se réjouit de cette mesure de protection de l'Hôtel du Département qui constitue à la fois un hommage à ce bâtiment et une prise de conscience des personnes qu’il accueille au quotidien (élus, agents et publics), et de cet élément emblématique du patrimoine rouennais dont la préservation est l’affaire de chacun.
