Revue Médicale Suisse
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26 février 2014509
lu pour vous – précisions de l’auteurAngine : renoncer aux scores,
au strepto-test et aux antibiotiques ?
A propos du «Lu pour vous» du 5 février 2014 (Rev Med Suisse 2014;10:364) : Un score clinique comme alternative au strepto- test ?
L’enthousiasme suscité par l’étude randomisée de PRISM doit être nuancé par le contexte dans lequel elle a été effectuée. Au Royaume
Uni, les prescriptions d’antibio
tiques en cas d’angines sont libé
rales (62% dans la cohorte DESCARTE), et le streptotest n’est pas recommandé comme examen de routine. Il convient par ailleurs de réfléchir aux objectifs du traitement antibiotique : dimi
nuer les complications infec
tieuses ? Prévenir les complica
tions non infectieuses ? Diminuer la contagiosité ? Diminuer les symptômes ?
Le même auteur vient de publier plusieurs études13 apportant des éléments nouveaux et remettant en question la pertinence du score clinique FeverPAIN, puis
que sa performance, déjà modé
rée (aire sous la courbe (AUC)
proche de 0,72) pour prédire une infection à streptocoques des groupes A, C et G, est mauvaise pour prédire les complications infec tieuses des pharyngites (AUC proche de 0,52), qui restent par ailleurs rares (entre 1 et 2%).
Un résultat intéressant de la co
horte DESCARTE est que la pré
sentation clinique initiale ne permet pas d’identifier les patients à ris que de complications infectieuses.
Notre pratique à la Policlinique médicale universitaire de Lau
sanne (PMU), proposant de cibler le streptotest en fonction du score de Centor, est comparable à celle proposée par les recom
mandations françaises et améri
caines. Elle permet d’essayer de limiter les prescriptions d’antibio
tiques aux patients présentant une angine à streptocoques du groupe A, soit 5 à 15% d’entre eux. L’objectif principal n’est pas de prévenir les complications infec tieuses (otite, sinusite, esqui
nancie, cellulite), mais d’éviter les complications non infectieuses, par exemple le RAA (rhuma tisme
articulaire aigu) et la glomérulo
néphrite. Ces complications sont devenues tellement rares dans les pays à haut revenu (l 0,1 cas/100 000 en Suisse) que la question se pose de la per
tinence de cette attitude en termes d’épargne d’antibiotiques et de prévention des résistances communautaires. Une réflexion devrait être menée afin de consi
dérer l’option de ne plus prescrire d’antibiotiques en cas d’angine à streptocoques et en mettant en place une surveillance épidémio
logique rapprochée de l’incidence de RAA durant les années qui suivent.
Dr David Barras Policlinique médicale universitaire Lausanne 1 Little P, et al. Predictors of suppurative complications for acute sore throat in primary care : Prospective clinical co
hort study. BMJ 2013;347:f6867.
2 Little P, et al. Antibiotic prescription stra tegies for acure sore throat (DES
CARTE). Lancet Infect Dis 2014 ; epub ahead of print.
3 Little P, et al. PRImary care Streptococ
cal Management (PRISM) study : Iden
tifying clinical variables associated with Lancefield group A bhaemolytic strep
tococci and Lancefield nonGroup A streptococcal throat infections from two cohorts of patients presenting with an acute sore throat. BMJ Open 2013;
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