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Recherche en sciences humaines sur l'asie du Sud-Est

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25 | 2015

Recherche en sciences humaines sur l'Asie du Sud-Est

Bouddhas, Nāgas et Lieux de Mémoire en RDP Lao. Essais à la mémoire de Charles Archaimbault suivis d’un

inédit : Chefferie Lao. Cosmogonies, Structures

Religieuses et Rituel. Par Charles Archaimbault, Jacques Lemoine & Bernard Formoso, éd.

Bangkok, OI Publishing, 2014, index, tables des illustrations, 386 p.

Jean Baffie

Édition électronique

URL : http://journals.openedition.org/moussons/3309 DOI : 10.4000/moussons.3309

ISSN : 2262-8363 Éditeur

Presses Universitaires de Provence Édition imprimée

Date de publication : 15 septembre 2015 Pagination : 188-191

ISBN : 979-10-320-0003-8 ISSN : 1620-3224 Référence électronique

Jean Baffie, « Bouddhas, Nāgas et Lieux de Mémoire en RDP Lao. Essais à la mémoire de Charles Archaimbault suivis d’un inédit : Chefferie Lao. Cosmogonies, Structures Religieuses et Rituel. Par Charles Archaimbault, Jacques Lemoine & Bernard Formoso, éd. », Moussons [En ligne], 25 | 2015, mis en ligne le 23 juillet 2015, consulté le 26 décembre 2020. URL : http://journals.openedition.org/moussons/

3309 ; DOI : https://doi.org/10.4000/moussons.3309

Les contenus de la revue Moussons sont mis à disposition selon les termes de la Licence Creative Commons Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International.

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de terrain, ses freins, ses moteurs plutôt que ses objectifs (p. 261).

Pour finir (ch. 15), S. Turner revient une dernière fois sur des questions centrales au travail d’ethnographe et de chercheur : celle de l’éthique sur le terrain (quel comporte- ment adopter ? comment rendre compte de façon honnête et en préservant les commu- nautés ?), mais aussi celle du retour vers les communautés (mise à disposition du travail effectué, promotion de la culture, limites de ce rôle de promoteur). Puis, elle insiste sur les deux points qui lui paraissent essentiels pour mener à bien des recherches avec ces communautés des hautes terres, qu’on les nomme « minorités ethniques » ou « mino- rités nationales » (p. 281) : 1) une implica- tion des communautés qu’il faut préserver, voire développer (cf. ch. 12), 2) une colla- boration à entretenir avec les représentants de l’État, lesquels peuvent faciliter (ou blo- quer) l’accès à ces minorités.

Par-delà les anecdotes – qui contri- buent au côté rafraîchissant de ce livre –, ces récits, et la diversité des expériences qu’ils racontent, témoignent de la réalité des études ethnographiques dans l’Asie contemporaine, loin des connaissances théoriques.

En conclusion, cette réflexion sur les aléas du travail de chercheur devrait être mise au programme des lectures des jeunes doctorants avant leur départ sur le terrain !

*Maître de conférences, Université Aix-Marseille/

CNRS-Lacito/CNRS-IrAsia.

Bouddhas, Nāgas et Lieux de Mémoire en RDP Lao. Essais à la mémoire de Charles Archaimbault suivis d’un inédit : Chefferie Lao. Cosmogonies, Structures Religieuses et Rituel. Par Charles Archaimbault, Jacques Lemoine

& Bernard Formoso, éd.,

Bangkok, OI Publishing, 2014, index, tables des illustrations, 386 pages Par Jean Baffie *

La principale partie (p. 182-386) de l’ou- vrage proposé ici par Jacques Lemoine et Bernard Formoso était attendue depuis fort longtemps. Chefferie Lao 1 de Charles Archaimbault est, en effet, issu de la thèse que celui-ci soutint à la Sorbonne en 1959, mais va beaucoup plus loin puisqu’elle constitue une (assez courte) synthèse de l’ensemble de son œuvre avec les mises à jour jugées nécessaires, certains renvois étant fait à des travaux des années 1980.

Charles Archaimbault (1921-2001) fut très certainement le meilleur connaisseur du Laos de sa génération 2, et, à ma connais- sance, il n’a pas été remplacé, du moins en France. Ethnologue, il avait su acqué- rir une intelligence fine des rituels royaux comme populaires, des cités comme des campagnes ; son sens de l’observation et la qualité de ses notations laissent admiratifs et servent de modèles. Historien, il déchif- frait les manuscrits des monastères autant que les chroniques anciennes, publiées en langues lao et thaïe. Il n’était certes pas le seul à prendre soin de réunir toutes les ver- sions d’un mythe ou d’une légende, mais Archaimbault pouvait, lui, les lire dans le texte. Et celui qui pratique au moins une de ces langues sait combien cela peut faire une immense différence. Mais l’important pour Archaimbault était bien de pouvoir aller des mythes racontés sur le terrain par un infor- mateur aux diverses versions rédigées et souvent publiées.

Son collègue, l’ethnologue Georges Condominas, qui avait réalisé un ter- rain beaucoup plus rapide au Laos, ne

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s’y trompait pas : il se montra totalement interloqué quand certains de ses élèves lui expliquèrent qu’ils avaient dû renon- cer à une contribution d’Archaimbault pour un livre d’hommages en raison de sa longueur. « Vous vous rendez compte, me dit-il à diverses occasions, refuser un article d’Archaimbault ! ».

Si l’œuvre d’Archaimbault n’a pas l’in- fluence qu’elle mérite d’avoir, c’est, d’une part que tous les travaux importants de ce chercheur n’ont pas été publiés 3, mais également que les travaux qui ont été publiés jusqu’ici ne concernaient souvent qu’un rituel (même s’il était essentiel) ou les annales d’un seul royaume. Ce que nous proposent ici les ethnologues Jacques Lemoine et Bernard Formoso, c’est précisément la synthèse qui faisait défaut. Il était donc absolument essentiel de publier ce travail afin d’en assurer une plus grande diffusion, et envisager donc sans doute des versions de langue anglaise et lao. En outre, les nombreuses notes des éditeurs contribuent notablement à actua- liser des références, expliciter une infor- mation, identifier un groupe plus connu sous un autre nom, etc. Toutefois, comme ce texte a été écrit il y a trente ans, des notes plus développées auraient pu, par exemple, signaler des travaux réalisés depuis l’époque où il fut écrit. Ainsi, si, en 1984, Archaimbault pouvait écrire à juste titre que « l’archéologie de Vǎt P’ou reste à faire » (p. 301), ce n’est plus tout à fait le cas en 2014.

La structure de l’ouvrage est simple et, après une brève introduction de cinq pages, les quatre parties traitent chacune d’un des terrains de recherche de Charles Archaim- bault : le royaume de Louang P’rabang, le royaume de S’ieng Khouang, le royaume de Vieng Čăn, le royaume de Čămpasăk.

Pour chacun de ces royaumes, il est d’abord question de leur fondation, notam- ment d’après les annales, puis Archaim- bault développe l’aspect plus religieux.

Pour Louang P’rabang, Archaimbault passe

en revue les divinités par ordre d’impor- tance : Devatā Louang, monarques Thên, génies chtoniens. Il développe ensuite les rituels, les cérémonies, les jeux rituels, les danses. Ces descriptions notées au cours de la décennie 1950 sont très précises et d’autant plus précieuses qu’elles parlent de pratiques aujourd’hui disparues. Tout ce qui est dit sur les Lăk Mằn, Lăkmưang ou Phi mưang est ainsi du plus grand intérêt pour le chercheur intéressé par les divini- tés du sol, les génies tutélaires du village et de la ville. Le chapitre sur le royaume de S’ieng Khouang est plus rapide, mais c’est dans celle-ci qu’il est question de la fête du Nouvel An, et surtout du sacrifice du buffle 4. Du sacrifice du buffle il est à nouveau question dans le chapitre sui- vant consacré au royaume de Vieng Čăn ; mais celui-ci aborde d’autres rituels bien connus des chercheurs spécialistes de la région comme les fêtes des fusées (boŭn bằng făi) ou la course de pirogues 5. Il est encore longuement question de sacrifice du buffle dans le dernier chapitre consacré au royaume de Čămpasăk et notamment du sacrifice du buffle au Văt P’ou, première capitale du royaume de Čămpasăk, deve- nue un lieu considéré comme sauvage où tout pouvait arriver (p. 344). Mais les pages consacrées à la cosmogonie sont également d’un grand intérêt.

Le style d’Archaimbault n’est pas tou- jours aisé car ses phrases sont longues et comportent de nombreuses incises. En outre, son système de transcription de la langue lao est assez éloigné de ceux que l’on rencontre de nos jours et cela donne parfois quelques mots étranges dont la pro- nonciation est loin d’être évidente comme Kmhmǒu ou Čằo S’oi Sisǎmoǔt P’oǔtt’ang- khoun. Si l’introduction (p. 183-189) est très utile, une conclusion fait en revanche défaut. Les trois dernières pages du texte d’Archaimbault relatent les événements survenus à Champassak dans les décennies 1960 et 1970 ainsi que ces dernières ren- contres avec son ami, le prince Boǔn Oǔm.

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Une véritable conclusion générale aurait pu être l’occasion de poser des jalons pour une compréhension plus conceptuelle ou théorique, mais ce n’était certainement pas l’intention de Charles Archaimbault.

Ce long texte d’Archaimbault (p. 183- 350) est un excellent résumé de la plupart de ses publications antérieures, mais le but principal est de replacer le projecteur sur cet éminent chercheur de l’École française d’Extrême-Orient dont l’œuvre n’a pas été diffusée selon sa juste valeur. Dans son article d’introduction « Charles Archaim- bault et son œuvre », qui développe un article publié en 2001 dans le numéro 7 d’Aséanie, Jacques Lemoine rappelle que c’est lui qui avait demandé à Archaimbault, au début des années 1980, de préparer ce texte qu’il comptait bien publier aux édi- tions Pandora, qu’il avait alors créées et qu’il dirigeait à Bangkok. Mais, lorsqu’il fut terminé, en janvier 1984, la situation administrative avait beaucoup changé et le CeDRASEMI auquel appartenait Lemoine était sur le point d’éclater. Ajoutons que, si le texte présenté ici est une bonne introduction à l’œuvre d’Archaimbault, il ne remplacera sans doute pas les deux tra- vaux sur le Sud-Laos qu’il reste à publier, sa thèse : L’histoire et l’organisation rituelle de Basăk-Čămpasăk, soutenue à Paris en 1959, et ce que J. Lemoine présente comme devant être son opus magnum : Le sacrifice du buffle au Vat P’ou.

Si j’ai voulu commencer par la seconde partie de l’ouvrage, la première partie mérite, elle aussi, toute notre attention.

Si la contribution de Jacques Lemoine a surtout l’intérêt de fournir des éléments biographiques peu connus sur Charles Archaimbault, de mettre Chefferie Lao en perspective et de donner les détails des péripéties du manuscrit que lui a confié Archaimbault, trois décennies plus tôt, les quatre autres contributions ont une réelle portée scientifique et montrent que, si Charles Archaimbault, pour avoir peu enseigné et même avoir peu séjourné en

France, n’a pas fait véritablement école, il a su inspirer des recherches de qualité.

La première contribution, celle de M. Khambone Thiraphouth, ancien direc- teur de l’Institut de Recherche sur la Culture de Vientiane, aujourd’hui décédé, concerne le Palladium de Čămpasăk, à savoir le Bouddha de cristal qui se trouve aujourd’hui dans le palais de Dusit à Bang- kok. L’intérêt de l’article est multiple, car d’une part il s’agit d’une enquête sur le parcours de cette image de Bouddha parti- culièrement importante pour les habitants du Sud-Laos, de Čămpasăk à Bangkok, en passant par Haripunchay (Lamphun) et Chiang Mai, mais surtout l’auteur montre le rôle des Kătang, une population Brou, dans l’histoire de ce Bouddha de cristal. Les habitants de certains villages Kătang sont ainsi appelés Khà P’răkêo en référence à cette image du Bouddha.

La deuxième contribution est celle de Mani-Samouth M. P. Rattana Koumphon et concerne les Grands-Tambours de monas- tères à Louang P’rabang, thème traité par Archaimbault en 1956 dans un numéro de la revue France-Asie. Elle étudie les tambours lao et lu’à la manière d’une technologue chevronnée, de la fabrication matérielle à la consécration spirituelle.

L’auteur conclut que la tentative du boudd- hisme theravada de récupérer l’aura de ces tambours a échoué ; elle met en évidence un substrat chamanique sur lequel une tra- dition lamaïque est venue se greffer (p. 95).

L’article suivant, de Bernard Formoso (p. 103-135), avait été publié dans la revue Archives de Sciences Sociales des Religions en 2002. Il propose une analyse structu- rale de trois mythes lao et lu’concernant la transformation de rois en serpents nāga ou inversement de nāga en homme. Les réflexions sur la malemort, les rapports nature/culture et autochtonie/allochtonie sont particulièrement éclairantes.

La contribution de Souksavang Simana sur les « seigneurs aînés, seigneurs cadets » (Čằo Ai, Čằo Nong) est le texte d’une com-

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munication présentée lors de la Première Conférence sur les Études Lao, à l’univer- sité DeKalb, en mai 2005. Elle développe un aspect largement abordé dans les tra- vaux de Charles Archaimbault, celui des relations entre les leaders lao et les minori- tés autochtones, ici entre les rois de Louang Prabang et les Kmhmoǔ Kǎsǎk.

L’édition du volume est tout à fait acceptable. Toutefois, une dernière relec- ture aurait pu éviter quelques erreurs, de transcription par exemple avec (Chula) chomkao pour (Chula) chomklao (p. 53), Pangki ou Pangkee (p. 120-121). L’auteur du livre en thaï sur les statues du Bouddha du Palais Royal transcrit son nom en Suriya- vudh Sukhasvasti plutôt qu’en Suksavath Suriya (p. 46) ou en Suriyavuni Suksawasdi (p. 58) 6. L’index ne reprend pas toutes les mentions de Lăk Mằn ni de Čằo Lăk Mằn (p. 199, 238). Reprendre et compléter les références données par Archaimbault dans une bibliographie finale et ajouter un glossaire des termes lao auraient rendu un grand service au lecteur moins spécialiste.

Les neuf illustrations de l’article de Kham- bone Thiraphouth et les treize illustrations de celui de Mani-Samouth M.P. Rattana Koumphon amènent à regretter que les suivants – mais surtout le texte de Charles Archaimbault – en soient presque entiè- rement dépourvus. Enfin, il faut regretter que la conception de la couverture n’ait pas été confiée à un maquettiste et se contente de donner des titres et les noms des édi- teurs et de l’auteur principal, Charles Archaimbault.

Le nouveau directeur de l’EFEO, lui- même un ethnologue spécialiste du Laos, est en mesure de réparer une partie de l’injustice envers l’œuvre de Charles Archaimbault en publiant enfin sa thèse sur L’histoire et l’organisation rituelle de Basăk-Čămpasăk soutenue en Sorbonne en 1959.

Notes

1. Archaimbault traduit ainsi Čằomưang alors que mưang est plus souvent traduit par prin- cipauté ou seigneurie.

2. Il faut tout de même signaler la qualité des recherches d’Henri Deydier (1922-1954), mais celui-ci perdit la vie dans un accident d’avion à l’âge de 32 ans et n’eut donc pas la possibilité de beaucoup publier.

3. Jacques Lemoine revient sur les circonstances qui ont fait que la thèse d’Archaimbault ne soit pas publiée (p. 151-152, 174-175) et parle même « d’une injuste et scandaleuse cabale » (p. 181).

4. Il s’agit en fait d’un résumé du livre qu’Ar- chaimbault publia en 1991 et qui représente le volume 164 des Publications de l’École Française d’Extrême-Orient sous le titre Le Sacrifice du buffle à S’ieng Khwang (Laos), (244 p., 37 photos, 3 cartes).

5. Là encore, il existe un ouvrage consacré à ce rituel auquel Archaimbault fait de nombreux renvois : La course de pirogues au Laos : un complexe culturel. Asconia, Artibus Asiae, 1972, 126 p.

6. Le titre de l’ouvrage de cet auteur est éga- lement mal rendu puisqu’il devrait être : Praphutthapatima nai phrabarommamara- chawang plutôt que Phraputharup thi ma nai Phraborommaharasawang.

* Chargé de recherche, IrAsia, CNRS-Aix-Marseille Université.

Samouraï : 1 000 ans d’histoire du Japon, Pierre Souyri & Musée du Château des ducs de Bretagne (Nantes), Rennes, Nantes, PUR, les Éditions Château des ducs de Bretagne, 2014, 264 pages, illus- trations couleur.

Par Arnaud Brotons *

Fascination. C’est le mot qui revient le plus souvent dans les différentes introductions à l’ouvrage Samouraï – 1 000 ans d’histoire du Japon, de Pierre Souyri, Professeur à l’université de Genève, et spécialiste du Japon médiéval. L’image du samouraï fas- cine en Occident où le mot désigne un guerrier impavide et courageux, un brin féroce. L’imaginaire qui nimbe la figure du

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