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Academic year: 2022

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Longtemps suspecté de nuire à un partage rationnel des connaissances, le sensible est aujourd’hui le plus souvent admis, voire valorisé, dans l’espace social et médiatique. Le sensible est sollicité dans la communication, l’information, la critique, l’esthétique… Qu’en est-il dans l’acquisition des savoirs et plus particulièrement l’enseignement de la littérature ?

Si le sensible apparait d’abord comme la plus commune des évidences, celle du corps, de la présence sensorielle et charnelle au monde, la question est vive car depuis la gloire du Formalisme et du Structuralisme au XXe siècle, le développement d’un regard objectif, analytique et distancié a constitué le principal moteur de l’enseignement littéraire. Jusqu’à la reconnaissance émergente du sujet lecteur et des lectures subjectives à la fin des années 90, le sensible, réduit à la sensibilité de l’apprenant, a surtout été tenu pour responsable d’un impressionnisme incompatible avec un apprentissage efficace. Or, enseigner le théâtre, la poésie, l’éloquence, la tension narrative dans un récit, la pâte jubilatoire d’un texte à lire, décrire ou écrire, requiert indubitablement la prise en compte du corps sensible. Le sensible appelle aussi une réflexion sur les liens complexes entre les sens et le sens, entre le ressentir et le dire. Pour Le Breton, « Sentir le monde est une autre manière de le penser, de le transformer de sensible en intelligible » (2006, p.25). La didactique de la littérature apparait alors comme un lieu privilégié de l’étude des relations entre le sensible, le langage et les savoirs.

C’est au niveau du sujet mais aussi du collectif que l’on s’interroge: façonné socialement et culturellement, le sensible est modulé à travers les échanges avec les autres. Certains apprentissages permettent de se défaire des routines sensorielles, d’affiner les perceptions et les significations qui leur sont accordées. Et à la suite de Rancière (2000), on admet que le sensible est éminemment politique car il invite à questionner la hiérarchie des modes du sentir. Or, en quoi la littérature rend-elle le sensible partageable, questionnable? L’enseignement de la littérature induit- il des manières de sentir valorisées scolairement et en dénigre-t-il d’autres? Comment aborder l’insensibilité de certains élèves à la littérature? En quoi la sensibilité relève-t-elle d’une qualité d’attention qui dépend autant de dispositions personnelles que de formes socialement construites de (dé)valorisation? Y a-t-il contradiction entre l’émancipation du sujet que vise l’éducation et l’expression de sa sensibilité ? Peut-il y avoir émancipation sans prise en compte de la sensibilité de l’élève et, plus profondément encore, sans construction de conditions qui lui permettent de se faire l’allié, en toute autonomie, de sa propre sensibilité ?

Voilà pourquoi « L’expérience et le partage du sensible dans l’enseignement de la littérature » motive les XXes Rencontres internationales des chercheurs en didactique de la littérature. Plus de soixante-dix spécialistes venus d’Algérie, d’Angleterre, de Belgique, du Brésil, de France, de Grèce, du Luxembourg, du Maroc, du Québec, de Suède, de Suisse, se retrouvent à Rennes 2, du 12 au 14 juin 2019, pour dresser un bilan de vingt années de recherche et développer la réflexion didactique vers les temps à venir.

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