Université Grenoble-Alpes Licence de Mathématiques, L3A, 2018-2019 Contrôle continu 1
Documents et calculatrices ne sont pas autorisés. Les exercices sont indépendants.
Exercice 1
Énoncer le théorème de Lagrange pour les groupes.
Exercice 2
On note F7 = {0,1,2,3,4,5,6} le corps Z/7Z. Le groupe multiplicatif des éléments inversibles de ce corps estF×7 =F7\ {0}. On note T le sous-ensemble deM3(F7) formé des matrices triangulaires supérieures inversibles, etI la matrice identité de M3(F7).
1. Montrer que pour tout α∈F×7, α6 = 1.
2. Montrer que T est un sous-groupe de GL3(F7). Quel est son ordre ?
3. Soit f : T → F×7 l’application qui à une matrice A = (ai,j)1≤i,j≤3 associe le coefficient a1,1. Montrer quef est un morphisme surjectif de groupes.
4. Soit K = Kerf et p : T → T /K la projection canonique. Montrer qu’il existe une application g de l’ensemble quotient T /K dans F×7 telle que f =g◦p.
5. Quel est le nombre d’antécédents d’un élément de F×7 par l’application g? 6. Quel est l’ordre de K?
7. SoitA= (ai,j)1≤i,j≤3 ∈T. En remarquant que la matriceB =a−11,1A est dansK, montrer queA62×73 =I.
8. Pour tout A dans T, on note A la classe de A dans T /K. Montrer qu’on peut définir de façon cohérente une loi de groupe sur T /K en posant A×B = AB pour tousA et B dans T.
9. Soit S le sous-groupe de T formé des matrices de T de déterminant 1 et p1 : T → T /S la projection canonique. Existe-t-il une application g1 de l’ensemble quotient T /S vers F×7 telle que f =g1◦p1?
10. Soit H le sous-groupe de T formé des matrices de T dont tous les coefficients diagonaux sont égaux à 1 et p2 : T → T /H la projection canonique. Montrer qu’il existe une application g2 de l’ensemble quotient T /H vers F×7 telle que f =g2◦p2.
11. Soit A∈T. On note A=AK sa classe d’équivalence modulo K etA˜=AH sa classe d’équivalence modulo H. Quels sont les cardinaux de A et A˜? Montrer queA est la réunion disjointe de classes d’équivalence modulo H.
12. Étant donné α∈F×7, en déduire le cardinal de l’image réciproque g2−1({α}).
1
Université Grenoble-Alpes Licence de Mathématiques, L3A, 2018-2019
Un corrigé
1. Soitα ∈F×7. D’après le théorème de Lagrange, l’ordre deα divise l’ordre deF×7
qui est 6, doncα6 = 1.
2. On a I ∈ T et T ⊂ GL3(F7). De plus, le produit de deux matrices triangu- laires supérieures et l’inverse d’une matrice triangulaire supérieure sont encore des matrices triangulaires supérieures. Donc T est un sous-groupe de GL3(F7).
Choisir une matrice deT revient à choisir indépendamment ses trois coefficients diagonaux dansF×7 (pour assurer l’inversibilité) et ses trois coefficients au-dessus de la diagonale dans F7. Donc |T|= 63×73.
3. L’application f est bien définie. Quand on multiplie deux matrices triangulaires supérieures, les coefficients diagonaux du produit sont les produits terme à terme des coefficients diagonaux. Donc f est un morphisme de groupes.
Siα∈F×7, alors αI ∈T etα=f(αI). Donc f est surjective.
4. Comme f est un morphisme de groupes, la relation d’équivalence associée à f coïncide avec la relation d’équivalence associée au sous-groupe K = Kerf. Le théorème de factorisation des applications fournit une application injectiveg de T /K dans F×7 telle que f =g◦p.
5. De plus, g est surjective car f l’est. Ainsi, g est une bijection entreT /K et F×7. Chaque élément de F×7 a donc exactement un antécédent par g.
6. On peut déduire que |K| = 62 ×73 de la question 2 et de la relation |T| =
|Kerf| × |Imf|=|K| × |F×7|.
Autre raisonnement plus direct : choisir une matrice deT dansf−1({α})revient à choisir indépendamment ses deux derniers coefficients diagonaux dans F×7 et ses trois coefficients au-dessus de la diagonale dansF7.
7. Soit A = (ai,j)1≤i,j≤3 ∈ T. Soit B =a−11,1A. Alors le coefficient (1,1) de B vaut a−11,1a1,1 = 1. Donc B ∈K. L’ordre de B divise l’ordre de K. Ainsi,
A62×73(a1,1B)62×73 = (a61,1)6×73B62×73 = 1I =I.
8. On commence par montrer la cohérence de la définition. Rappelons que la rela- tion d’équivalence associée à K est aussi celle associée à f. Par conséquent, si A0 et B0 sont des matrices respectivement dans la même classe modulo K que A et B, alors f(A0) = f(A) et f(B0) = f(B). Comme f est un morphisme de groupes,f(AB) = f(A)f(B) =f(A0)f(B0) =f(A0B0), ainsiAB =A0B0, ce qui montre queAB ne dépend que des classes A etB.
La loi obtenue est interne par construction et hérite des propriétés de la multi- plication dans T : elle est associative, I est élément neutre et A admet comme inverse A−1. Donc a bien défini une loi de groupe sur T /K.
2
Université Grenoble-Alpes Licence de Mathématiques, L3A, 2018-2019
9. Pour tout α∈F×7, la matrice diagonale de diagonale (α, α−1,1)est dansS et a pour image α par f. Comme f n’est pas constante sur S, il ne peut pas exister d’application g1 de T /S vers F×7 telle que f =g1◦p1.
10. Comme H est inclus dans K = Kerf, le morphisme de groupes f est constant égal à1surH donc il est constant plus généralement sur chaque classe modulo H. Donc il existe une application g2 de l’ensemble quotient T /H vers F×7 telle quef =g2◦p2.
11. D’après le cours, les classes A = AK et A˜ = AH ont respectivement même cardinal que K etH, à savoir 62×73 et 73. Comme I ∈H ⊂K, on a
∀B ∈A, {B} ⊂BH ⊂BK =B =A.
Donc
A= [
B∈A
{B} ⊂ [
B∈A
BH ⊂ [
B∈A
A=A.
Ainsi,
A= [
B∈A
BH.
Donc A est une union de classes modulo H. Deux classes modulo H étant soit égales soit disjointes, on peut se ramener à une union disjointe de 62 classes modulo H (à cause des cardinaux) en supprimant les doublons.
12. Soit α ∈F×7. Soit A∈T. Alors g2( ˜A) =g2(p2(A)) =f(A). DoncA˜∈g−12 ({α}) si et seulement sif(A) =α. Autrement dit, g2−1({α})est l’ensemble des classes modulo H des matrices de f−1({α}). Mais f−1({α}) est une classe modulo K.
Doncg−12 ({α}) a exactement 62 éléments (qui sont des classes modulo H).
Remarques sur les copies :
1. Quand on sait que l’ordre d’un élément g dans un groupe (G,·) divise k, on en déduit directement quegk = 1G sans qu’il y ait besoin de détailler plus.
2. Faire attention à l’ensemble dans lequel varient les objets. Une expression comme f(a1,1) lorsque A= (ai,j)1≤i,j≤3 n’a pas de sens.
3. Ne pas supposer implicitement queg existe quand on veut montrer son existence en vérifiant par exemple que f est constante sur chaque classe d’équivalence.
L’unicité de g n’était pas demandée ici. Quand on affirme que f est surjective, il faut le prouver. Par ailleursg est surjective car f l’est (vu en TD).
4. Comme f est un morphisme de groupes, la relation d’équivalence associée à Kerf est aussi la relation d’équivalence associée àf (vu en TD). Il faut le dire explicitement !
5. Beaucoup de réponses délirantes sur un dénombrement pourtant facile pour trouver le cardinal deT ou de K.
3