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Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur à l’aide de résines composites en technique directe

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Reference

Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur à l'aide de résines composites en technique directe

SARATTI, Carlo Massimo, et al.

Abstract

Une large palette d'options thérapeutiques, depuis le traitement orthodontique jusqu'aux céramiques indirectes, peuvent être utilisées pour fermer les diastèmes et les triangles noirs sur les dents antérieures. Les avancées réalisées depuis dix ans dans le domaine de la dentisterie adhésive et restauratrice permettent aux praticiens d'avoir recours à la stratification de composite en technique directe pour traiter ces situations. Dans cet article seront présentés deux cas cliniques de fermeture de diastème et de triangles noirs par application de composite en technique directe dans le cadre d'un traitement conservateur, esthétique et non invasif.

SARATTI, Carlo Massimo, et al . Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur à l'aide de résines composites en technique directe. réalités cliniques , 2018, vol. 29, no. 4, p. 236-43

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:111694

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Réalités Cliniques 2018. Vol. 29, n° 4 225

Éditorial

Romain Chéron

Coordinateur scientifique

L’énergie créative

Peut-on encore créer quand « tout a été fait » ?

Bien qu’il soit évidemment impossible d’affirmer que « tout a été fait » en matière de composite, on peut légitimement avoir la sensation que nous sommes arrivés à un palier, que le composite ne s’invente plus dans ce domaine de nouveauté fracassante.

Et c’est vrai ; la révolution, c’était avant ! Après avoir ronronné dans les laboratoires entre 1950 et 1990, le pouvoir clinique des adhésifs dentaires a explosé aux yeux de tous juste avant d’entrer dans le nouveau millénaire. Nous découvrions alors le merveilleux champ des possibles offert par la dentisterie adhésive et par le composite, guidés par quelques cliniciens hors pair et pionniers, dont les noms résonnent encore dans toutes les publications et conférences sur le sujet.

Aujourd’hui, la révolution est passée ; nous sommes dans ce que nous pourrions appeler une phase de déve- loppement. Est-ce pour autant moins excitant ? Pas for- cément ! À chaque période son intérêt et ses limites…

Si la révolution suscite l’enthousiasme du changement, elle pâtit aussi de l’incertitude de ses conséquences. Car exaltés par les perspectives d’une nouveauté, en estimons-nous correctement les limites, les risques ou tout simplement le bien-fondé ?

La phase de développement bénéficie, quant à elle, d’un matelas rassurant de performances éprou- vées, d’applications validées. Elle permet alors de voir s’épanouir des cliniciens peut-être moins téméraires que les premiers, mais animés par la même énergie créative. C’est cette énergie qui pousse chacun de nous à trouver des idées, des astuces pour développer et vivre notre pratique avec passion. L’enjeu d’aujourd’hui n’est ainsi plus de prouver que ça marche, mais de trouver com- ment faire marcher encore mieux, encore plus beau, encore plus longtemps.

Telle est la vocation de ce numéro ; prendre le temps de regarder ce que le composite nous offre et convaincre encore de sa pertinence clinique. Et lorsque l’on parle de composite, la pertinence concerne non seulement la pérennité clinique mais aussi la faisabilité sur le plan technique. Car à la différence des restaurations prothétiques, le composite fait exclusivement appel aux mains et aux techniques du praticien, ce qui peut faire peur ou décourager.

C’est donc de mains et de techniques qu’il va s’agir dans chaque article, en mettant en avant les

nombreuses qualités du composite, en antérieur comme en postérieur. Nous faisons un métier

médical, esthétique, mais aussi manuel. Soyons donc attentifs à ce que nos doigts savent façonner

et à ce que notre esprit sait créer.

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226 Réalités Cliniques 2018. Vol. 29, n° 4

Ont participé à ce numéro

Commission Paritaire N° 1119T82241 - Dépôt légal : à parution

© SAS L’Information Dentaire Tous droits de traduction, d’adaptation et de reproduction par tous procédés pour tous pays. Toute reproduction ou représentation intégrale ou partielle, par quelque procédé que ce soit, des pages publiées dans le présent ouvrage faite sans l’autorisation de l’éditeur, est illicite et constitue une contrefaçon.

Seules sont autorisées, d’une part les reproductions strictement réservées à une utilisation collective et, d’autre part, les courtes citations justifiées par le caractère scientifique ou d’information de l’oeuvre dans laquelle elles sont incorporées (art. L 122-4 L. 122-5 et L. 335-2 du Code de la propriété intellectuelle).

Imprimé en France, par Corlet Imprimeur SA 14110 Condé-sur-Noireau Conception fabrication 100% française

indexée dans la base internationale

ICMJE

Didier Dietschi Maître de conférences Professeur adjoint, Cleveland (États-Unis)

Nicolas Lehmann Docteur en chirurgie dentaire, pratique privée, Andrézieux-Bouthéon Romain Chéron Ex-AHU, Paris V Pratique libérale, Genève (Suisse)

Ivo Krejci

Professeur, docteur en médecine dentaire, Genève (Suisse)

Giovanni Tommaso Rocca

Docteur en chirurgie dentaire,Genève (Suisse)

Roberto Spreafico Docteur en médecine dentaire, pratique privée, Busto Arsizio (Italie)

Maxime Drossart Chirurgien-dentiste Pratique privée, Paris

André Faucher Docteur en chirurgie dentaire,

MCU, Marseille

Anne Longuet-Tuet Docteur en chirurgie dentaire

Exercice libéral, Paris

Pascal Magne Professeur

de dentisterie esthétique Los Angeles (États-Unis)

Carlo Massimo Saratti

Docteur en chirurgie dentaire,Genève (Suisse) Grégory

Camaleonte Docteur en chirurgie dentaire, Marseille

Stéphanie Ortet Docteur en chirurgie dentaire

Ancienne AHU, Marseille Otayba Mahmoud

Chirugien-dentiste Genève (Suisse)

Ali Salehi

Docteur en chirurgie dentaire

AHU, Strasbourg

Gauthier Weisrock Docteur en chirurgie dentaire

Ancien AHU, Marseille Alexandre Sarfati

Ex-AHU, Paris VII Pratique privée, Paris

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Réalités Cliniques 2018. Vol. 29, n° 4 227

Volume 29 N° 4 Décembre 2018 TRIMESTRIEL Prix du n° : 60 €

Sommaire

Éditeur : L’Information Dentaire SAS Siège Social : 44, rue de Prony - CS 80105 - 75017 Paris Société détenue à 100% par la SAS PHILI@ MEDICAL EDITIONS Représentant légal et Directrice des publications : Madame Claudie Damour-Terrasson Tél : 01 56 26 50 00 - Fax : 01 56 26 50 01 Mail : info@information-dentaire.fr Internet : www.information-dentaire.fr Répond aux critères qualité d’un document issu de la presse scientifique professionnelle (voir site de la HAS) Présidente et Directrice de la Publication

Claudie Damour-Terrasson Rédacteur en Chef

Olivier Etienne Rédacteur en Chef Adjoint

Corinne Lallam Comité éditorial Marwan Daas, Emmanuel d’Incau David Nisand, Fabienne Pérez Directeur scientifique Jean-Jacques Lasfargues Conseil scientifique Jean-Pierre Attal, Daniel Dot, Michèle Muller Bolla Comité de lecture Sophie Bahi, Marcel Begin, Catherine Besnault, Eric Bonte, Denis Bouter, Frédric Bukiet, Jean-Luc Charrier, Catherine Chaussain, Florence Chemla, Jean-Marie Cheylan, Anne Claisse, François Clauss, Jean-Yves Cochet, Pierre Colon, Marc Danan, Pascal De March, Jacques Dejou, Jean-Marc Dersot, Raphaël Devillard, Sophie Domejean, Dominique Droz, Gérard Duminil, Nicolas Eid, Michel Fages, Céline Gaucher, Gérard Girot, Brigitte Grosgogeat, Dominique Guez, Martine Hennequin, Olivier Hue, Richard Kaleka, Gilles Laborde, Mike Lahmi, Alain Lautrou, Philippe Lesclous, Pierre Machtou, Paul Mariani, Dominique Martin, Didier Maurice, Brenda Mertens, Nathan Moreau, Christian Moussally, Cathy Nabet, Chantal Naulin-Ifi, Ludovic Pommel, Xavier Ravalec, Jean-Louis Saffar, Hervé Tassery, Henri Tenenbaum, Gil Tirlet, Gauthier Weisrock, Maryse Wolikow, Gérard Zuck Correspondants internationaux

Allemagne : J.F. Roulet Angleterre : J. Webber, N.H.F. Wilson Belgique : P. Lambrechts Canada : D. Forest États-Unis : D. Nathanson Italie : M. Fuzzi, G. Goracci Pays-Bas : JM. Ten Cate Suisse : D. Dietschi, J. Samson Secrétaire de rédaction

Géraldine Choquart Premier rédacteur graphiste

David Dumand Rédacteurs graphistes

Yannick Tiercy, Émilie Trani Publicité/Communication/Fabrication

Sakina Zennache, Natacha Cabaret, Souad Aschendorf Traductions Marie Chabin, Paul Riordan

225 Éditorial

- Editorial

Romain Chéron

228 Approche moderne des larges restaurations composites MOD dans les secteurs postérieurs

A modern approach of direct MOD composite restorations in posterior sectors

Pascal Magne, Anne Longuet-Tuet

236 Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur à l’aide de résines composites en technique directe Closing diastemas and black triangles (interstitial spaces) in the anterior sector using direct technique composite resins

Carlo Massimo Saratti, O tayba Mahmoud, Ivo Krejci, Giovanni Tommaso Rocca

244 Comment aborder les restaurations antérieures en composite, décomplexé et sûr de sa technique ?

How to approach anterior composite resin restorations in a relaxed and technique-confident way?

Grégory Camaleonte, Stéphanie Ortet, Gauthier Weisrock , Ali Salehi, André Faucher

252 Lésions carieuses profondes et restaurations indirectes : intérêt de la remontée de marge - Partie I : approche scientifique Deep carious lesions and indirect restorations: interest of the deep margin elevation. Part I: Scientific approach

Alexandre Sarfati, Maxime Drossart

257 Partie II : mise en œuvre clinique Part II: Clinical implementation

Alexandre Sarfati, Maxime Drossart

267 Restaurations postérieures indirectes en composite Partie I : de la méthode artisanale aux blocs usinables Composite indirect posterior restorations - Part I: From the handworker to the machinable blocks

Nicolas Lehmann, Roberto Spreafico

276 Partie II : protocole clinique de réalisation Part II: Clinical production protocol

Nicolas Lehmann, Roberto Spreafico

288 Restauration des faces palatines par composite direct Restoration of palatal surfaces by direct composite

Romain Chéron

296 Traitement interceptif de l’usure dentaire par méthode directe Interceptive treatment of tooth wear using direct method

Didier Dietschi

304 Votre abonnement

Coordinateur scientifique : Romain Chéron

Les composites

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236 Réalités Cliniques 2018. Vol. 29, n° 4 : pp. 236-243

Les composites

Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur à l’aide

de résines composites en technique directe

Une large palette d’options thérapeutiques, depuis le traitement orthodontique jusqu’aux céramiques indirectes, peuvent être utilisées pour fermer les diastèmes et les triangles noirs sur les dents antérieures. Les avancées réalisées depuis dix ans dans le domaine de la dentisterie adhésive et restauratrice permettent aux praticiens d’avoir recours à la stratification de composite en technique directe pour traiter ces situations. Dans cet article seront présentés deux cas cliniques de fermeture de diastème et de triangles noirs par application de composite en technique directe dans le cadre d’un traitement conservateur, esthétique et non invasif.

Les auteurs ne déclarent aucun lien d’intérêt.

R É S U M É

MOTS CLÉS : fermeture des diastèmes, esthétique, résine composite KEYWORDS: diastema closure, aesthetic, resin composite

Closing diastemas and black triangles (interstitial spaces) in the anterior sector using direct technique composite resins

A wide range of treatment options, from orthodontic treatment to indirect ceramics, is available to close diastema and interstitial spaces (black triangles) on anterior teeth.

The advances made in the field of adhesive and restorative dentistry over the past decade have allowed practitioners to use laminating composite direct technique to deal with these situations. In this article, two clinical cases of diastema and interstitial space reduction using the direct composite technique as part of a conservative, aesthetic and non-invasive treatment, will be presented.

A B S T R AC T

Carlo Massimo Saratti

Dr. med. dent.

MAS aesthetic and micro-invasive dentistry Senior assistant and coordinator, Clinique universitaire de médecine dentaire, Genève (Suisse), division of cariology and endodontics/Prof. I. Krejci

Otayba Mahmoud

Med. dent.

Student MAS aesthetic and micro-invasive dentistry, clinique universitaire

de médecine dentaire, Genève (Suisse) Division of cariology and endodontics

Ivo Krejci

Prof. Dr. med. dent.

Chairman, division of cariology and endodontics, clinique universitaire de médecine dentaire, Genève (Suisse)

Giovanni Tommaso Rocca

Dr. med. dent.

Senior Lecturer, Division of cariology and endodontics, clinique universitaire de médecine dentaire, Genève (Suisse)

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Réalités Cliniques 2018. Vol. 29, n° 4 : pp. 236-243 237

Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur

L

a présence d’un diastème antérieur constitue chez les adultes l’un des principaux motifs de consultation pour raison esthé- tique. Quant aux triangles noirs antérieurs, ils représentent également une source de gêne pour les patients qui les jugent souvent disgracieux. Bien qu’il soit moins fréquent que les diastèmes, ce défaut peut se rencontrer chez les patients d’âge moyen présentant un biotype parodontal fin, une récession gingivale horizontale ainsi que des dents de forme triangulaire dans les secteurs antérieurs.

Les diastèmes peuvent être pris en charge facilement et de manière efficace à l’aide d’un traitement orthodontique [1]. Souvent considérée comme le traitement de choix en la matière, cette solution peut toutefois poser certains problèmes :

- le coût des traitements orthodontiques restant généralement élevé, de nombreux patients ne peuvent y avoir accès ;

- le traitement orthodontique est indiqué pour des patients particulière- ment motivés et ce, indépendamment de la technique utilisée ; d’abord parce qu’il dure longtemps, ensuite parce que les dispositifs mis en place – bagues collées sur la face vestibulaire ou palatale des dents – sont perçus comme inconfortables. Les procédures d’hygiène dentaire quotidienne deviennent en outre plus difficiles à mettre en œuvre. Enfin, une bonne coopération du patient est demandée même dans le cadre de méthodes plus modernes telles que les aligneurs transparents, sous peine d’échec du traitement.

Notons que dans certains cas, un traitement orthodontique seul peut ne pas suffire à régler le défaut esthétique, ce qui nécessite le recours à des procédures complémentaires. En effet, afin d’obtenir un résultat esthétique satisfaisant, des traitements restaurateurs sont souvent nécessaires dans les cas où le diastème est associé à une malformation dentaire, une décoloration ou une disharmonie [2].

Il n’est en revanche pas recommandé d’avoir recours à l’orthodontie pour traiter les triangles noirs. Dans de tels cas, il convient de modifier la forme du tracé externe de la dent, sans déplacement, passant d’une forme triangulaire à une forme plus carrée.

Facettes en porcelaine et couronnes peuvent être proposées dans le trai- tement des diastèmes et des triangles noirs [3,4]. Leur coût financier et surtout biologique constitue toutefois des inconvénients propres à décou- rager patients et praticiens. Compte tenu des progrès permanents dans le domaine des systèmes adhésifs de plus en plus performants et des résines composites de plus en plus esthétiques, la stratification du com- posite en technique directe en vue d’améliorer l’aspect esthétique de dents saines – particulièrement chez les adolescents et les jeunes adultes pré- sentant un émail intact – doit être considérée comme une alternative thé- rapeutique non invasive, ou pour le moins mini-invasive, et efficace [5,6].

Avant d’établir le plan de traitement définitif, le praticien doit d’abord définir l’étiologie du défaut [7]. Il est pour cela indispensable de retra- cer l’historique médical du patient, en mettant notamment en lumière tout changement de taille du diastème ainsi que d’éventuels traite- ments orthodontiques réalisés par le passé et les antécédents familiaux détaillés. Dans un second temps, l’examen clinique doit comprendre l’inspection de la dentition et de l’occlusion, du frein labial, la détec- tion d’éventuelles anomalies dans le nombre ou la taille des dents, les habitudes orales atypiques ainsi que la réalisation d’un bilan parodon- tal. Des radiographies périapicales sont nécessaires afin d’évaluer le

support parodontal. Le praticien peut également prévisualiser et pré- senter à ses patients le résultat esthétique attendu en réalisant une cire de diagnostic classique sur des modèles d’étude ou en utilisant un logi- ciel de traitement d’image. Enfin, et c’est un élément non négligeable, les requêtes du patient motivées par des facteurs d’ordre physique, psy- chologique, financier et temporel, sont essentielles au bon déroulement d’un traitement dentaire efficace.

La stratification de composite en technique directe peut être considérée comme une option thérapeutique valable lorsque :

- la malposition et l’inclinaison vers l’avant des dents antérieures sont suffisamment modérées pour ne pas compromettre l’obtention d’un résultat satisfaisant, visualisable grâce à un projet esthétique analo- gique ou numérique ;

- les dents antérieures présentent de décoloration que ne pouvant pas être traitée avec une méthode d’éclaircissement classique.

Détails techniques des restaurations directes en résine composite

Les restaurations composites en méthode directe constituent encore une procédure délicate pour le dentiste, particulièrement lorsqu’il s’agit de restaurer l’anatomie interproximale. La technique conventionnelle consis- tant à appliquer des résines composites hybrides à l’aide d’une matrice transparente et d’un coin comporte plusieurs inconvénients. En effet, la déformation de la matrice transparente par le coin peut altérer le profil d’émergence de la dent et générer l’apparition d’un triangle noir. Il est tou- tefois délicat d’assurer la stabilité de la matrice transparente sans utiliser de coin lors de l’application du matériau de restauration. En outre, il est difficile d’insérer des résines hybrides de consistance visqueuse dans l’espace compris entre la matrice et la dent au niveau cervical du profil d’émergence. Ces problèmes s’avèrent encore plus délicats à surmonter lorsqu’il s’agit de fermer des triangles noirs, quand l’accès à la zone inter- proximale se fait plus difficilement. L’espace disponible pour la manipu- lation des instruments et des matériaux de restauration est très réduit et les dents ne peuvent être modifiées dans leur dimension mésio-distale. Il s’avère en revanche nécessaire de replacer le point de contact en apical, à une distance n’excédant pas 5 mm du niveau osseux afin de permettre à la gencive de combler de nouveau l’espace interdentaire [8-9].

De nombreuses pistes ont été proposées pour simplifier ces procé- dures restauratrices non invasives [10-12] et l’une d’elles a été décrite et publiée par les auteurs dans une précédente report technique [13].

Cette procédure a été utilisée non seulement dans des cas de fermeture de diastème mais également pour traiter des patients présentant des triangles noirs dans la zone interproximale des dents antérieures.

Cet article a pour objectif de détailler cette méthode « à main levée », constituant une variante possible aux procédures habituelles lors de l’apposition de résine composite fluide. Cette technique met en œuvre une résine composite fluide et une matrice transparente sans utiliser de coin pour recréer le profil d’émergence anatomique dentaire chez un patient souhaitant la fermeture de plusieurs diastèmes ainsi que le remodelage des dents antérieures pour des raisons esthétiques. Deux cas sont présentés, exposant les avantages de cette technique à main levée avec des résines composites : une fermeture de diastème (cas clinique n° 2) et une fermeture de triangle noir (cas clinique n° 1).

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Les composites

Illustration - cas n° 1

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5

Fig. 1 - Âgé de 39 ans et gêné depuis très longtemps par l’aspect de son sourire qu’il jugeait inesthétique, le patient souhaitait la fermeture des diastèmes antérieurs supérieurs. Ses antécédents dentaires révèlent que les diastèmes existent depuis toujours.

Fig. 2 - Un logiciel de présentation graphique (Keynote, Apple) a permis de prévisualiser le résultat esthétique de manière de mieux communiquer avec le patient pour lui faire comprendre le but de la réhabilitation. En même temps, cela permet au clinicien d’étudier le cas et comprendre comment répartir le matériau interproximal afin de masquer les triangles noirs et d’obtenir la forme désirée. Il est également possible d’avoir recours à un wax-up traditionnel qui permettra de réaliser un mock-up.

Fig. 3 - L’isolation à l’aide d’une digue en caoutchouc

est indispensable. Il n’est cependant pas recommandé d’utiliser des ligatures conventionnelles car elles pourraient entraver les procédures visant à recréer le profil d’émergence interproximal.

Fig. 4 - Un instrument traditionnel reciprocant (EVA®) muni d’une lime diamantée rouge (40 µm) a été utilisé

dans la zone interproximale. Ce type d’instrument est atraumatique pour la gencive et ne risque pas d’endommager la digue.

Cette méthode permet de nettoyer la zone interproximale et de retirer la couche superficielle hyperminéralisée d’émail et de la dentine afin d’optimiser les procédures d’adhésion.

Fig. 5 - Un sablage de l’émail est également réalisé afin de garantir un nettoyage précis et rigoureux des surfaces.

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Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur

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Fig. 6 - Un gel de mordançage (acide orthophosphorique à 37 %) a été appliqué sur les surfaces amélaires de la dent pendant trente secondes tandis que deux matrices transparentes protègent les dents adjacentes. Une micro-brosse a également permis d’étaler le gel dans la zone interproximale, au niveau de l’espace existant entre la surface de la dent et la digue en caoutchouc.

Fig. 7 - Le gel de mordançage est abondamment rincé avec un spray d’eau. La zone intra-sulculaire est également nettoyée à l’aide d’une fine micro-brosse.

Fig. 8 - Procédure d’adhésion : l’application du primer (Optibond FL, Kerr) se limite à la dentine exposée.

Fig. 10 - Après polymérisation du système adhésif,

une matrice transparente droite est placée sur la dent 11 délimitant la région cervicale de la dent, de la face mésiale à la face distale.

Une pression digitale est appliquée sur la face palatine

afin de maintenir la stabilité de la matrice. Puis une petite quantité du composite fluide (Inspiro Flow SW, Edelweiss) permet de façonner les deux premiers millimètres du nouveau profil d’émergence.

Fig. 9 - Procedure d’adhésion : pour l’application du bonding (Optibond FL, Kerr), comme pour le mordançage et le primer, la micro-brosse est utilisée pour insérer l’agent adhésif dans la zone interproximale et sur toute la surface de la dent.

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Les composites

11 12 Fig. 11 - La même opération est répétée pour façonner le profil

d’émergence en mésial et distal des dents 11 et 21 et uniquement le profil mésial des dents 12 et 22. La partie fluide ne doit pas excéder les 2-3 premiers millimètres du profil d’émergence.

Le choix de ce matériau est lié à sa consistance qui permet de simplifier les phases opératoires et de guider le praticien au cours de l’étape suivante de stratification.

Fig. 12 - Suivant le guide imposé par la partie cervicale, les surfaces interproximales sont stratifiées à l’aide d’une résine composite micro-hybride (Inspiro SW, Edelweiss) qui possède des propriétés mécaniques plus performantes que la résine composite fluide. La reconstruction des ces surfaces deviens facilement gereable avec le placement d’une matrice transparent droite tenue en place une avec une pression digitale appliquée sur la face palatine afin de maintenir sa stabilité. Cette procedure permettra de reconstruir le surface interproximale droit a partir du bord du profil d’emergence deja recrée jusqu’au nouveau bord incisale.

13 14 Fig. 13 - La stratification vestibulaire est finalisée selon

la technique du «Natural layering concept » et avec l’application de la même résine composite micro-hybride (Inspiro Bi3/SW, Edelweiss) [14].

Fig. 14 - Au cours des phases de finition et de polissage,

il est encore possible d’apporter des corrections au niveau du tracé en le polissant à l’aide d’une strip abrasive. Ces corrections s’avèrent nécessaires surtout dans les cas où il existerait une asymétrie dans la forme ou une mauvaise adaptation des différentes couches de composite durant la stratification du composite micro-hybride. En ce qui concerne la zone marginale, il s’est avéré nécessaire de retoucher uniquement les parties vestibulaire et palatine. En effet, lorsque

la matrice s’adapte correctement et que le composite fluide est soigneusement réparti entre la matrice et la dent, le matériau crée automatiquement un profil d’émergence identique à l’émail, parfaitement ajusté à la paroi de la racine.

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Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur

15 16

Illustration - cas n° 2

Fig. 15 - La radiographie de contrôle postopératoire montre

le nouveau profil d’émergence ressemblant à l’anatomie de l’émail. Fig. 16 - Le résultat final se constate un mois plus tard.

17 18a b Fig. 17 - Dans un cas de triangle noir interproximal de petite taille

alors même que les points de contact existent entre les dents antérieures, les papilles ne parviennent pas à remplir la zone interproximale car le point de contact se situe à plus de 5 mm de la crête osseuse [8-9]. L’objectif du traitement consistait donc à redéfinir le contour du profil d’émergence interproximal des dents antérieures afin d’obtenir une forme plus carrée, à repositionner les points de contact en cervical et à permettre aux papilles de combler de nouveau les espaces vides. Il s’agissait également de corriger l’inclinaison du bord libre de la 21

qui paraissait plus courte que sa controlatérale.

Fig. 18a,b - Le patient se plaignait principalement du fait que la contention palatine mise en place après traitement orthodontique se voyait par ces espaces.

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Les composites

19 20

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22a b

23

Fig. 19 - Les dents 12 à 22 présentaient d’anciennes restaurations cervicales inadaptées et inesthétiques. Afin de garantir

une isolation efficace du champ opératoire avec la digue de caoutchouc, il a d’abord fallu déposer les anciennes restaurations et nettoyer la dentine contaminée de chaque dent.

Les lésions cervicales ont ensuite été traitées l’une après l’autre avec de la résine composite, en couche de dentine monochrome (Inspiro Bi3, Edelweiss).

Fig. 20 - La digue en caoutchouc a été utilisé pour isoler le champ opératoire, mais encore une fois il n’est pas recommandé de réaliser des ligatures avec du fil dentaire car elles sont susceptibles d’entraver les différentes phases de l’intervention.

Fig. 21 - Les nouveaux profils d’émergence ont été créés à l’aide de résine composite fluide (Inspiro Flow Bi3, Edelweiss).

La procédure de reconstruction et le système adhésif utilisés sont les mêmes que ceux décrits précédemment,

avec le remodelage du nouveau tracé interproximal réalisé par l’insertion profonde d’une matrice transparente sans coin.

Fig. 23 - Les ailes palatines et interproximales en résine fluide ont guidé la phase finale de stratification en résine composite micro-hybride (Inspiro Bi3/SB, Edelweis) sur la surface vestibulaire.

Comme dans le cas n°1, les phases de finition et de polissage de la zone marginale se sont avérées nécessaires uniquement du côté vestibulaire et palatin, mais dans la zone interproximale.

Fig. 22a, b - Détail des « ailes » interproximales

en résine composite fluide après polymérisation. Une quantité plus importante de composite fluide peut être utilisée dans cette configuration des cas, car elle est pleinement supportée par la dent. Les propriétés mécaniques des résines fluides sont moindres comparées à celles des résines composites micro- hybrides. Cependant, la zone cervicale où l’on insère l’incrément de résine fluide n’est pas directement exposée au contact ni aux contraintes d’usure. Même si elle reste exposée aux forces de flexion, le module d’élasticité plus faible de la résine composite fluide peut être un avantage pendant la fonction.

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Fermeture des diastèmes et des triangles noirs du secteur antérieur

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12. De Araujo EM Jr, Fortkamp S, Baratieri LN. Closure of diastema and gingival recontouring using direct adhesive restorations: a case report. J Esthet Restor Dent.

2009;21(4):229-40.

13. Saratti CM, Krejci I, Rocca GT.

Multiple diastema closure in periodontally compromised teeth:

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2016 Nov;116(5):642-6.

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Correspondance : carlo.saratti@unige.ch Fig. 26 - Contrôle radiologique.

Conclusion

La technique décrite dans cet article a été mise au point en vue d’obtenir des résultats prévisibles et reproductibles dans les cas de fermeture d’un ou plusieurs diastèmes et/ou triangles noirs sur le plan esthé- tique grâce à une restauration en résine composite réalisée en méthode directe. Lorsqu’elle est correctement utilisée, la résine composite permet d’obtenir un résultat rapide, économique et esthétique. Cette méthode doit être considérée comme une réelle alternative aux restaurations tra- ditionnelles plus invasives réalisées à l’aide de couronnes et de facettes en porcelaine.

24 25a b

26

Fig. 24, 25a, b - Le résultat final, un mois plus tard.

(13)

ATTAL Jean-Pierre BARBANT Chloé BOILEAU Marie-José

BOURGEOIS Denis CAZIER Stéphane COLON Pierre DECUP Franck DOT Daniel DURSUN Élisabeth

EJEIL Anne-Laure GERDOLLE David GLISE Jean-Marc GROS Catherine GROSGOGEAT Brigitte

JUNG Sophie KALEKA Richard

KELLER Pierre MAINJOT Amélie

MALET Jacques MERTENS Brenda MICHEAU Charles MINOUX Maryline MOREAU Nathan ORTET Stéphanie PELISSIER Bruno PERCEVAL Alain PHULPIN Bérengère

REITZER François SCHWEITZ Bernard

SOENEN Arnaud TASSERY Hervé TOLEDANO Charles

TOUSSAINT Louis VANHEUSDEN Alain WEISROCK Gauthier

WODA Alain ZUCK Gérard

Merci aux référés 2018

L eur implication garantit l´excellence de notre revue.

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