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Géographies autochtones du sacré

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Academic year: 2022

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Appel de textes pour un numéro thématique de la revue Géographie et cultures (https://journals.openedition.org/gc/)

« GÉOGRAPHIES AUTOCHTONES DU SACRÉ »

Sous la direction de :

CAROLINE DESBIENS, Professeure titulaire (caroline.desbiens@ggr.ulaval.ca) et JUSTINE GAGNON, Professeure adjointe (justine.gagnon@ggr.ulaval.ca)

Chaire de recherche du Canada en patrimoine et tourisme autochtones Département de géographie, Université Laval, Québec, Canada

Tout comme la notion de culture, le concept de « sacré » est polysémique et appelle la description dense (Geertz 1973). L’étude des religions rejoint une partie de l’expression du sacré mais est loin de correspondre à l’ensemble de ses manifestations au sein des sociétés. Afin d’élargir cette grille et de s’inscrire dans le courant large des travaux sur la production du sacré et la sacralisation du monde (Eliade 1987), nous proposons dans ce numéro thématique d’investiguer la notion de sacré d’abord dans une perspective géographique et, deuxièmement, à partir des cultures et épistémologies autochtones.

Le concept d’autochtonie que nous mettons en avant est fondé sur la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones (Nations Unies 2007). De prime abord, une caractéristique importante se dégage des épistémologies autochtones du sacré, et ce dans plusieurs contextes géographiques : elles relèvent le plus souvent d’une vision holistique, s’attachant, par exemple, non pas à des objets ou des sites délimités dans l’espace, mais plutôt à des paysages. De cela découle que les espaces jugés sacrés le sont souvent en raison de leur patrimoine immatériel (Carmichael et al. 1994). Dès lors, tout comme la religion est un cadre trop étroit pour saisir le sacré, les milieux bâtis ou vestiges archéologiques ne recoupent qu’une partie minime du pouvoir particulier attribué à des lieux de puissance par les populations autochtones. La géographie culturelle représente un terreau fertile pour développer une meilleure compréhension de ces dynamiques. À terme, l’analyse de la diversité des rapports au sacré selon les espaces et cultures où il s’incarne peut mettre en lumière certains abus coloniaux qui perdurent encore aujourd’hui dans les politiques de reconnaissance et protection par l’État : dans plusieurs sociétés euro- descendantes, la protection du patrimoine « religieux » domine les politiques culturelles, ceci au détriment d’une approche où le sacré se déclinerait dans un large éventail de formes et d’espaces.

Nous désirons examiner ces enjeux en nous appuyant sur une variété de perspectives et d’études de cas, notamment autour des questions suivantes :

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• Quel est le statut du milieu bâti et du milieu naturel dans la construction du domaine du sacré dans les populations étudiées ?

• Quels sont les liens qui se forment entre les individus, les communautés et l’espace dans l’expérience et la conception du sacré ?

• Quel est le rôle de lieux géographiques spécifiques pour ancrer ces liens au sacré, les soutenir, les développer et les transmettre ?

• Comment la configuration ou les caractéristiques géographiques de certains sites contribuent-elles à les ériger en « lieux de pouvoir » ou de « puissance » (power places) ?

• Comment les sociétés coloniales ont-t-elles stratégiquement déstructuré les espaces et les visions autochtones du sacré ?

• Quelle est la place des traumatismes et de la mort dans les paysages considérés comme espaces sacrés ?

• Quelle est la place de la mobilité et des pèlerinages dans la production du sacré par les peuples autochtones ?

• En quoi les processus de patrimonialisation d’une part et de mise en tourisme d’autre part peuvent-elles soutenir ou entraver la protection et transmission des géographies autochtones du sacré et des savoirs reliés ?

• Quelle est la portée politique des visions du sacré mises en avant par les sociétés coloniales et leur stato-centrisme, et par les peuples autochtones ?

• Quelles sont les approches de recherche, les épistémologies et les principes éthiques qui seraient susceptibles d’encadrer l’étude de ces questions ?

BIBLIOGRAPHIE

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MODALITÉS DE SOUMISSION ET DÉVALUATION

Les articles (entre 35 000 et 50 000 signes maximum, résumés et bibliographie inclus) sont à soumettre à la rédaction de la revue Géographie et cultures (gc@openedition.org) et à Caroline Desbiens (caroline.desbiens@ggr.ulaval.ca)

au plus tard le 28 février 2022.

Les instructions aux auteur.e.s sont disponibles en ligne : http://gc.revues.org/605 Les articles seront évalués en double aveugle.

Références

Documents relatifs

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