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Roman et démocratie au XIX

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Roman et démocratie

au XIX

e

siècle

colloque franco-américain, 12 et 13 octobre 2012

Genre qui s’impose par l’immense essor de l’édition moderne à l’époque qui se situe entre l’alphabétisation de masse et l’invention de nouveaux média, le roman domine la littérature moderne. On a dit à juste titre qu’il n’est pas possible de penser au monde moderne sans le roman, comme il est impossible de penser au roman sans le monde moderne.

Se poser la question du rapport du roman à la démocratie, au sens vaste qu’avait ce mot au XIXe siècle, c’est explorer toutes les facettes d’une relation complexe. Il ne s’agit pas seulement d’une forme de gouvernement, ni d’une technique de désignation des représentants, mais d’une évolution globale de la société vers l’indistinction sociale, paradoxalement contrastée par une contre-tendance à la production épidémique de nouvelles différenciations, et à l’hypertrophie des signes qui les rendent manifestes.

Quel rapport le roman entretient-il avec la conscience de cette évolution ? Comment et pourquoi est-il devenu le genre par excellence de la société démocratique ? À quelle conformité ou difformité par rapport au paradigme démocratique doit-il son succès ? Est-il le genre de l’intégration sociale dans une société d’individus ou bien le genre de l’individualité exacerbée dans la société de masse ? Les formes narratives de la subjectivité (psycho-récit, indirect libre, etc.) et les systèmes de personnages (hiérarchies, rapports entre protagoniste et personnages secondaires) sont-elles des compromis entre les exigences de l’individualisme et l’impératif post-révolutionnaire d’une « fabrication de la cohésion sociale » (Mona Ozouf) ?

La forme moderne du roman, le roman réaliste dans sa double dimension sociologique et psychologique, semble impensable sans, d’une part, le développement de l’individualisme, du libéralisme, de l’esprit scientifique et critique (c’est la théorie de Ian Watt), et d’autre part sans le sentiment de la massification, de la perte des distinctions, dont dérivent le révolté romantique et l’anti-héros naturaliste, enfants d’une société aplatie. Le roman de formation raconte cette articulation de plus en plus difficile entre la liberté individuelle et la socialisation, entre les espoirs grandissants de l’individu et la nécessité sociale, économique et politique d’un ordre.

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Sur le plan de l’histoire des genres littéraires, deux théories modernes associent, de deux différentes manières, le roman à la démocratie. Mikhaïl Bakhtine pense au roman comme à un espace polyphonique, où les voix multiples de la société se croisent, se répondent, s’enchaînent dans un immense dialogue qui fait apparaître aussi bien les différences sociales de la parole que l’impossibilité de parler du monde sans se confronter au langage de l’autre.

Erich Auerbach, au contraire, relie roman et démocratie à travers sa théorie de la séparation des styles (Stiltrennung), et considère le roman réaliste comme le résultat de la crise de cette séparation. La matière traditionnellement abordé par les genres comiques devient, dans le roman réaliste, le sujet d’une tractation sérieuse et même tragique. On ne rit plus de l’ouvrier comme on riait du valet de comédie. Les genres, les styles et les contenus se mélangent, dans l’esprit anti-hiérarchique qui caractérise désormais la démocratie.

Ces théories, ces questions toujours ouvertes, méritent qu’on les discute à nouveau dans le cadre d’un colloque qui réunira des spécialistes européens et américains à Paris, le 12 et le 13 octobre 2012.

Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 – Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle www.crp19.org

Princeton University – Department of French and Italian www.princeton.edu/fit

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