Manifestation de Barcelone : pas une pancarte contre l’islamisme
No tinc por.
C’est le slogan traduit en 15 langues que l’on a pu lire samedi dans le cortège de la manifestation qui a rassemblé à Barcelone un demi-million de personnes selon les sources officielles, du Paseo de Gràcia jusqu’à la Place de Catalogne.
Je n’ai pas peur, disent fièrement les Catalans.
Et il y a, sans aucun doute, tout lieu de le regretter.
Ce slogan qui ne vaut pas mieux que nos Je suis Charlie est un exemple criant de régression infantile équivalent du Même pas mal des mômes qui s’écorchent les genoux dans la cour de
récré. No tinc por, telle est l’affligeante réponse que les Catalans, comme l’ensemble des Européens, opposent à la guerre sans merci que l’on nous livre.
Nous avons vu nous aussi des consommateurs à la terrasse des cafés parisiens au lendemain des attentats de novembre 2016.
Si nous avons peur, ils auront gagné, disaient ces valeureux résistants qui transformaient le souci de préserver leurs habitudes et leur petit confort en actes héroïques.
No tinc por !
No tinc por ! Bè, ho hauria de fer, (hé bien tu devrais) aurait-on pu rétorquer à ces – on ne peut décemment pas parler de matamores – à ces faux braves.
Dire que l’on n’a pas peur, c’est comme prendre un antalgique qui en calmant la douleur en masque la cause.
Cela prouve aussi qu’on nous livre une drôle de guerre où l’ennemi se camoufle, s’infiltre, utilise tous les moyens sauf les moyens conventionnels. On n’a pas peur des attentats de la même manière que l’on n’a pas peur des accidents de la route, sauf après que l’on en a vécus.
Il faudrait avoir peur au contraire. Car la peur prouverait qu’on a conscience du danger et serait le facteur déclenchant la montée d’adrénaline qui transcenderait cette peur en courage pour se battre.
Hélas, on a peur, mais dans le mauvais sens du terme.
Victimes de terrorisme, nous sommes effectivement terrorisés.
Terrorisés de nommer l’ennemi, terrorisés de montrer notre colère, n’ayant comme seul exutoire que des rites d’apaisement. De nombreuses pancartes arboraient le mot paix PAU en blanc sur fond bleu et exigeaient l’arrêt du trafic d’armes ; les policiers tenaient à la main des bouquets de roses aux couleurs de Barcelone. Curieux, ce goût des victimes pour la mise en scène, de leurs propres morts,
pourrait-on dire pour paraphraser Audiard.
La preuve que l’on a peur est que l’on pactise avec l’ennemi pour faire ami-ami afin qu’il nous épargne. On se souvient de ce père d’un enfant de trois ans tué par les djihadistes embrasser un imam sur la place publique. Et ce n’est pas un cas isolé. Nous avons les mêmes chez nous.
C’est pour cette même raison que l’on a pu voir samedi aux côtés du Roi Philippe VI et du Maire de Barcelone, deux jeunes musulmanes dûment voilées. Les officiels avaient voulu manifester aux côtés de jeunes de toutes religions – mais curieusement on ne voit que des musulmanes – ont choisi de le faire aux côtés de jeunes filles à l’attitude candide et sage.
Plus photogéniques que des musulmans aux visages rugueux, barbus et en kamis.
Ailleurs dans le cortège, les musulmanes arboraient des pancartes, petits chefs d’œuvre de déni :
No en mi nombre (Pas en mon nom) Islam is paz (l’islam c’est la paix) ou d’inversion orwellienne :
La mejor respuesta : la paz (la meilleure réponse : la paix) No a islamofobia (non à l’islamophobie).
C u r i e u s e m e n t , o n n e v o i t p a s d e m u s u l m a n s d a n s l a manifestation.
En fait, cette manifestation de braves aura réussi l’exploit de ne jamais déclarer qu’il s’agissait d’une manifestation anti-terroriste et encore moins d’anti-terrorisme islamique.
Les seules pancartes y faisant référence étaient brandies par des musulmanes, mais pour nier que ce terrorisme ait quelque chose à voir avec l’Islam.
Somos musulmanos no terroristas (Nous sommes musulmans, pas terroristes)
El terrorismo no tiene religion (Le terrorisme n’a pas de religion).
Dans cette logique, l’une des prises de parole fut celle de Miriam Hatibi, membre de l’association Ibn Battuta, fondée par Mohamed Chaïk Ahhdim, dont le siège est à Barcelone. Il s’agit d’une association à but non lucratif qui a pour but de favoriser les liens culturels et sociaux entre les pays arabes et l’Europe et d’apporter un soutien social, éducatif, et de travail, aux jeunes issus de la diversité, afin de lutter contre le racisme, la discrimination et faire que tous se sentent citoyens de plein droit.
Si la manifestation n’était pas contre le terrorisme islamiste, il était facile de voir contre quoi elle était.
Le roi Philippe VI et le Premier ministre Rajoy qui ont été copieusement sifflés. Accusés d’être complices des trafiquants d’armes, d’entretenir des liens avec les pays à l’origine du radicalisme islamique, d’être engagés dans des guerres qui ont favorisé la propagation du terrorisme et l’interprétation radicale de l’Islam. Donc, le terrorisme est un dommage collatéral des politiques européennes. Rien à voir avec l’Islam. On connaît la chanson.
Les drapeaux espagnols distribués par le Partido Popular ont été retrouvés dans les poubelles. Un manifestant porteur d’un drapeau espagnol et d’une pancarte remerciant le Roi de sa présence a dû être exfiltré de la manifestation par les Mossos d’Esquadra. Et si les musulmans brillaient par leur absence, les drapeaux catalans indépendantistes, eux, étaient à foison.
En fait, il ne s’agissait pas d’une manifestation contre le terrorisme islamique, à peine contre le terrorisme tout court dont le responsable est de toute façon l’Occident et lui seul,
mais d’une manifestation indépendantiste. L’Espagne ! Voilà l’ennemi à abattre.
La Catalogne a montré hier qu’elle est en bonne voie d’islamisation consentante. D’ailleurs, dans sa vidéo de revendication des attentats de Catalogne, l’EI a clairement indiqué revendiquer le territoire d’Al-Andalus.
Merci aux mânes des vrais indépendantistes qu’ont été Charles Martel, Olivier, Charlemagne, le Cid Campeador, Isabelle la Catholique. Les indépendantistes en peau de lapin catalans se défont d’un joug imaginaire pour se jeter sous un autre bien réel.
No tinc por !
No tens memoria !! ( La traduction n’est pas nécessaire).
Florence Labbé