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(1)

E X P O S I T I O N S U N I V E R S E L L E S

R u i C a r d o s o

(2)

Texte Rui Cardoso

Tmductioll et Révisioll Christine Castro Lopes Françoise Veiga Nicole Falcão de Campos

Dcsign Gt"aplúque Luis Chimeno Carrido EditiOll et Pt"oductioll

Área Expo-Parque Expo 98, S.A.

Photocomposition, Sélection de couleul" et Photolithogmphies Facsimile, Lda"

Impt"ession

SIC - Telles da Silva, Lda.

Ct"édits Photogmplúques

Photographie de la couverture - Casa da Imagem.

Nous remercions l'Ambassade de la Belgique de sa col\aboratioll et en particulier Mme Anile-Marie Hu)'brecht el M. Hugo De Creef.

Dépôt Légal 112025/97

ISBN 972-8396-10-4 Tirage

1 000 exemplaires Lisbonne, Juin de 1997

Une Edition

� �

EXPO'98'

(3)

I

Cl'aintes et espoirs ... .. 7

La genese de l'exposition ... ... 10

Sons le signe de la terrenr nucléaire ... . . . ... 15

L'Atomium ... 16

Le mirage colonial ... 22

L' exposition des électriciens ... 24

I I

Les Ellthousiastes du progres ... 31

La science núlitarisée ... 31

De la poêle à l'ADN ... 36

Croissance démographique ... . . ... ... 38

Mythes et lllollstres ... 39

I I I

Le Triolllphe du llloderllisllle ... 47

Les pavillons dês «autres» ... 47

Le Pavillon Portugais ... 48

IV

Et apres les adieux ... 55

Notes ... 61

Bibliographie et som'ces . . ... 62

(4)
(5)

CRAINTES ET ESPOIRS

lI

'EXPO'58, qui a eu lieu à Brw::elles du 17 avril 1958 au 19 octobre de la l11êl11e année et a reçu la visite de 40 l11illions de personnes, est la premiere Exposition Universelle de 1'apres-guerre (la précédente, à New-York, avait ouvert ses portes en 1939, au 1110ment l11êl11e OLI les troupes de Hitler commençaient à envahir la Polog11e).

Cette exposition fut un événement bien représentatif des années 50:

l11arquée par le conflit entre 1'Est et 1'Ouest, elle a voulu mettre en évi­

dence une foi pl'Ofonde dans le progres technique (assombri, cependant, par la pem ele la bOl11be atol11ique) et une vision optil11iste ele l'avenir, vision que les événel11ents postériems se chargeraient en partie ele démentir.

De l'exposition de Bruxelles, iI reste encore le fal11eux édifice ele l'Atomium, désormais réduit à un centre d'expositions et à un restaurant qui fon t partie du circuit de tout voyage organisé pom Japonais ou retrai­

tés nord-américains, et le parc des expositions du Heysel, à 4 kilol11etres de la capitale belge.

Ce qui reste aussi, c'est le souvenir des fOltles s'amusant dans les fusées mm1iennes du Luna Parc ou dans les cabarets de la «Joyeuse Belgique» . Pom tous ces gens, les 30 francs belges du billet d'entrée à l'exposition étaient de 1'argent bien dépensé (pom les Nord-Américains, cela repré­

sentait un demi-dollar et, pom les touristes portugais, envil'On 1 7 escu­

dos, c'est-à-dire à peu pres le prix d'un spectacle de cirque au Coliseu

de Lisbonne).

Même COl11me cela, et si 1'on en croit les chroniques de l'époque, les

« petites gens» , comme on les appelle habituellement, se bomaient à passer devant le restamant typique attenant au Pavillon Portugais, le menu étant nettement au-dessus ele lems moyens. En fait, la société de consommation et le bOO7n économique eles années 60 commençaient juste à poinelre à l'h01izon mais n'étaient pas encore une réalité pom la plupart des gens, si tant est qu'ils le deviendraient un jom.

Quarante ans plus tard, ce sera à Lisbonne d'ouvlir ses p011es au monde.

Rappelons donc les moments les plus marquants de l'exposition dont le symbole a été l'atome (ou, plus exactel11ent, son utilisation pacifique), et dont la devi se a été «Bilan du Monde pom un Monde plus HUl11ain - Le Progres Humain à travers le ProgTes Technique» .

Nous sommes le 1 4 aVlil 1958. I.:Exposition Universelle de BnLxelles va ouvlir dans trois jours, et l'agitation est à son pal'Oxysme. Si 1'on regarde

(6)

les travaux en cours, iI sel11ble ill1possible que tout puisse être prêt à la date prévue. Une dépêche de l'agence France-Presse, qui a servi de point de elépart à l'ensell1ble eles nouvelles publiées elans la presse por­

tugaise ele l'époque, elécrit la fievre eles elerniers jours.

« Dans la ville fantastique qui a finalement cessé de ressell1bler à un chantier, tout le monde se hâte. On ouvre sans alTêt eles caisses de toutes sortes. II fait froid, mais le soleil est revenll. On finit ele gouelronner les avenues et de plantel' le demier gazon dans les p31telTes. A l'intérieur de chaque pavillon, on dispose, en cachette, les trésors qui vont être expo­

sés à la curiosité des 40 millions de visiteurs attendus. ( . . . )

D e curieuses colonies éh'angeres s'organisent autom de BnLxelles: les tech­

niciens russes, cliscrets et impassibles, vivent elans 1m éelifice réservé spéci­

alel11ent pour elLX et alTivent tous les matins à lem pavillon elans ele graneis autocars ill1portés spécialel11ent ele Moscou pom assmer lem transport.

Les Congolais sont installés à Terweren, pres elu musée du Congo, et sel11blent avoir elu mal à s'habituer au climat.»

La veille de l'inallguration, 011 a travaillé à la lumiere eles projecteurs.

Tout au long ele la nuit, eles compagnies entieres ele 1'311llée belge ont rel1- forcé les équipes de balayems, de peintres,_ ele tapissiers, ele fleuristes.

Le 1 7, à 8h 30, les pOltes s'ouvrirent et les elrapeaux ele cinquante pays et organismes internation31LX se eléployerent sm les hampes. Le temps s'est amélioré. Et voici de nouveau la clescliption eles événements par l'agence française ele presse: « Les spheres ele l'Atomium scintillent. Les l11iroirs eI'eall refletent la lumiere. Les accorels d'une fugue ele Bach par­

viennent en soureline du Palais eles Beaux-Arts. Autour ele la Place ele B elgique, les premiers invités prennent place sur des estrades recouver­

tes ele tapis rouge» .

Le roi Baudollin arrive dans u n cortege eI'alltomobiles et rejoint le pre­

mier ministre Achille van Acker. Ce dernier eléclare dans son discours:

« Nous savons que ce qui, hier encore; semblait chimérique est aujourel'hui possible. ( ... ) 8Expo de BnLxelles rappelle ame hommes ce qu'ils ont fait ensemble pour le bien-être ele l'HlImanité et les incite à poursllivre lems effOlts pour encourager la paix entre les peuples et le progres social, source ele bien-être pour tous. »

A son tom, le roi fait allusion à ce qui f'era un eles points-clé de l'exposi­

tion: le rapport entre l'homme et la science et les incertitudes face à la menace nucléaire: <<Jamais auparavant la civilisation ne s'est montrée aussi conelitionnée par la Science. Des forces elont personne, il y a vingt­

cinq ans, n'amait jamais osé imaginer la puissance, 011t été mises à la elis­

position ele l'homme. Mais eleux chemins s'ouvrent désonnais elevant nous:

eI'un côté, celui d'une rivalité engendrant une COLU"Se 3lLX annements, cha-

(7)

que fois plus elangereuse, et qui menace ele retourner contre l'Humanité les elécouvertes faites gTâce au génie ele ses scientifiques; ele l'autre côté, celui qui eloit pennettre à l'homll1e, quelles que soient les elivergences ele conceptions sociales, politiques ou spirituelles, de suivre la voie de la compréhension, la seule susceptible de mener à une paix réelle.

Le but de cette exposition est ele créer un clil11at propice à la collabora­

tion et à la paix. »

Une fois son discours terll1iné, le 1110narque avance, appuie SUl' un bou­

ton et l'eau C0111mence à jaillir eles jets el'eau de la Place de Belgique.

Une escaelrille el'avions ele combat elessine elans l'azur un gigantesque B, et, elu stade voisin elu Heysel, eles milliers de ba110ns rouges, ve11s et blancs s'élevent elans le ciel.

Le cOltege officiel C0111mence la visite ele l'exposition. Devant la section clu Congo belge, iI est salué par la c horale d'Afrique noire « Les Trouveres elu roi Bauelouin» , qui chante en choeur, en langue kishwali.

Issue clu service ele l'ANI - agence officielle portugaise -, une autre nou­

ve11e était publiée elans les journaux portugais: le pavillon national, COll1- mencé l'année précéelente, était un des rmes à être totalel11ent terminé pour la visite officielle du roi Bauclouin.

Apres une ultime inspection de l'éclifice, le comte de Penha Garcia, com­

l11issaire général portugais, eléclarait: « Nous pensons qu'il s'agit là el'une vraie représentation du Portugal. Nous n'avons pas essayé de nous 111on­

trer différents ele ce que nous SOl11mes. » Ce responsable et l'ambassaeleur elu POltugal à BnL'::elles, Vieira Leitão, ont donné une réception officielle:

« Dans une ambiance typiquement pOltugaise, les visiteUl"S ont goúté plu­

sieurs spécialités portugaises et ont écouté des fados chantés par eles gar­

clians elu Ribatej o » (appelés campinas au Portugal). I Le restaurant attenant au pavillon servait des denrées pOltugaises, comme la langouste et le poisson li·ais, « apportés chaque jour ele Lisbonne par avion spécial. »2 Deux jours plus tarel, Mário Neves, commissaire adjoint, révélait que, à certaines heures, iI n'y avait pas « une seule place libre» dans le restau­

rant. Et la représentation pOltugaise enregistrait déjà la visite ele 30.000

personnes. U n eles premiers visiteurs i11ustres fut le cOl11l11issaire général ele l'EXPO'58. Découvert par les responsables du pavillon alors qu'il était en train de eléguster incognito une langouste portugaise, on l'invita aussitôt à déjeuner. Mais le baron Moens ele Fernig refusa polil11ent et expliqua: «Aucun mgent ne peut payer le calme et la tranquillité ele cet endroit. Je reviendrai souvent . . . » 3

Le lenelemain, Santos Costa, ministre de la Défense, visitait les lieux et se l110ntrait satisfait de la façon elont étaient présentés les différents the­

mes, qu'ils soient scientifiques ou el'outre-mer.

(8)

LA GENESE DE VEXPOSITION

II

I'image eles expositions intemationales précédemment réalisées en Belgique Anvers, en 1930, et à Bruxelles, en 1935), l'EXPO'58

avait pom but ele contribuer à la croissance économique du pays et au développel11ent eles tenitoires africains sous contrôle belge Oe Congo et le Rwanda-Uruneli, deux pays actuellement elistincts, le Rwanela et le Buruneli).

Visite du secteur belge.

L'Atomium et le Pavillon en bois - deux regards sur I'architecture.

Proposée pour la premiere fois en 1 947, l' exposition elevait être financée par le gouvernement belge (au moyen ele transferts buelgé­

taires et de l'attribution el'une partie des recettes ele la loterie coloni­

a le) , p a r la M u n i ci p a l i t é de Brux e l l e s et p a r el i vers gro u p e s é conol11iques.

La prel11iere elate envisagée avait été 1955, mais les dures réali­

tés de la G uerre Froide obligerent rapidement à l110difier ce pro­

j e t . E n 1 95 0 , l e coml11encement de la G u e rre de C orée, q u i devait durer trois a n s , fut u n e el e s principales causes d e ce chan­

gement.

(9)

C'est donc pOUl' cela que les promoteurs de l'événement, dont faisaient partie les puissantes industlies miniere et sidérurgique, eléciderent fina­

lement de repousser l'EXPO à 1958.

Entre temps, iI y avait eu l'armistice qui avait consacré la elivision ele la Corée en eleux parties, la capitulation française à Dien Bien Phu (dont la cOl1séquence serait égalell1ent la elivision elu Viêt-nall1 en deux ) et l'occupation franco-britannique temporaire elu Canal ele Suez, réaction au coup d'état nationaliste de Nasser en Egypte.

Ce n'est qu'au moment ele la date d'ouverture ele l'exposition que les choses sell1blaient s'être calmées : la France, mi se en eléroute en Inelochine, s'ell1bourbait elans un nouveau conflit colonial en Algérie; en URSS, OLI Krouchtchev avait remplacé Staline, on tentait un «flirt» tur­

bulant avec la Chine ele Mao Tsé-Tung. Les perspectives eI'une alliance entre les eleux « géants rouges» inquiétaient l'Occident, retranché dans l'OTAN et protégé par le « parapluie nucléaire» norel-américain.

En tout cas, le climat était meilleur qu'en 1950. Du moins n'y avait-il aucune guerre importante en cours. Moment ieléal, elonc, pOlir que le gouvernement belge se serve ele l'exposition pOlir réaffirmer les vertus de sa politique coloniale en Mrique, tant sur le plan intérieur que SUl' le plan extérieur. A leur tour, les gTandes entreprises intemationales consi­

déraient l'exposition comme une véritable aubaine dans le elomaine de la publicité et ele la promotion. Et ceci aussi bien de lem point de vue personnel CJue d'un autre plus général: l'exposition de BnL"Xelles serait une vision anticipée des conséquences, à niveau mondial, eI'une consoli­

elation économique prolongée.

Et, comme suite alL"X événements parrainés par les graneles compagnies lors de l'Exposition « Siecle elu Progres» (Chicago, 1933-1934), on voyait apparaítre eles pavillons à part pOlir les géants de l'i nelustrie: Bell Telephone, Bermina-Orion, Coca Cola, Dolfuss-Mieg, Eastman Kodak, Pan American Airways, Philip Morris Overseas, Singer Sewing Machine, IBM ou Philips.

En avril 1958, quand le cortege officiel commença son péliple elans le Parc elu Heysel, la vie semblait s'écouler tranquillement. Mais on n'en était pas moins en pleine Guerre Froiele.

A la conférence de Yalta, le 4 février 1945, Roosevelt, Churchill et Staline avaient apparemment créé un orch"e monelial solide, gTâce à l'ins­

titution de l'Organisation des Nations Unies. Cependant, apres le conflit qui avait elévasté l'Europe, iI n'allait pas y avoir une période ele paix elorée mais, bien au contraire, cinquante ans ele Guerre Froide, pour une seule raison: malgré eles millions de morts, d'aborel elans la Guerre CiviIe Chinoise, puis en Indochine et en Corée, et plus tard en Mrique et en

(10)

Afghanistan, les armées eles eleux principaux belligérants ne se sont j amais elirectell1ent affrontées: ils ont toujours cOll1battu par chair à canon interposée et, de préférence, elans le Tiers-Monele.

En 1946, le premier ministre britannique Winston Churchill a l110ntré le premier signe ele la précarité eles accorels ele Yalta. Le eliscours qu'il a prononcé à Fulton, en All1érique elu Norel, a signalé l'apparition, elans le vocabulaire elu citoyen moyen, el'un nouveau teIme, le « Iieleau ele fer»:

«De Sttetin, sm la Baltique, à TIieste, sm l'Affiiatique, un Iieleau de fer est tombé sm le continent. Deniere cette ligne se trouvent les capitales ele tous les pays ele l'Emope Olientale: Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Buelapest, Belgrade, Bucarest et Sofia. Elles sont toutes elans la sphere soviétique et, d'tme façon ou el'une autre, sont toutes soumises, non seulement à l'influ­

ence soviétique, mais aussi au contrôle élargi et croissant ele Moscou.>,1 De ce eliscours, qui a s1ll1xis les AméIicains et a été, à l'époque, consi­

déré trop anti-soviétique, Churchill tirait une conclusion: la paix avec la Russie ne serait possible que si l'on arrivait finalement à un accorel sur les points en litige, sous l'égiele ele l'ONU.

Un an plus tarel, George Kennan, elu Départell1ent eI'Etat nord-all1éricain, en tirerait une conclusion encore plus raelicale: iI faut que le Monele Occielental trouve les forces nécessaires pour retenir le pouvoir soviéti­

que penelant dix ou quinze ans. « Qui sait si l'éclat que le Kremlin a aux yeux des peuples mécontents elu Monde Occielental n'est pas eléjà la lumiere émise par une constellation en eléclin?»

C'était la fameuse théorie du containment (contention) eles Soviétiques qui a inspiré la politique étrangere nord-américaine pendant plusieurs décaeles. Et la seule critique que l'on puisse faire à la prophétie ele Kennan, c'est qu'il s'est trol11pé sm le nombre el'années que l'empire communiste devait mettre à se désagTéger.

Avec le pacte gennano-soviétique ele 1939, Staline avait récupéré pour la Russie les tenitoires occidentaux perelus à la suite ele la paix séparée de Brest-Litovsk, en 1917 (à l'exception de la Finlande). A la fin ele la Seconele Guerre Moncliale, iI recevait ele la Pologne ses provinces Olien­

t ales (bien que la compensation, à l'ouest, se fH aux elépens ele l' Allemagne). La seule chose que les puissances occielentales n'ont j amais reconnue, c'est l'annexation eles états baltiques (Estonie, Lettonie et Lituanie), ce qui, d'ailleurs, n'a pas non plus empêché, elans la prati­

que, el'imposer l'occupation.

Mais Staline voulait plus encore. II lui l11anquait une balTiere sur les Balkans, tant pour se protéger el'une hypothétique intervention militaire anglo-amélicaine que, smtout, ele la contagion elu moele de vie européen, nettement à eles années-Iumiere de celui eles citoyens soviétiques.

(11)

D'ou l'accorel avec Churchill: les troupes britanniques avaient carte blanche pour intervenir en Grece contre les guérilléros pro-communis­

tes, en échange ele la non-intervention elans le reste eles Balkans.

Mais le « Pere des Peuples » avait encore besoin eI'une chose pour laquelle la Russie eles tsars s'était toujours battue: l'acces aux mers non gelées du suei. D'ou une sélie ele différends ave c les USA au sujet du con trôle eles elétroi ts turcs «< couloi!"» e ntre la M e l' N oire et l a Méelitenanée), ele l'Azerbai"djan et el e l'Iran, o u l e monopole nucléaire norel-amélicain joua un rôle elécisif. Mais qui serait de courte durée: le 24 septembre 1 949, la Russie annonçait que le Club Atomique avait désormais un seconel membre.

Avec la Granele-Bretagne victOlieuse, mais épuisée par la guerre, et la France en processus ele réaffirmation, les USA prenaient la tête ele ce qu'on a appelé le Monde Libre. Le présielent nord-américain Truman promit, aux tennes ele la eloctrine aujourel'hui associée à son nom, l'appui eles USA à tout pays menacé, ele l'intélieur ou de l'extérieur, par la subversion communiste (mars 1947).

Le plan Marshall Uuin 1947) serait la contrepmtie économique de la doc­

trine Truman: l'Europe Occidentale allait être reconstrui te, mais au prix de la consécration de la division instituée par le R ideau de Fel'. Les Occidentaux n'ont pas réagi à l'entrée eléfinitive ele l a Pologne et de la Tchécoslovaquie elans la sphere soviétique, alors qu'à l'occident les ministres communistes étaient éloignés des gouvernements (France, Italie, etc.) et qu'aux USA on commençait la « Chasse aux Sorcieres», diri­

gée pm·le sénateur McCmthy (février 1950). Pour commencer, le couple Rosenberg était arrêté (et, plus tm-d, exécuté), cm· iI était accusé eI'avoir fait passeI' aux Russes des secrets nucléaires. On sait aujourCl'hui que les Rosenberg ont joué un rôle tout à fait seconelaire elans cette histoire.

II restait une breche dans le Rieleau ele Fel': Berlin. Les vainqueurs avaient divisé l'Allemagne en quatre zones eI'occupation et lui avaient interelit pour toujours de se réanner. Les billets ele banque émis par les occupants étaient valables elans toute l'Allemagne. C'était là une possi­

bilité eI'acquérir facilement eles elevises occielentales, ce que firent tres rapidement les experts financiers elu Kremli n . Les Anglais et les Américains réponelirent par une réforme monétaire dans leurs zones eI'occupation, et les Français firent bientôt la même chose.

Comme représailles, Staline elécréta le blocus ele Berlin (25 juin 1948). En prenant une telle décision, iI sous-estimait la puissance aélienne occiden­

tale: 225 Douglas DC-4 vont alors fau·e le premieI' pont aélien ele l'Histoire en transportant elix mille tonnes ele mm·chanelises par jour (cinq fois la capacité maximale atteinte à la fin ele la Seconele Guene Mondiale).

(12)

Devant la suprématie nucléaire norel-américaine, Staline ne elonne pas l'ordre eI'ollvlir le feu contre les avions occielentatLX, et, au bout eI'lIn an, le blocus sera levé. s

De cette «partie ele poker» entre eles supel1)lássances nalt1'Ont l'OTAN et la consécration ele la clivision de l'Allemagne en deux.

Le 25 juin 1950, la Corée dll Norel, cOl11muniste, envahit celle elll Suel.

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Hall d'entrée d e I'ex-Union Soviétique.

Architecture imposante, avec la statue de Lénine au fond

comprenaient également ele petits contingents français, blitanniques et australiens).

Vingt-eleux jours plus tarei, les N orel-Coréens occllpent toute la péninsule, à l'excep­

tion ele l'enclave de Fusan, au Suei. A la suite cl'une opération aéronavale, le 1 8 septembre, les forces de l'ONU contre-attaquent. Le 26 octobre, elles s'emparent ele la capitale du Nord, Pyongiang, et repoussent les Nord-Coréens jusqll'à la frontiere avec la Chine.

Alors que les Soviétiques font preuve eI'un appui tres discret (traduit par la présence de pilotes en uniforme nord-coréen et interelits ele com muni­

quer en lUsse par la radio, ele s'approcher elu f1'Ont à moins ele 60 kilome­

tres et ele participer à eles missions eI'attaque au sol), la Chine, ou les communistes, un an plus tôt, étaient sOltis vainqueurs eI'une interminahle guelTe civile, eléciele cl'intervenir. En novembre, les premiers bataillons de « volontaires» chinois commencent à passeI' le Yalu. Ils seront bientôt trois cent mille, attaquant par vagues successives eI'infantetie et obligeant leurs adversaires à reculer au-delà de Séoul, la capitale elu Suei.

MacArthur incite Tnunan à se servir de la bombe atomique en bombar­

dant l a M an d ch ourie , mais celui-ci refuse et le vainqueur d e s Philippines finira par être éC31té.

Au prix d'un effort de logistique sans précédent, les Américains ouvrent d'énormes 1'Outes dans un enchevêtrement de collines et arrivent à ce que leurs jeeps et leurs chars de combat traversent eles cordilleres les unes apres les autres. L'appui aérien voisin est perfectionné, et les

(13)

Chinois et Nord-Coréens sont repoussés jusqu'au 38eme parallele, le statn quo ele 1950 étant ainsi rétabli.

Robert Guillain, rep01ter ele Le Monde a décrit ainsi l'anéantissement el'une contre-offensive chinoise devant Séoul:

«Soldats et coolies (porteurs) chinois, apres deux mois de marche pom venir de la Manelchomie, ne sont plus qu'à deux kilometres de nos li­

gnes quand, au-dessus de nos têtes, le l11anege aérien est engagé. C'est alors que COl11mence le bombardement au napalm. eles invisibles Chinois (pour nous, journalistes, le mot napalm - mélange ele gel et ele charge incendiaire - est encore une nouveauté). ( ... ) Les avions à réaction décro­

chent sur une seule aile, COl11l11e dans les films de Ho11yw'ooel, et mitrai 1- lent, lancent des rockets et du napalm. Du côté de l' ennemi, il n'y a ni aviation, ni batterie anti-aérienne. ( ... ) Notre ruti11erie entre en jeu contre les points de concentration ennemis et contre notre propre mriere-garde, ou ont été détectées eles tentatives el'infiltration. ( ... ) Une fois la bataille finie, les cadavres amoncelés sur les collines pelées mru"Cluent la limite ele l'avance ennemie. Des centaines de m01ts en fonnation serrée, des tas de cadavres et des monticules noircis ou gisent celL'( qui ont été bn1- lés par le napalm.» 6

En juillet 1953, une conférence de paix reconnut les frontieres elu ces­

sez-le-feu. Bilan: du côté communiste, 1 ,9 million de morts (parmi les­

quels 900.000 Chinois) et, elu côté opposé 448.000 (elont 41 5.000 Coréens elu suei et 30.000 Norel-Américains).

SOUS LE SIGNE DE LA TERREUR NUCLEAIRE

[il

omme iI fallait s'y attenelre, un des points marquants ele l'exposition

ele Bruxelles a finalement été la confrontation entre Norel-Américains et Soviétiques, uniquement elans le elomaine de l'ieléologie et des rela­

tions publiques, bien entenelu. Deux pavillons gigantesques, élevés pour faire la propaganele eles vertus des eleux systemes antagonistes. D'un côté, les merveilles ele la société ele consommation, la télévision et les machines à sondages. De l'autre, le moelele elu Spoutnik (premieI' satelli­

te rutificiel en orbite) et l'exaltation eles réalisations techniques et écono­

miques du socialisme.

C'était l'époque ele la terreur nucléaire. Dans les ato11s du Pacifique et dans le désert du Nevaela, les USA mettaient au point leurs elifférents types de bombe atomique en faisant souvent eles essais en plein air. Les Soviétiques faisaient la même chose à l'intérieur ele leur vaste teni.toire et dans le secret de ce qu'on a appelé les «villes interdites» .

(14)

En septembre 1954, dans les monts OuraI, 45.000 soldats soviétiques ont été envoyés dans une zone Olt une bombe atomique venait d'exploser.

Cet épisode a son équivalent du côté opposé. Un elocumentaire garelé secret penelant eles elécennies et passé à la télévision norel-américaine seulement en 1994 montrait eles malins montant à borel ele navires qui venaient ele subir l'explosion el'une bombe atomique sur 1'ato11 ele Bikini, alors que les compteurs Geiger crépitaient (26 jui11et 1946).

Dans la stratosphere, les bombareliers elu Commanelement Aérien Stratégique norel-américain volaient 24 heures par jour ave c leurs ogives 1110rtelles (une réalité elont Stanley Kublik s'est inspiré pour 1'argument de Dr. Strangelove, 1 963, Hawk Films).

Des armes plus efficaces allaient bientôt faire leur appmition. Dans les silos souterrains ele chacun eles eleux pays, eles missiles intercontinen­

taux ont dés0l111ais attenelu 1'orelre ele lancement venu de bunkers cachés.

Et, à la fin eles mmées 50, même au fonel eles mers, des sous-marins por­

t eurs de missiles nucléaires ont représenté 1'ultime fOl1ne ele elissuasion:

leurs salves elevraient assurer les représai11es fatales au cas ou les autres 1110yens seraient elétmits par une attaque surplise.

Le elanger elu commencement accielentel ele la guerre était réel et ne serait atténué que plus tard, eléjà elans les années 60, par 1'installation du «téléphone rauge» entre la Maison Blanche et le Kremlin.

L'ATOMIUM

II

n contrepoint ele la menace eles bombes, on essayait d'affirmer les vertus ele l' « atome pacifique» dont le symbole était l' éelifice qui est resté célebre sous le nom el'Atomium. Les Nord-Amélicains, battus elans la premiere phase ele la course à l'espace, brandissaient un succes naval: alors que 1'exposition fonctionnait elepuis trois mois, le sous-mmin nucléaire Nautillls avait réussi à naviguer sous les glaces du Pôle Norel.

Mais le lancement du Spoutnik (le 4 octobre 1957) eut eles conséquences importantes aux USA. Les Américains découvraient soudain que le systeme éducatif elont ils s'enorgueillissaient tant pouvait finalement ne pas être le meilleur elu monde. r.;URSS, considérée comme un pays pau­

vre et retarelé, avait réussi à formeI' les cadres capables de mettre un satellite en orbite. Apres avoir fait le diagnostic ele la situation (la moitié des lycéens n'anivait pas à l'université et la plupmt el'entre eux n'avait pas reçu une éelucation scientifique significative), le Congres approuva en 1958 1e National Defense Eelucation Act, vaste programme d'investis­

sement dans 1'éducation. Pratiquement quarante ans plus tm'd, la clise

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est revenue et les Nord-Américains s'inquietent de nouveau de la baisse de niveau de l'enseignement et du manque de vocations scientifiques.

Auh'e conséquence du lancement du satellite soviétique: l'influence des scientifiques aupres de la Maison Blanche s'en est trouvée accrue. En novembre 1958 , on allait créer le poste d'assistant spécial du président pOUl" la science et la technologie, poste qui ne serait vaccant que pen­

dant le mandat de Nixon.

Mais à cette époque-là, à Bruxelles, on vivait dans la fievre de l' « atome pacifique» . On pensa même alimenter l'enceinte de l'exposition avec

La Place de Belgique el son porlique.

L'Exposilon, zone de loisirs: jardins, bassins el jeux d'eau.

l'électricité produite par une petite centrale nucléaire que l'on construi­

rait à proximité, mais l'idée finirait par être abandonnée: méelecins et ingénieurs avaient de bonnes raisons ele elouter de l'innocuité du projet, SUltout avec les technologies elu 1l10ment.

A l'apogée de la campagne « Atoll1es pour la Paix» (dont les protagonis­

tes ont été aussi bien les USA que l'URSS - cas, sans aucun dou te, de mauvaise conscience), iI n'y a rien d'étonnant à ce que l'ell1bleme de l'exposition soit l'atome ou, plus exactement, l'auelacieux édifice elésigné sous le nom d'Atomiwn.

Idéalisé des 1 954 par l'ingénieur belge A. Waterkeyn, directeur elu départell1ent économique ele Fabrimetal, iI allait finalement coUteI' 20 millions de francs belges (environ 1 14 millions d'escudos ele l'époque).

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C'était la représentation eI'une molécule ele fel' augmentée 150 milliards de fois. Entierement recouverte eI'aluminium, la structure en acier spéci­

aI, d'un degré élevé d'élasticité, se compose ele neuf spheres de 1 8 metres d e eliametre chacune, reliées entre elles par des tubes d e 29 metres. Le point le plus élevé atteint no l11etres. La réception se trou­

vait dans la sphere inférieure. Juste à côté, iI y avait l'exposition du Groupe Nucléaire Belge pour le Congo, qui présentait des projets de développel11ent ele centrales nucléaires elans les colonies belges. Le ton était donné pOUl' ce qui venait ensuite: un bOl11bardement incessant d'images SUl' les utilisations non militaires de l'énergie atomique.

En 1110ntant aux spheres supérieures par le plus long escalier roulant j amais installé en Europe, les visiteurs h'ouvaient de nombreuses exposi­

t ions aussi bien organisées par eles pays que par des entreprises, présen­

tant ce cfI/il y avait ele plus 1110derne dans le domaine des applications i ndustrielles dll nucléaire (production d'énergie, médecine, etc).

De la plus haute sphere, on jOllissait d'une vue éblouissante S Ul'

l'enceinte ele l'exposition. La charge symbolique était évidente: gTâce à l'usage pacifique de 1'atome, on pOllvait arável' all meilleur eles mondes.

Dans la plus haute sphere, iI y avait allssi un restaurant qui fonctionne toujOUl's. Un ascenseUl' rapide y conduisait les visiteurs en 25 secondes seulement, ce qui était une « vitesse surprenante».7

�Atomium était effectivement le clou de l'événement, cOl11me l'avait été la ToUl' Eiffel pOUl' l'Exposition Universelle ele Paris, en 1889. Photographié sous tous les angles possibles et imaginables, implimé SUl' des cmtes pos­

tales, reproduit en miniature, iI est deveml célebre dans le monde entier.

Mais iI n'a pas plu pOUl' autant à tout le monde. Le critique français Bernm'd Chal11pigneulle comparait le «fonctionnalisme» de la ToUl' à la

«gratuité» de l'édifice.

«La Tour Eiffel ressemble exactement à cela, c'est-à-elire à une touro

�Atol11ium fait penseI' à un jOllet de Brobdingnag (le Pays des Géants dans les VOJ'ages de Cullive,-de Jonathan Swift). La tOUl' était un prodi­

gieux exel11ple des possibilités ouveltes par l'architecture du fel' et l'affir­

mation d'une capacité indushielle. Avant l11ême qu'elle ne soit utilisée par la radio (installation d'antennes au soml11et), ses trois telTasses pano­

ramiques d'ou 1'on apercevait Paris et ses environs soulignaient, sinon sa beauté, du 1110ins son utilité. Bien que tres visité, l'Atol11ium n'ambition­

ne que la gratuité d'un symbole. E t iI est, en effet, celui des temps 1110demes, de la civilisation dite atol11ique.( ... ) De l11ême que le Trocadéro (clou de 1'Exposition Universelle de Paris, en 1878, détruit ensuite dans sa prescflle totalité) était une vision du futuro C'est-à-dire en accord avec l'esprit souhaité pm' les organisateurs de l'Exposition de Bruxelles.» U

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Que elirait-il devant les présentations eles systemes de Réalité Virtuelle prévues pom l'EXPO'98 ?

l:endroit choisi pom l'EXPO'58 était le plateau du Heysel, à sept kilo­

metres au norel-ouest ele Bruxelles. l:ielée était d'essayer el'utiliser Cjuel­

ques-uns eles bâtilllents qui avaient été construits pom l'Exposition Universelle ele 1935 et qui existaient encore. On ajouta à cet espace le Parc de Laecken qui avait été propriété royale, le bois d'Ossegan et le Palais du Belvédere.

Le Palais Central utilisé en 1935 fut transfonné en centre el'accueil ame visitems. On pouvait y trouver aussi bien un service ele renseignements qu'un hôtel et un coiffem ...

C' est ainsi qu' on obtint une smface de 200 hectares, coupée ele vallées et ele collines et ou iI était interdit ele circuler en voiture. II fallait résou­

elre le probleme elu transport des personnes, pom éviter la fatigue provo­

Cjuée par Ies montées et Ies descentes successives.

Pom relier l'entrée clu parc au centre ele l'enceinte, on construisit donc un viacluc en béton el'environ un kilometre ele long et quinze metres de haut à l'enclroit Ie plus élevé. Grâce à celui-ci, non seulement on suppri­

mait Ies problemes dus à l'inclinaison du terrain, mais on pennettait aussi ame piétons d'avoir une perspective aérienne. On installa aussi un téléphérique de 165 cabines et plusiems trains, de façon à ce que les longues distances à parcomir d'une extrélllité à I'autre de l'exposition ne elécomagent pas les plus timorés.

Les travaux ont duré trois ans et ont mobilisé une année de 15.000 ouvriers, aussi bien belges qu'étrangers. Pom coordonner tout ce travail et le fonctionnement général de l'exposition, iI y avait un conllnissariat elirigé par le baron Moens ele Fernig, seconelé par Charles Everae11s de Velp, haut fonctionnaire elu Ministere ele l'Economie.

Vue el'avion, l'exposition faisait penser à une vache elessinée par u n enfant. La tête et les épaules corresponelaient aux pavillons eles elif­

férents pays (2 7 hectares) . Le tronc était formé par les foi res ele Belgique et eles Colonies (1 7,5 hectares) . Occupant la place eles quartiers postérieurs, les sections consacrées aux arts et aux scien­

ces étaient installées elans eles éelifices ele l'exposition ele 1 935 (1,3 hectare) . Au centre ele l' « animal » , c'est-à-dire au croisement eles q u a t r e a v e n u e s p r i n c i p a l e s , s e t ro u v a i t b i e n é v i d e m m e n t l'Atolllium.

Dans cette enceinte gigantesque instalIée elans un eles plus beaux caclres naturels jamais utilisé pom une Exposition Universelle, les organisa­

teurs i nstallerent tout ce qu'ils pensaient elevoir contribuer à elonner l'ielée d'un nouvel humanisme.

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Le Palais ele la Coopération Moneliale était un peu la matérialisation ele cette ielée, réunissant en un seul éelifice eles organisations intemationa­

l es comme les Nations Unies et le Conseil ele l'Europe.

Dans la « zone belge», plusieurs pavillons thématiques: celui elu Génie Civil ( à l'extérieur duquel iI y avait une carte géante ele la Belgique, ineliquant en relief les plincipaux travaux existants ou en projet, et au­

dessus ele laquelle courait une passerelle sans appui au sol et unique­

ment suspendue à une structure en béton), le Palais eles TranspOlts (ou iI était même possible ele passeI' son pennis ele conduire) et son congénere de l'Electricité Olt, à côté ele transfonnateurs et ele générateurs gigantes­

ques, iI y avait une exposition des électroménagers les plus vmiés qui relégueraient bientôt dans les l11usées eles vieilleries comme le moulin à l égul11es ou le garde-manger.

Dans le Pavillon elu Vatican, on pouvait assister à la messe célébrée en d ifférentes langues, ou faire sa premiere communion. 11 est intéressant de remarqueI' que le pavillon voisin était le Pavillon Soviétique, coexis­

t ence ainsi eléclite par João Coito, sous-chef de rédaction du quotielien Diário ele Notícias, dans un reportage publié dans l'édition elu 24 avril 1 958: « Quanel, elans la grisaille d'avril, on ouvre les portes elu

"tel11ple" du ll1atérialisme, ou entenel le son elu carillon elu Vatican qui, e n envolées célestes, annonce les «matines » , et, simultanéll1ent, les accorels de l'hymne soviétique. Face à face, les horloges du Pape et de Khrouchtchev ineliquent la mêll1e heure et affirment deux ieléaux incompatibles. »

Deux pôles, celui eles Sciences et celui eles Beaux-Arts, étaient les points-clé ele l'exposition. D'un côté, les ll1erveilles de la technique, de l'autre, l'mt, aussi bien elans son expression traelitionnelle que dans son expression moelerne.

Et si le spectacle eles technologies prétendait être le pont entre le pré­

sent et le futur, les Beaux-Arts ll1atérialisaient la communion entre le présent et le passé, grâce à un ensemble ele plus ele h'Ois cents chefs-el'oeu­

vre présentés sous la elevise «Cinquante ans el'Al1 Moelel11e» . Une force de vingt agents en civil avait pour mission ele surveiller les toiles venues de 48 pays et évaluées à 20.000 ll1illions de francs belges (1 .200 milli­

ons el'escudos ele l'époque). L'URSS envoya trente tableaux jusque-là i nédits en Occielent.

Les Joumées lntemationales de Musique Expérimentale présenterent eles oeuvres ele Boulez, Stockhausen, Nono et Pusseur. Il y eut aussi un Festival de Musique Electronique, des spectacles ele jazz, eles concerts classiques par l'Orchestre Philannonique ele Berlin et eles représenta­

t ions ele l'Opéra ele Paris.

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Intérieur du Pavillon Soviétique.

Mise en scéne d'une idéologie et de ses conquêtes sociales et technologiques.

Nous parlerons pllls loin eles pavillons natiOnaLL'(. Cependant, il est intéres­

sant ele remarquer que l'appel eles organisatems à la concorele et à la coopé­

ration n'a été que Ires vaguement suivi. Comme le regTettait Champignelllle,

«presque tous les pays cherchaient à mont:rer que, par rapport alL'( autres, ils étaient plus avancés sm la voie du progTeS et que, par conséquent, ils élaient plus forls, plus intelligenls ou plus riches que lems voisins» .

Dans cette compétition entre les nations, la proportion enb:e l'espace occupé dans le Parc du Heysel et celui occupé sm le globe terrestre n'était pas for­

cément respectée, comme 011 pouvait le constater en parcomant les pavil­

lons ele Monaco, elu Liechtenstein ou ele la République ele Saint-Marin.

Seule la principauté el' Andone blillait par Wle absence inexplicable ...

João Coito attirait l'attention eles lectems sur les effels négatifs ele la pro­

fusion ele pavillons: « La swface elu parc étant trop exigue pom toutes ces représentations, les pavillons, par manque el'isolement, ne elisposent pas ele la perspective qu'ils mériteraient et ne peuvent pas être aelmirés dans leurs propOltions réelles. Et c'est elommage! D'une pmt, l'agglomé-

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ration de bâtil11ents contribue à créer une impression de grande foire;

el'autre part, on perd partiellement cette vision extraordinaire de l'archi­

t ecture du futur, objectif cependant largement atteint, mais que beau­

coup de visiteurs ne sont pas 3lTivés à attraper. »

A une époque l11arquée par l'apparition de nouveaux états - la décoloni­

sation avait eléjà COl11mencé -, iI a fallu faire ele la place pOUl' quelques nouveaux-anivés, COl11me c'était le cas du Maroc et ele la Tunisie (dont l 'inelépenelance s'était effectuée apres l'élaboration du Progral11l11e Préliminaire de l'Exposition). II est intéressant de remarquer que ces toutes récentes nations étaient les seules à adopter, cOl11me modele pour lem pavillon, les décors traditionnels et folkloriques qui avaient caracté­

risé les Expositions Universelles précédentes.

LE MIRAGE COLONIAL

m

utre la Guel1'e Fl'Oiele, une autre réalité se profilait comme toile de

fond ele l'EXPO'58: la décolonisation. En 1958, la fin eles empires coloniam" aussi bien britannique que français, était visible. E t l'absence eles pavillons coloniaux coílteux et impressionnants que la Granele­

Bretagne et la France avaient présentés lors des expositions précédentes soulignait la splendeur, mais aussi l'anachl'Onisme, du Pavillon Colonial Belge.

Conçu pour rehausser la « mission civilisatlice» de la métropole belge au Congo et au Rwanda-Uruneli, l'exposition coloniale couvrait 12 hectares ele jardins tropicam;: et se composait de sept pavillons: administration d'outre-mer, énergie et transports, missions catholiques, agTiculture, his­

toire naturelle, mines et COll1l1lerce. Le Congorama présentait un specta­

ele ele son et lumiere qui évoquait l'épopée congolaise depuis l'époque elu voyage aventureux du journaliste nord-al1léricain Stanley jusqu'à l'actualité.

Comme proclamation d'objectifs impériaux, c'était un succes. Mais l'image présentée était loin de refléter le véri table état eles choses, coml11e, d'ailleurs, aussi bien les Belges que le reste du monde allaient le découvrir deux ans plus tarei, quand, apres son indépendance, le Congo fut ébranlé par une lutte sanglante.

Depuis 1885, la Belgique elominait un territoire de 2,4 millions de kilo­

metres C31Tés dans le bassin du Congo. Au début, iI avait été un fief per­

sonnel du roi Léopolel II, à l'intérieur eluquel les africains étaient forcés

à travailler dans les mines et les plantations dans des conditions incles­

criptibles: couper la l11ain droite était le châtiment le plus fréquent. On

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Détail d'un village congolais.

Un portrait de la «mission civilisatrice» de la Belgique en Afriqu8.

calcule que cinq. à huit millions de Congolais ont dô mOUlir jusqu'en 1908; la pression de l'opinion publique intélieure et extérieure (POlir laquelle , malgré l'esprit colonial de cette époque , de telles méthodes étaient excessives) obligea alors le roi à confier l'administration de l'Etat Indépenelant du Congo au gouvemement belge,

Pendant les cinquante années qui ont suivi , un mélange de paternalisme et de «développementisme» a pennis que le niveau de vie et l'inelice de scolmité soient les plus élevés de l' Mlique d'alors. Mais le tableau était trompeur: peu ele Congolais allaient plus loin que l'instmction pIimaire et presque aucun ne rentrait à l'université. Les idéaux nationalistes plantaient lems racines elans la classe ouvriere congolaise nombreuse et pmtiellement mbanisée. Les «vents du changement» , auxquels faisait allusion Harold Macmillan , alors premier ministre bIitannique , soufflai­

ent sm le reste de l'AfIique et obligeaient les Anglais à décréter l'état d'urgence au Kenya , en octobre 1952 , à la suite de la ré volte des Mau­

Mau. Les Belges essayaient vainement de metu'e sous globe lem «joyau de la couronne» , Quand , en 1955 , le professeur Van Bilden , politique belge connu , suggéra que le Congo soit préparé pour accéder à l'indé-

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penelance « dans trente-cinq ans» iI fut insulté par ses cOlllpatriotes. Ils ne se doutaient pas que bientôt ils conceeleraient cette lllêllle indépen­

dance et abanelonneraient en lllasse ce territoire.

II a suffi que le chôlllage augmente et que les tensions tribales s'accen­

t llent pOUl' que les Belges passent eI'un extrême à I'autre: quand, en 1 960, Patrice LUl11l1l11ba et les autres leaelers africains arriverent à BllL'(elIes, iIs étaient préparés pOUl' réussir, elans le l11eilIeur eles cas, à ne marquer la date de l'inelépenelance lfue elans cinq ans; ils la reçurent il1l111éeliatement, une guerre civile éclata et se pl'Olongea jusqu'en 1965.

Au COUl'S ele celIe-ci, iI y eut une tentative ele sécession du Katanga et une intervention arlllée de I'ONU.

Au Rwanela et au Bllllmeli était lancée la semence eles haines raciales qui, longtemps apres, en avril 1994, exploseraient en une guerre tribale, la plus sanglante que l' Mrique n'ait jamais connue. CelIe-ci pl'Ovoqua 500.000 morts et quatre fois plus de réfugiés.

Un peu plus loin, on fera les mêl11es remarques à pl'OpOS du PavilIon Portugais. Bien que les moyens utilisés soient beaucoup plus 1l10destes, dans celui-ci était glorifié l' « effort elu Portugal elans ses immenses ten'i­

toires eI'outre-mer qui lui l'estaient de son expansion » . lO Ironie du sort, un an plus tard, à Bissau, la police portugaise utiliserait les armes pOUl' réprimer la premiere gTeve des débareleurs africains, pl'Ovoquant ainsi c inquante morts. Le massacre ele Pidgiguiti - cet épisode est ainsi resté connu - convaincrait les inelépenelantistes à opteI' pOUl' la lutte arl11ée et i roniquement serait le préluele ele l'insurrection elans les anciennes colo­

n ies pOltugaises, qui commença par l'assaut ele la prison de Luanda, Ie 4 févrÍer 1961 .

L' EXPOSITION DES ELECTRICIENS

II

ideIe à la tradition des expositions belges, celIe de 1958 incluait une gigantesque kermesse, la Joyeuse Belgique. Construite dans une zone accidentée clu parc, elle occupait cinq hectares et comprenait tl'Ois rues, six places, cent cinquante maisons, cinquante cabarets, cinq théâ­

tres et plusiems jardins. On essayait de repl'Oduire l'ambianee et la vie d 'un village belge du c1ébut elu siecle. Cmieusement, iI falIait que le visi­

tem recule j usqu'en 1 900 pour fuir les angoisses eles années 50 et s amuser ... ,

Voyager c1ans le futUl' était une mItre alterna tive. Le Parc d'Attraetions transformait les peurs de l'Age Atomique en expérienees agréables, vécues grâce à la technologie. Ainsi, dans ce Luna Pare on pouvait

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Vue nocturne des fontaines et du Grand Palais illuminés.

La lumiére et I'illumination des pavillons comme métaphore du progrés et du bien-être social.

embarqueI' dans une fusée interplanétaire et « voler» jusqu'à la planete Mars, voyager à bord de voitures volantes ou s'amuser dans une machine centlifuge.

A la tOl11bée de la nuit, les pavillons nationaux fennaient leurs portes, à 19 heures, une autre exposition naissait, celle des électriciens. Les mes se transformaient en fleuves de lUl11iere et les pavillons se transfigu­

raient. Même le Pavillon Portugais, presque tout en verre (projet de l'architecte Pedro Cid) fut conçu pour fonctionner « comll1e une grande vitrine illuminée dans la nuit, attirant la cmiosité des milliers de visi­

teurs noctumes de l'expositiol1» . II Le Pavillon Soviétique, ll1assif pen­

dant la joumée, se mettait à briller COll1l11e un candélabre, alors que les spheres ele l'Atol11iul11 sel11blaient fluctuer en état d'apesanteur. Les tra­

vaux ne se sont pas lil11ités au Parc elu Heysel. Mêl11e Bmxelles en a senti les effets. Comme au début elu siecle, les « progressistes» l'ont el11porté SUl" celL'{ qui défenelaient la conservation eles vieux quartiers ele la ville.

En 1863, le lit ele la liviere qui traversait la capitale a été comblé, sous prétexte de eléfendre la santé publique. Ces travaux ont traí'né jusqu'en 1870 et ont provoqué la destmction eles qUaltiers populaires qui la bor-

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daient. Pom raccorder les eleux gares centrales (Gare elu Norel et Gare du Mieli), à trais kilometres l'llne de l'autre, iI fallut éventrer le centre de Bruxelles. Les travaux commencerent en 191 1 , mais fment i nter­

rompus par la Premiere Guerre Moneliale; ils ont repris en 1 935, et ne s erant tenninés qll'à la fin elu eleuxieme conflit mondial. En 1 952, quand le roi Bauelollin inaugura ce raccorelement, les effets el'un elemi siecle ele paralysie du centre historique étaient i rréméeliables, eles zones traelitionnelles avaient été elétruites et la population avait fui vers la périphérie.

L'EXPO'58 va eléclencher une nouvelle fureur el'urbaniser qui va s'abat­

tre sur la ville, changeant à nouveau sa physionomie. Tout a été éventré

pOUl" faire passer les trains, les voitures et les tramways pOUl" les 40 mil­

lions de visiteUl"S attenelus (six fois la population belge ele l'époque, iI faut le souligner). On a construit 45 kilometres ele nouvelles rautes et 8 ele tunnels, en faisant, par exemple, un « nettoyage chirurg-ique» autour ele la cathéelrale ele Sainte Guelule et même en transformant la Granel'Place, coem ele Bruxelles et mémoire vivante ele la cité eles bourgmestres, en p arking, avec parcmetres, pour une cinquantaine ele véhicules ...

L'afflux ele millions ele visiteurs pravoqua la flambée eles pIix dans la c apitale belge. Les observateurs notaient qu'ils augmentaient elll tIiple p ar rappOlt à une époque nonnale. Voici comment João Coito elécl-ivait la situation: « II n'est pas SUl' et certain que les millions ele visiteurs atten-

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dus arrivent à couvrir les dépenses de cette f0l111idable initiative. Ses organisateurs n'ol1t celtainement pas oublié que la démiere Exposition Universelle de Paris, en 1937, s'est soldée par Ul1 déficit de 400 milliol1s de francs. Alors, iI faut tenir compte d'éventuelles pertes et inonder la Belgique de devises étrangeres. ( ... ) Les taxis représentent un danger pom le tomiste non-averti qui, en un clin d'oeil, se voit obligé à payer pom UI1 comt trajet la somme indiquée, plus trais francs belges de l'épo­

que, plus 20 pOlir cent, somme pas toujoms facile à calculer et que le chauffeur, accueillant mais méfiant, n'accepte pas toujours de bon gré.

Nous avons entendu Ul1 Belge dire le plus naturellement du monde qu'une affaire qui ne rapporte pas cent pom cent de bénéfice n'est pas intéressante.

II était difficile de trouver à s'héberger dans une ville qui recevait 175.000 visitems par jom et dont la capacité hôteliere ne dépassait pas 6.000 chambres: « II faut mille et une recommandations pom obtenir une chambre d'hôtel, même identique à celle qui, par fatalité, nous a été attribuée et pom laquelle nous payions sans salle de bain et sans la l110i ndre h ygiene, plus de deux c e n ts escudos (à cette époque,

Les fontaines d e la Place de Belgique

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à Lisbonne un costume en laine fai t S U l' mesure coOta i t cinq cents e scudos).» 1 2

POlir résoudre le probleme, 011 a construit, à eleux kilometres ele l'exposi­

t ion, la « !\!IodeI Expo» , auberge préfabriquée ele 2.500 chambres. Cette s olution n'était pas sans inconvénients: «l'; insonorisation esl inexistante e t les visiteurs ele l'Expo peuvent facilement exhiber ce que la pudem la plus élémentaire eloit cacher. » I�

S'il y a U11 aspect qui carac térise l'ambiance de l'Exposit i on de B ruxelles, c'est bien celui el'ul1e croyance presque ingénue e1ans le

Le Pavillon de la Poste et des Télécommunications L'architecture exalte les conquêtes technologiques.

p rogres techniqu e , mais aussi celui ele la peur ele la « bombe» . La technologie avait déjà e10mestiqué l'atome et tout semblait à sa p ortée. Dans une Europe qui soigna i t encore ses blessures ele l'apres-guerre, surgissaient des autoroutes, eles viaducs, eles barra­

ges, des gratte-ciel...Des satellites croisaient l'espace, ayant même d es animaux à bord, et le jour ou l'homme pourrait faire de même était proche.

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Les Belges présentaient le projet el'une centrale nucléaire qui elevait commencer à fonctionner en 1960 et les Français proclamaient que, en 1967, ils proeluiraient, gTâce au nucléaire, un tiers de l'électricité con­

sommée elans leur pays. Actuellement ils en produisent déjà 80%.

Le baron Moens ele Fernig, commissaire-général de l'exposition affir­

mait: « Dans l'histoire du monde la date de 1958 pourra être le point de elépart d'un nouvel idéal, plus humain et plus universeL>

Ironiquement, le plus granel succes de la technologie, la conquête de l'espace, était un sous-produit de la Guerre Froide. Apres la mort de Staline (1953), Khrouchtchev s'aperçut que la stratégie militaire classi­

que avait été bouleversée par les nouvelles technologies. II ne suffisait plus el'avoir des millions d'hommes équipés el'armes conventionnelles pour gagner les guen:es et, surtout pour l'empOlter dans les rappOlts ele force au niveau mondial.

II fallait avoir des bombes atomiques et les moyens ele les lanceI':

des bOl11bardiers i n tercont inentaux, encore mieux, eles m issiles balistiques. Et, si Staline réussit à avoir la bombe a tomique pom l'URSS en 1 949, Khrouchtchev, lui, encomagea l'ingéniem Serguei Korolev à continuer le programme eles missiles de grande portée, capables el'atteinelre le territoire ennemi et el'échapper à l'attraction de la Terre. Entre 1948 et 1 953 Korolev construit cinq types difIé­

rents ele fusées, elont la fusée RS qui avait une portée de 1 2.000 kilol11etres.

Du côté eles Etats-Unis, les raisOlmements stratégiques ne sont pas tres différents. Quand la Guerre de Corée éclata, le Pentagone s'aperçut ele la fragilité nord-américaine dans le elomaine des missiles. Alors, un ingéni­

em allemand, inconnu à cette époque, est chargé de fabriqueI', en un mois, une fusée ayant une portée de 800 kilometres. li accomplira sa missiono

Cet ingénieur s'appelait Wemer von Braun. Inscrit au parti nazi en 1940, iI avait travaillé ave c enthousiasme à la création el'armes secretes pom les Allemanels: le VI, ancêtre des missiles ele croisiere, et le V2, précurseur eles missiles balistiques moelemes. Au l110ment de la chute de l'Allel11agne iI préféra se rencIre aux Al11éricains plutôt qu'aux Soviétiques.

« Dénazifié » , iI fut transféré dans un centre el'essais des armes ele l'armée al11éricaine, ainsi que des tonnes de docul11ents secrets saisis dans les centres de recherche ele la Baltique.

En 1952 iI est nOl11l11é elirecteur technique du programme des missiles balistiques de l'année des Etats-Unis. En 1958, apres avoir mis sm orbi­

te le premier satellite américain Vangard, iI sera chargé de la mise en oeuvre du programme Apol/o.

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LES ENTHOUSIASTES DU PROGRES

LA SCIENCE MILITARISEE

II

a science, le pouvoir et la guerre fonnent un cocktail aux effets incer­

tains. C'est une histoire qui comll1ença aux prell1iers coups de feu de la Seconde Guerre Moneliale.

En décell1bre 1 940, penelant la Bataille d'Angleterre, les travaux du scientifique britannique J.Watson-Watt dans le domaine du radar donnent un avantage décisif aux avions de chasse da la R.A.F. Un an plus tard, quand les USA entrent en guerre, le président Roosevelt crée l'OSRD (Office for the Scientific Research anel Development - Bureau pom la Recherche Scientifique et le Développement) pour diriger les travaux scientifiques liés, d'une certaine maniere, à l'effort militaire. En collaboration ave c le Royaume-Uni et le Canada des programmes dans des domaines les plus divers ont été lancés - de la médecine à l'ingénierie, de I ' agricultme à la métallmgie et à la linguistique. Parmi les résultats obtenus se détachent la produc­

tion industrielle de la pénicilline et la généralisation de l' emploi du DDT.

Le premier antibiotique, mis au point, en 1 939, p ar le Britannique Alexander Fleming, permit de réduire les risques d'infection panni les blessés en combat et de lutter efficacement contre les maladies vénéri­

ennes (facteur non-négligeable de la démoralisation eles années). L'âge d'or des antibiotiques dure jusqu'aux années 80; à cette époque on se rend compte que les bactéries étaient capables de s'adapter à chaque nouvelle drogue qui faisait son apparition SUl" le marché. Actuellement la tuberculose, le choléra, la malaria et les infections causées par eles staphylocoques revielment en force et présentent des V31iétés de plus en plus difficiles à soigner.

La elécouvelte d'un nouvel insecticide, le DDT, provoqua les mêmes phénomenes. li pennit, en éliminant les pu ces et les poux ou les mousti­

ques, respectivement responsables de la elissémination des micro-orga­

nismes provoquant le typhus exanthématique ou la malmia, de réduire l'incidence de ces maladies. La lutte contre les parasites a aussi permis que la proeluction agricole augmente. Amélioration passagere, en effet on décoUVlit que ce produit pouvait contaminer toute la chaí'ne alimen­

taire O'homme y complis): sa présence est déjà détectée dans le foi e des pingouins de l'Antarctique. D'ailleurs les p31·asites ont aussi acquis des résistances.

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Cependant, la bombe atomique fut le résultat le plus important obteml par 1'0SR. En décembre 1938, pour la premiere fois, la fission de l'ura­

nium était réalisée à l'Institut de Physique du Kaiser Guillaume par les physiciens Otto Hahn et Fritz Stassman. Si avec un faisceau de neutrons on bombarde des atomes d'uranium, leur noyau se divise, en libérant de l a radioactivité sous la forme de rayons gama. Les neutrons libérés au cours du processus peuvent scinder d'autres atomes d'uranium, provo­

quant ainsi, une réaction en chaí'ne.

Le physicien danois, Niels Bohr, étant au courant de ces faits, en 1939,

à son arrivée aux Etats-Unis, alerta d'autres collegues, réfugiés comme lui (parmi lesquels l'ltalien Emico Fermi et le Hongrois Leo Szilard), que l'Allemagne nazie poulTait fabriquer une anne atomique. Szilard persuada Einstein, autre scientifique ayant fui le nazisme, d'écrire au président des Etats-Unis.

Ainsi, le 2 aout 1939, Einstein écrivait à Roosevelt: « Certains travam, récents de Emico Fermi et de Leo Szilard m'amenent à penser que l'élé­

ment uranium peut, prochainement, devenir une nouvelle et impOltante source d'énergie. Celtains aspects de la situation ainsi créée semblent exiger une vigilance pmticuliere et, le cas échéant, une action rapide de la pmt de l' Administration. »

La demiere p31tie de cette lettre voulait dire que les nazis semblaient capables de fabriquer la bombe atomique. Un des meilleurs physiciens de l'époque, Wemer Heisenberg, non seulement ne s'était pas enfui aux E tats-Unis com me beaucoup de ses collegues allemands et italiens, mais avait informé, en 1 942, le ministre de l'Armement, Albert Speer, que l' Allemagne était en mesure de la fabriquer.

Le 6 décembre 1941, veille de l'attaque eles Japonais à Pearl Harbour, Roosevelt elonne le feu vert au projet.

Deux équipes commencent à travailler séparément: celle ele Emico Fermi, à Chicago, sur le contrôle de la fission de l'uranium et celle de Robert Oppenheimer sur la fablication de la bombe proprement dite.

Le 2 elécembre 1942, sur un court de tennis transfonné en laboratoire, l'expérience appelée Chicago Pile 1 , elirigée pm' Fermi, est un succes, il s'agit en effet de la premiere réaction contrôlée de la fission nucléaire de l ' Histoire, même si celle-ci n'a proeluit qu'une toute petite quantité d'énergie, un elemi watt (quatre-vingts fois moins qu'une ampoule de fai­

ble puissance).

Ce laboratoire était une énonne structure, rassemblant dans un ensem­

ble géométlique 36 tonnes d'oxyde d'uranium, 5 kilograInmes el'uranium métallique et 349 tonnes de graphite. Celui-ci selt de modérateur à la réaction, en réduisant la vitesse des neutrons et en augmentant la possi-

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Perspective nocturne du Portique de la Belgique

bilité ele scission eles noyaux avec lesquels ils peuvent, éventuellel11ent, entrer en collision. Dans la pile, étaient introeluites ou retirées eles banes ele caell11iul11 (qui a la propriété el'absorber les neutrons) pom conh'ôler la vitesse elu processus.

On pOUlTa eleviner le caractere artisanal ele cette expérience grâce aux elétails sllivants: la pile n'était pas elll tout blindée contre les raeliations et le dispositif ele sécurité consistait en une série ele barres ele caelmiul11 accrochées au plafonel et dont la corele elevait être coupée par un mel11- bre de l'équipe, si la réaction s'« el11ballait» .

Szilarel s'approcha ele Fermi et lui murmura à l'oreille: « C'est un jour sOl11bre elans l'histoire ele l'humanité! »

De son côté, l'équipe ele Oppenheimer s'installe, dans le secret le plus absolu, à Los Alamos, elans le désert du Nouveau Mexique. Grâce à l'expérience de Fermi, Oppenheimer et son équipe sont conscients que la réaction en chaí'ne ne se produit que lorsqu'une certaine concenh'ation d'uraniulll (la l11asse critique) est atteinte; ils cherchent ainsi les l11atéli­

aux ieléaux pour fabliquer la bombe et en ont trouvé deux: l'isotope 235 de l'uraniull1 (obtem! en raffinant ele l'uraniul11 naturel elans l'usine cl'Oak Rielge elans le Tennessee) et le plutonium 239, facilel11ent obtem! à partir ele l'uranium pm' réactions atol11iques (pom proelllire elu plutonium, le réacteur de Hanfort sera construit sur les lives du Colombia et, jusqu'allx années 70, en proeluira pom l'mmement nllcléaire américain; actuelle­

ment ce réacteur pose encore un gTave probleme environnemental).

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