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Répartition spatiale et apport des poissonneries dans le ravitaillement de yopougon en poissons congeléspp. 90-101.

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Academic year: 2022

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RÉPARTITION SPATIALE ET APPORT DES POISSONNERIES DANS LE RAVITAILLEMENT DE YOPOUGON EN POISSONS CONGELÉS

KOUMAN Koffi Mouroufié1, ABOYA Narcisse2

1- Docteur en Géographie, Maître-assistant à l’École Normale Supérieure-Abidjan, LIMERSSA-IGT Université Félix Houphouët Boigny de Cocody (Côte-d’Ivoire)/ e-mail : koumankoff@yahoo.fr

2- Docteur en Géographie, Assistant à Université Félix Houphouët Boigny de Cocody-Abidjan / e-mail : aboyanarcisse@yahoo.fr

RÉSUMÉ

Cet article se polarise sur la spatialisation des magasins ou stands de vente de poissons, fruits de mer et de crustacés à Yopougon. Pour la population, en général, de classe moyenne de cette commune, les produits aquatiques notamment les poissons congelés importés, sont les protéines animales les plus accessibles.

Le commerce de ces poissons congelés se fait, certes, sur les marchés spécialisés ou non, dans les rayons des grandes et moyennes surfaces, mais également à grande échelle à travers les infrastruc- tures de la chaîne du froid (congélateurs, chambres froides). Matérialisées par de petites unités installées çà et là à travers l’espace communal, celles-ci jouent un rôle indéniable dans la conservation et la distri- bution de ces denrées très sensibles aux variations de températures. Leur rapprochement de la clientèle participe alors à la sécurité alimentaire en termes d’accessibilité et de disponibilité de produits conge- lés. Relais des entrepôts frigorifiques « primaires » du port d’Abidjan, ces dépôts secondaires assurent la vente locale en demi-gros et au détail. Mais leur répartition spatiale est fortement déséquilibrée et insuffisante, au regard des besoins de la nombreuse et grandissante population de cette commune.

Mots-clés: Yopougon, répartition spatiale, ravitaillement, poissonne-ries, poissons congelés

SUMMARY

This article is polarized on the spatial shops or stalls selling fish, seafood and shellfish in Yopougon.

For the population generally middle class of this com- mon, aquatic products such as frozen fish imported, are the most accessible animal protein.

Trade in these frozen fish is certainly on specia- lized markets or not, on the shelves of supermarkets and hypermarkets, but also large-scale infrastructure across the cold chain (freezers, cold rooms). Materia- lized by small units installed here and there through the communal space, they play an undeniable role in the conservation and distribution of these highly sensitive products to temperature variations. Their customer reconciliation while contributing to food security in terms of accessibility and availability of frozen products. Relais cold storage «primary» the port of Abidjan, these secondary deposits provide local sale semi-wholesale and retail. But their distri- bution is highly spatial unbalanced and inadequate to the needs of the large and growing population of this county.

Key words: Yopougon, spatial distribution, supply, fishmongers, frozen fish

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INTRODUCTION

Située dans le sud-ouest d’Abidjan, capitale économique de la Côte d’Ivoire, la municipalité de Yopougon fait limites avec celles d’Abobo et d’Anyama au nord, d’Attécoubé à l’est, de Songon à l’ouest et l’Océan Atlantique au sud comme l’indique la figure 1 suivante.

Figure 1 : Situation de la commune de Yopougon Cette figure 1 montre la localisation et l’espace qu’occupe la commune de Yopougon dans la ville d’Abidjan. Cet espace, d’environ 117 km2, abrite une population sans cesse grandissante qui est passée de 688 235 habitants en 1998 (RGPH, 1998) à 1071543 habitants en 2014 (RGPH, 2014); soit une densité de 9159 habitants/km2 et un taux d’accroissement moyen annuel de 5%. Elle « enregistre un taux de chômage de 27,9% » (AGEPE-Observatoire de l’emploi, 2008), nul doute le plus élevé des dix communes de la ville.

Par ailleurs, environ un actif sur trois de ses habitants est au chômage et près d’un tiers des désœuvrés de cette métropole en viennent (ibidem).

Cela affecte le paysage communal marqué par de nombreux quartiers précaires dont ʺKoweitʺ, ʺMon mari m’a laisséʺ, ʺSicoboisʺ. En effet, face au faible niveau de vie de la population et la cherté des autres produits carnés (2 200 à 2 500 FCFA/kg de viande de bœuf), le poisson s’avère la protéine animale la plus sollicitée en raison du prix relativement plus bas (prix/kg en franc CFA : carpe : 1300, chinchard : 850, sosso : 1600, maquereau : 1450). Ainsi, la consom-

mation de viande reste l’apanage des personnes plus aisées alors que celle du poisson concerne toutes les couches sociales.

Cette dernière gagne en importance à l’échelle mondiale comme en témoigne Camara (2008). En effet, selon cet auteur, « plus d’un milliard de per- sonnes dépendaient entièrement en 2001 du poisson comme source de protéines animales, c’est-à-dire qu’il représentait au moins 30% de leurs apports protéiques journaliers ». En 2007, cette demande s’évaluait à 9,5 kg/habitant dans les contrées les moins avancées contre 28,7 kg/habitant dans les pays industrialisés (FAO, 2010). D’ailleurs, « les pro- duits aquatiques représentaient 15,7 % des protéines animales et 6,1 % de l’ensemble des protéines. Le ratio annuel par habitant a évolué de 9,9 kg dans les années 1960 à 18,4 kg en 2009 en dépit d’une grande variation des formes de conditionnement selon les continents et le type d’économie » (FAO, 2012). Il existe donc de grandes différences géographiques du type de traitement car « la proportion de poisson fumé est plus importante en Afrique et en Asie alors qu’en Europe et en Amérique du Nord, on consomme surtout du poisson surgelé ou mis en conserve » (CRIOC, 2010). « Le poisson frais est toujours le produit le plus largement demandé sur le marché français » et la congélation y est le principal mode de traitement. Celle-ci concerne « 53% de l’ensemble des poissons traités pour la consommation humaine en 2002, suivie par la mise en conserve (27%) et le traitement par la fumée (20%). Les consommateurs à fort pouvoir d’achat demandent surtout des poissons à chair blanche, frais ou congelés » (ibidem).

S’agissant de la distribution de ces produits, Meu- nier et al. (2013) déclarent : « les ventes de produits finis par les entreprises de mareyage et de transfor- mation aux opérateurs des circuits de distribution sont le dernier échelon du circuit de commercialisation des produits de la mer ». Pris individuellement, selon le Ministère de l’agriculture et de la pêche (2006) de ce pays, « les Grandes et Moyennes Surfaces assurent 61% de la distribution des produits de la pêche et de l’aquaculture, les restaurants 29% et les poissonne- ries 9%. […]. Mais pour les produits frais, la part des Grandes et Moyennes Surfaces n’est que de 47%

tandis que celle des poissonneries atteint 20% ».

En Côte d’Ivoire, la demande moyenne qui était de 10-20 kg/hab/an de 2007 à 2009 (FAO, op.cit.),

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concerne surtout les poissons fumés et congelés.

Trois circuits de distribution s’y distinguent. Le cir- cuit du poisson frais, plus court, ne ravitaille que les régions proches des lieux de production à l’opposé de celui du poisson fumé et séché qui dépasse le cadre régional et national. Pourtant, le circuit du poisson congelé ne couvre le territoire national que dans les plus grands centres urbains. Il implique cinq catégories d’agents : importateurs, grossistes, semi- grossistes, détaillants et transformateurs. En effet, l’importation est assurée par 13 sociétés agréées par le Ministère du commerce (Kouassi, 1997).

Débarqué au port de pêche d’Abidjan, le poisson est entreposé dans des entrepôts frigorifiques dits

«primaires» qui vendent en gros et rarement au détail. Certains importateurs disposent d’entrepôts secondaires dans d’autres centres urbains où ils revendent en demi-gros ou au détail. Les grossistes d’Abidjan achètent aux importateurs pour vendre aux semi-grossistes et aux détaillants sur les marchés ou aux transformateurs. Ceux de l’intérieur achètent également aux importateurs ; les plus proches du littoral se pourvoient auprès des mareyeurs ou, par- fois, à la criée alors que les autres se font livrer par les grossistes (Kouassi, op.cit.).

Ces apports livresques montrent les structures et acteurs par le biais des circuits et filières de distribution.

La filière y est perçue comme « un secteur d’activité » avec « un ensemble d’intermédiaires » et le circuit comme « l’ensemble des principales étapes » « pour l’échange des valeurs et de marchandises ». Mais à ces analyses purement techno-économiques, Hugon (1997) intègre hiérarchies et dynamiques spatiales à travers la notion de « filières spatialisées ». Par là, il entend mieux faire ressortir « les dynamiques de sous-systèmes pro- ductifs à l’intérieur desquels […] se réalisent des modes d’organisation et des stratégies d’acteurs ». Les pois- sonneries représentent l’un des maillons des « filières spatialisées » de la distribution des poissons congelés dont la dynamique spatiale est source de hiérarchie.

En définitif, la distribution des produits aquatiques bénéficie, en général, d’une abondante littérature.

Toutefois, celle des poissons congelés à travers les poissonneries de Yopougon a suscité peu d’intérêt alors que le ravitaillement en protéines animales de la forte et grandissante population de cette vaste commune se pose avec acuité. Dès lors,

une étude sur ces poissonneries ne manquerait pas d’intérêt ; d’où la question : quel rapport y a-t-il entre la répartition spatiale des poissonneries et de leur apport dans le ravitaillement de la population de Yopougon en poissons congelés ? La réponse à cette question s’est faite à travers l’inventaire des poissonneries selon leur typologie et répartition spatiale, l’identification de l’origine et de la variété des produits traités, l’appréciation des prix d’achat et de vente, des conditions et moyens de manutention et ce, à l’aide de certaines méthodes d’analyse.

I- OUTILS ET MÉTHODES

Dans une démarche hypothético-déductive, nous sommes partis du postulat que l’approvisionnement en pêches des ménages de Yopougon est essentielle- ment assuré par les poissonneries. Pour ce faire, nous avons procédé, en plus de la revue documentaire, à une étude de terrain sur l’espace de référence. Il était question d’inventorier les poissonneries (unités de la chaine de froid) implantées dans la commune, de les localiser au moyen d’une cartographie, de connaitre les équipements, les lieux d’approvisionnement, les types de produits, leurs capacités de stockage et la durée de conservation, les prix de vente par espèce, la clientèle, les conditions d’installation. La population cible se compose, d’une part, des autorités munici- pales notamment les agents du service du développe- ment humain qui gèrent les poissonneries et, d’autre part, les poissonniers.

Cela nous a obligé à recourir aux statistiques contenues dans les fichiers de la mairie et aux don- nées primaires collectées auprès des opérateurs. À cet effet, nous avons opté pour deux méthodes d’in- vestigation : la méthode de collecte des données par auto dénombrement où les répondants remplissent les questionnaires d’enquête sur support papier sans l’aide de l’intervieweur et la méthode assistée par interview sur place. L’une a pour cible les agents responsables du service du développement humain chargé de l’hygiène et de la salubrité publique. Très instruits, ceux-ci comprennent bien les questions et ont la possibilité de recourir aux données tech- niques (archives et autres documents) pour remplir le questionnaire. De plus, vu leur emploi du temps très chargé, elle leur laisse le temps nécessaire de répondre aux questions.

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L’autre est appliquée aux opérateurs car plusieurs poissonniers ou gérants des poissonneries n’ont pas un niveau d’instruction suffisant pour comprendre les questions. Dès lors, notre présence à leurs lieux de travail était nécessaire non seulement pour les orienter mais aussi les rassurer quant à l’utilisation que nous ferons des résultats de l’enquête.

Le choix de l’échantillon s’est fait selon la méthode probabiliste notamment l’échantillonnage systéma- tique circulaire ; considérant que les unités de pois- sonneries existent sur un cercle. À cet effet, il nous a fallu une base d’échantillonnage N constituée du total de poissonneries de la commune évalué à 74. Après les avoir donc numérotées de 1 à 74, nous en avons retenu 15 comme taille n de l’échantillon à enquêter.

Pour le choix de ces 15 unités d’enquête, un intervalle d’échantillonnage K est d’abord déterminé comme suit: K = N/n = 74/15 = 4,93 ; soit environ 5. Ensuite, nous avons choisi r = 11, un nombre origine tiré au hasard entre 1 et N (1 et 74). Ainsi, les 15 poisson- neries retenues sont choisies par intervalle de 5 à partir du nombre origine 11 selon le principe suivant : r ; r+K ; r + 2K…, r + (n-1)k. Mais, étant donné que la 14e unité 76 (soit 71+5) est supérieure à 74, nous avons choisi n selon r + (j-1)k-N ; soit (71+5)-74 = 2.

Puis la 15e unité est 7 ; soit 2+5.

En somme, les 15 poissonneries portant les numéros 11, 16, 21, 26, 31, 36, 41, 46, 51, 56, 61, 66, 71, 2 et 7 sont celles retenues pour l’enquête. Celle-ci a débuté par les prises de contact suivies d’entretiens avec les responsables du service du développement humain de la mairie afin de connaitre les types de poissonneries de la commune, les conditions admi- nistratives d’installation et de fonctionnement. Aidés des informations issues de ces entretiens, nous avons parcouru les différents quartiers et marchés afin d’inventorier ces poissonneries ou de vérifier l’exactitude de leur localisation spatiale.

Souvent, nous nous faisions accompagnés par les agents municipaux chargés de la collecte des taxes auprès des personnes physiques ou morales exerçant une activité lucrative sur le territoire communal. Aussi, étions-nous munis d’un plan de la commune sur lequel nous localisions chaque poissonnerie repérée et d’un appareil photo numérique pour la fixation d’images en cas de nécessité. Les responsables ou à défaut, les gérants des 15 structures retenues ont été soumis au questionnaire portant sur les variables déjà évoquées.

À l’issue de nos investigations, nous avons pro- cédé au traitement des données recueillies. Ainsi, certaines images ont été récupérées à l’ordinateur et traitées grâce aux outils de traitement d’image comme Photoshop avant d’être insérées comme illustrations dans le texte. Certaines données statis- tiques et qualitatives ont fait l’objet d’un traitement cartographique et graphique pour leur donner un caractère beaucoup plus expressif. L’analyse et le commentaire de ces cartes, graphiques et photogra- phies ont donné trois types de résultats.

II- RÉSULTATS

LA VENTE DE POISSONS CONGELÉS, UN COMMERCE INDÉPENDANT MAIS CONTRÔLÉ Le poissonnier est un entrepreneur indépendant qui dirige un magasin spécialisé dans la vente de poissons congelés. Cette activité relève donc d’une initiative privée où l’individu ou le groupe d’individus se dote de moyens propres mais exerce un dans cadre réglementé par les pouvoirs publics.

LA NÉCESSITÉ D’UN CAPITAL

PROPRE POUR L’OUVERTURE D’UNE POISSONNERIE ET L’ACQUITTEMENT DE TAXES DIVERSES

En tant qu’activité libérale, toute personne qui am- bitionne ouvrir une poissonnerie pour le commerce de poissons congelés doit pouvoir s’autofinancer.

Par conséquent, il doit disposer d’un capital financier propre avant de solliciter, si nécessaire, l’aide des micro-finances. En effet, ces capitaux propres qui diffèrent selon les moyens des acteurs, donnent une indication de la valeur de chaque entreprise de vente de poissons congelés à Yopougon. En moyenne, il faut environ 10 000 000 FCFA pour l’ouverture d’une poissonnerie équipée d’un seul conteneur frigorifique car le coût d’acquisition d’un conteneur frigorifique de 20 pieds pouvant contenir 700 cartons de 20-30 kg de poissons s’évalue à 5 000 000 FCFA. Cela fait que les opérateurs les moins nantis de la commune de Yopougon ne disposent que de congélateurs et réfrigérateurs de faibles capacités comparées à celles des conteneurs. Par ailleurs, ce fonds propre peut servir d’apport personnel sur lequel l’opérateur s’appuie pour solliciter un prêt aux microcrédits. Le recours à l’aide des micro-finances se justifie par

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la relative flexibilité de leurs conditions d’accès au crédit par rapport aux structures bancaires. Toute- fois, le demandeur doit justifier la crédibilité de son projet non seulement par son apport personnel mais surtout faire preuve d’une certaine expérience dans cette activité.

Par la suite, lorsque l’entreprise entre en fonction, le poissonnier du territoire communal s’acquitte d’une taxe mensuelle de 10 000 FCFA à la mairie excepté ceux qui occupent le local commercial baptisé « mar- ché Dominique Ouattara » du quartier Selmer. Ces derniers en sont exemptés mais paient une taxe d’exploitation journalière de 1000 FCFA à l’entreprise gestionnaire de ce local et du fait qu’ils sont astreints à ne livrer leurs produits qu’aux commerçants exer- çant au sein de ce marché.

En définitif, le poissonnier est un opérateur indé- pendant dont l’entreprise commerciale relève de sa volonté et ses propres investissements. Toutefois, en tant que denrée périssable pouvant être dangereux à la consommation, l’importation et la vente du poisson congelé exige l’observation de certaines normes sanitaires et commerciales.

UNE ACTIVITÉ SOUMISE À DES NORMES COMMERCIALES ET SANITAIRES

Les poissons, fruits de mer et crustacés sont des produits de consommation de masse mais délicats à traiter du fait de leur grande putrescibilité. Une fois avariés, ils deviennent impropres à la consommation humaine et dangereux pour la santé publique. La protection de la santé des consommateurs néces- site le respect de certaines normes de qualité et de bonnes pratiques d’hygiène qui régissent l’importa- tion et la vente des produits alimentaires en Côte d’Ivoire. Ainsi, afin d’assurer l’innocuité de la mar- chandise halieutique à mettre à la disposition des consommateurs, les poissonniers ne doivent souffrir d’aucune maladie contagieuse. Certes, le commerce de poissons congelés et des autres produits carnés relève d’une entreprise privée. Mais il s’exerce sous la vigilance de trois ministères à savoir le ministère du commerce, celui de l’hygiène et de la santé en plus du ministère des ressources animales et halieutiques.

Ceux-ci imposent des critères de qualité sanitaire et des obligations commerciales pour veiller à la qualité des produits et au contrôle des prix.

Par conséquent, les propriétaires et gestionnaires de poissonneries sont soumis à certaines normes de santé publique et assujettis aux règles d’hygiène pour pouvoir exercer en toute quiétude. Il leur faut alors s’acquitter d’une patente d’un coût de 30 000 FCFA au service d’hygiène de la mairie qui atteste de l’état sanitaire de la poissonnerie (le local). Par ailleurs, ils doivent jouir d’une santé irréprochable et se préser- ver contre les maladies infectieuses et contagieuses.

Cela passe par la vaccination contre la méningite, la fièvre typhoïde, le tétanos, l’hépatite et la tuberculose en plus des examens radio-pulmonaires.

Aussi, est-il nécessaire que les opérations de vente se déroulent dans un environnement sain.

À cet effet, pour une meilleure conservation des produits, les chambres froides et congélateurs ne doivent pas être à une température inférieure à -18°C quels que soient le type et l’emplacement. Au niveau commercial, les prix doivent être affichés pour situer les clients. L’application de ces mesures est soumise au contrôle des agents des ministères respectifs.

DES CONTRÔLES PÉRIODIQUES DES POISSONNERIES PAR LES STRUCTURES HABILITÉES

L’ouverture d’une poissonnerie est autorisée par le service du développement humain chargé de l’hygiène et de la salubrité publique de la mairie de Yopougon comme précédemment évoqué. Mais une fois ouverte, les activités de vente sont soumises à des contrôles des agents du ministère du commerce qui, périodiquement (une à deux fois par an), effectuent des visites des magasins et stands pour vérifier les prix de vente et contrôler les matériels de mesure ou de pesage (bascules, balances etc.). Il en est de même pour les agents du service d’inspection des sites et d’assurance qualité des laboratoires accrédités par le ministère de la santé et l’hygiène conformément au décret 93-312 du 11 mars 1993 portant fixation des activités de consommation et d’exercice de vente de denrées animales et d’origines animales pour la consommation.

Lors de ces passages, une somme de 5 000 à 15 000 FCFA leur est payée selon le nombre, le type et la capacité des équipements (congélateurs et chambres froides, les balances pour le pesage etc.) de la poissonnerie. Ces visites ont pour objectif la

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vérification du respect des normes de commerce et d’hygiène des poissonneries. La non conformité à ces règles peut entrainer la fermeture du magasin.

Au demeurant, les poissonniers sont certes des opérateurs indépendants. Mais le commerce du pois- son congelé s’inscrit dans un cadre règlementaire qui régit l’ouverture et le fonctionnement des poissonne- ries réparties sur le territoire communal de Yopougon.

UNE DIVERSITÉ DE POISSONNERIES À RÉPARTITION SPATIALE DÉSÉQUILIBRÉE Au moment de nos enquêtes, la commune de Yopougon dispose de moins d’une centaine de poissonneries. Au plan typologique, celles-ci se distinguent les unes des autres et se concentrent surtout proche des marchés-gares.

DES ENTREPRISES INDIVIDUELLES ET SOCIÉTAIRES DISSEMBLABLES

Sur le territoire communal, se distinguent trois catégories de poissonnerie qui sont des entreprises individuelles et/ou sociétaires. Chacune d’elles se particularise, soit par des images de poissons et parties d’animaux graffités sur les murs, soit des écriteaux indiquant le nom de la poissonnerie. Ainsi, on distingue :

- une grande poissonnerie structurée en une véri- table entreprise commerciale constituée autour d’une maison-mère secondée de 4 démembrements ;

- 18 poissonneries n’ayant pour principal équipe- ment qu’un conteneur frigorifique ;

- 52 poissonneries fonctionnant avec des congé- lateurs et réfrigérateurs.

Leur répartition spatiale se calque sur les quartiers de convergence des populations notamment ceux qui abritent les gares routières ; d’où un fort déséquilibre d’un quartier à l’autre à l’image de la figure 2 ci-après.

Figure 2 : Répartition spatiale des poissonneries de Yopougon par quartier

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Comme le présente cette figure 2, ce sont les quartiers centraux abritant les gares routières qui concentrent le plus de poissonneries. Celles-ci se distinguent, dans l’espace, par les types de produits traités d’une part, selon leur organisation et équipe- ments, d’autre part.

Sur la base des types de produits, on a 18 pois- sonneries spécialisées dans la vente uniquement de thons mineurs ou ʺfaux thonsʺ composés de la thonine, l’auxide, la banane, le merlin, le thon blanc et le voilier

auxquels s’ajoutent les espèces de moins de 1,5kg, les espèces abîmées, trop salées ou mal congelées.

Le deuxième groupe est composé 22 poissonneries qui ne traitent que d’une diversité produits aquatiques dont les poissons, fruits de mer et crustacés. Enfin, la troisième catégorie regroupant 35 unités dispose d’une large palette constituée aussi bien d’espèces aquatiques que de plusieurs autres produits carnés dont les abats de bovin, d’ovin, de caprin, de porcin et de volaille. La figure 3 ci-après montre l’importance numérique de chaque type de poissonnerie.

Source : enquête personnelle, 2014

Figure 3 : Répartition des poissonneries selon les types de produits traités Au regard de cette figure 3, il y a 24% des poisson-

neries qui ne traitent que du faux thon. 46% vendent, en plus d’une variété d’espèces de poissons, plu- sieurs autres produits carnés non aquatiques com- prenant de la viande rouge (caprin, ovin) et blanche (volaille, porc). 30% se sont spécialisées seulement dans la vente d’une diversité de produits d’origine aquatique (poissons, crustacés et fruits de mer).

Au demeurant, contrairement à leur dénomina- tion, si certaines poissonneries se limitent au com- merce d’un ou de plusieurs espèces de poissons, d’autres vendent une diversité de produits aquatiques (poissons, fruits de mer et crustacés) tandis qu’un nombre important ajoute à cette palette, une variété de produits carnés notamment des abattis de poulets, de dindons, de bœufs, de moutons, etc. Il s’agit, dans l’ensemble, des unités de vente qui se distinguent par leur taille et surtout leur structure.

DES UNITÉS DE VENTE

STRUCTURELLEMENT DISTINCTES

Les poissonneries se distinguent, les unes des autres, par leurs structures et équipements en entreprise de commerce intégré, en conteneurs et en petites unités de vente.

«Poisson d’Afrique», une entreprise de commerce intégré

La commune de Yopougon dispose d’une seule entreprise commerce intégré de poissons congelés dite

«Poisson d’Afrique» qui rassemble les fonctions de gros et de détail. C’est une entreprise sociétaire au capital résultant de l’association d’un groupe d’actionnaires et dirigée par un Directeur général. Elle se compose de grands magasins de distribution à son siège localisé à Yopougon-Attié en face de la place Figayo (figure 2).

L’importance du volume des produits traités, la qualité de

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ses équipements et infrastructures dont des bureaux, des moyens de transmissions (téléphones fixes et mobiles, connexion internet), des camions frigorifiques et de plu- sieurs petits véhicules de liaison, un parking etc. en font une véritable Petite ou Moyenne Entreprise (PME).

Par ailleurs, elle se ramifie par un réseau de petits magasins disséminés à travers plusieurs quartiers de la commune. Ceux-ci sont dirigés par des gérants de l’entreprise. Assurant le relais de la maison-mère dans les quartiers, ils portent tous la même dénomi- nation de «Poisson d’Afrique». Alimentés par l’entre- pôt central et pratiquent les mêmes prix de détail. À travers ses quatre magasins succursales disséminés dans les quartiers notamment à Selmer, au Nouveau quartier et Yopougon Attié (figure 2) et éventuelle- ment d’autres à créer, l’entrepôt central tisse une toile commerciale sur le territoire communal. Cette stratégie de conquête et de couverture du marché communal lui confère un éventail de clientèle beau- coup plus large composée de grossistes, détaillants, restaurateurs, vendeurs d’attiéké (garba), ménages.

Ainsi, de par sa structure, ses importants moyens et son mode moderne de fonctionnement, l’entreprise

« Poisson d’Afrique » répond plus aux exigences fonctionnelles d’une entreprise moderne. Par consé- quent, elle se démarque des autres poissonneries individuelles les plus fréquentes qui n’ont pour équi- pements que des conteneurs et des réfrigérateurs- congélateurs.

Les poissonneries à deux conteneurs au plus et/

ou à réfrigérateurs-congélateurs

Les poissonneries standards sont les plus nom- breuses de la commune. Elles ont pour équipement un à deux conteneurs frigorifiques, récipients de grand volume destinés au stockage. On en dénombre plus de 70 unités, propriétés de 58 poissonniers dont 64% d’origine Burkinabé et 36% d’Ivoiriens.

Les poissonneries à réfrigérateurs-congélateurs sont des unités basiques de vente de poissons congelés aux moyens limités. On en dénombre une quarantaine généralement détenues par des acteurs de sexe féminin et dont les équipements se réduisent à un ou deux congélateurs entreposés dans un maga- sin aux capacités de stockage limitées. La plupart des propriétaires de ces unités aspirent avoir un ou deux conteneurs pour améliorer leurs chiffres d’affaire. Elles

déclarent qu’en disposer, est une des conditions de crédibilité pour bénéficier de prêts de la part des structures de micro-finances. Elles vendent surtout des carpes de Chine, des variétés diverses de poissons et des abats d’animaux de boucherie mais rarement du thon.

Les produits sont livrés au détail à une clientèle majoritairement composée de vendeuses de pois- sons braisés notamment des carpes chinoises, de restaurateurs et de ménagères pour les abattis. Les ventes se font, soit en petites quantités ou à l’unité de un à 20 kg au maximum ; soit en carton au poids et nombre de pièces connus. La quantification se fait par des appareils de pesage et également à la pièce par simple appréciation visuelle. À cet effet, la ven- deuse fait le rapport sur la base du poids du carton et le nombre de poissons qu’il contient pour fixer le prix à l’unité. En général, ce prix à la pièce est plus élevé que celui du carton entier et plus bénéfique au poissonnier que la vente en carton. Mais il tient compte du prix d’achat appliqué par les importateurs au port d’Abidjan.

DES ENTREPRISES POURVOYEUSES BASÉES AU PORT D’ABIDJAN ET DES PRIX INSTABLES

Une diversité d’espèces achetées

Les poissonniers de Yopougon s’approvisionnent en gros auprès des sociétés importatrices dans des entrepôts basés au port d’Abidjan. Il s’agit de 13 sociétés importatrices dont Novel, Fish and meat, SONAL, CODIPAL, UCAF-CI, VICRECO-pêche, et UNIPECHCA.Ces entreprises basées au port de pêche, ont leurs entrepôts dans l’enceinte du port autonome. D’autres, pour des achats peu quantitatives, s’approvisionnent aussi auprès de certains revendeurs individuels libanais et chinois tel que Rivière du Bandama (RB) qui disposent des conteneurs au port. Ceux-ci se pourvoient auprès des importateurs pour revendre dans l’enceinte du marché à poisson localisé dans l’espace sous douane du Port Autonome d’Abidjan. En effet, ces marchandises viennent d’Europe, d’Asie et de certains pays africains.

Les noms et le nombre de ces pays restent méconnus de la plupart des poissonniers enquê-

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tés à Yopougon. Mais, selon le FAO (2008), en Côte d’Ivoire, « le poisson et les produits dérivés importés proviennent de plus de 50 pays dont les principaux sont la Mauritanie (36%), les Pays Bas (15%), la France (9,7%), le Maroc et le Sénégal (6%), le Belize, la Corée du Sud et la Guinée, 4%

chacun ». À cela, s’ajoute une quantité de plus en plus importante de carpes estampillées « made in China » que nous avons relevées au moment de nos enquêtes (tableau 1).

UNE DIVERSITÉS D’ESPÈCES ET DES PRIX D’ACHAT INSTABLES

On dénombre environ plus de 41 espèces de poissons en plus d’autres produits carnés dont la viande et les abats de poulets, porcs, moutons, dindons. Le tableau I suivant présente la palette d’espèces de poissons inventoriées au moment de nos enquêtes dans les différentes poissonneries et les prix respectifs.

Tableau I : Quelques espèces de poissons et leurs prix

Espèces Quantité Prix Prix/kg

Carpe de Chine 300-500g 11500 Carpe de Chine 400-600g 12500 Carpe de Chine 600-800g 15000 Carpe grise (Buro) 20 kg 26000 1300 Carpe blanche

(sompatte) 20 kg 32000 1600

Chinchard (petit) 20 kg 17000 850 Chinchard (gros) 20 kg 25000 1250 Sosso américain 20 kg 32000 1600

Saumon blanc 20 kg 28000 1400

Machoiron de mer 20 kg 24000 1200 Maquereau (gros) 20 kg 24000 1200 Machoiron de Chine 10 kg 12000 1200

Brochet Pièces 2800

Source : Entreprise Poisson d’Afrique : 06 juin, 2014

En général, le poisson congelé importé est plus accessible à une clientèle modeste par rapport à la production locale. La figure 4 suivante présente les coûts du kilogramme en dollar américain et leur évolu- tion pendant six années consécutives de 2000 à 2005.

0 0,5 1 1,5 2 2,5 3

2000 2001 2002 2003 2004 2005

Prix USD/kg

Année

Pêche artisanale (bord-champ) Aquaculture Poisson importé CAF (hors thon)

Annuaire des statistiques DPH, 2006

Figure 4 : Les prix au kilogramme en dollar US des produits de pêche et d’aquaculture selon leurs sources de 2000 à 2005

L’analyse des différents prix présentés par cette figure 4 montre que les poissons importés de 2000 à 2005 sont beaucoup moins chers que ceux de la pêche artisanale et de l’aquaculture. En effet, le prix au kilogramme reste inférieur à 1USD (450-580 F CFA) alors que celui du poisson de la pêche arti- sanale, quoique proche, a légèrement dépassé le dollar US en 2002, 2003 et au début de l’année 2005.

Quant au kilogramme de poisson de l’aquaculture, il est passé de 1,952 dollar US entre 2000 et 2001 à 2,782 dollars US en 2002 et ce, jusqu’en 2005.

En définitif, tous les poissonniers vendent des produits congelés importés aux prix fortement dépendant du marché international et au contexte sociopolitique national.

Ainsi, la disponibilité et le coût relativement bas du poisson congelé importé en font un produit de choix des poissonniers et des ménages. Toutefois, sa provenance extérieure et la délicatesse de sa manutention figurent au nombre des entraves que rencontrent les poissonniers.

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UNE ACTIVITÉ CONFRONTÉE À DES DIFFICULTÉS DE DIVERS ORDRES

À l’instar de toute activité, le commerce de poissons congelés à travers les poissonneries de Yopougon rencontre des contraintes de natures variées dont l’extrême volatilité des prix assujettis à la conjonction internationale, les difficultés de manutention (coûts et moyens de transport) souvent sources de mévente et de manque à gagner.

LA NON MAÎTRISE DES PRIX D’ACHAT DÉPENDANTS DE L’EXTÉRIEUR

Les difficultés que rencontrent les poissonniers dans la vente des produits congelés sont multiples et variées. Elles se mesurent en termes d’endet- tement ou d’insuffisance de moyens financiers, de l’instabilité des prix d’achat des produits soumis à de nombreux facteurs, de traitement ou de l’entre- posage et de la vente. En fait, les relations entre les sociétés d’importation et les poissonniers sont de type créanciers-débiteurs. Ne disposant pas souvent de fonds de roulement conséquents, ils achètent à crédits aux importateurs qui leur imposent des délais de remboursement. Mais ils déplorent la grande fluctuation des prix assujettis au contexte internatio- nal et le court délai de paiement de leurs créances auprès des livreurs pour les achats à crédit. Celui-ci n’excédant souvent pas une semaine, ne leur laisse pas une marge suffisante de temps face à la lenteur de l’écoulement de leurs marchandises.

Par ailleurs, les prix du poisson très volatils, sont assujettis à la loi du marché (international). Ils varient fortement à la moindre conjoncture internationale et selon le contexte sociopolitique national qui influent sur la disponibilité, l’accessibilité et les possibilités de vente. Aux dires des poissonniers, les prix d’achat aux sociétés d’importation sont surtout soumis à de grandes fluctuations avec une tendance à la hausse « sans raisons valables ». La répercussion de cette volatilité des prix d’achat sur ceux de vente par les poissonniers est difficilement acceptée par leurs clients qui, ignorant le mécanisme de fixation des prix, leur imputent la responsabilité. Cela entraine souvent des pertes de clients et des risques de mévente.

L’affichage des prix de vente conformément à la prescription du ministère du commerce fait défaut chez certains poissonniers véreux notamment ceux

spécialisés dans la vente du thon fortement utilisé pour la vente de l’attiéké dit garba1. En général, les bénéfices déclarés varient de 200 à 300 FCFA par carton toute espèce confondue. Mais, l’analyse des prix et l’appréciation de la rentabilité des poisson- neries restent compliquées du fait de l’opacité de la filière. Les acteurs rechignent à dévoiler leurs chiffres d’affaire et leurs bénéfices mais sont prompts à relater leurs difficultés parmi lesquelles les coûts de transport occupent une place de choix.

DES COÛTS DE TRANSPORT INTERNE ÉLEVÉS ET DES MOYENS DE

TRANSPORT INADAPTÉS

La nature et le volume des produits, le type de véhi- cule et la distance du déplacement sont des déterminants qui influencent les pris de transport. Le coût moyen de transport d’un carton de 20 kg de poisson du port à Yopougon, s’élève à 250 FCFA. Ce prix est pratiqué pour les véhicules à capacité relativement grande quand la quantité à transporter vaut au moins 100 cartons ; soit 25000 FCFA. Lorsqu’elle est en dessous, le transporteur fixe un prix plus élevé qui ne tient plus compte la quantité à déplacer mais de la distance à parcourir ; le transport par taxi étant le plus onéreux.

Mais, c’est surtout les moyens et les conditions de transport qui sont dommageables. Les camions frigorifiques, plus adaptés, sont rares. C’est surtout des véhicules ordinaires inappropriés qui sont les plus utilisés. La superposition des cartons de pois- sons les uns sur les autres dans des conditions thermiques inadéquates cause des profonds dégâts aux produits (broyage, décomposition). La hausse de cette température au-delà des -18 °C provoque la putréfaction tandis que la pression du poids des cartons provoque des broyages. Ainsi, pour une cargaison de 100 cartons, les poissonniers peuvent enregistrer des pertes de 2 à 5 cartons avant que les marchandises ne soient stockées dans leurs magasins dans des conditions souvent déplorables.

DES POISSONNERIES NON ÉQUIPÉES ET PEU SALUBRES

Les poissonneries sont des unités de froid qui doivent bénéficier d’un courant stable et fonctionner sans interruption tant qu’elles contiennent des pro- 1- Semoule de manioc vendu avec du thon frit généralement par des hommes

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duits. Mais, excepté l’entrepôt de la poissonnerie

« Poisson d’Afrique », aucune ne dispose de groupe électrogène pour pallier les fréquents délestages afin de conserver ses marchandises à une température constantes de -18°C. En outre, elles subissent d’incessantes variations de voltage qui endom- magent les moteurs des conteneurs frigorifiques et des congélateurs ; ceux-ci étant, en général, sans système de stabilisation ou d’onduleur. La mainte- nance de ces appareils revient alors très coûteuse à cause des fréquentes pannes dues à l’instabilité du voltage et surtout aux nombreux délestages. Ainsi, les fréquents et longs délestages provoquent des avaries de marchandises.

Au plan hygiénique, certains locaux de poisson- neries spécialisées surtout dans le traitement du thon présentent des vecteurs d’insalubrité (vétusté des lo- caux, absence de systèmes de gestion des déchets, corruption des produits due aux délestages, etc.) en dépit des conditions sanitaires et environnemen- tales exigées à l’ouverture. Ainsi, l’inadéquation des moyens de transport et de stockage de longue durée dégrade la qualité des produits. Pour les opérateurs, cela engendre des méventes et, par conséquent, de pertes de gains et risques d’intoxication alimentaire au niveau des ménages.

Au final, les délestages, le manque de stabili- sateurs électriques, de groupes électrogènes et l’insalubrité des locaux sont autant de facteurs qui influencent négativement la durée de stockage des produits congelés des poissonneries.

CONCLUSION

Les poissonneries constituent un important maillon de la chaîne de distribution des produits halieutiques et divers autres produits carnés dans la commune de Yopougon. En conservant les produits à une tem- pérature basse d’environ -18°C, elles préservent leur valeur pondérale profitable à la vente et les qualités organoleptiques recherchées par les consommateurs.

Ces magasins ou stands de vente de poissons, fruits de mer et de crustacés assurent un approvisionnement local permanent par la mise à disposition des ménages, restaurateurs et commerçants de produits carnés ven- dus souvent en détail à des prix défiant toute concur- rence. Mais leur répartition spatiale s’avère fortement déséquilibrée avec une concentration particulière dans

les quartiers centraux notamment Banco 2 et Yopou- gon-Attié abritant les gares routières. À cela, s’ajoutent une pluralité de difficultés qui entravent leur rôle dans l’approvisionnement des ménages. En effet, malgré la relative accessibilité aux produits, la forte instabilité des prix d’achat au port et de vente à Yopougon influence négativement l’activité de vente des poissonniers et désoriente la clientèle.

Mais, c’est surtout l’inadéquation des moyens de transport et des conditions de stockage qui déprécient ces marchandises. En effet, les camions frigorifiques conçus pour le transport de ces produits dans des conditions thermiques appropriées sont rarement utilisés. Le recours de plus en plus à d’autres types de véhicules non équipés de système de congélation provoque leur altération. Celle-ci est d’autant plus fréquente que les conditions de stockage ou de conservation sont défaillantes. Nombreuses sont les poissonneries notamment de thon qui sont en situation d’insalubrité. De plus, elles subissent de fréquents délestages alors qu’elles ne disposent pas de groupes électrogènes pour assurer le relai de la fourniture de courant. Les poissons congelés étant très sensibles aux variations de température, peut-être faudra-t-il intégrer la possession de groupe électrogène dans les conditions d’ouverture des poissonneries.

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