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Le passé composé en usage futur et la pertinence au présent

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Texte intégral

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Le pass´e compos´e en usage futur et la pertinence

au pr´esent

LOUIS DE SAUSSURE Universit´e de Neuchˆatel

(Received November 2009; revised December 2010; first published online 11 July 2011)

r ´e sum ´e

Cet article ´etudie les effets de sens du pass´e compos´e (PC) sous la port´ee d’un adverbe situeur futur en franc¸ais. Nous partons de l’hypoth`ese de Sthioul (1998) selon laquelle cet usage du PC impose une repr´esentation conc¸ue comme pass´ee depuis une projection allocentrique du moment de la parole situ´ee dans le futur. Cet article consid`ere que le PC en usage futur est un usage m´etalinguistique du pass´e compos´e et donc un usage m´etarepr´esentationnel (ou interpr´etatif, cf. Sperber & Wilson 1995) du langage. Nous explorons les restrictions d’emploi de cet usage par des crit`eres s´emantiques (t´elicit´e, agentivit´e) et concluons qu’aucun d’entre eux ne forme une contrainte forte alors qu’il y a une condition pragmatique d’emploi beaucoup plus contraignante pour l’usage futur du pass´e compos´e. En particulier, nous sugg´erons que i) ce qui est repr´esent´e au futur n’est pas le proc`es mais l’´etat r´esultant (ce qui le rapproche du PC de l’accompli), ii) que l’´etat r´esultant est typiquement d´esirable et a d´eclenche une inf´erence `a propos de l’attitude ou du comportement `a tenir dans le pr´esent dans la perspective de l’´etat r´esultant au futur. Ainsi, le pass´e compos´e en usage futur prend sa pertinence au pr´esent et non directement au futur.

0 . i n t r o duc t i o n

Il est g´en´eralement admis – en particulier depuis les travaux de Benveniste (1966 et 1974) sur la composition verbale – que le pass´e compos´e (plus loin PC) connaˆıt deux grands types d’emplois, identifi´es le plus souvent sous les termes de pass´e compos´e de

l’ant´eriorit´e, dont la fonction est essentiellement narrative et correspond largement

`a la place occup´ee par le pass´e simple dans l’´ecrit, et pass´e compos´e de l’accompli, dont la fonction est de manifester qu’un ´etat impliqu´e par le proc`es est vrai au moment de l’´enonciation (c’est la fonction d’acquˆet remarqu´ee par Damourette & Pichon 1911–1936). La question de recherche soulev´ee par cet article concerne les usages du PC `a valeur future, comme j’ai bientˆot fini (en proposition ind´ependante1), et

1 Donc `a l’exception des cas o `u un point de r´ef´erence future est donn´ee par une principale vis-`a-vis de laquelle le pass´e compos´e est calcul´e, comme Il dira qu’il a fini depuis longtemps qui n’ont pas, selon nous, le mˆeme effet pragmatique dans le pr´esent (je remercie un relecteur de m’amener `a faire cette pr´ecision).

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plus pr´ecis´ement le sens complexe communiqu´e par cet usage. Nous proposons d’y r´epondre par une hypoth`ese pragmatique, qui permet d’expliquer les restrictions d’emploi du PC `a valeur future. Nous partirons de l’hypoth`ese de Sthioul (1998) selon laquelle le PC `a valeur future proc`ede d’une projection allocentrique dans le futur. Cet article a pour objectif de montrer que l’hypoth`ese de Sthioul est juste mais qu’elle est incompl`ete: il y a en effet un ensemble de conditions d’apparition de ces usages que nous nous proposons d’´etudier et qui renseignent sur la nature des effets produits par le PC dans de telles circonstances. En particulier, nous sugg´ererons que la pertinence du PC `a valeur future est `a chercher dans le pr´esent et concerne des effets psychologiques, notamment les attitudes et conduites `a tenir, en perspective de la r´ealisation du fait concern´e. Nous sugg´erons aussi que le fait futur d´enot´e par le PC futur n’est pas le proc`es lui-mˆeme mais son ´etat r´esultant. Cela nous permet de classer cet effet comme un d´eriv´e de l’usage accompli, et non d’ant´eriorit´e, du PC.

Dans cet article, nous allons d’abord rappeler bri`evement les principaux types d’usage du PC et poser les bases de notre r´eflexion. En second lieu, nous allons recourir `a la notion d’usage interpr´etatif de Sperber et Wilson (1995) pour sugg´erer que le PC futur est m´etarepr´esentationnel, `a savoir qu’il a pour fonction de repr´esenter non pas un fait directement mais une autre repr´esentation, allocentrique, et d´evelopperons l’id´ee que cette forme prend une pertinence au pr´esent par l’inf´erence d’une modalit´e d´eontique-pratique, qui concerne la n´ecessit´e d’adopter une attitude ou de s’engager dans un comportement en vue de la r´ealisation de l’´etat de choses repr´esent´e comme av´er´e dans le futur.

1 . r e marqu e s su r l e s u sag e s du pas s ´e com p o s ´e

La diff´erence classique entre les emplois du PC peut s’illustrer de la mani`ere suivante. (1) ci-dessous s’interpr`ete plut ˆot comme PC de l’ant´eriorit´e et (2) comme PC de l’accompli:

(1) Le concierge est sorti, il a ferm´e la porte et a quitt´e les lieux (d’apr`es Sthioul 1998).

(2) Le pr´esident est sorti.

Du simple fait que le PC de l’accompli se laisse compl´eter par un d´eictique pr´esent, et plus largement simplement parce qu’il permet d’´evoquer une situation pertinente au pr´esent (en (2): le pr´esident est dehors), on le consid`ere parfois comme un pr´esent d’un genre particulier:

(3) En ce moment, le pr´esident est sorti.

Cette compl´ementation n’est toutefois pas toujours possible avec autant de facilit´e qu’en (3). Ainsi, l’exemple suivant, de Sthioul (1998), prˆete-t-il parfois `a la controverse:

(4) En ce moment, il a plu, mais dans une heure vous pourrez jouer au tennis (Sthioul 1998).

(3)

(4) ne m´erite pourtant pas d’ˆetre rejet´e: non seulement il est naturel dans le bon contexte d’´enonciation2, mais on remarque que d’autres expressions qui prennent

valeur temporelle d´eictique pr´esente en conversation sont parfaitement disponibles, comme l’illustre (4’):

(4’) L`a, il a plu, mais dans une heure vous pourrez jouer au tennis.

En revanche – la comparaison est d’ailleurs ´eclairante –, comme le rel`event Luscher et Sthioul (1996), (5) est franchement ´etrange, alors que la conclusion

Victor Hugo est l’auteur des «Mis´erables» semble compl`etement accessible:

(5) ? En ce moment/Maintenant, Victor Hugo a ´ecrit Les Mis´erables (Luscher & Sthioul 1998).

Cette ´etranget´e a conduit des auteurs comme Luscher et Sthioul (1996) `a postuler un troisi`eme type d’usage du PC, qui ne s’accommode ni d’un d´eictique pr´esent ni d’une interpr´etation narrative, car il figure typiquement en isolation. Ils consid`erent ainsi que (5’) est un PC autonome qui ne d´eclenche pas d’´etat r´esultant:

(5’) Victor Hugo a ´ecrit Les Mis´erables.

Il convient d’ajouter `a cette liste l’usage du PC en «parfait existentiel» (McCawley 1971, Apoth´eloz 2009), qui ´enonce un fait d’exp´erience et qui, lui aussi, bien que sa pertinence au pr´esent soit vraisemblable, n’accepte pas de compl´ementation d´eictique au pr´esent. Nous en donnons ici deux variantes, l’une qui signale l’exp´erience d’un fait unique, et l’autre qui signale l’exp´erience d’un fait r´ep´et´e mais r´evolu (compar´e parfois au pass´e surcompos´e, notamment r´egional3):

(6) J’ai mang´e de la girafe. (7) J’ai aim´e aller au cin´ema.

Dans Saussure (2003), nous sugg´erions de rapprocher le PC autonome du PC de l’accompli, en relevant que l’´etat r´esultant du PC autonome est non born´e et que, d`es lors, un test qui passe par le d´eictique n’est pas enti`erement efficace, ´etant donn´e que le d´eictique pr´esent implique une contrainte de bornage, comme l’illustre la bizarrerie de En ce moment la terre est ronde alors que les conditions de v´erit´e sont bien manifest´ees comme satisfaites au pr´esent. De la sorte, si, de (5’), on tire naturellement (8), ce dernier exemple ne peut s’accommoder d’un d´eictique pr´esent (8’) (sauf `a consid´erer une lecture m´etalinguistique, du type «on consid`ere en ce moment que P»):

2 Nous avons d’ailleurs trouv´e de la part de locuteurs francophones des ´enonc´es comme

En ce moment, il a ´et´e averti de l’imminence de son expulsion (Grand-Conseil de Gen`eve, 10 janvier 2006, `a propos d’un requ´erant d’asile d´ebout´e) ou En ce moment il a sign´e un contrat avec Aris Salonique, un club grec (www.quotidienlejour.com).

3 Le rapprochement avec le surcompos´e, notamment r´egional (domaine francoprovenc¸al), est soutenu par Apoth´eloz (2009). Dans Saussure & Sthioul (2006 et sous presse), nous discutons plus pr´ecis´ement le caract`ere r´evolu ou non du fait concern´e et proposons une analyse diff´erente du surcompos´e.

(4)

(8) Victor Hugo est l’auteur des Mis´erables.

(8’) ∗En ce moment, Victor Hugo est l’auteur des Mis´erables.

N´eanmoins, il reste que des ´enonc´es au PC comme (5) sont susceptibles de ne pas activer d’´etat r´esultant au pr´esent, par exemple si l’on ´evoque la r´edaction des

Mis´erables par Victor Hugo comme exemple de la vivacit´e litt´eraire de l’´epoque ou

comme justification pour un autre propos dans une argumentation. Les questions sont plus complexes ´evidemment puisque dans ce cas, la pertinence au pr´esent des faits rapport´es existe toujours bien dans leur valeur argumentative. Qu’il s’agisse l`a d’une forme particuli`ere d’ «acquˆet» ou non reste une question ouverte, mais on remarque au moins qu’une commutation au pass´e simple est impossible. On peut bien s ˆur l’expliquer par une typologie du discours rigide qui interdit le pass´e simple `a l’oral, mais l’hypoth`ese que le pass´e simple est d´econnect´e du pr´esent – les faits sont d´ecrits comme n’ayant pas de pertinence pour le pr´esent – est au moins aussi convaincante, tout en expliquant par ailleurs la d´efavorisation du PS `a l’oral. Il pourrait donc y avoir aussi pour le PC dit «autonome» par Luscher et Sthioul (1996) une forme de valeur pr´esente qui subsiste.

Le d´eictique pr´esent est ´egalement incompatible avec l’usage de parfait existentiel du PC:

(6’) Aujourd’hui j’ai mang´e de la girafe (∗parfait existentiel). (7’) Aujourd’hui j’ai aim´e aller au cin´ema (idem).

L’ajout d’un d´eictique force `a comprendre que le proc`es dont il est question a eu lieu dans sa port´ee (ici: le jour mˆeme). Le d´eictique ne peut pas porter, semble-t-il, sur l’´etat r´esultant4. Mais pour autant, mentionner un fait d’exp´erience pass´e a

pr´ecis´ement toute sa pertinence au pr´esent, d’o `u le fait que le pass´e simple ne peut avoir cette valeur d’exp´erience. Des consid´erations similaires ont ´et´e ´evoqu´ees dans Saussure et Sthioul 2006 `a propos du surcompos´e en isolation (r´egional), du type de «J’ai eu ´et´e d´epressive», qui suscite une cons´equence dans le pr´esent comme «il faut faire attention avec moi, l’´etat de d´epression est susceptible de revenir».

Le type repr´esent´e par l’exemple (7) est compar´e par Wilson et Sperber (1993) au PC de l’accompli pr´ecis´ement en termes de pertinence au pr´esent. Disons-le avec nos propres mots: le fait que le PC de l’accompli signale une cons´equence dans le pr´esent par un ´etat impliqu´e ne le distingue que relativement superficiellement du PC de parfait existentiel qui signale pr´ecis´ement la permanence des effets de l’exp´erience en question dans le pr´esent. Ainsi, il y aurait bien une sorte d’´etat r´esultant en (6) ou (7), et, comme le PC «autonome», il est par principe non born´e `a droite. Il est relativement difficile de le d´ecrire, mais dans les deux cas, il s’agit d’une cons´equence pr´esente du proc`es: (7), suivant le contexte, am`ene quelque 4 Une forme comme aujourd’hui que j’ai mang´e de la girafe, qui marque l’effet d’exp´erience, est tout de mˆeme possible; n´eanmoins cette structure adverbiale, qui est non-autonome, sort du champ de cette ´etude car elle ob´eit `a de tout autres contraintes. On note que aujourd’hui que j’ai aim´e aller au cin´ema, possible apr`es l’exp´erience d’un premier film appr´eci´e, exclut la lecture habituelle, typique du parfait existentiel.

(5)

chose comme «connaˆıtre le go ˆut de la girafe» ou «avoir l’exp´erience de la venaison exotique», alors que (6) donnerait plut ˆot quelque chose qui ressemble `a «je suis capable d’aimer le cin´ema» ou «j’ai de bons souvenirs du cin´ema».

A en suivre cette ligne d’analyse, le seul usage du PC qui resterait r´etif `a susciter sa pertinence dans le pr´esent serait le PC de l’ant´eriorit´e5. On pourrait en suspecter toutefois un autre, auquel la suite de cet article est consacr´e: l’usage futur du PC.

2 . l e pas s ´e com p o s ´e du f utur com m e m ´e tare p r ´e se ntat i onne l

Sous certaines conditions pragmatiques que nous allons examiner plus bas, le PC accepte que le pr´edicat soit sous la port´ee d’un situeur temporel futur, pour donner ce que nous appellerons le PC futur. Outre son apparition tr`es standard en subordonn´ee hypoth´etique, que nous ne traiterons pas (Si tu as rang´e ta chambre

pour midi, nous irons au cin´ema), on le rencontre en proposition ind´ependante,

g´en´eralement avec des verbes aspectuels et sans n´egation6:

(9) J’ai bient ˆot termin´e.

(10) Le pr´esident est bient ˆot sorti de sa r´eunion. (11) Dans un an, j’ai fini ma th`ese (Sthioul 1998).

Un tel usage du PC le distingue du present perfect de l’anglais, mˆeme si ce dernier pr´esente de fortes similitudes avec le PC, pouvant par exemple communiquer l’accompli, l’ant´eriorit´e ou l’exp´erience. On remarque en particulier que les formes suivantes sont jug´ees ´etranges par les anglophones:

(9’) ?/∗I have soon finished.

(10’) ?/∗The president has soon finished his meeting. (11’) ?/∗Within a year from now, I have finished my thesis.

Certes, les ´enonc´es ci-dessus passent tous facilement avec almost, comme ils passeraient aussi avec presque: I have almost finished ou j’ai presque fini, mais presque n’est pas un adverbe temporel futur mˆeme s’il indique que le fait consid´er´e n’est pas vrai au moment de la parole.

D’autres langues romanes, comme l’italien ou l’espagnol, acceptent ´egalement le PC futur dans des formes plus ou moins courantes et norm´ees:

(9’’) Tra un attimo ho finito (Italien); Pronto ho terminado (Espagnol).

J’ai fini dans un moment/bientˆot.

5 Pour ˆetre `a peu pr`es complets, il faut aussi rappeler les usages du PC de l’accompli en pr´esent historique, pour lesquels Gosselin (1996) voit une focalisation (donc pour nous un usage m´etarepr´esentationnel), du type de «Ce jour-l`a, Luc arrive chez Paul. Comme il a fini de manger, il lui demande s’il veut bien l’accompagner» (Gosselin 1996).

6 On remarque qu’on le rencontre facilement en structure interrogative n´egative: Tu n’as pas

bientˆot fini? Qu’une forme n´egative assertive comme Tu n’as pas bientˆot fini soit naturelle ou non nous ´echappe et appelle d’autres d´eveloppements sur le r ˆole de la n´egation (cf. infra «remarques compl´ementaires»).

(6)

Comme nous l’avons mentionn´e plus haut, Sthioul (1998) propose de les voir comme faisant intervenir une projection du point de la parole S (chez Reichenbach 1947) dans le futur, d’o `u le proc`es peut alors ˆetre consid´er´e comme accompli dans le pass´e. Ainsi, en lieu et place de la forme classique donn´ee par Reichenbach:

E – R,S

(o `u E d´esigne le moment du proc`es, R le moment d’o `u il est observ´e, et S le moment de la parole)

nous obtenons pour cet usage du PC: E – R,S’ et S’ > S

(o `u S’ d´esigne une projection de S post´erieure `a S).

S’il y a une projection de S dans le futur, alors il nous faut ajouter qu’il y a une repr´esentation allocentrique du proc`es dans un pass´e par rapport `a S’, qui sert de «shifter» d´eictique par rapport `a S. Nous dirons donc que les usages futurs du PC ne repr´esentent pas un proc`es directement mais repr´esentent une autre repr´esentation (i.e. allocentrique) d’un proc`es. En ce sens ils sont «m´etarepr´esentationnels» et assimilables `a des usages interpr´etatifs du langage (pour un d´eveloppement sur ce point, cf. Saussure 2010).

Les exemples de proc`es au PC avec interpr´etation future sont tr`es courants avec des verbes aspectuels comme finir ou terminer (c’est le cas pour 9 et 11), et la litt´erature sur la question les ressasse «jusqu’`a la monotonie», comme le rel`eve Vuillaume (2000) dans le seul article syst´ematique consacr´e sp´ecifiquement `a cet usage `a notre connaissance, et d’ailleurs centr´e sur certaines formes sp´ecifiques.7

Les questions que soul`event ces formes concernent i) leur interpr´etation r´ef´erentielle (est-ce le proc`es, l’´etat r´esultant ou les deux qui sont compris comme futurs?), ii) leurs restrictions d’emploi, et iii) leur interpr´etation au sens pragmatique, c’est-`a-dire leur motivation de sens face `a des formes a priori plus attendues comme le futur (simple ou p´eriphrastique) ou, surtout, le futur ant´erieur.

Pour Descl´es et Guentch´eva (2003), qui n’´elaborent gu`ere ce point, le proc`es est conc¸u comme ´etant en cours de r´ealisation `a S mais comme termin´e ult´erieurement, d’o `u un ´etat r´esultant d´eclench´e par une borne post´erieure `a S. Il ne susciterait pas, ainsi, de projection de S dans une autre temporalit´e, contrairement au PC historique.

Toutefois, si (9) pr´esuppose bien qu’un proc`es est en cours `a S, il est difficile de soutenir que ce proc`es est celui de terminer et non celui de l’action en cours et qui 7 Vuillaume (2000) traite essentiellement de PC avec adverbe futur sous la d´ependance d’une structure adverbiale `a port´ee extra-propositionnelle (adverbe de phrase) comme heureusement que P, o `u P est au PC avec adverbe futur, et plus particuli`erement leur combinaison avec la n´egation heureusement que non-PC [futur] (Heureusement que tu n’as pas voyag´e demain!); la structure adverbiale heureusement que modifie syst´ematiquement les conditions d’emploi de cette forme, ce que Vuillaume explique de mani`ere tr`es convaincante par une r`egle pragmatique primant sur une contrainte s´emantique et d´eterminant la s´election du PC, par conversion de la proposition tu n’as pas voyag´e demain en pr´esupposition. Nous ne traitons pas de ce cas ici.

(7)

sera termin´ee sous peu: «j’ai bient ˆot termin´e» ne suppose pas que la «terminaison» est en cours `a S mais plut ˆot que le proc`es ´elid´e, sous la port´ee aspectuelle de

terminer, est en cours `a S. Pragmatiquement, «j’ai bient ˆot termin´e» ne peut en effet

gu`ere se comprendre que comme ´elidant un proc`es: on ne voit gu`ere comment se repr´esenter, dans le cas de la communication ordinaire, une «terminaison» absolue et non la terminaison d’une action donn´ee. Autrement dit, l’´enonc´e J’ai bientˆot termin´e comporte n´ecessairement une explicature (au sens de Sperber & Wilson 1995), c’est-`a-dire un ´el´ement de signification d´ependant du contexte mais obligatoire pour obtenir une forme propositionnelle compl`ete, qui contient le compl´ement verbal, reconstruit par enrichissement pragmatique sur la base de sa saillance en contexte, par exemple J’ai (bientˆot) termin´e de ranger la chambre ou selon une saturation g´en´erique, par exemple J’ai (bientˆot) termin´e de faire ce que je suis en train de faire. Ainsi, en (9), ce n’est pas le proc`es de terminer qui peut ´eventuellement ˆetre compris comme se d´eroulant `a S mais bien un autre proc`es.

Quant au proc`es v´eritablement d´enot´e au PC, `a savoir cette fois-ci bel et bien

terminer, tout aspectuel qu’il soit, il ne s’annonce certes que comme ayant lieu

dans le futur indiqu´e par bientˆot, mais nous verrons que cela tient davantage `a l’adverbe qu’au PC. De plus, la position de Descl´es et Guentcheva impliquerait que, en (10), qui n’est pas construit avec un verbe aspectuel (du moins pas un verbe aspectuel pur), la sortie du pr´esident est en train de se r´ealiser `a S, ce qui ne tient simplement pas: le proc`es de sortir devrait en ce cas se concevoir comme progressive (du type ˆetre en train de sortir), or les conditions de v´erit´e de (10) n’incluent pas le caract`ere progressif d’une quelconque action en cours. En (11), enfin, ce ne sont que des facteurs pragmatiques qui permettent de consid´erer que la th`ese est en cours, mais l’´enonc´e pourrait tr`es bien ˆetre lanc´e comme un d´efi par une personne pr´esomptueuse qui ne s’est pas encore engag´ee dans ses recherches, et ˆetre compris, alors, comme impliquant et un ´etat r´esultant futur et un proc`es lui-mˆeme futur. Il reste qu’en tous les cas, l’´etat r´esultant est bien saisi depuis un moment futur.

Il faut en outre remarquer que le cas th´eorique d’un ´ev´enement pass´e d´ej`a termin´e `a S mais dont l’´etat r´esultant est d´eclar´e pertinent dans le futur ne peut aucunement s’exclure. Ainsi, (12) peut ˆetre interpr´et´e en ce sens si l’on se demande s’il sera possible d’aller le lendemain dans la maison concern´ee:

(12) Demain, le couvreur a fini ses r´eparations, et nous pouvons aller sur place comme pr´evu (/et nous allons sur place comme pr´evu).

En effet, dans le cas o `u il est mutuellement manifeste que le couvreur a d´ej`a fini ses r´eparations, l’´etat r´esultant est communiqu´e comme pertinent `a un point pseudo-d´eictique envisag´e dans le futur alors mˆeme qu’il est d´ej`a connu comme vrai `a S. A vrai dire, il est simplement possible de noter que l’´enonc´e reste acceptable si l’on ignore si ces r´eparations sont, ou non, finies au moment de la parole. Autrement dit que le proc`es soit r´ealis´e ou non `a S est en dehors des conditions de v´erit´e de l’´enonc´e et rel`eve donc uniquement d’une ´eventuelle inf´erence pragmatique; en revanche il est n´ecessaire qu’il le soit `a S’, positionn´e explicitement par l’adverbe. C’est donc

(8)

une actualit´e allocentrique future qu’il devient n´ecessaire d’instancier pour obtenir l’inclusion d’un S’ futur dans l’´etat r´esultant.

Ainsi, et il convient d’insister sur ce point, il ne semble pas que (12) s’interpr`ete exactement comme Nous pourrons aller demain sur place comme pr´evu puisque le couvreur

aura fini ses r´eparations, mais d’une mani`ere allocentrique qui ne permet pas de

paraphrase satisfaisante: quelque chose comme imaginons-nous demain: nous pouvons

y aller puisque le toit est r´epar´e. Cette interpr´etation est d’ordre m´etalinguistique,

ou plus pr´ecis´ement, m´etarepr´esentationnelle: elle fait intervenir la repr´esentation d’un sujet allocentrique (certains diraient un «´enonciateur fictif polyphonique») auquel on prˆete la responsabilit´e de l’´enonc´e au pass´e compos´e. Il s’agit l`a d’une structure interpr´etative enchˆass´ee (le locuteur repr´esente un sujet allocentrique qui repr´esente `a son tour un fait) purement pragmatique, mais command´ee par la n´ecessit´e de traiter la structure adverbiale indiquant s´emantiquement la r´ef´erence future. Si un cas comme (12) ne repr´esente pas le type le plus courant de PC futur, au contraire de J’ai bientˆot fini, nous voulons insister sur le fait que (12) est un ´enonc´e possible du franc¸ais qui pr´esente la mˆeme structure fondamentale que J’ai

bientˆot fini et s’interpr`ete selon les mˆemes principes, dans une interaction entre la

grammaire (l’adverbe futur, le pass´e compos´e) et les principes cognitifs pragmatiques qui sous-tendent l’interpr´etation pour donner un sens `a l’´enonc´e, c’est-`a-dire pour produire une repr´esentation plausible du vouloir-dire du locuteur (son intention informative).

Se pose ici la question de la justification de cette analyse; elle r´eside d’abord dans l’effet m´etalinguistique suscit´e par ces usages. On a en effet le sentiment, dans de tels ´enonc´es, que le locuteur communique quelque chose comme bientˆot

je pourrai dire «j’ai termin´e» ou dans un an, je pourrai dire «j’ai fini ma th`ese»; si cette

interpr´etation est la bonne, alors le PC futur est autre chose qu’un simple substitut du futur ant´erieur (ce qui rendrait d’ailleurs son usage difficile `a expliquer sinon stylistiquement). Toujours si cette intuition pragmatique est juste, partag´ee par le lecteur de ces lignes, ce sera l`a un argument significatif pour l’analyse en termes d’usage allocentrique, ou interpr´etatif, puisqu’il suppose la repr´esentation d’une autre

repr´esentation, `a savoir une m´etarepr´esentation allocentrique: l’´enonc´e repr´esente

la repr´esentation (verbale) d’un sujet de conscience, lui-mˆeme `a S’ dans le futur d´etermin´e par l’adverbe.

Une l´eg`ere h´esitation pourrait surgir au sujet de (9) et (10) qui semblent si naturels qu’un enrichissement de sens en termes m´etarepr´esentationnels pourrait sembler une hypoth`ese peu ´economique. Pourtant, quelque habituels que soient ces exemples, ils restent fort proches de pr´esents futurs comme Le pr´esident sort bientˆot

de sa r´eunion ou Demain je pars, comme le signale ´egalement Vet (1992). Dans les

emplois les plus typiques, des ´enonc´es comme (9) ou (10) servent `a faire patienter, ou `a rassurer l’interlocuteur `a propos du futur imm´ediat; c’est l’un des r ˆoles de l’adverbe bientˆot o `u il s’agit d’´evoquer des faits imminents. Mais oublions bientˆot et regardons les variantes ci-dessous: on observe sans peine que l’effet m´etalinguistique est plus net (l’ant´eposition semble meilleure avec (10) sauf intonation particuli`ere):

(9)

(9) J’ai termin´e dans une heure.

(10) Dans une heure, le pr´esident est sorti de sa r´eunion.

Bientˆot, en r´ealit´e, ajoute simplement l’information d’une proximit´e avec la fin

du proc`es qui parasite l’observation car elle peut ˆetre ´egalement non temporelle (cf. Vuillaume 2000, 108, qui sugg`ere que bientˆot peut parfois se lire plut ˆot comme

presque que comme dans peu de temps); toutefois, mˆeme en (9) et (10), tout se

passe comme si le locuteur souhaitait communiquer qu’il pourra sous peu faire ´etat d’une nouvelle situation r´esultant de l’´ev´enement de terminer x ou de sortir. D’o `u l’intuition que la communication porte sur des conditions r´esultant du proc`es dont

l’´evocation est pertinente dans les circonstances de l’interaction: en (9), si c’est le garagiste

qui parle, l’interlocuteur pourra par exemple disposer de sa voiture bient ˆot, et il peut donc pr´esentement calmer son impatience; et en (10) les conditions seront telles que l’entrevue souhait´ee avec le pr´esident pourra avoir lieu sans qu’il faille faire preuve d’une patience excessive (nous en dirons davantage `a ce sujet plus bas). Ainsi, nous obtenons une observation importante: l’adverbe ne porte pas sur le proc`es E lui-mˆeme, puisque (12) (Demain, le couvreur a fini ses r´eparations, et nous

pouvons aller sur place comme pr´evu) suppose uniquement l’accompli dans le futur, E pouvant tr`es bien ˆetre d´ej`a le cas `a S.

Par ailleurs, l’adverbe ne quantifie pas l’´etat r´esultant non plus, puisqu’il ne s’agit pas un d’dverbe de dur´ee, et que l’´etat r´esultant peut, selon les cas, ˆetre d´ej`a vrai `a S. Ceci exclut ´egalement que l’adverbe doive porter sur une borne de l’´etat r´esultant: ce ne peut ˆetre la borne droite, qui est occup´ee par le proc`es, et ce ne peut ˆetre la borne gauche, puisque l’´etat r´esultant peut avoir une extension ind´etermin´ee. En fin de compte, la question se pose de savoir alors sur quoi porte l’adverbe futur.

Il ne reste qu’une possibilit´e: l’adverbe porte sur un moment futur o `u l’´etat r´esultant est repr´esent´e comme «´etant le cas». Il est donc n´ecessaire de passer par un nouveau point, que l’adverbe sert `a fixer, et auquel l’´enonc´e d´eclare que l’´etat r´esultant est v´erifi´e. S’il y a m´etarepr´esentation, alors il y a un transfert de la deixis vers une r´ef´erence allocentrique, un S’. Techniquement, c’est d’ailleurs la solution la plus ´economique, car sinon il faudrait modifier la s´emantique du PC lui-mˆeme de mani`ere ad hoc pour qu’il puisse d´enoter le futur; que le PC en usage futur produise une interpr´etation de type m´etalinguistique/m´etarepr´esentationnelle converge au contraire avec une transposition globale de la repr´esentation vers un point S’ allocentrique futur sans affecter la structure du PC lui-mˆeme.

Ce type de transfert peut ˆetre directement command´e soit par le temps verbal, comme lorsque l’imparfait d´etermine ses usages interpr´etatifs par l’´echange du point de r´ef´erence R avec un point d’appr´ehension allocentrique (cf. Saussure & Sthioul 1999 et 2005), soit par l’adverbe, auquel cas c’est S qui est ´echang´e contre un S’ allocentrique par transposition d´eictique. Pour le PC, il n’y a donc aucune raison de postuler un changement de R pour l’interpr´etation future, comme il n’y a pas lieu de chercher un substitut de R pour les pr´esents ou les futurs historiques, qui restent des pr´esents ou des futurs mais repr´esent´es depuis le pass´e (le lecteur a compris que notre approche les verrait ´egalement comme m´etarepr´esentationnels).

(10)

Une telle transposition, d’ailleurs, convertit les cas de PC de l’ant´eriorit´e en PC de l’accompli. Les PC de l’ant´eriorit´e entrent dans une narration sans produire d’´etat r´esultant identifiable. Pourtant, d`es qu’ils sont transpos´es dans le futur, ils conduisent `a tirer un ´etat r´esultant global identifiable vrai `a S’ (dans le futur) `a partir de la narration. Il suffit pour cela de se repr´esenter la pertinence des faits d´ecrits pour le futur des interlocuteurs, et r´etrospectivement pour leur pr´esent, in fine. Ainsi, de (13), peu naturel, nous tirons (14), plus naturel, avec une conclusion donn´ee au pr´esent futur qui explicite l’´etat r´esultant global, ici quelque chose comme un repos bien m´erit´e:

(13) ? Dans une heure, l’avion a atterri, les passagers sont descendus, ils se sont dirig´es vers la sortie de l’a´eroport et sont mont´es dans l’autocar.

(14) (Prends patience:) Dans une heure, l’avion a atterri, les passagers sont descendus et sont mont´es dans l’autocar, et nous pouvons nous reposer avec les autres coll`egues de l’agence de voyage.

(13) accepte difficilement le d´eictique futur «dans une heure», ce qui forme un bon indice que la projection de S vers un S’ futur au PC pr´esente une incompatibilit´e avec le pur r´ecit sans ´etat r´esultant. Si (13) peut se r´einterpr´eter en (14), c’est au prix de l’effacement de d´etails comme se sont dirig´es vers la sortie, qui ne contribuent pas significativement `a l’inf´erence d’un ´etat r´esultant synth´etique, car ils ne sont pas pertinents pour anticiper la situation attendue, contrairement `a l’arriv´ee de l’avion et des passagers et leur transfert dans l’autocar. Il faut d’ailleurs noter que se diriger

vers (en (13)) est plus agentif que les autres verbes de cette petite narration, ce qui

pourrait rendre (14) plus difficile si on ajoutait cette proposition. Mais il faut bien consid´erer que si l’agentivit´e de tels proc`es contribuerait dans les circonstances de (14) `a faire perdre de la pertinence au PC futur, c’est justement `a cause du peu de capacit´e qu’ils pr´esentent `a faire inf´erer un ´etat r´esultant global pour une narration. On voit ici, quoi qu’il en soit, que la pragmatique produit des inf´erences en accord et non en contradiction avec la grammaire: la structure du PC est intacte, tout comme la d´enotation de l’adverbe futur.

3 . r e st r i c t i o n s d ’ e m p lo i : la p e rt i n e n c e d ´e ont i que - p rat i que au p r ´e se nt

Le PC interpr´etatif futur pr´esente des restrictions d’emploi. Un cas typique est donn´e par les proc`es non agentifs, justement. Face au futur ant´erieur de (15), (16) semble ´etrange au premier regard:

(15) Demain, il aura plu. (16) ? Demain, il a plu.

Les restrictions d’emploi sont peut-ˆetre li´ees `a des facteurs larges: Descl´es et Guentch´eva (2003) consid`erent notamment que le PC futur est incompatible avec des pr´edicats d’´etats comme ˆetre heureux, chaud, froid, amoureux ou avoir chaud, et selon Vuillaume (2000) avec les verbes at´eliques de mani`ere g´en´erale. A nouveau, l’explication que nous proposerons est pragmatique plut ˆot que s´emantique: de fait,

(11)

de tels pr´edicats, puisqu’ils sont statifs, ne permettent gu`ere l’inf´erence d’un ´etat r´esultant, du simple fait qu’un ´etat est en principe g´en´er´e par un ´ev´enement et non par un autre ´etat. Or sans ´etat r´esultant, point d’accompli, `a moins d’inf´erer comme ´etat r´esultant soit le contraire de l’´etat d´enot´e au PC, ce qui est d’ailleurs assez courant, comme lorsque un ´enonc´e comme Pierre a ´et´e heureux fait inf´erer

Pierre n’est pas heureux aujourd’hui, soit un ´etat r´esultant dont le pr´edicat statif est une

sous-partie ou une condition. Ainsi, de avoir ´et´e heureux peut-on tirer ˆetre en paix ou

tirer un bilan positif de sa vie. Mais il s’agit l`a d’op´erations de calcul probablement trop

sophistiqu´ees s’il s’agit de les rendre avec un PC futur. Ainsi (17) est-il difficile sinon impossible: il faudrait pour qu’il soit naturel, acc´eder facilement `a une repr´esentation tr`es complexe voire rocambolesque, o `u, dans une forme de discours rapport´e, on attend l’imminence d’un ´ev´enement qui rende Pierre heureux au seuil de sa mort: (17) ∗Demain, Pierre a ´et´e heureux, il peut partir en paix.

Si quelque chose comme (17) est improbable en discours, la cause n’en est donc pas formelle mais bien pragmatique: ce n’est que le caract`ere tr`es improbable de telles intentions informatives qui donnent le sentiment `a Descl´es et Guentch´eva que ces combinaisons sont formellement impossibles.

D’autres ´enonc´es, comme (16) (?Demain il a plu), (18) ou (19), semblent `a premi`ere vue bizarres, alors que l’explication par transfert d´eictique vers un S’ allocentrique au futur pr´edirait leur naturalit´e:

(18) ? Dans dix ou quinze ans, un tremblement de terre a eu lieu sur la grande faille de San Andreas.

(19) ? Dans dix jours, j’ai achet´e des cigarettes.

Si (16) est at´elique, ce qui le rendrait en effet suspect dans de telles combinaisons aux yeux de Vuillaume (2000) et de Descl´es et Guentch´eva (2003), (18) est bien t´elique (avoir lieu impose la t´elicit´e, en tout cas dans cette colocation, puisqu’il est difficile qu’un tremblement de terre ait lieu pendant un quart d’heure sans culmination), et il va sans dire que (19) l’est de mani`ere encore plus ´evidente. L’explication est donc ailleurs – pour autant qu’elle soit la mˆeme pour les deux cas. Quant `a l’agentivit´e, ce crit`ere est douteux, puisque (19) lui-mˆeme est agentif.

Co Vet consid`ere8 que si le PC de l’accompli est une sorte de pr´esent de l’accompli, alors il est naturel que le PC futur impose des conditions d’emploi relativement semblables `a celles du pr´esent futur. Pour Vet (1994), qui suit en cela les observations de Dowty (1979, 156), il faudrait qu’il y ait une sorte de sch´ema, ou de projet, pour que le pr´esent futur, et donc aussi le PC futur, soit utilis´e; appelons ce sch´ema une «planification». C’est aussi une intuition qui naˆıt pour le PC futur en italien9. Ce pourrait donc ˆetre l`a l’explication `a donner `a (16), (18) et (19): l’effet

de bizarrerie proviendrait du caract`ere ´etranger `a toute planification humaine de la pluie ou d’un tremblement de terre, et `a l’´etranget´e de planifier un achat de cigarettes dans un terme de dix jours. Le caract`ere non agentif des proc`es est alors 8 Communication personnelle.

(12)

un indicateur de la non-planification humaine, mais il existe d’autres formes de probl`emes de planification. Il faudrait donc, avec le PC futur, que le proc`es soit pr´evu comme entrant dans une chaˆıne participant d’un objectif `a atteindre selon un sch´ema pr´econc¸u. Ainsi, dans des ´enonc´es naturels comme j’ai bientˆot fini, la situation d´ecrite dans le futur entre dans un sch´ema cognitif sp´ecifique et pr´evisible. L’hypoth`ese de la planification aurait d’ailleurs l’avantage d’expliquer pourquoi les exemples de PC futur les plus ´evidents sont form´es avec des verbes aspectuels comme finir (mais nous verrons, en examinant cette hypoth`ese de plus pr`es, que (16) et (18) sont en r´ealit´e possibles, bien que pragmatiquement difficiles).

Il faut noter ce fait important que des ´enonc´es comme il pleut demain semblent beaucoup plus naturels que il a plu demain. Les contraintes sont donc plus fortes (`a moins qu’elles soient diff´erentes) avec le PC qu’avec le pr´esent. La mˆeme remarque vaut d’ailleurs pour dans dix jours j’ach`ete un paquet de cigarettes, qui semble beaucoup plus naturel que dans dix jours j’ai achet´e un paquet de cigarettes. On peut supposer que l’´enonc´e au pr´esent active en quelque sorte la repr´esentation d’une planification, mais la mˆeme planification semble significativement plus difficile `a instancier au PC et en tout cas ne suffit pas, seule et sans raffinement, `a en expliquer les usages. Relevons ´egalement que mˆeme des ´enonc´es qui seraient de tr`es bons candidats `a la «planification», et qui sont ´egalement t´eliques, peuvent ´egalement sembler bizarres, comme (20):

(20) ? Demain, nous nous sommes rendus sur place comme pr´evu.

L’explication de cette ´etranget´e tient peut-ˆetre `a ce que la planification est un crit`ere plus subtil qu’il n’en a l’air. L’intuition sugg`ere, en r´ealit´e, l’inf´erence de cons´equences bel et bien pr´esentes pour l’´evocation interpr´etative des proc`es futurs au PC. En reprenant tous ces exemples, on peut observer qu’il est facile pour les cas (9) `a (11) d’imaginer un contexte d’emploi o `u la pertinence dans le pr´esent du fait futur est inf´erable. En (9) ou (10), il s’agit d’une bonne raison de patienter, par exemple: l’imminence du fait attendu rend son attente justifi´ee dans le pr´esent; mais aussi, il faut le souligner, cette attente ne se justifie que parce qu’il y a effectivement une action ult´erieure planifi´ee et pr´evue. En (11), que, selon notre exp´erience, les sujets parlants trouvent plus difficile, l’effet peut ˆetre celui de se rassurer sur le fait qu’on ne travaille pas en vain dans le pr´esent et qu’il faut donc pers´ev´erer, en vue d’une action `a mener `a son terme (terminer sa th`ese).

On sugg´erera que le PC futur pr´esente un ´etat futur, qui fait partie d’une suite attendue d’´ev´enements, et dont la r´ealisation d´epend de la mise en place concr`ete,

dans le pr´esent, d’une planification d’actions (au sens le plus large de conduite `a tenir) li´ee au proc`es concern´e: attendre, pers´ev´erer. . . Le PC futur vise donc la

pertinence dans le pr´esent par l’inf´erence de ce qu’il convient de faire – c’est une modalit´e d´eontique – dans le monde afin d’obtenir un r´esultat concret – c’est une modalit´e pratique –. Ce pourquoi nous sugg´erons que l’effet pragmatique ultime du PC futur est une modalit´e d´eontique-pratique qui lui donne sa pertinence dans le pr´esent.

(13)

En (12), la pertinence dans le pr´esent r´esidera encore typiquement dans un effet favorisant la planification, `a l’aide d’une inf´erence simple: si demain il est vrai que le couvreur a termin´e, alors nous pourrons partir demain, et en cons´equence, nous pouvons nous pr´eparer (faire les bagages, ou mˆeme se pr´eparer psychologiquement, etc.) d`es maintenant en vue de la situation attendue. (13) est un ´enonc´e o `u l’effet de pertinence dans le pr´esent exige un contexte plus difficile d’acc`es, mais d`es qu’il est produit explicitement, comme en (14), l’´enonc´e cesse d’ˆetre bizarre. La suppression n´ecessaire d’un d´etail narratif pour obtenir (14) `a partir de (13) y est ´egalement pour quelque chose, puisque ce d´etail ne contribue pas `a la mise en place dans le pr´esent d’une attitude particuli`ere caus´ee par une perspective future (se r´ejouir de la fin imminente d’une corv´ee). On remarque encore que la pertinence dans le pr´esent est typiquement d’ordre psychologique: ´etat mental (patience, ˆetre rassur´e. . .) propice `a l’adoption d’une conduite en vue de la r´ealisation d’une action future.

Que l’´etat r´esultant futur d’un proc`es pass´e, pr´esent ou lui-mˆeme futur soit pertinent dans le pr´esent rel`eve du contenu implicite (l’implicature de la tradition (post-)gric´eenne). Ainsi, dans Le directeur est bientˆot sorti de sa r´eunion, la repr´esentation future est explicitement produite par l’adverbe et le PC est accommod´e par un S’, situ´e «bient ˆot», o `u l’´enonc´e au PC est dicible litt´eralement, mais l’inf´erence vous n’aurez pas longtemps `a attendre avec les cons´equences qu’elle implique ne se trouve command´ee par aucun ´el´ement en particulier dans la forme linguistique de l’´enonc´e. C’est un contenu implicite, et c’est bien par sa d´erivation que le destinataire obtient finalement la pertinence de l’´enonc´e au PC, et c’est ce contenu qui est l’objet mˆeme de la communication. D`es lors, s’il peut sembler hors contexte que nous nous rendrons demain sur place comme pr´evu ne suscite aucun contenu implicite sur une attitude `a tenir `a S, mais nous ne saurions en jurer: du point de vue th´eorique, si notre analyse est correcte, alors un tel ´enonc´e devrait ˆetre possible. En effet, on peut consid´erer qu’un tel ´enonc´e au PC peut impliciter qu’il ne faut pas perdre courage et rester bien d´ecid´e `a accomplir la tˆache que nous nous sommes fix´ee.

Des ´enonc´es comportant un verbe aspectuel comme finir s’interpr´etent facilement comme entrant dans une planification, du simple fait que si j’´evoque la terminaison de P, alors j’´evoque implicitement P lui-mˆeme, et un ´enonc´e comme (21) est alors parfaitement naturel, tout en suscitant l’adoption d’une attitude dans le pr´esent:

(21) Demain, nous en avons fini avec cette sacr´ee communication. Quant `a l’´etranget´e de (16) et (18), r´ep´et´es ci-dessous:

(16) (?) Demain, il a plu.

(18) (?) Dans dix ou quinze ans, un tremblement de terre a eu lieu sur la grande faille de San Andreas.

Elle tiendrait alors `a la difficult´e logique d’envisager un ensemble suffisamment particulier d’hypoth`eses contextuelles pour qu’il soit ad´equat pour un locuteur de produire ces ´enonc´es avec l’objectif de signaler la pertinence dans le pr´esent de conduites `a tenir ou d’attitudes `a adopter relativement `a l’´etat concern´e du futur.

(14)

Il vaut mieux `a nouveau ´eviter de consid´erer ces exemples comme radicalement impossibles: tel agriculteur, en (16), qui a entendu les pr´evisions m´et´eorologiques peut en rassurer un autre `a propos du lendemain et le d´ecider `a laisser son mat´eriel d’arrosage: allez, demain il a plu, tes salades sont sauv´ees. Pour que (18) soit imaginable, il faut un contexte curieux o `u la perspective du tremblement de terre suscite une attitude dans le pr´esent; un tel contexte est difficile `a imaginer, mais il ne peut ˆetre exclu a priori. Quant `a (19) (?Dans dix jours j’ai achet´e des cigarettes), il peut s’imaginer dans la bouche d’un individu que la perspective de pouvoir acheter des cigarettes dans dix jours r´ejouit par avance et rassure, pour des raisons quelconques (que tout fumeur pariant sur une p´eriode d’arrˆet comprend). A tout le moins, ces ´enonc´es sont en fait possibles `a la mesure de l’accessibilit´e d’un contexte (un ensemble de faits mutuellement manifestes) qui permet l’inf´erence (la d´eduction) dans le pr´esent d’une attitude `a tenir en relation avec l’´etat futur, sans pour autant devoir comporter de verbe aspectuel.

4 . r e marqu e s c o m p l ´e m e nta i re s

On peut ˆetre tent´e de penser que cette construction marque une forte pr´ef´erence pour l’ant´eposition de l’adverbe. Il est possible que l’ant´eposition soit en effet globalement pr´ef´er´ee, puisque comme il s’agit d’une transposition compl`ete vers le futur de la structure du PC, l’adverbe ant´epos´e permet un positionnement rapide de la r´ef´erence temporelle au futur, orientant d’embl´ee l’interpr´etation. N´eanmoins, il nous semble d’abord qu’il n’y a rien ici qui ressemble `a une contrainte morphosyntaxique: J’ai fini dans dix minutes est parfaitement naturel. En revanche, une hypoth`ese plausible est que lorsque l’adverbe est postpos´e, sa port´ee se restreint sur la borne gauche de l’´etat r´esultant, et donc sur le moment de l’´ev´enement, o `u l’´etat commence d’ˆetre vrai. De la sorte, J’ai fini dans dix minutes signalerait plut ˆot que l’action de finir aura lieu dans dix minutes, non que l’´etat r´esultant de finir sera d´ej`a le cas depuis un certain temps dans dix minutes. Une paraphrase serait alors quelque chose comme J’ai termin´e, et ceci sera vrai dans dix minutes, plut ˆot que

Dans dix minutes il sera vrai depuis un certain temps que j’ai termin´e. Disons-le toutefois

avec beaucoup de prudence car il faudrait investiguer cette question par des tests syst´ematiques. N´eanmoins, creusons l’hypoth`ese avec les verbes non aspectuels: si

Dans trente minutes nous sommes sortis du tunnel communique bien qu’il sera vrai dans

trente minutes que nous serons d´ej`a sortis du tunnel, Nous sommes sortis du tunnel

dans trente minutes semble focaliser plus clairement sur la r´ef´erence temporelle du

proc`es et donc sur la borne gauche de l’´etat r´esultant: dans trente minutes, l’action de sortir a lieu. Dans le premier cas, on imagine plus volontiers un contexte o `u on se pose la question de l’´etat du monde dans trente minutes, et dans le second, on se pose la question de l’occurrence de l’´etat du monde concern´e. Mais cette hypoth`ese reste `a confirmer.

Il y a un ´el´ement suppl´ementaire qui m´erite attention: une cons´equence envisag´ee comme n´egative du proc`es au futur semble d´efavoris´ee par le PC. Ainsi,

(15)

trouvera une cons´equence positive `a la mort de l’individu, et apparaˆıt typiquement comme une r´eplique de film o `u le tueur rassure le commanditaire du meurtre. De mˆeme, on imagine (18) prononc´e par quelqu’un qui se r´ejouit de la disparition de la Californie mais plus difficilement par quelqu’un qui s’en inqui`ete. Ce point est certes `a nouveau sp´eculatif, mais le fait de repr´esenter allocentriquement le proc`es au PC a, dans la plupart des exemples qui viennent `a l’esprit, l’objectif de rassurer le destinataire `a propos de l’imminence du proc`es et non de l’en inqui´eter. De la sorte, le PC en usage futur pourrait pr´esenter les faits futurs non seulement comme d´ej`a r´ealis´es `a S’ mais aussi comme ´etant d´esirables ou attendus, l’affirmation de la r´ealisation du proc`es `a S’ ayant alors une cons´equence positive, au moins au niveau psychologique, `a S: la justification d’une attente consentie, la r´ejouissance, etc. La fin imminente de la r´eunion du pr´esident est d´esirable, la fin imminente du travail, l’ach`evement de la th`ese, exemples typiques, sont d´esirables. Cela n’est gu`ere ´etonnant puisqu’il s’agit alors d’actions li´ees `a une planification, laquelle ne peut ˆetre, pr´ecis´ement, que souhait´ee ou, au moins, attendue. L’arriv´ee `a bon port des passagers est ´egalement ce que souhaitent les voyagistes, mˆeme si la planification porte sur le repos bien m´erit´e obtenu une fois que les voyageurs seront dans l’autobus et non directement sur leur arriv´ee `a bon port. Une repr´esentation allocentrique, o `u le r´esultat d’une planification est repr´esent´e comme r´ealis´e, donne `a se repr´esenter la situation d´esirable ou attendue comme vraie. De la sorte, un effet cognitif particuli`erement fort est obtenu avec ce moyen tr`es ´economique qu’est l’usage interpr´etatif futur du PC: communiquer toute la pertinence qu’il y a `a mettre en place la chaˆıne d’actions, ou la conduite, qui m`enera `a un tel r´esultat, en ´evoquant de mani`ere allocentrique une ´emotion positive, f ˆut-elle furtive ou l´eg`ere, associ´ee `a ce r´esultat suppos´e d´esirable.

La discussion sur le PC futur, toutefois, n’est pas close. Ainsi les ´enonc´es n´egatifs (dans une heure le pr´esident n’est pas sorti de sa r´eunion) demandent une discussion (Vuillaume 2000 les aborde bri`evement). D’abord, les ´enonc´es n´egatifs sont s´emantiquement at´eliques,10 et devraient donc d´efavoriser le PC futur. Ils semblent en tout cas faire porter la n´egation non seulement sur le proc`es, s´emantiquement, mais ´egalement sur les cons´equences planificatrices qui en r´esulteraient: la planification vis-`a-vis d’une situation inexistante est une affaire sans doute bien compliqu´ee. Il faut aussi observer que les verbes modaux semblent incompatibles avec le PC en usage futur (22), comme d’ailleurs une vari´et´e de verbes `a compl´ement verbal (23), alors que les conditionnelles en si repr´esent´ees au futur prennent volontiers le PC, comme en (24):

(22) ∗Demain, Paul a d ˆu/pu aller `a la piscine.

(23) ∗Demain, Paul a voulu/su/souhait´e aller `a la piscine. (24) Si tu as fini ton travail demain, tu pourras aller te promener.

10 Les phrases n´egatives r´epondent difficilement aux tests classiques de la t´elicit´e mais la litt´erature admet qu’elles d´enotent des ´etats, mˆeme si pragmatiquement elles peuvent ˆetre enrichies pour donner lieu `a des repr´esentations ´ev´enementielles contradictoires avec l’´etat ni´e (cf. Saussure 2000).

(16)

Quelle que soit l’explication `a donner `a ces faits particuliers, le PC futur consiste en une transposition de l’interpr´etation de l’´enonc´e dans son entier `a un S’ allocentrique. Ce n’est que la transposition d´eictique qui fait comprendre l’usage m´etarepr´esentationnel. Cet usage n’est donc pas command´e s´emantiquement par le temps verbal mais par l’adverbe, le PC s’accommodant, tout simplement, de cette transposition d´eictique, qui converge avec les capacit´es repr´esentationnelles activ´ees par ce temps complexe qui mˆele ´ev´enement au pass´e et ´etat r´esultant au pr´esent, que ce pr´esent soit en effet le pr´esent d´eictique (nynegocentrique), ou ce pr´esent projet´e vers le futur, allocentrique. Une des cons´equences de cette analyse est que nous nous repr´esentons plus facilement des PC futurs avec des verbes aspectuels terminatifs (finir, terminer) qu’initiatifs (commencer). Il pourrait mˆeme sembler `a premier vue que des ´enonc´es `a verbe aspectuel initiatif (Demain j’ai commenc´e mon livre) sont peu naturels, mais il suffit d’un contexte appropri´e pour que de tels ´enonc´es le soient (l’enfant souhaitant rassurer ses parents qui s’impatiente `a propos de cette lecture). Sugg´erons tout de mˆeme que si les ´enonc´es au PC futur avec verbe aspectuel terminatif nous semblent plus naturels, c’est peut-ˆetre tout simplement parce que nous imaginons plus facilement les cons´equences pr´esentes d’un fait conc¸u comme achev´e dans le futur, qui implique un changement d’´etat, qu’un fait conc¸u comme entam´e. Mais rien n’empˆeche dans les faits qu’il puisse ˆetre enti`erement pertinent de d´eclarer quelque chose comme Demain, le chantier a commenc´e pour exprimer non seulement la pr´ediction mais aussi la modalit´e d´eontique-pratique dans le pr´esent, effets absents quoi qu’il en soit des autres formes futures.

5 . c o n c lu s i o n

Nous avons dit que le PC futur, puisqu’il proc`ede d’une projection allocentrique, tombe – par d´efinition – dans la cat´egorie des usages m´etarepr´esentationnels, ou

interpr´etatifs, du langage. Pour Sperber et Wilson, ces usages sont ‘interpr´etatifs’

(au mˆeme titre d’ailleurs que l’ironie ou le style indirect libre) car ils repr´esentent non pas un fait mais une repr´esentation d’un fait. Le PC futur en effet, selon notre analyse, qui suit les traces de Sthioul (1998), produit une repr´esentation allocentrique d’un fait futur; or comme le point d’origine de la repr´esentation allocentrique est dans le futur, le fait n’est plus pr´esent´e comme pass´e mais comme futur. Ce «fait» n’est pas le proc`es lui-mˆeme, mais son ´etat r´esultant. De la sorte, cet emploi r´esulte d’un enrichissement pragmatique suscit´e par les attentes de pertinence d’un ´enonc´e au pass´e de l’accompli sous la port´ee d’un adverbe futur lui-mˆeme r´etif `a toute accommodation pragmatique car encodant explicitement une r´ef´erence temporelle. Non pertinent car contradictoire avec l’adverbe, l’´enonc´e au PC est transpos´e pragmatiquement dans une actualit´e o `u il peut produire un sens pertinent dans les circonstances, ce sens pertinent ´etant la communication d’une modalit´e d´eontique-pratique, concernant la conduite `a tenir `a pr´esent en vue d’une situation attendue dans le futur. Cet effet d´eontique-pratique qui donne sa pertinence `a l’´enonc´e dans le pr´esent n’est pas pr´esent, sinon `a titre d’´eventuelle

(17)

implicature, avec les ´enonc´es correspondants `a d’autres formes (futur ant´erieur notamment).

b i b l i o g rap h i e

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