Jeunesse et démocratie
Tom Chevalier, CNRS/Arènes
Quelle place des jeunes dans la démocratie d’aujourd’hui?
• Du côté des décideurs: moyenne d’âge des députés à 54 ans et 8 mois sous Hollande, 48 ans et 8 mois sous Macron
(contre environ 41 ans dans la population)
• Du côté des citoyens: l’abstention est notamment plus forte chez les jeunes (74% chez les 18-24 pour le second tour des législatives 2017 vs 43% chez les 60-69)
• Une petite place donc, confirmée par leur statut dans la protection sociale:
ÞLimite d’âge à 25 ans pour le revenu minimum: un statut d’enfants
ÞLes retraites et les inégalités intergénérationnelles
Un danger pour l’avenir de la démocratie?
• Un effritement du soutien à l’égard de la démocratie chez les plus jeunes: en 2017, 64% des 18-24 pensent que « la démocratie peut poser des problèmes, mais c’est quand même mieux que n’importe quelle autre
forme de gouvernement », contre 78% pour l’ensemble (CEVIPOF, 2018)
• Enjeu fondamental car c’est notamment un facteur de vote pour les partis radicaux (droite et gauche)
• La démocratie de demain serait-elle en danger à cause des jeunes (Mounk)?
Quelle place des jeunes dans la démocratie de demain?
• Ou bien les jeunes sont compris du point de vue de leur âge: la démocratie ne devrait pas nécessairement
changer structurellement mais s’ajuster à la marge pour mieux les prendre en compte
• Ou bien les jeunes sont compris du point de vue de leur génération: la démocratie doit évoluer
structurellement pour s’adapter à un rapport à la citoyenneté renouvelé
• Ne pas être sur la défensive en se demandant dans quelle mesure les jeunes peuvent être un problème pour la démocratie actuelle
• Mais partir des jeunes pour s’interroger sur l’avenir du régime démocratique:
ÞQuelles sont les spécificités du rapport à la
citoyenneté des jeunes générations (demande)?
ÞQuelles sont les différentes formes de démocratie à disposition (offre)?
ÞQuel nouvel équilibre démocratique?
Le nouveau rapport à la citoyenneté des jeunes
• Défiance, abstention, volatilité
• Un nouveau citoyen apathique et aliéné?
• L’émergence du « citoyen distant » (Tiberj):
ÞForte compétence politique mais couplée à une forte défiance et un plus faible intérêt
ÞDéclin d’une citoyenneté « de devoir » (et de sa composante électorale)
ÞMontée d’une citoyenneté « de droit », par intermittence, sur enjeu, et beaucoup plus large que le vote: hausse de la participation « non-conventionnelle » (mouvements sociaux, boycotts, pétitions, associations)
Les différentes formes de démocratie
• La démocratie ne se résume pas au vote: rapport entre société et pouvoir (étatique)
• 1ère forme: démocratie « libérale » (vote + libertés publiques)
• 2e forme: démocratie « directe » ou « participative »
• 3e forme: démocratie « sociale »
Les enjeux liés à la démocratie
« libérale »
• Démocratie « majoritaire » vs « consensuelle »
• Prendre en compte davantage de points de vue,
notamment celui des jeunes pour le long terme (cf.
Brexit, retraites, environnement):
ÞLe scrutin proportionnel : du conflit/exclusion à la négociation/inclusion
ÞL’enjeu des corps intermédiaires: partenaires sociaux, associations et ONG
Les enjeux liés à la démocratie
« directe »
• La face « aristocratique » du gouvernement représentatif (Manin)
• Passer d’un rapport de pouvoir vertical à un rapport plus horizontal, ou « bottom-up »
ÞVote vs tirage au sort
ÞL’enjeu du référendum et de la démocratie participative
Les enjeux liés à la démocratie
« sociale »
• Quelle citoyenneté « socioéconomique » des jeunes?
• En France, une jeunesse « déclassée » (Peugny), une citoyenneté « refusée »: les jeunes ne sont pas des citoyens de la démocratie sociale, et ont donc moins confiance dans les institutions
ÞFamilialisation de la citoyenneté sociale: reconnaître pleinement le statut d’adulte des jeunes
ÞCitoyenneté économique « sélective »: investir dans le capital humain de tous les jeunes en renonçant à l’
« élitisme république »