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L'EFFERVESCENT MARÉCHAL DE SAINT-ARNAUD

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L'EFFERVESCENT

MARÉCHAL

DE SAINT-ARNAUD

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DU MÊME AUTEUR : L'OPÉRATION INDOCHINE

(Éditions Internationales)

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JACQUES DINFREVILLE

L'EFFERVESCENT

MARÉCHAL

DE SAINT-ARNAUD

Algérie 1840 Algérie 1960

Les Editions du Scorpion

Jean d'Halluin, Editeur - 1, Rue Lobineau - Paris (6

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IL A ÉTÉ TIRÉ DE CET OUVRAGE VINGT EXEMPLAIRES SUR ALFA-MOUSSE NUMÉROTÉS

DE 1 A 20

© by « Editions du Scorpion » 1960.

Tous droits réservés pour tous pays

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« Au reste je tiens qu'il vaut mieux être impé- tueux que circonspect, parce que la Fortune est une femme, de qui l'on ne saurait venir à bout, qu'on ne la batte et qu'on ne la tourmente. Et l'on voit par expérience qu'elle est toujours amie des jeunes gens, parce qu'ils sont moins circonspects, plus violents et plus hardis. »

MACHIAVEL (LE PRINCE)

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L'ALGÉRIE AU TEMPS

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DE SAINT-ARNAUD

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AVANT-PROPOS

« Il faut qu'elle soit bien forte cette pauvre France, pour avoir résisté à la folie, à l'aveuglement de tous les intrigants qui l'ont exploitée. »

Cette boutade figure dans une lettre adressée d'Al- ger en 1849, à son frère, par Arnaud-Jacques, dit Achille, Leroy de Saint-Arnaud, alors général de bri- gade, commandant la subdivision d'Alger.

Cent ans après — nos jeunes Africains partagent encore cette opinion de leur ancien et écrivent à leur famille sur le même ton que lui. Pourtant la plupart d'entre eux ignorent les liens et les affinités qui les unissent au Maréchal de Saint-Arnaud. C'est de cet ancêtre que leur vient l'atavisme de la colère, de même qu'ils tiennent de Lyautey celui de la charité. Ce sont là les deux caractéristiques essentielles de l'homme et du soldat. Sans l'indignation et sans la clémence, le héros n'a point d'humanité.

S'ils l'avaient connu, comme ils auraient aimé Saint-Arnaud, tous ces jeunes hommes, qui ont som- bré, pour sauver notre honneur, dans les eaux glau- ques de la mort et nous ont laissé derrière eux, brisés et parfois désemparés ! N'était-il pas le fils spirituel de Saint-Arnaud, notre cher Claude Barrès, « le héros révolté », lui qui notait pour ce livre qu'il proje- tait d'écrire en 1947 : « Je ne demande pas de préface.

Je n'en veux point. C'est un cri qui monte, un cri d'in- compréhension et de rage. Je le dédie à ceux qui sont solitaires. »

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Tandis que l'armée française continue la pacifica- tion de l'Algérie et contribue à restaurer l'autorité de l'Etat dans l'esprit du 13 Mai 1958, il nous est apparu utile de rappeler le souvenir d'un soldat, qui a joué un rôle essentiel tant dans la conquête de l'Algérie, que dans le rétablissement de l'ordre en France après 1851.

Les événements récents ont une fois de plus mis en lumière la grandeur et la servitude de l'armée française. Que fût-il advenu si celle-ci n'avait pas accompli cette fois encore sa tâche avec dévouement, abnégation, discipline, intelligence et cœur ?

Les blés qui levaient en Algérie après les journées des 13 et 15 Mai 1958 ont été piétinés par des sourds et des aveugles. Le dimanche 24 Janvier 1960, sur le plateau des Glières, des provocateurs ont porté un coup de Jarnac à la France (l'Histoire dira d'où ils venaient et à qui aura servi leur mauvaise action). Les patriotes algériens et les défenseurs de l'ordre se sont affrontés dans un combat fratricide et le sang a coulé.

Cette atmosphère de tragédie grecque — où le chœur dans ses plaintes et ses imprécations exprime la voix de la foule — peut, sinon se justifier, du moins s'expli- quer par maints faits connus du public : la décision du Chef de l'Etat de demander aux Algériens de voter à nouveau afin de proclamer leur attachement à la Patrie, l'abandon temporaire, inclus dans le principe de l'autodétermination, du droit des départements algériens à être des départements français à part entière, l'étrange mise à l'écart des élus algériens, les tractations chroniques en vue d'un cessez-le-feu,

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engagées avec les fellagha sur notre constante initia- tive, à l'échelon gouvernemental et non par le com- mandement local, le pardon offert aux rebelles sans leur assigner une date limite pour leur soumission, les mutations continuelles de nos chefs militaires en Algérie, les faiblesses des pouvoirs publics vis-à-vis des séparatistes, le choix, pour maints postes impor- tants de l'Etat, de partisans avérés d'une solution anti- française en Algérie et enfin les propos trop souvent prêtés par une presse aveulie au Général de Gaulle lui-même, marquant des préférences pour la création d'une République Algérienne indépendante dans le cadre d'une Communauté encore instable.

Une politique ambiguë est toujours génératrice de troubles et de défaillances. La guerre subversive et le terrorisme s'éternisent en Algérie, faute du choix accéléré de solutions appropriées, tant dans l'ordre social, agraire et judiciaire que dans le domaine mili- taire, où nos moyens matériels restent insuffisants et peu adaptés à une rébellion au dispositif de voie lac- tée. Il faut le reconnaître, le climat du moment porte au doute, sinon à l'inquiétude et à l'angoisse. Raison de plus pour intensifier la propagande, pour redoubler d'efforts en vue d'obtenir que l'Algérie, à la suite du référendum prévu par la déclaration du 16 Septembre 1959, demeure française — suivant le souhait exprimé par le Général de Gaulle. Ce livre peut apporter sa contribution modeste à ce grand œuvre.

Qu'importe si les prétendus gardiens de nos liber- tés démocratiques et leurs compagnons progressistes plus ou moins conscients, trouvent là un prétexte à

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agiter le spectre de la dictature et une nouvelle occa- sion de traiter de factieux les défenseurs de la Patrie.

Libre à eux de se perdre dans les méandres du cours de l'Histoire, dont, chacun le sait, seules leurs cer- velles futuristes connaissent le sens irréversible.

Quant à nous, nous préférons des sources claires et reconnues ; même si nous les entendons sourdre et bouillonner derrière nous, leur voix nous encourage à persévérer dans notre tâche.

Nos camarades, que leurs responsabilités en Algé- rie privent du temps nécessaire à de longues lec- tures, trouveront dans ces quelques pages un aperçu de la correspondance que le Maréchal de Saint-Arnaud a entretenue avec sa famille, durant son long séjour en Afrique. Celle-ci n'est que le fragment d'un ensem- ble plus vaste qui embrasse toute la vie du Maréchal

— sujet que Quatrelles l'Epine a traité en deux volu- mes (1). Ce dernier, comme nous-mêmes, a eu pour source principale : « Les lettres du Maréchal de Saint- Arnaud » (2).

Beaucoup de ces lettres, pour des raisons d'oppor- tunité politique ou de simple convenance, avaient été l'objet de coupures ou de retouches de la part de son frère, Adolphe de Saint-Arnaud. Grâce à un petit- neveu du Maréchal, M. Daniel Maître, qui vient de mourir, nous avons pu rétablir, d'après les lettres ori- (1) Le Maréchal de Saint-Arnaud, d'après sa corres- pondance et des documents inédits, par Quatrelles l'Epine, Librairie Plon, 1929.

(2) Les lettres du Maréchal de Saint-Arnaud, Michel Lévy, 1855.

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ginales qu'il nous a communiquées, bien des passa- ges incomplets. Nous conservons la plus grande grati- tude à ce pieux gardien de nombreux souvenirs de Saint-Arnaud.

La plupart des lettres du Maréchal, écrites il y a plus de cent ans, renferment quelques parcelles d'actualité et constituent des témoignages de premier ordre, probablement les meilleurs que l'on possède, sur un moment de l'Histoire, qui présente des ana- logies avec celui que nous vivons. Ce n'est pas une raison suffisante pour insinuer que les personnages que nous avons remis en scène, d'après la correspon- dance du Maréchal, sont des portraits de nos contem- porains : l'Histoire n'est pas un roman à clefs.

En tous cas, tous ceux que la passion n'abuse pas, devront le reconnaitre, en lisant ces extraits d'une correspondance adressée au jour le jour à des fami- liers, ce Maréchal, qui servit de cible à l'auteur des

« Châtiments », ne joue jamais le rôle d'un proconsul.

Après avoir tant souhaité l'être, il ne fût pas gouver- neur général de l'Algérie ; à la suite du succès du coup d'état, Napoléon nomma à ce poste Randon, celui-là même qui avait refusé de s'associer à la pré- paration du 2 Décembre 1851 !

Pour ne pas en affaiblir la valeur, nous avons laissé souvent les témoignages de Saint-Arnaud in extenso avec leurs acidités et leurs âpretés de fruits d'Afri- que : c'est cette acidité même qui nous a plu.

Nous n'avons pas voulu écrire une vie complète et chronologique du Maréchal de Saint-Arnaud, mais éclairer notre personnage au soleil d'Afrique, attirer

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l'attention sur les années qu'il a passées en Algérie, celles qui ont constitué le centre de gravité de sa vie, l'ont marqué, façonné pour toujours. Cette lumière brutale et crue, qui fait flageoler les jambes, affluer le sang au cerveau, mûrir trop vite fruits et femmes, germer les mirages, les politiques doivent, sinon la proscrire, du moins s'en méfier. Les soldats au con- traire en ont besoin : on ne fait pas la guerre dans le brouillard. Qu'on se rappelle le soleil d'Austerlitz, symbole du triomphe napoléonien et cet atroce mois de mai 40, « Hitlers Wetter »...

Certains nous feront grief de ne pas avoir celé les lettres de Saint-Arnaud qui donnent toute leur place aux réalités cruelles de la guerilla et de sa parade : la contre-guerilla. Boris Pasternak, dans le « Docteur Jivago » a lui aussi mis en relief les horreurs de la guerre de partisans... Nos arrière-grands parents ont connu la chouannerie normande, subi les rigueurs d'une sauvage répression jacobine, menée sous le pré- texte de sauvegarder l'unité française. L'un d'entre eux, à 16 ans, fut condamné à mort pour avoir accom- pagné Georges Cadoudal, entre deux refuges, sur la route de Paris, avant l'attentat contre le Premier Con- sul. Et pourtant, malgré ces souvenirs, encore tout chauds, au moment où s'ouvre l'ère atomique, au regard de la guerre « presse-boutons », un mode de combat, qui laisse à chacun la possibilité de défen- dre sa chance, conserve pour nous un certain carac- tère d'humanité, qu'il n'y a pas lieu de mettre sous le manteau : l'homme, et non la machine, demeure le moteur de la guerilla.

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Est-il nécessaire d'ajouter que les témoignages de Saint-Arnaud, qui peuvent nous aider à poser le pro- blème algérien sur ses assises permanentes, le milieu géographique et historique, le Maghreb, l'Islam, l'Ar- mée française, ne fournissent pas de recettes pour le résoudre, alors que l'Algérie moderne est peuplée de dix millions d'habitants, souffre du grand fléau de la clochardisation, va devenir l'exutoire du pétrole saha- rien, constitue le champ clos où s'affrontent l'occiden- talisme chrétien et la coalition de Bandoeng ?

S'il fut parfois un précurseur, Saint-Arnaud est né en 1798, pendant la Révolution Française. Les sou- venirs de l'épopée napoléonienne ne le prédisposaient pas à une longue campagne de pacification. Il n'a pu, sur les pas de son maître Bugeaud, qu'en esquisser la méthode. Il a compris l'importance de la mise en valeur d'un sol ingrat, été un grand constructeur de routes, sû rendre la justice, et de prime abord asso- cier les tribus arabes ou kabyles à son œuvre de paci- fication ; mais le rôle du médecin et de l'école lui a échappé.

Quant à la guerre psychologique, comment Saint- Arnaud aurait-il pu en pressentir tous les développe- ments, alors que certains de nos chefs en contestent encore la primauté ? Seuls nos cadres qui ont com- battu aux confins de la Chine, et connu les camps de prisonniers Viet-Minh ont été à même d'évaluer les chances de la guerre subversive. Grâce au ciel, l'ar- mée française, qui combat actuellement en Algérie, n'est pas celle de 1840. Elle a tiré les leçons de la termitière, sans adopter ses servitudes inhumaines.

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Sa communauté vivante et libre — au service de l'Etat — comprend, non plus seulement des vétérans, mais aussi des appelés ; ses cadres de réserve lui donnent des échos dans les profondeurs du pays. Ce fait rend peut-être son moral plus sensible, mais con- fère à son action une efficacité plus durable.

Que la certitude d'être écoutés et suivis récon- forte nos jeunes Africains, allège les servitudes, les peines et les angoisses du combat harassant qu'ils mènent en Algérie depuis cinq ans. Nous n'avons jamais cessé de penser à eux, en écrivant, et nous leur dédions ce petit livre qui leur rappellera la nais- sance de l'Armée d'Afrique dans une douleur sancti- fiante. Puissent-ils y trouver des exemples de cou- rage, des leçons de philosophie et des conseils de prudence aussi, car les plus virulentes indignations, qui écument et épurent une juste colère, se calment au contact glacé des réalités humaines, dont le temps permet mieux de juger la permanence. Les jeunes animateurs de notre armée d'Afrique d'aujourd'hui, s'ils savent fouler aux pieds les raisins de leur colère pour en extraire le vin, auront droit à leur tour à l'ordre du jour que le vieux Bugeaud — dont Saint- Arnaud fut le disciple passionné et furieux — adres- sait au moment de son départ d'Algérie, le 5 Juin 1847, à ceux qui ont installé la France au-delà de la Méditerranée : « Officiers, sous-officiers et soldats de l'Armée d'Afrique, comment me séparer de vous sans éprouver de profonds regrets. Vous n'avez cessé de m'honorer pendant six ans et demi d'une confiance qui faisait ma force et la vôtre. C'est cette union entre

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le chef et les troupiers qui rend les armées capables de faire de grandes choses. Vous les avez faites.

« Vous avez trouvé glorieux de savoir manier, tour à tour, les armes et les instruments de travail ; vous avez fondé presque toutes les routes qui exis- tent ; vous avez construit des ponts et une multitude d'édifices militaires ; vous avez créé des villages et des fermes pour les civils ; vous avez défriché les ter- res des cultivateurs trop faibles pour les défricher eux- mêmes ; vous avez semé des champs, et vous les avez récoltés. Vous avez montré par là que vous êtes dignes d'avoir une bonne part dans le sol conquis, et que vous sauriez aussi bien le cultiver que le faire respec- ter de ses ennemis.

« Il est des armées qui ont pu inscrire dans les annales des batailles plus mémorables que les nôtres ; il n'en est aucune qui ait livré plus de combats, ni exécuté plus de travaux. »

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I LA CARRIERE

Loin de nous la pensée de transformer un grand serviteur de l'Armée et de l'Etat en figure de proue.

Il lui a suffi d'être de ces arbres qui deviennent le corps du navire, après avoir été le cœur de la forêt, dédaignant d'attirer l'œil dans les jardins publics, où les racines baignent dans les égoûts de la ville.

Nommé ministre de la Guerre en Octobre 1851 par le Prince-Président, et promu Maréchal de France au moment du rétablissement de l'Empire, Saint- Arnaud ne dut ni son poste ni son bâton à l'intrigue et au favoritisme. Chargé à la veille du 2 Décembre de la préparation des mesures militaires qui devaient assurer le succès du coup d'état, il s'acquitta de cette mission avec habileté, fermeté et discrétion, en évi- tant à Paris de nouvelles hécatombes dans la rue.

Comme ministre, il sut rétablir l'autorité et la disci- pline, ébranlées dans l'Armée depuis 1848, réorganisa les troupes d'Afrique et améliora la condition du sol- dat. Qui se souvient qu'il donna à chaque homme un lit, une gamelle et du linge propre ? Il connaissait le soldat pour avoir peiné à ses côtés durant toute sa carrière : il sortait du rang.

Entré dans l'armée en 1814, à l'âge de 15 ans et demi, puis admis à 17 ans aux Gardes du Corps du Roi en 1815, Saint-Arnaud est mort au lendemain de la victoire de l'Alma, qu'il avait remportée le 20 Sep-

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tembre 1854 sur les Russes du Prince Menschikoff, à la tête de l'armée d'Orient, composée de grandes uni- tés françaises, anglaises et turques. Cette bataille dans laquelle plus de cent vingt mille hommes ont été engagés fut la seule de sa vie, le couronnement d'une carrière vouée à la guerilla.

Volontaire en 1822 pour servir les insurgés grecs, Saint-Arnaud a combattu en 1831, comme sous-lieute- nant au 64° de ligne, les derniers chouans, ceux de la Duchesse de Berry. Le 24 février 1848, en congé à Paris, il reçut le commandement d'une brigade qui, malgré ses efforts, se débanda Place de l'Hôtel de Ville. Et surtout il a servi en Algérie, treize ans, qu'il appelle lui-même « son éternité ». Le mot en dit long, gueulé par une telle bouche ! Sauf Taguin (l'enlève- ment de la smalah d'Abd-el-Kader) et l'Isly, connaît- on un engagement notable, auquel cet incurable malade n'ait pas pris part ? Légionnaire, il monte à l'assaut de Constantine (13 Octobre 1837). Aux zoua- ves, il est au débarquement de Djidjelli (1839), à l'en- lèvement du col de Mouzaïa (1840), à la prise de Milia- na, de Takedempt et de Mascara (1841). Bugeaud, dont il avait été l'aide de camp, à Blaye, durant la captivité de la duchesse de Berry, et qui sera son patron, suivant le terme militaire consacré, nomme Saint-Arnaud commandant supérieur de Miliana (1842), dès que celui-ci a été promu lieutenant colo- nel au 53° de ligne, puis commandant de la subdivi- sion d'Orléansville (1844). Saint-Arnaud conserve alors le commandement du 53°, après sa promotion au grade de colonel, et soumet les Dahra (1845).

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Promu maréchal de camp en 1847, il prend l'année suivante le commandement de la subdivision de Mos- taganem, puis celle d'Alger (1848). Commandant supé- rieur de la province de Constantine (1850), il dirige l'expédition de l'Aurès et des Nementchas, puis sou- met la Petite Kabylie (1851). Général de division le 26 Juillet 1851.

Tous les grades conquis au combat, de capitaine à général de division inclus ; dix citations à l'ordre de l'armée ; « la croix d'argent », « la croix d'or », « le collier rouge » pour faits de guerre.

En présence de tels états de service, lui-même par- fois croit rêver : « Comme les événements ont mar- ché ! écrit-il à son frère le 21 Mars 1851. Qui m'eût dit en 1837, le 13 Octobre, quand je montais à l'as- saut de Constantine, où j'entrais par la brêche, que douze ans plus tard, je passerais sous la porte comme chef de la province ! »

Une pluie d'honneurs tomba ultérieurement et par surcroît sur Saint-Arnaud : Grand-Croix, médaillé militaire, président du conseil général de la Gironde, sénateur, grand écuyer de l'Empereur. On s'étonne que le Maréchal n'ait pas été académicien ! Ses lettres Je méritaient. Cette moisson de lauriers ne nous inté- resse guère. Elle est du ressort, moins de la valeur militaire que de la politique : les régimes dont les assises sont flottantes, éprouvent le besoin de mettre leurs vaisseaux au grand pavois, comme si cela chan- geait quelque chose au principe d'Archimède !

L'homme était de taille à supporter les faveurs du nouveau régime, sans que sa personnalité vacille.

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II L'HOMME

Sa correspondance donne de lui-même un très bon portrait, qu'il trace, par retouches successives, avec franchise, sans le moindre embarras.

L'élément passionnel domine, on le remarquera.

Dans la formation militaire, le cœur bien sûr est à l'avant garde ; la raison — « la philosophie » — net- tement en deuxième échelon. Et l'homme bivouaque rarement... Le mouvement, on le sent, s'impose à cette nature — équilibrée cependant. Il lui faut un ciel d'orage pour être en pleine valeur. Achille de Saint- Arnaud — car il s'était lui-même donné ce prénom en ébullition — appartient à son siècle, celui du romantisme. Le portrait n'a rien d'un Hyacinthe Rigaud ou d'un Jean-Baptiste Van Loo : il pourrait être signé Delacroix, et certaine facture annonce déjà les impressionnistes.

Avait-il été consulter l'astrologue et savait-il que, né sous le signe du Lion, fils du Soleil, il pouvait sui- vre sa vocation avec force, autorité, plénitude, dis- cipline, conscience morale porté sur l'aile de la lumière ? On le croirait puisqu'il écrit d'emblée :

« La sagesse n'est pas donnée à tout le monde ; je suis arrivé tard à l'appel, quand on la distribuait.

On a beau dire, cela dépend beaucoup du tempéra- ment. On naît souvent sage, comme on naît peintre ou rôtisseur, moi, je suis né troupier fini... avec beau-

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EXTRAIT DU CATALOGUE BORIS SIMON Sources de Force Intérieure

DESCAMPS DE BRAGELONGUE Crise de l'Occident et Société Chrétienne

R. P. A. BERNARD Esquisse d'une Philosophie

de l'Esprit

JACQUES SARTOIS Les Crises Economiques

FERNAND LECAT Du Visage à l'Ame

G. AUBREE La Ville aux Cinq Drapeaux

J.-H. JAUNEAUD De Verdun à Dien-Bien-Phu

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