MISE A L'ESSAI DE PRE-BARRAGES POUR ELIMINER LES PROBLEMES CAUSES AUX ROUTES PAR LES CASTORS
Préparé par: Daniel Banville
Introduction
Au Québec, le castor est un animal que l'on retrduae un peu partout et en abondance. Les signes de sa présence sont évidents et agrémentent plus d'un séjour dans nos forêts. Cependant, il arrive parfois que certains castors construisent des barrages qui ont comme conséquence de rehausser le niveau d'eau d'un lac ou d'un étang, d'inonder et de briser les routes.
Le plus souvent, ces barrages sont érigés à l'entrée d'une calvette parce que, à cause du rétrécissement, ce site devient très propice. Le fait de boucher ainsi la calvette, inonde la route et parfois l'endommage sérieu- sement. Il faut alors réparer ces dégâts, défaire le barrage et, pour em- pêcher qu'une telle situation ne se renouvelle, tuer ou déménager ces cas- tors que l'on qualifie de nuisibles. Cependant, ces solutions ont le plus souvent été des solutions de rechange, qui ne résolvent pas le problème de façon permanente; il arrive ordinairement que le problème survienne au même endroit l'année suivante.
Ce que nous faisons, en fait, c'est travailler contre les castors. Ce ne sont pas eux les fautifs mais, plutôt, ceux qui ont conçu les routes sans prendre en considération les castors, dont l'instinct les porte à construi- re des barrages aux endroits les meilleurs. En faisant une calvette, on offre aux castors un endroit de prédilection pour installer un barrage, car c'est en effet là que le passage d'eau est le plus étroit.
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Depuis deux (2) ans, nous travaillons à résoudre ce genre de problèmes en utilisant des tuyaux évacuant le trop-plein d'eau jusqu'au niveau désiré.
Bien que cette technique fonctionne assez bien, dépendamment des caracté- ristiques des sites de contrôle, elle exige une certaine surveillance dont on voudrait bien se passer. Ce genre de problème peut être réglé de façon permanente en travaillant avec le castor en lui fournissant un point d'appui pour qu'il installe son barrage de façon à ce que le lac ou l'étang créé ne nuise plus à la route. En fait, ce qu'exige le castor, c'est uniquement un endroit propice à l'installation de son barrage.
Nous proposons de mettre en place, en amont de la calvette, un "pré-barrage"
dont le castor se servira pour construire son barrage de façon permanente.
Cette approche devrait résoudre le problème de calvettes bouchées par les castors, tout en maintenant à proximité des routes des étangs à castor, qui peuvent avoir une valeur récréative.
But
Le but de ce projet est de mettre à l'essai, sur le terrain, une structure appelée "pré-barrage", qui devrait résoudre, de façon pelmanente, les pro- blèmes causés par la construction de barrages par les castors au niveau des calvettes, principalement.
Méthode
Il s'agit ici d'inciter les castors à construire leurs barrages permanents à une distance d'au moins trois (3) mètres de l'entrée d'une calvette en érigeant un pré-barrage, comme il est illustré à la figure 1. Un pré-barrage se ferait de la façon suivante: à l'aide de machinerie lourde, assez de matériel d'enrochement (gravier, grosses pierres, etc...) serait accumulé
de chaque côté de l'entrée de la calvette, de façon à laisser un passage libre pour l'évacuation naturelle de l'eau; il est nécessaire ici de dépo-
ser assez de matériel pour créer une nouvelle rive au lac ou à l'étang où se situe le barrage; le passage pour l'évacuation de l'eau (qui, en fait, est le début de la décharge dans le cas d'un lac) doit être assez dégagé pour que l'eau circule bien en période de crue; à l'endroit où l'eau com- mence à s'écouler (soit le début de la décharge), on pourra déposer des pierres et des bouts de bois, suggérant le début d'un barrage que les cas- tors pourront élaborer à leur guise. De cette façon, s'ils construisent un barrage à l'endroit qui leur est suggéré (et qui devrait être propice), le trop-plein d'eau pourra s'évacuer sans endommager la route qui sera à au moins trois (3) mètres du barrage. La calvette ne devrait plus être obstruée par les castors.
La construction de pré-barrages a déjà été entreprise dans la réserve Papineau- Labelle à partir de l'été 1979. Les résultats de cette expérience s'avè-
rent très positifs, de sorte que la majorité des cas-problèmes au niveau des calvettes de cette réserve ont été résolus de cette façon.
Afin d'évaluer l'efficacité de la mise en place de pré-barrages, une sur- veillance mensuelle est prévue du début (juin) jusqu'à la prise des glaces.
Zone d'étude
Ce travail sera réalisé dans la réserve Portneuf. Après discussion avec M. Michel Coulombe, technicien responsable des activités à la clientèle, huit (8) endroits où, annuellement, de sérieux problèmes surviennent, ont été sélectionnés. Par ordre d'importance, ces endroits sont:
1) le ruisseau Miguick; 5) la décharge du lac Daunay;
2) la décharge du lac Jumeau 2; 6) la décharge du lac Proulx;
3) la décharge du lac Triplets 1; 7) la décharge du lac Epicéa;
4) la décharge du lac d'Autel; 8) la décharge du lac Trampe.
Il y aurait aussi lieu de considérer les endroits suivants dépendemment des disponibilités budgétaires:
- décharge du lac des Belles-de-Jour;
- décharge du lac Indépendant;
- ruisseau de l'étang de la Colline;
- décharge du lac des Liserons;
- décharge du lac Jumeau 1.
Collaboration
La réserve Portneuf est très intéressée par ce projet et elle est prête à fournir la machinerie lourde ainsi que la main-d'oeuvre spécialisée pour les travaux de construction.
La Direction de la recherche faunique veillera, dans un premier temps, à la bonne marche des travaux d'installation et, dans un second temps, elle surveillera l'efficacité des pré-barrages et évaluera l'ensemble de ce programme, afin de recommander ou non l'installation extensive de cette technique.
Echéancier
Juin 1981: construction des pré-barrages;
Juin à novembre 1981: surveillance et évaluation;
Hiver 1982: rédaction du rapport.
Note
Ce projet est la troisième phase d'un projet de trois (3) ans sur le déve- loppement de méthodes visant à résoudre les dommages que causent les cas- tors aux routes. Au cours des deux (2) premières années, nous avons fait
l'essai, sur le terrain, de dispositifs dont le principe est (1) l'éva- cuation du trop-plein d'eau par des tuyaux et (2) d'empêcher les castors de venir obstruer l'entrée des calvettes (grillages). Le rapport final prévu pour l'hiver 1982 résumera l'ensemble de ces travaux.
DB/jv Daniel Banville,
biologiste
Direction de la recherche faunique
CHARLESBOURG, le 19 février 1981.
Figure 1: Exemple de construction d'un pré-barrage.
