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Société Psychanalytique de Paris

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Academic year: 2022

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La sublimation

Auteur(s) : Mots clés :

Parmi tous les concepts freudiens, la sublimation est peut-être le plus difficile et le plus contesté, tout en faisant partie de la culture psychanalytique populaire (« je sublime », « il faut sublimer »). La sublimation a donné lieu à des appréciations et des utilisations fort diverses, au point que d’aucuns seraient prêts à l’abandonner n’y voyant qu’une source de confusion et de malentendus.

Comment envisager en effet la désexualisation de la pulsion, qui est l’aspect le plus souvent retenu de la définition freudienne ? Le Que sais-je ? De Sophie de Mijolla consacré à la sublimation reprend le débat depuis le commencement et jusque dans ses prolongements les plus contemporains. La sublimation constitue, on le sait, la quatrième forme possible du destin de la pulsion, dont elle transforme le but et l’objet, leur conférant une valeur morale et sociale supérieure, différant en cela du refoulement.

Quant à la délicate question d’une pulsion « désexualisée » dans la sublimation, Sophie de Mijolla montre que l’exemple princeps de Freud, celui de Léonard da Vinci l’a entraîné sur cette voie.

Evidemment si Picasso avait servi de modèle pour la sublimation, les choses se seraient présentées tout autrement !

La sublimation n’est ni un mécanisme de défense, ni un contre- investissement, mais elle propose une troisième voie, avance Sophie de Mijolla, « qui n’est ni celle de la réalisation pulsionnelle directe ni celle de la défense et qui peut ignorer l’interdit n’ayant plus à s’y confronter » (p. 19).

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La question épineuse de la désexualisation de la libido sublimée fait l’objet d’une étude métapsychologique subtile, qui retrace les chemins complexes de la pensée freudienne, en particulier en articulation avec le narcissisme. Sophie de Mijolla interroge également le rapport inévitable entre sublimation et perversion, mais on aurait aimé plus d’approfondissements de cette piste, qui apparaît de manière criante dans l’art contemporain.

Pour rendre compte de la genèse de la capacité de sublimer, Sophie de Mijolla se réfère à ses propres travaux concernant les mythes magico-sexuels, forme précoce de sublimation.

L’ouvrage est très complet et aborde tous les aspects de la sublimation. C’est pourquoi il n’échappe pas tout à fait au risque que l’auteur lui-même dénonce, à savoir qu’une trop grande extension du concept peut lui fait perdre sa pertinence et sa cohérence.

Beautés et transfert

Auteur(s) : Mots clés :

Bion a dit à plusieurs reprises que le langage est inadéquat pour communiquer et partager l’expérience analytique, parce que le psychanalyste est tributaire d’une expérience qui ne relève pas des sens. « Les réalisations qui sont du domaine du psychanalyste ne peuvent être ni vues ni touchées ; l’angoisse n’a ni forme, ni

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couleur, ni odeur, ni son. » Bion propose alors d’utiliser le terme

“intuit” pour inventer de nouveaux modes d’appréhension du processus psychanalytique.

Il me semble que le très beau texte d’Annie Franck, dont les références théoriques se situent plutôt du côté de Piera Aulagnier et de Maria Torok, propose une modalité de ce que serait une écriture de la psychanalyse. Dans ses échanges avec les patients, l’auteur cherche le langage adéquat pour rendre compte du transfert et ne le trouvant pas dans l’approche habituelle, elle propose un tissage très subtil entre la théorie psychanalytique et les apports esthétiques, multiples et toujours très judicieusement choisis, pour produire une co-création, sous une forme polyphonique. Son texte, son récit pourrait-on dire, se fait en compagnie de deux patients, psychotiques, avec lesquels elle découvre et nous fait découvrir ce qu’elle appelle les beautés du transfert, ces moments de surgissement, ces instants d’un dévoilement saisissant.

On peut regretter que le travail psychanalytique présenté par l’auteur opérant au moyen de l’émerveillement esthétique se fasse au détriment du travail du contre-transfert qui n’est que rapidement évoqué (p. 77-78) et évacué. L’auteur réfute la notion de contre-transfert parce que celui-ci « sous-entend deux espaces psychiques distincts, se répondant certes mutuellement, mais ne tissant pas, trame et chaîne enchevêtrées et croisées, ces moments quasi magiques de l’analyse ». C’est méconnaître les prolongements post-kleiniens, s’appuyant sur la notion d’identification projective qui pulvérise justement les frontières entre les espaces psychiques ainsi que les avancées du côté de Bion ou des Botella qui tentent de théoriser l’enchevêtrement de

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la trame et de la chaîne.

Une autre question qui mériterait plus de développement et de discussion est celle de savoir si le transfert peut être considéré comme un processus sublimatoire au même titre qu’une production artistique (p. 96-97).

Mais ces réserves sont le contrepoint des qualités de l’ouvrage : une écriture de la psychanalyse qui fait entrer le lecteur au cœur du processus psychanalytique par des moyens peu orthodoxes, innovants, créatifs et très personnels. Parcours de patients et parcours d’artistes s’intriquent et se répondent. Les mots interagissent avec des images. Les tableaux sont évoqués pour soutenir l’activité de mise en sens et d’auto-identification. Les paroles de la cure entrent en résonance avec des paroles de poète.

La démarche d’Annie Franck montre à quel point ces cliniques difficiles obligent à recourir aux métaphores et à l’art et elle témoigne aussi de la nécessité d’assurer une présence forte et vivante, au sens ferenczien du terme.

L’enfant au risque du virtuel

Auteur(s) : Mots clés :

Enfin ! Le livre qu’on attendait ! Celui qui traite de la question du

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virtuel dans le champ de la clinique, et avec un point de vue psychanalytique.

Nous en avions bien besoin, nous les cliniciens de l’enfance et de l’adolescence, confrontés tous les jours à ce phénomène révolutionnaire qui modifie fondamentalement les paramètres des rapports entre adultes et enfants. Enfin, le livre qui permet à tous ceux qui s’occupent d’enfants ou de jeunes de sortir des stéréotypes, des erreurs de jugement, des évaluations trompeuses, de la dévalorisation ou de la dramatisation. Enfin, le livre qui donne des clés pour comprendre et analyser les enjeux psychiques considérables engagés par le phénomène d’Internet, qui envahit le domaine de l’enfance et face auquel beaucoup restent réticents, critiques, voire alarmistes.

Le virtuel domine la culture des enfants. Dès lors, n’est-il pas difficile pour un soignant de s’occuper d’un enfant dont il ne partage pas du tout les codes culturels ? Ou pire encore qui rejette et méprise, voire diabolise, ces nouvelles modalités de culture, d’accès au savoir, de communication et de jeu ?

Les trois auteurs nous invitent à prendre la mesure de ce phénomène, partant de trois points de vue différents. Serge Tisseron étudie les ressorts de cette relation, dont il dit qu’elle n’est pas, comme on le dit souvent, une addiction, mais qu’elle se rapproche de l’espace transitionnel, ce qui mériterait peut-être une discussion plus affinée. Il nous montre quelques effets inattendus de l’Internet : par exemple, la sexualité étant de plus en plus montrée et banalisée, la communication virtuelle permet aux jeunes de jouer et de parler sans entrer d’emblée dans une sexualité agie. Au niveau des identifications et des inhibitions aussi, Internet offre des possibilités intéressantes.

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Sylvain Missonnier étudie plus spécialement la virtualisation échographique, dont l’impact n’est pas univoque puisqu’il peut être, selon les situations cliniques, tantôt organisaeur tantôt délétère pour le processus de parentalité. L’image virtuelle de l’échographie comporte des potentialités anticipatrices et élaboratives, ce qui amène l’auteur, contrairement aux idées reçues, à « souligner la vertu matricielle et spécifiquement humaine de la virtualisation ». Missonnier définit la ROV, relation d’objet virtuelle, notion avec laquelle il prolonge et renouvelle, me semble-t-il, l’étude de Monique Bydlovski, en s’aventurant dans l’amont.

Le chapitre de Michael Stora témoigne de son expérience très innovante de l’utilisation du jeu vidéo dans les dispositifs de soins pour les jeunes. Le virtuel devient ici un outil thérapeutique. A la suite de la démarche révolutionnaire et inaugurale de Mélanie Klein qui a postulé que le jeu était l’équivalent du rêve, ce qui a ouvert le champ de la psychanalyse de l’enfant, Stora envisage et utilise le jeu vidéo comme une nouvelle forme de médiation thérapeutique.

Le grand intérêt de ce livre est de procéder à une analyse du virtuel en termes métapsychologiques, c’est-à-dire de sortir le virtuel de l’extra-territorialité dans lequel le rejettent beaucoup de psychanalystes, pour lui donner un statut dans le corpus – méthodologique et théorique – de la psychanalyse.

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Le concept d’enveloppe psychique

Auteur(s) : Mots clés :

L’excellente petite collection « Concept-psy » s’adresse en principe plutôt à des étudiants, mais tout psychanalyste, psychologue, clinicien, aussi savant soit-il, peut y trouver son compte. Ainsi en est-il par exemple pour le dernier ouvrage de Didier Houzel, où celui-ci expose, avec son talent pédagogique habituel, le concept d’enveloppe psychique. C’est un concept émergeant depuis quelques années, qui se développe considérablement, d’autant plus qu’il éclaire les nouvelles cliniques qui préoccupent les psychologues : états-limites, problématiques narcissiques, mécanismes autistiques…

D. Houzel donne à ce concept des extensions parfois inattendues et toujours enrichissantes : du côté des mathématiques, mais surtout du côté de la dynamique, puisque l’enveloppe n’est pas un récipient statique, mais plutôt un objet transformationnel, ou encore du côté des sciences ou de la philosophie. Avec l’enveloppe psychique on aborde une psychologie intersubjective et non seulement intrapsychique, puisque cette notion peut s’appliquer aussi bien à l’individu, au groupe qu’à l’institution.

Si le concept d’enveloppe psychique appartient à la psychanalyse contemporaine, celle qui déplace l’investigation du contenu vers le contenant, Houzel le resitue cependant, dans le développement de la pensée freudienne et post-freudienne, depuis les sources

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freudiennes, du côté de l’ « Esquisse », puis de la notion fondamentale et fondatrice de l’identification projective énoncée par Mélanie Klein, développée et prolongée par Bion, qui donne au concept d’enveloppe psychique son statut de fonction contenante, jusqu’aux recherches les plus récentes, celles de Didier Houzel sur les angoisses tourbillonnaires dans l’autisme et la notion d’enveloppe élargie dans les institutions, ou celles de Geneviève Haag sur les boucles en retour, ou encore l’enveloppe visuelle de Guy Lavallée.

L’approche de Didier Houzel est pluridisciplinaire et multifactorielle, conjuguant habilement la clinique et les concepts théoriques issus de différentes domaines scientifiques, parfois très ardus, que l’auteur expose avec la compétence didactique qui fait la qualité de tous ses écrits.

Les frontières, les limites, les interfaces sont les éléments qui constituent les modèles scientifiques contemporains. Dans cette étude très complète, Didier Houzel montre à quel point l’enveloppe psychique est un concept très fécond qui permet d’inscrire la psychanalyse dans la modernité.

Un psychiatre dans le siècle.

Rencontre avec Roger

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Gentis

Auteur(s) : Mots clés :

Ce livre est une promenade. Une promenade qui mène le lecteur par des chemins peu conventionnels – « je suis toujours plutôt du côté de l’hétérodoxie », dit Gentis –, à travers l’histoire de la psychiatrie et de la psychothérapie institutionnelle. Au cours de cette promenade, nous rencontrons non seulement Roger Gentis, dont nous découvrons au fil des pages l’originalité et la richesse de la pensée, mais encore Tosquelles, Oury, Reich, « les » Mannoni, etc., ainsi que des lieux comme Saint Alban et le Treizième. C’est une histoire vivante. Gentis se souvient, avec l’aide toujours pertinente de Patrick Faugeras. Il faut lire l’étonnante évocation de Salomon Resnik à Sainte Anne : « Dans une espèce de cage au lions, comme Daniel, avec six grands schizophrènes catatoniques, mutiques, leur baragouinant des choses absolument incompréhensibles, d’une part parce qu’il parlait un sabir hispano-anglo-français, d’autre part parce que c’étaient des interprétations kleiniennes plus que directes, au bazooka… Au bout d’un quart d’heure, tout le monde parlait ! A tort et à travers, mais tout le monde parlait ! »

Ceux qui ont connu ces années-là retrouveront l’effervescence et la créativité qui marquaient la vie institutionnelle et l’approche de la psychose pendant cette période, dont on peut avoir, étant donné l’état sinistré de la psychiatrie actuelle, une certaine nostalgie…

Il s’égit en effet essentiellement d’une clinique de la folie et d’une histoire de celle-ci dans ses aspects les plus innovants.

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« La clinique suppose, simultanément à l’engagement dans une pratique, une mise en question permanente et radicale de ses propres conditions de possibilité », comme le formule dans son avant-prpos Patrick Faugeras, qui a été l’initiateur de ce troisième volume de l’excellente collection « Rencontre avec… », où il avait déjà publié la remarquable rencontre avec Gaetano Benedetti (L’expérience de la psychose).

L’entretien est suivi d’un glossaire très riche en informations sur les personnes, les pratiques et les institutions évoquées dans le texte, ainsi que d’une bibliographie raisonnée, où l’on retrouve les deux ouvrages principaux qui ont fait connaître Gentis et ont eu un impact considérable, aujourd’hui peut-être un peu oubliés : Les Murs de l’Asile (1970), et les Leçons du corps (1980).

Le volume se termine par un très beau texte de Roger Gentis où l’on trouve un homme poète, inquiet dans « l’après-cooup » face au « miroir de l’entretien ». Un homme toujours questionnant : « Comment peut-on ne pas être psychotique ? Telle est la question»

est la dernière phrase du livre.

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