• Aucun résultat trouvé

MOUVEMENT WALLON ET IDENTITÉ NATIONALE

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "MOUVEMENT WALLON ET IDENTITÉ NATIONALE"

Copied!
49
0
0

Texte intégral

(1)

MOUVEMENT WALLON ET IDENTITÉ NATIONALE Chantal Kesteloot

CRISP | « Courrier hebdomadaire du CRISP » 1993/7 n° 1392 | pages 1 à 48

ISSN 0008-9664

DOI 10.3917/cris.1392.0001

Article disponible en ligne à l'adresse :

--- https://www.cairn.info/revue-courrier-hebdomadaire-du-crisp-1993-7-page-1.htm ---

Distribution électronique Cairn.info pour CRISP.

© CRISP. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage dans une base de données est également interdit.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(2)

Courrier hebdomadaire

Mouvement wallon et identité nationale

Chantal Kesteloot

Centre de recherche et d'information soda-politiques CRISP

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(3)

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(4)

Introduction

Alors qu'il est abondamment question d'éveil. des nationalités et du problème des minorités ethniques et que, de manière plus générale, la question nationale est au-devant de la scène internationale depuis bientôt un siècle, il a paru opportun de s'interroger sur l'essence du mouvement wallon non pas tel qu'il se profile au- jourd'hui - même si le sujet ne manque pas d'intérêt et il y sera d'ailleurs inci- demment fait allusion - mais

à

une époque importante de son histoire où il sort de la marginalité qu'il a connue avant la guerre 1914-1918 et où il va être amené à opérer des choix stratégiques qui constituent encore à l'heure actuelle la base du militantisme wallon. Une telle recherche ne manque pas d'écueils: comment en effet éviter de tomber dans le piège,

à

la lumière de la situation actuelle, d'une mise en perspective de la Wallonie en tant que minorité historique ? Comment éviter l'anachronisme dans l'étude du passé d'une entité géographique qui ne se concevait pas sur le plan politique, mais où émergent des hommes et un courant qui font aujourd'hui figures, de précurseurs puisque

!'"histoire leur a (ou aurait}

donné raison"?

Dans le cadre d'une Belgique politiquement unitaire- elle le demeure jusqu'en 1970 - et linguistiquement plurielle - les premières lois linguistiques datent de 1873 -, nous nous interrogerons sur les objectifs défendus par le mouvement wal- lon tant sur le plan politique, linguistique, qu'institutionnel. Peut-on considérer que le mouvement wallon a sa place parmi les courants minoritaires qui émer- gent dans de nombreux Etats d'Europe

à

la charnière des 19ème et 20ème siècles?

Quels termes choisir pour identifier ce mouvement : s'agit-il d'un mouvement national et quelle définition peut-on retenir pour définir une nation ? S'agit-il d'un courant régional, d'un mouvement fédéraliste ou d'un mouvement attaché

à

un "unitarisme désuet", symbolisé par l'image de la "Belgique française" de 1830?

La

réponse est tout en nuances : le mouvement ne se présente pas comme un bloc monolithique ni dans le temps ni dans l'espace. Comme le soulignait Jean Beaufays,

"une véritable méthodologie de la minorité reste à élaborer"

1 • Par ailleurs, ces termes sont eux-mêmes utilisés dans des sens extrêmement distincts selon les auteurs. Que dire dès lors de l'usage qu'en font ceux qui sont engagés dans la lutte et qui, selon les circonstances, utilisent un terme pour l'autre?

1

J.

Beaufays, Théorie du régionalisme, Bruxelles, 1986, p.XI.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(5)

4 CRISP/CH 1392

Pour asseoir l'existence d'un mouvement dit national, la définition d'un cadre géographique précis est un des préalables essentiels. La Wallonie existe-t-elle en tant qu'entité ? Ne s'agit-il pas d'un concept générique qui recouvrirait un

"particularisme de clochers"

?

Que l'on prenne en considération des critères éco- nomiques, culturels ou politiques, la Wallonie n'appat"att pas comme un en- semble homogène. Au-delà de cette absence d'unité, notre intérêt ponera sur des hommes qui agirent au nom de la Wallonie, prise dans sa globalité, les

"Wallingants" 2 comme allaient rapidement les appeler leurs détraaeurs par ana- logie avec les "Flamingants". Wallingants et flamingants étaient tout autant haïs par les défenseurs du nationalisme belge, qui popularisèrent ces deux termes.

Pour ces militants wallons, la Wallonie existait bel et bien même si elle n'avait pas pour tous le même visage.

n

s'agit donc de l'étude d'un groupe très restreint qui n'a, jusqu'à la seconde guerre mondiale au moins, aucune influence sur une large part de la population vivant sur le territoire dont se revendique le mouve- ment.

Si le terme de "nation wallonne" demeure équivoque, voire suscite des réac- tions ironiques, il n'en va pas de même avec celui de "nation flamande", une

"nation en devenir"

disait à son.propos le journaliste Manu Ruys3 • Mouvement wallon et flamand se profilèrent, dès leurs origines, de manière différente, alors qu'ils seront souvent etudiés de manière parallèle, ou feront l'objet de comparai- son. Au fil des ans, le mouvement flamand a acquis une légitimité politique et sur le plan historiographique non seulement en Belgique mais aussi sur le plan inter- national. Les ouvrages scientifiques consacrés à la question nationale contiennent de longs développements sur le mouvement flamand alors que son homologue wallon demeure largement absent.

L'intérêt poné au mouvement wallon a souvent été le fait soit de militants, soit de "chercheurs engagés" 4• Ce n'est que récemment- l'évolution institution- nelle de la Belgique n'y est sans doute pas étrangère- que l'étude du mouvement wallon est sonie des balbutiements hagiographiques. Longtemps marginal, celui- ci a été confondu avec le nationalisme belge dans la mesure où il s'est longtemps investi dans la défense de la Belgique francophone de 1830. Dès lors, la question qui s'impose est de savoir s'il est bien légitime de comparer mouvement wallon et mouvement flamand. Si le concept de "nation" appat"att dès l'abord comme lé- gitime lorsque l'on parle d'un processus de prise de conscience de la Flandre, en quoi ce concept peut-il être considéré comme opérationnel dans le chef de la Wal

2 Selon Maurice Bologne, le terme daterait de 1892 et aurait été prononcé pour la première fois par le ministre de 1 'Intérieur de 1 'époque, le catholique Jules de Burlet qui, recevant une délégation wal- lonne qui se plaignait des doléances flamingantes, aurait répondu : • Vous, au moins, 'flOUS n'allez pas devenir des wallingants", M. Bologne, Notre passé wallon, Nalinnes, 1972, p.92. Selon le Grand LA·

rousse de la languefrantaise, le terme daterait de juillet 1912. Voir A. Henry, Histoire des mots Wal- lon et Wallonie, Mont-sur-Marchienne, 1990, pp.132-133.

3 M. Ruys, De Vlamingen. Een wlk in beweging. Een natie in wording, Tielt-Amsterdam, 1980.

4 Le mouvement flamand a été longtemps victime du même phénomène. Voir à ce propos, E.

Witte, "Renewal in the Historiography of the Flemish Movement •, Historical Research in the low countries, La Haye, 1992, pp.69-75.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(6)

Mouvement wallon et identité nationale 5

lonie? Aujourd'hui, la Wallonie existe sur le plan institutionnel en tant que ré- gion. Faut-il y voir les germes d'une nation

à

l'heure où l'Etat belge se trans- forme en profondeur ? Sur un plan strictement institutionnel, le concept de na- tion suppose un stade plus abouti de l'évolution que ne le serait la region. En quoi le pouvoir politique en place

à

la région wallonne peut-il apparntre comme l'héritier d'un mouvement wallon qui s'est, au

fil

de ce siècle, cherché un projet politique cohérent pouvant lui offrir une véritable légitimité et surtout secréter un dynamisme rassembleur ? En d'autres termes, peut-on parler de continuité dans l'évolution du mouvement wallon, continuité dont l'aboutissement ultime se ferait sous la forme de la constitution d'une nation?

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(7)

1. Le concept de nation

Notre propos n'est pas d'aborder le concept de nation au sens constitutionnel du terme tel qu'il est repris, par exemple, dans la Constitution belge

("Tous les pouvoirs émanent de la nation")

mais de nous interroger, dans un premier temps, sur l'existence d'une définition adéquate sur le plan historique et politique. Nous nous attacherons ensuite

à

l'évolution du mouvement wallon et nous analyserons le chemin parcouru depuis sa création

à

la fin du 19ème siècle en suivant le schéma d'analyse présenté.

La plupart des observateurs des mouvements nationaux ou régionaux s'accordent sur la difficulté de définir le concept de nation. Comme le constatait, dès 1920, le sociologue Marcel Mauss, si les concepts de cité, de société, de souve- raineté, de droit, de loi, de politique sont depuis longtemps fixés,

"celui de la

na-

tion a été infiniment plus lent

à naître" 5 Le concept de nation tel qu'il est appré- hendé aujourd'hui est un concept récent qui émerge au 18ème siècle et que la Ré- volution française va populariser. Elle fait sienne l'équation

"citoyens- nation".

Pour l'abbé Siéyès, la

"nation révolutionnaire"

se définit comme

"un corps d'associés vivant sous une loi commune et représentée par la même législature"

6En ce sens la nation appara1t dans une cenaine mesure comme la représentation des intérêts généraux contre l'intérêt particulier, contre la société d'ordres de la France d'Ancien Régime. Cette définition de la nation présentée comme une en- tité révolutionnaire est, en théorie, basée sur l'adhésion volontaire du corps de ci- toyens qui la compose. Elle s'oppose

à

l'idée de nation perçue comme une entité naturelle puisque l'idée révolutionnaire suppose la notion de contrat.

Cenains ont tenté de partir de critères uniques tels la langue (Richard Bockh) ou la religion. Mais chaque fois, ils se sont heunés

à

des contre-exemples.

L'utilisation d'une langue commune avec l'Angleterre n'a en rien entravé le sou- lèvement des treize colonies et la Révolution américaine.

La

langue allemande

5 Cité dans R. Martelli, Comprendre la nation - ethnies, formations sociales - traditions, luttes poli·

tiques en France, Paris, 1979, p.21.

6 Sur cette acception de la nation, voir A. Renaut, "Logiques de la nation", Théories du nationa- lisme. Nation, nationalité, ethnicité, sous la direction de Gil Delannoi et Pierre-André T aguieff, Pa- ris, 1991.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(8)

Mouvement wallon et identité nationale 7

n'est pas seulement parlée en Allemagne et pounant personne ne met en doute le processus de formation de la nation allemande qui regroupe par ailleurs catho- liques et protestants. La Suisse est un Etat plurilingue; pounant, personne ne songe à nier la légitimité de son existence. Ce dernier élément, la légitimité, appa- ra1t de manière implicite, aux yeux de l'observateur, comme un critère supplé- mentaire permettant de définir une nation. Dans sa phase de conquêtes révolu- tionnaires, la France n'a de cesse d'homogénéiser, sur le plan linguistique, les ter- ritoires conquis, signe d'un intérêt nouveau pour l'unité de langue qui apparaft dans toute sa cohérence lorsque l'on reprend l'idée de la nation perçue comme un contrat auquel adhèrent les citoyens. Pour la France révolutionnaire, mener une politique d'unification linguistique des territoires conquis devait permettre une meilleure diffusion du discours révolutionnaire. Mais, de manière générale, ni la langue, ni la religion n'apparaissent comme des facteurs suffisants impliquant né- cessairement le développement d'une identité nationale.

Rejetant l'idée d'un critère unique, Staline propose une définition de la nation faite d'une addition de critères. A ses yeux, la nation est

"une communauté stable, historiquement constituée, de langue, de territoire, de vie économique et de formation psychique qui se traduit par une communauté de culture"

7 • Cette définition se heune aux mêmes objections: on peut trouver des contre-exemples pour l'un de ces critères au moins; de plus, qu'est-ce qu'une "communauté stable" ? En outre, cette définition présente la situation comme figée par l'histoire. Comment juger des nations en devenir et du caractère mouvant du sentiment national? Ne peut- on s'identifier successivement à des nations distinctes, ou éprouver un sentiment d'appartenance vis-à-vis de deux nations différentes?

A ces critères dits objectifs -~ue sont notamment la langue et la religion - défi- nissant la nation, s'oppose la theorie dite subjective de la nation telle que l'a défi- nie Ernest Renan sous la forme d'un

"vouloir vivre collectif, "un plébiscite de tous les jours".

Mais comment mesurer ce sentiment- il s'agit en effet d'une notion dif- ficilement quantifiable - et quelle solution apponer si ce vouloir-vivre collectif a disparu? Néanmoins, à l'heure de la montée des nationalismes, la thèse de Renan contient nombre d'éléments intéressants pour le chercheur puisqu'il rejette l'idée d'un critère unique pour définir la nation et ne la conçoit pas comme un bloc monolithique ou éternel 8 • Mais ne peut-elle être perçue comme une forme de lé- gitimation des Etats tels qu'ils étaient constitués

à

la fin du 19ème siècle ? Comme le si~nale l'historien Eric Hobsbawm, on peut rappeler qu'Ernest Renan énonça sa theorie

à

une époque où le débat sur la question nationale n'occupait

7 Cité parR. Martelli, op. cit., p.177.

8 Une nation, c'est pour nous une Jme, un esprit, une familk spirituelle, résultant, dans le passé. de souvenirs, de sacrifices, de gloires, souvent de deuils et de regrets communs, dans le présent, du désir de continuer à viwe ensemble

(..J

Le droit des populations à décider de leur sort est la seule solution aux difficultés de l'heure présente que peuvent rbver les uges; c'est dire qu'elle n'a aucune chance d'2tre adop- tée." E. Renan, Qu'est-ce qu'une 7Uition ?, Préface à la conférence faite en Sorbonne, le 11 mars

1882,M~,p.>l

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(9)

8 CRISP/CH 1392

pas la une de l'aaualité 9 • Ne perdons pas de vue qu'aucun essai de définition n'est totalement neutre dans le chef des acteurs politiques.

Le concept de nation a été l'objet d'un intérêt non démenti de la part des his- toriens, des sociologues et des philosophes. Parmi ces derniers, Raymond Polin définit en ces termes le concept de nation :

"Il s'agit d'une représentation, d'une opinion collective, c'est-à-dire d'un conglomérat d'opinions, de valeurs, de normes, de sentiments, de convictions,

de symboles qui, par leur coalescence et leur transposition

en une réalité objective,

tendent à faire de

la nation une réalité vivante, autonome, une âme, une personne.

On

sait que cette opinion collective est fonction d'une com- munauté d'origine ethnique aussi bien que d'une communauté de traditions histo- riques,

de

coutumes, de culture,

de moeurs en même temps que d'un consensus, d'un

vouloir politique commun qui s'exprï,me, à l'intérieur, par le sentiment d'un son commun, d'un bien commun, a l'extérieur, par une volonté d'autonomie, d'indépendance. ( ... ) Cependant, si chacun

de

ces caractères est important et paraît jouer un rôle efficace dans la formation d'une prise

de

conscience nationale, aucun

d'entre eux n'est suffisant et aucun n'est nécessaire"

1o •

Pour Ernest Gellner 11 , la nation est l'héritière de la révolution industrielle.

Dans une société où les impératifs de communication sont devenus prioritaires, il importait de rendre la société la plus homogène possible, notamment par l'adoption d'une langue unique. C'est la conception qui fait coïncider l'Etat, considéré en tant que communauté politique, avec la nation en tant que commu- nauté ethnico-culturelle. Cette approche, dite fonctionnaliste, laisse peu de place aux facteurs mentaux tels les mythes, l'histoire ou autres traditions 12 • La dé- marche n'est pas sans rappeler celle du sociologue américain Karl W. Deutsch :

"En bref, nous proposons ici une définition fonctionnelle

de

la nation.

L'appartenance à un peuple est très intimement liée à la communication à l'intérieur

de la société. On

peut

la

définir comme

la

faculté de communiquer de façon plus effi- cace et d'aborder un plus grand nombre de sujets avec les membres du groupe plutôt qu'avec les étrangers"

13

Pour E. Hobsbawm, la nation est également un phénomène moderne mais l'approche fonctionnaliste ne suffit pas car, dit-il, on assiste également à la nais- sance de sentiments nationaux là où la modernité fait défaut. Tant dans le cas de l'Allemagne, que dans ceux de l'Italie et de la plupart des pays d'Europe orien- tale, la formation de la nation a précédé le développement de structures indus- trielles et capitalistes.

9 E. Hobsbawm, Nations et nationalisme depuis 1780. Programme, mythe, réalité, Paris, 1992, p.61.

10 R. Polin, "L'existence des nations", in "L'idée de nation •, Annales de philosophie politique, 8, Col- lection de l'Institut international de philosophie politique, Paris, 1969, p.37.

11 E. Gellner, Nations et nationalismes, Paris, 1989.

12 Pour une analyse des ouvrages de E. Gellner et d'E. Hobsbawm, voir H. Beliën et G.-J. Van Setten, Geschiedschrijuing in de 20ste eeuw. Discussie zonder einde, Amsterdam, 1991, pp.335-341.

13 Texte cité dans G. Bourque, L'Etat capitaliste et la question nationale, Montréal, 1977, p.91.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(10)

Mouvement wallon et identité nationale 9

Le concept de nation tel qu'il est apparu à la Révolution française suppose l'idée d'adhesion et de souveraineté du peuple même si la réalité est parfois appa- rue très différente. Parallèlement

à

cette conception démocratique et

"rassembleuse", va émerger une conception "nationaliste" et exclusive, définissant la nation comme un ensemble de citoyens par rapport à ceux qui lui sont étran- gers. Implicitement pourtant, le terme de nation, au 19ème siècle, se veut syno- nyme de modernité, signe d'évolution: de la famille à l'entité, de l'entité à la ré- gion et de la région

à

la nation. Le stade de "nation" 14 suppose nécessairement et implicitement la présence d'un territoire suffisamment vaste et d'une population nombreuse.

n

en va de la viabilité de la nation. Comme le souligne E.

Hobsbawm, au cours de la période où triomphe le nationalisme libéral, c'est-à- dire de 1850 à 1880, les nations sont au diapason de

1'

évolution historique. Par contre, tout nationalisme séparatiste est considéré comme une anomalie;

"les mouvements nationtmx ne pouvant être que des mouvements d'unification"

15

On peut pourtant se demander si tout processus de prise de conscience régio- nale ne marque pas à terme le début de l'émergence d'une nation. Tous les mou- vements régionalistes ou autonomistes, passés les premiers stades de leur action de mobilisation et les échecs successifs qu'ils subissent dans des Etats centralisés, ne sont-ils pas nécessairement amenés

à

chercher des solutions

à

leurs revendica- tions dans le cadre d'une nation ? En d'autres termes, tout mouvement régiona- liste ou autonomiste ne milite-t-il pas au nom d'une nation en devenir, voire n'est-il rien d'autre qu'un mouvement national qui n'o~e pas dire son nom ? Cette confusion ou ce manque de nuances se retrouvent également dans le voca- bulaire.

Les

militants wallons sont qualifiés de "régionalistes", de "fédéralistes" ou même, par leurs détracteurs, de "séparatistes", de "nationalistes" ou d'"indépendantistes". Le sens donné

à

ces termes, qui ne sont en rien synonymes, évolue. Des revendications qui paraissaient totalement illégitimes au début du 20ème siècle ont été peu

à

peu intégrées dans le discours politique traditionnel.

Des termes qui pouvaient hier encore apparcûtre comme "tabous", tels le fédéra- lisme, le séparatisme, font aujourd'hui partie du vocabulaire politique courant.

Nous entendons donc confronter une interrogation actuelle -la Wallonie est-elle une nation?- aux engagements pris par le passé par un mouvement qui s'en re- vendique.

En quels termes peut-on définir la prise de conscience des "militants wallons" ? On peut rejeter a priori toute énumeration de critères - c'est par exemple la dé- marche de Deutsch- mais le problème n'en demeure pas moins entier.

n

est im- possible de faire totalement abstraction des facteurs mobilisateurs qui, par leur présence ou leur absence, ont eu une influence sur la prise de conscience du mou- vement wallon. Certes, il y a eu, par le passé, plusieurs générations de mouve- ments autonomistes. La première génération,

à

laquelle appartient le mouvement

14 On retrouve cette idée chez List; elle est également développée par l'" école historique" des éco- nomistes allemands. Cette pensée implique un mépris non dissimulé pour les petits Etats (y com-

~ris dans le terme de "balkanisation j, VoirE. Hobsbawm, op. cit., pp.36-46.

5 E. Hobsbawm, op. cit., p.48.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(11)

10 CRISP /CH 1392

flamand, s'est essentiellement manifestée sous l'angle religieux et/ou linguistique.

Pour la deuxième génération, ce sont les critères économiques qui paraissent primordiaux. Mais a contrario, la démarche économique n'apparart jamais ex-ni- hilo; les facteurs classiques de langue, d'histoire ou de religion sont souvent pré- sents de manière sous-jacente. L'argument linguistique est souvent plus payant, en termes mobilisateurs ou électoraux par exemple, que les revendications éco- nomiques. A titre d'exemple et pour la période postérieure

à

1960, la question de Louvain ou le problème de Fouron sont des éléments qui sont apparus comme plus susceptibles d'attirer le militant ou l'électeur que les problèmes écono- miques, neanmoins présents en toile de fond. Dans un contexte de crise écono- mique, ils acquièrent cependant une acuité et sont utilisés dans une perspective qui n'est pas sans rappeler l'utilisation passée de facteurs linguistiques stricto sensu.

Toutes les tentatives tendant

à

définir strictement le concept de nation parais- sent vouées

à

l'échec. TI nous faut donc admettre que la nation est un concept qui peut avoir des sens très divers qui peuvent d'ailleurs se superposer. Ainsi, dans un article consacré au processus de formation de la nation en Belgique et aux Pays- Bas au 19ème siècle, Jean Stengers propose quatre acceptions du concept de na- tion: la population d'un Etat quels que soient ses caractères, un groupe humain uni par des caractères objectifs propres, un groupe humain qui éprouve un senti- ment de communauté et un groupe de citoyens 16 •

Nous nous proposons d'examiner le cas wallon sans privilégier l'une ou l'autre définition de la nation mais en nous servant du schéma théorique développé par l'historien praguois Miroslav Hroch pour l'étude de ce qu'il appelle les "petites nations"

("small nations")

17

n

s'agit d'un schéma en trois phases, la première, appelée "phase A", se caractérise par l'émergence d'un mouvement culturel, litté- raire ou folklorique ("the period of scholarll interest"), la deuxième, la phase B, se caractérise ear la naissance

d'"une minorite agissante"

qui émet des revendications politiques

{"the perjod of patriotic agitation")

et enfin, la troisième, la phase C, se définit par le developpement d'un soutien massif aux revendications émises par les nationalistes

("the rise of a mass national movement").

Si ce schéma présente l'avantape de diviser le processus de prise de conscience d'un mouvement en phases evolutives distinctes, il se heurte néanmoins

à

certaines limites. Si,

à

sa naissance, un mouvement se veut essentiellement culturel, il est manifeste que, d'une part, la culture contient en elle des aspects économiques et sociaux, que, d'autre part, les aspects culturels peuvent être présents seuls sans jamais débou-

16

J.

Stengers, "Natievorming in België en Nederland in de negentiende eeuw. Algemene pro- bleemstelling", Tijdschrijft '1)()()T Geschiedenis, 1982, n ° 4.

17 M. Hroch, Social Preconditions of National Revival in Europe. A Comparative Analysis of the So- cial Composition of Patriotic Groups among the Smaller European Nations, Cambridge, 1985. Ce schéma est également utilisé pour l'étude du mouvement flamand par l'historien Lode Wils. Voir L. Wils, "Het ontstaan van de ckleineo Vlaamse natie", Wetenschappelijke Tijdingen, 4/1991, pp.220-238.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(12)

Mouvement wallon

et

identité nationale

11

cher sur une prise de conscience politique

et,

enfin, que la démarche culturelle est parfois la seule possible dans des Etats aux structures peu démocratiques

18

En outre, ce schéma ne s'est pas appliqué de manière identique à tous les mou- vements dits nationaux. Une série d'autres facteurs ont influencé leur apparition, leur structuration et la concrétisation éventuelle de leurs objectifs. Parmi ces élé- ments, M. Hroch mentionne, au nombre des facteurs essentiels, la révolution bourgeoise, la révolution industrielle

et

la présence d'une classe ouvrière consciente

et

organisée.

La

chronologie de ces événements est décisive pour ana- lyser la nature du mouvement étudié. U aussi, M. Hroch distingue trois types de mouvements

19 :

le 7Pe I ou "type intégré" où le passage de la phase A à la phase B a précédé tant la revolution industrielle que la revolution bourgeoise, lesquelles se sont effectuées parallèlement au passage de la phase B à la phase C et ont pré- cédé l'émergence d'un mouvement ouvrier organisé. Dans le type

2

ou "type dif- féré", la prise de conscience "nationale" (passage de la phase A à la phase B) a éga- lement précédé la révolution bourgeoise

et

la révolution industrielle, mais la transition de la phase B à la phase C ne s'est faite que parallèlement ou postérieu- rement à la formation d'une classe ouvrière organisée. Enfin, le type 3 ou "type

désint~ré"

suppose que la révolution bourgeoise et la révolution industrielle ont précéde l'émergence d'un mouvement "national" (passage de la phase A à la phase

B), qui lui-même est antérieur à la création d'une classe ouvrière organisee. Le passage de la phase B à la phase C demeure hypothétique, voire inachevé. C'est à ce troisième type de mouvement que M. Hroch rattache le mouvement flamand.

L'historien Lode Wils signale, à

cet

égard, que, dans son édition allemande de 1968, M. Hroch estimait que le mouvement flamand n'était pas encore entré dans la phase C, assertion qu'il a supprimée dans son édition de 1985

20

Quant au mouvement wallon, il ne peut être intégré comme tel dans aucune des trois évo- lutions proposées. TI se rapproche toutefois du type 3 dont une version amendée pourrait s'adapter au cas wallon. En effet, comme dans le cas du mouvement fla- mand, on peut affirmer que tant la révolution bourgeoise que la révolution in- dustrielle ont précédé la prise de conscience nationale mais -

et

c'est là que le mouvement wallon se distingue de son homologue flamand - l'organisation de la classe ouvrière

y

a précédé, voire s'est déroulée parallèlement à l'émergence d'un mouvement culturel, la transition vers la phase B est, elle, postérieure; enfin, le passage de la phase B à la phase C demeure problématique. Nous y reviendrons.

La

situation belge se complique par la présence du nationalisme belge dont la nature et les fondements sont également très problématiques. A leurs débuts, mouvements wallon et flamand n'excluaient pas de leur démarche une forme de loyauté patriotique à la Belgique dont ils sont d'ailleurs le produit. Celle-ci per- sista plus longtemps dans le chef du mouvement wallon que dans celui de son

18 Sur les objections qui peuvent être formulées à l'encontre du schéma de M. Hroch (même si ce- lui-ci- édiùon 1968 -n'est menùonné nulle part dans cet ouvrage), voir S. etC. Gras, La réuolte des régions d'Europe occidentale de 1916 à nos jours, Paris, 1982, pp. 25 et ss.

19 M. Hroch, op. cit., pp.25-30.

20 L. Wils, op. cit., p.221.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(13)

12 CRISP/CH 1392

homologue flamand. En quoi les deux identités - belge et wallonne ou belge et flamande- s'excluent-elles et

à

partir de quand?

n

s'agit également de savoir s'il

y

a, dans le chef du mouvement wallon, contestation de la légitimité de l'Etat belge ou seulement de son mode de fonctionnement.

Nous tenterons de mieux percevoir la réalité du mouvement wallon

à

la lu- mière du schéma proposé par M. Hroch dans ses deux premières phases, confronté aux notions de langue, de religion, de passé commun, de territorialité.

Enfin, nous nous interrogerons sur la place qu'occupe dans cette démarche la

1 1

preoccupation econo1n1que.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(14)

2. La nation, un concept ofJ.ératoire pour le mouvement wallon ?

Le mouvement culturel

La langue

Lorsqu'il se développe, à la fin du 19ème siècle, à Bruxelles sunout et à Liège dans une moindre mesure, le mouvement wallon entend avant tout se manifester comme un mouvement linguistique. C'est à la défense de la langue française qu'il se consacre entièrement. Mais ce n'est pas à la défense d'une langue menacée qu'il s'attache, mais à celle d'une langue dont la place dominante commence à être contestée au sein de l'Etat belge par l'adoption de dispositions linguistiques qui touchent la Flandre et Bruxelles, c'est-à-dire dans une aire théoriquement située en dehors du cadre géographique accolé en adjectif au mouvement naissant :

"C'est le bilinguisme

des

cités flamandes qui nous

permet

d'y avoir la sensation que nous sommes en Belgique ( ... ).

Le

jour où le français serait banni de la Flandre, nous y serions des étrangers, autant qu 4 Rotterdam ou

à

Utrecht"

21 • D ne s'agit donc nul- lement de prôner la création d'écoles ou d'exalter, par la voie de journaux ou de pièces de théatre, les venus d'une langue ou d'un idiome menacés de disparition.

Tout autre aurait été la dimension du mouvement wallon s'il s'était poné sur la

21

J.

Destrée, Wallons et Flamands. La qtmelle linguistique en Belgique, Plon, 1923. Une partie importante de cet ouvrage a fait l'objet d'une publù:ation distincte sous le titre Wallonie, Paris, 1914.

J.

Destrée évoque également l'importance de la langue dans un texte publié en anglais durant la première guerre mondiale : • Wilhout going to the extreme of the Flamingants 'Ukn they S4J JJe taal is gansch het wlk• (language makes a people), we 1MJ admit that language is not the on/y the means of expressing iJeas but often contributes to the formation of them",

J.

Destrée, Belgium and the Principle ofNationality, Westminster, The Council for Study International Relations, n°5, 1916, p.9.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(15)

CRISP/CH 1392

défense du wallon comme langue 22 • Mais ce ne fut fas le cas. L'enjeu du mouve- ment, c'est avant tout et même explicitement la défense de la langue française.

Certes, en 1856, la Société de langue et de littérature wallonnes a été créée à Liège. Elle joua un r8le important dans la fixation de l'orthographe wallonne et certains de ses membres ont joué un r8le actif dans les débuts du mouvement wallon mais n'ont jamais mis la langue ou les dialectes wallons au premier plan de leurs revendications. Mais il n'est pas sans intérêt de voir que l'on tentait mal- gré tout de fixer l'orthographe wallonne alors que dans le même temps on ten- dait à l'abandon des dialectes au profit de la langue française.

C'est au nom de la langue française que les premiers militants wallons exhor- taient les Flamands

à

abandonner leurs dialectes, estimant que les Wallons avaient eux aussi abandonné les leurs en faveur d'une langue universelle: le français,

"seul moyen de civilisation".

Les premiers militants wallons plaçaient sur le même plan dialectes wallons et flamands, tendant à démontrer qu'eux aussi avaient dt1

"sacrifler" leurs u~es ancestraux pour avoir accès à la langue française. Sans en- trer dans une problematique philologique, l'écart qui sépare dialectes flamands de la langue française est tout autre que celui qui la sépare des dialectes wallons.

Le mouvement wallon naissant s'inscrit donc dans une perspective belge telle qu'ont été définis les contours et surtout l'identité linguistique de cet Etat en 1830.

n

considère l'acquisition de la langue française comme une forme d'adhésion

à

la Belgique et aux grands principes de liberté définis dans la Consti- tution.

Or, c'est également par une forme d'attachement

à

l'Etat belge que se dé- veloppe le mouvement flamand. Pour lui, la sauvegarde de la langue "flamande"

est considérée comme un moyen de renforcer l'existence de la Belgique 23 • Dans un ouvrage récent, l'historien louvaniste Lode Wils présente l'évolution du mou- vement flamand qui, pro-belge et patriotique

à

ses origines, se recentre progressi- vement sur la Flandre pour devenir par la suite hostile

à

l'Etat belge24 •

Véritable père fondateur du mouvement wallon au sens mythique du terme, Jules Destrée attribue

à

la langue un r81e capital25 • A ses yeux, elle est

"le signe le plus manifeste, le plus évident, sinon, d'une race, tout au moins d'une mentalité, d'une sensibilité, d'une façon spéciale de comprendre et de sentir la vie. ( ...

)La

langue

22 Voir à ce propos, Le centenaire de la société de langue et de littérature wallonnes, Liège, 1959.

23 L. Wils, op. cit., p.225.

24 Cette évolution fut progressive et ne fut pas linéaire dans l'ensemble du mouvement flamand.

n

y eut (il y a?} sans conteste des noyaux qui ne remettaient pas en cause l'existence de la Belgique.

Voir à ce sujet L. Wils, Van Clovis tot Happart. De lange weg van de naties in de Lage Landen, Leu-

ven-Apeldoorn, 1992, pp.164-169, 244-258 et 293.

25 On ne dispose pas encore d'une véritable biographie de Jules Destrée {1863-1936}; voir Philippe Destatte "Séparation, décentralisation, fédéralisme. La pensée régionaliste de Jules Destrée 1895- 1936", Cahier Francité, n°5, 1988.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(16)

Mouvement wallon et identité nationale 15

est la

preuve

même

de l 'origi114lité du groupe humain qui

~parle_ et

cette origi114lité

est

à

la

fois

la

condition et

la

justification d'une existence indépendante"

26 •

Concrètement, la position de Destrée se traduit de façon nuancée et parfois paradoxale, sans doute tiraillé entre ses positions socialistes et son engagement linguistique. En 1898, il vote en faveur du projet de loi Coremans-De Vriendt re- latif à l'égalité des langues nationales tout en justifiant son vote en pensant " ( ... )

aux trois millions de Belges qui ne comprennent que le

français" 27 • Dans la Lettre au Roi, il reproche aux Flamands de vouloir imposer feur langue :

"Ils nous ont pris notre langue. Plus extJCtement, ils sont occupés à nous

la

prendre. Nous ne connaissons encore que

la

menace

et

l'humiliation. L'oeuvre maudite se poursuit lentement, par degrés, sans brusque éclat avec

la

patiente opiniâtreté qu'ils apportent en leurs conquêtes"

28

Le mouvement wallon apparatt donc comme un mouvement né d'une frustra- tion qui apparatt comme étant principalement d'ordre linguistique sans qu'il soit question de la défense d'une langue minoritaire spécifique.

n

s'agit là d'un phé- nomène pour le moins original si l'on compare le mouvement wallon aux autres mouvements dits régionalistes qui naissent à la même époque et qui ont chacun des caractères spécifiques. On assiste en effet à l'apparition de mouvements pour lesquels la défense de la langue régionale en tant que moyen d'expression est dé- terminante (qu'il s'agisse de la Flandre, de la Bretagne, de l'Occitanie, ... ), de mouvements situés dans des régions (Irlande, Ecosse, ... ) où la langue régionale a déjà quasiment disparu ou encore de mouvements qui naissent là où il n'y a pas de langue spécifique (Andalousie).

D'autres cas peuvent encore se présenter: des mouvements peuvent nattre sur un territoire restreint, dans une population parlant une langue dont l'existence même n'est pas menacée mais dont la présence est combattue par les autorités d'un Etat qui cherche à imposer une autre langue. C'est le cas du français au Val d'Aoste 29 • Enfin, une langue peut se trouver en situation de concurrence sur le plan national mais appafattre comme la langue des élites dans une région spécifique. Dans le courant du 20ème siècle, le français va peu à peu être supplanté par le néerlandais en Flandre tandis qu'à Bruxelles, les deux langues, le français et le néerlandais, se verront reconnues. Mais à la fin du 19ème siècle, le français demeure encore la langue des élites, qu'elles soient du nord ou du sud du pays.

26

J.

Destrée, Wallons et Flamands, op. cit., p.15.

J.

Destrée avait déjà développé cette argumenta- tion dans la Lettre au Roi sur la Séparation de la Wallonie et de Flandre, Bruxelles, 1912, p.6.

27 Discours prononcé à la Chambre lors de la séance du 16 mars 1898 reproduit en partie dans P.

Destatte, op. cit., p.19.

28 LaLettreauRo~ op. cit., p.19.

29 Sur le r&le joué par la langue, voir S. et C. Gras, op. cit., pp. 25-46.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(17)

16 CRISP /CH 1392

La religion

L'argument religieux, souvent avancé comme un critère déterminant de la na- tion, est absent du discours des militants wallons

à

la fin du 19ème siècle. La reli- gion n'est en rien un critère qui distingue la Wallonie de ses voisins. Si la Flandre catholique fait

à

plusieurs reprises l'objet de vives critiques de lapart du mouve- ment wallon, ce n'est pas tant l'argument religieux qui est mis en avant que la domination du parti catholique en tant qu'expression politique et ce plus particu- lièrement après la défaite du cartel libéral-socialiste aux élections législatives de 1912.

Le mouvement wallon apparatt plut8t comme anti-clérical qu'anti-religieux, dénonçant le r8le joué par l'Eglise dans le mouvement flamand naissant, ainsi que l'obstacle que celle-ci constituait à l'épanouissement des populations dont l'un des signes devait être l'apprentissage de la langue française.

n

s'en prend d'ailleurs essentiellement au cléricalisme de la Flandre., attaquant fort peu l'aile francophone ou wallonne du Parti catholique. Certes,

J.

Destrée rappelle dans plusieurs de ses publications que les Flamands sont catholiques et qu'en Wallo- nie, les libres penseurs 30 sont nombreux mais ce sont surtout les conséquences politiques de ce phénomène qui inquiètent le leader socialiste.

Dans une Europe occidentale où les conflits de religion ont fracturé la société au 16ème siècle, il n'y a plus guère aujourd'hui qu'en Irlande que la religion constitue un axe important du conflit dont les enjeux essentiels sont de nature économique tant il est vrai que la religion dissimule quantité d'autres éléments.

La

religion peut occuper une place décisive en tant qu'élément mobilisateur et le clergé peut jouer un r8le important dans la naissance d'un mouvement régiona- liste, mais cela ne signifie pas pour autant que la religion constitue le ciment des mouvements régionalistes.

30 Dans la brochure Belgium and the Principale of Nationalit:y,

J.

Destrée utilise le terme de

"freethinleers" (p. 18) pour parler des Wallons, dans son ouvrage La querelk linguistique en Belgique, il écrit que la Wallonie est "en tr~ grande majorité anticléricale" (p. 16). Dans la Lettre au Roi, il écrit : • La Flandre est en grande majorité catholique et parfois, assez agressivement et bassement catho- lique; en Wallonie, au contraire, la foi n'est plus guère qu'une habitllde et les libre-penseurs sont très nombreux" {p.6). Plus d'un demi-siècle plus tard, lors des grèves contre la "loi unique", André Renard reprenait à son compte cette argumentation de

J.

Destrée en lui donnant une nouvelle dimension idéologique : "Pourquoi cette unanimité et cette détermination de lutte? Parce que. une nouvelk fois, avec le projet de loi, s'est précisée la menace • combien de fois dénoncée, et depuis tant d'années· d'une contrainte imposée, grâce à une Belgique unitaire, par une Flandre cléricale, donc conservatrice, à une Wallonie socialiste, donc progressiste", "Vers le deuxième souffle", Combat, le 5 janvier 1961 et repris dans le recueil d'articles André Renard écrivait, Huy, 1962, p.308.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(18)

Mouvement wallon et identité nationale 17

Un passé commun

n

s'agit là d'un critère à la fois subjectif et objectif.

Les

Liégeois ont un passé propre et n'ont été réunis au territoire de la future Belgique que suite à l'occu- pation française 31

La

Principauté de Liège faisait f.artie de l'Empire. Comme Théo Pirard- qui semble par ailleurs répondre par 'affirmative à la question de savoir s'il existe un "peuple wallon" - nous nous interrogeons :

"Le sentiment d'appartenir

à

une patrie aurait-il pu naître sur un territoire comprenant plusieurs

«Etats»

minuscules qui ne partageaient pas le même sort

f' 32 • Si le passé "wallon" est souvent évoqué par le mouvement, c'est pour déplorer la pauvreté des manuels d'histoire sur la question. Dans sa Lettre au Roi, Jules Destrée affirme

qu'"ils

Qes Flamands)

nous ont pris notre passé. Nous les avons laissés écrire et enseigner l'histoire de Belgique"

33 • A lire J. Destrée, il y a urgence pour que les Wallons se réapproprient leur histoire. Au con_P,rès wallon de Liège de 1905, Henri Pirenne est sollicité et fait un exposé sur le role des Wallons dans l'histoire:

"Ce sentiment national wallon et ce sentiment national flamand existent certainement tous deux sous la communauté de civilisation que nous avons constatée dans certains domaines de la vie publique et de la vie sociale, communauté dans laquelle 1 'apport des Wallons et 1 'apport des Flamands viennent se confondre de telle sorte qu'il serait bien difficile d'en faire le décompte. Sous cette communauté de civilisation, il y a certainement chez nous, deux autres sentiments parfaitement reconnaissables : le sentiment national flamand

et

le sentiment national wallon"

34 •

La

position de H. Pirenne selon

laquelle il n'y a ni histoire spécifique des Wallons ni des Flamands car

"l'une

et

1 'autre se confondent dans 1 'histoire de Belgique",

se distancie de la démarche des congressistes qui souhaitent la mise en évidence du passé wallon 35 • Au terme du discours, le président de séance conclut:

"ce que M Pirenne nous a dit

à

propos de l'âme wallonne

et

de l'âme belge heurte, je ne sais si j'oserais dire scientifiquement, les idées généralement admises par un certain nombre d'entre nous ( ... )"

36

31 Maurice Bologne rappelle: "Si l'on peut écrire une histoire des Wallons, il nya pas à proprement parler d'histoire de Wallonie comme il y a une histoire de France, parce que les Wallons n'ont jamais eu de patrie commune entre 843 et 1793". M. Bologne, "La Wallonie", Contre les Etats. Les régions d'Europe, Paris-Nice, 1973, p.204. Voir aussi du même auteur Notre passé wallon, op. cit.

32 T. Pirard, "Le mouvement wallon à Liège. Chronique de la décennie 1940-1950", La Vie wal- lonne, n°409-412, 1990, t. LXIV, p.50.

33 Lettre au Roi, op. cit., p.13.

34 Compte rendu officiel du Congrès wallon sous le haut patronage du gouvernement, exposition universelle et internationale de Liège, Liège, 1906, p.243.

35 Julien Delaite, président du congrès, défmit en ces termes ses objectifs: "Ceci est un Congrès paci- fique. Nous l'awns organisé en dehors de tout esprit de parti, pour exposer les justes revendicAtions des

Wallons et pour exalter/'~ wallonne. Nous ne wu/ons critiquer que ce qui est critiquable, mais nous wu/ons tout dire, et k dire sans crainte. Nous n'attaquons pas les Flamands mais nous entendons flagel- ler les exagérations flamingantes qui menacent l'intégrité de la patrie belge. Nous wu/ons aussi mettre en lumière ce que les Wallons furent dans le passé, ce qu'ils réalisent dans le présent, ce à quoi ils aspirent pour l'avenir", "Compte rendu analytique du Congrès wallon de Liège", 30 septembre- 1er et 2 oc- tobre 1905, Wallonia,

xm,

1905, pp.502-503.

36 Idem, p.248.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(19)

18 CRISP/CH 1392

Contrairement aux mouvements nationaux 9ui peuvent se raccrocher à un moment décisif de leur passé où ils ont constitue une "nation" indépendante, les provinces wallonnes ont toujours été intégrées

dans

de plus vastes ensembles.

Puisqu'il n'y a jamais eu de "nation wallonne" par le passé, il ne peut y avoir dans le chef du mouvement wallon de nostalgie passéiste

si

ce n'est par rapport à la révolution belge de 1830 et à l'époque où la Belgique était exclusivement do- minée par des francophones.

n

est pourtant un critère qui réunit 1' ensemble des provinces wallonnes :

"Depuis des siècles, la terre des Wallons

est

une terre romane et n 4 pas cessé de l'être. Voilà le fait capital de l'histoire

des

Wallons qui explique leur façon de penser, de sentir, de croire"

37.

n

va se développer, surtout à partir de l'entre-deux-guerres, un intérêt particu- lier pour la période française, intérêt qui se poursuit actuellement comme en té- moignent les commémorations de la bataille de Jemappes ainsi que la démarche du mouvement "rattachiste" 38En 1928 a lieu le premier pèlerinage de Waterloo au monument français de l'Aigle blessé. Ce qui, au départ, n'est qu'un rassem- blement de quelques initiés, devient au fil des ans un rendez-vous pour l'ensemble du mouvement wallon. Mais la démarche n'est pas sans ambiguïté: il s'agit tout à la fois de rendre hommage à la France et de réaffirmer son attache- ment à la Belgique de 1830 39.

C'est en 1938 que Francis Dumont publie son ouvrage sur l'irrédentisme fran- çais en Wallonie 40C'est au cours de cette même année que la Société historique pour la défense et l'illustration de la Wallonie voit le jour, autre signe d'un inté- rêt croissant du mouvement wallon vis-à-vis du passé wallon 41 •

Cette aspiration à des "mythes fondateurs" est une caractéristique commune à tous les courants nationalistes, voire aux différents régionalismes. Faute d'un passé glorieux, ils se cherchent des précurseurs, voire des martyrs. L'idéal est d'arriver à prouver le caractère permanent de l'identité nationale ou régionale.

Au besoin, on n'hésitera pas à falsifier l'histoire. Pouvait-il d'ailleurs en être au- trement dans des Etats centralisés qui présentaient une vision finaliste et déter-

37 Communication présentée par l'historien Félix Rousseau lors du deuxième congrès culturel wal- lon {Liège, 14-16 octobre 1955) cité par H. Hasquin, Historiograph~ et politique. Essai sur l'histoire de Belgique et de la Wallon~. Charlero~ 1981, p.108.

38 Le mouvement "irrédentiste" qui débute avec le comte Albert du Bois mériterait à lui seul qu'on lui consacre un article.

n

n'en sera4onc pas question ici.

39 Sur le pèlerinage de Waterloo, voir R. Colleye, "Pourquoi les Wallons vont à Waterloo? Histo- rique et doctrine", Les C:thiers wallons, Liège, s. d.

40 F. Dumont, L'irr.édentismefrançaisen Wallon~ de 1814 à 1831, Couillet, 1938.

41 Les fondateurs de la Société historique justifiaient en ces termes leurs motivations : • L'Histoire de la régwn française de l'Eut belge est négligée au profit de la Flandre. L'enfant qui sort de l'école pri- maire, souvent même celui qui a fait des études plus étendues, ne connalt guère, en règle générale, que les hauts faits des de Ctminck, des Van Artevelde et autres héros flamands ( ... ). Un peuple qui ne connalt pas son histoire est wué, plus facilement que tout autre à la servitude politique", texte cité par Philippe Destatte dans "L'Institut Jules Destrée (1938-1988). Cinquante ans au service de la Wallonie et des communautés françaises", Confluent, n°164, 9/1988, p.3.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(20)

Mouvement wallon et identité nationale

19

ministe de l'histoire 42

?

Dans le chef des mouvements régionalistes, la subtilité consiste dans un premier temps, à remplacer le déterminisme de l'Etat central par un autre déterminisme, celui de la région, perçue comme une nation. Dans le cas du mouvement wallon, il faut attendre la fin des années 1930 et plus particuliè- rement les travaux de l'historien liégeois, Léon-Ernest Hallcin, pour qu'apparaisse un véritable plaidoyer en faveur d'une histoire régionale dégagée de tout déterminisme militant.

Au-delà de ces trois critères - langue, religion et histoire - il importe de pouvoir situer sur le plan économique et géographique, le contexte

dans

lequel évolue le mouvement régional. La prise de conscience culturelle ne se conçoit pas in abstracto. De même, en l'absence de préoccupations strictement culturelles, des motivations économiques ont pu jouer un r6le décisif dans un espace territorial donné. Dès lors avant d'en venir à la structuration du mouvement wallon proprement dit, que peut-on dire du cadre territorial et du contexte économique

?

Le cadre territorial

C'est peut-être l'aspect territorial qui se révèle être le plus problématique lorsque l'on examine la genèse du mouvement wallon. C'est en effet à Bruxelles que les premières ligues wallonnes virent le jour, animées par des Wallons venus

"faire carrière" dans les administrations de la capitale. Bruxelles se profile comme le lieu d'ascension sociale. Or, pour y accéder, il n'y a, jusqu'au vote des pre- mières lois linguistiques, aucune barrière pour les Wallons. Seuls les Flamands unilingues sont confrontés à ces barrières. Par le vote des premières lois linguis- tiques, les Wallons et plus généralement tous ceux, en Belgique, que l'on peut re- grouper sous le vocable de "francophones", vont se sentir menacés dans leurs pré- rogatives qu'ils considèrent comme des droits a~uis et immuables. En se deve- loppant à Bruxelles - et non dans ce qui est appele à devenir l'enjeu de ses luttes, la Wallonie -, le mouvement wallon évolue d'emblée sur un territoire miné.

Comment affirmer sa propre légitimité alors que la base du mouvement se trouve à l'extérieur de l'espace géographique concerné

?

L'ambiguïté n'est peut-être qu'apparente car si le mouvement se revendique du qualificatif de "wallon", à ses débuts, il appara1t essentiellement comme un mouvement "francophone", oeu- vrant dans un cadre belge qui lui sert de référence. A la fin du 19ème siècle, la distinction n'est pas clairement établie entre Wallons et francophones. Certes, il est question des "francophones de Flandre" mais le mouvement wallon naissant, attaché essentiellement à la défense de la langue, ne se soucie guère des origines géographiques de ceux qui adhèrent à son combat.

D

considère qu'il n'y a pas d'unite politique possible sans unité linguistique mais contrairement au credo du mouvement flamand

"De taal is gansch het volk",

il ne se définit pas en termes de

"peuple" mais bien en termes d'"élite sociale". S'il accorde une faculté émancipa

42 "En Belgique, quoi qu'on ait pu longtemps penser, l'enseignement de l'histoire a été mis au seruice d'une certaine idée du patriotisme", H. Hasquin, op. cit., p.15.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

(21)

20 CRISP/CH 1392

triee à la langue française, il ne place nullement son combat sous l'angle social, m~s _P.lutat dans le sillage des Lumières et des principes de libené (bien plus que d'égalité) hérités de la Révolution française 43 • Pour

J.

Destrée, comme il l'écrit dans La lettre au Roi, le champ d'épanouissement de la langue française se situait également en Flandre :

"Ils Qes

Flamands)

nous ont

pris

la Flandre, d'abord. Certes, c'était leur bien.

Mais

c'était aussi un peu le nôtre"

44 •

Le cadre économique

Le critère économique se présente de manière duale. Si l'on observe la nais- sance des mouvements régionalistes, on constate un double phénomène. TI y a d'une pan les mouvements qui expriment une réaction au sous-développement économique de leur région et d'autre pan, les mouvements qui, émergeant dans des régions industrielles et développées, estiment que leur pan dans la gestion de l'Etat est trop réduite.

Pour le mouvement wallon, ni l'un ni l'autre cas ne prévalent. La Wallonie appar:ltt comme le pale de développement industriel de la Belgique. Elle domine l'Etat sur le plan économique et s'identifie à la langue dominante. Le mouvement qui n:ltt aux confins des 19ème et 20ème siècles est donc issu de la composante

"dominante" de l'Etat belge en réaction à la composante "dominée". Dès l'abord, le mouvement wallon appar:ltt comme un mouvement défensif qui se revendique de l'espace géographique conduisant les structures économi~ues du pays. Les premiers militants wallons - qui, à de très rares exceptions pres, n'évoluent pas dans le secteur secondaire mais sont actifs dans le teniaire - ne manquent d'ailleurs pas de le constater, mettant en exergue, en des termes parfois très injurieux, la totale dépendance de la "pauvre Flandre rurale" à l'égard de la riche et prospère Wallonie industrielle. On peut cenes objecter à cette vision de la Wallonie dominante, l'imponance du flux de capitaux de Bruxelles vers la Wallonie. Notons à cet égard que la dénonciation de la concentration financière à Bruxelles n'est formulée qu'à panir de l'entre-deux-guerres. Néanmoins, déjà dans La Lettre au Roi,

J.

Destree formule le grief de l'inégale répanition des in- vestissements publics 45 • Cenains, du caté wallon, s'insurgent également contre les flux financiers de la Wallonie vers la Flandre, mais sans revendiquer pour au- tant la scission ou la fédéralisation de cenains budgets. Mais si l'on excepte le combat mené, à Liège, contre le détournement des grands express, on peut dire que la préoccupation économique demeure relativement marginale au sein du

43 A cet égard il est intéressant de noter qu'E. Hobsbawm, évoquant le rôle de la langue dans la Ré- volution française signale "qu'en théorie ce n'était pas l'utilisation du français comme langue mater·

nelk qui faisait de quelqu'un un Français · comment cela aurait-il pu être, alors que la Révolution elle- même avait consacré tellement de son temps à proU'Uer combien rares étaient ceux qui, en France, l'utilisaient effectivement 1- mais la wlonté de l'acquérir, parmi d'autres libertés, lois et caractéristiques communes du libre peuple de France", E. Hobsbawm, op. cit., pp.33-34.

44 La Lettre au Roi, op. cit., p.12.

45 La Lettre au Roi, op. cit., p.15.

© CRISP | Téléchargé le 30/07/2022 sur www.cairn.info (IP: 134.122.89.123)

Références

Documents relatifs

2008/427 - Désignation de deux représentants de la Ville de Lyon au sein de l'Organisation Mondiale - Cités et Gouvernements Locaux Unis (Direction des Assemblées).. Rapporteur

2008/924 - Don de matériel réformé des services de la Police Municipale de Lyon à la Ville de Ouagadougou dans le cadre de la coopération décentralisée Lyon-Ouagadougou (Direction

2008/857 - Subvention de l'Agence de développement des entreprises en Afrique (ADEA) - Réseau Afric- Partner pour l'organisation d'Assises sur le développement économique et

JULIEN-LAFERRIERE Hubert

En effet, lorsque la croissance est forte dans un pays, celui-ci importe davantage (de biens de consommation et de biens de production), ce qui accroît les

La gouvernance envisagée pour l’eurozone la place sur une trajectoire de collision frontale avec le modèle social. En fait sans véritable solidarité financière, budgétaire, sociale

Il n’a pas le moindre prétexte pour élaborer une notion d’espace, car il est entouré de toutes parts d’un milieu homogène, sans différences qui sont un fondement

La question sera de savoir si dans le modèle cognitif et référentiel mis en œuvre par une relation partitive du type « Cinq Belges dont un Wallon » dont peut être