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Les enjeux du marché des matériels agricoles pour la traction animale en Afrique de l'Ouest

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des matériels agricoles

pour la traction animale

en Afrique de l'Ouest

En Afrique de l'Ouest, les tentatives de commercialisation de matériels agricoles

montrent les limites des structures de commercialisation et de fabrication

et révèlent le rôle des acteurs de ce marché : agriculteurs, artisans, entreprises,

programmes de développement. L'amélioration et la rentabilisation de cette filière

dépendent de la dynamique des structures, des choix d'équipements proposés

aux agriculteurs et de leur adaptation à la fabrication locale.

Comment

appréhender

le marché

des équipements

agricoles ?

Les marchés des outils agricoles sont difficiles à apprécier. Les motivations des a g ric u lte u rs sont variées et les propositions de mises en marché ne s o n t pas t o u j o u r s b ie n a d a p té e s . Depuis 1960, les équipem ents sont diffusés selon deux circuits en paral­ lèle. Les e x p lo ita tio n s agrico les se sont équipées m a jo rita ire m e n t par les s o c ié té s de d é v e l o p p e m e n t agricole entre 1965 et 1985, ce que n o u s a p p e lo n s « m a r c h é lié a ux p r o je t s de d é v e lo p p e m e n t », et secondairem ent auprès des réseaux d'artisans forgerons et de c o m m e r­ ç a n ts , c o m p o s a n t le « m a r c h é

informel direct ».

Entre 1960 et 1995, plus de 2 m il ­ lions de m atériels agricoles o n t été mis en place dans les 13 pays su i­ vants : Bénin, Burkina, C am eroun, C o n g o , C ô te d ' i v o i r e , G a b o n ,

G . LE THIEC, M . HAVARD CIRAD-SAR, 7 8 rueJean-François Breton, BP 5 0 3 5 ,

3 4 0 3 2 Montpellier Cedex 1, France

L

a traction animale ne peut pro­gresser que s'il existe un mar­ ché p our les a nim a ux co m m e pour les matériels agricoles. Ce mar­ ché traduit normalem ent les besoins des a g r ic u lt e u r s . En A f r i q u e s u b ­ saharienne, la tra c tio n a n im a le est relativement récente (1920), elle est présente su rto ut depuis les années 6 0, a tte ig n a n t des ta u x d 'é q u ip e ­ ments élevés dans certaines zones : 75 % d'exploitations au sud du Mali (GUEGUEN, 1993) et 90 % dans le b a s s in a r a c h i d i e r du S é n é g a l (HAVARD, 1993).

traction asinienfte .avec urrê houé occidentale, 5

(2)

G u in é e , M a l i , N ig e r, R é p u b liq u e centrafricaine, Sénégal, Tchad, Togo (tableaux 1 et 2). Le Burkina, le Mali et le Sénégal totalisent environ 75 % des e ffectifs, alors q u 'a u Zaïre, au G abon et au Congo, ils sont quasi­ ment nuls.

Les motivations

des agriculteurs

Les statistiques se rapportent le plus s o u v e n t a u x a c h a ts de m a té r ie ls neufs. Mais un matériel acquis n'est pas fo rc é m e n t utilisé. Il est parfois revendu immédiatem ent ou en occa­ sion pour les besoins de trésorerie de l ' a g r i c u l t e u r — s u r p la c e , d a n s d 'a u tre s rég io ns ou dans d 'a u tre s pays. Par e x e m p le , dans le bassin a ra c h id ie r du Sénégal, la m a jo rité des charrues livrées n'a jam ais été utilisée. Des matériels achetés à cré­ dit ont été revendus au com ptant en G a m b ie . La m o i t i é des m a té r ie ls p ré s e n ts a u j o u r d ' h u i d a n s les e x p l o i t a t i o n s a f a i t l ' o b j e t de transaction (HAVARD, 1987 et 1990 ; SOW, 1995).

Généralement, les utilisateurs c h o i­ sissent des o u t ils d é jà la r g e m e n t répandus, peu diversifiés. O utre une m é c o n n a is s a n c e des g a m m e s d 'é q u ip e m e n ts existan ts, les a g r i­ c u lte u rs e x p r im e n t une ré tic e n c e face au risque de la nouveauté. Mais l'inform a tio n comparative — néces­ saire à un c h o ix raisonné d 'é q u ip e ­ m ents d iv e rs — le u r est ra re m e n t accessible et la maintenance est plus d ifficile à assurer.

Marché lié aux projets

de développement

O rg an isa tion et évolution

Ce marché intègre la fabrication, la d is t r ib u t io n et le fin a n c e m e n t des é q u ip e m e n t s d a n s le c a d r e de p r o g r a m m e s de d é v e lo p p e m e n t de c u lt u r e s de r e n te ( a r a c h id e , c o t o n n ie r ) , d o n t la c o m m e r c i a l i ­ s a tio n est c o n t r ô l é e p a r I ' E ta t. L'avantage de ce système est de faci- lit e r le r e c o u v r e m e n t des c r é d it s d 'é q u ip e m e n t à p a rtir des p ro d u c ­ tions vendues. Ce marché a été très im portant jusque dans les années 80, particulièrem en t avec l'arachide au S é n é g a l et a v e c le c o t o n n i e r au Burkina, en Côte d 'iv o ire et au M ali. Confrontés à des problèmes de ges­ tion, à des taux élevés d'impayés des paysans et aux programmes d'ajuste­ m e n ts s t r u c t u r e l s a g r ic o l e s , les p ro je ts p o u r la f iliè r e a ra c h id e au S é n é g a l o n t é té i n t e r r o m p u s en 1 9 8 0 et re s tre in ts p o u r les z o ne s cotonnières. S c a r ifia g e en tractio n as in ie n n e a v e c une h o u e M a n g a a u B urkina. C lic h é G . H e rb lo t

Tableau 1. Estimation des effectifs des matériels de traction animale les plus utilisés en Afrique francophone sub-saharienne en 1995 (sources : LE MOICNE, 1985 ; STARKEY, 1993 ; HAVARD, 1993 ; GUEGUEN, 1993 ; VALL, 1996; BORDET

et al., 1996).

Pays Matériels (effectif en milliers)

charrues multiculteurs semoirs charrettes

Bénin 3 25 0 1 Burkina 120 80 20 85 Cameroun 51 1 0 3 Côte d'ivoire 20 35 8 12 Guinée 65 3 1 2 Mali 200 135 80 180 Niger 17 40 8 33 République centrafricaine 8 - - -Sénégal 65 355 270 170 Tchad 120 15 1 30 Togo 10 15 1 2 Total 679 706 389 538

Tableau 2. Matériels de traction animale mis en place entre 1960 et 1980 au Sénégal (en milliers d'unités) (sources : rapports annuels des services du ministère de l'agriculture et de l'ONCAD).

Périodes Semoirs Houes Charrettes Souleveuses Charrues Butteurs Unité de culture attelée Total 1960-1964 64 32 7 4 4 0 7 118 1965-1969 69 95 32 19 8 0 1 224 1970-1974 52 98 34 21 24 3 1 233 1975-1979 84 112 62 44 26 6 1 335 Total 269 337 135 88 62 9 10 910

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Inadéquation fréquente

entre l'offre et la d em an de

Les types et les m odèles d 'é q u ip e ­ ments sont choisis par la recherche et le d é v e lo p p e m e n t a g ric o le p ou r accompagner des recommandations c o m m e l 'in t e n s if ic a t io n de l 'a g r i ­ culture. Le paysan est cantonné dans un rôle d'utilisateur, sans particip a ­ tion au choix des matériels. Ce mar­ ché n'est, par ailleurs, pas soutenu p a r u n e d e m a n d e s o lv a b l e des paysans. C e p e n d a n t, il p e r m e t la d iffu s io n rapide d 'é q u ip e m e n t aux producteurs, selon les souhaits des politiques (M IK H AILO V, 1989). A insi, dans le bassin a ra c h id ie r du Sénégal, des m u ltic u lte u r s o n t été v e n d u s p e n d a n t p lu s ie u rs années avec des corps de charrue jamais uti­ lisés par les producteurs, qui effec­ tuent des semis précoces d'arachide sans travail du sol (en raison des sols lé g e rs , d 'u n e c o u r t e s a is o n des pluies, de la culture peu exigeante en travail du sol).

Pour des raisons de sim plification du m arché et de r é d u c tio n des coûts, — intéressant fa bric a n ts , d is t r ib u ­ teurs, financiers — une seule gamme de matériels est proposée. Des éco­ nomies d'é chelle sont alors réalisées

grâce à des volumes plus importants, l'h o m o g é n é is a tio n des c irc u its de financem ent et une distribution plus aisée des matériels.

Les fo rg e ro n s lo c a u x so nt tenus à l'é c a rt de ce c irc u it, m êm e pour la fo urniture de pièces détachées car il est plus aisé de traiter avec un indus­ triel ou une grosse société de d istri­ bution. Les standards de qualité sont plus faciles à c o n trô le r. A in s i, ju s ­ q u 'e n 1980 au Sénégal, les pièces détachées étaient distribuées par la SONADIS (Société nationale de dis­ tr ib u tio n des denrées alim en taires, Sénégal) et non par des fo rg e ro n s dépositaires.

Le marché informel direct

Ce marché est fondé sur une dem an­ de solvable des agriculteurs. Souvent nég lig é des structures de d é v e lo p ­ pement et des décideurs, il a néan­ moins progressé dans plusieurs pays à partir de 1975 : Burkina, Guinée, M ali, Sénégal. Il concerne moins de 5 % des é q u ip e m e n ts de c u lt u r e , m ais près de d e u x tie rs des c h a r ­ rettes. A u jo u rd 'h u i, hors des zones cotonnières, seul ce c irc u it est pour­ vo yeu r de matériels, mais pour des quantités faibles.

Ce marché s'appuie sur des c o m p é ­ tences artisanales et sur une disponi­ b ilité locale en matières premières. Les o u t i l s , r e p r o d u its à p a r t i r de matériels importés, subissent parfois des m o d if ic a t io n s , d o n t c e rta in e s sont assez intéressantes pour une d if­ fusion plus large ; c'est le cas d'une la m e s o u le v e u s e d 'a r a c h i d e au Sénégal (HAVARD, 1985). Toutefois, r é a lis é s à p a r t i r de f e r r a i l l e de récupération, ces matériels sont bon marché, mais relativement fragiles. Les relations de proxim ité favorisent des modalités de financem ent spéci­ fiq u e s e n tre paysans et a rtis a n s : re m b o u rs e m e n t en natu re , c ré d it, échange de services. Mais les marges des fo rg e ro n s é ta n t fa ib le s , ils ne peuvent pas capitaliser pour investir et a m é l i o r e r le u rs c a p a c it é s de fabrication. Néanmoins, les artisans assurent la q u a s i-to ta lité des fa b r i­ cations des pièces d'usure.

Ce c ir c u it d 'a p p ro v is io n n e m e n t en m a t é r ie ls a g r ic o l e s est le p lu s s o u v e n t b ie n a d a p té au c o n te x te local, mais les fabrications sont peu transposables et peu reproductibles.

Pas de contrôle

des procédures

d'approvisionnement

Pour les deux types de marché, les m odes d 'a p p r o v is io n n e m e n t sont distincts et soumis à des contraintes sp é c ifiq u e s : im p o r ta tio n et f a b r i ­ c a tio n in d u s t r ie lle lo c a le p o u r le m arché lié aux projets de d é v e lo p ­ pement ; fabrication artisanale pour le marché informel direct.

L'importation

Les circuits

La q u a s i- t o t a lit é des c o m m a n d e s i m p o r t a n t e s est f a it e p a r a p p e ls d'offres internationaux ou bilatéraux, avec des fin a n c e m e n ts extérieu rs. Quelquefois, des dotations en nature sont octroyées au titre de l'a id e au d é v e lo p p e m e n t. Par e x e m p le , en 1 9 8 5 en G u in é e , 6 0 0 0 c h a rru e s françaises Ebra T25 ont été importées dans le cadre du p ro je t FAO (Food

a n d a g ric u ltu re o rg a n is a tio n ) pour

« l'assistance d 'urgence en é q u ip e ­ ments de labour aux producteurs des zones affectées par la sécheresse et le trem blement de terre » (LE THIEC, 1985a).

Inadaptation des matériels

Parfois, les matériels fournis sont peu adaptés au c o n te x te a gric o le . A la s u it e de c o m m a n d e s im p r é c is e s qua nt aux normes de fa bricatio n et des appels d'offre rédigés de manière trop brève et trop vague — avec pour c o ro lla ire l'im p o s s ib ilité de vé rifier la q u a lité et la c o n f o r m it é — , les a g ric u lte u rs so nt c o n fro n té s à des s itu a tio n s désastreuses : d if fic u lt é v o ir e im p o s s i b il i t é d 'e m p l o i des m a t é r ie ls ; a b s e n c e de r e c o u r s ju rid iq u e . Ainsi, à la fin des années

(4)

80, le projet d 'im p o rte r 7 000 char­ rues Bourguignon BP4 au Tchad — sans cahier des charges — a abouti à la livraison de charrues plus fragiles que le m o d è le o rig in a l (LE THIEC, 1988 et 1989).

La coopération bilatérale et interna­ t i o n a l e a i n d i r e c t e m e n t fa v o r is é

la m u l t i p l i c a t i o n de m a té r ie ls de q u a li t é v a r i a b l e . La c o n c u r r e n c e entre les pays fournisseurs, leur souci de conserver leur zone d 'influ ence et l'attribution des marchés « au moins- d is a n t » p r i m e n t a lo rs sur l ' a d é ­ q u a tio n des m até rie ls aux besoins des agriculteurs (LE THIEC, 1985b).

La fabrication industrielle

locale

Dans les années 6 0 -7 0 , les im p o r ­ t a n ts p r o g r a m m e s de d i f f u s i o n d 'é q u ip e m e n t agrico le o n t soutenu la création d'industries de fabrication de matériels de culture attelée (char­ rue, charrette, houe, semoir, etc.) et à com m ande manuelle (crible, tarare, pompe, etc.).

Dans certains pays (B u rk ina , Côte d 'iv oire), les industries locales sont laissées en c o n c u r r e n c e a v ec les fournisseurs de produits importés (LE M O IG N E et al., 1987). Les coûts de fa brication leur sont rarement fa v o ­ rables d'autant que les matériaux de c o n s tr u c t io n (aciers, co m p osa nts) sont souvent fo rte m e n t taxés et les équipements agricoles importés exo­ nérés de taxes. En raison du fa ib le v o lu m e des commandes, les m étal­ lurgistes ou les aciéries ne consen­ tent pas de réductions importantes de tarifs et le coût de l'énergie reste éle vé. Ce type d 'u n it é in d u s t rie lle re n c o n tr e de n o m b r e u x obsta cles entre les circuits d'importation et les artisans locaux.

Les industries locales

protégées par l'Etat

Parfois, comme au Bénin, en Guinée, au M ali, au Niger, au Sénégal et au Togo, l'industrie locale est protégée, soit par un m onopole de fait, soit par un a v a n t a g e o c t r o y é p a r l'E t a t p rin c ip a l a c tio n n a ire . D eu x usines

s e u l e m e n t , la S IS M A R ( S o c ié té i n d u s t r i e l l e s a h é lie n n e de m é c a ­ n iq u e , de m a t é r ie l s a g r ic o l e s et de r e p r é s e n t a t i o n , S é n é g a l) et l'U P R O M A (Unité de production de matériels agricoles, Togo) fabriquent les pièces détachées avec des maté­ riaux de qualité (LE M O IG N E e t al., 1987).

Les pays industrialisés sont fréquem­ ment intervenus — parallèlement au financement bilatéral — par des par­ ticipations au capital de ces sociétés et par des appuis en personnel. Ces unités ont fourni pendant longtemps les « o p é ra te u rs » des p ro je ts , la vente directe aux agriculteurs restant exceptionnelle.

G énéra lem en t, ces unités o n t pour but de produire un nombre de maté­ riels donné, d'assurer des em plois, sans se soucier réellem ent des prix de revient, ni même parfois du mar­ c h é . Elles o n t é té r a p i d e m e n t confrontées à des d iffic u lté s fin a n ­ cières (SISCOMA, Société industrielle s é n é g a la is e de c o n s t r u c t i o n s mécaniques et de matériels agricoles ; S M E C M A , S o c ié t é m a l i e n n e de construction de matériels agricoles). Des délais d'approvisionnem ent très longs, la flu ctua tion im portante des comm andes pour l'a griculture, une organisation laxiste en ont c o m p ro ­ mis la rentabilité. De lourdes charges

_ 35 —,

.9?

'<Ul. P 3 0

-fin a n c iè re s en o n t résulté p o u r les g o u v e rn e m e n ts et les b a ille u r s de fonds. Ces derniers o nt préconisé le désengagement de l'Etat et le déve­ loppement de l'initiative privée.

Diversification

des équipem ents fabriqués

Les unités les plus performantes ont été restructurées, parfois privatisées, d i v e r s i f i a n t le u rs f a b r i c a t i o n s et r e c h e r c h a n t des m a r c h é s p lu s réguliers et plus porteurs : construc­ t i o n s m é t a l l i q u e s , m o b i l i e r s de b u r e a u et d ' é c o l e , c i t e r n e s . La production de matériels agricoles est alo rs d e v e n u e une a c tiv it é s e c o n ­ daire, la SISMAR au Sénégal a alors remplacé la SISCOMA.

A c t u e l l e m e n t , les l i v r a i s o n s moyennes annuelles sont inférieures à 3 000 m atérie ls dans la m a jo rité des pays, e x c e p té dans les z o ne s cotonnières du M ali et du Burkina où e lle s a t t e i g n e n t f r é q u e m m e n t 10 000 unités. Ces volumes de pro­ d u c tio n sont enco re trop modestes p o u r re n ta b ilis e r une u n ité in d u s ­ trielle nationale. De plus, l'irrégulari­ té du m a r c h é des m a t é r ie l s de traction animale n'encourage pas les i n d u s t r ie ls à m a i n t e n ir la q u a lit é de p r o d u c t i o n , m a is s u r t o u t , ce la c o m p r o m e t to u te v o lo n t é de planification (figures 1 et 2). ~ 20

S

10 -Programme 30 0 0 0 charrues 1991 à 1994 1978 1980 1985 1990 1994 Années

Figure 1. Les programmes de fabrication réalisés par le Centre national d'équipements agricoles au Burkina. Les matériels pris en compte sont les charrues, les houes (Manga et Triangle), les butteurs et les charrettes.

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Années

Figure 2. Les programmes de fabrication réalisés par la SISCOMA (puis SISMAR) au Sénégal. Les matériels pris en compte sont les semoirs, les houes, les charrettes, les souleveuses, les charrues et les butteurs.

La fabrication artisanale

La fabrication artisanale est adaptée à la demande locale mais manque de fiabilité et d'organisation.

Les tentatives

de regroupem ent d'artisans

A la fin des années 70, ont été créées de nouvelles structures de fa b ric a ­ tio n de matériels agricoles, fondées sur des ré s e a u x d 'a r t i s a n s , notam m ent au Bénin, au Burkina et au Niger. Un premier niveau regrou­ p a it des fo rg e ro n s dans un a te lie r régional, réalisant des pièces forgées

simples et le montage des outils. Le second niveau, concrétisé par deux a te lie rs p lu s im p o r t a n t s et m ie u x équipés, c o m p lé ta it les fabrications en intégrant les opérations plus exi­ g e a n te s en q u a l i f i c a t i o n et en moyens. La comple xité de gestion de cette organisation a entraîné rapide­ ment l'arrêt des fabrications dès que l'assistance te c hn iqu e et financière s'est relâch ée (LE M O IG N E e t a l., 1987).

En Guinée, à partir de 1988, deux a te lie rs a rtis a n a u x o n t été créés, r e g r o u p a n t sur un site p lu s ie u r s artisans de métiers d ifféren ts afin

d 'a m é l i o r e r la p r o d u c t i v i t é et la q u a lité par une sp é c ia lis a tio n des tâ c h e s e t a f in de f a c i l i t e r la fa bric atio n en série (FAO, 1989b). En 1 9 9 5 , se ul un a t e l i e r est opérationnel et les résultats ne sont pas à la h a u t e u r des o b j e c t i f s (BORDET e t al., 1996) :

- les a rtis a n s o n t c o n s e r v é le u r a t e l i e r p e r s o n n e l et in v e s tis s e n t insuffisamment dans le projet ; - la productivité du travail n'est pas m e i l l e u r e en l 'a b s e n c e d ' u n e s p é c ialis atio n des tâches et d 'u n e meilleure organisation du travail ; - le v o l u m e de f a b r i c a t i o n est

i n s u f f i s a n t p o u r c o u v r i r les amortissements des installations et le marché local n'est pas chiffré ; - la prise en compte des aspects é c o ­

n o m i q u e s et f i n a n c i e r s et la r e c h e r c h e de m a rc h é s s o n t q uasi inexistantes.

La spécificité des artisans du fer

La fa b r ic a tio n artisanale est restée longtemps accaparée par la produc­ tio n d 'o u t ils m anuels tra d itio n n e ls avec des matériaux locaux (ferraille de r é c u p é ra tio n , bois, cuirs). Des opérations « forgerons » ont été orga­ nisées pour moderniser les ateliers et form er les artisans traditionnels à des te c h n iq u e s plus élaborées, avec le concours des organismes internatio­ naux (FAO, Bureau international du t r a v a il, O r g a n is a t io n des N a t io n s Unies pour le développement indus­ triel) dans tous les pays et grâce aux co op ératio ns bilatérales. Ces o p é ­ ratio ns v is a ie n t l'é m e rg e n c e d 'u n artisanat apte à la m aintenance des matérie ls de tra c tio n a n im a le , à la fabrication de matériels complets et à la sous-traitance p o u r des unités industrielles (LE THIEC, 1985Ò). Les résultats sont importants dans des pays ayant une tradition du travail du fer et où la traction animale est déve­ l o p p é e ( B u r k i n a , G u i n é e , M a l i , S é né ga l). Des rés e au x d 'a r t is a n s (menuisiers métalliques et forgerons) sont compétents pour les réparations et les fa b r ic a tio n s de m até rie ls de tractio n anim ale ; ils constituent un m oy e n de d if fu s io n de la m é c a n i­ sation agricole, ils permettent aussi Transport par charrette (joug tchadien), République centrafricaine.

C liché. G . Le Thiec

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Au sud du Mali :

un réseau d'artisans

structuré et

dynamique

L'action forgeron La CFDT (C o m p a g n ie fra n ç a is e de développement des textiles) avait lancé 1'« action forgeron » en 1970, en vue de la création de 150 ateliers de forge moderne assurant la maintenance de tout le maté­ riel de culture attelée de la zone. Puis trois agents spécialisés — formateurs forgerons - o n t été re cruté s par la C M D T (Compagnie malienne de développement des te x tile s ) p o u r la fo r m a tio n aux nouvelles techniques, la mise en place des équipements d'atelier de forge et la formation à leur utilisation. Leur effectif est passé de 11 en 1 979 à 22 en 1 990 (tableau 3).

Les différents degrés d'équipem ent des forgerons sont les suivants :

- 1 : équipement léger (matériel de forge) ; - 2 : é q u ip e m e n t léger et s o u d u re oxyacétylénique ;

- 3 : niveau 2 plus é q u ip e m e n t lourd c o m p re n a n t un g ro u p e é le c tro g è n e , un poste de soudage à l'arc et un moulin en option.

Certains artisans se sont spécialisés dans la ré p a ra tio n des u n ité s de c u ltu re motorisée (dépannage des moteurs diesel et des tracteurs). Les formateurs forgerons ont eu pour mission de dynam iser les associations de forgerons créées à partir de 1 9 7 6 . A u jo u r d 'h u i, le réseau est composé de 240 forgerons opérationnels, organisés en associations régionales, re groupées en une fé d é ra tio n . Cette o rganisation répond aux besoins d'un marché de proximité.

Le forgeron « modernisé » travaille dans un atelier amélioré correspondant au pre­ mier degré d'équipement. Un tiers d'entre eux possède l'équipement lourd de type 3 ;

80 % ont acquis un m o u lin à céréales, procurant des revenus complémentaires.

L 'in tr o d u c tio n des é q u ip e m e n ts de soudure a permis aux forgerons de réparer des matériels agricoles à traction bovine et asinienne et de démarrer la fabrication de matériels complets.

Bien que d iffic ile m e n t ch iffra b le , leur place est très importante dans la fourniture de matériel. En 1980-1981, les deux tiers du réseau a r r iv a ie n t à ré p o n d re à la demande en charrues neuves et, pour p a rtie , en m u ltic u lte u r s , s o it 2 500 équipements. Les 240 artisans devaient être capables de produire 4 000 unités, s o it la d e m a n d e a n n u e lle m a x im a le e n re g is tré e en m u ltic u lt e u r s et en charrues par l'opération cotonnière.

L'évolution depuis le début des années 80

C e p e n d a n t, le p o u v o ir d 'a c h a t des a g ric u lte u rs a baissé à p a r tir de la ca m p a g n e 1 9 8 2 -1 9 8 3 , ré d u is a n t les achats de matériel. La production totale du réseau n'a pas dépassé 1 500 matériels en 1 9 8 4 -1 9 8 5 , se tra d u is a n t par une régression des revenus des forgerons. Face à ces difficultés, conjuguées à celles de la

SMECMA, la CMDT a valorisé le réseau de forgerons pour produire la plus grande partie du matériel agricole de traction a n im a le d e s tin é aux paysans de la zo n e sud du M a li avec l'a p p u i de la coopération néerlandaise, à partir de kits, fortem ent subventionnés, importés des Pays-Bas (tableau 4). Des gabarits de m o n ta g e , mis à la d is p o s itio n des forgerons, o n t perm is d 'a u g m e n te r la valeur ajoutée locale sur le montage et l'assemblage des kits importés, un atelier de découpe et de perçage a été créé en 1990 à Koutiala.

Le rôle du réseau forgerons

L 'ensem ble des forgerons fo u rn isse n t environ 80 % des besoins des paysans de la zo n e M a li-S u d en ch a rru e s et m ulticulteurs. Leurs matériels sont des co p ie s p lu s ou m o in s c o n fo rm e s des matériels importés et de ceux fabriqués par la SMECMA. Ils sont plus légers et moins fiables que les modèles originaux, mais aussi moins chers. Ils correspondent à une demande des agriculteurs. Le chiffre d'affaires d 'u n atelier de forge se situe aujourd'hui dans une fourchette de 6 à 30 m illio n s de fra n c s CFA par an (DERLON, 1996).

Tableau 3. Effectifs en matériel agricole et en bœufs de trait (en utilisés en zone Mali-Sud (source : GUEGUEN, 1993).

milliers d'unités),

Années Charrues Multiculteurs Houes Herses Semoirs Charrettes Bœufs

1970 20 2 8

1975 34 15 3 1 14

1980 52 33 3 1 10 25 164

1985 64 44 4 2 22 33 170

1990 130 65 5 2 40 48 268

Tableau 4. Programme de fabrication en (GUEGUEN, 1993).

matériel de traction animale des forgerons de la CMDT entre 1985 et 1990

Périodes Charrue Rumpstadt Charrue Sandy III Multiculteur Houe asinienne Semoir Rumpstadt Charrette Total 1985-1986 1 000 0 1 500 0 0 0 2 500 1986-1987 0 2 200 4 200 0 4 500 0 10 900 1987-1988 0 2 700 1 000 100 5 000 1 000 9 800 1988-1989 0 0 260 0 1 350 2 465 4 075 1989-1990 0 0 0 0 0 1 400 1 400 Total 1 000 4 900 6 960 100 10 850 4 865 28 675

A griculture et développem ent ■ n° 11 - Septembre 1996

Jeux de filières, autres outils de fabrication artisanale, Guinée

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une formation par l'expérience et la p ra tiq u e d 'a p p r e n t is et d 'o u v r ie r s s p é c ia lis é s q u i m a n q u a i e n t c r u e l l e m e n t . D a n s ces r é s e a u x , s e u le m e n t une p a rtie des artisans fabrique des matériels agricoles. Ils sont le plus souvent situés dans les c e n t r e s u r b a i n s et d a n s les gros villages. Les plus dynamiques diver­ sifient leurs activités : maintenance e t f a b r i c a t i o n des m o u l i n s , des p o m p e s ; e n t r e t i e n des c y c l o ­ m o t e u r s , e tc . En s 'a s s o c ia n t , ils peu ven t fa b riq u e r des matériels en p e t i t e s é rie p o u r le c o m p t e de s o c ié t é s ou d 'o r g a n i s m e s , à c o n d it io n de résoudre le p ro b lè m e d 'a p p r o v i s i o n n e m e n t en m a tiè re p re m iè re et de s'o rg a n is e r p o u r la vente aux agriculteurs.

Les a rtis a n s du fer a p p o r t e n t une b o n n e r é p o n s e a u x n é c e s s ité s locales, mais il reste difficile d'o rga­ n is e r le u rs c o m p é t e n c e s p o u r l'ensemble des besoins.

L'importance

des réseaux d'artisans

L'im portance de la pro du ction et le marché correspondant à ces réseaux d'artisans sont peu connus et extrê­ mement variables selon les pays. P o u r les m a t é r ie l s en s e r v i c e , la fa b ric a tio n artisanale représente à peu près les d e u x t i e r s des c h a rre tte s au B u r k in a , au M a l i et

au Sénégal, 50 % des souleveuses d ' a r a c h i d e a d a p ta b le s sur m u l t i - culteurs au Sénégal, moins de 10 % des charrues au Burkina, au M a li et en G u in é e et q u e lq u e s m illie r s de multiculteurs et de houes au M ali. En c o m p a r a i s o n des u n it é s industrielles, les réseaux d'artisans présentent l'avantage d 'u n e grande capacité d'adaptation. La qualité des matériels est d 'o r d in a ir e inférie ure aux produits importés — lorsque ces derniers sont d'origine garantie — et parfois com parable à la pro du ction des u s in e s l o c a l e s , lo r s q u e les forgerons disposent de matériaux de bonne qualité. Les prix varient entre 4 0 et 9 0 % du p r ix des m a té r ie ls importés. Ils résultent généralement d 'u n e n é g o c ia t io n au cas par cas entre l'artisan et son client. Le prix de re v ie n t et le service rendu ne sont pas évalués par les artisans.

Les f a b r i c a t i o n s lo c a l e s s o n t a c tu e lle m e n t en p le in essor mais sont aussi confrontées à de graves difficultés :

- l'im p o s s ib ilit é de fa b ric a tio n en série importante ;

- une absence de standardisation ; - des z o n e s d ' i n t e r v e n t i o n t r o p réduites ;

- un approvisionnement en matières premières problématique, marginal, donc coûteux et pas plus avantageux avec les regroupements ;

- un accès au crédit très limité.

Charrue 8", fabrication entièrement artisanale, Mali.

Cliché M . Havard

Par conséquent, les unités locales ne p e u v e n t pas s o u m is s io n n e r à des a p p e ls d ' o f f r e s et h o n o r e r des commandes importantes.

Une nécessité :

organiser le secteur

In fluer sur les procédures des m ar­ chés d'équipements est extrêmement d if f i c il e , p a r t i c u l i è r e m e n t dans le c o nte xte actuel de désengagement des Etats et de réduction du nombre de proje ts de d é v e lo p p e m e n t a g ri­ cole intégré. Néanmoins, les actions d 'a c c o m p a g n e m e n t et de s e n s ib i­ lis a t io n s o n t in d is p e n s a b le s p o u r c o n s o lid e r les a c q u is et p erm ettre aux différents acteurs de trouver leur place.

Contrôle de l'offre et

amélioration de la qualité

Un m e ille u r c o n tr ô le de la q u a lité des matériels est indispensable, ainsi qu'une prise en compte effective des besoins des producteurs. L'ouverture au m arché in te rn a tio n a l s tim ule la concurrence, donc joue sur l'e ffica­ c i t é des e n tr e p r is e s et l ' a c c r o i s ­ s e m e nt des c o m p é te n c e s locales. Cette ouverture a aussi des inconvé­ nients : introduction d'u n trop grand nombre de marques, création tem po­ raire de sociétés qui n'assurent pas la fourniture des pièces détachées. Les Etats doivent être vigilants et disposer du c o n tr ô le et du suivi des p ro c é ­ dures d'importation.

Rationaliser

les procédures com m erciales

Pour to ute c o m m a n d e im p orta nte, un c a h ie r des charges d o it d é c rire l ' o u t i l c o m m a n d é et d é f i n i r avec exactitude les normes d'a cie r ou les équivalents, correspondant au degré de qualité recherché. En 1994 et en 1995, le départem ent des systèmes a g r o - a l i m e n t a i r e s et r u r a u x du C IR A D (CIRAD-SAR) a p a r tic ip é à l'élaboration de cahiers des charges p o u r des co m m an de s de m atérie ls agricoles en R é p u b liq u e c e n tr a f ri­ caine et à Madagascar.

(8)

En corollaire à une com m ande bien faite, les lots importants de matériels devraient être soumis à un contrôle de qualité (homologation) réalisé par un c e n tr e s p é c ia lis é , n a t io n a l ou international. Au Sénégal, le Centre n a t io n a l de la re c h e r c h e a g r o n o ­ m iq ue de Bambey a testé des maté­ riels proposés en vue de leur h om o ­ logation par le programme agricole dans les années 70. Le CIRAD-SAR réalise ce type d 'h o m o lo g a tio n à la demande des bailleurs de fonds. Pour un acheteur, situé loin des lieux de fa b ric a tio n , il n'est pas possible de contrôler, avant expédition, un lot de pièces ou d 'é q u ip e m e n t s . A la réception, les refus de pièces par le destinataire — soit à cause du délai non respecté, soit pour non c o n fo r­ mité — sont préjudiciables aux trois p a r tie s : f o u r n i s s e u r , o r g a n is m e r é c e p tio n n a ir e et s u rto u t paysans. C e rta in s o rg a n is m e s p e u v e n t être habilités à vérifier, avant expédition, la c o n f o r m it é de la c o m m a n d e en lie u et p la c e de l'a c h e te u r et à sa d e m a n d e , t a n t en q u a n t i t é q u 'e n qualité des composants (agréage). En 1983, le Centre d'études et d 'e x p é ­ rimentation du matériel agricole tro­ pical (CEEMAT, France) a vérifié, à la d e m a n d e de la Banque m o n d ia le , du matériel agricole français destiné à l'Egypte.

Utilisation

d e composants standard

Les i n d u s t r i e l s c o n s t r u c t e u r s o n t r a t i o n a l i s é le u rs p r o d u c t i o n s en d i m i n u a n t le n o m b r e de c o m p o ­ sants, en simplifia nt les formes et en les m o d if ia n t en f o n c t io n de leurs m o y e n s et en u t i li s a n t les m êm es pièces sur d ifférents matérie ls. Les matériels produits par la SISMAR au Sénégal sont relativement standardi­ sés : les mêmes corps de charrues, dents de sarclage, corps b utteu r et souleveuse se montent sur des multi- culteurs différents (Sine et Ariana). M a is c e t i n t é r ê t é c o n o m i q u e de s t a n d a r d i s a t i o n ne r é p o n d pas f o r c é m e n t aux besoins v a riés des situations rencontrées.

En A f r iq u e sub-sah arien ne f r a n c o ­ phone, 4 modèles de charrue, mais seulement 2 types de corps, 3 types de m u ltic u lte u r, 3 houes légères et un s e m o ir d o m i n e n t le m a r c h é (tableau 5). Cependant, un construc­ te ur ne peut pas fa b riq u e r d'autres m atériels aux ca ra ctéristiqu es v o i ­ sines si le v o lu m e de p r o d u c t io n , pour chaque type, n'est pas justifié et si un seul des modèles peut satisfaire le plus grand nom bre d'utilisateurs. La standardisation des composants co nd uit à une baisse importante des coûts de fa b r ic a tio n et de m a in te ­ n a n c e ( d i m i n u t i o n du n o m b r e de r é f é r e n c e s et a u g m e n t a t i o n des séries) ; elle ne d o it pas cependant nuire à l'efficacité du matériel ni à sa f i a b i l it é . L 'a rtis a n a t a par a ille u rs l'a v a n t a g e de p o u v o i r d iv e r s i f i e r et a d a p t e r les m a t é r ie l s à des conditions spécifiques d 'e m ploi.

Soutenir les réseaux d'artisans

Dans la majorité des pays, la mise en p lace d 'u n tissu s e m i-in d u s tr ie l et artisanal est récente. Les initiatives d o i v e n t ê tre e n c o u r a g é e s : a l l è ­ g e m e n ts f i s c a u x , r é g u l a r i t é des approvisionnements en énergie et en matière première, étude des possibi­ lités de j o i n t venture avec des entre­ prises des pays industrialisés, etc. Les a rtis a ns d e v r a i e n t être m ie u x associés aux programmes de crédits d 'é q u ip e m e n ts a g ric o le s . En effet, jusq u'à présent, ils peuvent bénéfi­ cier de crédits d'investissement pour équiper leurs ateliers et, par ailleurs, les paysans o b tie n n e n t des crédits d ' é q u i p e m e n t q u i ne s o n t pas employés pour acheter des matériels a u x a rtis a n s . Il est n é c e s s a ire de trouver des solutions permettant aux artisans d'a ccéd er aux marchés des matériels agricoles achetés à crédit.

Tableau 5. Les marques et les modèles de matériels agricoles les plus utilisés en Afrique francophone sub-saharienne.

Matériel Fabricants* Modèles, capacité

Pays

Charrues Bourguignon (France) BP 4-9" Burkina, Bénin, Tchad, Togo

(figure 3) CNEA, APICOMA BP 4-9" Burkina

SISMAR CFOOP-10" Sénégal

SMECMA TM-10" Mali

SIMAT BP4 Tchad

TROPIC T34-10" Cameroun, Tchad, République centrafricaine

Multiculteurs SISMAR, SMECMA Siné Sénégal, Mali, Guinée, Niger

(figure 4) SISMAR, ABI Arara Sénégal, Niger, Côte d'ivoire CNEA, APICOMA Triangle Burkina, Bénin, Togo

Houes SISMAR Occidentale Sénégal, Mali, Niger

(figure 5) EBRA (France) Mininuba Tchad

CNEA Manga Burkina

Semoirs SISMAR, SMECMA Super éco Sénégal, Mali, Burkina, Niger

(figure 6)

Charrettes SISMAR, SMECMA, 0,5 et 1 T, roues Sénégal, Mali, Côte d'ivoire, CNEA, APICOMA, à pneumatiques Burkina, Togo, Bénin UPROMA, TROPIC, 1 T, roues Tchad, Cameroun, SIMAT métalliques République centrafricaine

* Les fabricants :

ABI : Abidjan industries, Côte d'ivoire

CNEA : Centre national d'équipement agricole, Burkina

APICOMA : Atelier pilote de construction de matériel agricole, Burkina COBEMAG : Coopérative béninoise de matériel agricole, Bénin

SMECMA : Société malienne d'étude et de construction de matériel agricole, Mali SISMAR : Société industrielle sahélienne de mécanique, de matériels agricoles et de représentation, Sénégal

SIMAT : Société industrielle de matériels agricoles du Tchad, Tchad TROPIC : (devenue SCDM) Société camerounaise de métallurgie, Cameroun UPROMA : Unité de production de matériels agricoles, Togo

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de semoir le plus utilisé.

Figure 4. Représentation schématique de deux multiculteurs avec leurs équipements.

Figure 5. Représentation schématique de trois houes.

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Mécanisation au Sénégal et politique agricole

L'implication de la recherche

agronomique

Dans les années 60, les tractions équine et asinienne utilisaient des unités légères, correspondant à la force de traction d'un cheval. Ayant un v if succès auprès des c u ltiv a te u rs , e lles é ta ie n t composées de semoirs, de houes monorangs et de charrettes. Des unités à bœufs (ou vaches) avaient été mises au point (polyculteurs, multiculteurs), de nombreuses recherches ont, par la suite, contribué à améliorer les techniques d'élevage.

Une politique agricole volontariste

L 'E ta t m it en p la c e le « P ro g ra m m e agricole », destiné à approvisionner en facteurs de production des coopératives re g ro u p a n t de fa ç o n e x h a u s tiv e la population agricole. Le crédit reposait sur les p rin c ip e s de c a u tio n s o lid a ire des ad h é re n ts et le c o n tr ô le p u b lic de la c o m m e rc ia lis a tio n de l'a ra c h id e ; les subventions représentaient jusqu'à 50 %

du prix des matériels, généralement pour des équipements de traction bovine et de tr a v a il du s o l. Le fin a n c e m e n t des équipements était réalisé par une banque p u b liq u e , la B anque n a tio n a le de développement du Sénégal, au moyen de crédits à court et moyen termes (2 puis 5 annuités) aux coopératives.

La fabrication des matériels était confiée à la SISCOMA. Son m onopole fut assorti d 'u n c o n tr ô le des p rix par l'E ta t. L 'e n c a d re m e n t des p ro d u c te u rs é ta it assuré par des o rg a n is m e s et des structures étatiques, telle que la SODEVA (S o cié té de d é v e lo p p e m e n t et de v u lg a ris a tio n a g ric o le ) dans le bassin arachidier. La réalisation du programme a g ric o le et la c o m m e r c ia lis a tio n des arachides étaient rélayées par diverses s tru c tu re s , d o n t l'O N C A D (O ffic e national pour la coopération et l'aide au développement, Sénégal). Une normalisa­ tion des équipements était prévue (tableau 6) pour traction équine ou bovine.

Tableau 6. Exemples de normes d'équipement pour le Centre-Nord du Sénégal (bassin arachidier) (source : Centre national de la recherche agronomique, Bambey, Sénégal, 1965).

Hypothèses Assolement

Techniques

Prise en compte de la surface en arachide pour déterminer la capacité de semis Prise en compte de toutes les cultures pour déterminer la capacité de sarclage

moitié arachide, moitié mil semis du mil en sec semis d'arachide sur les premières pluies (3 jours possibles)

Normes Chaîne asinienne, 1 âne 2 ha d'arachide,

3 ha toutes cultures Chaîne équine, 1 cheval 3 ha d'arachide,

4 ha toutes cultures Chaîne bovine légère, 2,5 ha d'arachide, 1 paire de bœufs 4 ha toutes cultures Chaîne bovine lourde 4,5 ha d'arachide,

6 à 8 ha toutes cultures

Equipement proposé

éventuellement,

Chaîne asinienne

Chaîne bovine légère

1 houe occidentale, 1 semoir super-éco, 1 souleveuse 1 charrette asinienne 1 houe siné, 1 semoir super-éco, 1 souleveuse, 1 charrue, 1 charrette bovine

La vulgarisation agricole effectuée par la S O D E V A c o u v r a it de no m b re u se s techniques — tra c tio n bovine, variétés sélectionnées, triage et tra ite m e n t des semences, labours dans les régions à plus de 6 0 0 m illim è tre s de p ré c ip ita tio n s annuelles...— et des thèmes plus larges comm e la valorisation du potentiel des sols cultivés, impliquant la généralisation de la tr a c tio n b o v in e et du m a té rie l adapté.

Des efforts de modernisation probants

Le programme agricole a eu un impact important sur le développement du parc d 'é q u ip e m e n ts et sur la perce p tio n de l 'im p o r t a n c e de la m é c a n is a tio n à tra c tio n anim ale. Ensuite, les paysans, avec des moyens réduits, et avec l'appui des artisans, ont maintenu leur potentiel mécanisé. Les programmes de formation et d'équipement des artisans ont facilité leur a p p re n tis s a g e p o u r la ré p a ra tio n et l'entretien des matériels.

Ce program m e a g rico le a eu aussi des effets défavorables, à cause de l'adoption d'un modèle unique de développement. L 'a ju s te m e n t aux p o s s ib ilité s des e x p lo ita tio n s n 'a pas été p o ssib le (n o ta m m e n t en m a tiè re de c ré d it, de formation et de maintenance...) en raison de la charge financière de l'Etat (aides, s u b v e n tio n s à la S IS CO M A , à la SOD EVA, à l'O N C A D ) . Ce système a c o n d u it à un fo r t e n d e tte m e n t des c o o p é ra tiv e s et à un a rrê t de cette politique volontariste dans les années 80.

Vers des projets de moindre envergure

Depuis le début des années 80, quelques projets ont pris le relais pour des volumes limités, moins de 3 000 matériels par an entre 1980 et 1995 — entre 1960 et 1980, les placements annuels étaient supérieurs à 40 000 unités. Les tentatives de la caisse nationale de crédit agricole sénégalaise, depuis 1984, n'ont permis de financer que quelques centaines d'équipements hors projets. Pendant cette même période, les artisans o n t fo u rn i un im portant travail d'entretien pour maintenir en service les matériels diffusés pendant le programme agricole. La fabrication artisanale a été limitée. Elle a surtout concerné les corps souleveurs d'arachide (plusieurs milliers d'unités) et les charrettes, mais peu les matériels aratoires.

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Atelier traditionnel de forge, région de Mokolo, Nord-Cameroun. Cliché G. Le Thiec

L ' a c q u i s i t i o n e t la q u a l i t é des m a t iè r e s p r e m i è r e s s o n t les co n tra in te s m ajeures des artisans. U n c e rta in n o m b re d 'e x p é rie n c e s ont déjà été tentées, en particulier la création de centrales d'achat, mais peu se p o u r s u iv e n t . Les a rtis a ns n 'o b tie n n e n t pas de réductions de prix significatives. L'association des in d u s t r i e s l o c a l e s a v e c des g r o u p e m e n t s d 'a r t i s a n s est une s o lu tio n fr é q u e m m e n t envisagée, m ais r a r e m e n t c o n c r é t i s é e p o u r deux raisons :

- la réticence des industriels à aider les artisans considérés c o m m e des c o n c u r r e n t s , e t n o n c o m m e un m a i l l o n c o m p l é m e n t a i r e ( r e p r é ­ s e n t a t i o n l o c a l e , m o n t a g e de certains matériels, sous-traitance...) ; - le m a n q u e d ' o r g a n i s a t i o n des artisans pour défendre leurs intérêts. Des expériences de sous-traitance à l ' a r t i s a n a t o n t d é jà été m is e s en œ uvre à l'in itia tiv e de projets et de sociétés de développement agricole. Dans les années 80, la SMECMA au M a l i a s o u s - t r a i t é la f a b r i c a t i o n des régulateurs et des a nn ea ux de c h a rru e s à des artisans. En 1 9 9 4 -1 9 9 5 , la C o m p a g n ie fr a n ç a is e de d é v e l o p p e m e n t des t e x t i l e s en Guinée a comm andé des essieux de charrettes au M a li q u 'e lle a ensuite remis à des ateliers loca ux p ou r la f a b r i c a t i o n du p la te a u (B O R D E T

e t al., 1996).

La m o d e rn is a tio n des ateliers et la f o r m a t i o n t e c h n i q u e des artisa ns ruraux o nt fait l'objet de nombreuses expériences et de projets d ont l 'i m ­

p a c t est i m p o r t a n t , m a is e n c o r e insuffisant. La croissance de n o m ­ breux ateliers, dont les responsables o n t acquis des compétences recon­ nues en m écanisation a gricole, est limitée par des problèmes de gestion ( é la b o r a t io n de d e v is , s u iv i de la clientèle...).

Formaliser la demande

en matériels agricoles

A c t u e lle m e n t , la p lu p a r t des p r o ­ grammes d'équipements sont arrêtés, de nombreux matériels sont mal uti­ lisés et peu de nouvelles structures s'im pliquent dans la distribution aux p ro du c teu rs (lo gis tiq ue et fin a n c e ­ ment). L'organisation des paysans est indispensable car ils doivent prouver leur c apacité à gérer des p ro g ra m ­ mes d 'é q u ip e m e n t s et à f o r m u le r des demandes précises en matériels agricoles.

Le rôle des organisations

paysannes

En l'a b s e n c e de s tructures p ro fe s ­ sionnelles agricoles ou de d é v e lo p ­ p e m e n t , d e u x h a n d i c a p s f o n t obstacle à la distribution directe des m a té rie ls : l'a b s e n c e de garan ties d'u n paysan isolé et le peu d'intérêt des organismes bancaires à la ges­ tion de dossiers de montants faibles (moins de 2 000 FF).

Des organisations paysannes se met­ tent en place un peu partout. Toutes les charges liées aux a p p r o v is io n ­

n e m e n ts en in t r a n t s , a u p a r a v a n t financés par les anciennes structures (projets de dévelo pp em e nt, o rg a n i­ s a t io n s n o n g o u v e r n e m e n t a l e s ) sont transférées vers ces nou velles structures, excep té dans les zones c o t o n n i è r e s . Elles d o i v e n t aussi c a u t i o n n e r les c r é d i t s d ' é q u i ­ pement. L'organisation paysanne est d o n c , de fa it, le seul in te r lo c u te u r crédible d'u n établissement bancaire classique.

Dans un avenir proche, ces org an i­ sations seront p ro b a b le m e n t i m p l i ­ quées dans l'a p p ro v is io n n e m e n t en matériels agricoles. La form ation des responsables aux différentes tâches de gestion et l'accompagnement des o r g a n is a t i o n s d an s l e u r m is e en œuvre deviennent donc prioritaires.

Préciser les besoins

d'équ ip em en t

Eva lua nt leu r prise de risq ue face à un nouvel achat, les paysans c h o i­ sissent en fo nc tio n de leurs propres critères, selon leurs objectifs et leurs connaissances. Par manque d 'in f o r ­ mations et de références techniques, c e c h o i x n 'e s t pas t o u j o u r s le plus opportun. Couramment, la pré­ férence est accordée à du matériel léger, prévu p o u r un seul usage et peu c o û t e u x , au d é t r i m e n t de la ro b u s te s s e et de la p o l y v a l e n c e . D iv e r s e s r a is o n s e x p l i q u e n t ces choix :

- la relation directe entre le poids de l'a p p a re il et l'e ffo rt nécessaire au t r a v a i l , c a r ce s o n t s o u v e n t les e n f a n t s et les a d o le s c e n t s q u i travaillent avec les attelages ;

- la ré fé re n c e au m o d è le a n c ie n connu et disponible, même si celui- ci est i m p a r f a i t , d 'o ù une ré e lle difficulté d'inn ove r ;

- la re c h e r c h e de m a té r ie ls bon marché, généralement plus légers et moins robustes ;

- l'exigence faible pour la qualité du trava il, car la tra c tio n a n im a le est s o u v e n t u tilis é e dans un o b j e c t i f d'extensification et non pas d 'in te n ­ sification.

Le m a n q u e d ' e n t r e t i e n des équipements et leur utilisation pour d 'a u t r e s o p é r a t i o n s , q u e c e l l e

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Stockage de charrues Rumpstadt, fabriquées par les forgerons, CMDT, Mali.

C liché R. G ueguen

Charrue BP4, République centrafricaine.

C liché G . Le Thiec

Charrette de construction locale, avec freii roue en bois et herse en bois, Madagascc

C liché G . Herblot

Fabrication d'un semoir, forgerons CMDT, Mali

C liché R. Gueguen

A griculture et développem ent ■ n° 11 - Septembre 1996

Réparation de charrue par des forgerons au Sénégal.

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prévue par leur conception initiale, soulèvent plusieurs questions : - les matériels diffusés sont-ils les m ie u x a da pté s à l'u s a g e q u e les paysans en font ?

- la r e c h e r c h e de n o u v e a u x itinéraires techniques amènera-t-elle à créer d'autres outils ?

- faut-il m o d ifie r la co nce ptio n de certa ins matérie ls en fo n c t io n des capacités de fabrication locale ? - les d e m a n d e s f o r m u l é e s p a r

les p a ysa ns c o r r e s p o n d e n t - e l le s réellement à leurs besoins ?

La m is e en œ u v r e d ' a c t i o n s de r e c h e r c h e - d é v e l o p p e m e n t , m ais aussi de conseils sur la place et le rôle des équipements agricoles dans les e x p l o i t a t i o n s , p e r m e t t r a de résoudre ces questions. Ces 20 der­ nières années, les acquis concernant la traction animale se sont transmis d e p u is la g é n é r a t io n p ré c é d e n te avec une certaine d é p e rd itio n des c o n n a i s s a n c e s , m ê m e d a n s les régions de forte im p lantation. Ceci p énalise l'e m p l o i des attelages et l ' e f f i c a c i t é des t e c h n i q u e s mécanisées et confirm e les besoins de fo rm a tio n des producteurs à la c o n n a i s s a n c e et à l ' e m p l o i des matériels agricoles (DUGUE, 1993).

Conclusion

Les marchés liés aux projets de déve­ l o p p e m e n t o n t eu des i m p a c t s im p o rta n ts en te rm es q u a n tita tifs . M a i n t s p r o je t s o n t e n t r e p r i s la modernisation des unités artisanales a v e c l ' o b j e c t i f , d a n s un p r e m i e r t e m p s , d 'a s s u r e r e n t i è r e m e n t la maintenance des matériels, puis de fabriquer certains équipements. Ces opérations ont te chniquem ent assez bien réussi dans quelques pays où les artisans sont reconnus très habiles (B u rk ina , M a li, Sénégal). La f a b r i ­ c a tio n de m atérie ls c o m p le ts reste fo n d a m e n ta le m e n t t r ib u ta ir e de la disponibilité des matières premières de qualité. M a is les é c h e c s des u n it é s i n d u s t r i e l l e s et les c o û ts é le v é s des p r o g r a m m e s d ' é q u i p e m e n t se s o n t t r a d u i t s p a r u n e baisse des f i n a n c e m e n t s p o u r le d é v e l o p p e m e n t de la t r a c t i o n a n im a le , e x c e p té dans les z o ne s c o t o n n i è r e s . Les p r o g r a m m e s d ' é q u i p e m e n t s o n t m o n t r é de nombreuses imperfections :

- une attention soutenue accordée au f o n c t io n n e m e n t des structures m is e s en p la c e , p l u t ô t q u ' à la satisfaction des besoins du paysan ; - une absence de volonté d'associer

les réseaux de forgerons, pourta nt présents et relativement compétents ; - p o u r la c o l l e c t i v i t é , un c o û t

i m p o r t a n t des s u b v e n t i o n s , des aides aux entreprises, de matériels v e nd us et non utilisés, de créd its non remboursés ;

- la création d'unités industrielles, non re n ta b le s ni r e p r o d u c t i b l e s , o r i e n t é e s e n t i è r e m e n t v e rs la fabrication des matériels de culture attelée ;

- l'absence de relais avec le milieu rural, notamment la com m unication entre l'utilisateur et le fabricant. A in s i, certains o b je c tifs d e v ra ie n t être respectés dans les futurs projets : - si, sur le plan national ou dans le cas des grands projets, l'im portation est j u s t i f i é e , la f o u r n i t u r e de m a r c h é s p lu s m o d e s te s d e v r a i t concerner les petites entreprises et les forgerons locaux ;

- favoriser l'émergence de petites et m o y e n n e s e n t r e p r is e s (PME) de fabrication s'intégrant au tissu social ; - é q u ilib r e r fa b ric a tio n artisanale, f a b r i c a t i o n in d u s t r i e l l e lo c a le et im p o rta tio n par les p o litiq u e s des Etats et des projets ;

- permettre l'accès des artisans et des petites et moyennes entreprises à la formation, au crédit, au conseil de gestion et à l'approvisionnement en matières premières ;

- m e ttre en œ u v r e des systèmes fiscaux et douaniers fa vorisant les fabrications et l'investissement local ; - échanger les inform a tion s (maté­ riels et savoir-faire), entre les zones de production et les régions d'utilisa­ t i o n d 'é q u i p e m e n t s de t r a c t i o n animale.

La formation, l'information et la sen­ sibilisation sont nécessaires à tous les niveaux : paysans, conseillers agri­ coles, écoles d 'a g ric u ltu re , centres

de fo rm a tio n , artisans et décideurs au sein des gro up em en ts. Dans ce d o m a in e , il s 'a g it s u rto u t de fa ire connaître les possibilités d'utilisation des m a té rie ls d iv e rs , les résultats d ' e x p é r i m e n t a t i o n s , les a m é l i o ­ ra tio n s a p p o rté e s a ux te c h n iq u e s et aux matériels.

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Résumé... Abstract... Resumen

G. LE THIEC, M. HAVARD — Les enjeux du marché

des matériels agricoles pour la traction animale en Afrique de l'Ouest.

Depuis 1960, en Afrique francophone subsaharienne, les agriculteurs se sont équipés en m atériel de traction animale par l'intermédiaire de sociétés de développement a g rico le dans le cadre d 'im p o rta n ts p ro g ra m m e s subventionnés. Ces sociétés ont diffusé des matériels choisis par elles, d'abord importés, ensuite fabriqués par les industries locales généralement créées et gérées par l'E ta t. Elles o n t assuré les com m andes, les préfinancements, la distribution et la gestion du crédit. Les artisans forgerons n'ont pas été associés à ces projets. Toutefois, ils ont vendu des instruments traditionnels manuels, des reproductions de matériel de culture attelée et des pièces détachées, représentant un potentiel de fabrication im portant. Ces programmes d'équipement, coûteux pour les différents pays, ont permis une forte diffusion de la traction animale en zones arachidières et c o to n n iè re s . Depuis 15 ans, les p ro g ra m m e s d 'a ju s te m e n ts s tru c tu re ls a gricole s en v ig u e u r se traduisent par le désengagement des Etats. Il en résulte un ralentissem ent, voire un arrêt, de la diffusion de matériel agricole. Aujourd'hui, seuls quelques projets et des organisations non gouvernementales assurent encore ce rôle dans leurs zones d'intervention. Des tentatives de regroupement d'artisans se traduisent par une certaine am élioration des structures locales et a pportent une réponse aux besoins de p ro xim ité. Cependant, il est encore nécessaire de préciser les besoins des agriculteurs, de contrôler les approvisionnements, de standardiser si possible les composants du matériel et de soutenir les réseaux d'artisans._________________________ Mots-clés : tra c tio n a nim ale , é q u ipe m e n t agricole, im portation, fabrication de m atériel, industrie locale, artisanat, Afrique subsaharienne.

G. LE THIEC, M. HAVARD — The market for Animal Traction Equipment in West Africa.

Since 1960, in French-speaking sub-Saharan Africa, the farmers have procured animal traction equipment, as part o f large grant-supported projects, from a gricultural d e v e lo p m e n t co m panies. These co m panies have distributed material chosen by themselves, which was at first im ported, then m anufactured by local industries generally created and managed by the government. They have taken care of ordering, pre-funding, distribution and the management of credit. The village blacksmiths have not been associated with these projects. However, they have sold traditional manual instruments, reproductions o f material fo r cultivation in harness and spare parts, representing an important manufacture potential. These e q u ip m e n t p rogram m es, which were costly fo r the d ifferent countries, have enabled wide distribution of animal traction in groundnut and cotton growing regions. For 15 ye a rs, the p ro g ra m m e s in fo rc e co ve rin g organisational changes to agriculture have m eant a withdrawal of governments. The result has been a slowing down, or even stopping, of the distribution of agricultural equipment. Today, only a few projects and NGOs continue to perform this function in the regions in which they operate. Attempts at grouping cottage industries have led to a certain improvement in local organisation and have brought a response to local needs. However, it remains necessary to define the needs of the formers, to control su pp lies, to sta n d a rd is e , i f possible, e q u ip m e n t components and to support cottage industry networks. Keywords: anim al trac tion , a g ricu ltu ra l equipm ent, im portation, equipm ent m anufacture, local industry, cottage industry, sub-Sahoran Africa.

G. LE THIEC, M. HAVARD — Los retos del mercado de equipos de tracción animal en Africa occidental. Desde 1960, los agricultores del Africa de habla francesa al sur del Sahara se han equipado con equipos de tracción a n im a l por in te rm e d io de sociedades de desa rrollo a g ric o la en el m arco de im p o rta n te s p ro g ra m a s subvencionados. Dichas sociedades difundieron equipos elegidos por ellas mismas, al principio im portados y, seguidamente, fabricados por las industrias locales, en g e n e ra l creados y a d m in is tra d a s por el Estado, encargándose también de los pedidos, las financiaciones previas, la distribución y la gestión del crédito. Los artesanos herreros no se asociaron a estos proyectos. Sin e m b a rg o , v e n d ie ro n in s tru m e n to s tra d ic io n a le s m an ua les , re p ro d u ccio n e s de e quipos de cu ltiv o enganchando y piezas de recambio, lo que representa un gran pote ncial de fa b rica ció n . Estos pro gram as de e q u ip a m ie n to , costosos para los d ife re n te s países, permitieron una amplia difusión de la tracción animal en zonas cacahueteras y algodoneras. Desde hace 15 años, los programas de ajustes estructurales agrícolas en vigor han dado lugar a la no intervención de los Estados, de lo cual resulta una disminución, e incluso la anulación, de la difusión de equipos agricolas. Hoy, solamente algunos proyectos y organizaciones no gubernamentales asumen aún este papel en sus zonas de intervención. Los intentos de agrupación de artesanos se concretan en cierta mejora de las estructuras locales y aportan una respuesta a las necesidades de proxim idad. Sin embargo, todavía es necesario precisar las necesidades de los agricultores, c o n tro la r los a b a ste cim ie n to s, e s ta n d a riz a r los componentes de los equipos si es possible y respaldar las redes de artesanos.

Palabras cla ve : tra c ció n a n im a l, e q u ipo a gríco la , im portación, fabricación de equipos, industrial local, artesanía, Africa al sur del Sahara.

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