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Certificats médicaux pour les séjours en haute montagne et la plongée sous-marine

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Academic year: 2022

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T. Wuillemin A. Dos Santos Bragança J.-L. Ziltener J.-Y. Berney C. Lanier

hautemontagne

Un certificat médical s’appuie souvent sur des directives mé- dico-légales. Or, il convient de signaler qu’il n’existe pas de tel cadre en ce qui concerne les séjours ou les activités en altitude.

La médecine de montagne ne dispose pas de larges études.

Ainsi, les mesures préventives et thérapeutiques émises repo- sent principalement sur l’étude de cas et des recommanda- tions d’experts. Nous ne décrirons pas ici en détail les différentes maladies de haute altitude (MHA), mais reprendrons les différents aspects auxquels doivent être attentifs les médecins pour conseiller adéquatement leurs patients.

Physiopathologie

La figure 1 offre un bref rappel de la physiopathologie des MHA et permet de mieux comprendre les contre-indications médicales aux séjours en altitude. Les conditions environnementales liées à l’altitude, telles que la diminution de la pression partielle d’oxygène et le froid, entraînent une hypoxémie hypobarique, ainsi qu’une hyperactivité du système sympathique. Ces facteurs, surajoutés à des prédispositions génétiques et à une dysfonction endothéliale, peuvent en- gendrer les MHA :1-3 mal aigu des montagnes (MAM), œdème cérébral de haute altitude (OCHA), œdème pulmonaire de haute altitude (OPHA) et hémorragie ré- tinienne de haute altitude (HRHA).

Epidémiologie

La prévalence du MAM est estimée à environ 10% à 2500 m. Alors que l’OCHA n’existe virtuellement pas en dessous de 3000 m, l’OPHA est rare à cette altitude, mais peut se développer dès 1400 m. L’OCHA a une prévalence de 1% au-dessus de 3500 m, un MAM préexistant augmentant ces chiffres.4 Selon l’altitude et la vi- tesse d’ascension, l’OPHA a une prévalence entre 0,2 et 15% à des altitudes entre 3500 et 5000 m, grevé d’un taux de mortalité de 40% s’il n’est pas traité, demeu- rant la cause de mortalité la plus importante parmi les MHA.4

Evaluation du risque et prévention

Tout d’abord, il nous apparaît important de rappeler que la bonne condition Medical certificates for journeys to high

altitude and scuba diving

People are more and more looking for adven- tures and discovery of unusual locations. Jour- neys to high altitude and scuba diving are part of these activities and their access has become easier for a lot of people not neces- sarily experienced with their dangers. The general practitioner will have to be able to deliver some advices and recommendations to his patients about the risks related to these activities and their ability to practice them.

He will also have to deliver some certificates of medical fitness to dive. This paper propo- ses a brief review of the most important me- dical aspects to know about high altitude and scuba diving.

Rev Med Suisse 2014 ; 10 : 1772-8

L’aventure et la découverte de lieux insolites sont de plus en plus recherchées. Les séjours en haute altitude, ainsi que la plongée sous-marine, font partie de ces activités et leur accès est devenu facilité pour un grand nombre de personnes pas nécessairement aguerries aux dangers de celles-ci. Le méde- cin généraliste pourra donc être amené à délivrer des conseils et des recommandations à ses patients en ce qui concerne les risques et possibilités de pratiquer ces activités. Il devra éga- lement répondre à des demandes de certificats médicaux d’aptitude, notamment pour la plongée sous-marine. Cet arti- cle propose donc un bref survol des principaux aspects médi- caux à connaître en ce qui concerne les activités en haute montagne et en plongée sous-marine.

Certificats médicaux pour les séjours en haute montagne et la plongée sous-marine

pratique

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physique ne protège pas de la survenue de MHA. Il existe par contre des facteurs de risque reconnus permettant d’éva- luer le risque de MHA.4,5 Certaines données suggèrent que l’effort physique intense, la déshydratation, l’hypothermie, le sexe masculin et le jeune âge (l 40 ans) augmentent le risque de développer une MHA.4,5 Chez les sujets sains, les tests paracliniques ne permettent pas de prédire avec certitude qui développera une MHA ; c’est pourquoi, ils ne sont pas recommandés de routine.4

Il est généralement conseillé, pour les individus résidant

à moins de 1200 m, de ne pas dépasser l’altitude de 2500 m le premier jour, puis de ne pas dépasser une vitesse d’as- cension de plus de 300-500 m/j, en respectant un jour de repos tous les 2-3 jours.4,6 Les stratégies d’acclimatation con- sistant notamment à redescendre dormir à une altitude inférieure (climb high, sleep low), la limitation d’efforts impor- tants, le maintien d’une hydratation adéquate et d’une ali- mentation riche en hydrates de carbone préviennent l’ap- parition de MHA.5 Si l’évaluation préliminaire indique un risque modéré à élevé chez un individu sain, sans antécé- Figure 1. Physiopathologie des maladies de haute altitude

(Adaptée de réf.1,2).

MAM : mal aigu des montagnes ; OCHA : œdème cérébral de haute altitude ; OPHA : œdème pulmonaire de haute altitude.

Altitude

Extravasation de liquide dans les alvéoles pulmonaires

OPHA

Dysfonction Na+/K+ATPase Dysfonction canal ENaC

QRéabsorption du liquide interstitiel Vasodilatation

cérébrale

œdème cérébral vasogénique

MAM

OCHA

Vasocontriction pulmonaire Froid et hypoxémie

Activation du système

sympathique qEndothéline-1

QNO

Pathologie Clinique Traitement

MAM • Altitude M 2500 m Prophylactique (individus sains, sans antécédent, risque modéré) :

• Délai : 6 à 12 heures • 1re ligne : acétazolamide 125 mg 2 x/j

• Symptômes : céphalée, asthénie, vertiges, nausée, • 2e ligne : dexaméthasone 4 mg toutes les 6-12 h

insomnie Thérapeutique :

• Repos : 24 h, puis descente de 500 à 1000 m si persistance des symptômes

• Acétazolamide 250 mg 2 x/j (CAVE : risque de thrombose si déshydratation)

• Dexaméthasone 4 mg toutes les 6 heures

OCHA • Altitude : L 3000 m Prophylactique (individus sains, sans antécédent, risque élevé) :

• Délai : le plus souvent précédé de MAM • Acétazolamide 250 mg 2-3 x/j

• Symptômes : céphalée intense, confusion • Dexaméthasone 4 mg toutes les 6 h

• Signes : ataxie troncale Thérapeutique :

• Descente de 2000 m, O2, caisson hyperbare portable de type Gamow bag

• Dexaméthasone 8 mg puis 4 mg toutes les 6 h

OPHA • Altitude : L 3000 m Prophylactique (individu avec antécédent de OPHA) :

• Délai : 1 à 4 jours, survient souvent durant la nuit 1re ligne :

• Symptômes : dyspnée de repos, toux, expectoration • Nifédipine 20 mg 2-3 x/j rosée, diminution de la capacité d’effort, oppression Thérapeutique :

thoracique 1re ligne :

• Signes : râles ou sibilances médianes, cyanose centrale, • Descente de 1000 m, O2, caisson hyperbare portable de type Gamow bag tachycardie et tachypnée, état subfébrile • Nifédipine 20 mg 2-3 x/j

2e ligne :

• Sildénafil : 20 mg 3-4 x/j

• Tadalafil 10 mg 2 x/j

3e ligne :

• Salmétérol 125 mg 2 x/j

Tableau 1. Clinique et traitement des différentes pathologies liées à l’altitude (Adapté de réf. 5,6).

MAM : mal aigu des montagnes ; OCHA : œdème cérébral de haute altitude ; OPHA : œdème pulmonaire de haute altitude.

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dent, l’acétazolamide, débuté le jour précédant l’ascension, permet de diminuer le risque de MHA sévère.6 En cas d’antécédent de MHA, des stratégies préventives spécifi- ques s’appliquent.5,6 Celles-ci, ainsi que les différentes modalités thérapeutiques et la présentation clinique des différentes entités de la MHA, sont décrites dans le ta- bleau 1.

Pathologies et altitude

Chez les patients présentant des maladies chroniques, les risques dépendent de la maladie sous-jacente et de la tolérance à l’hypoxie. Les contre-indications absolues étant rares, il conviendra donc surtout de stabiliser toute patho- logie avant un séjour en altitude. Certaines pathologies fré- quentes, même cardio-pulmonaires, ne contre-indiquent pas forcément un séjour en haute montagne et sont décrites ci-dessous, alors que les contre-indications absolues sont reprises dans le tableau 2.

Maladies cardiovasculaires

L’hypertension artérielle contrôlée, le foramen ovale perméable, les cardiopathies ischémiques ou rythmiques asymptomatiques et l’insuffisance cardiaque peu sympto- matique ne sont pas des contre-indications à des séjours en altitude. Les pacemakers fonctionnent au moins jusqu’à une altitude de 4000 m.7,8

Maladies pulmonaires

On note une saturation d’oxygène diminuant d’environ 5% à 2000 m. Il existe peu de données concernant les pa- tients souffrant de bronchopneumopathie chronique obs- tructive se rendant à plus de 3000 m ; néanmoins, un séjour en altitude pour les patients symptomatiques au repos ou au moindre effort est contre-indiqué. Les patients moins symp- tomatiques devraient être référés afin de rechercher une hypertension artérielle pulmonaire (HTAP) sous-jacente et éventuellement réaliser un test d’hypoxie.7,9,10

Tableau 2. Récapitulatif des principales pathologies médicales et des recommandations concernant l’altitude (Adapté de réf.7-12).

Conditions spécifiques Recommandations d’ascension

Hypertension Ascension vigilante autorisée

Insuffisance cardiaque • Contre-indiquée si symptomatique à l’altitude de résidence

• Ascension avec vigilance si asymptomatique à l’altitude de résidence

Cardiopathie ischémique

• Angor instable • Contre-indiquée

• Angor d’effort • Ascension vigilante autorisée

• IM • Contre-indiquée l 6 mois après l’événement

• PAC, angioplastie • Ascension autorisée si asymptomatique à l’altitude de résidence

Arythmie cardiaque Evaluation cardiologique spécialisée

Cardiopathie congénitale Contre-indiquée si HTAP symptomatique

HTAP Contre-indiquée si sévère. Evaluation cardio-pulmonaire spécialisée

BPCO

• Légère • Ascension vigilante autorisée

• Modérée • Evaluation pneumologique spécialisée

• Sévère • Contre-indiquée

Asthme Ascension vigilante autorisée, conseils personnalisés

SAOS Contre-indiquée

Pneumopathie interstitielle Evaluation pneumologique spécialisée

Pneumothorax Contre-indiquée l 3 semaines après résolution

MICI et hémorragie digestive Contre-indiquée si condition active

Insuffisance rénale chronique Ascension vigilante autorisée, conseils personnalisés

Diabète • Ascension vigilante autorisée, conseils personnalisés

• Contre-indication relative si mauvais contrôle glycémique

Obésité Contre-indiquée si syndrome obésité-hypoventilation

Epilepsie Ascension vigilante autorisée

AVC/AIT Contre-indiquée si l 3 mois après l’événement

Anémie falciforme Contre-indiquée

Grossesse • Contre-indiquée durant le premier trimestre si risque d’avortement spontané

• Contre-indiquée après le premier trimestre si associée à certaines comorbidités

LASIK Contre-indiquée si l 6 mois

IM : infarctus du myocarde ; PAC : pontage aorto-coronarien ; HTAP : hypertension artérielle pulmonaire ; BPCO : bronchopneumopathie chronique obstructive ; SAOS : syndrome d’apnée obstructive du sommeil ; MICI : maladie intestinale chronique inflammatoire ; AVC : accident vasculaire cérébral ; AIT : accident ischémique transitoire ; LASIK : laser in situ kertamileusis.

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L’altitude provoque des apnées centrales durant le som- meil.7,10 Un traitement par CPAP nocturne doit absolument être poursuivi en cas de SAS. S’il existe une hypoxémie diurne, une HTAP doit être recherchée. Les patients obèses présentant un syndrome d’hypoventilation sont à risque de développer une HTAP et une défaillance cardiaque droite, déconseillant tout séjour en altitude.7,10

Les exacerbations de crises d’asthme semblent être di- minuées à partir d’une altitude de 2000 m, probablement en lien avec une diminution des allergènes ambiants. Néan- moins, l’air sec et froid et l’exercice sont des facteurs aggra- vants de l’asthme. Les séjours jusqu’à 5000 m sont autorisés pour les asthmatiques pour autant que l’asthme soit bien contrôlé et que le traitement soit poursuivi.7,10

La mucoviscidose et les pneumopathies interstitielles exigent un avis spécialisé, des explorations fonctionnelles permettant d’évaluer une HTAP sous-jacente et l’indication à une oxygénothérapie.7,10

Divers

Le diabète ne contre-indique pas à un séjour en alti- tude. Néanmoins, la gestion du traitement, l’apport d’hydra- tes de carbone et le maintien de l’équilibre hydrique dans un contexte d’efforts intenses, dans un milieu souvent hos- tile, exigent, surtout dans le cas de diabète de type 1, une très bonne connaissance de la maladie.7,11 De plus, les lec- teurs de glycémie ne sont pas fiables en altitude et le transport de l’insuline doit se faire proche du corps, afin d’éviter toute dégradation par le froid.11

Malgré le peu d’études concernant les insuffisants rénaux chroniques, un séjour en altitude semble assez sûr.7

Les migraines sont un facteur de risque pour dévelop- per un MAM, mais ne représentent pas une contre-indica- tion absolue au séjour en altitude.

L’altitude supérieure à 2000 m est à déconseiller chez le patient souffrant d’anémie falciforme, l’incidence de crise vaso-occlusive et d’infarctus splénique étant plus élevée.5,7

Le premier trimestre de grossesse avec risque d’avorte- ment spontané, ainsi que le reste de la grossesse avec des facteurs de risque tels que l’hypertension artérielle, la pré- éclampsie et le retard de croissance intra-utérin contre-in- diquent un séjour en altitude.7,12

Les enfants développent moins souvent des MHA que les adultes. Il est néanmoins déconseillé d’effectuer un sé- jour en altitude avant 4 à 6 semaines de vie, période à partir de laquelle les changements circulatoires se sont stabilisés.

Il faudra aussi rester vigilant à la reconnaissance des symp- tômes de MHA qui peuvent rester très frustes chez les en- fants en bas âge.12

Conclusion

Lors d’un entretien avec un patient sain avant un voyage en altitude, le généraliste doit évaluer le profil ascensionnel, en se remémorant que les principaux facteurs de risque de développer une MHA sont : la vitesse d’ascension, l’altitude absolue, l’absence d’acclimatation et l’antécédent personnel de MHA. En cas de doute sur la tolérance à l’effort, le prati- cien juge de la nécessité de réaliser une ergométrie et/ou une échocardiographie afin d’exclure une cardiopathie isché- mique et une HTAP sous-jacentes, bien que des examens

paracliniques normaux ne permettent pas d’exclure la sur- venue de MHA. Chez le patient présentant des comorbidi- tés, le praticien se focalisera sur l’identification des contre- indications absolues et relatives, notamment celles asso- ciées à une HTAP ou une hypoxémie.

plongéesous

-

marine

Absence de cadre législatif pour la pratique de la plongée sportive en Suisse

Bien que la plongée soit considérée comme un sport à risque, il n’existe aucun cadre législatif en Suisse pour sa pratique à titre non professionnel.13 Malgré ce vide juridi- que, les écoles et clubs de plongée proposent des forma- tions exigeantes à leurs membres, permettant d’atteindre différents niveaux dès l’âge de quatorze ans.14

L’une des exigences communes à l’ensemble des forma- tions proposées est l’établissement préalable d’un certificat médical d’aptitude à la plongée. C’est dans ce contexte que le médecin est sollicité.

Physiopathologie et prévention des accidents

La tâche qui incombe au généraliste est donc de repérer et d’évaluer des conditions de santé susceptibles de mettre en danger le plongeur. Les contre-indications à la pratique de la plongée de loisir, que nous détaillerons par la suite, sont intimement liées aux contraintes physiologiques aux- quelles est soumis le corps lorsqu’il est immergé (tableau 3).

De là peuvent être rappelées certaines règles de bonne pratique de la plongée, à la fois par le médecin et par le moniteur de plongée, pour en prévenir les accidents, comme

Contraintes physiologiques Risques encourus Déperdition calorique Hypothermie, épuisement Absorption plus forte et réfraction Désorientation de la lumière ; propagation du son

accrue

Densité accrue de l’eau par rapport Epuisement à l’air, courants

Augmentation de l’espace mort Epuisement pulmonaire par l’équipement

respiratoire

Augmentation de la densité des gaz, Epuisement altération de la mécanique respiratoire

Augmentation de la pression Barotraumatisme hydrostatique

Augmentation de la pression partielle Narcose, ivresse des des gaz avec la profondeur profondeurs à la descente ;

maladie de décompression à la remontée

Augmentation de la filtration Déshydratation, maladie de glomérulaire décompression

Transfert du volume circulant vers les Surcharge cardiaque, œdème organes thoraciques pulmonaire d’immersion Tableau 3. Contraintes physiologiques lors d’immersion

(Adapté de réf.13-16).

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l’éviction des efforts physiques intenses après les plongées et des plongées avant l’exposition à l’altitude, le respect de la vitesse de remontée (environ 10 m/min.) et de la courbe de sécurité, le maintien d’un bon état d’hydratation.17

Accidents liés à la pratique de la plongée

Les symptômes liés aux accidents de plongée sont multi- ples et peu spécifiques, parfois difficiles à reconnaître pour le plongeur et pour le médecin. Si ceux liés à un barotrau- matisme surviennent pendant la plongée, ceux en lien avec une maladie de décompression apparaissent souvent à la fin ou après la plongée (jusqu’à plusieurs heures après la remontée à la surface). Des symptômes ostéo-arthro-mus- culaires ou une douleur thoracique peuvent parfois être des signes avant-coureurs.

Les accidents de plongée, présentés dans le tableau 4, sont relativement rares par rapport à d’autres sports et bé- nins dans la majorité des cas.18 L’incidence des accidents de décompression est faible, tout comme le taux de décès annuel.19,20 La plupart des accidents mortels sont liés à une noyade, à la survenue d’une embolie gazeuse artérielle ou à un problème cardiaque. Le risque d’événement fatal aug- mente sensiblement à partir de 35 ans. Dans 25% des dé- cès, une pathologie préexistante est découverte, qui aurait normalement dû contre-indiquer la pratique de la plon- gée.21-24

D’un point de vue des assurances, et sauf exceptions, les accidents de plongée ne sont pas considérés comme

«accident au sens de la législation en vigueur». Il est donc fortement recommandé aux plongeurs sportifs de contracter un contrat d’assurance supplémentaire adapté.13

Tableau 4. Accidents de plongée (Adapté de réf.15,16,20,21).

Type d’atteinte Traitement

Barotraumatisme

Oreille moyenne (fréquent) Décongestionnants, corticoïdes Sinus (fréquent) Décongestionnants, corticoïdes Dent (rare) Analgésiques et traitement dentaire spécifique

Oreille interne (rare) Repos au lit, tête relevée à 30°, éviction du Valsalva, avis ORL

Pneumomédiastin (rare) O2 100%, considérer antibiotiques, médiastinotomie en cas de pneumo- médiastin sous tension

Pneumothorax (rare) O2 100%, considérer drainage Surpression pulmonaire O2 100%, hydratation, décubitus latéral avec embolie gazeuse gauche, traitement hyperbare artérielle (rare, responsable

d’environ un tiers des décès liés à la plongée)

Placage du masque Pas de traitement spécifique Maladie de décompression

Type I (rare, plutôt bénin) : O2 100%, hydratation, décubitus latéral symptômes ostéo-arthro- gauche, traitement hyperbare musculaires, cutanés,

lymphatiques

Type II (rare, sévère) : O2 100%, hydratation, décubitus latéral symptômes neurologiques, gauche, traitement hyperbare cardiaques, pulmonaires,

rénaux, digestifs, gynécologiques

Tableau 5. Contre-indications définitives à la plongée sportive (liste non exhaustive) (Adapté de réf.14,25,27).

Système Contre-indications définitives

ORL Occlusion du conduit auditif externe ; dysfonction tubaire ; status postfracture du rocher ; status postchirurgie (sinus, tympan) Pulmonaire • Asthme bronchique, selon sévérité et stabilité ; BPCO, emphysème ; insuffisance respiratoire

• Toute pneumopathie interstitielle diffuse

Cardiaque • Maladie coronarienne non stabilisée ; insuffisance cardiaque ; troubles sévères de la conduction non appareillés

• Status postimplantation d’un stimulateur cardiaque non compatible avec la plongée

• Malformations cardiaques, valvulopathies non corrigées

• Hypertension artérielle pulmonaire, HTA mal contrôlée

Neurologique Epilepsie non contrôlée ; toute pathologie déficitaire ; pertes de connaissance itératives ; status postneurochirurgie Psychiatrique Toute pathologie insuffisamment contrôlée ; toxicomanie/dépendance (notamment OH)

Endocrinien • Toute endocrinopathie non stabilisée

• Pour le diabète de type 1 ou 2 : si mal contrôlé ou avec épisodes d’hypo-/hyperglycémies ou complications du diabète ou hypoglycémies non ressenties

Digestif Status postpose de prothèse antireflux gastro-œsophagien ; status adhérentiel avec risque d’iléus Urinaire Insuffisance rénale avec clairance inférieure à 20 ml/min, hémodialyse

Ostéo-articulaire Tout déficit moteur sévère

Ophtalmologique Pathologies vasculaires de la rétine, de la choroïde ou de la papille, non stabilisées ; malvoyance, cécité, prothèse Hématologique Thrombopénie périphérique ou congénitale ; troubles de la crase (selon pathologie de base) ; phlébites répétées Gynécologique Grossesse (jusqu’à 6 semaines post-partum)

Médicaments Toute médication pouvant affecter le comportement de l’individu (à évaluer au cas par cas) Transport aérien • Plongée sous la courbe de sécurité : intervalle L 12 heures avant le vol

• Plongée profonde : intervalle L 18 heures avant le vol

• Plongées multiples ou pendant plusieurs jours : intervalle L 18 heures avant le vol

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Examen médical et certificat d’aptitude à la plongée

Les clubs et les écoles de plongée suisses exigent un certificat médical d’aptitude à la plongée chaque année et lors de tout changement de l’état de santé. Il peut en prin- cipe être réalisé par tout médecin diplômé. Il n’est pas pris en charge par la LAMal, sauf s’il s’agit d’évaluer des symp- tômes apparus durant une plongée ou de traiter ces symp- tômes. En présence d’un problème de santé spécifique, susceptible de contre-indiquer la pratique de la plongée et dans tous les cas après un accident de plongée, un avis spécialisé est recommandé.14

L’évaluation se fait à l’aide de formulaires mis à disposi- tion par la SSMSH (Société suisse de médecine subaqua- tique et hyperbare) (premier examen, examen de contrôle ; www.suhms.org). Concernant les examens paracliniques, une otoscopie sous manœuvre de Valsalva devrait permettre de vérifier la mobilité du tympan, son intégrité et la per- méabilité des trompes d’Eustache.14 Sur le plan respiratoire, une mesure du peak flow, de la capacité vitale forcée et du volume expiratoire forcé en une seconde est recommandée.

Une radiographie du thorax devrait être faite en cas d’an- técédents de maladie ou de traumatisme pulmonaire, de symptômes ou de signes respiratoires.16 Sur le plan cardia- que, une évaluation du risque coronarien devrait être faite chez tout plongeur de plus de 40 ans. Un test d’effort est conseillé pour les plongeurs asymptomatiques ayant plu- sieurs facteurs de risque cardiovasculaires. Les résultats sont optimaux dès lors qu’une capacité maximale de 13 équiva- lents métaboliques (stade 4 du protocole de Bruce) peut être atteinte, sans modifications de l’ECG.25-27

Contre-indications à la pratique de la plongée

Le tableau 5 donne une liste non exhaustive des contre- indications absolues à la pratique de ce sport. Pour obtenir des informations supplémentaires, notamment sur les contre- indications temporaires, il est indiqué de se référer au ma- nuel d’aptitude à la plongée édité par la SSMSH.14

Lorsqu’il n’y a pas de contre-indication stricte à la plon- gée mais que l’état de santé pose question (pathologie aiguë au décours, état postopératoire…), il est toujours pos- sible d’effectuer une plongée test à une faible profondeur (sans palier) avec un accompagnateur expérimenté, mis au courant du trouble, ou de solliciter un avis spécialisé.

Conclusion

Le médecin généraliste doit avoir en tête les contraintes physiologiques qui s’exercent sur le corps immergé, sus- ceptibles de décompenser des pathologies sous-jacentes, d’altérer le comportement ou l’état de conscience du plon- geur, de favoriser la survenue d’accidents de plongée. Chez le plongeur sain, il devra rappeler des mesures préventives et de bonne pratique pouvant limiter leur survenue. En présence de comorbidités, il devra en outre repérer les

contre-indications absolues ou temporaires à la pratique de la plongée sportive et les expliquer. En cas de doute, il existe un réseau de médecins spécialistes pouvant être sollicités via la Société suisse de médecine subaquatique et hyperbare.

Les auteurs n’ont déclaré aucun conflit d’intérêts en relation avec cet article.

Implications pratiques Médecine d’altitude

La vitesse ascensionnelle, l’altitude absolue et les antécé- dents de maladie de haute altitude (MHA) sont les princi- paux facteurs de risque de développer une MHA

Il n’existe pas de test paraclinique capable d’identifier qui développera une MHA

Bien qu’elles soient peu nombreuses, le généraliste s’atta- chera à repérer les contre-indications absolues à un séjour en altitude

Médecine de plongée

Il existe de nombreuses contre-indications à la pratique de la plongée sportive, temporaires ou définitives, qu’il con- vient de rechercher, éventuellement via le manuel édité par la Société suisse de médecine subaquatique et hyperbare (SSMSH)

L’évaluation de l’aptitude à la plongée sportive se fait à l’aide de formulaires mis à disposition par la SSMSH (www.

suhms.org), et il existe un réseau de médecins spécialistes pouvant être sollicités via la Société suisse de médecine su- baquatique et hyperbare en cas de doute

L’examen d’aptitude à la plongée sportive n’est pas pris en charge par la LAMal

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Drs Timothée Wuillemin, Angel dos Santos Bragança et Cédric Lanier

Service de médecine de premier recours Dr Jean-Yves Berney

Service des urgences, médecine hyperbare Département de médecine communautaire, de premier recours et des urgences Dr Jean-Luc Ziltener

Unité de médecine physique et réadaptation orthopédique

Département de chirurgie HUG, 1211 Genève 14 timothee.wuillemin@hcuge.ch angel.dossantosbraganca@hcuge.ch jean-yves.berney@hcuge.ch cedric.lanier@hcuge.ch jean-luc.ziltener@hcuge.ch

Adresse

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25 * Harrison D, et al., Controversies in the medical clearance of recreational scuba divers : Updates on asthma, diabetes mellitus, coronary artery disease and patent foramen ovale. Curr Sports Med Rep 2005;4:

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26 Lauer M, et al. Exercice testing in asymptomatic adults : A statement for professionals from the Ameri- can Heart Association Council on Clinical Cardiology, Subcommittee on Exercice, Cardiac Rehabilitation and Prevention. Circulation 2005;112:771-6.

27 Recreational scuba diving contraindications. French Underwater Federation guidelines, 2010.

* à lire

** à lire absolument

Pendant la formation postgraduée peu de crédit est accordé aux com- pétences de gestion indispensables à l’installation en pratique libérale.

Une équipe de médecins préoccupés par cet obstacle à la relève médi- cal a constitué une association «Par les médecins, pour les méde- cins» avec pour objectif de proposer des séminaires utiles aux futurs médecins installés.

Depuis 2012, un séminaire est proposé sur une demi-journée abordant les principaux thèmes suscités par leur propre expérience. C’est ainsi qu’évoquent deux praticiens, un homme et une femme, les choix qu’ils ont du faire pour passer à une activité indépendante : le lieu d’installa- tion, le cabinet individuel ou de groupe, les collaborations. Quatre ateliers sont ensuite animés sur le thème des finances, des assurances, de l’informatique, du personnel et du matériel pour la pratique quoti- dienne. L’originalité de ce séminaire «Ouverture d’un cabinet médi- cal» est d’expliquer les choix entrepris avec l’avantage de ne pas être face à un banquier ou un assureur qui vous propose la solution de son établissement. Les informations sont basées sur l’expérience récente de jeunes médecins avec pour seule ambition d’aider les participants à prendre les meilleures décisions. Enfin, un catalogue des sources d’in- formations utiles est discuté. Selon le questionnaire d’évaluation, les deux premières éditions ont suscité pleine satisfaction et ont égale- ment permis aux personnes présentes de partager leurs projets.

Sur le même concept, un second séminaire intitulé «Quels logiciels pour votre cabinet médical ?» en sera à sa 2e édition le 29 novembre 2014. Il est destiné non seulement aux candidats à l’installation mais également aux praticiens qui souhaitent passer du dossier papier à celui informatisé.

«Ouverture d’un cabinet médical &

Quels logiciels pour votre cabinet médical ?»

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