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DICTIONNAIRE DES COMMUNES DE HAUTE-SAVOIE

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Academic year: 2022

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Michel GERMAIN - Jean-Louis HEBRARD - Gilbert JOND

DICTIONNAIRE

DES COMMUNES DE HAUTE-SAVOIE

HORVATH

(2)

Editions HORVATH 93-95, rue Vendôme

69006 LYON ISBN. 2.7171.0933-1

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SOMMAIRE

Introduction 5

Canton d'Abondance 7

Canton d'Alby-sur-Chéran 13

Canton d'Annecy centre 25

Canton d'Annecy nord-est 25

Canton d'Annecy nord-ouest 31

Canton d'Annecy-le-Vieux 43

Canton d'Annemasse nord 57

Canton d'Annemasse sud 75

Canton du Biot 89

Canton de Boëge 105

Canton de Bonne ville 117

Canton de Chamonix Mont-Blanc 139

Canton de Cluses 147

Canton de Cruseilles 159

Canton de Douvaine 171

Canton d'Evian 199

Canton de Faverges 213

Canton de Frangy 223

Canton de Reignier 233

Canton de La Roche-sur-Foron 251

Canton de Rumilly 271

Canton de Saint-Gervais-les-Bains 287

Canton de Saint-Jeoire-en-Faucigny 297

Canton de Saint-Julien-en-Genevois 313

Canton de Sallanches 329

Canton de Samoëns 349

Canton de Scionzier 361

Canton de Seynod 373

Canton de Seyssel 387

Canton de Taninges 397

Canton de Thônes ... 409

Canton de Thonon-les-Bains ... 423

Canton de Thorens-Glières ... 441

Index des communes ... 449

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INTRODUCTION

La Haute-Savoie, département créé en 1860 après l'Annexion de la Savoie par la France, fait partie des 39 départements frontières de France.

Le département (438 800 ha) est constitué de trois grands terroirs différents. Au sud-est, on ren- contre les montagnes cristallines du massif du Mont-Blanc, largement accessibles par la haute vallée de l'Arve. Au nord, l'avant-pays s'étire entre la cluse du Rhône et les rives du Léman, en un vaste ensemble de collines herbeuses, favori- sant l'élevage et la polyculture. Entre les deux, les massifs des Bornes et du Chablais, ainsi que la terminaison septentrionale des Bauges constituent les Préalpes, montagnes calcaires propices à l'al- page.

Le département est probablement celui qui a la plus grande dénivellation de France. Le point cul- minant du département, le Mont-Blanc (4 807 m), fait de la Haute-Savoie le toit de l'Europe. Le point le plus bas se situe au confluent du Fier et du Rhône, 251 mètres.

La population a connu une croissance de 14,5%

de 1982 à 1990, pour atteindre 569 769 habitants.

Elle avoisine actuellement, en 1995, les 600 000 âmes, qui se concentrent au débouché de la cluse annécienne, avec l'agglomération d'Annecy, dans la vallée de l'Arve et sur les rives du Léman, d'Annemasse à Evian.

Administrativement, le département est divisé en 4 arrondissements : Annecy, Bonneville, Saint- Julien-en-Genevois et Thonon-les-Bains.

L'arrondissement d'Annecy (10 cantons) compte 204 746 habitants.

Bonneville (10 cantons) compte 143 969 habi- tants.

Saint-Julien-en-Genevois (7 cantons) compte 118 949 habitants.

Thonon-les-Bains (6 cantons) n'a que 102 105 habitants.

Le conseil général, constitué de 33 conseillers généraux, gère un département comprenant 292 communes, contre 314 en 1900. La plus peuplée est le chef-lieu avec 49 756 habitants et la moins peuplée est Novel avec 63 habitants, juste derrière Droisy (73) et Chevaline (98). La plus vaste est Chamonix (11 653 ha) et la plus petite Saint- Blaise (255 ha).

Des sites incomparables, un patrimoine historique remarquable, des stations estivales et hivernales renommées et des infrastructures hôtelières per- formantes placent la Haute-Savoie dans les pre- miers départements français pour le tourisme, voire dans les premières régions touristiques d'Europe.

Une micromécanique renommée, des industries de pointe dans de nombreux domaines, des mar- ques mondialement connues et une main-d'œuvre efficace et recherchée font de la Haute-Savoie un département industriel exportateur dans le monde entier.

Une tradition agricole remontant aux temps les plus reculés, des alpages riches, des agriculteurs enthousiastes et des productions fromagères de qualité permettent à la Haute-Savoie d'être un département exportateur de renommée.

Et même si la crise, qui frappe à la fin du XXe siè- cle l'économie mondiale, le frappe également, il n'en reste pas moins un département riche et plein d'avenir.

Cet ouvrage n'est pas un historique des com- munes de notre département. Nous avons voulu présenter les 292 communes de Haute-Savoie, dans leur entité géographique, leur passé histo- rique et la richesse de leur patrimoine, leur situa- tion actuelle et envisager, autant que faire se peut, leur avenir.

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Aux lecteurs qui désireraient connaître par le menu l'histoire d'une commune, nous les ren- voyons aux ouvrages ci-dessous :

- Châteaux de l'ancien diocèse de Genève, Louis Blondel (Jullien 1956).

- La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875, Jacques Lovie(PUF 1963).

- Genève et son territoire dans l'Antiquité, Pierre Broise (Latonnes, 1974).

- Art en Savoie, Raymond Oursel (Arthaud, 1975).

- La Savoie au XV///g siècle, Noblesse et bour- geoisie, Jean Nicolas (Maloine, 1977).

- Mœurs et coutumes de la Savoie du Nord au XlXè siècle, L'enquête de monseigneur Rendu.

Roger Devos et Charles Joisten (Académie Salé- sienne, 1978).

- Les sources régionales de la Savoie, Christian Abry, Roger Devos, Henri Raulin (Fayard, 1979).

- Paroisses et communes de France : Haute- Savoie, Dominique Barbéro (CNRS, 1980).

- La Révolution dans les Alpes, Dauphiné Savoie, Jean Nicolas (Privat 1989).

- Histoire des communes savoyardes (3 tomes sur la Haute-Savoie) (éditions Horvath, 1981).

- Les églises néo-classiques sardes, Marius Hudry et Jean-Marc Ferley (SSHA 1986).

- Histoire de l'Annexion de la Savoie à la France, Paul Guichonnet, Horvath 1988.

- La nuit sera longue, 1939-42, Michel Germain (Le Cercle d'or 1988 et Fontaine de Siloé 1993).

- La Savoie, la France et la Révolution, Corinne Towley et Christian Sorel (Jean-Pierre Madelon, Curandéra, Atelier Hugueniot, 1989).

- Les maquis de l'espoir occupation italienne en Haute-Savoie, Michel Germain, Le Cercle d'Or 1990.

- Nos fruitières, nos fruitiers, Louis Vuichard, 1991.

- Recensement général de la population de 1990 : Haute-Savoie (INSEE 1991).

- A noi Savoia, histoire de l'occupation italienne en Savoie. Christian Vuillermet (Fontaine de Siloé 1991).

- Le sang de la Barbarie, histoire de l'occupation allemande en Haute-Savoie de 1943 à mars 1944, Michel Germain (Fontaine de Siloé 1992).

- Savoie, l'esprit des lieux Pierre Préau (Fontaine de Siloé 1992).

- Le prix de la Liberté, histoire de l'occupation des Glières à l'après libération en Haute-Savoie, Michel Germain (La Fontaine de Siloé 1993).

- Glières, histoire et mémorial. Michel Germain (La Fontaine de Siloé, 1994).

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CANTON D'ABONDANCE

Le canton d'Abondance couvre une surface de 17 526 hectares de montagnes dépassant souvent les 2 400 mètres. Le canton est drainé par la rivière Abondance descendue de la Tête du Géant. La vallée est quasiment la seule possibilité de circulation aisée dans le canton. Cette traversée du Chablais peut heureusement se faire grâce au Pas de Mogins (1 370 mètres) donnant accès à la Suisse, pays frontalier du canton.

La faiblesse du peuplement (4 603 habitants en 1990 — environ 5 000 en 1996 — soit une densité de 26 hab/km2) montre bien les difficultés de vivre en ce pays.

L'agriculture, longtemps basée sur un élevage laitier, ne suffit plus à garder les

Chablaisiens au nid. Heureusement, depuis deux décennies, l'or blanc est venu

prendre le relais. Le développement de stations de sports d'hiver et l'aména-

gement de l'immense domaine des Portes du Soleil ont donné un second souffle

à ce canton, quelque peu « écarté » en Haute-Savoie.

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ABONDANCE Chef-lieu de canton

1 340 Abondanciers, 5 584 ha, 930 m

Patois : L'Abâyi (abbaye de Notre-Dame- d'Abondance), les Abbayans : lou Bâyi.

Graphies anciennes : Habundantie (1080), Abun- dantia (1108), Habundancia (1275), Habundancia (1344), Habundancia (XIVe siècle).

C'est un joli bourg au confluent du ruisseau de la Malève et de la dranse d'Abondance (dranse : nom des torrents dans le Chablais), à 30 km de Thonon par la D 902 jusqu'à Bioge, puis la D 22.

Le site est charmant, entouré de montagnes cal- caires et de belles forêts d'épicéas. La commune culmine au mont de Grange, à 2 176 m. C'est le lieu de rencontres de trois vallées : Sous-le-Pas en aval, Richebourg en amont, au sud-est Charmy.

La signification du nom d'Abondance pose pro- blème. Le chanoine Mercier proposait une origine germanique, Habundancia (ancienne graphie) qui comporte le radical bund, signifiant association.

L'abbé Ducis pensait que le terme Habundancia provenait de deux mots celtes, Habodan : demeure d'été, et Ty : maison.

Des tribus celtes, puis des Burgondes ont sans doute séjourné en ces lieux.

En 1080, Louis de Féternes fonde Abondance.

La naissance officielle de la vallée et de l'abbaye est un acte du 2 mai 1108, signé à Saint-Maurice- d'Agaune. Les chanoines réguliers de Saint- Augustin de cette abbaye accordaient à leur filiale l'indépendance. Le premier abbé fut Rodolfe vers

1130-1140.

L'abbaye d'Abondance eut à son tour plusieurs filles : Sixt en 1140, Entremont vers 1155, Goailles en Franche-Comté vers 1200. Elle dirigea la plupart des paroisses de la vallée. Elle eut pour abbé, en 1154, Burcard, de la famille des comtes de Genève, ce qui souligne son importance.

François du Crest inaugure au XVe siècle la liste des abbés commandataires ; souvent absents de la vallée, les nombreux conflits avec les habitants de la vallée facilitent l'intervention du duc de Savoie.

En 1536, les Valaisans catholiques occupent la vallée pour faire pièce aux Bernois protestants. En 1569, ils abandonnent le territoire occupé au traité de Thonon.

Après la Réforme, François de Sales fit remplacer les huit derniers chanoines augustins, peu actifs, par les cisterciens réformés de la congrégation des Feuillants en 1604. En 1605, la population du bourg comptait 120 feux, soit environ 600 habitants. L'ab- baye, suite à un dossier accablant, fut supprimée par un bref du pape Clément XIII du 9 mai 1761.

Les habitants de la vallée possédaient des fran- chises sans charte écrite. Amédée VIII, alors comte de Savoie, les confirme en 1399.

Au début du XIIe siècle, le premier monastère (église et cloître romans) est construit. Vers 1275 (?), l'église abbatiale est bâtie en style gothique, reconstruite en 1304, agrandie en 1604 et restau- rée de nos jours. Parmi de nombreuses richesses, on peut remarquer le banc abbatial et les stalles sculptées du XVe siècle, plusieurs autels en bois doré et polychromé des XVIIe et XVIIIe siècles, les peintures du Piémontais Vicario (1845-1846) et ses figures en trompe-l'œil. Le chœur possède un déambulatoire et des chapelles absidiales. Cas unique en Savoie, son plan peut être rapproché de Clairvaux.

Le cloître gothique, accolé à l'église, est magni- fique. Il a été construit entre 1330 et 1354 par l'abbé Jean III. La porte de la Vierge voit l'oppo- sition entre la foi catholique et la synagogue (sta- tues). Ce cloître a été sauvé il y a plus de vingt ans ; il possède un ensemble unique de fresques en plein air dans un climat rude ; elles sont sans doute en cours de restauration. Elles ont été exé- cutées au XVe siècle par l'atelier du peintre pié- montais Jacquerio Giacomo ; elles représentent des épisodes de la vie de la Vierge. On peut voir également le trésor de l'abbatiale.

L'activité est essentiellement agricole. En 1783, la population atteignit 1 582 habitants, elle était encore de 1 483 habitants en 1872, mais elle dimi- nua fortement par la suite. Elle n'est plus que de 1 149 habitants en 1936.

La Première Guerre mondiale tue 72 hommes ; la seconde 9 personnes dont un déporté. Calixte Burnet, chef de la 9e compagnie FTPF - Abon- dance, fut tué par les Allemands à l'âge de 35 ans, le 17 juin 1944, ainsi que Fernand Tupin, FTP même groupe, lors de l'embuscade de la Solitude à Bonnevaux.

En 1962, la commune ne compte plus que 1 089 habitants. Depuis cette date, une politique vigou- reuse de la municipalité, une amélioration des voies de communication ont permis un redresse- ment important. Le tourisme est venu relayer l'agriculture. En 1988, il reste encore 87 exploita- tions dont 18 à temps complet. Il est vrai que la réputation du fromage d'Abondance, fait à partir de lait de vache demi-cuit (race d'Abondance) y est pour beaucoup.

L'attrait des richesses de l'Abbaye, complété par la construction de remontées mécaniques pour les sports d'hiver (850 m-1 850 m) permet d'envisa- ger un plus grand développement touristique (canons à neige prévus).

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La présence d'un collège permet à la population de renforcer sa politique culturelle et de soutenir le rôle des nombreuses associations.

La commune possède 5 hôtels (107 chambres), un camping (50 places). Vous pouvez en vous pro- menant visiter les quinze oratoires ou pardons répartis sur son territoire.

Anciennes foires : 20/4, 27/5, 4/12.

Fête patronale : 15/8.

Mappe 1731, originale, illustrée, très mauvais état ; copie, mauvais état. Tabelle 1731. ADHS 1774-1785. Cure : B 1634-1792, S 1677-1792, M 1734-1792.

BONNEVAUX

254 Bonnevalais, 782 ha, 910 m

En patois, Bouénavo, les Bonnevauds, fém. : les Bonnevaudes.

Dans la vallée d'Abondance, à 26 km de Thonon, prendre la D 902 jusqu'à Bioge, puis la D 22 jus- qu'à La Solitude, et à gauche la D 32.

Ce petit village s'accroche à l'adret de la mon- tagne du mont Ouzon (1 880 m), point culminant de la commune ; en bas coule la Dranse, à 831 m.

Son nom évoque fort justement un joli site de val.

Le village égrène ses maisons le long de la route qui monte vers la nouvelle station de ski du col du Corbier (1 237 m).

La commune comprend 4 hameaux : Darbon où l'on rencontre des anciens chalets d'alpage, Cent- Fontaines dont le nom évoque la richesse des prai- ries (usine hydro-électrique), Le Muret, au sommet du village, équipé d'un téléski, La Solitude dont le nom rappelle l'ancien isolement de la vallée.

Ces lieux ont sans doute été habités depuis long- temps, mais la première mention n'apparaît qu'en 1443, c'est celle d'ancienne chapelle ou église filiale dédiée à saint Maurice.

En 1617, lorsque François de Sales vint en Cha- blais, il trouva les paroissiens « fort mal dévôts, adonnés aux jeux des cartes avec grands blas- phèmes et jurements ». Bonnevaux dépendait de Vacheresse, elle fut érigée en paroisse en 1778 et devint commune le 25 avril 1835 ; en 1783, la paroisse avait 385 habitants. L'église, qui venait d'être restaurée, brûla en 1961, elle fut recons- truite en 1964, ainsi que son clocher. On peut voir quatre oratoires sur la commune — celui de Cent- Fontaines (1897) abrite une Vierge de Lourdes — et parcourir le chemin de croix du Corbier.

Une fruitière, qui produisait 600 quintaux en 1907, a disparu depuis une vingtaine d'années.

Aujourd'hui, le lait est traité à Vacheresse.

Il reste, en 1988, 12 exploitations rurales mais au- cune à temps complet. Le maximum de la popula- tion fut atteint en 1866, soit 391 habitants. En 1911, à la veille de la guerre, la commune avait 237 habi- tants, 12 furent tués. La population continua à décroître pour atteindre 204 habitants en 1975.

L'amélioration des routes, le départ de la station de sports d'hiver du Corbier, la politique dyna- mique de la municipalité ont permis un récent développement.

Le centre de la commune a été revitalisé, on a construit une mairie neuve ; des maisons ont été restaurées, un beau bachat (tronc d'arbre creusé servant de bassin), copie d'ancien, orne la place du village, qui compte plus de 254 habitants, soit plus de 20 % par rapport à 1982.

L'existence de 2 bars-restaurants à La Solitude et au Mure, du gîte de Cent-Fontaines, de quelques artisans et de la scierie de la Solitude assure un minimum d'activités.

Le maintien d'une école, la présence de rési- dences secondaires, une belle forêt communale de 240 hectares, le calme et la beauté du site permet- tent d'envisager un nouveau développement fondé sur le tourisme.

Ancienne foire le 2/5.

Fête le 2/7.

Mappe : voir Vacheresse. ADHS 1774-1785. AC 1778-1792.

CHAPELLE-D'ABONDANCE (LA) 726 Chapellans, 3 785 ha, 1 020 m

En patois, lou Chapèlan (fém. lé Chapélanne).

A 6 km d'Abondance par la D 22, à 36 km de Thonon, La Chapelle est au cœur de la vallée, à l'endroit le plus large. C'est un fond plat, facili- tant l'occupation humaine. Elle possède sur l'adret des coteaux bien ensoleillés, de riches prairies, et sur l'envers des versants boisés. La commune cul- mine au mont de Grange à 2 432 m.

Elle apparaît pour la première fois en 1178 sous le nom de la chapelle des Frasses, en latin fraxina qui signifie frêne ; elle dépendait d'Abondance ; elle s'appellera ensuite Saint-Maurice-des-Frasses.

Au XVe siècle, la population de La Chapelle et de son hameau Châtel ou Chastel atteignait environ 400 âmes, un siècle plus tard, elle a triplé.

L'église Saint-Maurice est de forme massive, elle comporte trois vaisseaux et un fort élégant clocher

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à bulbe, si fréquent en Savoie. Elle date de 1733, mais le clocher a été refait en 1976. Elle contient de très jolis autels dont le retable de saint Mau- rice. On peut visiter les autres chapelles et les six oratoires répartis sur la commune.

A une époque où l'agriculture fournissait l'essen- tiel des revenus, c'était une commune particuliè- rement favorisée. Au XVIIIe siècle, l'intendant Pescatore déclarait dans un rapport : « C'est à peu près le meilleur sol de toute la vallée. »

Le torrent de Chevenne fournissait l'énergie nécessaire au fonctionnement de martinets pour forger de petites pièces, pour alimenter les scie- ries utilisant le bois de la belle forêt qui couvrait une grande partie de la commune, une eau de qua- lité pour tanner le cuir. On trouvait aussi des gise- ments ardoisiers, du plâtre et du lignite.

En 1821, la population est de 701 habitants, à la différence de la grande majorité des communes rurales, elle ne subira qu'une légère baisse, 585 habitants en 1911. Des enfants du pays sont allés chercher fortune ailleurs ; ainsi François Crépy en Argentine, où il créa la colonie de San José, for- mée de nombreux Chablaisiens, dont les descen- dants ont repris contact récemment avec leur com- mune d'origine.

La guerre de 1914-1918 faucha 24 Chapellans. En 1926, la population est de 539 habitants. En 1944, 3 fusillés par les Allemands ; à Richebourg, le FTP Druene Daniel fut tué, le 18 juin 1944, par les Allemands.

La construction d'une fruitière, en 1928, fut un outil important pour le maintien d'une agriculture locale, valorisant les produits, tommes, beurre, gruyère.

Depuis 1960, la commune avait engagé une poli- tique touristique (ski, pensions de famille, colo- nies de vacances, chalets aux grands balcons de bois découpé). Elle avait construit en 1953 une fort belle mairie.

La Chapelle devient La Chapelle-d'Abondance par décret du 27 février 1961. En 1988, 33 exploi- tations rurales, dont 7 à temps complet, assurent une activité agricole assez satisfaisante, et un sou- tien certain à la gastronomie locale.

De 1982 à 1994, la population a augmenté de plus de 30 %, passant de 552 habitants à plus de 776.

L'effort principal des élus et des habitants s'est porté sur une politique ambitieuse de développement du potentiel touristique : sports d'hiver, accueil d'été.

La commune fait partie du gigantesque mais magni- fique domaine des Portes du Soleil, regroupant à che- val sur la frontière suisse 12 stations.

Vous pouvez être hébergés dans 9 hôtels (223 chambres), sans compter les centres de vacances, pensions de famille, etc. La station compte 6 800

lits (1 850 en maisons d'enfants et 700 lits en hôtels), l'école de ski 35 moniteurs.

Cas unique dans la vallée, la présence des quel- ques magnifiques et grands chalets qui abritaient autrefois les familles élargies.

Anciennes foires : 16/05, 13/09, 29/10.

Fête le 22/09.

Mappe 1731, originale, assez bon état ; 1732, copie, assez bon état (photographiée, contient celle de Chatel). ADHS 1774-1785. AC 1640-1794.

CHÂTEL

1 316 Châtelains, 3 219 ha, 1 183 m

En patois : Thaté, lô Thatélan (fém. lé Thatèlan- ne).

C'est la plus haute commune du Chablais, à 42 km de Thonon par la D 902 et la D 22. Elle est située en partie sur un replat, au débouché de deux vallées, l'une qui conduit par la D 22 au pas de Morgins, col de 1 371 m, et descend sur le Valais, l'autre qui se termine en cul-de-sac par la D 228 au col de Bassachaux à 1 783 m, dominé par la Tête du Géant (2 252 m).

Cette commune a été créée le 21 juillet 1740 à partir de La Chapelle-d'Abondance.

Son nom évoque l'existence d'un ancien château mais il n'est pas cité dans des documents connus.

Il est possible néanmoins qu'il y eut deux châ- teaux ou maisons fortes, l'un à l'emplacement de l'église, l'autre à Petit-Châtel.

En 1422, à la place de l'église actuelle, une « cha- pelle » fut dédiée à saint Laurent pour les hameaux ou « dîmeries » de Chastel, Mollie et Lessert.

Les difficultés de circulation, surtout en hiver, amenèrent les habitants à réclamer la création d'une paroisse. De plus, il y avait des contesta- tions pour l'usage des pâturages avec La Chapelle (1590).

Le 2 juillet 1645, Châtel est érigée en paroisse, elle comptait une cinquantaine de feux, soit envi- ron 250 habitants.

L'intendant Pescatore nous fournit, au XVille siècle, une description de la commune. Il insiste sur la dispersion des maisons et le village de Châ- tel regroupe l'église, la cure, et trois maisons et ! trente autres éparpillées. En 1783, la paroisse i compte 470 âmes.

Le presbytère date de 1784, il a été restauré récem- ment, il vaut la visite. L'église, construite en style néogothique, date de 1904, les vitraux sont modernes. Les chapelles de l'Essert (dont le nom

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rappelle le défrichage du lieu) et de Plaine Dranse sont intéressantes. Il y a dix oratoires sur la com- mune.

L'activité rurale fut longtemps la plus importante.

On comptait, en 1887, 473 humains, 620 vaches et bœufs, 6 mulets, 42 chevaux, 283 porcs, 100 moutons, 300 chèvres et 80 ruches, plus un peu de contrebande avec le Valais. La population fluctua peu au XIXe siècle, elle atteint 643 habitants en 1906.

En 1864, Dessaix rappelle la présence d'une source sulfureuse qu'il compare avec celle répu- tée d'Allevard, de deux sources ferrugineuses et souligne la beauté des sites et des points de vue, annonçant la vocation touristique du lieu. Un hôtel fut d'ailleurs construit une vingtaine d'an- nées plus tard.

En 1911, il y a 562 habitants. La plaque du monu- ment aux morts a été refaite, rassemblant les vic- times des deux grandes guerres, soit 40 morts.

Une plaque reprend l'appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle.

En quarante ans, le petit village va devenir la pla- que tournante du vaste domaine skiable des Portes du Soleil. Sa population était en 1975 de 848 habi- tants. Elle est passée de 1 024 à 1 316 entre 1982 et 1990, soit près de 30 % d'augmentation.

Elle a pu encore conserver une certaine vie rurale.

Elle possède en 1988, 51 exploitations agricoles, dont 11 à temps complet ; plus d'un tiers de la super- ficie de la commune est utilisé (visites de fermes, fabrication de fromage, abondance, vacherin).

Grâce à des initiatives privées, relayées par une politique audacieuse de la commune, Châtel devient peu à peu une petite ville au potentiel et aux possibilités importantes : 2 télécabines, 13 télésièges, 31 téléskis, 21 hôtels (564 chambres), 1 camping 4 étoiles (100 places), des centres et des colonies de vacances. De nombreux et divers commerçants et artisans assurent aussi bien des activités estivales qu'hivernales (retenues colli- naires pour neige artificielle).

Châtel peut voir l'avenir avec confiance, grâce au dynamisme de ses habitants, à l'action de l'office de tourisme et de ses associations, tant sportives que culturelles, grâce à la politique conduite depuis plus de quinze ans par le maire André Crépy et ses équipes.

Sa position près de la Suisse (Valais), la beauté de ses sites et son environnement privilégié sont des atouts majeurs pour un développement continu et harmonieux à condition de continuer à préférer la qualité de la vie au nombre des habi- tants et des touristes.

Fêtes : 2e dimanche de juillet et 15/08.

Mappe : cf. La Chapelle-d'Abondance. ADHS 1774-1785. AC 1705-1783.

CHEVENOZ

425 Chevenards, 1 054 ha, 807 m En patois : les Chevinots.

Graphies anciennes : Chevegnos (1275), Chevenu (1346).

On prononce Chèvnoz. En langue celtique, Chevn signifie séparation, dos ; la commune forme en effet un angle saillant entre les bassins de Bernex au nord-est et d'Abondance au sud-est.

Elle est exposée à l'ouest, sur un replat, presque un plateau et située à 17 km d'Evian-les-Bains par la D 32. L'altitude maximale est la pointe de l'Ai- guille, 1 502 m.

La commune est traversée par la Dranse d'Abon- dance, elle est limitée au nord et au sud par deux montagnes. Sa particularité est d'être un village éclaté, composé de 10 unités, face au chef-lieu de l'autre côté de la Dranse, le hameau pittoresque Le Fion. La commune est déjà citée au XIIIe siè- cle. Elle compte 50 feux en 1605, soit environ 250 personnes.

L'intendant Pescatore l'a décrite au XVIIIe siècle.

Il remarque l'extrême dispersion de ses habitants, répartis entre 11 hameaux, et note l'insuffisance de ses ressources. Elle compte 450 habitants en 1783. Elle atteint 801 habitants en 1876 ; comme la plupart des communes rurales, elle connaîtra un lent exode pour compter 730 âmes en 1911.

L'église Saint-Jean-Baptiste date de 1895. Elle est de style néo-roman avec un clocher élancé. On rencontre trois oratoires dont le plus ancien se trouve au lieu-dit Chez Gallay.

Pour utiliser le lait de ses fermes, une fruitière a été créée, située au lieu-dit Chez Gallay, au-des- sus du chef-lieu. Elle produisait 530 quintaux (en 8 mois) en 1896.

La Première Guerre a tué 29 personnes, la Seconde un soldat en 1939 et un FTP en Maurienne en 1944. La population a continuellement baissé jus- qu'en 1968 pour atteindre 374 habitants, mais la commune a conservé sa fruitière, quelques arti- sans, un restaurant, un hôtel, quinze meublés.

Depuis 1975 (375 habitants), la commune se développe, elle a construit une nouvelle école, au chef-lieu, on trouve un libre-service, sur les coteaux, de nombreux chalets neufs. De 369 habi- tants en 1982, la population a dépassé 425 en 1990. En 1988, la commune compte 8 exploita- tions rurales à temps complet sur 24 et utilise encore 40 % de sa superficie. Sa situation, ses sites agréables respirant calme et douceur, sa proximité des villes en plein essor que sont Evian- les-Bains et Thonon-les-Bains, permettent à ses

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habitants de croire en l'avenir, aidés en cela par le dynamisme de ses élus.

Fête le 24/06.

Mappe 1731, originale, état assez bon ; 1732, copie, bon état. Tabelle 1731.

VACHERESSE

532 Vacherefans, 3 102 ha, 830 m En patois : Vathereffe, lou Vathereffe.

Graphie ancienne : Vacheresce (1275).

Vaste commune, située à 18,5 km de Thonon.

Prendre à Thonon la direction de Châtel par la D 902, puis à Bioge la D 22 et sur la rive droite de la Dranse d'Abondance, la D 922. Le village occupe un petit promontoire sur un cône de déjec- tion, exposé à l'ouest ; les prés dominent mais la montagne est partout présente et culmine à la pointe de Bénévent à 2 069 m.

Cette grande commune comprend quatre vallées où se trouvent des alpages et des mines : ce sont celles de Darbon (nom d'homme du patois taupe), de l'Eau-Noire ou de Fontaine, d'Ubine et de la Dranse. C'est dans la vallée principale de la Dranse fertile bien cultivée, large, que l'on ren- contre tous les hameaux.

En 1295, les frères Reymond, Girard et Rodolphe de Vacheresse, famille noble, vendent les hom- mes taillables qu'ils possédaient à l'abbaye d'Aulps.

On peut citer la famille Dumoulin, dont un notaire en 1452, un Pierre Dumoulin, vicaire général de Jean-Louis de Savoie, évêque de Genève.

Le patron de la paroisse est saint Ours, archidiacre d'Aoste au VIe siècle. Bonnevaux en dépendait, elle en fut détachée le 24 janvier 1778 pour le spi- rituel et en 1835 pour le temporel. La paroisse était sous l'autorité de l'abbaye d'Abondance (cf.

acte de 1363).

L'église se trouvait jadis aux Chapelettes (oratoire ou chapelle), sous le village de Leschaux (mauvais pré rocheux), mais elle fut emportée avec des mai- sons par un éboulement (8-11 août 1617).

Le curé Dufour fit construire, en 1722, une nou- velle église qui a été récemment restaurée dans son style d'origine, mélange de néo-gothique et de baroque de montagne, où dominent les dorures. A côté, un énorme clocher dont le dôme date de 1807.

Il existe quatre chapelles rurales et sept oratoires.

En 1605, la paroisse compte 160 feux, environ 800 âmes. A la veille de la Révolution française, 772 habitants.

Albanis de Beaumont, dans sa Description des Alpes de 1804, signale une carrière de gypse aux Mossières (terre propre à la mousse), une mine de lignite dans le haut de la vallée du Darbon.

Le maximum démographique, 1 121 habitants, fut atteint en 1861. En 1911, la commune compte 975 habitants, la Première Guerre mondiale fauche 57 personnes.

En 1928, une fruitière est construite, elle vient d'être modernisée en Coopérative laitière inter- communale ; elle comprend des sociétaires d'Abondance, de Bonnevaux, de Chevênoz et de Vacheresse.

En 1982, la population était de 529 habitants, le chiffre le plus bas depuis le XVIIe siècle. En 1990, une légère amélioration semble se dessiner : 532 habitants. Le recensement agricole de 1988 dénombre 51 exploitations rurales dont 9 à temps complet sur 1 134 hectares utilisés.

La commune est agréable, elle conserve quelques commerces et quelques artisans. Elle compte 4 hôtels (plus de 50 chambres), 3 restaurants, un refuge des Amis de la nature. La vie associative est très active (fanfare municipale, chorale parois- siale, comité des fêtes, parents d'élèves).

Par sa situation, ses paysages, Vacheresse est riche de possibilités et de promesses. L'action municipale doit, en préservant ce cadre de vie, s'adapter à l'évolution actuelle et préparer l'ave- nir en jouant la carte touristique de la qualité.

Anciennes foires : mardi le plus proche du 9/04, le 30/08, mardi suivant le 26/11.

Fête patronale le 26/12.

Mappe 1731, originale, mauvais état, comprend le territoire de Bonnevaux ; 1732, copie, bon état.

Tabelle 1731. ADHS 1784-1785. AC 1735-1792.

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CANTON D'ALBY-SUR-CHÉRAN

Alby est le chef-lieu d'un canton qui regroupe aujourd'hui onze communes, s'étend sur 97 km2 et abrite 7 671 habitants.

Entre les premières pentes du massif des Bauges et les collines morainiques de l'Albanais, ce canton relève à la fois du domaine montagnard et des espaces de l'avant-pays alpin. Il est profondément entaillé p a r les cours d'eau qui descen- dent des Bauges, ce qui n'a pas toujours facilité la circulation nord-sud.

Les gorges du Chéran constituent en son milieu une profonde césure marquée que le patient travail des hommes, multipliant ponts et viaducs, a réussi à fran- chir en de multiples endroits.

Le Chéran a longtemps servi de frontière entre Savoie propre et Genevois, les communes de l'actuel canton relevaient alors de l'un ou l'autre domaine.

C'est p a r décret impérial en date du 20 décembre 1860 que fut créé le canton d'Alby en détachant des communes aux cantons de Duingt et d'Albens. Il connut p a r la suite des vicissitudes administratives dont le détail importe peu ici et qui

ne modifièrent pas l'essentiel de la géographie cantonale.

Le canton d'Alby a su se doter, dans les années 80, d'une structure de contrat de pays permettant de valoriser son image, celle d'une région verte, à mi-che- min entre le lac du Bourget et celui d'Annecy, dotée d'un patrimoine varié (sites du pont de l'Abîme, des Tours Saint-Jacques, des grottes de Bange, maisons et places médiévales, châteaux et maisons fortes).

Deux grands axes de communication, l'autoroute A 41 et la RN 201, un échan- geur autoroutier, favorisent actuellement le développement économique (zone industrielle de l'Espace Leaders) et la reprise démographique (+ 25 % entre 1982 et 1990) liée au phénomène de rurbanisation qui affecte plus particulière- ment certaines communes : Chapeiry, Viuz-la-Chiésaz, Mûres, Chainaz-les- Frasses.

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ALBY-SUR-CHÉRAN Chef-lieu de canton

1 224 Albygeois, 656 ha, 399 m

Alby-sur-Chéran est un bel exemple de village occupant un site gué ou un site pont. Les armoi- ries de la commune font d'ailleurs figurer un pont à trois arches flanqué à ses extrémités de solides tours. Le Chéran a creusé ici une gorge profonde que le village a occupée en se développant de part et d'autre de ses rives afin de mieux contrôler et exploiter ce passage obligé entre Annecy et Chambéry, Les Bauges et l'Albanais. Les ponts et les châteaux occuperont donc une place non négli- geable dans l'histoire et le patrimoine de la com- mune.

Il n'est point nécessaire ici de relater par le menu le passé d'Alby ; contentons-nous de signaler quelques dates importantes :

— Le nom d'Alby apparaît dans des documents écrits au début du XIIIe siècle.

— En 1297, le comte Amédée II de Genève accorde au bourg une charte de franchise.

— De 1325 jusqu'au milieu du XIXe siècle, on y travaille le cuir et les cordonniers y sont très actifs.

— Le village est souvent victime des terribles ravages du feu ; on retiendra surtout les trois incendies du milieu du XVIe siècle et ceux de 1847 et 1854.

— Voie de passage obligé, le village connut aussi des destructions liées aux guerres : occupations militaires des Français sous Louis XIV, dynami- tage des ponts en 1940 et 1944.

— En 1793, Alby devient chef-lieu de canton. Ce dernier, supprimé après 1800, fut réorganisé au moment du rattachement de 1860 et rattaché à la Haute-Savoie.

— En 1840, la route nationale 201 est achevée.

Elle franchit le Chéran par le Pont Neuf inauguré en 1828 et entraîne le développement du bourg d'Alby au détriment du Vieil Alby.

— Alby devient après 1885 la deuxième ville de Haute-Savoie à bénéficier de l'éclairage élec- trique. C'est à François Mugnier, un de ses enfants qui fit installer un barrage à l'aval du Pont Vieux, qu'elle doit cette entrée dans le monde moderne.

— Par le décret du 27 février 1961, Alby devient Alby-sur-Chéran.

La commune compte aujourd'hui 1 224 habitants, les Albygeois, surnommés « lô Pedhu » : ceux qui emploient la poie (peudhi en savoyard), c'est-à- dire les cordonniers.

On sait qu'après les franchises accordées au bourg à la fin du XIIIe siècle, le travail du cuir, la tanne- rie et la cordonnerie se sont développés à Alby.

L'abondance des eaux du Chéran permet de com- prendre aussi l'essor de cet artisanat. Dans son Iti- néraire descriptif de la Savoie, Adolphe Joanne écrit en 1862 : « La plupart des habitants d'Alby sont cordonniers. » Avec la concurrence des acti- vités industrielles, la cordonnerie connaîtra une décadence rapide au XXe siècle pour disparaître aujourd'hui.

Un musée de la Cordonnerie, installé dans le Vieil Alby, au rez-de-chaussée de la mairie, évoque désormais cet artisanat en présentant outils et machines ayant servi au métier du cuir.

Ponts, châteaux et églises constituent l'essentiel du patrimoine architectural.

Le patrimoine médiéval est bien représenté par les châteaux de Montpont et Pierre-Charve, le Vieux Pont et la très typique place à arcades du vieux bourg.

Alby, comme tout l'Albanais, appartient au domaine du bâti en pierre qui recouvre un vaste espace allant de la combe de Savoie aux rives du Léman.

Sa belle place, aux arcades construites en beaux blocs de calcaire, site inscrit à l'inventaire des monuments historiques, n'est pas unique mais relève plutôt des constructions communes à tous les pays de montagne, « tous les pays de pluie et aussi toutes les villes dont les marchands cher- chaient à arrêter commodément les chalands devant leurs étalages » écrit C. Anthonioz dans son ouvrage sur les maisons savoyardes. Il rajoute qu'ici la caractéristique réside surtout dans « l'ex- trême simplicité, la solidité, la rudesse », dans une place n'ayant à offrir « ni chapiteaux sculptés, ni cartouches allégoriques, ni enseignes parlantes, ni mosaïques, ni richesse d'aucune sorte ». Tout au plus doit-on ajouter la présence d'une belle fon- taine dont le murmure égaie un ensemble un peu rigide.

Les châteaux de Montpont et Pierre-Charve (com- mune de Mûres) sont les seuls survivants d'un ensemble de sept châteaux que la tradition locale présente bien légèrement comme un système défensif organisé avec première et deuxième lignes de fortification. Montpont est aujourd'hui l'édifice médiéval le mieux conservé. Bâti en 1499 par les nobles Richard d'Alby, il passe ensuite aux familles de La Faverge (1622) puis de Thiollaz ; il en reste « une construction rectangu- laire à deux niveaux, accolée d'une tour carrée à trois étages ; une belle galerie y fut rajoutée au XVIIIe siècle » précise J. Brunier dans une revue

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locale. Aujourd'hui, le château a été aménagé en appartements et vendu en copropriété.

Le pont Vieux est un ouvrage d'une seule arche de pierre et de brique, construit vers 1720 en rem- placement d'un pont plus vétusté.

Il fut victime des combats de juin 1940. En pleine bataille des Alpes, les troupes françaises le firent sauter en même temps que le pont Saint-Joseph à Rumilly et le pont André du val du Fier, ultime défense contre l'envahisseur allemand dont les troupes avaient atteint Albens et les abords de Rumilly.

Sa patiente reconstruction, presque à l'identique, allait être l'œuvre d'un tailleur de pierre d'Alby et de ses trois compagnons.

L'ancienne église Saint-Maurice, au chœur mé- diéval en berceau brisé, se signale par ses vitraux modernes représentant les saints savoyards, des armoiries locales, dont celles d'Alby.

La nouvelle église Notre-Dame-de-Plainpalais, construite au nord de l'ancien bourg après la Seconde Guerre mondiale, se signale par ses formes résolument modernes dues à l'architecte Maurice Novarina. Deux grandes verrières, en dalles de verre et béton de 5 mètres sur 8, éclairent la nef de tonalités bleues au sud, de couleurs plus chaudes pour la verrière du nord. Elles sont l'œuvre d'Alfred Manessier, qui précisait en 1964 ses intentions : « Ce qu'il faut au peintre, c'est redécouvrir les données propres de chaque pays, la lumière, le vent, la terre, le plus ou moins grand degré d'humidité et de soleil qui sensibilise les colorations [...]. C'est en saisissant ce lien pro- fond qu'on peut retrouver le vrai sens de la tradi- tion. »

Depuis 1860, la commune a connu bien des trans- formations.

— La croissance démographique est constante tout au long du XIXe siècle et la population atteint son optimum en 1886 avec 1 226 habitants.

Passée cette date, le nombre des Albygeois ne cesse de diminuer, la commune perdant le tiers de ses effectifs entre 1886 et 1975.

Les deux conflits mondiaux sont durement ressen- tis ; la guerre de 1939-1945 marque beaucoup la commune par l'exécution de certains de ses enfants, par la violence de ses combats.

Des plaques commémoratives conservent le sou- venir de J. Prisset, ouvrier d'Alby, tué au cours d'une embuscade par les Italiens fascistes atta- quant le 17 juin 1943 le maquis de Bluffy, d'Oc- tave Magnin, chef de maquis du Semnoz, fusillé le 11 décembre 1943 par les troupes allemandes qui venaient de s'illustrer tragiquement à Gruffy.

La tragédie de la déportation allait aussi emporter Francis Anselmet, déporté politique, mort le 27 février 1944 dans un camp de concentration nazi.

La fin du conflit mondial fut marquée par la des- truction du Pont Neuf le 11 août 1944 ; la Résis- tance le fit sauter pour couper la retraite aux troupes allemandes cherchant à regagner par le nord du département le territoire du Reich.

Depuis quinze ans, la commune a renoué avec la croissance démographique (+ 20 % entre 1982 et 1990), retrouvant même son niveau de 1886.

— Alby s'est engagé dans une mutation écono- mique, développant des activités nouvelles, se dotant d'infrastructures modernes, organisant un contrat de pays pour valoriser son image.

L'agriculture reste toujours présente (coopéra- tives agricole et laitière) mais Alby, en associa- tion avec les communes du canton, s'est tournée vers le développement d'activités artisanales et industrielles en créant à proximité de l'échangeur autoroutier de l'A 41 une importante zone indus- trielle. L'Espace Leaders d'Alby-sur-Chéran fait partie de ce chapelet de zones d'activité qui s'égrènent le long de l'axe autoroutier, formant de Chambéry à Annecy une sorte de « région indus- trielle linéaire ».

Des entreprises spécialisées dans la robotique ou l'agro-alimentaire, les transports ou l'imprimerie, se sont donc installées depuis quelques années sur une vaste plate-forme qui facilite la diffusion rapide des produits industriels dans l'espace euro- péen.

La commune a voulu, dans le même temps, valo- riser son environnement en signant avec les com- munes du canton un contrat de pays. Ce dernier est parvenu à valoriser son potentiel touristique, à développer les structures d'accueil et d'héberge- ment (plus de 20 hôtels-restautants, 15 gîtes, 4 campings, de nombreuses chambres d'hôtes), à promouvoir enfin les activités culturelles (fêtes, soirées à thème, sentiers de randonnée, etc.). L'as- sociation Passerelle, qui se signale par son impor- tante activité de publication (histoire et traditions locales), est un bel exemple de ce dynamisme qui s'est concrétisé par une augmentation du nombre des résidences principales, passant de 337 unités en 1982 à 424 au dernier recensement de 1990.

En juin 1995, les Albygeois se sont donné pour maire Guy Sorlier.

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ALLÉVES

209 Allevains, 881 ha, 636 m

Commune rurale de moyenne montagne située sur la rive droite du Chéran, à la sortie du massif des Bauges, Allèves occupe les pentes méridionales de la montagne du Semnoz. Elle a une superficie de 881 ha dont 3/1 Oe sont des forêts, broussailles ou rochers.

Le territoire communal dessine une sorte de tri- angle dont le crêt de l'Aigle (1 646 m) constitue- rait le sommet nord, les deux autres étant les ponts de l'Abîme à l'ouest et celui de Bauges à l'est.

La montagne se signale ici par des barres calcaires aux belles allures d'où se détachent les tours Saint-Jacques, trois aiguilles sculptées par l'éro- sion qui forment un site classé.

La commune est traversée par la D 5, un des accès vers Lescheraines au cœur des Bauges, qui la place aussi à 20 km d'Annecy.

Le patrimoine archéologique et historique d'Al- lèves est plus important qu'on ne pourrait s'y attendre à première vue.

Les grottes préhistoriques de Bange, situées à l'est de la commune, à une altitude de 720 m, ont livré des traces d'une occupation humaine remon- tant à 12 000 ans (harpon magdalénien taillé dans un bois de renne).

Les vestiges du premier pont de Bange, construit par les Romains, étaient encore visibles en 1914, date à laquelle il fut détruit par malveillance. Les hommes de César et d'auguste semblent avoir occupé les grottes de Bange (mur romain). Ils devaient pouvoir contrôler la voie qui, reliant Boutae (Annecy) à Aquae (Aix-les-Bains) par Viuz-la-Chiésaz et Gruffy, franchissait ici le Ché- ran. Le pont actuel fut construit en 1942 pour rem- placer le second pont de Bange, dynamité durant la guerre en 1940.

Les ruines de la tour de Cengle sont encore visibles au nord de la grotte de Bange. Ce château, construit au Xe siècle à l'entrée du défilé de Bange, passa successivement des mains des seigneurs du Cengle aux nobles d'Orlyé (1365) puis aux nobles de Montfalcon. Sa tour était ruinée dès le XVe siècle.

La commune conserve aussi de nombreuses traces de ses activités industrielles ou artisanales d'an- tan, que l'abondance en eau, en combustible, en matière première (sable du Chéran) rendait lucra- tives. Le lieu-dit Chez Martinod rappelle le travail du fer au martinet et la clouterie si répandue en Bauges sous l'impulsion des moines de Belle- vaux.

Plus rien ne subsiste de la verrerie du pont de Bange installée au XVIIe siècle puis transférée au début du XVIIIe siècle à proximité des tours Saint-Jacques, si ce n'est les moulins puis la scie- rie qui s'établirent en ce lieu par la suite. La pros- périté des moulins était due à l'abondance de la chute du Chéran et à la proximité d'un carrefour routier (la voie reliant le Genevois aux Bauges et à la Maurienne conférait à ce passage une impor- tance certaine).

L'autorisation d'élever un barrage sur le Chéran fut demandée à Turin peu avant le rattachement.

La construction du moulin et de la scierie débuta vers 1865-1870. L'actuelle scierie, aménagée en 1971, est une véritable usine moderne qui perpé- tue la tradition industrielle du lieu.

L'église, de style néogothique, a été refaite autour des années 1870 ; seul le clocher est plus ancien.

La chapelle Saint-Jacques abrite deux belles sta- tues polychromes médiévales. Elle semblerait attester l'existence d'une ancienne étape de pèle- rinage.

C'est le 20 décembre 1860, par décret impérial, qu'Allèves cesse de faire partie du canton de Duingt pour être incorporée au canton d'Alby, nouvellement formé.

La commune compte alors 433 habitants et n'at- teindra pas son optimum démographique avant 1886 (464 habitants). A partir de cette date, elle connaît un inexorable déclin démographique.

L'exode rural sévissant, Allèves ne compte plus que 300 personnes en 1931 et 170 en 1968.

Y. Dubois a bien décrit dans ses romans consacrés à son village les difficultés des paysans locaux à vivre dans leur « vallée des cyclamens ».

Aujourd'hui, la tendance est à la reprise démogra- phique, une des plus faibles du canton toutefois (+ 13,5 % entre 1982 et 1990). La commune peut compter néanmoins sur son environnement pour proposer promenades, spéléologie, alpinisme, pêche, et confirmer alors ses récents progrès.

CHAINAZ-LES-FRASSES 395 Chainaziens, 557 ha, 678 m

Située sur les flancs du massif des Bauges, la commune jouit d'une belle vue sur l'Albanais et l'avant-pays savoyard, de la Chartreuse au Jura.

Etymologiquement, Les Frasses signifie un lieu où il y a beaucoup de frênes.

Commune agricole (élevage porcin et bovin, coopérative laitière), Chainaz-les-Frasses n'a jamais connu de véritable essor économique.

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A la limite du département de la Savoie, elle se trouve à mi-distance entre Annecy et Aix-les- Bains.

Jusqu'à la Révolution, les habitants des villages de Chainaz et des Frasses relevaient du diocèse de Genève et formaient deux paroisses distinctes. Un instant rattachées au département de Savoie, elles regagnent définitivement en 1861 celui de la Haute-Savoie, puis, quatre ans plus tard, le 17 novembre 1865, décident de se réunir pour former l'actuelle commune de Chainaz-les-Frasses.

Le seul édifice remarquable se trouve être l'église paroissiale Notre-Dame dont le clocher porte la date de 1722. Remaniée au XIXe siècle par l'ar- chitecte Ruphy, elle renferme surtout deux belles vierges polychromes classées.

Sous l'effet de l'exode rural, le village va perdre 50 % de ses effectifs entre le rattachement et les années 60. Depuis trente ans, la rurbanisation aidant, la population s'est remise à croître, passant de 211 habitants en 1975 à 260 en 1982 et 395 aujourd'hui.

CHAPEIRY

545 Chapériens, 576 ha, 600 m

La population s'élève aujourd'hui à 545 habitants surnommés par la tradition locale « lô Pre Coué », c'est-à-dire les poires cuites.

Cette petite commune rurale est implantée sur une colline d'altitude moyenne, dans un environne- ment boisé, au nord du canton d'Alby-sur-Chéran.

Proche de l'autoroute A 41 et de la RN 201, elle se situe à 12 kilomètres d'Annecy et moins de 10 kilomètres de son chef-lieu de canton.

L'orthographe du nom de la commune a souvent varié. On trouve essentiellement trois formes dans les documents officiels depuis 1860 : Chapery, Chapairy ou Chapeiry. Cette dernière graphie semble plus conforme à la prononciation locale et c'est la raison pour laquelle elle est actuellement la plus usitée.

Le patrimoine architectural de Chapeiry réside essentiellement dans son église paroissiale dédiée à saint Martin. Elle se signale surtout par son gros clocher latéral et son remarquable chœur préro- man.

Au milieu du XVIIIe siècle (de 1757 à 1763), la paroisse abrite le curé Besson. Cet homme est un bel exemple de ces érudits locaux qui, en plein siècle des lumières, sont curieux de tout, cher- chent à comprendre le monde qui les entoure, se passionnent pour la botanique ou la géologie, l'as-

tronomie ou les mathématiques. C'est l'histoire qui attirera le curé Besson. Loin de tout, avec une patience infinie, se heurtant à la méfiance de ses supérieurs, il rassemble documents et informa- tions pour ses Mémoires sur l'histoire des dio- cèses de Genève, Tarentaise, Maurienne et Aoste qui paraîtront quasi clandestinement en 1759 et feront le bonheur des historiens des siècles sui- vants.

Au moment du rattachement, Chapeiry fait partie du canton d'Annecy-Sud. Elle en sera détachée pour être réunie à celui d'Alby-sur-Chéran par décret en date du 28 juin 1865.

A cette époque, la commune est en passe d'at- teindre son optimum démographique (353 habi- tants en 1886). Sa population ne va pas cesser de diminuer à partir de cette date et sera fortement marquée par les pertes des deux conflits mon- diaux : la population régressera de 281 à 246 habi- tants entre 1936 et 1946.

La chute démographique à Chapeiry prendra fin dans les années 70. A cette date, la tendance s'in- verse, la commune se repeuple, voyant ses effec- tifs doubler entre 1968 (256 habitants) et 1990 (545 habitants).

Aujourd'hui, la commune évolue, s'oriente vers une politique d'accueil des rurbains. Le nombre de résidences principales passe de 120 à 171 entre

1982 et 1990.

Une nouvelle route départementale dessert Cha- peiry ; l'ancienne cure a été transformée en mai- son communale ; des activités culturelles sont organisées par les associations et les clubs locaux.

En retour, le secteur agricole se modifie ; les exploitations sont moins nombreuses, celles qui subsistent s'étendent, se développent (la produc- tion laitière augmente). On mise dans le même temps sur le tourisme vert avec l'aménagement de gîtes ruraux, d'un sentier botanique (celui des Biolles) permettant de découvrir la flore représen- tative de l'étage collinéen local.

CUSY

969 Cusiens ou Cusillards, 1 693 ha, 550 m La commune de Cusy occupe un site de piémont en bordure du Fier, à la limite de l'Albanais et du massif des Bauges. Dominée par la montagne de Bange (1 238 m) et ses falaises calcaires, elle est située au sud du canton d'Alby, à la limite du département de la Haute-Savoie et de la Savoie.

Ce carrefour de routes départementales assure la communication avec Lescheraines et Grésy-sur-

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Aix par la D 911 qui longe la vallée du Chéran puis celle du Sierroz et avec Alby et Rumilly par la D 3. On ne sera pas surpris de trouver des ponts remarquables sur le territoire communal ni de constater que, dans le passé, Cusy fut un village disputé, tiraillé entre des influences politiques opposées.

Est-ce pour cela que ses habitants, les Cusillards, ont été surnommés par la tradition locale les Bataillards ?

Le nom de la commune proviendrait du latin Cusiacum. La présence romaine est plus ou moins attestée par des vestiges de pont à l'est de la com- mune, près de l'actuel pont de Bange.

C'est peu après l'an 1000 que l'histoire de Cusy commence véritablement, avec une mention du village dans un parchemin daté de 1022. Dès lors, Cusy, « dans le comté de Genève, dans le pays d'Albanais », sera l'enjeu d'une lutte féodale entre les puissances du temps qui se disputent le passage du Chéran. En 1273, Cusy appartient aux sires de Grésy, vassaux du comte de Genève, mais peu après, la seigneurie devient un fief temporaire de la maison de Savoie, qui la contrôlera définiti- vement en 1288. C'est l'époque où Amédée V, le bouillant comte de Savoie, envisage d'étendre son autorité en direction du nord, s'en prenant au comté de Genève et au Faucigny qui gênent ses liaisons avec le pays de Vaud qu'il contrôle.

Cusy, considéré comme « un coin enfoncé dans les terres genevoises », sera l'objet de bien des attentions. Le comte accordera en 1288 des fran- chises, une foire et un marché au petit village.

La seigneurie et son château, campé au-dessus du Chéran, resteront désormais savoyards. Mais cette pièce maîtresse d'un dispositif défensif perdra de son intérêt lorsqu'en 1401 l'ensemble du Gene- vois sera réuni à la Savoie.

Il n'est pas surprenant de voir par la suite la sei- gneurie passer successivement entre les mains des Grésy, Montmayeur (XVe siècle), Luxembourg- Martigues, de Lingon (XVIe siècle).

Le patrimoine architectural peut se décomposer en trois ensembles comprenant des ruines féo- dales, deux ponts, une église néogothique.

Les deux châteaux que la commune abritait autre- fois ont été les victimes du temps et de l'indiffé- rence des hommes. Le château de Cusy, du XIe siècle, fondé par Humbert 1er entre la Creusaz et le nant de la ville, à 700 m au nord-est du village, nanti de plusieurs tours et d'une chapelle, fut incendié à la Révolution. Il n'en reste que de pauvres vestiges conservant encore le terrible souvenir du sire de Montmayeur, celui-la même qui fit enlever et décapiter en février 1465 son malheureux adversaire Guy de Fésigny.

Le château de Fésigny ou maison forte des Fil- lards, à environ 1,5 km du village, a donc appar- tenu au rival du sire de Montmayeur. Il n'en reste qu'un bâtiment quadrangulaire flanqué d'une tour carré et de deux échauguettes. On peut encore voir les armes des Fésigny sur le montant d'une fenê- tre.

Deux ponts, ceux de Bange et de l'Abîme, attirent ensuite l'attention. On s'intéressera surtout au second, dont on vient récemment de fêter le cen- tenaire (1987).

Au XIXe siècle, franchir le Chéran était problé- matique car, mis à part les ponts d'Alby et de Bange, distants de plus de 14 km, on ne disposait alors que de périlleux ponts de bois ou passe- relles. Dès 1820, la construction d'un pont fran- chissant l'Abîme était souhaitée, tant à Cusy qu'à Gruffy. Il fallut attendre 1884 pour voir la Ille République, le conseil général, s'intéresser plus avant au projet en débloquant des subventions. Il fut confié à Ferdinand Arnodin, constructeur de pont suspendu à Châteauneuf-sur-Loire. Le pont de l'Abîme fut mis en service le 30 janvier 1888.

Il s'agit d'un pont suspendu par huit câbles por- tant les 52,50 m de tablier à 95 mètres au-dessus du Chéran. Il n'allait pas tarder à devenir un but d'excursion pour les touristes de la Belle Epoque.

Le pont est inscrit aujourd'hui à l'inventaire des monuments historiques.

L'église, dédiée à saint Christophe, a été recons- truite en 1887 dans un style néogothique courant à l'époque. Elle fait partie de ces édifices religieux remis en état dans la seconde moitié du XIXe siècle après la tourmente révolutionnaire et les aléas politiques des années 1792-1860.

Au milieu du XIXe siècle, Cusy est un gros bourg qui atteint son optimum démographique en 1848 à 1 513 habitants. Il fait alors partie de la province de Savoie-Propre et du district d'Albens. C'est un décret du 20 décembre 1860 qui transférera Cusy du canton d'Albens à celui du canton d'Alby, tout nouvellement créé. La commune change de ce fait de département. Un nouveau décret (21 novembre 1884) imposera enfin une nouvelle délimitation j entre la commune de Cusy et celle de Saint-Ours.

Le déclin démographique que connaissent toutes les communes à partir de 1850 est particulière- ment net à Cusy. La population perd lentement et régulièrement ses effectifs, passant de 1 398 habi- tants en 1858 à 726 Cusillards en 1975 (- 50 % en ;

un peu plus d'un siècle). j

Depuis cette date, la tendance s'est inversée (+ 18,7 % entre 1982 et 1990). Cusy voit le nom- bre de ses résidences principales passer de 303 à 361 unités. La commune continue à tirer ses res- sources d'une activité agricole la plus variée pos-

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sible (pâturages, vergers, élevage bovin et porcin, fromages) mais elle s'est tournée dans le même temps vers les activités touristiques d'été, cher- chant à devenir une petite station climatique qui valorise ses atouts naturels (promenades, sites grandioses, chasse, pêche, « sports fun », etc.).

On compte aujourd'hui, en 1995, plus d'un millier de Cuséens.

GRUFFY

883 Grufféens, 1 444 ha, 550 m

Cette commune rurale de piémont est dominée par la montagne du Semnoz. Elle est traversée par la route départementale n° 5 qui longe la rive droite du Chéran.

Elle appartient ainsi à ce groupe de communes de l'entrée du massif des Bauges qui ne sont pas trop éloignées de l'axe autoroutier et de l'échangeur d'Alby-sur-Chéran.

La commune se signale d'abord par la richesse de son passé archéologique. Elle a livré de nombreux témoignages de l'occupation humaine du néoli- thique à la fin de l'Empire romain, qui permettent de baliser les grandes étapes de la protohistoire, de l'Antiquité et du haut Moyen Age.

Les amas de pierres ou murgiers découverts à la sortie de Gruffy, au lieu-dit Le Mollard, ont livré un riche mobilier funéraire de l'âge du fer. A tra- vers les nombreux objets, bracelets en bronze, brassards en jayet, éléments de parures, fibules et épées, on peut se faire une idée de la puissance de l'aristocratie allobroge, capable de se faire édifier en guise de tombe des tertres de 28 mètres de dia- mètre. L'ensemble des vestiges de ce tumulus funéraire remonte au Vie siècle av. J.-C. (Hallstatt final) ; on y remarque entre autres un splendide poignard en fer à poignée anthropomorphe.

La présence romaine se signale à travers des murs, des inscriptions, un autel dédié à Mercure. Ces découvertes sont à mettre en relation avec les ves- tiges antiques trouvés dans les communes proches de Marigny-Saint-Marcel et de Viuz-la-Chiésaz.

Le nom de cette dernière, Viuz (du latin vicus), désigne à l'époque romaine un bourg. On sait que les descendants des légions de César développè- rent en Gaule villes, villages et grosses fermes.

Gruffy fut à cette époque le siège d'une de ces exploitations rurales, une villa dont on a évalué l'étendue à 180 ha.

En pleine décadence de l'Empire romain, le chris- tianisme s'introduit en Savoie par les cols alpins et la vallée du Rhône, laisse son empreinte pré-

coce dans la commune sous la forme d'une courte inscription découverte en 1863. Le texte est gravé sur une plaque de marbre, surmonté d'une croix et ne comprend qu'une seule ligne. On peut y lire :

« Hic r[esquiescit] fil[ius] suos Althéus in pace ».

Ce nom n'est pas inconnu, un Althéus sera évêque de Sion dans le Valais au tout début du Ville siècle.

La période des invasions et du haut Moyen Age a également laissé ses traces sous la forme d'un cimetière probablement burgonde et d'une pièce d'or mérovingienne. La longue phase de déplace- ments des populations de l'Europe, amorcée au néolithique, s'achève vers l'an 1000. Elle semble avoir contribué de façon continue au peuplement de la paroisse de Gruffy qui est alors le centre d'une petite châtellenie des comtes de Genève. Le château des comtes de Genève et des Compey tombe en ruine au XIXe siècle. Une partie des dalles du donjon est employée en 1825 à la construction du pont Neuf d'Alby.

Au moment de l'annexion, la commune dénombre 988 habitants. Peu de temps après est entreprise la construction de l'actuelle église. Edifié entre 1869 et 1872, sous la direction de l'architecte Ruphy, le bâtiment à triple vaisseau est de style ogival.

Le village ne traversera pas sans dommage la Seconde Guerre mondiale. Le 11 décembre 1943, les soldats allemands et la Gestapo traquent les résistants des Bauges. Ils s'en prennent au petit maquis de la grotte des Fours, puis reviennent au village, font irruption dans la boulangerie de Joseph Dalby, qu'ils exécutent après avoir incen- dié sa boutique. Le jeune réfractaire Pierre Valen- çot est également tué.

La population connaît un fort exode rural après 1860 et perd pratiquement la moitié de ses habi- tants en un siècle. Depuis 1975, il en va tout autre- ment, la commune connaissant une progression significative avec un taux de croissance annuel de l'ordre de 4 % entre les deux derniers recense- ments, accueillant des résidents travaillant le plus souvent sur Annecy ou Rumilly.

La municipalité de Marcel Vemey, élue en juin 1995, veille aux destinées d'un millier de Gruf- féens environ.

HÉRY-SUR-ALBY

471 Hérigeois, 733 ha, 600 m

Entièrement située sur le versant de la rive gauche du Chéran, au sud du chef-lieu de canton, la commune d'Héry-sur-Alby est traversée par la D 3 qui assure la liaison entre l'Albanais et le massif des Bauges.

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A quelques kilomètres de l'échangeur autoroutier de l'A 41, la commune est bien désenclavée.

Surnommés par la tradition « lô Batisseu de Cabri », c'est-à-dire ceux qui baptisent les chevreaux (pour conjurer le mauvais sort), les habitants d'Héry auraient une dénomination d'origine latine.

Héry dériverait d'Ariacus, nom d'un propriétaire romain qui aurait implanté, à l'apogée de l'em- pire, une exploitation agricole que l'archéologie n'a pas encore permis de situer.

Mentionné plusieurs fois dans les textes des IXe et Xe siècles, le nom d'Ariacum permet de supposer qu'un village a dû succéder à la villa gallo-romaine originelle. La paroisse fait partie un temps des dépendances de l'abbaye de Tournus puis retom- be dans l'inconnu.

Au Moyen Age, la paroisse regroupe quarante à cinquante feux et dépend du mandement d'Alby.

Un lieu-dit Le Chatel témoignerait encore aujour- d'hui d'une ancienne construction féodale, peut- être le fief de petits seigneurs, les Cuenoz d'Alby.

Le patrimoine architectural de la commune se réduit à peu de choses : l'église et la façade de la mairie.

Dédiée à Notre-Dame, l'église a été dessinée par l'architecte Ruphy et bâtie en 1836 dans un style néoclassique aux lignes sévères, à l'exception du clocher qui lui est antérieur (XVIIIe siècle).

La mairie, construite à proximité de l'église, est caractéristique du style composite de la fin du XIXe siècle. Sa belle façade attire l'attention du visiteur.

Au moment du rattachement, Héry-sur-Alby fait partie durant quelques mois du canton d'Albens avant d'être rattachée, par décret du 20 décembre 1860, au nouveau canton d'Alby.

Une dizaine d'années plus tard (1872), la com- mune connaît son optimum démographique avec 797 habitants. Puis, sous l'effet de l'exode rural, du déclin des activités artisanales et de la petite industrie, dû à l'entrée dans le grand marché fran- çais, la population d'Héry diminue régulièrement, n'ayant plus que 639 habitants à l'aube du XXe siècle, 451 au sortir du second conflit mondial et 399 en 1968.

Depuis vingt ans, la commune, qui tire ses res- sources principales d'une activité agricole diver- sifiée (pâturage, élevage bovin et porcin, polycul- ture, vergers, etc.), connaît une légère reprise démographique (+ 16,6 % entre 1982 et 1990).

Les Hérigeois sont en 1995 plus de 500 mais bien peu se souviennent du temps où l'on baptisait les chevreaux...

MÛRES

472 Mûrains, 523 ha, 500 m

La population comptait 472 habitants au recense- ment de 1990 contre 320 à celui de 1982.

Ses habitants sont surnommés « les Puges », c'est-à-dire les puces.

Le nom de la paroisse est mentionné au XVe siècle, mais l'implantation humaine est plus ancienne puisque l'on y a trouvé des sépultures du haut Moyen Age. Le territoire de cette commune rurale s'étend sur la rive droite du Chéran qu'elle domine.

Son patrimoine architectural se résume à deux édifices :

— Le château de Pierrecharve, dont la grosse tour rectangulaire domine le Chéran le long de l'an- cienne route de Mûres à Alby. Cette fortification, qui appartint successivement aux seigneurs de La Rochette puis aux Montfalcon, a beaucoup souf- fert des vicissitudes de l'histoire.

— L'église, dédiée à saint Donat, dont la cons- truction, débutée au XVIIe siècle, s'est poursuivie jusqu'au milieu du XIXe siècle (édification du clocher), contient un beau retable baroque à colonnes torses.

La paroisse, unie à Gruffy en 1803, fut rattachée à Alby sept ans plus tard, en 1810 ; elle ne retrouva son autonomie définitive qu'en 1833. A cette époque, sa population s'élève à 324 habitants, chif- fre qui ne cessera de croître jusqu'en 1872, date à laquelle la commune abritera 510 personnes.

Par décret du 20 décembre 1860, Mûres cessa de faire partie du canton de Duingt et fut incorporée à nouveau au canton d'Alby.

Les guerres mondiales, comme partout, marquent fortement la population de Mûres, qui perd 57 habitants entre 1911 et 1921 et 44 entre 1936 et

1946.

La commune comptera parmi ses membres une victime de la barbarie nazie en la personne de Félix Laydevant, tué le 15 août 1944. Une plaque commémorative perpétue son souvenir au cime- ; tière.

Durant les vingt dernières années, la population a pratiquement doublé, retrouvant pratiquement, avec 472 habitants aujourd'hui, l'optimum démo- graphique de 1872 (510 habitants). La commune est devenue attractive, plusieurs indicateurs le

confirment. j

Le solde migratoire, positif tout au long des années 80 (+ 3,96 % par an), est devenu le princi- pal moteur de la progression démographique.

Le nombre des résidences principales est passé de 105 à 155 entre les deux derniers recensements.

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