J.B. COULON, P. D’HOUR M. PETIT E. ALBARET
M. JAWOREK
INRA Laboratoire de la Lactation et de
1’Elevage
des RuminantsTheix,
63122Saint-Genes-Champanelle (’!)
INRA Domaineexperimental
de Marcenat, 15190 Marcenat t
Niveau
et répartition
des apports
de concentré hivernaux chez la vache laitière.
Résultats sur
primipares. (1)
La production laitière
en zoneherbagère pose
uncertain nombre
de problèmes specifiques parmi lesquels le niveau de complementation
de la ration hivernale apparait très important. Comment réagissent
-
les vaches laitières à differentes strategies d’apport de concentré
au coursde 1’hiver et quelles sont leur capacité de recuperation
aupaturage,
de maniere a
nepas compromettre leur carriere ultérieure ?
L’alimentation hivernale des vaches laitibres fortes
productrices
pose desprobl6mes particu-
lierslorsque
lesfourrages disponibles
sont dequalité
moyenne, comme c’est souvent le casdans les zones
herbag6res
ou la culture du mais n’est paspossible.
Dans cesconditions,
ilest nécessaire de distribuer aux animaux des
quantités
élevées d’aliment concentré pour satisfaire leurs besoins.Cependant,
1’efficacite de ces apports est variable(Steen
et Gordon1980a et
b ;
Coulon et al 1985 ; Reeves et a]1986)
etdepend
enparticulier
de laqualité
dufourrage
et du niveau de satisfaction des besoins des animaux(Gordon
1980 ; Gordon 1984 ; Faverdin et al1987).
On peut alors se demander :1)
s’il esttoujours
souhaitable d’exterioriser totalement lepotentiel
laitier d’animaux fortsproducteurs,
2) jusqu’ou pourrait-on
réduire lesapports
d’aliments concentrés au cours de 1’hiver sanstrop
pénaliser
lesperformances globales
desanimaux
(production laitière, composition
dulait, reproduction)
ni leur état de sant6 ou leurlongevite,
3)
dans cettehypothèse, quelle répartition
decette faible
quantité
de concentré est laplus appropriée ?
Pour
répondre
à cesquestions,
un essai àlong
terme a été mis enplace
sur le domaine INRA de Marcenat(1100
md’altitude)
à 1’au-tomne 1985.
Cinq
traitements hivernaux y sontcompares :
3 niveauxd’apport
d’alimentconcentré et 2 modes de
répartition ;
unerépar-
tition «
classique
», visant à suivre au mieux 1’evolution des besoins des animaux(lots C),
etune
répartition
« uniforme ou lesapports
d’aliment concentré sont constants duranttoute la
période hivernale,
pour un niveau deproduction
donné(lots U).
Les résultatspresen-
tes concernent
uniquement
les vachesprimi-
pares
(3
annéesexp6rimentales).
Conditions expérimentales
Au cours de 3 années
expérimentales,
119vaches laitières
primipares (respectivement
35,40 et 44 au cours des années 1, 2 et
3),
pourmoitié de race montbéliarde et pour moitié de type
pie-noir,
ont été utilisées. Elles étaient(1) Cette étude a fait 1’objet d’un soutien financier du Conseil Regional d’Auvergne.
Resume
--Cent dix neuf vaches taitibres en
premiere
lactation ayant vêlé en moyenne le6 décembre ont été utilisées au cours d’un essai conduit 3 ann6es cons6cutives.
Au cours de
I’hiver,
tous les animaux recevaient une ration de basecompos6e d’ensilage
d’herbe(à volonté)
et de foin(4 kg/j). Chaque
année 5 lots ont étéconstitues : 3 niveaux
d’apport
de concentr6 au cours de lap6riode
hivernale(haut
H, moyen M et basB),
et pour chacun des 2 niveauxinférieurs,
2 modes derépartition
du concentré(classique (C)
ou uniforme(U)),
ont étécompares (figure 1).
Aupdturage
toutes les vaches ont été conduites ensemble. Au cours de lapériode expérimentale (semaine
4 à 18 delactation),
les vaches du lot H et des lots M et B onting6r6 respectivement
6,3, 4,8 et 3,5kg MS/j
de concentr6 et 9,2, 9,5 et 9,8kg MS/j
defourrages.
Les vaches du lot H ontproduit
en moyenneplus
de lait
(1,2
et 3,1kg/j
parrapport
a celles des lots MC etBC),
lait d’une teneurplus
6lev6e enprotéines (+
0,6 et + 1,7g/kg).
Au cours del’hiver,
les variations depoids
vifs ont étérespectivement
de + 1, - 26 et - 39kg
dans les lots H, M et B.A 1’6chelle de la lactation
(305 j)
les écarts deproduction atteignent
169 et 577kg
pour des 6carts
d’apport
de concentr6 de 202 et 420kg
MS. 11n’y
a pas eu d’effetsignificatif
du mode derépartition
du concentré sur lesperformances
des ani-maux. Ces résultats sont discutes en fonction du niveau de
production
des ani-maux, et de leur
consequence
sur leur carri!re ultérieure.conduites en stabulation entravée faiblement
paillée
et traites enplace
2 fois parjour.
Leurs dates devêlage
s’etalaient entre le 11 novembre et le 14janvier (6
décembre enmoyenne),
etleur
age
auvêlage
étaitcompris
entre 32 et 38mois
(36
mois enmoyenne).
Au cours de 1’hiver
(début
novembre à debutmai),
tous les animaux ont reçu une rationcompos6e
de foin(4 kg/j,
distribue lesoir)
etd’ensilage
d’herbe deprairie permanente (offert
à
volante,
lematin). L’ensilage
avait été r6colt6entre le 5 et le 28
juin,
en coupe directe a 1’aide d’une machinea tambours,
réalisant des brins d’unelongueur
moyenne de 2,8 cm(±
2,0cm),
et
systématiquement
additionné d’unmélange
d’acide
formique (70 %)
et de formol(30 %)
àraison de
3,5 1/t
de matiere verte.En fin de
gestation
et durant les 3premieres
semaines de
lactation,
toutes les vaches ont été alimentées de la même manière. Elles ont reçurespectivement
1, 2 et 3kg/j
d’un aliment concentré de typeproduction (tableau 1)
aucours des 3 derni6res semaines de
gestation.
Enpremiere
semaine delactation,
elles ont reçu 4kg/j
de concentré,puis
5,5 et 7kg/j respecti-
vement en semaine 2 et 3 si leur
production
initiale était
superieure
a 20kg/j
et 5 et 6kg/j
sicette
production
était inférieure à 20kg/j.
A la fin de la 3e semaine de
lactation,
lesvaches ont été
réparties
en 5 lots sur la base(intra race)
de leur date dev6lig( ! ,
de leur pro- duction et de lacomposition
de leur lait aucours des 3
premieres
semaines delactation,
et de leurpoids
vif auvêlage.
Trois niveauxd’ap- ports
d’aliment concentré,répartis
de manière«
classique
» sur 1’hiver ont étécompares (lots
HC, MC et
BC).
Deplus,
pour les 2 niveauxd’apports inférieurs,
unerépartition
« uni-forme » au cours de 1’hiver de la même
quantite
de concentré que celle offerte aux animaux du lot
classique correspondant
a été testée(lots
MU et
BU).
Les
quantités
d’aliment concentré distribuéesont été
pr6d6termin6es
pour tout 1’hiver : laproduction
maximalepotentielle (Pmax, kg/j)
aété estimée à
partir
de laproduction
moyennedes 3
premières
semaines de lactation(P13, kg/j)
a 1’aide de1’equation
suivante(etablie
àpartir
des valeurs observ6es sur des vachespri- mipares
des troupeaux INRA de Marcenat etd’Orcival,
correctement alimentées en début delactation) :
Pour les 3 lots «
classiques
», lesquantités
deconcentré ont été modifi6es de 1,5
kg
par semaine àpartir
de la 3&dquo; semainejusqu’a
attein- dre desquantités
maximalesqui
ont été main-tenues
jusqu’en
7esemaine de lactation. Une décroissance de laproduction
laitière de 8 %par mois a ensuite été retenue.
Quelle
que soit1’annee,
on a considéré que la ration de base couvrait les besoins d’entretienplus
ceux necessaires a laproduction
de 3(lot HC),
7(lots
MC etMU)
ou 11kg
de lait(lots
BCet
BU).
Le concentré a été distribue a raison de1
kg
par tranche de 2,5kg
de lait au dessus deces niveaux.
Pour les lots « uniformes », les
quantites
d’aliment concentre distribuées ont été deter- min6es de la manière suivante : pour
chaque
tranche de
potentiel
deproduction laitibre,
lesquantit6s
totales distribuées aux vaches MC et BCpendant
unepériode expérimentale
hiver-nale s’etendant du 21/12
(v6lage
au1/12)
au 6/5(mise a 1’herbe),
soit 136jours,
ont été cal-c:ulees. Les
quantit6s journalibres
distribueesaux vaches MU et BU dans le schema « uni- forme » ont été 6tablies en divisant cette quan- tité totale par 136,
quelle
que soit la date devêlage
des animaux, et r6faction faite de laquantit6
n6cessaire auflushing.
Eneffet,
afin de favoriser lareproduction,
dans les lots « uni- formes », unflushing
a étérealise,
au cours des 8&dquo;, 9&dquo; et 10&dquo; semaines de lactation(figure 1).
Lesquantit6s
de concentr6supplémentaire
distri-buées au cours de cette
p6riode
ont été de res-pectivement
1,5 et 2,5kg/j
pour les lots MLJ et BU.Au cours des 6
premieres
semaines de lacta- tion, dans tous leslots,
1kg/j
de tourteau tann6(tableau 1)
a été substitue 11 kg
de concentréproduction.
Uncomplement
mineral(10P- l4Ca) comprenant
desoligo-éléments (tableau 1)
a été distribue tons les animaux, araison de 250
g/j.
L’aliment concentré a été dis-tribu6 en 2 fois
chaque jour, pendant
les traites.La mise I’lierbe a eu lieu au cours de la pre- mi6re semaine de mai. Au
paturage,
tous lesanimaux ont été conduits de la m6me
façon (systbme
tournant,chargement
d’environ 3,5vaches/ha
auprintemps
et 1,8vaches/ha
a 1’au-tomne)
et le rationnement en aliment concentréa été
identique
pour tous les lots. On a consi- dere que l’herbe couvrait laproduction
de 17kg
de lait auprintemps (mai-juin),
de 14kg
enété
(juillet-aout)
et de 11kg
a 1’automne(sep- tembre-octobre).
Les apports d’aliment concen- tre ont été reduitsa partir
de la mise à I’herbe araison de 2
kg
par semainejusqu’a
atteindre les niveauxprévus.
L’aliment concentré a6t!
dis-tribué en 2 fois par
jour
comme au cours de lapériode
hivernale.Les ins6minations ont été réalisées sur cha- leurs naturelles. Les animaux
n’ayant
pas étévus en chaleur 12 semaines
apr6s
levelage
ont subi une induction d’oestrus(De
Fontaubert1988).
Mesures
La
quantit6
de laitproduite
a étépesee
indi- viduellementa chaque
traite et les tauxbuty-
reux et
prot6ique
ont été determines 2 fois par semaine(au
cours de 4 traitescons6cutives).
Les
quantités ingérées
d’aliment concentré ontété mesur6es individuellement tous les
jours
et celles deFourrages
2jours
successil’s par semaine durant I’hiver. La teneur en MS desfourrages
a été d6termin6e une fois par semainepour le foin et
chaque jour
de contr6le pour1’ensilage
d’herbe. La teneur en MS de 1’ensi-lage
a étécorrig6e
pour tenir compte despertes
de matière s6che volatile lors duséchage
àl’étuve
(Dulphy
etDemarquilly 1981).
La com-position chimique
des foins(2
3 3 foins parhiver)
a été determinee a larécolte, puis
une àtrois fois durant I’hiver. La
composition
chimi-que de
1’ensilage
d’herbe(5
à 8 silos parhiver)
a été determinee 4 a 5 fois par silo. Les
digesti-
bilités de la matiere seche et de la matière orga-
nique
des différentsfourrages
utilises ont étémesurees en utilisant des lots de 6 moutons durant des
périodes
de mesure de 6jours aprbs
une
p6riode préexpérimentale
de 15jours.
Lescaractéristiques
des aliments utilises sontpréci-
sees au tableau 1. Les vaches ont été
pesées
2
jours
consécutifs en 16re et 66me semaines delactation,
2 semaines avant et 2 semainesaprès
la mise a 1’herbe et à la rentrée à1’6table ;
elles ont aussi été
pesées
2 fois par mois enp6riode
hivernale et une fois par mois aupatu-
rage. Leur état
corporel (note
de 0a 5)
a étéapprécié,
par maniements, auv6lage,
en 66meet 12£ine semaines de
lactation,
2 semainesavant la mise à
I’herbe,
au tarissement et a la rentree a 1’etable.Chez les animaux
n’ayant
pas été observes enchaleur 40
jours aprbs
lev6lage (55 jours
lapremiere ann6e),
1’activite ovarienne a été mesLir6e tous les 10jours
pardosage
de la pro-gesteronemie.
Les bilans
6nerg6tiques
et azotés ont été cal- cul6s par differences entre les apports et les besoinscorrespondants,
selon les recomman-dations INRA
(Andrieu
etDemarquilly
1987,Verite et al 1987 ; Vermorel et
al 1987).
Enparti- culier,
lesapports énergétiques
ont étécorrig6s
pour tenir compte de l’accroissement de
plus
en
plus
faible de la valeurénergétique
desrations avec
1’augmentation
du niveau alimen-taire et de la
proportion
d’aliment concentré dans la ration(Vermorel
etal 1987).
L’analyse
des résultats a été réalisée à l’échelle de 1’hiver(18 premieres
semaines delactation),
ou de la lactationcomplete,
rameneeou non a une durée standard de 305
jours,
par la meihodeproposée
par Poutous etMocquot (1975).
Ces données ont été trait6es paranalyse
de variance ; les facteurs introduits ont été les traitements
hivernaux,
la race et 1’annee. Lesinteractions traitement hivernal-année et traite- ment hivernal-race n’ont
jamais
étésignifica-
tives et n’ont pas 6t6 introduites dans les ana-
lyses
definitives. Pourchaque analyse,
la valeurde la
production
laitibre au cours de lapériode
de reference
(semaines
1a 3)
a été introduitecomme covariable. Pour
l’analyse
de la compo- sitionchimique
dulait,
les valeurs observ6espendant
lapériode
de reference ont aussi été introduites comme covariables.Resultats
La
production
laitière des animaux a étésignificativement (P
<0,01)
inferieure au coursde la 3&dquo; année
comparativement
aux 2 pre-mi!res
(de
I’ordre de 10 %, au cours de laperiode expérimentale
comme pour la lactationL’augmentation
des
apports
de concentre n’a pas entrainede diminution
importante
des
quantités ingerees de fourrages.
totale),
bien que lesproductions
de reference aient été semblables. Ces résultats sont dus a la fois a la moins bonnequalité
de la ration debase
disponible
en 3&dquo; année,ayant
entrain6 uneingestion
et desapports énergétiques
hivernauxinférieurs de 9 et 12 %
respectivement,
et auxplus
mauvaises conditions depaturage, qui
sesont traduites par des
reprises
depoids
vif àl’herbe inférieures de 30
kg
a celles observ6esau cours des 2
premibres
saisons. Iln’y
acependant
pas eu d’interaction entre le traite- ment hivernal et 1’annee. Les résultatspresen-
tes sont donc des moyennes des 3 années
expé-
rimentales.Au cours des 3 années
expérimentales,
lesprincipaux
troubles sanitaires observes ont été les affectionspodales
et les mammitesqui
ontconcerne
respectivement
29 et 29 % des vaches etreprésenté
43 et 35 % des troubles totaux.Cinquante
vaches n’ontjamais présenté
de troubles.1
/ Quantites ingérées
Les
quantités
defourrage ingérées
ont aug-ment6 en moyenne de 3,3
kg MS/j (+
47%)
entre la
premiere
et la 18&dquo; semaine delactation,
de manièrerégulière
et voisine entre les lots(figure 1).
Dans le lot HC, cesquantités
ontcependant
diminuepassagèrement
au cours du second’ mois delactation, période pendant laquelle
lesquantités
de concentréingérées
ontété les
plus
élevées(jusqu’a
9kg MS/j
chez cer-taines
vaches).
Au cours de l’ensemble de lapériode expérimentale (semaine
4a 18),
lesquantités
defourrages ingérées
ont été peu dif- férentes d’un lot a 1’autre(de
0,1 a 0,7kg MS/j
d’écart entre les
lots) (tableau 2).
Le taux desubstitution a donc été faible
(respectivement
0,16 et 0,20 entre les lots HC et MC et MC et
BC),
mais variable selon le stade de lactation. Ila été nul au cours du second mois de lactation et maximum au cours du 3! mois
(0,33
entre leslots HC et MC, comme entre les lots MC et
BC).
Les
quantités
de MS totalesingérées,
trèsliées aux
quantités
de concentrédistribuées,
ont été maximales des le début du 2e mois de lactation dans le lot HC
(15,7 kg/j
soit 2,76kg/
100
kg PV),
mais seulement un moisaprès
dansles autres lots
(14,8 kg/j
et 2,54kg/100 kg
PVpour les lots MC et MU, et 14,2
kg/j
et 2,46kg/
/100
kg
PV pour les lots BC etBU).
L’alimentconcentré a
représenté
en moyenne sur lapériode expérimentale
entre 26(lots
BC etBU)
et 41 %
(lot HC)
de la MStotale ;
cette propor- tion a atteint 48 % chez les animaux lesplus
forts
producteurs
du lot HC en fin de 2’’mois delactation.
L’augmentation importante d’apport
d’aliment concentré par suite du
flushing
aucours des semaines 9 et 10 dans les lots MU et BU
(respectivement
+ 1 et + 2kg MS/j)
ne s’estaccompagnée
d’aucune diminution desquanti-
tes de
fourrage ingérées (figure 1).
Lesquanti-
tes de MS totale
ingérées
ontaugmente
avec lepotentiel
deproduction
des animaux, de manière voisine dans tous les lots(+
0,2kg MST/kg
de lait, enmoyenne).
2
/ Production laiti6re
Au cours de la
période exp6rimentale,
lesvaches du lot HC ont
produit
en moyenne res-pectivement
1,2 et 3,1kg/j
de lait deplus
que celles des lots MC et BC(P
<0,01).
Cela estdu,
en
premier lieu,
a une meilleure exteriorisation dupotentiel
dans le lot HC: d’unepart 1’aug-
mentation de
production
entre laperiode
dereference et la semaine de
production
maxi-male a été
respectivement
de 5,2, 4,4 et 3,2kg/j /j
dans les lots HC, MC et BC, et d’autre part lapersistance
mensuelle deproduction (calc:ulee
entre les semaines 6 et
18)
a étéplus
6]ev6edans le lot HC
(91,5 %)
que dans les lots MC(89,6 %)
et BC(88 %) (P
<0,01).
Les écarts deproduction
se sont donc accrus pour atteindreen 18’’ semaine
respectivement 1,3
et 3,6kg/j.
Le taux
protéique
du laitproduit
dans te lot HC a étésup6rieur
derespectivement
0,6 el 1,7 7g/kg (P
<0,01)
a ceux des lots MC et BC. Cesec:arts ont atteint 0,7 et 2,2
g/kg
en fin deperiode
hivernale(18&dquo;
semaine delactation).
Letaux
butyreux
n’a pas étésignificativement
dif- f6rent d’un lot a 1’autre(tableau 2).
A meme niveau
d’apport,
larepartition
del’aliment concentr6 au cours de )’hiver n’a pas
eu d’effet
significatif
sur laproduction
et lacomposition
du lait(tableau 2).
Lapersistance
de laproduction
acependant
étéplus
élevéedans les lots uniformes
(et
enparticulier
dansle lot
MU)
que dans les lotsclassiques
corres-pondants. L’augmentation importante d’apport
d’aliment concentré lors du
flushing
au coursdes 9&dquo; et 10&dquo; semaines de lactation dans les lots uniformes a entrain6 un maintien
(lot MU)
ouune
legere augmentation (lot BU)
de laproduc-
tion laitibre et du taux
protéique (figure 2).
Au
pâturage,
l’écart deproducaion
laitibre etde taux
protéique
entre les lots a diminuérapi-
dement, en raison de 1’effet d’autantplus
favo-rable de la mise à l’herbe que les animaux étaient
plus
sous-alimentes au cours de lapériode
hivernale(tableau 2).
Au cours du 3&dquo;mois de
paturage,
les écarts deproduction
lai-ti6re entre les lots ont ainsi été inferieurs a 0,5
kg/j (figure 2).
Au total, à 1’echelle de la lactation
(305 j),
lesanimaux du lot I-IC ont
produit respectivement
169 et 577
kg
de lait deplus
que ceux des lots MC et BC(P
<0,01).
Leur tauxproteique
a étésupérieur
derespectivement
0,5 et 1,2g/kg (P
<0,01)
et leur tauxbutyreux
a été sembla-ble
(tableau 2).
A même niveaud’apport
d’ali-ment concentre, les animaux des lots classi- ques ont
produit
un peuplus
de lait que ceux des animaux des lots uniformesquand
leniveau
d’apport
etait moyen, mais la m6mequantite lorsqu’il
etait fortement réduit.3 / Efficacit 6 de 1’aliment concentr6
Au cours de la
periode experimentale,
1’effi-cacité
marginale
du concentre(kg
lait enplus/
Les ecarfs de
production
laiti6re et
de
tauxproteique
ont ete2 a 3 fois
plus
6lev6sentre les lots
« Bas » et «
Moyen
»qu’entre
les lots«
Moyen
» et« Haut ».
kg
MS concentrésupplementaire)
a été de 0,92kg
de lait entre les lots HC et MC, et de 1,36kg
entre les lots MC et BC
(soit
1,15kg
entre leslots HC et
BC). Exprimée
par UFLingérée
sup-plémentaire,
elle est de 0,94 et 1,69kg
de lait.A 1’echelle de la
lactation,
elle a étérespective-
ment de 0,84 et 1,87
kg
delait/kg
MS decon C8
ntré
suppl6mentaire.
Cette efficacité aug-mente avec le
potentiel
deproduction
des ani-maux : entre les lots HC et MC et les lots MC et
BC, elle a été
respectivement
de 1,15 et 1,46kg
de
lait/kg
MS de concentrésupplémentaire
aucours de la
période expérimentale
chez lesvaches d’une
production
laitibre de referencesuperieure
a 17kg/j,
etrespectivement
de 0,67et 1,20
kg
de lait/kg
MS chez celles d’une pro- duction de reference inferieure a 17kg/j (figure 3).
Entre les lots MU et BU, 1’efficacit6
marginale
du c:oncentre a été en moyenne inférieure
(0,91 kg/kg
MS de concentrésupplementaire)
a celleobservée entre les lots MC et BC
(figure 3).
D’autre part, contrairement aux lots « classi- ques », elle n’a pas été influenc6e par le
poten-
tiel deproduction
des animaux, voire a varie ensens inverse.
4 / Poids vif et état corporel
Au cours de la
p6riode hivernale,
les varia-tions de
poids
vif ont étébeaucoup plus impor-
tantes chez les vaches des lots MC et BC
(res- pectivement -
31 et - 41kg)
que chez celles du lot HC(+
1kg).
Ces derni6res ontrepris
dupoids
vif des la 5’ semaine delactation,
alorsque les vaches du lot BC n’ont pas cess6 d’en
perdre jusqu’a
la mise a 1’herbe(figure 4 ).
Les pertes de
poids
vif hivernales ont ete unpeu moins
importantes
dans le lot MU que dans lelot
MC, maisequivalentes
dans les lots BC et BU(tableau 2).
Au cours des 12
premibres
semaines de lacta- tion, les pertes depoids
vif(corrigees
pour tenir compte des variations des contenusdiges-
tifs
(Chilliard
etal 1987))
ont été d’autantplus importantes
que lepotentiel
des animaux étaitplus
eleve : elles ontaugmente
en moyenne de4
kg quand
laproduction
laitibre de reference(semaines
1a 3) augmentait
de 1kg/j (P
<0,01).
Iln’y
a pas eu d’interactionsignifi-
cative entre la
production
de reference et les traitements. Pour l’ensemble desvaches,
les pertes depoids
vifcorrigees
ontaugmente
significativement
avec le deficitenergetique
cumule sur cette
période (figure 5),
de 0,15kg
par UFL de deficit
supplémentaire.
A la mise
a 1’herbe,
les vaches ontperdu
entre 37
(lot BC)
et 48kg (lot HC)
depoids
vif(tableau 2).
Au cours de lapériode
depaturage
elles ontrepris
entre 56(lot MU)
et 72kg (lot BU),
mais ces differences n’ont pas étésignifi-
catives
(tableau 2).
Sauf dans le lot MC, cesreprises
depoids
ont été d’autantplus
faiblesque les vaches avaient une
production
laitibrede reference
plus
élevée(P
<0,05).
Au cours de I’hiver, les vaches ont
perdu
entre 0,4
(lot HC)
et 0,8point
d’étatcorporel (lot BU).
Durantl’été,
elles ontrepris
entre 0(lot MU)
et 0,3point
d’etat(lot BU).
Chez les vaches ayant realise une seconde lactation
(n
=85), l’augmentation
depoids
vifentre le
premier
et le deuxi6mevolage
a étéplus
élevée dans le lot HC(+
31kg)
que dans les autre lots(+
9 a 20kg).
5 / Bilans énergétiques et azotes
Le bilan
énergétique
a été moinslongtemps
et moins fortement déficitaire chez les animaux des lots HC et MU que chez ceux des autres traitements
(tableau
2 etfigure 6).
Calcul6 surles 12
prerni6res
semaines de lactation, le defi- cit cumul6 atteintrespectivement
120 et 167UFL dans ces 2 groupes
(P
>0,05).
Dansaucun des lots
1’6quilibre
n’a été atteint avant lafin du 3’’ mois de
lactation,
et dans les lots MC, BC et BU le bilan est reste inférieur à - 2UFL/j pendant près
de 2 mois. Ce deficit a été d’au-tant
plus important
que laproduction
de r6f6-rence des vaches était
plus
élevée(+
21 UFL dedeficit pour 1
kg
delait/j
enplus pendant
lapériode
deproduction
dereference ;
P <0,01).
Le bilan azoté a été
pratiquement toujours équilibré,
maisbeaucoup plus largement
dansle lot HC
(+
127 gPDI/j
au cours de lap6riode experimentale)
que dans les lots MU et MC(+
43 PDI
g/j)
et surtout que dans les lots BC et BU(- 16 PDI g/j).
6 / Reproduction
La
répartition
des intervallesv6lage-ins6mi-
nation fécondante a ete tr6s différente d’un lot
a 1’autre
(figure 7) :
les lots HC, MC et MU sont caracterises par uneproportion
relativement faible(20%)
d’intervalles élevés(>
150j).
Al’int6rieur de ce groupe, c’est dans le lot H que l’on observe la part la
plus
forte(36 %)
d’inter-valles courts
( <
90j).
Al’inverse,
les lots BC et BU sont caracterises par uneproportion impor-
tante d’intervalles élevés
(respectivement
33 et40
%),
meme si la part d’intervalles courts y est aussiimportante (42
% dans le lotBC).
Unerépartition
uniforme du concentré, associée àun
flushing,
n’a pas entrain6 d’améliorationglobale
desperformances
dereproduction.
Lesdifferences ne sont pas
expliquées
par des écarts decyclicité
d’un lota 1’autre ;
dans tous leslots,
lamajorite
des animaux(67 %)
ont eneffet été
cycles
avant90 j (figure 7).
7 / Effet de la
raceEn moyenne, les vaches montbéliardes ont
produit
4,3kg/j
de lait de moins que les vachespie-noires
au cours de lapériode expérimen- tale,
et 1 020kg
de moins sur la lactation com-pl6te (P
<0,01).
Ces écarts ne sont dusqu’en
La
periode
de paturage n’a pas permis
aux animaux
sous-alimentes
au cours
de 1’hiver de
compensertotalement
t leurspertes de poids
vifhivernales.
partie
a une difference depotentiel
deproduc-
tion des 2 types d’animaux
(3,4 kg/j
d’ecart deproduction
au cours de lapériode
de r6f6-rence).
A m6me niveau deproduction
laiti6rede
reference,
il subsiste un écart de 1,8kg/j
surla
période expérimentale,
et de 410kg
sur lalactation
complete.
Cet écart est du essentielle- ment a uneingestion
defourrage inf6rieure,
de 0,9kg MS/j
au cours de lapériode expérimen- tale,
et non a une utilisationpréférentielle
de1’6nergie ing6r6e
pour la c:roissance. Aucontraire, les vaches month6liardes ont, a m6me niveau de
production
laiti6re de r6f6-rence,
perdu plus
depoids
au cours de 1’hiverque les vaches
pie-noires (14 kg
d’écart de perte depoids
vifcorrigé
au cours des 12premi6res
semaines de
lactation,
P <0,01).
Cet écart n’apratiquement
pas étérattrapé
aupâturage (+
2
kg
dereprise
depoids
enplus
pour les mont-b6liardes).
Les lactations ult6rieures devraient permettre depr6ciser
les differences deperfor-
mances enire les 2
genotypes.
Discussion
__Au cours de
1’hiver,
1’efficacit6marginale
directe de 1’aliment concentre a ete en
moyenne
élevée,
en raison du niveauimportant
de sous-alimentationénergétique
dans les lots BC et BU. Elle a étésuperieure
a celle observéeavec des rations de base
comparables comple-
mentees libéralement
(Ostergaard
1979 ; Steenet Gordon 1980 ; Korver 1982 ; Gordon 1984 ; Reeves et al
1986),
mais de 1’ordre de celle obte-nue
lorsque
lesquantités
de c:oncentre offertes sont modérées(Gordon
1984 ; Coulon et al1987),
ou que l’on maintient constante lesquantit6s ing6r6es
defourrages (Johnson 1977).
L’importance
desphenomenes
desubstitution,
d’autantplus
forte que le niveau de couverturedes besoins
6nerg6tiques
des animaux estplus
élevé
(Dulphy
etal 1987), explique
enpartie
ces differences.Exprimée
enkg
de lait par UFL dis-ponible supp]6mentaire,
les écarts d’efficacitémarginale
entre les diff6rents auteurs se redui- sent donc sensiblement. 11 est aussipossible
que cette efficacite 6lev6e soit liée
1) à l’aug-
mentation
conjointe
des apports azotés entre les lots B et H(Verite
1989 ; Coulon et Rémond1991), 2)
a 1’utilisation de vachesprimipares (donc
encore encroissance)
dont 1’6tatcorporel
n’était pas très bon. Ceci a pu conduire a une mobilisation des reserves
corporelles plus
limi-tee
qu’avec
desmultipares (Strickland
et Bros-ter 1981 J.
Cette efficacite a d’autre part été d’autant
plus
6lev6e que les animaux étaientplus
sous-alimeiit6s,
suivant ainsi la loi des rendementsmarginaux (Leaver
1988 ; Steen et Gordon1980 ; Wiktorsson 1979 ; Coulon et Rémond
1990),
etqu’ils
avaient unpotentiel
deproduc-
tion
plus
6lev6. Ce dernier r6sultat est enpartie
du aurythme d’apport
de l’aliment concentréau del! de la
production théoriquement
cou-verte par les apports de la ration de
base,
iden-tique quel
que soit le niveau deproduction
desanimaux. Cette
pratique
c:onduit a sous-alimen-ter les animaux forts
producteurs
par rapportaux
plus
faiblesproducteurs,
car elle ne tientpas compte de I’accroissement de
plus
enplus
faible de la valeur
énergétique
de la ration avec1’augmentation
du niveau alimentaire et de laproportion
d’aliment concentré dans la ration(Vermorel
et al1987).
Elle peutexpliquer
quecertains auteurs observent une efficacité
sup6-
rieure chez les vaches fortes
productrices (Bros-
ter et Broster 1984 ; Broster et al 1985 ; Wiktors-
son
1979)
contrairement a d’autres(Wiktorsson
1971 ;
Johnson
1979 ; Gordon1984).
Parallblement aux variations de
production,
les 6carts de variations de
poids
vif au cours det’hiver ont été très