ORAISON FUNEBRE
De Très -Haute, Très
-Puissante,Très
-Excellente
Princesse,MARIE- ANTOINETTE,
Archi-duchesse d'Autriche
,Reine de France
etde Navarre,
Sjsconde Édition, mot
pourmot
surlapremière.Venï, etcoronaberis.
Venez,etvousserezcouronnée.
(CantiquedesCantU/ues, Chap.4.v.8.J
X el
fut autrefois, Messieurs,l'hommage qu'un
des plus grandsRoisdu monde
rendit àla naissance auguste,aux
qualités intéressantes de l'illustre et infortunée Princesse dont nous pleuronslamort,lorsqu'illachoisitparmitoutes
les Familles souveraines de l'Europe,
pour
l'associeraux
destinées del'héritierdesapuissance, etlafaire asseoir
un
joursurle
Trône où
devoitmonter
sonpetit-Fils. Telfut alorspour
elle le voeuuniversel decette nation, quilui«t élevépendantsilong-temsdes autelsdans soncœur,
etqui vientdeluidresser1échafaud,sur lequelelleaterminéune
agoniedequatre ans.
Telestaujourd'hui
en
safaveurl'accordunanime
detoutes lesPuissances célestes; telle estlarécompense
qu'assignea sessouffrances, àson courage, àson héroïsme,ceDieu
qui pesédans sa balancelesbonnes et lesmauvaisesactionsdeshommes,
dontlajusticesedésarme parlerepentir,et sesaris*faitparl'expiation.
Venez
, lui a-t-il ditdu
haut de sonTrône
éternel,venez, vousavez sanctifiévos malheurs parvotre soumission:et,
au moment où
vousêtestombée
victimed'unerageque
jene
laisseraipointimpunie,vous vousêtesofferteàmoi comme
victime volontaire:vousavez volé vers
moi
dansvotreamour,
jevousreçoisdans
ma
miséricorde:laterresurlaquellevous régniez, souillée de meurtreset de forfaits, empestéepar
l'air del'impiété et
du
sacrilège,n'étoit pas dignedevous
posséder; leséjourdema
gloireva
devenirlevôtre:Veni
yet coroTiaheris*
Cette confiance
en
lamiséricordedeDieu
sur laReine,
est. laseule, maisprécieuse consolation qui adoucisse poux-
À
nous
l'impression ineffaçable des(M
horreursqu'on
aexercéei envers elle. François, et François fidèles, nous devonsla pleureretla regretter:Chrétiens, etChrétiens éclairés parune
Religiondontlalumièrene trompe
point,nous devonsnous
réjouirde son admissionglorieusedansun monde
plusheureux
,comme
nousfrémissons destourmens
parlesquelselle a disparude ce
monde
pervers :maisne
craignez pas,Messieurs, qu'en détournant la source de vos
lames,
je chercheàla tarir^etqu'enportantvosespritssurlebonheur dont nous
devons espérerque
laReine
jouit aujourd'hui,j'affoiblis.se lesentimentqu'inspirent sesmalheurs»
Vous en
occuper,m'en
occupermoi-même,
estun
besoinpour mon
Coeur: etlespleurs
que
jerépands, vousdisentassezque
jen'ainilavolonté, nilepouvoird'essuyerlesvôtres.
François! qui m'avez chargé d'être l'interprète de votre
douleur
,d'exposer à touslesyeux
les plaiesaffreusesetin- curables quifontsaignervoscœurs
fidèles;respectablesMi-
nistres de notre Religion sainte, qui
en
êtes devenus les défenseursintrépides, et quine
portez envie qu'àceux qui
onteu
Jebonheur
d'enêtre lesmartyrs; etvous,guerriers>plusnobles encore par vos sentimens
que
parcesang qui, dans les veines de vos ancêtres, a toujours coulépour
vos Rois; vous, dontles mains enchaînées n'ontpu empêcher de
croulercetrône élevé, défendu parcelles devos pères, n'attendezdemoi
niplan danscelugubre discours, ni ri- chesse dans les expressions, ni ordre dans les idées.Des
idées!l'espritpeut-il
en
avoir, lorsque lecoeur estoppresséde
sentimenssidouloureux
?irai-je rechercherune
vainepompe
destyle,dansun
sujetoù
lasensibiliténe
laisserien•à faireà l'éloquence? Je
ne
viens pointjetterdesHeurssur letombeau
delaReine
,jeviensl'arroser de voslarmes; et ces larmes, quisont l'unique décorationdecettetristecéré-monie
,payerontmieux que ne
feroient lesparoleslesplus recherchées, le tributde louanges et deregretsque nous devons aux
vertus dignesd'unmeilleursort, età lamémoire
éternellementchère à nos coeurs , de très-haute, très- puissanteET TRÈS-EXCELLENTE PRINCESSE,MARIE
- ANTOI-NETTE
,Archiduchesse d'Autriche>Reine db France
et deNavarre.
Détournons
nos regards, Messieurs,du
tableau déchirantauquel
nousn'arriveronsque
trop-tôt, et reportons-nous à cetteépoque
qui,après avoir eutoutlebrillantdel'éclair,n'ena
eu malheureusement que
la durée ;car les joursdu bonheur
sont courts et fugitifs, et ceuxdu malheur
longset pesans.Reportons-nousà ceteins
oùLouis XV
endeman-
(3)
dàntàMarie-Thérèse
une
épouse pour sonpetît-Fils,sem^
blalavengerdetousles
maux
qu'il lui avoitfaitsdanscette guerre,où
elledéployatouteslesressourcesdu
génie,toute lafermetéd'uneame
héroïque, etoù,plusheureuse encore parlessentimens qu'elle inspiraque
parlesqualitésquiles luiméritèrent,ellereçutdeses bravesHongrois ces témoi- gnagestouchans d'amouretde fidélité,quiétablirent entre euxetlesFrançoisd'alorsune
rivalitési honorable pourlès?deux
nations. LouisXV
etMarie-Thérèse avoient récipro-quement
étouffé ces anciennes querelles,que
souventla.politiquedesRois allumeetperpétue,lors
même que
leurs coeursen sontle pluséloignés.Un
traité solemnelavoit lié des intérêts opposés pendant tant de siècles : laFranceet l'Autriche, semblables à deux arbrespompeux
, voyoient depuis près detroislustresleurshabitans fortunéssereposer sousleursombresfraternelles, lorsqueMarie-Antoinette
fut destinéeàenenchaîneràjamaislesrameaux. Quellejoie universelle excita lanouvellede sonarrivée!Représentons- nous-la depuis le
moment
où, poursuiviepar les regrets de tous les sujetsdu
vasteEmpire
et de ses aïeux9 elle franchit les limites qui séparent la patrie qu'ellene
devoit plus revoir, d'avec celle qu'elle venoitem-
bellir.
Peignons-nous, depuis l'Alsace jusqu'àParis ,dans toutes lesprovinces
où
elle passa, les peuples confondant sur elle leurs avidesregards, tirant de chacun de ses attraits
un
augure debonheur
, etprolongeantleurs accla- mations aupointque
tantde voix réuniespourla célébrer paroissoient neformer qu'unevoixunique,comme un
seul etuniforme sentiment enproduisoit l'explosion. C'estainsique Marie-Antoinette
traversalaFranceaumilieu des cris de joie, deshommages
universels de ce peuple qui depuis... maisalorsilthérissoitsesRois,iladoroitsonDieu
;l'esprit de vertige, d'erreur et d'impiété n'a voit pointdé- naturé son coeur; il reçut avec transportl'afillede Marie- Thérese. Sursonvisage,parédetouslescharmes delajeu- nesse etdela beauté,
chacun
appiaudissoitaux
grâcesqui tempéroienti'éclatdelaMajesté, etadmiroitlamajesté qui n'ôtoit rienaux
grâces.Tout
lemonde
seréjouissoit de yoirtant d'attraits, tant de qualités aimables, destinées à faire le
bonheur
d'un jeune Prince déjàconnu
dans l'Eu- ropepar,une
probité sévère, parune
pureté demœurs
quin'a jamaisété altérée, et dont
on
prévoyoitque
le régne seroitceluidel'ordre etdela justice. Les cérémonies de ce mariage auguste, auquel appiaudissoitnon
-seulement le sentiment quialors nous rendoit heureuxdu bonheur
per- sonnelde nos maîtres> mais encorela politique,puisqu'unA
2,045
Seseffets de cette heureusealliance étoit de cimenter l'u- nion entre
deux
Etatslong-tems
rivaux , excitèrent denouveaux
transports. Les fêtes sesuccédèrent : aliî qu'ai- je dit, des fêtes? et quel souvenir douloureux elles vous rappellent, Messieurs! C'est celuidu
premierévénement
sinistre quiaittroublé ces
momens
debonheur
: nous nous souvenonstous,comment
ces joursde joie furent changésen
des joursde deuil; les crisd'allégresse ,
en
des crisfu- néraires.Grand Dieu
îdontlesdécrets sontimpénétrables,de
quel augure sinistre avez-vous frappé lescommence- mens
de cetteunion
,que
vous aviezapprouvée
, puisque rienne
sefait dans leinondeque
parvotreordreou
votre permission? Hélasî tousles présages désastreuxque
notre imagination effrayée pouvoit tirerde
l'horreur des pre- miers joursoù
ces liens ont été formés , ont étésurpassés parl'horreur des derniers quilesontvu
briser.Mais
n'anti- ciponspassur desévénemens
auxquels notre douleurnous ramené
toujours; retardonslemoment où nous
aurons des larmesà verser surlesortdecesinfortunésépoux
; mêlons-les, dans cette circonstance
,à celles qu'ilsversèrent eux-
mêmes
surles malheureusesvictimes qui payèrent de leur viecetempressement
respectable à venir partagrrl'allégressecommune.
Siquelque
chose put calmerl'impression cruelleque nous
fitéprouverun malheur
siimprévu
,cefutdevoirladouleurviveet profonde qu'en témoignèrent
M.
leDau- phin
etMde.
laDauphine
: les vertusdeceux
quisontas- sissurlesTrônes
,etdeceux
qui sont destinés ày
monter, sontlegagedu bonheur
des peuples qui vivent sous leur»loix.
La
sensibilitéque
ceux qui dévoient êtreun
jour nos Souverains, montrèrent dans cet affreuxévénement
; les secours qu'ils s'empressèrent dedonner aux époux
,aux
épouses,aux
parens, plus à plaindre encoreque
lesvic- timesmêmes
, puisqu'ils avoient lemalheur
de leur sur- vivre; l'occupation continuelleoù
ilsfurentdecequipou-
voit adoucircette infortune; le
regret qu'ilsmanifestèrent d'en avoir été l'occasion, portèrent dans tous les coeursla seule consolationdontils fussentsusceptibles.
On
pensaque
le trône deLouis lebien-aimé seroitoccupé par
un
Princenon-seulement
raisonnable et juste; maisbon
et sensible.On
pensaque
la Princesse dont ,pour
ainsi dire, lespre- miersregards avoient étéattristés parune
scène quil'avoit*i vivement
émue
, feroit asseoir sur ce trône la sensibilité et la bienfaisance....Ah
î vous n'avez point été trompés, Vous qui, dès cetteépoque,
avezformé
ce présageconso- lant:Marie-Antoinette Ta
rempli dans touteson étendue, etaux yeux
de l'Europe,quil'aadmiréeetquila regrette;(5
)aux yeux
riela partiesaine dela France, quiïa pleure; àceux même
delapartieimpieetsacrilège,quil'a
immolée
: elleatoujours étésensibleetbienfaisante; et cettebienfai- sance,devenue un
besoin de soname,
toujours renaissantquoique
toujours satisfait, l'avoit déjà fait régner sur tout lescœursFrançois,avantqu'ellerégnâtsurla France.Ici,Messieurs, s'ouvrepourelle
une
nouvelle carrière:Louis le bien-aimé estenlevé à son peuple; nos voeux
ne
peuvent déiourner lamain du
Très-Haut qui le frappe.Un
venin mortel répandu dans les veinesdu
plus ancien desRois,adéfigurécevisageauguste, sur lequel sembloit êtreréunie toutela'majesté des Rois sesaïeux. Cette tête blanchie souslediadème,
tombe
souslafaulxdelamort; efi l'Europe, après avoirdonné
de justes regrets àun Sou-
verainque
soixanteans derègne ,un
caractèrededouceur
et de modération qu'il avoit
montré même
au milieu de ses victoires, luiprésentoientdepuis si long-temscomme
l'objet desavénération
,contempleavec respectlesang des Césars,s'asseyant pour lacinquième fois(*)sur le
Trône de
France? à côtédu
sang de S.Louis.Tout
lemonde
saitque
lenouveau
Roi qui recueilloitcetimmense
héritagede puissance, fut bien moins flatté d'uneélévation à laquelleil n'étoit arrivé
que
surletombeau
d'un aïeul qu'il ché-rissoit,qu'effrayé des devoirs de son
nouveau
rang.On
saitque
cette frayeurlui inspiracecri qui,partide soname
,allaretentirdans celle detous lesFrançois :« Je suisRoi , aet jen'ai
que
vingt ans»!..Ah
!comme
ilregrettaence
mo- ment
ce pèreque
le cieljaloux avoit enlevé à la terre; ce père qui,ayantmûri
par de longuesréflexionsles connois- sances qu'il avoit acquises parde
longues études, auroit portésurletrône touteslesvertus qui fontles saints Rois9 toutes les qualités qui font lesgrands Rois, toutes les lu-mières qui font les Rois'éclairés !
Avec
quelle respectable défiance delui-même
, il se vit chargé de ce fardeau im-mense
! illui auroitparubien plus pesantencore}s'iln'a- voitpenséque
tant de soins seroientadoucis par leschar-mes
,parla tendresse d'une épousepour
quisoncœur
n'a- voit pointdesecrets>avecquiilconcerteraitlesmoyens
les(*)
Eleonore
d'Autriche, seconde femmede FrançoisI.Elizàbeth
d'Autriche,femme de CharlesIX.Anne
d'Autriche,femmede Louis XIII.Marie-Thêrese
d'Autriche,femmede LouisXLV.
Ma
rie-Antoinette
d'Autriche,femme de LouisXVI*
A 3
19)
plus
prompts
etlesplusefficacesde rendreheureux
cepeupledont
ilétoitdevenu
lepore,au bonheur
de qui,étantDau- phin^
iln'avoitpu
contribuerque
par sesvœux. Oui, Mes-
sieurs,lebonhejjr delaFrance, le désir d'ymettrelapre-
mière main
,en diminuant
lesimpôts qu'une longue guerre avoitrendu
nécessaires, tel étoit le sujetdes entretiensde
vos maîtres; et avec quelle vérité, quelle sincérité d'esprit etde cœur
, leRoi
renouvella cevœu
entre les mainsdu
Pontife qui lui
donna
l'Onction Sainte! Hélas ! Messieurs, jene
diraipas parquelle fatalité, (des chrétien?ne con-
noissent pasl'empire delafatalité); mais parquelarrêtsé- vère
du Très-Haut
, cesjoursde
fête pour' toutelaFrance
quiles attendoit,où
alloient être consacrés, souslesyeux
çfel'Eternel
, cesliensqui enchaînentleSouverain
au Peu-
ple, et lePeuple au
Souverain,furent-ils précédés parune de
ces secousses quitroublent la paix intérieure desEm-
pires ,affligentle
cœur
des bons Rois,et suspendent quel- quefois la justiceque
lespeuples leur doivent,en
faisantsoupçonner
leurprévoyance den'êtrepasassezactivepour
leursbesoins?Mon
Dieu! pourquoi, à côté des époques les plus brillantesde laviede LouisXVI
et deMarie-Antoinette,
avez-vous placé des contrastes aussi lugubres?A
peineleflambeau de
leurhymen
étoit-ilallumé?que
vousl'avez enveloppé d'un crêpe funèbre; à peine aviez-vous ceinç leur frontdu
diadème,etdéjà cediadème
a étéobscurciparles
ombres
deladouleur. Vouliez-vousleurfairesentirque
lerangsuprême
exclutlebonheur
bien plusqu'ilne
ledonne?
que
lacouronne que
portent lesRois? n'est leplus souventqu'une couronne
d'épines, qui ensanglante leurs fronts,même en
le décorant, etque
la seulecouronne
quirendheureux ceux
quilaportent, est celledontvous
parez vos élus?Ah
! sans doute (cette confiance nous est permise) , c'estdecettecouronne que
brilleà présentnotre infortunéeReine
r bien plus grande aujourd'hui ,en occupant la der- nière placedansvotreroyaume,
qu'ellene
lefutau moment
îe plus éclatant de son règne , si court et sicruellement terminé. Hélas!
que
de chagrinscruels en ontmême em-
poisonné les instans les plusbrillans! Elle avu
s'éteindre cettelumièrequi avoitguidésesjeunes ans:Marie-Therese,
la gloire de son sexe, le
modèle
des souverains, qui avoit reçu élu ciel toutes lèsleçons>àe l'adversité, etdonné
à la terre toutescellesdu
courageleplus éprouvé, dela sagesse laplus constante, delapiété la plus solide, del'administra- tionlapluséclairée, estdescendue
dans latombe, empor-
tant avec elle les regretsde son peuple, l'admirationde
<7>.
tpus; laissantàses enfans,placéssurles différens
Trônes
de l'Europe, l'exempledeses vertus,etceluide sonGou-
vernement. Cette perte futpour
lecœur
dela Reineune
plaie toujours saignante, et elle
ne
chercha à l'adoucir, qu'en transmettant les vertus de îamère que
le Ciel lui avoitôtée, àla fille qu'jllui avoit donnée.Ah
!lorsqu'elle remercioit laProvidencedu
présent qu'elle lui avoit fait, lorsqu'ellevoyoit sessoinspour
sonéducationpayés par ce succès, la plusdouce
récompense des mères; lorsqu'elle suivoitavecjoieledéveloppementdesqualités qu'ellefaisoit
germer
danssoname
; lorsqu'elle jouissoit de la tendresse decettePrincesseintéressantepour
lesAuteurs deses jours,pouvoit-elle prévoir qu'ellela laisseront entreles mains de ses assassins,
que
lavertu seroitsous la gardedu
vice, lapudeur
et l'innocence entre les mains de l'audace qui brave tout,
du
sacrilègequiviole tout?Que
vousavez étébienplus heureux, jeune enfant,dontles
yeux
fermésàla lumière n'ontvu que
lecommencement
desattentats, par lesquelson
a renversé ce trône qui vous étoit destiné:le Cielvousavoit prévenu desesdons,ilavoitmis dansvotreame
lesplusheureusesdispositions : mais leplusgrandde
ses bienfaitsenvers vous,a étéde vousappeileràlui.
Votre
raison, quidevançoit vos années,vous auroitfaitmesurer
la profondeur de l'abyme
où on
précipitoit ceroyaume
,lepatrimoine devos pères,dontles ruinesseroientaujour- d'huilevôtre.
Quel
cri affreux auroitjetteen vous lana- tureindignée, lorsque vous auriezvu
leglaiveassassin ....Mais
netroublons pointlapaixdontcetenfantjouitdansle sein deDieu
, par l'image des horreurs dontDieu
n'apas vouluqu'il fût le témoin: disonsque
samort
prématurée perça d'untraitmortellecœur
delaReine. Hélas!cecoup, le premier porté à soncœur
maternel , est encore lemoins
cruel qu'ilaitreçu.Le
tems approche,où
ladestinéede
sesenfansqu'ellelaissera sur la terre, lui coûtera bien d'autreslarmes
que
le sortde celui quiena disparu.Iln'estpointdans
mon
sujet,Messieurs,devous peindre lesévénemens successifsquiont agitéleRoyaume pendant
plusieurs années; ces chocsque
la prudencehumaine ne
peut niprévoir niparer,parce qu'ilssont tous lesinstru-mensdeceDieu
qui soulevé et calme les Empiresaveclamême
facilité et lamême
puissancequ'ilsoulevéetcalmeles flots dela mer. LesSagesdu
siècle cherchant l'histoiredu
temsprésentdansl'histoiredu
temspassé,trouveront chez tpuslespeuples lesmêmes
effets produits par lesmêmes
causes;découvrirontle
premier nuage quiproduit ces tem- pêtespolitiques,le premier soulHe de cesvents
impétueux
A 4
(8)
qui
agitent cesflots, dontDieu permet
quelquefois à desmains humaines
d'appaiser lafureur: maisnous
, Ministresde Dieu, nous,
quine voyons que
samain,soitqu'il bâtisse, soit qu'il détruise, soit qu'il élevé, soit qu'il précipite,
nous vous
dironsque
ceDieu annonce
danstous lestems ïa décadence des Etats par des signesassezfrappans,pour qu'on
ait le tems de la préveniren
retournant à lui,en
arrêtant,parun
pieuxetsincèreretour,safoudretoujourssuspendue
par l'attentedu
repentir.Nous
vous dirons :Lorsque
lepoison del'irréligionseglissedans lesespritspar les écrits, danslescoeursparla violationdesmoeurs
publi- ques;quand
les espritsprenantpour une
lumière qui les guide,un météore
quileségare,sepermettentde
jugerce qu'ils doiventrespecter;quand
la raison estdevenue
es-clave despassionsqu'elle devroit maîtriser;
quand
l'audace des discoursaltère lerespectqu'on
doit àDieu
, et àceux
quisur laterre sont ses images :Nations! tremblez, votre dernierjour arrive.Prosternez-vousaux
piedsdel'Eternel;priez-le
de
retenir sonsoufflevengeur: s'il lelaisseéchap- per, l'édificecroule; et ses ruines éparsesattestentbientôt à l'Univers, et la perversité de celui qui l'habitoit, et la justicedu
maîtretout-puissantquil'arenversé.Ce Dieu,
qui avoit permis les malheurs de la France, avoitmis dans l'amedu Roi
le désird'en arrêter le cours.Vous
étiez dans le secret de cetteame bonne
et sensible; vousen
partagiezlesvives sollicitudes; vous
en
receviezlestendres
épancnemens
,ôReine
! dontlecœur
répondoit si"bien
au
sien.Ah!
Messieurs,ceux
qui ontjouidelaconfiance intime de nos maîtres,ceux même
quien
ont abusé, vous diroientque
lemoyen de
rendre àlaFrance la félicitédont
elle étoitprivée,étoit le
but
detoutes leurs recherches, leur occupation de tous lesmomens.
Les sacrifices personnels qu'ils vouloient faire,pour que
tout ce qu'ilsdiminue-
roient de lapompe
attachéeà leurs personnes,refluât sur 3e peuple, leurparoissoient des jouissances; et cetteunion
siconstante
de
sentiment entre leRoi
et laReine
,ne
fut jamaisplus parfaiteque
dansceux
qui avoientpour
objet le soulagementdu
peuple,larenaissancedelaFrance
àdes destinées plus heureuses.C'est aveccette satisfactionqu'ins- pireun
projetconçu pour
lebonheur
deceux
qu'on aime,que
laReine
applauditaux
résolutionsque
prit successi-vement
leRoi
d'appeller les Notables de sonRoyaume;
etenfin d'assembler autour delui les enfans
de
cette familleimmense,
dont il étoit le père,pour
écouter leurs voixplaintives qui auroient
dû
être toujours respectueuses, etpour
ouvrir,de
concert avec eux, toutes lessources delaprospérité qu'il auroit voulu répandre sur le
Royaume, Avec
quel plaisir la Reine voyoitFamé du Roi
jouir decette idée consolatrice,
que
bientôt son peupleseroitheu-
reux.' avec quelle effusion touchante elle
en
parloit àses amis! (car elle en eut,Messieurs; elle en eutpendant sa vie, elleen conserve danssatombe;
etpour
l'honneur de l'humanité,tous
ne
sont pas ingrats.)Hélas! cetteépoque
si hâtée par les voeux
du
maître et des sujets, qui devoit faire lebonheur
de tous, estdevenuecelle dela destruc- tion
de
Fempire qu'elledevoit régénérer;desautels,dontelle devoit revivifier le culte; des moeurs, qu'elle devoit épurer : et la France n'offre plus
aux yeux
de l'univers indigné,qu'un amas
de ruines entasséespar le crime, etun amas
decriminelsdominant
sur des ruines.Orateurévangélique,jen'entrerai point dansle
domaine
de l'histoire : c'est à elle à vousdire par quels degrés le goût des nouveautés, l'esprit d'indépendance, celui plus dangereux encore d'irréligion propagé par des conseillers pervers, aminé
cettepuissanteMonarchie,
qui comptoit quatorze siècles de durée et degloire :c'est à elle à vous apprendrecomment
deshommes
choisispour
rétablir cette vastemachine
appelîéeleGouvernement
,ontprislahache enmain
pouren
briser àlafois touslesressorts,et la fairetomber en
éclats :c'est àelle à vous montrerun
Roi bon, prenant en pitié l'égarement de son peuple , regardantcomme une
erreur de l'esprit ce quiétoit déjàune
scélé- ratessedu cœur,
venantau
milieu de ses enfans égarés, cherchant à lesramener
par lapersuasion et ladouceur
, leur exposant sonvoeupour
la régénération de l'Empire;voeuquin'étoit
que
laréunion detousceuxqu'eux-mêmes
avoient formés, imposant silence à cesfoudresdelaterre,par
lesquelles ilpouvoit punir leur désobéissance,comme Dieu
avoitpuni la témérité desAnges
rebelles : c'est àelle àvousdire les efforts inutilesdes serviteurs fidèlesde leurDieu
et deleurRoi
,pour
s'opposeraux
entreprisesimpiesde
ceux qui dominoient dans cetteassemblée profanatrice,et
ne
se consolerdu malheur
d'être leurscollègues,
que
parletémoignagequ'ils serendoient, de nedevenir jamais leurs complices: c'est àelle àtremperses pinceaux dans le sang, à voustracer les meurtrescommis
dans la capitale, préludesd'attentats encore plus inouis: c'est àelle à vous peindreune
horde impie,marchant
vers le palais de son Roi, profanant l'enceinte sacrée qui le renferme, massa- crant ces gardes fidèles,à quiilavoitbienpu
ordonner de combattrepour
lui, mais qu'ilne
pouvoitempêcher
de mouriràsespieds,
ou
soussesyeux
; c'estàelleàvousdire,( 10 )
que
sanscetordre ércïanédelabontédu
Roi,sanscetordre auquel il est si glorieux d'avoir cédé, puisque ceux qui n'immoloient pasen
se défendant,étoient sûrsd'êtreim-
molésen ne
se défendant pas,cettenuit auroit été la der- nière nuit, si
non
des crimes,du moins
des plusgrandsdes criminels, etque
pendant son cours désastreux, chefs, soldats de cettearmée
sacrilège,ne
se seroient endormisque du sommeil
de la mort.Notre
ministère répugne à tracer ces scènessanglantes:
parmi
tant d'horreurs,]ene
doisvousparler
que
de cellesqui ontfait gémir notreReli- gionsous lescoups qui lui ont été directement portés, et celles dont a été personnellement l'objet l'auguste Reine,aux malheurs
,aux
vertus de laquelle cediscours est con- sacré.Quelle tache horriblej'ai àremplir, Messieurs! etje sens, hélas!que
dans cette strieimmense
desmaux
qu'ellea soufferts,je
ne
suis encore qu'aux premiers.Mon Dieu!
soutenez
mon
courage;donnez -moi
la forcedépeindre
l'épouse demon Roi
, arrachéeau sommeil
par les crisde
sesgardes, qui,
au
prixde leur vie, sauvoient la sienne, ayantàpeineletems d'échapperàlamort,ou
plutôtcou- rant à pas précipitéspour
la chercheraux
pieds de son époux. C'estlà qu'ellevouïoit la recevoir;etelle l'avoit dit cejourmême
àceux
qui l'avoient engagée àpartir,pour
se soustraire àla fureur qui paroissoit dirigée contreelle :« Si lesParisiens viennent ici
pour
m'assassiner, c'estaux
« pieds de
mon
marique
jeleserai;mais jene
fuiraipas »•Ah
! Messieurs,nous
qui cherchons dans l'antiquité desmodèles
de vertu,que
nous trouverionschez noscontem-
porains, sinousvoulionslesy
voir, quelexemple
trouvons-nous
dans l'histoire desfemmes
courageuses cle tous les siècles, d'un pareil héroïsme de l'attachementconjugal?
Ah
! cette, famille auguste, siméconnue
, siindignement
traitée, devoit
donc
offrir à la terre tous les exemplesdu
courage leplusinouique
puissent produiretousles genres d'attachementlesplus dignesdu
respect deshommes
etdes regards de Dieu.Vos cœurs me
devancent,Messieurs, etnomment
cette Princesse, qui, déjà l'héroïnedelaCour
etdu
siècle parses vertus, vient deréaliser, de laisser bien loin d'elle tous lesprodigesd'amour
fraternel qu'apu
en-fanter
l'imagination de tous les siècles.
Vous
n'avez pas permis, ômon Dieu! que
l'augusteElizabeth
s'assît surun Trône
étranger, parceque
vous la réserviezpour
êtrelaconsolation dece
Roi que
yousvouliezpunirdes péchésde
son peuple,pour
répandre quelquebaume
sur lesplaiesdont
il vous a plu de l'affliger.Vous
vouliez qu'elle tintlieu
do
l'épouxqu'elle devoitperdre? àcette
Reine
, dont(
»
)vousn'avez retardé lamort,
que pour
larendre plus serrir blableàcellede votreFils : préservez-la, ômon Dieu
Idu
glaive déjàlevé surelle; laissez
du
moinscettesecondemère
acesorphelins, qui n'ont plusque
vouspour
père :que
le voeuqu'elleforme de rejoindre son frère dans votresein, soit leseulde sesvoeuxque
vous n'exauciez pas!Son ame
est le sanctuaire le plus sacré qui reste à votre Religion dans ce
Royaume, où
ellea étésioutragée!Ah!
Messieurs, quelle langue pourra jamais exprimer, quellebouche
pourra jamais prononcer tous les outrages qu'a reçucetteReligion sainte?Pour
décriretant decala- mités,tant deprofanations, tantdesacrilèges,empruntons
les paroles
du
Prophète Roi, qui semble dans les malheursde
Jérusalem déplorer les nôtres : »Seigneur, les impies ysont entrés dans votre héritage; ils ont souillé votre5?saint temple :
Deus
, venerunt génies in hereditatem,»tuain} po/iuerunt
templum
sanctinn tuum. Ilsont exposé3>les entrailles de vos serviteurs
pour
servir de pâture aux?>oiseaux
du
ciel, et lachairdevosSaintspour
êtredévorée5)par les
animaux
dela terre : Posuerunt morticina servo-v>
rum
ttionnn escas volatitibus cœli, et carnessanctorum3>bestiis terrœ. Ils ont répandu leur sang
comme
de l'eauv dans l'enceinte de Jérusalem, et il
n'y avoit personne
3>pour les ensevelir : Effuderunt
sanguinem eorum
tan-r>
quam aquam
in circuitu Jérusalem, etnon
erat qui3>
sepeliret.
Nous sommes
devenusun
sujet d'opprobreaux
vyeux
de nos voisins,un
objet de mépris pour ceux qui»sont dans le
même
lieuque
nous : Factisumus
oppro-3>
brium
vicinis nostris subsannatio et illasio his qui in3>circuitu nostro sunt».
Fut
-il jamaisune
conformité demalheurs plus parfaite ? Et nous aussi, nous avons
vu
l'héritage
du
Seigneur envahi, ses saints temples souillés;nous
aussi, nous avons vu ruisseler le sang de ses servi- teurs, nous avonsvu
nos Prêtres, nos Pontifes égorgés; îenom
de François estdevenu un
titre de proscription; et nous n'échappons à l'horreurque
cenom
porte avec 3ui,que
par l'intérêtque
nous inspirons.Nous
le méri- tons sans doute, cet intérêt, nous qui, en fuyant notre Patrie, avonsemporté dansnoscoeursl'imagedenotreDieu, celle de notreRoi
;nous le méritons, cet intérêt : et danscombien
decœurs
nel'avons-nous pas trouvé,neletrouvons-nous
pasencoretouslesjours!Puisse notrereconnoissance
nous
acquitterenvers nosbienfaiteurs;et pourrassembleren un
seul tous les voeux qu'elle nous dictepour
eux,que
l'universalité des peuples qui nous ont accueillis, qui ont protégé notre infortuue, se préserve, par
une
vie sainte,(
M)
par des moeurs pures, par sa soumission
aux
îoixrpar
son respectpour
ses Souverains, des calamitésque
les péchésde
la France ontattirées sur elle!Je
ne
suivrai pointlecoursdecescalamités;jen'exposerai pointà vosyeux
Tordre successifdes attentatsparlesquels les dominateurs sanguinairesdecepeuple enivré de fureur etde
fanatisme, prenantlesdésordresdelalicence
pour
les élans delaliberté, séduit par l'espoir d'uneégalité
chimé-
rique, aveuglé parlefantôme
d'une souveraineté dont le poidsdeseschaînes devroitdissiperl'illusion, l'ont conduitde
crimesen
crimes à celui dontilparoissoitleplus éloigné
par
sanature.Le
peupledistinguéparmi
touslespeuplesde
la terrepar son attachementàses Souverains, a
méconnu
tout ce
que
sonRoi
avoit faitpour
lui,aabusé desabonté, a osé forgerdescrimesimaginairesà celuidontildevoit ado- rer lesvertus,arenfermé son maître dans
un
lieuinacces- sibleà tout autre qu'à ceux qui, dans leurs coeurs, étoient déjàsesbourreaux
>aoséinterroger, JugersonRoi.
Ah
îMes-
sieurs,sivousne pouvez
entendresansfrissonnerlerécitde tant d'atrocités, sivousfrémissez d'horreurau
seul tableaude
cruautés dont vosyeux
n'ontpasété les témoins, quelle adonc
étélasituationdelaReine
,compagne
del'infortune,de
laprison de sonépoux
îNe
pas seséparer deluiun mo- ment
,s'attacher à tous sespas, détourner surelle , si elle îe pouvoit, tous les dangers qui lemenacent,
partager le caliced'amertume
dans lequelon
lui fait boire l'humilia- tion goutte à goutte, telle est laseule consolation quilui reste; s'entretenirensemble
deleursmalheurs,demander
àDieu
defairetomber
lebandeau
qui couvre lesyeux de
la
France
aveuglée,puiserrespectivementdans leurs coeurs lecourage dontilsontbesoinpour
supportertantdemaux
,recevoirlescaressesdeleursenfans, leur
donner
des leçons dans leurexemple
, estla plusimposante etlaplus sévère; telles sont lesoccupations qui mêlent quelques douceurs passagères
aux ombres
dela douleur dontils sont entou- rés.Ah
!sans doute leurs coeurs détachés de la terre par l'ingratitude des monstres qui lasouillent ,ne
formoientqu'un vœu
, celui dene
pas se séparer jusqu'au derniermoment
;mourir
ensembleetsouslemême coup
,leurauroitparu
leplus granddesbonheurs. Hélas !celui-làmême
leur serarefusé.Quel moment pour
laReine que
celuioù on
vient arracherleRoi
desesbras! queltourment que
celuid'être dans lemême
lieuque
lui, et dene
lepasvoir; de penserqu'en
ces circonstances douloureuses, il n'a pasun cœur
contre lequelappuielesien! Enfin elle le revoit,illui est rendu. ...Dieu
auroit-ilfaittonner danslecœur
des(
*3)
scélératssavoixterrible? auroit-ilfait
tomber
deleursmainsle glaivehomicide?
Non
: cemoment
est ledernieroù
elleverrasonépoux
;ce sontsestendresetéternelsadieuxqu'ilvient lui dire;lesembrassemensqu'il
donne à
elle,àsa soeur,àsesenfans, sontlesderniers Illesquitte,en
les
recommandant
à ceDieu
auquel safoiluiditqu'ilvase réunir. Ilnelesverra plus L'enferadictél'arrêt; ses suppôtsfont prononcé; la Franceaperdu
son Roi; et le Fils de Saint Louis estmonté
au Ciel.Mon Dieu
!nousest-ilpermis de sonder respectueusementlaprofondeurdevosdécrets?Pourquoiavez- vousvoulu
que
laReinesurvécûtàlamoitiéd'elle-même?
Pourquoi
n'avez- vouspaséteintlaviequiluirestoit, aveccellequ'ellevenoir deperdre?Quatre
ansdedouleurs,d'expiations, desuppli- ces toujours renaissans, ne l'avoient-ilspasassez purifiée?Pouviez-vous voirencore quelques taches dans cette
ame
,que
devertusenvertusvousaviez élevée àlaplusgrande,a la plus difficile detoutes,aupardon
desinjures; danscetteame
noble, généreuseetchrétienne, dont étoitpartie cette réponse sublime, àceux qui osoientl'interrogersur desat- tentats dont elleavoit été letémoin, l'objet, etpresque la victime:« J'ai tout vu,toutentendu :faitout oublié».Après
l'avoircrucifiéedans son époux, vousavezvoululacrucifier dans elle-même.
Vous
avezvouluqu'un
renouvellement de souffrances personnelles luifitdéployerun
couragequ'elletenoitdevous.
Ah
îsansdoute, vousaviez obtenupour
elle.du
Très-Hautcetteforce surnaturelle, vous dontelle avoir, si souvent cherché, découvert, soulagé la misère, images vivantesdenotre
Dieu
crucifié;vous,sur quises
yeux
furent toujours ouvertsdu
haut deson trône; vous, dontsamain
appauvrie danslesjoursdesa détresse,essuyaencorequel- queslarmes, et qui n'êtesjamaissorties de soncœur
lors- qu'elle n'eut plus àvous offrirque
lesvœux
stérilesetles soupirsimpuissansde soncœur
déchiré.Faut-il, Messieurs,
que
jevousconduise dans cette de-meure du
crime,clanscet antreoù
autrefois lesseuls scélé- rats,déjà
condamnés
parleursremordsetparlarenommée
deleursforfaits,venoient attendrel'arrêtqui devoitpurgerla terre et venger leCiel de leur monstrueuse existence? C'estlà
que
lesang des Césars, la fille, lasœur
detantde
Souverains,lafemme
,1amère du
nôtre,languit,renfermée dans
un
cachot, seule avec
Dieu
, letémoin etleprixde
tant de douleurs, n'ayant
pour
soutenir sa vie défaillantequ'un
paingrossier qu'elletrempe de seslarmes, expirante sousle poids deseshumiliations, etsousl'amertumedeses souvenirs; l'ombredesamère
, cellede sonfijs, celles