Article
Reference
Note sur la présence en Savoie de la ligne anticlinale de la molasse qui traverse la Suisse et une portion de la Bavière
FAVRE, Alphonse
FAVRE, Alphonse. Note sur la présence en Savoie de la ligne anticlinale de la molasse qui traverse la Suisse et une portion de la Bavière. Bibliothèque Universelle et Revue Suisse , 1862
Available at:
http://archive-ouverte.unige.ch/unige:107939
Disclaimer: layout of this document may differ from the published version.
1 / 1
tRrvÈnslrË uc enrufft ltBsijiïîil,.fr I
mftËûrgGtt
Bâtinrent d,Hygiène euai de l,École de N4édecino
NOTE SUR LA PNESENCE EN SAVOIE DE LÂ
TIGNE ANTICIINAIE DD tA M()IASSA
qrri tnvcrsc la $uissc et ule portion dc la Barièru
PAR '
M. ALPH. FÀVRE
Professeur à l'Âcadémie dô Genève
0n nomme ligne anticlinale une ligne qui passe par le sommet des angles que forme uno couche inclinée dans deux sens opposés.
Une ligne semblable s'observe dans
la
molasse ter- tiaire dela
Suisse. Elle a été tracée sur la carte géolo.gique de ce pays, publiée en
{853
par MM. Esctrer et Studer. Elle n'est point rectiligne, mais ondulée et à peu près parallèle aux chaines exlérieûres des AlpeS. 0n la voit partir des bords du Rhin, près de Bregenz, traverser l'Appenzell, arriver à Uznach, à Risch sur les bords du lac de Zvg,et à Lucernè, d'oîr on la suit jusqu,à la Fal, kenflûhe près de Thoune,; elle reparaît dans Ie'Guggis- berg. Delà,
à Lausanne, elle présente une petite inter- ruption, mais MM. Escher et Sluder- I'ont figurée sur leur carte dans cette dernière localité.Plus tard, en
{864,
MM. Gaudinet
de Rumine ont encore constaté dans les travaux de la gare du cheniirj2
suR LÀ pnÉsnucn EN savortde
fer
de Lausanne la présence de cette ligne anticli-nale r.
En mesurant la direction prise par cette ligne sur les deux côtés du chemin de
fer,
on obtient, disenbils, la direction S0-
NE. Cette directionirait
aboutir au lac de Constance. C'est exactement la direction de I'axe anti- clinal tracé surla
carte de M'. Studer, etils
ajouterrt :<r 0!0st en oet endroit, semble-t.il, que les couches in-
férieures de
la
molasse poussées latér'alementpar
les Alpes ot arrêtées rpar le Jura, ont cessé de se;redresser.u D'après M. Studerz, cette ligne traverse toute la Suisse presque sans interrqption,à dix ,kilomètres environ des Âlpes calcaires.Il
la rggqxde cornmç une preuve de la pression latérale exercée par les Alpes sur le sol tertiaire et cette origine solie
pour .fui au fait très-oonnu de la .çupe{pqpition des.lerrains crétacés ou jurassiques suûles tççrqins tgrtiaires,fait
qui se voit sur une grande lon"gueur dans la chaine extérieure des Alpes.
M, $tqdpr a donné plusiours sections des couches qui fgrment la ligne anticlinale qui nous occupe maintenaùt;
à Ip Falkenflqhe, â Escholzrnatt, etc.
M, t(auffmanû, en ,{860, dans son travail sur la ,mo.
lqssps, a f égèrement nodilié la direotion qui était assignée
à celtQ figne sur la cante de MM. Esoher et Studer. La prinoipale modilication consiste'en ce qu'il la fait pqsser à,M?rbach, près des souroes de Pfimme; la différence est peu grqnde.
Il
a observé également une autre ligne anti.cliUAlo plus rapprochée des montagnes calcaires gue
r
Bulletin de la Sociétë uauiloise, 4 859, ? décepbre, N: {? . z Geolog. der Schweiz, t.II,
p. t74.a Manoires de
la
Soalété heluétique iles scimces naturelles , 4860.I
DE LA LI6NE ANTICLTNALI' NN
II ilTOLASSE.
3celld qui noils occupe. Je crois en avoir retrouvé lâ tritce dans la rûoCItûgne des Voirons; mais à une oussi gfaride distance
je
nc puis être r:ertaindu
prolongetneht eiâct de cette dernière ligne anticlinale. Cependant, leS pages suivantes viennent à I'appui de cette idée.Dans, le magnifique atlas géognostique du roya'unre dd Bavière, publié par M. Gumbel en {861, on voit querles environs de Bregenz la, grantle ligûe anticlinalo de lâ mo- lasse se prolorrge au N.-8. au travers des collines et de3.
plaines de la Bavière jusqu'au llarrchen-Berg, sur la rive gauche de
I'Iller,
entre Immenstadt etKempten. l
Qn peut, donc suivre cette ligne presque sans inter- ruption des bords de
I'lller
en Bavière jusqu'à ceux du lae de Genève, près Lausanne.J'ai recherché si sur la rive méridionale du lac de Ge- nève on pouvait trouver des traces de cette,ligne anticli-, nale" Cette recherche n'est pas facile, parce que les ter- rains diluviens et glaciaires occupent presque,,totttj; lâ plaine.
Cependant, près rlu harrreau de,Bonnatraix,
j,aitro[té,
au sud; de la route de Thonon et à I'ouest tle cette'ville, uno carnière de molasse. Elle fbrme le point extrême du côté de l'est ou le grès micacé bleuâtre ou molasse, qui sonstituela colline de Boisy, vient se montrer. Les couches de r:ette carrière, é[ant relevées du côté du S.-8., appar- tiennent à la lèvre septentrionale cle la ligne anticlinale.
Ces couches sont en piirtie recouvertes par la glaise gla- iiâire à cailloux slriés. Près,cle là, dans
le
ravin voisin tlu v.illage de Sciex et près du moulin de la Serpe, dans lelit
du Redon, on voit encore cette même molass,e, re.dressée dans le même sens (clirigée N. b0" à bbp E. et plongeant au N. 40" à 3b" 0.).
4
sun LA pnÉsni,rcn EN savolrC'est encore
la
lèvre nord du soulèvement du coteau de Boisy qui se montre ici. Les couches sont peu inclinées, elles plongent de 90 à 30".En amont du moulin, les couches se redressent; elles plongent de
50'
en gardant la même direction, puis encontinuant
à
remonter le ravin on les trouve presque horizontales, mais clirigées au nord 5" Est et plongeanl ile{0
à l5o à l'est, 5" sud.Ici
elles appartiennent à lalèvre suil du pli.
ll
est donc évident que dans cette localité se trouve un axe anticlinal de la molassel.n
Crttu strucl,ure se continue dans la colline rle Boisy, dont ces couches font partie. Cette petite montagne est entièrement formée par des couches redressées au N.-0., qui appartiennentà la
lèvre mériCionale de cette ligne anticlinale. Nulle part ailleurs que dans le lil, du Redon, dont je viens de parler, on ne peut apercevoir la lèvre septenlrionale. les coucltes qui la forment manquent ou sont ensevelies sous les puissants éboulements parlis tlu haut de la colline. La lèvre méridionale est au contraire relevée à une hauteurconsidérable; elle atteint le niveau de 363 mètres au-dessus du lac de Genèvez et,présente de grantls escarpements clu côté de ce lao.Cette coliine est donc formée par le prolongement de
I'axe anticlinal reconnu à Lausanne, axe qui déjà a été 1 Dans le lit clu Redon, la direclion des couches de la molasse est très-riariable. Elle est complise ent,re le N. 50 E' et le N.
400 E,; ei,courme je I'ai dit, du voit que l'inclinaison des cou- ches varie beaucoup aussi
;
quelques-unes se rapprochent de la verlicale.!
Ce lac est élevé de 375 mètres au-dessus du niveau de la mer.DE LÀ LIGNE ANTICLINALA DE LA
MOLÀSSE,
5llorigine
de
collines semblables dans l'intérieur de la Suisse.Si nous recherchons le prolongement de cette ligno du côté
du S.-0.,
on serait tenté de le trouver dans la petite colline de Monthoux, placée entre le t\{ont-Salèveet les Voirons; cependant, en examinanI sa structure, on voit t1u'elle est entièrement, formée par rles couches redressées au N.-0.
ùlais si on observe la position des couches
du
Mont- Salève, ony
reconnaît la présence de I'axe anticlinal. En effet, toutes les couches de molasse qui se trouvent sur.un versant intérieur clu côté rles Alpes sont redressées au
N..0.
et toutes les couches de molasse placées sur son versant extérieur sont redressées au S.-8., en sorlÉ' quf' ces couches se redressentles
unes conh'e les autres;mais, elles sont séparées les unes des autres par le grand massif des roches jurassiques et néocomiennes. qui cons- ituent le corps
de
la montagne elle-même et qui présente deux systènresde
couches.L'un
plongedu
côté clesAlpes, c'est-à-dire au S.-8.
;
l'autre est vertical et à eux deux ils forment l'axe anticlinal. Cette montagne présente beaucoup d'analogie de forme avec la colline de Boisy.Par conséquent, le Mont-Salève offre un axe anticlinal énorme, s'élevant à 4000 mètres environ au-dessus du niveau du lac de Genève, et. cet axe est placé sur le pro- longement de celui de Boisy etde Lausanne, qui lui-même est la continuation de celui de la'Suisse et de la Bavière.
Si je jette un coup d'æil d'ensemble sur
la
structure que je viens de décrire, je vois en partant ile la }lavière pour an'iver en Savoie, une fente ou dislocation, longue rl'environ 370 kilomètres, qui traverse toutela Suisse; aubout de celte fente, je trouve à Boisy une dislocation très- grande, qrri a donné naissance à une colline qui s'élève
6
gun ria pRÉsENcE ENsavoln
.,à 363 mètres au-dessus du lac; je vois encore. que oettC
ligne arrive au Salève
où
la tlislocation s'élève à {,009 mètres au-t'lessusdu
lacet
oirla
sortie d:e la. grande masse calcaire a énormément écarté les deux lèvres de' la'molasserJe crois rlonc que le Mont-Salève, la colline de Boisy et la ligne anticlinale qui traverse la Suisse et se pro- longe jusque sur les bords de
l'lller,
ont la même ori- gine'et sonl, une seule el, même manifestation d'un grand pbénomène de plissementqui
a eu une part très-large dans le relief des Alpes et des contrées voisines.La montagne du Salève présente une position excep- tionnelle, o'est une grande élévation calcaire, entourée de tous les côtés par la molasse tertiaire. Cette position a déjà été souvent signalée el, souvent aussi on a rliscuté pour savoir si cette montagne appartient à la clraîne du Jura ou à ce'lle des Alpes.
Urr coup d'æil rapide jdté
sur
les cartes géologiquesde la
Suisse, de la Bavière et, de I'Autricho, fera bien comprendrrc la position exceptionnelledu
Mont-Salève,câr 0n ne verra nulle part une mrrntagne, formée par les terraius jurassiques ou néocomiens, isolée au milieu rle Ia plaine de molasse tertiaire.
En rattachant la formation exoeptionnelle et locale de cette montagne à un phénomène plus étendu, j'ai'montré
I
Ce genrc de dislocation me rappelle ce qui a été rtit naguè- t'es pal' un savant ingénieur'dbs mines:
<0n peut suivre, dit-il,ces lignes parallèles de fractures (cellcs des environs de Plorn- bières, département des Vosges). jusque clans le dépar:temen[ de
la Côte-tl'Or, et llon retrouve encore auprès,de Dijon, c'esl,-à- dire à plus de 160 kilomètres de Plombières, un pointement gra- nitique résrrllanl de la nrême cause géologique. D --j M. de Billy, Comptes renilusde l,'Acad,ém,ie iles sciencel, t. XLUI. {9 mai {856,
a
DE LA LIGNE ANTICLINALE DE LÀ
MOLASSE.
7qu'elle est liée à une grande dislocation qui parait être un trait d'union entre les Alpes orientales et les Alpes occidentales.
Si nous recherchons le prolongement de cet axe anli- clinal du côté du S.-0., en partant du Mont-Salèye, nous n'en retrouvons pas la trace d'une manière claire. M. pil-
let,
dans son travail sur les environs d'Aix-les-Bains, acependant signalé de grandes dislocations
au
pied des montagnes des Bauges; mais, d'après la carte qu'il a pu-bliée,
ces dislocationsne
paraissent pas se raccorder d'une manière certaine avec celledu
Salève. plus au snd-ouestenrore,
nous arrivons au delà de Cbambéry dans une région oir la ohainedu
Jura vient se réunir avec celle des Alpes.ll
y existe dc nombreuses disloca- tions, mais nous rie savoils à laquelle nous devons rap- porter celle du Mont-Salève, et les montagnes calcaires isoléds au milieu de la molassequi
sont, figurées sur la cartedu
Dauphiné de M. [,ory me paraissent appartenir plus au Jura qu'aux Alpes.,fe ne puis terminer cette note sans faire remarquer combien
il
est dillicile de tout voir et de tout comprendre rlans la structure d'un pays. 0ertes, les environs de Ge-nève sont abordables et faciles à smuter, et depuis de Saussure tant de géologues y ont passé qu,on aurait pu croire qu'ils avaient été suflisamment examinés si je ne venais de montrer
un
trait nouveauet
important dansleur structure. L'on arrive
à
croire que le nombre des observations à faire dans un pays est presque inépuisable,et
qu'un géologue peut, avec de la persévérance, voir des cboses nouvelles dans une région que l,on croyait bien explorée.Lrlr;ll
r:i{
[tir it,r'r.'
{lr,? i:;ili-l?..1 rr{t,r!ô1
1:.J lli,l, i .t!tl.
iJ;i-lrrll I ,l;1r,.
Lr-)il l.('}}'lll I
u1 ,ltr.tll,.i;'.rrltliit.i{r itf lrr
ilar.r: tl{.
!}t,i4tirri,,:.$l.ll;h' nrtll. i'r
1.lf.lrù)"ei!!i,:tr.: l.'1,i.,. , tlillt/
i,tt ltr'tt ti:', i,,.','"1.1,
';'l'llt,l?Iplt:"
ll:(!t ilt.lli,il!! l'.rt,l ir'
:ll i l.r" :l
;'r'1i1t
t' !1;:' rirrlll'l.tt il
I' ii"
l
â,,i,:i,.;. i.li. !r;:iiii,' ll,'
t' ,r r!,],; ., :: ',i laijii(liriii',.
i':j 1
',:(Jrl,!. r.ill,i;1 '1 .:r
il' ,lll,l I l '::!i!.
I i;itll: i l ''i''
I ir' il::
r-3lli2;lli.i. l:;i,i i,',,t,i';t
rirl'.,.i j ti:!l';'l':r''
;1,:
"'::t'1";'[
''rl
lili/'r, :,r.lr'l 'llli:i,ri ,,;- '
r-i ',3i,i -a 'i '"' ifs,'l - t;t :ir :rr;l'l rll'
i,,i'1r :r" ' l''
i"
':"
llt)
!1 4, 'r f
lt!,.1,. i.' {,"illi
"
' ll
, :t i';:i l:tr t.
t,1;,i, '.
ilr!l,t i
rt.,lril.:l -i.lli.lll"
::'!:
i;
l;l'illl1 t':'r I
i.llr"; '
rrr
r.i,lJll,!. '.' ii !.rl riti
,1, ,i
trt, iIL- 1t.
r',r,r'i
,
i:1.r4 'lt!r.:r rl1, g,r
:,/. i:
,
r.:!i.ii. r,it ll,,t;iil:.'lil,
i, l, I'r't...r ilt!
1,;i:
.lr,;'.:.';', .lt)irIt;t,t;it.
l,t'i
it-,.-
'iit l' .,i r.t ,l{r .'.
| !!'t.":.;.
rlrli ','.1',t
!l-'ir!r'i'z -rr'
,:i
itrr1,1i,i, 1.r.l1r (lr! Ïi'
i ,1 ij)l,t t,
'1 '1i l:
"!:, .i i 1 iii.::!l,l'-'
:{ti{l'4' }i :lla li,:'.
r.
ifirt}l'ti+ræi ii"
ri!.. / ' t'i.';l':j i''ll;
-'usri'o*it:i
cà
u ;i
69 | 1, g ia ltr 1 1
à1i r uos'r er,r
(
['
:
b?,f,';il#tË
t:hfffi
,.
slp4aanlily) :eilsms onn?V Ploniùs&nryn
W,b&ûilqlg EI dp'çxTl
lf 'r l- ;
ii i b:. i
I
i.
r r
l,, t,,1r
"
itlr'f{:+ritrt}l}F
!l 'ii:r.
!!.'r:'i '1.1, .: !.
., i': t ."..:.
.r.!';
1!li1.,tr -',i,1',:1i"','llll!:j
tlttrit(11:ii',- t',i i,,.i:" .
;''
I.t,l;iij,,l,l, .: iri., . .':'.!ii,,{
/'.r"i'r;i;r'r,.
l,'i',,
iil'Z: :
ir,[' u-ilf: 4{lri
:i,i^t;i , :. .t ,":'.
{':' i l'l'1.\''.'l:llï
]
l,..:i i1.:,ri'',lr:1 i'l Li ', ;;
:1.!il. 1
":l!
iii'!:'rrr!,r, l i:i,r" 1
tl" irii'
rrr!;.,i, 'l,l ,.:)r , r!.,, ,..' !:
'.:.
,r:ll,!
,r'l li :iil ,r :1:;'r,i,'
.i;'"li:
',1:.
11;,,y.. t.r't ',l,r,ii,,ll'4
i1,. 1r,
'r1,;i;r;',tl'il;f tltt '.t.t :jTti itll!'
,.rt,i;!! Tt.trl$irj,?
:r'; Ir:!tl ri.rjl,;,':
,..,',.;
. { .flirr..-:
';i,lr'i,l:ti(j.{ trl rrJ' f"'"'7
rirl.Oli,; i,r[ ll,rii
;,1;:; '1 i;i.:rllrl ]
i!?! ",:rriitll :i';. !':ii.Jr:
lilLr.
tiU
l"V t'l(|r'.}"r7,!.1{'l'l'/"
rl'h: Iti-
'/lttlllc'li'
i 7I
i. - ,...!,ril.
.i.:
1,,,.i 'i,,;
1r'.';, ..
J:l::
rrtr,