ROLE DES CHAINES POLYPEPTIDIQUES DE LA MOLÉCULE D’IMMUNOGLOBULINE γG
DANS L’EXPRESSION DE LA SPÉCIFICITÉ ANTICORPS :
UNE NOUVELLE TECHNIQUE D’ANALYSE DU COMPLEXE
HAPTÈNE-ANTICORPS
M. FOUGEREAU Station de
Virologie
etJ’7!t!MMMO/0!!<’,
École rtatioraale
supérieure agronomique,
78 -Thiz,erval-Grigî l oîz
SOMMAIRE
La contribution des chaînes lourdes et
légères
desimmunoglobulines yG
à laspécificité anti-
corps est
analysée
par l’étude de la fixation duhaptène 2 - 4 -dinitrophénol
par diversmélanges
le chaînes
polypeptidiques spécifiques
etaspécifiques. L’analyse
des complexeshaptène-mélanges
le chaînes est réalisée par
ultracentrifugation
engradient
de saccharose. Cettetechnique
démontredirectement que la
réapparition
d’activitéanticorps
est liée à la reformation de molécules 7S. Lamesure
quantitative
des constantes d’association et l’évaluation des valences moyennesindiquent
que l’activité
anticorps
est maximale pour lesmélanges
contenant les chaînescomplémentaires spécifiques
homologues, en accord avec des travaux antérieurs.INTRODUCTION
Les
anticorps spécifiques synthétisés
par unorganisme
animal enréponse
àune stimulation
antigénique appartiennent
à une famille de moléculesregroupées
récemment sous le terme
d’immunoglobulines (Bulletin
de l’O.M.S.) parmi lesquelles
on
distingue quatre
classes :yG, Y A, yM
etyI>,
et dont lasynonymie
se trouve illustréesur le tableau r. Un des buts fondamentaux que se propose l’immunochimiste consiste à établir les bases structurales de la
spécificité
desanticorps.
On sait que deux typesd’hypothèses
ont étéproposés :
pour PAm,mG, laspécificité
est inscrite exclusive- ment au niveau de la structuretertiaire,
alors que pour I,!D!RSExG,chaque
anti-corps est constitué par une
séquence univoque
d’acides aminés. La faible étenduedu site actif
(K ABA T, 19 6 0 ; K ARUSH , 19 6 2 )
rend difficile laperception
de différences de structuresprimaires
au niveau des moléculesyG intactes,
etimpose
d’isoler desfragments
de la moléculeplus
directement accessibles àl’analyse.
C’est à cette né-cessité
qu’ont
tenté derépondre
deuxtechniques
defragmentation
desimmunoglo-
bulines
yG,
les mieux étudiées dupoint
de vue structural : leclivage enzymatique, proposé
par PORTER,(rg 5 g), permettant
d’obtenir deuxfragments
univalentsFab,
et un
fragment
Fcinactif, présentant
chacun une masse moléculaire d’environ 50 000, et larupture chimique
desponts disulfures, qui
conduisit EDEI<MAN( 1959 )
à mettreen évidence la nature multichaîne de la molécule
yG.
Celle-ciapparaît
constituée dedeux
types
de chaînespolypeptidiques :
les chaînes lourdes(masse
moléculaire :55 ooo),
et les chaîneslégères (masse
moléculaire :23 000 ).
De la considération de ces masses moléculaires(PORTER, i 9 62 ; !DE!,MAn, 19 6 3 ),
et de la connaissance desrapports antigéniques
existant entre lesfragments
et les chaînespolypeptidiques (O
LINS
et!D!!,M.!?!, 10 6 2 ),
devaitémerger
un modèle de la moléculeyG
dans la-quelle
ondistingue quatre
chaînes : deux lourdes et deuxlégères,
dont lesrapports topologiques
ont été schématisés par PORTER(i 9 62),
par EDELMA; et BE!ACERRAF,(
19 6 2
)
et par EDELMAN etG AJjI . Y , ( 19 6 4 ) (fig. 1).
Cesrapports topologiques
ont étéconfirmés par
l’analyse
des cartespeptidiques
des chaînes et desfragments
Fab etFc
(F OUGER E AU
et!D!r,MA!r, i965).
L’existence de chaînes
polypeptidiques
au sein de la moléculed’immunoglobuline yG permet d’envisager
une nouvelle voied’approche
pour tenter d’établir les bases structurales de laspécificité,
ens’efforçant
de déterminer la contribution relative dechaque type
de chaînes àl’expression
de laspécificité
d’unanticorps.
On sait eneffet que les chaînes lourdes et
légères
isolées sontcapables
de se réassocier facile- ment en molécules7 S (O LINS
etEn!r,M!rr, 19 6 4 )
dont lescaractéristiques
structu-rales sont très voisines des molécules
yG
natives(FoUGEREAu
etËDEi<MAN, y 6 4 ).
En réalisant des
mélanges hybrides
de chaînespolypeptidiques,
il doit donc êtrepossible
de déterminer si le site actif est contenu tout entier sur un seul des deuxtypes
dechaînes,
ou biensi,
aucontraire,
les deuxtypes
dechaînes,
lourdes etlégères
sont
indispensables
àl’expression
de la fonctionanticorps.
Cette méthoded’étude,
définie d’abord par FRANEK et NEZLIN
(r 9 6 3 ), puis
par !D!!.!!2!! et a[.( 19 63)
nousa donné des résultats intéressants dans le cas des
anticorps anti-phages (FouG!R! !U
et
al., ig6 4 ).
Nousprésentons
dans ce mémoire uneanalyse
de l’activité des anti- corpsa!ti-2-4-dinitrophénol (DNP). L’aspect qualitatif
de la fixation duhaptène
par divers
mélanges
de chaînespolypeptidiques
est étudié parultracentrifugation
en
gradient
de saccharose.L’aspect quantitatif
est abordé par latechnique
de dia-lyse
àl’équilibre.
MATÉRIEL
ETTECHNIQUES rlntigène
Nous utilisons le 2-4
dinitrophénol (DNP) (Eastman
Kodak, Rochester, !.1’.)
couplé à dela sérum albumine bovine (SAB) (Armour, Kankakee, Ill., lot W 19512) selon la
technique
de FARAHet al.
(ig6o).
Immunisations
Des lapines adultes, de race IVouvelle-Zélande,
reçoivent
par voie intra-musculaire 5 mg d’une solution à i p. 100de DNP-SAB émulsionnée dans un volumeégal d’adjuvant
complet de Freund(Difco).
Un moisplus
tard, les animauxreçoivent
une série de 3à 5 injections intra-musculaires
bi-hebdomadaires de IO mg
d’antigène
sansadjuvant.
Les animaux sont sacrifiés parponction intra-cardiaque.
Préparation
desanticorps
anti-DNP et desimmunoglobulines
résiduellesLes
anticorps
sont isolés par redissolution duprécipité spécifique
en excèsd’haptène,
selon latechnique
définie par FARnH et al. Lesimmunoglobulines yC!
résiduelles sont préparées par préci-pitation
au sulfate de sodium(K E xwtcx)
àpartir
du sérum immun,après épuisement
desanticorps
spécifiques
par un excèsd’antigène.
Réductiorz ri
alhylalion
des immunoJ;lobulilles : isolemellt des chaÎnespolypej!lidlrfues
La réduction
nrénagée
desimmunoglobulines
et desanticorps
est réalisée suivant la méthode décrite par Euta.nnv et 1’oot,tx (1961). Les iuununoglobulines, en solution à i p. 100 dans untampon Tr!is-II(’I (0,0.’1 M ;
pli
8,0) sont réduites par l’addition dez-mercapto-éthanol,
une concen-tration finale de 0,1M.
Après
deux heures d’incubation à latempérature
du laboratoire, la réaction est arrêtée par addition d’iodoacétamide cristallisée (concentration finale 0,2 M). Les chaînespoly- peptidiques
sont alorsséparées
suivant latechnique
de FLEISCHMAN et al. parchromatographie
d’exclusion sur
Sephadex
(,roo, en présence d’acidepropionique
1,0 M.Rerxnzstitution de molécules 7S à
partir
de chaînespolypepti d Ù¡ues
isoléesCette
techni<lue
a été décrite en détail par OI,INS et HDKLMAN( 19 6 4 )
et par FoL’GEREAU et EDELMAN (1964). Les chaînes
légères
sontmélangées
aux chaînes lourdes immédiatement aprèsleur sortie de la colonne de
chromatographie.
Lesmélanges
sont réalisés dans un rapport molaire des chaîneslégères
aux chaînes lourdes d’une valeur de i.Après dialyse
contre un tampon neutre pendant trois jours à !- 4°C, les mélanges sontanalysés
parultracentrifugation
en gradient de saccha-rose, ou bien les molécules 7S sont isolées par
chromatographie
d’exclusion sur colonne deSephadex
G
200 en tampon 7’ris-IICI (0,05 M ; pll 8,0).
t!liracentrifugalioi’t
ennoradient de
sa(!charoseLe
principe
de la méthode, défini par MARTfN et AMES(ig6i)
permet d’évaluer la constante de sédimentation d’uneprotéine
qui, dans les conditions utilisées, est directementproportionnelle
à la distance de migration définie à
partir
duménisque.
Nous utilisons un gradient linéaire de saccha- tose( 5
à 20p. 100) en solution dans un tampon Tris-IIC1( 0 , 05
M ; pH 7,6). A la solutiond’anticorps
ou de molécules de reconstitution, nous
ajoutons
ioql
d’une solution de2 - 4 -dinitrophénol
marquépar &dquo;C dans son noyau benzène
(ICN C i ty of Indusby, Calif.,
activitéspécifique :
2 mCi/mM)
à une concentration telle que
l’anticorps
soit en excès molaire d’environ deux fois. Lecomplexe anticorps-haptène
est alors déposé à la surface du gradient et la centrifugation est effectuée à100000
g pendant
i5 heures, dans unecentrifugeuse Spinco,
modèle L(Beckman Inc).
au moyen d’un rotor SW 3c! àgodets
basculants. 20à z5 fractions sont recueilliesaprès
percement des tubes decentrifugation
à l’aide d’une courte aiguille àinjection intra-dermique.
Les fractions sont ana-lysées
par la réaction de Folin(modification
de LOWRYet al.) et par détermination de la radioactivité dans un compteur à scintillationliquide (I’ackard). L’emploi
d’un marqueur permet d’évaluer les constantes de sédimentation des échantillonsanalysés.
Nous utilisons laphosphatase
alcalinede E. coli
(Worthinglon
Biochemical Co, Freehold,N. J.)
dont le coefficient de sédimentation est d’environ 6S. Un I1-gd’enzyme
estajouté
à la solutionanalysée
avantl’application
sur legradient.
La
position
du pic dephosphatase
alcalineaprès centrifugation
estappréciée
par la détermination de l’activitéenzymatique
deportions aliquotes
de10 1 1 -1
prélevées danschaque
fraction.L’hydrolyse
du
para-nitro-phényl phosphate (io- 3
M) est suivie par ledéveloppement
d’une couleurjaune
résul-tant de la libération de
pava-nitro-phénol.
Dialyse à
1’<&dquo;quilibre
Cette méthodc
d’analyse,
introduite enimrnunologie
par MARRACK et SMITH a été considéra- blement amélioréc par EISENet KARUSII( 1949 ), puis
par KARUSII(i 95 6),
dont nous suivons le proto- coleexpérimental.
Les faiblesquantités d’anticorps disponibles (en particulier
en cequi
concerneles molécules 7S obtenues par réassociation de chaînes
polypeptidiques)
ontimposé l’emploi
d’unhaptène
radioactif (DUHERT) : le 2-4dinitrophénol,
marqué par C-r4 dans son noyau benzène.Les membranes
(Visking,
z3-3z) sont abondamment lavées dans plusieurs bains successifs d’eau distillée à75 0 C,
et conservées dans le tampon Tris-lICl( 0 , 05
M ;pH
7,6) utilisé pour ladialyse.
Au momcnt de
l’emploi,
les membranes sont montées entre deuxcompartiments
de verre de 2ml,et l’ensemble est scellé à la
paraffine.
Les concentrations des solutions d’immunoglobulines variententre ro et ro-’ M,
l’haptène
étant utilisé à des concentrationscomprises
entre 10-4et 10-8M.Les
dialyses
sont réalisées à !- 4°C, sous constante agitation. Des volumes de 0,1 ml sont prélevésdans
chaque compartiment
deuxjours plus
tard,puis
à nouveau le troisièmejour,
afin de s’assurer quel’équilibre
a bien été atteint.Chaque
échantillon est repris par i ml d’éthanol absoluauquel
sont ajoutés 20 ml du mélange suivant : dioxane
( 5 oo
ml), toluène( 400
ml),naphtalène ( 50
g) etliquifluor
(50 ml). Les flacons sont analysés dans un compteur à scintillationliquide.
Les résultatsexpriment
laquantité d’haptène
fixée par moléculed’anticorps,
pourl’extrapolation
à une concen-tration infinie en
haptène.
RÉSULTATS
Étude qualitative
de lafixation
du 2-!-DNPpar ultracentrifugation
des
CO!M!/!!C! anticorps-haptène
engradient
de sacchavoseL’emploi
d’unanticorps anti-haptène
estparticulièrement indiqué
lors desétudes
immunochimiques,
car le déterminantantigénique
que l’on utilise est bien définichimiquement,
le mécanisme de la réaction est bien connu, et il est en outrepossible
de calculer les constantesd’association,
que nousexprimerons
ici par la valeur despentes
initiales.En
premier lieu,
nous avons examinél’aspect qualitatif
de la fixationdu haptène
par les
mélanges
de chaînespolypeptidiques,
en étudiant lecomportement
descomplexes
àl’ultracentrifugation
engradient
de saccharose. Cette méthodepermet
d’identifier directement la fraction d’unmélange qui
estresponsable
de l’activitéanticorps. L’exemple présenté
sur lafigure
2illustre lacomparaison
entre la fixationdu
haptène
parl’anticorps purifié,
et la mêmepréparation préalablement
soumiseà diverses conditions de réduction et de dissociation. A cet
effet,
la solution d’anti- corps a été divisée en trois lots. Lepremier
est utilisé telquel.
Le second est soumisà réduction et
alkylation
en l’absenced’urée,
dans les conditionsexposées
au cha-pitre
« matériel ettechniques
». Lemercaptan
est éliminé pardialyses
successives contre untampon
neutrependant
troisjours.
Le troisième lot est réduit etalkylé puis
les chaînes sont dissociées pardialyse
en acidepropionique
o,5 Mpendant
1
6
heures, puis
réassociées pardialyse
de troisjours
entampon
neutre. A chacune de cespréparations, qui
contiennent la mêmequantité
deprotéines,
estajoutée
unequantité
de DNPradioactif,
calculée de manière àplacer l’anticorps
en excès mo-laire de deux fois. On observe
(fig.
2a)
que lepic
de sédimentation del’anticorps purifié
coïncide exactement avec la courbe deradioactivité,
cequi indique
une fixa-tion
complète
duhaptène.
La réduction etl’alkylation
del’anticorps
suivies d’unedialyse
entampon
neutre n’affecte pas leprofil
desédimentation,
et ne semble donc pas modifier la fixation duhaptène (fig.
2b).
Sil’anticorps
estréduit, alkylé, puis exposé
à l’acidepropionique
avant ladialyse
entampon
neutre, on observel’appa-
ritiond’agrégats (fig.
2c),
mais lehaptène
reste essentiellement fixé aupic
d’anti-corps
7 S.
Des
mélanges, préparés
cette fois àpartir
de chaînespolypeptidiques
isoléespar
gel-filtration après
réduction etalkylation d’anticorps
anti-DNP et d’immuno-globulines
nonspécifiques provenant
du mêmelapin
sontanalysés
dans les mêmes conditions(fig. 3 ).
Laprésence
d’unpic
de radioactivité associé à larégion 7 S
illustrede
façon
directe que l’activité desmélanges
est due à la reformation effective de moléculescomplètes.
La fixation du DNP radioactif est maximalelorsque
les mé-langes
renferment les chaîneshomologues spécifiques (fig.
3a),
en accord avec lesexpériences
relatives à la neutralisation duphage.
Les molécules dehaptène
nonfixées par les molécules
7 S
sont distribuées sous la forme d’ungradient
de diffusion ainsiqu’en témoignent
lesexpériences
de contrôle(fig.
3e et 3f On
noteégalement
que les chaînes lourdes
spécifiques
isolées sontcapables
de fixer lehaptène (fig.
32d).
Cette observation est à
rapprocher
des résultats de !r,W scHMaw et al.( 19 6 3 )
etd’U TSU
w et
K ARUSH ,
et se trouve en accord avec lapersistance
d’une activité rési- duelle des chaînes lourdes constatée dans lesexpériences
de neutralisation duphage (F
OUGEREAU
et al.).
Leproblème
de lapureté
des chaînes lourdes isolées est évidem- mentcrucial,
et on notera à ce propos que lepic
de sédimentation des chaînes lourdesspécifiques
coïncide exactement avec celui de laphosphatase alcaline,
dont la cons-tante de sédimentation est de 6S.
ExPériences de dialyse
àl’équilibre
La fixation du
haptène
a été finalement étudiéequantitativement
par la techni- que dedialyse
àl’équilibre.
Lesanalyses
de l’activité desmélanges
ont été effectuéessur les fractions
7 S
isolées parchromatographie
d’exclusion àpartir
desmélanges
de reconstitution. La
représentation graphique
des résultats estexprimée
enportant
les valeurs der/c
en fonction de r, oùr représente
le nombre moyen de sites actifsfixés à
l’haptène
par la moléculed’anticorps,
et c la concentration enhaptène
libre(E
IS E
N
etKeRUSH).
La constante d’association K,, est donnée par la relation :dans
laquelle
iareprésente
la valence del’anticorps.
I)ans lareprésentation graphique adoptée,
la courbe coupe l’axe des abscisses pour une valeur der égale
à n. Les cons-tantes d’association
K_,
sontexprimées
par la valeur despentes
initiales.La courbe ainsi obtenue pour
l’anticorps purifié
est fortementinfléchie,
cequi
traduit une
hétérogénéité marquée
de cettepopulation d’anticorps (fig. q),
etindique qu’un pourcentage
relativementimportant
des molécules de cettepopulation possède
une affinité très faible pour
l’haptène.
Les courbesexprimant
l’activité des chaînes lourdes isolées et des diversmélanges
ont despentes
initiales voisines de celle del’anticorps,
mais ellescoupent
l’axe des abscisses pour des valeurs dev beaucoup plus
faibles. Il s’ensuit que les constantes d’association des diversespréparations (K,,
calculées pour lespentes initiales),
sontproches,
et lesfluctuations
sont essen- tiellementimputables
aux erreursexpérimentales,
considérablementamplifiées
sur la
représentation graphique,
en raison de la forte valeur despentes. L’extrapo-
lation à l’axe des abscisses
permet
de déterminer les valences moyennes dechaque population,
et de comparer ainsi l’activité des différentespréparations
à celle del’anticorps, prise
comme référence(tabl. 2 ).
Les chaînes lourdes isolées ont une va-lence moyenne de o,2
(pour
une masse moléculaire de lIa 000,correspondant
audimère),
soit 14 p. 100 de celle del’anticorps.
Les chaîneslégères
ne fixent pas lehaptène,
et ne sont pasreprésentées
sur cegraphique.
La valence moyenne dumélange hétérologue représente
environ 18 p. 100 de celle del’anticorps,
celle dumélange homologue atteignant
32 p. 100. RoHOi,T et al. et FRANEKet al. obtiennent des valeursplus
élevées pour lesmélanges homologues ( 50
à 60 p.100 ).
Le pour-centage plus
modeste que nous obtenonsparaît
lié à la fortehétérogénéité
de l’an-ticorps
utilisé.DISCUSSION
L’activité anticorps
des chaînes lourdes etlégères
isolées d’uneimmunoglo-
buline
spécifique
est trèsfaible, comparée
à celle des moléculesyG intactes.
Leregain
d’activité des
mélanges
renfermant les chaînespolypeptidiques complémentaires spécifiques, rapporté
enpremier
lieu par FRANEK etN EZLIN , puis
par ED!!,lvtnrr et al.( 19 6 3 )
a été confirmé par des observationsplus
récentes(R OHOLT
etal., ig64 ;
F RAN E
Ket
coll., rg6q ;
FOUGEREAU etal., zg6q.),
et se trouve enplein
accord avec lesexpériences présentées
dans cette communication. La mise aupoint
d’une nouvelletechnique d’analyse
ducomplexe haptène-anticorps
nous apermis
d’illustrer direc- tement le fait que laréapparition
d’activité observée pour lesmélanges
de chaînespolypeptidiques spécifiques
était liée à la reformation effective de molécules7 S.
On note toutefois que l’activité des molécules
7 S
de reconstitution nereprésente qu’une
fraction de celle del’anticorps.
Cette observationpeut
êtreinterprétée
dedeux manières :
a)
Toutes les molécules de reconstitution sont relativementhomogènes,
etune molécule individuelle
possède
une activité altérée.b)
Lapopulation
de molécules de reconstitution esthétérogène,
etcomprend
seule-ment une fraction de molécules
qui possèdent
une activité voisine de celle del’anticorps.
Les
expériences
dedialyse
àl’équilibre permettent
d’orienter laréponse.
Sil’hypothèse
a est correcte, les valences doivent être du même ordre que celle de l’anti-corps, les valeurs des constantes d’association K,, étant faibles. La
représentation graphique adoptée
devrait traduire cette situation par unaplatissement
despentes
et une
extrapolation
à l’axe des abscissesidentique
à la courbeexprimant
l’activitéde
l’anticorps.
On observe l’inverse : les valences sontfaibles,
mais lespentes
initialessont voisines. C’est donc la seconde
hypothèse qui
sembleprévaloir. Quelle
est alorsla
signification
de l’activité résiduelle des chaînes lourdes ? Ellepeut
être due soit.à une contamination par des chaînes
légères,
soit à une activitéintrinsèque
réelle.L’examen
de la courbe traduisant l’activité des chaînes lourdesspécifiques
isoléesplaide
en faveur d’unecontamination,
illustrantsimplement
un casparticulier
del’hypothèse
b. Deplus,
la constante de sédimentation de cettepréparation
de chaîneslourdes est de 6S
(voir fig. 3 d),
comme celles de toutes lespréparations
de chaîneslourdes
d’immunoglobulines yG
delapin
que nous avons examinées. Ce chiffresuggère
l’existence decomplexes polypeptidiques
renfermant des chaîneslégères.
Leproblème
de la
pureté
des chaînes lourdesspécialement
dansl’espèce cuniculine,
est un obstacleauquel
se sont heurtés tous les groupes de chercheursqui
ont tenté de les isoler(à partir
de molécules réduites en l’absenced’urée).
On notera, enparticulier, l’impossi- bilité, soulignée
par FW rrsTW N etal.,
d’obtenir unepréparation
de chaînes y débar- rassée desspécificités allotypiques
associées aux chaîneslégères (en
l’occurenceA 4
et
A 5 ).
UTSUMI et KARUSH ont étudié lecomportement
à ladialyse
àl’équilibre
dechaînes lourdes isolées à
partir
d’unanticorps
anti-lactoside. Ils ont obtenu une courbequi
estcompatible
avec notrehypothèse
a,suggérant
que les chaînes lourdes auraientune activité propre.
Néanmoins,
la valeur de K_, obtenue par ces auteurs n’atteint quez o p. zoo de celle de
l’anticorps
et nepermet
pas de rendrecompte
que le site actif est tout entier contenu dans les chaînes lourdes. Deplus,
il n’est pas exclu que deux chaînes lourdespuissent
secomplémenter
dans un dimère pour former un « site » dont la conformation serait assezproche
de celuiqui
résulterait de l’association d’une chaîne lourde et d’une chaînelégère.
On notera enfin la facilité aveclaquelle
leschaînes y non
spécifiques peuvent
fixer desgroupements hapténiques (STE V E NSON ).
Les résultats
présentés
dans cemémoire,
en accord avec les observation de RoHOr,T et al.
(ig6q),
!D!!,Max etal., ( 19 6 3 ),
METZGER et al.(rg6q),
FRnu!K etNE ZUN
,
(zg6 3 )
conduisent à proposer que les deuxtypes
de chaînespolypeptidiques,
lourdes et
légères,
contribuent à laspécificité
de la réactionanticorps.
I,eproblème qui
se pose dès lors est d’établir si les deux chaînesparticipent
directement à la for- mation du siteactif, constituant,
selonl’hypothèse
d’!D!r.ma! et al.(zg6 3 ),
un sitepartagé,
ou bien si l’une des chaînes aurait un rôleplus indirect,
en favorisant l’ex-pression
de laconfiguration adéquate
de la chaînecomplémentaire, portant
seule le site actif(«
sité modulé » d’ED!!,Mnr1 etal.).
Reçu pour
publication
en décembre 1965.REMERCIEMENTS
Nous sommes
particulièrement
heureuxd’exprimer
notreprofonde gratitude
au DrG. M. EDEL-MAN dans le laboratoire
duquel
leprésent
travail a été réalisé, alors que nous étions boursier du Comité deBiologie
moléculaire.SUMMARY
ROLE OF POLYPEPTIDE CHAINS OF yG 1-%I.Ilt-NO(;LOBt,’LIN .1101,ECULES IN A.’!’TI130DY SPECIFICITY : A NEW METHOD
OF ANALYSIS OF HAPTEN-ANTIBODY COMPLEX
Reconstitution of 7S molecules from isolated
polypteptide
chains ofyG immunoglobulin
mole-cules has
already provided
aninteresting
tool in order to establish therelationship
between multi-chain structure of
yG immunoglobulin
andantibody specificity.
Mixturesprepared
fromheavy
andlight
chains ofyG immunoglobulin
and/orspecific antibody
directedagainst
z-4dinitrophenol
groupwere allowed to bind this
hapten,
and theresulting complexes
were submitted toultracentrifugation
in a sucrose
density gradient.
The elution pattern of thegradient clearly
indicated that thebinding activity
was associated with7 S
molecules.A
quantitative analysis
was achievedby
means ofequilibrium dialysis.
The best recovery ofbinding activity
was observed in mixturescontaining homologous complementary
chains, in agree- ment with previous reports.RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
Dut3ExT J. :B1., 1959. Thèse, Paris.
E
DELMAN G. M., 1959. Dissociation of !y-globulin. J. amer. chem. Soc., 81, 3155-3156.
E
DELMAN G. 1L, BEVncExxnF B., 1962. On structural and functional relations hetween antibodies and
proteins of the gamma-system. Proc. nat, flcad. Sci., 48, 1°35-1042. E
DELMAN G. M., GnLLO J. A., 1964. A model for the 7S antibody molecule. Proc. nat. Acad. Sci., 51.
846-853.
E DEL
mrnv (&dquo;. 31., OLINS D. I’s., GnLt,Y G. A., ZINDER N., 1963. Reconstitution of immunologic activity by interaction of polypeptide chains of antibodies. Proc. nal. Icatl. Sci., 50, 753-y6r.
E
DELMAN G. M., pOULIK M. D., 1961. Studies on structural units of the !y-globulins. J. exper. Med., 113, 861-884.
E
ISEN II. N., KARUSII F., 1949. The interaction of purified antibody with homologous hapten, antibody
valence
and
binding constant. J. amer. chem. Soc., 71, 363-365.Fnxntt F., KERN )1., EtsEN H. N., 1960. Thé préparation and some properties of 1>urified antibody specific for the 2-4 DNP group. J. exper. Med., 112, 1195-1210.
F E[NSTE
IX A., GELL P. G. H., Kxtus A., 1963. fmmunocheurical analysis of rabbit Y-globulin allc-
types. Nature, 200, 653-654.
F LEISCHMA
:-.r J. 73., PAIN R. M., PORTER R. R., 1062. réduction of
y-globulins.
Arch. Biochem. 73ie-phys., Supplément 1, 174-180. FLEI
SCHUAN J. B., PORTER 1Z. 1Z., PREss E. -!l., 1963. ’l’he arrangement of the lteptide chains of
y-glo-
bulin. Biocheiii. J., 88, 220-227.
FOIJGERFAU :B1., EDELMAN G. M., 1964. Resemblance of the gross arrangement of polypeptide chains
in reconstituted and native
y-globulins.
Biochemistry, 3, 1120-1126.FOUG E
REAU M., EDELMAN G. M., 1965. Corroboration of récent models of the
yG
immunoglobulin mole-cule. J. fx/)!r..1.f!., 121, 373-394.
FOUG
EREAU VL, CLINS D. E., EDELMAN G. JL, ig64. Reconstitution of antiphage antibodies from L and H polypeptide chains and the formation of intershecies molecular hybrids. J. exper. lMed.,120, 349-358!
FRANEK F., KoTYNEx 0., StMEK L., XlKAN
J., cg6ç. S-sulphcnate!l anti dinilroplaenyl anlibodies. Sonze
specific /eatures of the interaction between isolaled heavy and liglcl subzrnits. Molecular and cellular basis ofantibody formation. Prague, Publié par la Czechoslovak Acad. Sci.
FRANEK F., XEZLIN R. S., 1963. Recovery of antibody combining activity by interaction of différent
peptide chains isolated from purified horse antitoxins. 7%olia Microbiol., 8, 128-130.
KABAT E. A., 1960. An upper limit for the size of the human anti-dextran combining site. J. hnzrtzsnol., 84, 82-85.
Knttusx F., 1956. The interaction of purified antibody with optically isomeric hal>tens. J. amer. chem.
Soc., 78, 5519-5526.
Knttustt F., tg6z. Immunologie specificity and molecular structure. Adv. in Immunol., 2, 1-4°. W. H. Ta- liaferro et J. H.
Ilumphrey,
éditeurs, Acad. Press, X. Y.I.
EDERBERG J., tg5g. Gènes and antibodies. Science, 129, ,649-1653. Y
ÎA RRA
CK J. R., Sarrtt F. C., 1932. Quantitative aspects of immunity reactions : combination of anti- bodies with simple haptens. Brit.]. exper. Pcathol., 13, 394-402!
81.!RTIN R. G., AMKS B. N., ig6i. A method for determining the sédimentation behavior of enzymes :
application to protein muxture. J. biol. (.’hel1l., 236, I3F-1379.
-!IETZGFR H., Worsy I,., SiNGER S. J., [964. The participation of A and I3 polypeptide chains in the
active sites of antibody molecules. Pvoc. nat. Acnd. Sci., 51, 616-618.
O
LTNS D. E., EDELMAN U. M., 1962. The antigenic structure of the polypeptide chains of human
y-glo-
bulin. J. exper. IIZed., 116, 635-651. l0
L
INs D. E., EDEUIAN G. !11., 1964. Reconstitution of 7S molecules from L and II polypeptide chains
of antibodies and !y-âlobulins. J. ex/!er. Med., 119, y8g-8t5.
PORTER R. R., io5g. The hydrolysis of rabbit y-globulin and antibodies with crystalliue papain. Bio-
chem. J., 73, t t g-t z 6.
PORTER R. R., ig6a. 7’he slrufluie o/ y-globzslins !M! antibodies. In Symposium on basic /ï!!/!!! in neo-
plastic disease. A (!e)ihorn et E. Ilirschberg, éditeurs. X. 1-. Columbia University Press, p. 177. RO
H O L
T 0., ONOUE K., l’xESSntnN D., tg64. Spécifie combination of Il and L chains of rabbit y-glo-
bulins. Proc. nal. ,.1ead. Sci., 51, 173-178.
U TSUM
) S., Knxustt F., 1964. ’l’he subunits of purified rabbit antibody. Biochemistry, 3, 1320-1!8.