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Recherche des voies, conditions et moyens d'une prise en charge renforcée des enjeux de la biodiversité par les propriétaires et les gestionnaires forestiers. Aspects administratifs et objectifs des recherches

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propriétaires et les gestionnaires forestiers. Aspects

administratifs et objectifs des recherches

Alain Bailly, Hervé Brédif, Francis de Morogues, Marc Valenzisi, Paul

Arnould, Corina Calugaru, Philippe Allée, François Didolot, Olivier

Nougarède, Michel Dupuy

To cite this version:

Alain Bailly, Hervé Brédif, Francis de Morogues, Marc Valenzisi, Paul Arnould, et al.. Recherche des voies, conditions et moyens d’une prise en charge renforcée des enjeux de la biodiversité par les propriétaires et les gestionnaires forestiers. Aspects administratifs et objectifs des recherches. 2010. �hal-02823903�

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Biodiversité et Gestion Forestière

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Résultats scientifiques et acquis

pour les gestionnaires et décideurs

Projets 2005-2009

Ministère de l’Écologie, de L'Énergie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat GIP Ecofor

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Bonhême I., Millier C. (coordinateurs), 2010.

Programme de recherche « Biodiversité et Gestion Forestière » résultats scientifiques et acquis pour les gestionnaires et décideurs projets 2005-2009. Paris, GIP Ecofor-MEEDDM, 128 p. ISBN 978-2-914770-01-9

Ministère de l’Écologie, du Développement durable et de la Mer, en charge des Technologies vertes et des Négociations sur le climat 92055 La Défense Cedex

Tél : 01 40 81 21 22 GIP Ecofor

42 rue Scheffer, 75116 Paris Tél : 01 53 70 21 70

Maquette et réalisation : Inzemoon

Couverture : Pierre Alechinsky, détail de la fresque « L'arbre du voyageur » © Adagp, Paris 2010

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o

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du

Programme

de

recherche

Le programme est piloté par le comité d’orientation, composé d’organismes, soutenu par un conseil scientifique composé d’experts scientifiques du domaine. Il est animé par le Ministère chargé du développement durable et par le Groupement d’intérêt public Ecofor.

Comité d’orientation

Présidé par la chef du service de la recherche, de la Direction de la recherche et de l’innovation du Ministère en charge du développement durable, il réunit les représentants des ministères chargé du développement durable, de la recherche, de l’agriculture, la Fédération des Parcs naturels régionaux, l’Inventaire forestier national, la Fédération nationale des communes forestières, l’Office national des forêts, l’Institut pour le développement forestier du Centre national professionnel de la propriété forestière, les Réserves naturelles de France, les Parcs nationaux de France, la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, AgroParisTech-Engref, les Espaces naturels de France, le GIP Ecofor.

Conseil scientifique

Présidé par Claude Millier, il est composé de chercheurs en écologie fores-tière, sciences économiques, sciences sociales et de gestionnaires spécialisés dans l’interface entre gestion et recherche.

Jacques Blondel (CNRS), Thomas Cordonnier (Cemagref), Henri Décamps (CNRS), Jean-François Dhôte (ONF), Christian Gauberville (IDF-CNPPF), Frédéric Gosselin (Cemagref),

Hervé Jactel (INRA), Roselyne Lumaret (CNRS),

Claude Millier (AgroParisTech-Engref), Serge Muller (Université de Metz), Olivier Nougarède (INRA), Jacques Roy (CNRS), Daniel Terrasson (Cemagref),

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Claude Millier, président du conseil scientifique

Les préoccupations concernant la biodiversité se sont accrues dans les années passées aux niveaux international, européen, national et régional avec des événements notables, des lancements de programmes et des innovations institutionnelles ; on se contentera de citer la conférence sur la biodiversité de 2005, l’année mondiale de la biodiversité en 2010 et la non- atteinte des objectifs fixés dans le cadre de la convention sur la diversité bio-logique, au niveau français, l’important travail fédératif et incitatif réalisé par l’Institut français pour la biodiversité, continué par la création de la Fondation pour la recherche sur la biodiversité, les appels d’offres recherche au niveau français (Agence nationale de la recherche : vmcs (vulnérabilité : milieux, cli-mat et société), systerra (systèmes, territoires, ressources vivantes et agricultu-res),.., APR de l’IFB puis de la fondation, APR conjoint avec le programme gestion et impacts du changement climatique (GICC) sur l’interaction chan-gement-climatique / biodiversité) ou européen (era-net biodiversitas, 6e et 7e

PCRD), le Grenelle de l’environnement, la Stratégie nationale pour la biodi-versité et la Stratégie nationale de recherche-innovation, …

Ce foisonnement exprime l’importance grandissante du domaine (avec l’espoir de créer au niveau mondial une structure analogue au GIEC1, la plateforme internationale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES)), la

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diversité des prescripteurs intéressés, l’insuffisance des connaissances scienti-fiques, le besoin d’une mise en œuvre de ces connaissances à des fins opéra-tionnelles, les difficultés pour faire percoler l’urgence de la question auprès des citoyens, des consommateurs et des agents économiques.

Les instances peuvent donc se satisfaire d’avoir animé le programme « biodi-versité et gestion forestière », précoce dans sa conception, son lancement et ses résultats. Il s’agit toutefois aujourd’hui, dans cet environnement foisonnant, de délimiter le mieux possible sa spécificité qui est restée constante depuis le début.

Bien sûr, l’objet d’étude privilégié est la forêt et ses milieux souvent associés (accrus naturels, reboisements, corridors, …), avec ses modes de gestion diver-sifiés, de la non-gestion et de la protection à l’intensification, de préoccupa-tions de gestion de la parcelle à la forêt et au paysage et soumise à des politiques forestières également diversifiées.

La biodiversité s’y exprime sur ses différents niveaux : intra-spécifique, inter-spécifique, diversité des écosystèmes et des paysages et où l’analyse de la diversité de la strate arborée est plus particulièrement étudiée, du fait de son rôle prédominant sur le milieu et sur les services rendus.

L’originalité du programme réside finalement dans le « et » de « biodiversité et gestion forestière » qui doit être considéré comme un « et » effectif et non de façade, en confrontant dès la conception du programme, scientifiques, ges-tionnaires et responsables des politiques publiques, en appelant à la constitu-tion de partenariats dynamiques dans la définiconstitu-tion et la concepconstitu-tion des projets et en proposant des suivis et des clôtures d’appel d’offres où systématiquement chercheurs et parties prenantes sont amenés à discuter ensemble les résultats de leur validation scientifique à leurs possibilités opérationnelles. Ces dialogues se sont construits progressivement, avec leurs échecs et leurs réussites mais font qu’actuellement, il existe une interface confiante de communautés aux mis-sions et aux constantes de temps si différentes ; le colloque de restitution de Châlons-en-Champagne (du 9 au 11 septembre 2009) a montré que ces com-munautés avaient progressé dans leurs compréhensions réciproques et dans leurs capacités à dégager des synergies.

L’appel à propositions 2005, préparé sous l’impulsion de Véronique Barre, chargé de mission au ministère, et géré par le GIP ECOFOR (Ingrid Bonhême), était organisé en 3 volets distincts :

Approfondir les connaissances sur la relation entre 1 –

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Cette classe de problèmes est décomposée en plusieurs sous-problèmes faisant appel aux sciences écologiques : a) commet gérer un peuplement forestier pour atteindre des objectifs de maintien ou de restauration de la biodiversité, b) quel rôle jouent la composition et la structure du paysage à dominante forestière sur le maintien et la dynamique de la biodiversité, c) quelle diversité des essences doit-on rechercher pour optimiser la production forestière et/ou renforcer la stabilité de l’écosystème forestier ?

Développer les connaissances sur les dimensions socio-2 –

économiques de la relation entre gestion forestière et biodiversité La biodiversité est un enjeu nouveau et perçu de manière variée par les différents protagonistes autour de la gestion et des politiques forestières ; pièce supplémentaire dans la gestion multifonctionnelle des forêts, elle nécessite des approches où les sciences sociales « seules » ou en collaboration avec d’autres disciplines biologiques ou techniques doivent avoir une place prééminente. Il s’agit ici en même temps d’augmenter le réseau des spécialistes autour de la forêt et le thème a été décliné de plusieurs façons : a) quelle rationalité des acteurs face à la biodiversité forestière ?, b) quelle concertation entre acteurs et quelle régulation économique ?, c) quels coûts pour des pratiques de la gestion de la biodiversité ?

Approfondir la réflexion sur les indicateurs de biodiversité 3 –

Aussi bien les acteurs de terrain que les prescripteurs de politique publique considèrent la question des indicateurs comme critique dans le suivi ou la comparaison des situations, la négociation avec les parties prenantes et le coût de leur fabrication est cruciale d’où une réflexion sur les potentialités d’indicateurs indirects On peut considérer qu’à l’avenir les indicateurs et leurs protocoles de mise en œuvre seront co-construits : plutôt que d’ouvrir un appel sur ces questions, nous avons préféré constituer un groupe de réflexion dont les résultats seront publiés en dehors de cet ouvrage

35 projets ont été déposés, 8 projets ont été retenus : 6 projets majori-tairement sur le volet 1, 2 exclusivement sur le volet 2, toutefois 2 projets du volet 1 ont eu une composante socio-économique importante.

Les situations forestières examinées sont très variées : de la populiculture et des plantations landaises et limousines aux forêts plus ou moins naturelles tem-pérées et tropicales, de gestions très tournées vers la production à la prise en

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compte de contraintes écologiques, des propriétaires publics aux acteurs privés dans des contextes souvent multi-acteurs.

L’approche habituelle donne une place très importante aux observations de ter-rain interprétées dans le cadre de théories disciplinaires et alimentant d’ailleurs leur construction, nécessitant des composantes naturalistes (quel déficit sur les connaissances taxinomiques pourtant indispensables) mais cherchant systéma-tiquement à comprendre les fonctionnements en particulier dans un objectif de prédiction.

Mais les propositions construisent aussi des protocoles quasi-expérimentaux ou utilisent des expériences déjà anciennes souvent construites pour d’autres fins ; dans un des projets de 2005, un plan expérimental a été construit pour dégager les relations de causalité qui manquent toujours autant dans nos analyses et pèsent sur la force des propositions.

La valorisation scientifique des projets est assurée par les publications des chercheurs dans les revues spécialisées. La synthèse des résultats scientifiques et les acquis pour la gestion présentés dans cet ouvrage participent à la logique de valorisation des projets auprès des acteurs de la gestion au même titre que les manifestations du programme. Au-delà de cela, que peut-on dire de leur valorisation pour l’action ?

D’abord la constitution d’un socle plus étendu et plus solide de connaissan-ces permet de mieux préciser les conditions dans lesquelles une action peut être développée : on peut de cette façon se situer par rapport à des seuils, des risques concernant la biodiversité et le fonctionnement des écosystèmes fores-tiers ; l’intérêt de recherches finalisées est de se concentrer sur des connaissan-ces proches de l’action par opposition aux connaissanconnaissan-ces plus génériques de la science de base.

Ensuite, la traduction des résultats de recherches en une valorisation effective n’est pas un processus simple ; comme dit plus haut, la collaboration « égale » entre chercheurs et acteurs permet une efficacité plus grande et en tous cas plus permanente.

Il faut distinguer deux publics d’ « utilisateurs » potentiels, dont les attentes et les exigences apparaissent assez différentes : les gestionnaires, souvent appuyés par les agents de développement forestier, préoccupés par les aspects biologi-ques, techniques et économiques de leur action et confrontés à de nouvelles questions de terrain impliquant parfois de nouveaux acteurs (associations, col-lectivités,…) d’une part, les prescripteurs de politiques forestières soucieux de prendre en compte les résultats pour améliorer leurs outils et pour aider à leur évaluation d’autre part.

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Le programme cherche à atteindre les deux publics, mieux même à les faire échanger sur ces problèmes de biodiversité ; les projets financés en 2005 émar-gent à l’une ou l’autre famille, de façon plus ou moins directe : ainsi si le projet sur les vallées alluviales de Champagne ressort clairement de la première, la réflexion collective sur les indicateurs apparaît satisfaire davantage les atten-tes des prescripteurs, le projet « bois mort » est plus équilibré, dénotant une convergence des intérêts « bottom-up » et « top-down ».

L’appel d’offres 2005 n’a pas retenu de projets en recherche-intervention, ils sont cependant indispensables pour mieux progresser dans un travail simultané sur les connaissances biologiques et sur les attentes des acteurs.

Les projets ont fait l’objet d’un colloque à mi-parcours (à Ferrière-en-Brie les 4 et 5 octobre 2007) ; après évaluation par le conseil scientifique du pro-gramme des différents projets, un colloque final de restitution a été organisée à Châlons-en-Champagne du 9 au 11 septembre 2009. Les projets étaient présentés par des gestionnaires ou des responsables des politiques forestières, évidemment orientant les débats sur les potentialités opérationnelles. Il a été essayé une synthèse à chaud des questions des gestionnaires et décideurs, refor-mulées en questions pour la recherche, offerte pour discuter des lignes fortes d’une nouvelle tranche du programme. Hervé Jactel pour le domaine écolo-gique et Franck-Dominique Vivien pour les sciences sociales se sont prêtés au jeu, difficile et à risque, de cette synthèse ; on détaille ci-dessous quelques éléments de leurs propos2.

La caractérisation de la biodiversité est le premier des axes de recherche en biodiversité forestière, comme dans d’autres écosystèmes d’ailleurs. Cette caractérisation passe évidemment par des étapes d’acquisition de données sur le terrain. Les scientifiques ne considèrent pas cette mission comme très sti-mulante et la taille de la tache à accomplir est colossale. Aussi, les efforts des scientifiques dans ce domaine pourraient porter sur la mise en place de métho-des d’échantillonnage performantes et la production d’indicateurs adaptés à la question, l’échelle et à l’utilisateur concernés.

Il est aussi nécessaire, dans le contexte changeant dans lequel nous vivons et de manière générale pour améliorer la compréhension du fonctionnement de l’écosystème forestier, de réfléchir à des moyens de suivi à long terme des écosystèmes.

2 – Ces propos ont été repris d’après les minutes du colloque, il peut exister un décalage avec le discours des auteurs, nous les prions de nous en excuser.

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Il s’agit ici de proposer des méthodes de suivi qui puissent être réappropriées par les gestionnaires une fois qu’elles sont validées, ces méthodes doivent donc être simples, leur performance résidant alors plus sur la répétabilité des mesures que sur leur précision. De même, le choix des mesures à effectuer doit être optimisé du point de vue du ratio coût/précision.

Une fois la biodiversité décrite, il devient intéressant de lui attribuer une va-leur. La valeur écologique de la biodiversité est nécessairement relative ; elle sera donnée par la comparaison de l’endroit à considérer avec d’autres endroits similaires. Se pose alors la question de la référence ; doit-on compa-rer un milieu à son « alter-ego » à l’état naturel, à l’état semi-naturel,… Ces interrogations amènent aussi à s’interroger sur la notion de « naturalité » d’un écosystème. On peut aussi vouloir comparer la valeur écologique de la bio-diversité d’un lieu à un moment donné par rapport à son état antérieur. C’est d’ailleurs la base du questionnement du programme BGF que de savoir si la biodiversité augmente ou diminue (l’augmentation est-elle d’ailleurs toujours liées à une valeur plus grande ?) après telle ou telle pratique de gestion. En outre, l’état antérieur peut être envisagé de façon fixe ou au contraire inscrit dans une trajectoire non linéaire.

L’effet de la sylviculture sur la biodiversité a souvent été évalué de manière très partielle dans l’espace temps, il serait dorénavant intéressant que les différentes pratiques puissent être jugées sur leur effet à long terme au moins sur le cycle sylvicole complet. Pour le chercheur, il s’agit alors de faire des suivis diachroniques ou bien des suivis synchroniques bien pensés. Il est aussi intéressant de caractériser la nature temporelle de certains effets de la gestion sur la biodiversité : quels sont les effets latents, les effets immédiats, les effets à long terme, … Pour évaluer l’effet de pratiques innovantes, il apparaît également utile de pouvoir expérimenter, les conditions expérimentales per-mettant d’analyser une diversité de techniques importante et d’améliorer la portée statistique des résultats en limitant les effets confondants et en intégrant des parcelles témoin.

La distribution de la biodiversité dans l’espace, tout comme son évo-lution dans le temps, est aussi une question scientifique importante. Sa distribution peut être analysée à différentes échelles : celle de la propriété forestière, celle du massif, celle du paysage. On peut se demander si l’objectif est de maintenir la biodiversité en tout point (diversité a) ou bien à l’échelle du massif (diversité g), ce qui est plus simple à réaliser. La distribution des modes d’occupation des sols et des différents types de gestion à l’échelle du territoire est aussi une question intéressante en termes d’impact sur la biodiversité.

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À l’échelle des territoires où les politiques d’aménagement sont menées, les mi-lieux naturels sont mixtes, les paysages forestiers côtoient les mimi-lieux ouverts. Les milieux ouverts intra-forestiers et les lisières jouent des rôles importants dans l’écologie de bon nombre d’espèces (échanges d’espèces, effet buffer, corridor, barrière).

Les arbres hors forêts, c’est-à-dire, les haies, les bois agricoles, les arbres urbains sont aussi susceptibles de jouer un rôle dans la conservation d’une certaine part de la biodiversité.

Tous ces éléments sont à intégrer dans la réflexion concernant la distribution dans l’espace de la biodiversité forestière dans laquelle le programme BGF s’engage au travers de la prise en compte des politiques territoriales dans leur relation avec la biodiversité forestière.

Franck-Dominique Vivien, économiste de formation, a noté l’absence de projets à contenu majoritairement économique ; au moment où se dé-veloppent les réflexions sur les services rendus par les écosystèmes forestiers et leur valorisation en particulier économique, ce manque ne peut longtemps perdurer même s’il est difficile d’attirer les équipes compétentes ; les questions de valeur se déplaçant de l’existence à l’usage doivent devenir essentielles pour gérer correctement la multi-fonctionnalité.

Les forêts (et leurs acteurs) étant plongées dans des territoires concrets, c’est toute la logique des développements de territoire et donc les probléma-tiques des sciences sociales qu’elle engendre qui sont convoquées ici avec les particularités de la propriété forestière, de la longueur des cycles forestiers et de la nature « commune » des biens que constituent la biodiversité.

À ce titre, la façon dont les acteurs s’emparent et s’approprient les dispositifs institutionnels (contrats de territoires, politiques de préservation de la biodiversité, dispositions du Grenelle de l’environnement, outils mis en place dans le cadre de politiques forestières,..) est un sujet d’étude et de recher-che important car on peut observer une large gamme de situations des conflits aux co-constructions, d’ailleurs abordée dans les projets de sciences sociales de l’appel 2005.

Si on est d’accord sur la nécessité d’accroître les connaissances biologiques, il faut savoir aussi tenir compte des savoirs profanes et vernaculaires et en même temps prendre en compte les capacités d’apprentissage personnels et collectifs des acteurs ; dans ces nouveaux contextes, la place et le rôle de l’expert ont évolué et c’est de plus en plus la maîtrise des conditions de médiation qui apparaissent déterminer la qualité des solutions ; il faut dépasser

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le clivage entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, qui dans beaucoup de cas est une simplification très fausse des situations et en tous cas ne peut nourrir un progrès dans l’action. D’autres disciplines des sciences sociales devraient intervenir dans le programme à l’avenir : histoire, éthique, droit, psychologie.

Finalement, le dialogue décideurs-chercheurs-gestionnaires, déjà institution- nalisé au sein des instances, a été élargi au public du programme lors des journées du 9 au 11 septembre 2009. Les questions pour la recherche « co-construites » qui en sont issues sont largement reprises dans le projet du prochain APR dont la sortie est prévue début 2010.

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Quel mode de régulation et de gestion durable des ressources forestières pour la biodiversité ? Une analyse à partir de la coordination locale

Valérie Angeon et Armelle Caron (AgroParisTech-ENGREF) 15

Recherche des voies, conditions et moyens d’une prise en charge renforcée des enjeux de la biodiversité par les propriétaires et les gestionnaires forestiers

Alain Bailly et Hervé Brédif (Institut Technologique FCBA) 29

Influence de l’intensite d’exploitation et du degre d’ouverture de la canopee en foret tropicale humide sur le maintien et la dynamique de la biodiversite

Christopher Baraloto (INRA) 45

Biodiversité floristique, entomologique et ornithologique des vallées alluviales de Champagne-Ardenne

Alain Berthelot (FCBA) 55

Représentations sociales et intérêts écologiques de la nécromasse (RESINE)

Christophe Bouget (Cemagref) 71

Corylus : Influence de la composition et de la structure des masses forestières sur la biodiversité

Jean-Luc Dupouey (INRA) et Laurent Bergès (Cemagref) 89

Diversité fonctionnelle des arbres et réponse de l’écosystème forestier aux changements climatiques

Hervé Jactel (INRA) 109

Quelle diversité des essences pour quelle production et quel fonctionnement du sol ?

Jacques Roy (CNRS) 117

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Aspects administratifs et objectifs des recherches

Aspects Administratifs

Date d’engagement : 30 janvier 2006 Montant du budget : 137 519 € HT Cofinancements obtenus : néant

Coordinateurs

Valérie Angeon et Armelle Caron, AgroParisTech-ENGREF UMR Métafort

24, Avenue des landais 63170 Aubière – France

Email : Valerie.Angeon@agroparistech.fr, Armelle.Caron@agroparistech.fr

Autres participants au projet

Delphine Azoulay (Cemagref puis AgroParisTech), Monique Bouchaud (Cemagref), Jean-Paul Bousset (Cemagref), Philippe Chambon (ENGREF), Claire Choquet (Cemagref), Hélène Gross (Cemagref), Catherine Macom-be (ICGREF-Cemagref), Xavier Niveleau (Cemagref), Laurent Planchet (Cemagref), Yves Poss (IGGREF AgroParisTech – ENGREF), Richard Raymond (AgroParisTech – ENGREF), Marie Taverne (Cemagref), Estelle Vicard (Cemagref)

Mots-clés : biodiversité forestière, ressources naturelles, pratiques de gestion, apprentissage, lien social, institutions, situation de gestion, capital social, proximité, droits de propriété

Objectifs des recherches

Comprendre les conditions et les moyens par lesquels une prise en charge volon-taire et collective d’objectifs de conservation de la biodiversité est possible.

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Présentation des travaux

Introduction

Le projet de recherche « Quel mode de régulation et de gestion durable des ressources forestières pour la biodiversité ? Une analyse à partir de la coordination locale » porte sur les pratiques de gestion mises en œuvre par les propriétaires forestiers privés dans le Massif central. L’objectif principal de ce projet est de contribuer à l’analyse des démarches visant à intégrer les principes de durabilité, en particulier en matière de conservation de la biodiversité, dans la gestion forestière. Cet objectif de gestion durable implique que les règles d’usage des ressources forestières soient définies et collectivement respectées, ce qui suppose l’élaboration d’accords et de compromis entre les acteurs parties prenantes. Nous nous intéressons aux conditions d’émergence de ces démarches d’essence collective : quelles actions collectives locales prennent en compte la conservation de la biodiversité ? Comment ont-elles pu émerger ? Peut-on préjuger de leur pérennité ? L’étude comporte également un volet appliqué et porte, dans une perspective comparative, sur six terrains d’étude. À propos de la biodiversité, le projet rend compte des représentations des acteurs (c’est-à-dire les propriétaires forestiers) ainsi que des modalités de prise en considération de sa conservation dans leurs pratiques de gestion. Nous avons visé à caractériser les conditions et les moyens qui rendent possible la prise en charge collective d’objectifs relatifs à la biodiversité et à fournir des clés de lecture sur la façon d’inciter les acteurs à s’investir dans des pratiques de gestion forestière favorables à la conservation de la biodiversité. Notre réflexion sur l’émergence de démarches concertées en faveur d’une gestion forestière durable dans le respect de la biodiversité est abordée à tra-vers l’analyse de la cohésion sociale locale. L’argumentaire développé est que l’intensité et la nature des liens sociaux importent dans la conduite d’actions collectives. Le champ des sciences économiques et de gestion se révèle parti-culièrement pertinent pour analyser les propriétés des relations sociales et les formes d’organisation collective. Les approches théoriques retenues sont celles du capital social (sciences économiques) et des situations de gestion (sciences de gestion). La première, qui définit la propension à l’action collective (Wool-cok et Narayan, 2000), traite des relations sociales (nature, forme, intensité) et de leurs effets dans les démarches de projets communs. La seconde appré-hende en termes de « situations de gestion » les projets collectifs menés. Il faut entendre par là un ensemble d’acteurs disposant des ressources indispensables à l’accomplissement d’une action collective et qui se sentent investis du de-voir d’accomplir ensemble cette action (Girin, 1990). Les deux approches sont

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complémentaires et s’articulent sur le plan des dynamiques de relations sociales. L’hypothèse générale énoncée est que la qualité des liens sociaux (appréhendée par le capital social) joue à la fois sur l’émergence et la stabilité des « situations de gestion » caractérisant des formes d’action collective. En d’autres termes, nous postulons que les caractéristiques sociologiques des acteurs influent sur leur capacité d’organisation collective. Cette propension à l’action collective est ici appréhendée par des démarches concrètes en matière de gestion fores-tière et de prise en compte de la biodiversité.

Matériels et méthodes

Méthode

Conformément à la posture de recherche dont se réclament les chercheurs impli-qués dans le projet, l’étude comprend une forte dimension appliquée. Le rapport au terrain est instruit, d’une part, à travers une volonté d’explicitation du réel observé à partir de grilles d’analyse théorique et, d’autre part, par une interaction continue entre acteurs et chercheurs dans une perspective réflexive. Deux types d’investigation ont été menés. Premièrement, nous avons cherché à appréhen-der les représentations qu’ont les propriétaires forestiers de la biodiversité ainsi que leurs pratiques de gestion. Sur cette base, des entretiens semi-directifs actifs ont été conduits. Ces entretiens ont été alimentés par des grilles d’analyse théo-rique se référant à l’action collective (théorie des situations de gestion).

Deuxièmement, nous avons mis en place un dispositif d’évaluation des dyna-miques d’apprentissage dont font preuve les propriétaires forestiers en matière de gestion durable des ressources naturelles et de préservation de la biodiver-sité.

Sites et cas retenus

Au total six terrains d’étude couvrant une diversité d’espaces forestiers ca-ractérisés par des dispositifs institutionnels et des dominantes fonctionnelles différenciés ont été investigués1 : le site Natura 2000 du Mont Bar (Auver-gne), la Charte Forestière de Territoire de Volvic (Auver(Auver-gne), le Parc Naturel Régional du Morvan (Bourgogne), le Plan de Développement de Massif de la montagne Thiernoise (Auvergne), la zone du Groupement de Développe-ment Forestier Monts et Barrages (Limousin) et le Parc National des Céven-nes. Deux d’entre eux ont fait l’objet d’une expérimentation in situ visant à mesurer l’évolution des pratiques de gestion des propriétaires forestiers. Il s’agit du site Natura 2000 du Mont Bar et du Plan de Développement de Massif de la montagne Thiernoise.

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Résultats

Les principaux résultats de notre travail peuvent se résumer comme suit. Les propriétaires forestiers se font une

représentation de la biodiversité

à travers deux indicateurs principaux : la présence de bois mort et le mélange d’essences forestières.

Les actions collectives repérées ne sont pas spécifiquement

centrées sur la préservation de la biodiversité. Pour chacun des sites étudiés en effet, différents modalités d’actions collectives ont été recensées avec un impact plus ou moins important sur la biodiversité. Nos résultats d’analyse confirment que

les dynamiques sociales

contribuent à la pérennité, la stabilité et la résilience des systèmes écologiques et sociaux (SES). Un SES rend compte de l’intrication étroite d’un système écologique et d’un système social. Cette terminologie décrit tout ensemble de systèmes sociaux au sein desquels les relations d’interdépendance entre individus se cristallisent et sont médiatisées par des interactions avec des entités biophysiques et des entités biologiques non-humaines.

Nous nous sommes attachés à une exploration des modalités d’action collec-tive et de gestion durable des ressources naturelles forestières en considérant l’importance de la qualité du lien social dans ces processus. Une telle réflexion s’inscrit dans le cadre de l’évolution des référentiels des politiques publiques posant comme pertinentes l’échelle locale (en tant qu’espace d’action) et la prise de décision concertée.

Nous nous sommes alors livrés à une exploration des mécanismes de coor-dination locale et avons cherché à comprendre quels types de liens sociaux favorisent l’émergence d’un système écologique et social robuste, garant d’une gestion durable des ressources. Nous montrons que si des dynamiques de proximité forte entre acteurs permettent dans certains cas une prise en charge volontaire et collective des ressources naturelles, elles peuvent dans certaines conditions générer des externalités négatives et nuire à la pérennité d’un SES. C’est donc dans l’articulation entre différentes formes de proximité entre acteurs que se trouvent des pluralités de réponses aux enjeux de gestion collective durable des ressources.

Enfin, cette étude montre que les dynamiques d’apprentissage des pro-priétaires forestiers sont plus marquées dans un contexte d’action collective que purement individuelle.

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Discussion

Les temps forts de la discussion s’organisent autour des différents résultats pro-duits.

À partir de la grille interprétative des situations de gestion, nous avons mis en évidence, sur l’ensemble des territoires observés, que les acteurs ne s’organi-sent pas directement autour d’enjeux de conservation de la biodiversité. Les propriétaires forestiers ne savent d’ailleurs pas nécessairement définir ce qu’est la biodiversité. Ils s’en font d’ailleurs un niveau de représentation particulier autour du mélange d’essences et de la présence de bois morts. Autre singulari-té, il apparaît que les initiatives collectives en matière de gestion des ressources forestières sont relativement faibles. Si ces résultats sont communs à l’ensemble des cas d’étude, il convient de déterminer si ces caractéristiques sont propres au contexte du Massif central (histoire, fonds sociologiques) ou si elles sont davantage contingentes aux cadres institutionnels dans lesquelles s’inscrivent les acteurs. C’est tout l’enjeu des résultats tirés de la réflexion analytique sur les facteurs socio-institutionnels.

Du fait de l’adhésion collective qu’elles requièrent à une échelle territoriale pertinente, les pratiques de durabilité invitent à considérer les institutions de gestion collective des ressources naturelles (Ostrom, 1990, 2000 ; Bromley, 1992 ; Schlager et Ostrom, 1992). Il s’agit de caractériser la diversité des for-mes d’arrangements institutionnels locaux (formels ou non) qui encadrent les usages des ressources déterminés comme des éléments structurels clés pour la pérennité des formes d’action collective qu’ils permettent mais également des ressources qu’ils régulent.

Nous montrons que l’échelle territoriale est une échelle pertinente de mise en commun d’actions collectives en faveur d’une gestion durable des ressources. Cet espace de proximité permet en effet la cristallisation de liens sociaux forts entre acteurs, de nature à favoriser l’émergence d’un système écologique et social robuste, garant d’une gestion durable des ressources. Ce résultat d’ana-lyse sur la constitution d’un espace de proximité entre acteurs s’inscrit en co-hérence avec celui que nous avons obtenu dans le cadre de notre expérience de recherche-action2.

Ce dispositif consistait à frapper l’attention des propriétaires forestiers par des « faits marquants » ou « marqueurs » (diffusion d’idées nouvelles) et à repérer

2 – La conduite d’une recherche-action implique une posture particulière de recherche où les chercheurs tout comme les acteurs participent au processus de construction de la recherche mais également à l’expérimentation. Le protocole d’expérience dont nous relatons ici les éléments structurants a fait l’objet d’interactions régulières avec les acteurs ressources présents sur le terrain, a été validé et relayé par eux.

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de quelle manière ces derniers influencent non seulement leur comportement à-dire leurs pratiques de gestion) mais aussi leurs normes d’action (c’est-à-dire l’appropriation et la défense de nouveaux systèmes de valeurs). Si nous avons pu observer que les mécanismes individuels et collectifs d’apprentissage interfèrent, les résultats sont particulièrement probants dans le cas des dynami-ques d’apprentissage collectif. Il apparaît en effet que l’existence d’une identité commune, de laquelle peut se réclamer un collectif de propriétaires forestiers, constitue un terreau fertile favorisant la diffusion et l’intégration de valeurs et normes d’actions en faveur de la biodiversité. Plus largement, cette identité commune s’ancre et trouve à se renforcer à travers des normes sociétales, ter-ritoriales. L’essence du changement de pratique ne tient pas tant à l’existence d’un simple collectif d’acteurs mais relève davantage de référentiels d’acteurs territorialement ancrés. La prégnance d’un « effet territoire » apparaît comme essentielle à la diffusion de normes et de valeurs favorables à l’adoption de nouvelles pratiques. Cette conclusion s’apparente aux ré-sultats de recherche de Coudel et al. (2008) sur l’apprentissage en triple boucle caractéristique des processus de gouvernance locale.

En clair, la constitution d’une équipe locale de forestiers qui se retrouve pour des actions communes, quelles qu’elles soient, favorise l’évolution des connais-sances techniques, mais aussi de la perception, de la sensibilité au sujet de société qu’est la conservation de la biodiversité. Lorsque les acteurs n’ont pas l’occasion de telles retrouvailles sur un projet partagé, qui peut être de forma-tion ou de découverte, la mémorisaforma-tion des idées nouvelles, même portées par des faits marquants et connus de chacun, n’est pas constatée.

Conclusions - Perspectives

Nous avons exploré sur le plan théorique la question de l’incidence des déter-minants sociaux et institutionnels sur les modalités de gestion durable des res-sources naturelles. Ce propos s’est décliné sous la forme d’hypothèses de travail que nous avons affinées et illustrées dans le cadre de notre réflexion.

L’ensemble de ces hypothèses nous a permis d’identifier, d’analyser et d’ex-pliciter plus spécifiquement l’importance de la qualité du lien social pour la concrétisation d’actions collectives favorables à une gestion forestière durable qui tienne compte des enjeux de conservation de la diversité biologique. L’un de nos apports principaux tient dans l’élaboration d’une grille d’analyse mettant en relation les propriétés du lien social et du contexte institutionnel sur la durabilité et la résilience des systèmes forestiers.

(24)

à illustrer, à partir de quelques exemples, de quelle manière ces « institutions de propriété commune »3 s’incarnent à travers des dispositifs territoriaux parti-culiers qui intègrent des principes de durabilité dans la gestion forestière (do-cuments d’objectifs dans le cadre de la mise en œuvre du réseau Natura 2000, chartes forestières de territoires, dynamique collective en vue de l’éco-certifi-cation forestière…). Cette appréhension du lien entre dispositif institutionnel formalisé et résilience des systèmes socio-écologiques pourrait ainsi permettre de systématiser la grille de lecture analytique produite.

Acquis en termes de transfert

Les acquis en termes de transfert sont directement liés aux principaux résultats de notre travail. Les enseignements tirés des terrains étudiés devraient nous permettre de mieux cerner les représentations qu’ont les acteurs de la biodi-versité en forêt et d’appréhender leurs pratiques de gestion. Ils amènent fonda-mentalement à interroger les fondements de l’action publique locale.

De l’appropriation locale des enjeux à la formalisation des pratiques : les acteurs entre représentations et actions

Des situations de gestion qui ne sont pas directement liées à la conservation de la biodiversité

On peut remarquer qu’aucune situation de gestion ou nébuleuse d’acteurs n’a été directement créée pour répondre à des enjeux de conservation de la biodi-versité. Il existe cependant certaines situations de gestion autour d’enjeux qui font intervenir des moyens, qui, eux, influent sur la biodiversité. Mais les ac-teurs ne se concertent jamais directement sur la biodiversité ni sur les moyens à mettre en œuvre pour y parvenir. Cela vient peut-être de la multiplicité des représentations individuelles de cette dernière. Il s’agit en effet d’une notion qui est appropriée de manière disparate par les acteurs : les représentants d’ins-titutions comme le CRPF, l’ONF ou encore les Conservatoires déclinent de manière très précise l’éventail de définitions alors que nombre de propriétaires forestiers ne savent pas ce qu’est la biodiversité.

Des indicateurs locaux de biodiversité différemment appropriés

L’enjeu « mélange d’essences » est assez bien approprié par les propriétaires

3 – Terme relevant de la théorie des droits de propriété. Cette école tend à abandonner depuis le début des années 2000 la référence explicite à la notion de « propriété » et à privilégier celle de « gestion en commun » des ressources.

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quel que soit le terrain d’étude considéré. En Auvergne, selon les termes du Vice-président de la Fédération de Chasse Régionale, les événements climati-ques de 1982 et de 1999 auraient « eu le mérite de faire ressentir qu’un peuplement

uniforme était plus sensible (à la tempête) qu’un peuplement mélangé ». Il convient

toutefois de souligner que la réglementation en vigueur est contradictoire avec la promotion du mélange d’essences forestières4. « Il faut au moins 1 ha d’une

même essence pour bénéficier des subventions. » (CRPF). Cette réglementation peut

être dommageable notamment pour les petites propriétés forestières qui ne sont alors pas encouragées à diversifier les essences sur leurs parcelles. L’enjeu « bois mort » quant à lui est approprié de façon différente selon les territoires étudiés (représentation du « propre » et du « sale »). Sur ce plan, les logi-ques institutionnelles prévalent et les propriétaires ont tendance à respecter les conseils qui leur sont prodigués.

On note ainsi qu’une même population de propriétaires forestiers est capable de se représenter des indicateurs de biodiversité à différentes échelles spatiales. En effet, l’indicateur « mélange d’essences » est pertinent à l’échelle du mas-sif alors que l’indicateur « bois mort » est souvent considéré à l’échelle de la parcelle. La communication, envers tout public, devrait en tenir compte pour promouvoir la biodiversité. Aussi, dans ce but, il paraît important de détermi-ner des indicateurs localement adaptés (ici, mélange d’essences et bois mort). Il faut ensuite repérer les objectifs des groupes à l’œuvre dont les actions ont un impact sur la biodiversité. Une connaissance des indicateurs de biodiversité lo-caux et des enjeux à l’œuvre permet de déterminer une politique de commu-nication localement adaptée ainsi que le meilleur acteur pour la porter. Il s’agit de créer un événement, dans ses différentes composantes de réalité concrète, de message et de porteur de celui-ci, qui puisse être médiatisé, et constituer un fait marquant qui contribue à la mémorisation de concepts nouveaux.

Qualité du lien social, action collective et robustesse des systèmes écologiques et sociaux

Des liens sociaux qui dynamisent les actions collectives

Nous avions posé l’hypothèse des liens sociaux comme facilitateurs de l’action collective. De l’analyse des terrains d’étude, on peut conclure que les liens forts sont une condition nécessaire mais non suffisante à l’action collective. La présence d’un individu moteur reste capitale. Par ailleurs, la dynamique de

4 – Les textes évoqués ici sont ceux qui précisent les modalités de reconstitution des forêts après les tempêtes de 1999. Ils ont été perçus, par les acteurs de terrain, comme favorables au reboisement monospécifique de résineux, puisque les modalités de contrôle de la régénération naturelle faisaient courir un risque de remboursement des aides au bénéficiaire.

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liens faibles caractérisée par des individus porteurs d’informations nouvelles, souvent extérieurs au territoire, joue sur la propension des acteurs locaux à adopter de nouvelles pratiques. Encore faut-il qu’il existe des relais locaux légitimement reconnus pour en faciliter la diffusion et le portage.

Est ainsi confirmé le rôle de l’animateur, qui doit d’une part obtenir une reconnaissance locale, où sa personnalité et le choix des contacts qu’il noue et de son programme de travail s’additionnent, et d’autre part faire appel à des porteurs de message externes, qui renforcent, complètent, enrichissent les manières de penser locales.

Les actions collectives n’ayant pas pour enjeu la biodiversité : une porte d’entrée pour une coordination future autour de cet objet ?

Toute action collective, qu’elle ait un impact direct ou non sur la préservation de la biodiversité, est à encourager. Les actions collectives qui n’ont pas d’impact direct sur la préservation de la biodiversité permettent en effet la mise en place d’un réseau. Les liens tissés entre les acteurs à cette occasion sont alors susceptibles d’être réactivés pour d’autres actions ayant trait plus spécifiquement à la biodiversité.

Apprentissage et évolution des pratiques de gestion forestière

L’ensemble des résultats de notre étude interroge fondamentalement l’action publique locale. S’il apparaît que les dynamiques d’actions collectives locales importent pour impulser des pratiques de durabilité intégrant des objectifs de conservation de la biodiversité, alors les conditions d’une telle atmosphère locale devraient être suscitées. En particulier, l’action pourrait être orientée autour des axes déclinés ci-après.

La communication et l’animation seraient profitables à l’émergence et à la stabilisation d’actions collectives pour la gestion des

ressources

La communication, sur des sujets comme le lien entre bois mort et biodiversité par exemple et sur d’autres indicateurs de biodiversité locaux, apparaît comme un mot d’ordre quel que soit le terrain d’étude considéré. Il faut mobiliser tous les supports possibles pour diffuser ces informations auprès des propriétaires mais également auprès du grand public : bulletins d’information (via le CRPF ou l’ONF), réunions publiques organisées par le CRPF, panneaux d’infor-mation dans les bois… Nombre de ces supports existent déjà ou sont en passe

(27)

d’être utilisés mais gagneraient davantage à être adaptés aux besoins locaux5. Dans une zone proche d’une agglomération importante, où le nombre de propriétaires est tel qu’on ne peut pas tous les contacter individuellement et dans un contexte où les nouveaux propriétaires sont de plus en plus urbains, il faut songer à l’utilisation d’autres médias afin de toucher le plus grand nom-bre d’individus. Par ailleurs, la perspective de changement climatique amène à s’interroger sur la prise en compte d’éléments de prospective (évolution des essences par exemple) dans la gestion des ressources forestières.

Des modalités collectives d’apprentissage

Les apprentissages sont plus marqués dans un contexte collectif (avec création et appropriation de valeurs nouvelles), que dans un contexte purement indi-viduel. La diffusion de l’apprentissage sera d’autant plus efficace que l’on met en œuvre des dispositifs qui favorisent l’émergence d’une culture locale de la « forêt bien gérée ». La capacité des groupes de propriétaires à faire évoluer leurs pratiques est d’autant plus importante qu’ils se sentent investis sur leur territoire c’est-à-dire contribuent à déterminer des choix d’aménagement et participent, plus largement, à sa gouvernance.

Des pratiques de gestion à développer : la certification a t-elle un impact réel sur la préservation de la biodiversité ?

Nous proposons ici non pas une recommandation générale mais une réflexion sur les systèmes de certification forestière : peut-on considérer que ces derniers puissent aider ou tout du moins influer sur la conservation de la biodiversité ? Nous nous sommes intéressés au système PEFC (Programme for the Endorsement

of Forest Certification schemes). Ce dernier est le plus répandu en Auvergne et est

soutenu par l’ONF et le CRPF.

La certification est une procédure dont le but est de garantir aux utilisateurs et aux consommateurs que les produits ou les services dont ils sont acquéreurs sont conformes à une série de règles ou de normes fixées préalablement6. Ce besoin en bois certifié provient des secteurs de transformation de la filière bois et se répercute sur les propriétaires forestiers, qui, s’ils veulent vendre, se voient obligés d’adhérer à PEFC. Comme le dit clairement un propriétaire

5 – Dans un site comme celui du Mont Bar par exemple, le besoin de communication va de pair avec un besoin d’animation ciblée auprès des propriétaires et du grand public (courriers personnels aux propriétaires ou diffusion via la mairie ; panneaux d’information destinés au grand public). Il faut de plus, et ce site l’illustre bien, insister, pour le sujet bois mort, sur l’absence de contradiction entre conservation de la biodiversité et valorisation énergétique. 6 – http://www.pefc-france.org/certification.asp?art=1575

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rencontré : « PEFC : personne n’y croit mais tout le monde adhère parce qu’on

est obligé. Les gens adhèrent parce qu’ils veulent vendre ». Les propriétaires n’ont

aucune compensation économique en adhérant à PEFC mais ils ont accès à un marché de bois certifié. Les 19 engagements volontaires de gestion durable « n’ont rien de révolutionnant. Il faudrait faire bien plus mais malgré tout,

c’est un petit plus par rapport à la gestion actuelle » (PNR du Livradois Forez).

Ces engagements relèvent souvent du bon sens mais ils ont le mérite d’être spécifiés dans les clauses du contrat : le propriétaire qui adhère à PEFC par obligation en prend au moins connaissance. Cela l’aura fait réfléchir et prendre conscience qu’une forêt se gère et qu’il y a d’autres aspects que la production de bois. Pour la question de la conservation de la biodiversité qui nous occupe dans ce rapport, il semble que PEFC puisse être un bon vecteur d’information auprès des propriétaires.

Au-delà de ces diverses recommandations, notre travail tend à confirmer l’importance de l’apport des sciences sociales pour entreprendre un travail analytique fin visant à expliciter ce qui motive les actions des propriétaires forestiers, favorise l’évolution de leurs pratiques de gestion dans le sens d’un meilleur respect de la biodiversité et facilite l’aide à la décision publique.

Liste des principales valorisations de recherches

Articles scientifiques publiés, sous presse, soumis et en préparation

Angeon V., Caron A., 2009. Quel rôle de la proximité dans l’émergence et l’adoption de modes de gestion durable des ressources naturelles ?, Natures

Sciences Sociétés, (à paraître).

Azoulay D., Angeon V., Bouchaud M., Caron A., Macombe C., Taverne M.. Actions collectives, gestion forestière et biodiversité : l’exemple de deux territoires auvergnats, Revue Française Forestière (en révision).

Articles de vulgarisation publiés, sous presse, soumis et en préparation

Présentation du programme de recherche dans une lettre d’information électronique consultée par les acteurs du monde forestier.

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Participations à des colloques nationaux ou internationaux

Communications orales

Angeon V., Caron A., 2006. Action collective et gestion des ressources natu-relles forestières. Une analyse en termes de coordination d’acteurs. Commu-nication orale, Fifth Proximity Congress. Bordeaux, GRES (Groupement de Recherches Économiques et Sociales - Economic and Social Research Unit) - Université de Bordeaux 4, 28 - 30 June 2006.

Angeon V., Caron A., 2007. Collective action and forest resources sustainable management. Communication orale, Colloque Recreating and valuing territories, 13th APDR Meeting (Portuguese speaking countries meeting for regional

scien-ce). Angra do Heroismo (Azores), University of Azores, 5-7 july 2007.

Angeon V., Caron A., 2007. En quoi les modes de gestion collective des res-sources forestières favorisent-ils la préservation de la biodiversité ? L’exemple de deux territoires auvergnats. Communication orale, Les dynamiques

territo-riales : débats et enjeux des différentes approches disciplinaires, XLIIIe Colloque de

l’ASRDLF (Association de Science Régionale de Langue Française). Grenoble et Chambéry, ASRDLF (Association de Science Régionale de Langue Fran-çaise), 11-13 juillet 2007.

Angeon V., Caron A., 2007. How to manage forest resources regarding bio-diversity ? The consistency of a collective response. Communication orale, Joint Congress of the European Regional Science Association (47th Congress)

and ASRDLF (Association de Science Régionale de Langue Française, 44th

Congress). Paris, ERSA-ASRDLF, August 29th - September 2nd 2007.

Angeon V., Caron A., 2008. Le rôle de la proximité dans l’émergence et l’adoption de pratiques de gestion durable de la forêt : l’exemple de deux territoires forestiers auvergnats. Communication orale, Colloque International

La problématique du développement durable vingt ans après : nouvelles lectures théori-ques, innovations méthodologiques et domaines d’extension. Lille, CLERSE, 20-22

novembre 2008.

Azoulay D., Angeon V., Bouchaud M., Caron A., Macombe C., Taverne M., 2006. Action collective et biodiversité : l’exemple de deux territoires forestiers auvergnats. Communication orale, Colloque Biodiversité, Espaces et Sociétés. Montpellier, CNRS, 7-8 décembre 2006.

Azoulay D., Angeon V., Bouchaud M., Caron A., Macombe C., Taverne M., 2007. Coordination des acteurs et intégration des enjeux de conservation de la biodiversité : le cas d’une forêt périurbaine française. Communication orale, Colloque Gouvernance des territoires périurbains, LXXVe colloque de l’ACFAS

(Association francophone pour le Savoir). Québec (Canada), ACFAS, 7-11 mai 2007.

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Bouchaud M., 2008. Prise en compte de la biodiversité dans les pratiques de gestion des propriétaires forestiers privés. In Synergie, Compte-rendu du colloque

Perception sur la gestion forestière intégrée. Saint-Anthème (France), Synergie,

31 janvier et 1er février 2008 : 27-31.

Posters

Bouchaud M., Macombe C., Choquet C, Niveleau X, 2008. Learning the sustainable management of forests ? The Massif Central (France) case. ICAS International scientific conference Sustainable forest management in a changing

environment. Bucharest, Romania, ICAS, 23-25 October 2008. Rapports de fin d’étude

Azoulay D., 2006. Biodiversité forestière : peut-on la gérer de manière collective ? Deux

études de cas auvergnates. Mémoire pour l’obtention du diplôme d’ingénieur de

l’Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Rennes, spécialisation « Génie de l’environnement ». Rennes, ENSAR, 59 pages + annexes.

Choquet C., 2008. Simulations des jeux d’acteurs : comment favoriser une démarche

d’action concertée en faveur de la biodiversité forestière. Mémoire de Diplôme

d’agronomie approfondie Systèmes de production environnement et territoires. Toulouse, INP-ENSAT (Ecole Nationale Supérieure Agronomique de Toulouse), 53 pages + annexes.

Gross H., 2007. Les actions collectives liées aux forêts privées : quelle place pour

la biodiversité ? Le cas de la Montagne Thiernoise et de la Châtaigneraie Cévenole.

Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’ENSAT, Option « Qualité de l’environnement et gestion des ressources ». Toulouse, ENSAT, 64 pages + annexes.

Niveleau X., 2008. Quelle place pour la forêt au sein du paysage ? Le cas de la

montagne Thiernoise, un territoire rural en mutation. Rapport de Master en sciences

de la vie et de l’environnement « Espaces ruraux et péri-urbanisation ». Rennes, Université de Rennes I, 47 pages + annexes.

Planchet L., 2007. Actions collectives en forêt privée : la biodiversité est-elle gérée ? Deux études de cas en Massif central. Mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’ENSAR, spécialisation « Génie de l’environne-ment ». Rennes, ENSAR, 60 pages + annexes

Vicard E., 2007. Évaluation des apprentissages des propriétaires forestiers à une

gestion durable de la forêt. Elaboration d’une méthode. Mémoire de fin d’étude

pour l’obtention du diplôme d’ingénieur de l’ENSAT. Toulouse, ENSAT, 52 pages + annexes.

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Expertises

Participation de Yves Poss et Catherine Macombe au symposium de préparation du programme de recherche européen sur la forêt et la filière bois qui s’est tenu à Lahti (Finlande) les 22 et 23 novembre 2006 (« Speed-up innovations forest-based sector technology platform in action »).

Participation de Yves Poss au groupe d’ingénieurs généraux réunis autour de Jean-Marie Ballu pour préparer le rapport commandé par le Président de la République à M. Jean Puech, ancien ministre.

Enseignements

Néant à ce jour. Toutefois le montage de sessions de formation initiale et continue est envisagé.

Bibliographie

Bromley D., 1992. Making the Commons Work, Theory, Practice and Policy. San Francisco, ICS, 339 p.

Coudel E., Rey-Valette H., Tonneau J.-P., Chia E., 2008. Analyse a posteriori d’une université paysanne au Brésil : quels éléments pour l’insertion territoriale des acteurs ? Communication orale, XLVe colloque de l’ASRDLF. Rimouski, ASRDLF, 25-27 août 2008.

Girin J., 1990. L’analyse empirique des situations de gestion : éléments de théorie et de méthode ». In Martinet Alain-Charles (eds.), Epistémologie et

Sciences de gestion. Paris, Economica, 141-182.

Ostrom E., 1990. Governing the Commons. The Evolution of Institutions for

Collective Action. Cambridge, Cambridge University Press, 280 p.

Ostrom E., 2000. Private and Common Property Rights. In l’Encyclopédie de Gand : http://www.allserv.rug.ac.be/~gdegeest/

Schlager E., Ostrom E., 1992. Property Rights Regimes and Natural Resources :

A Conceptual Analysis. Land economics, 68 (3) : 249-262.

Woolcock M., Narayan D., 2000. Social capital : implication for development

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renForcée

des

enjeux

de

la

Biodiversité

Par

les

ProPriétaires

et

les

gestionnaires

Forestiers

Aspects administratifs et objectifs des recherches

Aspects Administratifs

Date d’engagement : 16 décembre 2005

Montant du budget : financement BGF (124 330 € TTC), pour un budget total de 197 562 € TTC

Cofinancements obtenus : néant

Coordinateurs

Alain Bailly et Hervé Brédif, avec Francis de Morogues et Marc Valenzisi Institut Technologique FCBA

10, avenue de Saint-Mandé 75012 Paris Email : alain.bailly@fcba.fr

Autres participants au projet

Paul Arnould et Corina Calugaru (ENS LSH Lyon), Philippe Allée et Fran-çois Didolot (Université de Limoges), Olivier Nougarède et Michel Dupuy (INRA)

Mots-clés : relation des propriétaires et gestionnaires forestiers à la diversité du vivant, processus multiacteurs et multi échelles, territoires, forêts de production, prise en charge active

Objectifs des recherches

Le projet se propose de contribuer à approfondir les points suivants.

Combler le déficit de connaissances quant à la manière dont proprié-1 –

taires et gestionnaires forestiers, dans des territoires précis, perçoivent la notion de biodiversité, les aspects, problèmes et enjeux auxquels elle renvoie selon eux, leurs dispositions actuelles pour agir en sa faveur ; en somme : mieux cerner la relation qu’entretiennent ces acteurs et les autres acteurs du territoire avec la biodiversité.

(33)

Identifier les difficultés, les blocages et les freins pour une prise en char-2 –

ge renforcée de la biodiversité à partir des analyses conduites dans les territoires.

Enrichir la réflexion sur les outils, les politiques publiques et les straté-3 –

gies visant à assurer une meilleure gestion de la biodiversité.

Présentation des travaux

Introduction

Érigée depuis le sommet de la Terre de 1992 au rang de préoccupation envi-ronnementale majeure à l’échelle de la planète, la biodiversité donne lieu à des efforts de recherche considérables. Ceux-ci ont tout d’abord permis de mieux cerner le phénomène d’érosion de la diversité du vivant, dans son ampleur, ses caractéristiques et ses origines. Avec le Millennium Ecosystem Assess-ment1, les recherches s’emploient désormais à montrer combien la biodiversité s’avère utile aux sociétés humaines, via les nombreux biens et services qu’elle fournit, au point d’être présentée comme une assurance-vie irremplaçable ; cette orientation générale se double d’une tentative d’évaluation monétaire des biens et services rendus par la biodiversité à la collectivité, comme en témoigne par exemple le rapport établi dernièrement sous la présidence de Bernard Chevassus-au-Louis (Chevassus-au-Louis et al., 2009). En somme, ces travaux privilégient nettement la dimension « objective du problème » ; ils ont toutefois pour revers une méconnaissance générale des acteurs de terrain, dans la relation que ceux-ci nouent avec les différentes formes de biodiversité. Les acteurs de terrain sont-ils sensibles ou indifférents à la biodiversité et aux enjeux qui y sont liés ? Est-il envisageable de s’appuyer sur eux, compte tenu de leurs motivations actuelles ou potentielles, pour concevoir une réponse efficiente au problème posé ? Faute de poser ces questions et de chercher à y répondre vraiment, on privilégie avant tout des instruments censés infléchir de l’extérieur les mentalités et les comportements des acteurs de terrain : normes et injonctions diverses, éco-conditionnalité des aides, prix donné à la biodi-versité, mécanismes incitatifs divers … la boîte à outil de l’économie standard est abondamment sollicitée.

Selon nous, ce déficit de connaissance des acteurs dans la relation qu’ils entre-tiennent effectivement avec la biodiversité s’avère extrêmement préjudiciable, au moment où plusieurs documents officiels, comme par exemple la

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gie nationale pour la biodiversité adoptée en 2004 par le gouvernement français,

soulignent que la gestion de la biodiversité nécessite une véritable mobilisa-tion générale. En effet, il ne suffit pas d’invoquer les enjeux planétaires de la biodiversité, son caractère de patrimoine commun de l’humanité pour que les acteurs de terrain s’engagent durablement à son sujet. Cela demeure tout particulièrement vrai dans le secteur forestier où l’intérêt à court et moyen terme pour les propriétaires et les gestionnaires forestiers à réaliser des efforts supplémentaires pour la collectivité est tout sauf évident. Aussi nous paraît-il indispensable de chercher à mieux identifier ce que représente la biodiversité pour les propriétaires et les gestionnaires forestiers, à quelles conditions et se-lon quelles voies, socioéconomiques, organisationnelles et participatives, ils seraient prêts à reconsidérer leur implication vis-à-vis de la prise en charge de la biodiversité et des enjeux qui y sont liés.

Matériels et méthodes

Méthodes

La recherche effectuée ne relève pas d’un cadre théorique et disciplinaire déjà défini, dont elle constituerait un exercice appliqué. Cependant, plusieurs sour-ces conceptuelles et différents champs disciplinaires inspirent nos travaux. Pour les plus spécifiques, nous citons notamment les suivants :

Sur un plan général tout d’abord, elle s’appuie très largement sur l’ex-•

pertise des acteurs concernés par la problématique retenue. Pas moins de 120 entretiens semi-directifs approfondis d’acteurs locaux ont été réalisés par les différents membres de l’équipe ; des réunions de discus-sion/validation ont été organisées dans certains territoires en présence des acteurs auditionnés ; une quinzaine d’entretiens a également été conduite auprès de responsables nationaux experts de la problématique de la biodiversité. Les porteurs d’enjeux sont donc bien associés à la recherche, ce qui en fait une recherche de mode 2, telle que l’ont théo-risée Nowotny et al., (2003).

De manière plus précise, nous considérons, à la suite des observations •

cliniques et des résultats obtenus par les praticiens de l’École de Palo Alto (Bateson, 1977 ; Watzlawick et al., 1981), ainsi que par la socio-logie des organisations de Crozier et Friedberg (1977), que la question posée s’avère trop complexe pour que les approches classiques de type problème/solution (problem solving) donnent de bons résultats. Aussi serons-nous tout particulièrement attentifs aux interactions entre acteurs et à la possibilité d’organiser des publics (Dewey, 2003) ; les grilles de

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lecture et les enseignements pratiques de spécialistes de la négociation (Ury et al., 2003 ; de Bono, 2007) ont également été mis à profit. Les travaux d’Olivier Godard (1993) relatifs à la gestion collective des •

problèmes en univers controversé, commentés et adaptés à la problé-matique de la biodiversité par Franck-Dominique Vivien (Aubertin et Vivien, 1998) stimuleront notre réflexion.

Le mouvement actuel en faveur de la biodiversité se concentre sur •

les aspects utilitaires de celle-ci. À la suite de différents chercheurs et praticiens, parmi lesquels Joan Tronto (2009) (éthique du care), Hen-ry Ollagnon (2003) (notion de patrimoine), nous pensons, de même que le sociologue André Micoud (2005), que les dimensions culturelles et identitaires constituent de puissants leviers de changement, indivi-duels et collectifs. Là encore, une attention spéciale sera accordée à cet aspect.

Ces considérations se trouvent à l’origine de notre démarche de recherche, conçue elle-même comme un processus complexe, acteurs et multi-échelles, alternant études de cas concrètes, dans des territoires définis, avec des analyses plus théoriques et plus générales. En confrontant ces différentes sources d’analyse, des convergences et des discordances se font jour, sur la base desquelles se fondent nos conclusions générales.

Sites et études de cas

Les sites retenus – Médoc dans le massif Aquitain, plateau de Millevaches dans la région Limousin, P.N.R du Morvan – privilégient des forêts à vocation de production affirmée, aux anciennetés contrastées, dominées par des résineux couvrant une large partie du spectre des essences indigènes (pin maritime, pin sylvestre, sapin, épicéa) et introduite (douglas), mais associées à des feuillus. Il s’agit d’un choix effectué à dessein. Les espaces considérés représentent en effet un patrimoine forestier de grande ampleur spatiale, appartenant principa-lement à des propriétaires privés très diversifiés et où les enjeux de la biodiver-sité méritent d’autant plus d’être évalués qu’ils ne sont pas manifestes. Il s’agit aussi d’interroger les relations entre ces forêts et les entités territoriales plus larges dans lesquelles elles s’inscrivent et dont elles influencent, peu ou prou, la biodiversité globale.

Résultats et discussion

La présentation des résultats reprend l’ordre et la teneur des trois objectifs présentés ci-dessus.

Figure

Figure 1. Exemples de perturbation de l’exploitation forestière dans trois parcelles  de 6,25 ha à Paracou représentant un gradient de l’intensité de l’exploitation (de  gauche à droite, P15, 0 m 3  ha -1  ; P5, 20 m 3  ha -1 ; P8, 69 m3 ha -1 )
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