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Le Chêne français et ses produits dérivés. Marché intérieur et concurrence internationale

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Le Chêne français et ses produits dérivés. Marché intérieur et concurrence internationale

Dominique Normandin

To cite this version:

Dominique Normandin. Le Chêne français et ses produits dérivés. Marché intérieur et con- currence internationale. Revue forestière française, AgroParisTech, 1990, 42 (2), pp.110-118.

�10.4267/2042/26049�. �hal-03425285�

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LE CHÊNE FRANÇAIS ET SES PRODUITS DÉRIVÉS

MARCHÉ INTÉRIEUR ET

CONCURRENCE INTERNATIONALE

D. NORMANDIN

Bien qu'aujourd'hui certains de ses emplois traditionnels soient très fortement réduits, le Chêne "' demeure la première essence commerciale feuillue française. Il représente ainsi plus de 40 % de la récolte de bois d'œuvre feuillus, près de 60 % de la valeur de la production de grumes feuillues, et des proportions semblables dans la production de sciages feuillus tempérés.

Il intervient pour plus d'un tiers dans les revenus de la sylviculture, et participe pour 45 % aux exportations françaises de grumes et sciages. Plus encore que son poids dans l'économie de la filière-bois française, l'importance du Chêne dans la ressource et la production de bois place la France au premier rang européen et au deuxième rang mondial pour cette essence. Dans le contexte d'une filière-bois largement déficitaire, il s'agit là d'un atout important dont il est nécessaire de tirer le meilleur parti.

UNE TRÈS GRANDE DIVERSITÉ D'EMPLOIS

En tout premier lieu, l'économie du Chêne et de ses produits dérivés se caractérise par la très grande diversité des utilisations de cette essence. Une quantification précise des nombreux emplois du Chêne s'avère certes délicate dans la mesure où les statistiques de production et d'échanges aux différents niveaux de transformation ne distinguent pas toujours les essences ni, a fortiori, les qualités. Des ordres de grandeurs des principaux usages actuels du Chêne peuvent cependant être mis en évidence.

(1) L'appellation « Chêne » est adoptée ici pour désigner les deux principales essences commerciales françaises que sont le Chêne rouvre et le Chêne pédoncule, sans distinction entre elles, ce que ne permettent d'ailleurs pas les statistiques de production et d'échanges disponibles.

110

(3)

Le Chêne français et ses produits dérivés

Ainsi, en ce qui concerne les bois d'oeuvre, qui représentent, du moins sur le plan de la valeur, le secteur le plus important de l'économie du Chêne, peut-on constater (cf. figure 1 p. 112) qu'au cours de la période 1980-1986, la consommation moyenne de sciages de Chêne sur le marché français (environ 2 millions de m3 équivalents bois rond/an) s'est répartie de manière sensiblement équivalente entre trois grands types d'emplois :

— un tiers a été destiné à l'industrie de l'ameublement (où le Chêne représente environ 25 % des sciages consommés). C'est un domaine dans lequel les caractéristiques esthétiques du matériau (et donc les phénomènes de mode et la subjectivité des goûts) jouent un rôle important et qui utilise également (en quantités toutefois beaucoup plus modestes) les placages issus de l'activité de tranchage ;

— un tiers a été utilisé dans le bâtiment, secteur dans lequel l'aspect, mais aussi les qualités mécaniques et technologiques interviennent, à des degrés et selon des modalités diverses, dans le choix des matériaux ;

— un tiers enfin est réservé à des usages nécessitant, d'abord, des propriétés mécaniques minimales et qui correspondent à divers emplois en emballage, calage, bois sous rails, fonds de wagons,... entrant dans la catégorie que l'on appelle généralement les bois de « qualité secon- daire ».

Certes, les valeurs obtenues restent assez approximatives en raison de la diversité des sources statistiques et de l'imprécision des coefficients de conversion utilisés. Par ailleurs, chacun des trois grands domaines d'utilisation répertoriés recouvre, en fait, une grande diversité de produits dont les marchés peuvent être très différenciés et au sein desquels le Chêne s'insère de façon plus ou moins importante et est soumis à des concurrences de nature et d'intensité variables.

Quoi qu'il en soit, on peut déjà ainsi mieux cerner les principaux marchés du bois d'œuvre de Chêne.

À cet égard, la figure 1 (p. 112) illustre aussi la très grande importance des marchés extérieurs pour la production française. Ainsi, les exportations de sciages, presqu'exclusivement destinées aux pays voisins de la CEE, représentent l'équivalent de 870 000 m3 ebr, soit près de 30 % de la production'21. Comme, par ailleurs, près de 13% de la récolte est exportée sous forme de grumes, c'est, au total, de l'ordre de 40 % de la récolte française de bois d'œuvre de Chêne |3>

qui sont finalement destinés, sous une forme plus ou moins élaborée, aux marchés extérieurs.

Ceux-ci sont surtout demandeurs des meilleures qualités puisque près de 75 % des sciages exportés (hors traverses) sont destinés à l'ameublement et à la menuiserie, alors que les produits de qualité supérieure (plots et avivés 1er choix) ne représentent que 5 0 % de la production. De même, près de 40 % des grumes de tranchage seraient exportées. On notera cependant l'existence d'un flux important (les deux tiers de la production) d'exportation de traverses vers les mêmes pays. Inversement, les importations, notamment de sciages en prove- nance des USA (utilisés essentiellement dans l'ameublement), restent assez marginales, de l'ordre de 5 % de la consommation intérieure.

Quant aux autres usages industriels du bois de Chêne, dont la quantification est plus incertaine, ils sont, en tout état de cause, beaucoup moins importants. Les usines françaises de pâtes et de panneaux consommeraient ainsi environ 700 000 m3 de rondins de trituration de Chêne dont la récolte totale se situerait aux alentours de 1,3 million de m3 avec un fort courant d'exportation vers la Belgique. Le prélèvement d'autres bois d'industrie reste très faible puisqu'il n'atteint que 300 000 m3 pour l'ensemble des feuillus. Enfin, il est bien connu que le bois de Chêne est un excellent bois de chauffage et est très utilisé en tant que tel. Bien que leur quantification précise

(2) C'est-à-dire notablement plus que dans le cas des autres essences feuillues tempérées pour lesquelles le taux d'exportation de sciages est d'environ 13 % (20 % pour le Hêtre).

(3) Qui s'est élevée, en moyenne sur la période 1980-1986, à 3,15 millions de m3 et dans laquelle les grumes à tranchage ne représentent guère que 2,5 % des quantités récoltées.

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Figure 1 REPRÉSENTATION SCHÉMATIQUE DE LA FILIÈRE-BOIS D'ŒUVRE DE CHÊNE SUR LA PÉRIODE 1980-1986 (quantités estimées en 1 000 m3 ebr)

TRANCHAGE ~ 50

USA

_r\_

RÉCOLTE BOIS D'ŒUVRE

3 150

GRUMES TRANCHAGE

GRUMES SCIAGE

3 070

C. APP.

GRUMES 2 690

PLOTS 640

1e r CHOIX

A 560

V 1 I V 6

E 4 AUTRES

S 0 1 M 0

TRAVERSES 360 MERRAINS 50

BENELUX, RFA ITALIE, ESPAGNE

A = 5 0 % / ' B = 25 %' E = 590

D = 25 %

I C. APP.

SCIAGES 1 920

I

3 5 %

3 0 %

28 %

7 %

AMEUBLEMENT 670

BATIMENT 580

DIVERS 540

TRAVERSES 110

MERRAINS 20 E = 250

E = 420

USA BENELUX, RFA

ITALIE, ESPAGNE

Divers = Palettes, caisses-palettes, calage, fonds de wagon, brosserie, cercueils..

Exportation de sciages : A = Ameublement, B = Bâtiment, D = Divers

soit très aléatoire (très forte part de l'autoconsommation), les volumes en cause sont vraisem- blablement très importants, sans doute de l'ordre de plusieurs millions de m3. En raison des difficultés de quantification et, du moins pour les bois industriels, de la faible importance actuelle et prévisible du marché, c'est essentiellement sur les bois d'oeuvre que portera la suite de l'analyse.

LA RÉDUCTION DE LA DEMANDE DE SCIAGES SUR LE MARCHÉ INTÉRIEUR

D'un point de vue maintenant dynamique, force est de constater que la demande en sciages de Chêne (hors traverses) sur le marché français a subi depuis une quinzaine d'années une très forte régression (cf. figure 2, p. 113). En effet, après avoir connu un niveau record de l'ordre de 1 million de m3 (s) dans les années 1972-1974, la consommation apparente a fortement baissé.

On constate bien, après la crise de 1975, un redressement jusqu'en 1979 où la consommation a atteint près de 970 000 m3 (s). Mais, par la suite, les quantités absorbées par le marché intérieur ont nettement diminué pour ne plus représenter en 1987 qu'environ 765 000 m3 (s), soit 25 % de moins qu'en 1973 et 20 % de moins qu'en 1979 (4).

Cette évolution correspond d'abord, dans ses grandes lignes, aux variations de la demande finale. La consommation de meubles par les ménages a ainsi diminué de 5 % entre 1980 et 1987

(4) II est certain que si les traverses (pour lesquelles les essences ne sont pas individualisées en matière de commerce extérieur) avaient été prises en compte, la réduction de la demande intérieure de sciages aurait été encore plus nette.

112

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Le Chêne français et ses produits dérivés

et l'activité dans le bâtiment était, en 1987, inférieure de 7 % à celle de 1980 et de 15 % à celle de 1974. Dans les industries correspondantes du secteur bois, la réduction d'activité paraît d'ailleurs encore plus accentuée. La production de charpente et de menuiserie de bâtiment a, par exemple, baissé de 22 % de 1980 à 1987. Dans le même temps, la production de meubles en bois diminuait en volume de 15 % (et même de 35 % dans le cas des meubles meublants), alors que, parallèlement, les quantités importées augmentaient de plus de 40 %. Ceci illustre bien la forte concurrence que subissent dans leurs débouchés traditionnels la plupart des essences ligneuses françaises de la part d'autres matériaux (métaux, matières plastiques) d'un prix de revient souvent inférieur, mais aussi, en ce qui concerne l'ameublement, de produits finis d'importation en bois.

Dans ce contexte défavorable, le Chêne paraît en outre confronté, dans certains emplois, à la concurrence d'autres essences ligneuses, nationales ou importées, comme en témoigne la réduction de sa part dans la consommation apparente de sciages, et notamment de sciages feuillus, sur le marché français. C'est ainsi que la consommation apparente de sciages de feuillus tropicaux qui ne représentait que les trois quarts de celle du Chêne dans la période 1966-1970 dépasse aujourd'hui cette dernière de 10 %. De même, la consommation de sciages de Hêtre a-t-elle progressé de 20 % par rapport au Chêne depuis vingt ans. Ceci est particuliè- rement net depuis 1985, où, malgré une reprise de la demande, la part du Chêne a décru au profit surtout des feuillus tropicaux et du Hêtre. De ce fait, le Chêne est, avec les feuillus tempérés divers (Frêne, Merisier, Érables,...) la seule essence dont la consommation apparente

de sciages est inférieure pour la période 1984-1987 à celle de la période 1966-1969.

Figure 2 ÉVOLUTION DE LA CONSOMMATION APPARENTE DE SCIAGES DE CHENE (SAUF TRAVERSES) ET DE LA PART DU CHÊNE DANS LA CONSOMMATION APPARENTE DE SCIAGES FEUILLUS EN FRANCE.

Consommation apparente milliers de m3 (s|

850

800

750

- 28

- 24

20

1970 1975 1985

113

(6)

Bien que l'on pense d'abord au problème des bois de « qualité secondaire », il est probable que la réduction des emplois des sciages de Chêne a porté, à des degrés divers, sur la plupart des grands secteurs utilisateurs. C'est le cas de l'ameublement où, les phénomènes de mode venant s'ajouter aux écarts de prix de revient, la concurrence d'autres matériaux et d'autres bois est très vive. Ainsi, alors qu'en 1975 on pouvait estimer à près de 40 % la part du Chêne dans la consommation de sciages par l'industrie française de l'ameublement, celle-ci n'est plus que de 25 % en 1983 (34 % feuillus tropicaux, 24 % Hêtre). C'est aussi le cas dans le bâtiment où, par exemple, la production de parquets traditionnels en feuillus durs a chuté de 40 % entre 1972 et 1986. Enfin, la nette diminution des emplois pour les bois de « qualité secondaire », concur- rencés par d'autres matériaux ou essences et/ou confrontés à une baisse de la demande, est bien connue et contribue pour une large part à la forte baisse de la demande intérieure en sciages de Chêne. C'est le cas, bien sûr, pour les traverses de chemin de fer, mais aussi pour d'autres usages en calage, emballage, fonds de wagon ou de camion, par exemple.

UNE PRODUCTION INTERIEURE LARGEMENT SOUTENUE PAR LA DEMANDE EXTÉRIEURE

L'importante réduction de la consommation intérieure en sciages de Chêne intervenue au cours des quinze dernières années a naturellement entraîné une diminution sensible de la production française de sciages (qui est passée de 1 300 000 m3 (s) en 1972-1974 à 1 060 000 m3 (s) en 1985-1987) et, par conséquent, de la récolte de grumes qui a chuté de plus de 850 000 m3 (r) pour la même période. Une analyse plus précise (cf. figure 3, p. 115) permet cependant d'illus- trer un double phénomène. C'est d'une part, les importantes variations conjoncturelles de la production de sciages de Chêne sous la pression d'une demande étrangère très fluctuante par rapport à un marché intérieur qui apparaît finalement relativement rigide. C'est d'autre part, et surtout, le poids déterminant des marchés à l'exportation pour l'industrie française du sciage. En effet, alors que la demande intérieure en sciages de Chêne (hors traverses) a chuté de près de 25 % entre 1973 et 1987, la diminution relative de la production n'a été, pour la même période, que de 18 %.

Ceci est particulièrement net à partir de 1981 puisque, en dépit d'une réduction de la demande intérieure de près de 16 %, la production a pu se maintenir à un niveau stable de l'ordre de 1 050 000 m3 (s) grâce à la reprise des exportations ( + 5 2 % de 1981 à 1987). La part des quantités exportées, qui ne représentait plus en 1980 que 20 % de la production, a ainsi atteint 31 % en 1987. Dans le cas des traverses, ce sont également les ventes à l'exportation qui, bien qu'en réduction, ont permis de maintenir un certain niveau de production. Celle-ci n'en a pas moins chuté de près de 70 % entre 1971 et 1987.

Une analyse similaire peut être faite quant à la consommation, la production et les exportations de grumes. C'est ainsi que la récolte de bois d'œuvre de Chêne, qui avait décru d'environ 1 million de m3 (r) entre 1973 et 1982, marque, à partir de cette dernière année, un net redressement. Sous le double effet de la stabilisation de la production de sciages (elle-même consécutive à la reprise des exportations de sciages) et de la reprise des exportations de grumes (+ 40 % entre 1982 et 1987), les quantités récoltées en 1987 se situent en effet à un niveau supérieur à celui de 1981. L'évolution a toutefois été fort différente selon la qualité des produits. Ainsi (cf. figure 4, p. 115), la récolte de bois à traverses (estimée à partir de la production de traverses) a-t-elle diminué deux fois plus que celle de l'ensemble des bois d'œuvre traduisant une perte de débouchés pour ces produits de l'ordre de 500 000 m3 (r) /an en quinze ans. Par contre, la récolte de grumes de tranchage, qui avait chuté à environ 60 000 m3 (r) en 1981, a retrouvé en 1987 son niveau des années 1973-1974, soit un peu plus de 100 000 m3 (r). Une telle évolution, si elle se confirme comme cela est assez probable, soulève alors la question pour les années à venir de l'adéquation de l'offre et de la demande et des

114

(7)

Figure 3 EVOLUTION EN INDICE (1966 = 100) DE LA CONSOMMATION APPARENTE, DE LA PRODUCTION ET DES EXPORTATIONS DE SCIAGES DE CHÊNE (SAUF TRAVERSES) ET DE LA PRODUCTION DE TRAVERSES.

Indice de

consommation apparente et de production

140

Indice d'exportations

Production de traverses

I I I I II I I . . . . .

Figure 4 EVOLUTION EN INDICE (1968 = 100) DE LA RÉCOLTE DE BOIS D'ŒUVRE DE CHÊNE.

1970

100

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débouchés pour la production forestière. Les tendances amorcées risquent, en effet, de se traduire d'une part par un engorgement des marchés des bois de qualité secondaire et donc, sauf à trouver de nouveaux emplois d'un prix de revient acceptable et en quantité suffisante, par une absence de débouchés pour de nombreux produits constituant un obstacle à la mise en œuvre d'une sylviculture de qualité. D'autre part, la forte demande en bois de qualité peut se trouver confrontée à une offre assez limitée à court et moyen terme et entraîner de fortes tensions sur les prix, ce qui pourrait s'avérer dangereux pour une industrie du sciage encore assez fragile et confrontée à une très forte concurrence internationale.

LA CONCURRENCE DES PRODUITS AMERICAINS ET YOUGOSLAVES SUR LES MARCHÉS EUROPÉENS

Car, en effet, chez nos quatre principaux clients (Allemagne fédérale, Belgique, Italie et Pays- Bas) qui absorbent 75 % des exportations françaises de bois d'oeuvre et 82 % des exportations françaises de sciages de Chêne, les produits français sont fortement concurrencés par les produits en provenance des USA et, dans une moindre mesure (sauf en Italie), en provenance de Yougoslavie. En ce qui concerne les bois bruts, la France reste, globalement, le principal fournisseur, puisque près de 70 % des bois d'oeuvre importés en 1986 par les quatre pays en question sont d'origine française et seulement 20 % proviennent des USA (35 % sur le marché allemand). Même si la part de marché de la France a quelque peu diminué au cours des années 1979-1982, descendant de 80% en 1976 à 60%, au profit de grumes de Chêne d'Amérique

(50 % d u m a r c h é a l l e m a n d ) , l'enjeu principal se situe en fait au niveau des sciages. Ainsi (cf.

Figure 5 ÉVOLUTION DES PARTS DE MARCHÉ DE LA FRANCE ET

DE SES PRINCIPAUX CONCURRENTS SUR LES MARCHÉS EUROPÉENS (BENELUX, RFA, ITALIE) DE SCIAGES DE CHÊNE ET COURS DU DOLLAR.

DOLLAR

1980 1985

116

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Le Chêne français et ses produits dérivés

figure 5), alors que les sciages de Chêne français représentaient 35 % des quantités importées en 1976, soit quatre fois plus que les sciages américains, leur part s'est nota- blement réduite à partir de 1978, pour ne plus représenter qu'environ 20 % du marché en 1981.

Dans le même temps, les importations en provenance des USA |5' étaient multipliées par quatre pour atteindre environ 30 % du marché d'importation des pays concernés et dépasser ainsi largement les produits français. Il est vrai que, parallèlement, le rapport des prix à l'importation des sciages américains par rapport aux sciages français a diminué (même si les qualités des pro- duits ne sont pas comparables) de près de 30 % et que la consommation intérieure américaine a fortement diminué au cours de la même période. Sans doute par la suite, la très forte hausse du cours du dollar (par rapport au franc mais aussi à l'ensemble des monnaies européennes), intervenue dès 1981, s'est-elle traduite à partir de 1984 par une amélioration de la compétiti- vité des sciages français qui ont retrouvé la première place sur les marchés européens.

La part des produits américains n'en de- meure pas moins très notable, et, en tous cas, nettement plus élevée que dix ans auparavant, constituant une menace per- manente pour les sciages français selon les fluctuations du dollar. Quant à la Yougosla-

vie, dont le principal marché reste l'Italie (50 % des importations italiennes de sciages de Chêne proviennent de Yougoslavie, 90 % des exportations yougoslaves vers la CEE sont destinées à l'Italie), sa part est restée globalement stable aux alentours de 17 %. On peut ici souligner que, par rapport à ses deux principaux concurrents, la France est le pays qui exporte la plus forte proportion de bois brut. Le rapport est en effet de 1,5 tonne de grume par tonne de sciage exporté, alors qu'il n'est que de 0,7 pour les USA et de 0,1 pour la Yougoslavie.

Bille de pied destinée au tranchage.

Forêt domaniale de Loches (canton du Pas aux Anes).

Tel est le rapide bilan que l'on peut dresser de l'économie du Chêne et de ses produits dérivés en France et sur les marchés extérieurs. Sans doute, la prospective constitue-t-elle un exercice délicat. Toutefois, à l'aide des évolutions récentes qui ont été précédemment décrites, deux idées principales peuvent être dégagées en conclusion.

(5) Dont la production de sciages de Chêne représente près de 8 fois la production française (1/2 Chêne rouge, 1/2 Chêne blanc) et les exportations vers la CEE (essentiellement Chêne rouge) moins de 3 % des quantités produites.

117

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La première concerne le problème des bois d'oeuvre de qualité secondaire, c'est-à-dire ceux utilisés traditionnellement en palette, calage, bois sous rails, dont on a vu que les marchés s'étaient considérablement réduits au cours des quinze dernières années. Comme les bois de cette sorte représentent vraisemblablement une part importante de la ressource et que leur exploitation conditionne les possibilités de mise en œuvre d'une sylviculture de qualité, il est indispensable de pouvoir les écouler dans des conditions satisfaisantes. Les utilisations en trituration ou en chauffage n'étant dans ce domaine qu'un pis-aller(6), c'est d'une part du développement industriel de nouvelles méthodes de transformation (aboutage, lamellation) et d'autre part (et peut-être surtout) d'une amélioration de la commercialisation des produits (conditionnement, séchage) dont dépend pour les années à venir le marché de ces bois.

La seconde tient à la nécessaire amélioration de la compétitivité des sciages français sur le marché intérieur, mais surtout sur les marchés européens. Dans la mesure où les perspectives de développement du marché français peuvent paraître relativement limitées, notamment dans le domaine de l'ameublement en raison des difficultés de ce secteur et de la très forte concurrence européenne, c'est, semble-t-il, dans une large mesure grâce aux exportations que la production de sciages et donc la récolte de grumes pourront progresser. La modernisation des scieries et l'amélioration de la commercialisation des produits, déjà commencées, doivent donc nécessaire- ment se poursuivre, d'autant plus que la concurrence des autres matériaux d'une part, des sciages en provenance des USA qui prévoient un doublement de leur production de sciages de Chêne à l'horizon 2000 d'autre part, ne semble pas devoir se réduire sinon s'accentuer au cours des prochaines années.

D. NORMANDIN

Laboratoire d'Économie forestière et agricole (INRA) 14, rue Girardet

54042 NANCY CEDEX

BIBLIOGRAPHIE

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HUBERT (L.). — Le marché français de l'ameublement et son organisation. — Revue forestière française, vol. XXXIX, n° 5, 1987, pp. 439-456.

HUBERT (L.). — La production et les producteurs français d'ameublement : les facteurs d'évolution. — Revue forestière française, vol. XXXIX, n° 6, 1987, pp. 473-485.

SCEES. — Production de bois et de sciages 1986, 1987 et commerce extérieur bois et dérivés 1966/1987.

(6) Faible valorisation, marché relativement restreint aujourd'hui et probablement dans l'avenir en ce qui concerne la trituration, existence d'une ressource déjà très abondante en la matière.

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