Universit´e Lille I 2010-2011
M2R - S4 M´etriques invariantes
Corrig´e du probl`eme de l’examen
Probl`eme.
Partie I
1. (a) Soit z0 ∈ D, et δ := dist(z0, ∂D) : puisque D 6= C, δ est un r´eel positif. Alors g : z 7→ z0 +δz est une fonction holomorphe de ∆ dans D, v´erifiant g(0) = z0 et g0(0) =δ.
Donc Sup{|f0(0)|/ f ∈Hol(∆, D), f(0) =z0} ≥δ, et par d´efinition de la m´etrique de Kobayashi : ρKD(z0)≤ 1
δ.
(b) On sait que, puisque Dest born´e `a bordC2 :
∃c >0/∀z∈D, c
dist(z, ∂D) ≤ρCD(z).
Or on a toujoursρCD(z)≤ρKD(z), d’o`u la conclusion.
2. Par hypoth`ese, f : D1 → D2 est biholomorphe, c’est donc une isom´etrie infinit´esimale pour la m´etrique de Kobayashi :
∀z∈D1, ρKD2(f(z))|f0(z)|=ρKD1(z).
L’in´egalit´e du 1.a) pour D1 appliqu´ee au point z et l’in´egalit´e du 1.b) pourD2 appliqu´ee au pointf(z) donnent donc une constantec2 >0 telle que
c2
dist(f(z), ∂D2)|f0(z)| ≤ρKD2(f(z))|f0(z)|=ρKD1(z)≤ 1 dist(z, ∂D1) pour toutz∈D1. Ainsic0 = 1/c2 convient.
Partie II
1. (a) Par d´efinition : ∂z∂ = 12
∂
∂x−i∂y∂
et ∂¯∂z = 12
∂
∂x+i∂y∂ . Ainsi ∂x∂ = ∂z∂ +∂¯∂z et ∂y∂ =i ∂z∂ −∂¯∂z
. En utilisant l’identit´e ∂z∂¯∂2z = ∂¯∂z∂z2 , on obtient
∂2
∂x2 = ∂z∂ +∂¯∂z ∂
∂z +∂¯∂z
= ∂z∂22 + 2∂¯∂z∂z2 +∂∂z¯22
∂2
∂y2 = (i)2 ∂z∂ −∂¯∂z ∂
∂z −∂∂z¯
=−∂z∂22 + 2∂¯z∂z∂2 −∂¯∂z22 et donc ∂x∂22 +∂y∂22 = 4∂¯∂z∂z2 .
1
(b) Soitfholomorphe `a valeurs dansU, autrement dit ∂f∂z¯ = 0 (et donc∂∂zf¯ = 0). Alorsu◦f est de classeC2et ∂(u◦f)∂z (z0) = ∂u∂z(f(z0))∂f∂z(z0)+∂u∂¯z(f(z0))∂∂zf¯(z0) = ∂u∂z(f(z0))∂f∂z(z0), et puisque f0 est holomorphe :
∆(u◦f)z0 = 4 ∂
∂¯z ∂u
∂z ◦f
×f0
(z0)
= 4 ∂
∂¯z ∂u
∂z ◦f
(z0)×f0(z0) + 4 ∂u
∂z ◦f
(z0)×∂f0
∂z¯(z0)
= 4 ∂
∂¯z ∂u
∂z ◦f
(z0)×f0(z0)
= 4 ∂
∂z ∂u
∂z
(f(z0))∂f
∂¯z(z0) + ∂
∂z¯ ∂u
∂z
(f(z0))∂f¯
∂¯z(z0)
×f0(z0)
= 4 ∂2u
∂¯z∂z(f(z0))×∂f¯
∂¯z(z0)f0(z0).
Puisque ∂∂¯fz¯ = ∂f∂z =f0, il vient :
∆(u◦f)z0 = ∆uf(z0)× |f0(z0)|2 donc si ∆u est positif, ∆(u◦f) est aussi positif.
2. (a) Calculons : ∂u∂x = ∂Φ∂x + 2kΦ∂Φ∂x et ∂x∂2u2 = ∂∂x2Φ2 + 2k ∂Φ∂x2
+ 2kΦ∂∂x2Φ2 et de mˆeme pour les d´eriv´ees par rapport `ay. Ainsi, en toutz∈U,
duz = ∂u∂x(z)dx+∂u∂y(z)dy= (1 +kΦ(z))
∂Φ
∂x(z)dx+ ∂Φ∂y(z)dy
= (1 + 2kΦ(z))dΦz
∆uz = ∂∂x2u2(z) +∂∂y2u2(z) = (1 + 2kΦ(z))∆Φz+ 2k
∂Φ
∂x(z)2
+
∂Φ
∂y(z)2 Remarquons que ∂Φ∂x(z)2
+ ∂Φ
∂y(z) 2
=kdΦzk2 o`u la norme de l’application lin´eaire dΦz est la norme euclidienne dans la base (dx, dy). Donc
∆uz = (1 + 2kΦ(z))∆Φz+ 2kkdΦzk2. En un pointp tel que Φ(p) = 0 :
u(p) = 0, dup=dΦp et ∆up= ∆Φp+ 2kkdΦpk2.
(b) La fonction Φ v´erifie par hypoth`ese les trois premi`eres conditions. Par contre, on n’a a priori aucune information sur ∆Φ. L’id´ee est donc de perturber Φ `a l’ordre 2. Or si u= Φ +kΦ2, pour tout p∈∂D1, on a Φ(p) = 0 et dΦp 6= 0, donc u(p) = 0, dup 6= 0 et
∆up = ∆Φp+ 2kkdΦpk2>0⇔k >− ∆Φp
2kdΦpk2. La fonction p 7→ −2kdΦ∆Φp
pk2 est bien d´efinie et continue sur le compact ∂D1 : en particulier elle est major´ee. Soit doncM son maximum, choisissons k > M.
Alors pour tout p ∈ ∂D1, on a : ∆up > 0, dup 6= 0, et 1 +kΦ(p) = 1. Puisque les fonctions ∆u,duet 1 +kΦ sont continues surC, on en d´eduit qu’il existe un voisinage U1 de ∂D1 dansCtel que pour tout z∈U1, ∆uz >0,duz 6= 0, et 1 +kΦ(p)>0. En
2
particulier, u(z) = Φ(z)(1 +kΦ(z)) a le mˆeme signe que Φ(z), c’est-`a-dire u(z) <0 siz∈U∩D1,u(z) = 0 siz∈∂D1 etu(z)>0 siz∈U∩ cD1.
Quitte `a restreindre U en U1, on peut supposer que c’est un voisinage tubulaire de
∂D1.
(c) Soit z ∈U1∩D1 : puisque U1 est un voisinage tubulaire de ∂D1, le projet´e p(z) de z sur ∂D1 est bien d´efini, et et le segment entre z et p(z) est inclus dans U1∩D1. Puisque u(p(z)) = 0, l’in´egalit´e des accroissements finis donne
|u(z)|=|u(z)−u(p(z))| ≤ Max
w∈[z;p(z)]kduwk × |z−p(z)| ≤ Max
w∈D1
kduwk × |z−p(z)|.
On peut donc poserM1 = Max
w∈D1
kduwk(qui est fini puisque duest continue etD1 est compact, et strictement positif puisqueun’est pas identiquement nulle surU1∩D1).
Partie III
1. Par hypoth`ese f−1 :D2 → D1 est bien d´efinie, etu est d´efinie sur C, donc v := u◦f−1 est bien d´efinie surD2.
Puisque u est sous-harmonique et strictement n´egative sur U1∩D1, il suffit de montrer qu’il existe un voisinage U2 de ∂D2 tel que f−1(U2∩D2) =U1∩D1. En effet, pour tout w∈U2∩D2, on aura alorsf−1(w)∈U1∩D1 et doncv(w) =u(f−1(w))<0 ; d’autre part, vu la question II.1.b), ∆vw = ∆uf−1(w)× |(f−1)0(w)|2 >0 puisque f−1 est biholomorphe (en particulier, sa d´eriv´ee ne s’annule pas).
Soit V1 :=U1∩D1 etK1=D1\V1 : alorsK1 est un compact de D1, et K2:=f(K1) est un compact de D2 puisque f :D1 → D2 est continue. Donc on peut d´efinir U2 comme le compl´ementaire de K2 dansC, c’est bien un voisinage de∂D2 et par construction
f−1(U2∩D2) =f−1(D2\K2) =f−1(D2)\f−1(K2) =D1\K1=V1 =U1∩D1
(on vient en fait de montrer qu’un hom´eomorphisme entre deux domaines born´es “envoie le bord sur le bord”).
2. Soit z∈U1∩D1, etw:=f(z)∈U2∩D2 d’apr`es la question pr´ec´edente. Alors v(w)≤ −M2dist(w, ∂D2)
et d’apr`es II.2.c),
v(w) =v(f(z)) =u(z) =−|u(z)| ≥ −M1dist(z, ∂D1)
car p(z) est le projet´e de z sur le bord et donc dist(z, ∂D1) = |z−p(z)|. Finalement
−M1dist(z, ∂D1)≤ −M2dist(f(z), ∂D2), d’o`u l’in´egalit´e voulue.
Vu I.2. et III.2., on a montr´e que ∀z ∈ U1 ∩D1, |f0(z)| ≤ c0MM1
2, autrement dit |f0| est uniform´ement born´ee pr`es du bord. De plus |f0| est continue, K1 = D1\(U1 ∩D1) est compact donc c00 := Max
z∈K1|f0(z)| est bien d´efini. On vient donc de montrer que |f0| est born´ee parC := Max(c00, c0M1/M2) surD1.
3. L’id´ee est d’utiliser le crit`ere s´equentiel de continuit´e : f a une limite en p ∈ ∂D1 si et seulement si pour toute suite (zn)n dans D1 qui converge (au sens euclidien) vers p, (f(zn))n converge. Soit donc p∈∂D1 et (zn) une suite dansD1 qui converge versp. Pour
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montrer que (f(zn)) converge (avec une limite dans D2), il faut montrer qu’elle est de Cauchy. Or (zn) converge donc est de Cauchy : ainsi il s’agit de transmettre le crit`ere de Cauchy de (zn) `a (f(zn)).
SiD1´etait convexe, on aurait pour tousz, z0 ∈D1, [z;z0]⊂D1 et l’in´egalit´e des accroisse- ments finis montrerait quef estC-lipischitzienne surD1 et donc que le crit`ere de Cauchy se transmet. Mais dans le cas g´en´eral, le segment [z;z0] n’est pas n´ecessairement inclus dansD1. Pour se ramener `a ce cas, on se restreint `a un voisinage convexe depdansD1, en utilisant que, localement,D1 “ressemble” au demi-plan H. Pour obtenir le r´esultat voulu, il faudra quand mˆeme s’assurer que l’application transformant localement D1 en H est lipschtzienne, de r´eciproque lipschitzienne.
Puisque D1 est `a bord C2 etp ∈ ∂D1, il existe un voisinage ouvert V de p dans C et un C2-diff´eomorphisme ϕ:V → R2 tels que ϕ(p) = 0,ϕ(∂D1∩V) = R× {0} etϕ(D1∩V) est le demi-plan inf´erieur H. Soit r0 > 0 tel que ∆(p, r0) ⊂ V, et posons V0 = ∆(p, r0).
En particulier,V0 est convexe et commedϕ est continue surV, elle est born´ee (en norme d’op´erateur) sur le compactV0par une constanteC+: d’apr`es l’in´egalit´e des accroissements finis,ϕestC+-lipschitzienne surV0. De plus, puisqueϕest un hom´eomorphisme,ϕ(V0) est un voisinage ouvert de 0 dansR2 donc il existe r >0 tel que ∆r⊂ϕ(V0). En particulier,
∆r∩Hest convexe, etd(ϕ−1) est born´ee par une constanteC− sur le compact ∆r. Alors pour tousz, z0 ∈ϕ−1(∆r)∩D1, en posantw=ϕ(z) etw0 =ϕ(z0), on aw, w0 ∈∆r∩H, donc [w;w0]⊂∆r∩H et d’apr`es l’in´egalit´e des accroissements finis,
|f(z)−f(z0)|=|f ◦ϕ−1(w)−f ◦ϕ−1(w0)| ≤ Max
α∈[w;w0]kd(f◦ϕ−1)αk × |w−w0|.
Or kd(f ◦ ϕ−1)αk ≤ kdfϕ−1(α)k · kd(ϕ−1)αk ≤ CC− puisque df est born´ee par C sur D1 3ϕ−1(α) et qued(ϕ−1) est born´ee parC− sur ∆r⊃[w;w0]3α. Donc
∀z, z0 ∈ϕ−1(∆r)∩D1, |f(z)−f(z0)| ≤CC−|ϕ(z)−ϕ(z0)| ≤CC−×C+|z−z0| carϕest C+-lipschitzienne sur V0 etz, z0 ∈ϕ−1(∆r)⊂V0.
Finalement, commeϕ−1(∆r)∩D1 est un voisinage ouvert de pdansD1, on a montr´e que si p∈∂D1, f est lipschitzienne sur un voisinage de p dans D1. Puisque (zn) est de Cauchy, (f(zn)) est de Cauchy donc converge dans D2. C’est vrai pour toute suite (zn) dansD1 convergeant verspdonc, d’apr`es le crit`ere s´equentiel,f a une limite enp. Posons
f˜(z) = f(z) si z∈D1
limw→z, w∈D1f(w) siz∈∂D1
Par construction, ˜f : D1 → D2 co¨ıncide avec f sur D1. Il reste `a montrer qu’elle est continue en tout point p∈∂D1. Or on a vu qu’il existe une constanteCp et un voisinage Vp de p dansCtels que
∀z, z0 ∈Vp∩D1, |f(z)−f(z0)| ≤Cp|z−z0|.
Alors, par continuit´e, on obtient la mˆeme in´egalit´e pour ˜f sur Vp ∩D1 en passant `a la limite vu la construction de ˜f. Ainsi ˜f est lipschitzienne,a fortiori continue, en p.
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