• Aucun résultat trouvé

L'Université du XXIe siècle

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "L'Université du XXIe siècle"

Copied!
10
0
0

Texte intégral

(1)

Chapitre 17

L’université du

XXIe

siècle : en route vers demain

Concernant l’évolution de l’université d’Angers au cours de la dernière décennie, la mise en œuvre de la démarche historique est évidemment plus problématique que pour les périodes antérieures. Les archives ne sont pas toutes disponibles et le recul nécessaire à l’écriture de l’histoire fait défaut. Cependant, il est possible de présenter comment l’université d’Angers a pris des tournants essentiels pour son développement dans le cadre des changements fondamentaux qui ont affecté l’enseignement supérieur. La décennie 2000 voit une succession de réformes importantes qui impliquent une forte pression sur les établissements. L’université d’Angers y répond dans le débat, avec dynamisme, avec la volonté d’équilibrer son développement et de s’intégrer dans une nouvelle géographie de l’enseignement supérieur.

Après six années de baisse des effectifs étudiants et un plancher atteint en 2001-2002, à partir de la rentrée 2002, la tendance est de nouveau à la hausse. Sur la période de quatre années qui court jusqu’en 2006, l’augmentation est de plus 2 000 étudiants alors que le contexte démographique étudiant est plutôt défavorable. Le seuil des 20 000 étudiants est franchi à la rentrée 2010. Sans doute peut-on attribuer cette croissance au renforcement de l’attractivité de l’université dans plusieurs domaines. Elle enregistre une hausse régulière du nombre d’étudiants étrangers accueillis ; sur le plan pédagogique, des enseignements de méthodologie et des tutorats sont mis en place ; de nombreuses licences professionnelles et masters sont reconnus au niveau régional et national ; la labellisation des laboratoires de recherche est en nette progression.

Tableau 17 : effectifs étudiants et personnels (2001-2011)

2001-2002 2003-2004 2007-2008 2010-2011

Nombre d’étudiants 15 539 16 291 17 809 20 192

Nombre d’enseignants-

chercheurs et enseignants* 1005 993 1004 1005

Nombre de personnels

IATOSS* 572 603 692 833

* titulaires et contractuels

1. Au rythme effréné des réformes nationales

Plusieurs grandes réformes touchant l’enseignement supérieur sont lancées sous le quinquennat de Jacques Chirac (2002-2007) qui correspond au mandat d’Alain Barreau élu président de l’université en février 2002 après avoir été vice-président du conseil d’administration. Professeur à l’ISTIA dont il a assuré la direction, il est particulièrement attaché au développement des formations professionnelles. L’un des principaux points de son programme est de poursuivre et de renforcer la politique d’établissement en s’appuyant sur la structuration de services centraux qui a été une préoccupation de tous les présidents

(2)

d’une politique globale. Depuis les années 1970, le curseur a été fixé en fonction de la politique présidentielle, des personnalités des responsables de composantes, de l’évolution du cadre législatif.

La réforme dite LMD (licence-master-doctorat) qui vise à harmoniser les cursus universitaires français avec ceux des pays membres de l’Union Européenne (processus de Bologne) implique un bouleversement de la structuration de l’offre de formation. Celle-ci s’articule désormais autour de quatre grands domaines : Lettres et Langues ; Sciences Humaines et Sociales ; Droit, Économie et Gestion ; Sciences, Technologie et Santé. En 2003, l’université d'Angers demande pour le contrat quadriennal 2004-2007 l’habilitation pour 23 mentions et 7 spécialités de licence ; 35 licences professionnelles sont proposées dont 17 en création. Pour les masters, l’offre de formation comporte 23 mentions et 94 spécialités. Pour les formations qui ne basculent pas dans le schéma LMD, l’université demande le renouvellement des 7 IUP et de 9 autres diplômes et soumet au Ministère un projet d’école d’ingénieurs porté par l’ISTIA. Le basculement dans le système LMD se fait à la rentrée 2004 pour les licences, et à la rentrée 2005 pour les masters.

Le travail fourni par les services administratifs et les enseignants afin de construire cette nouvelle offre de formation s’accompagne de nombreuses interrogations sur l’esprit et les conséquences de la réforme LMD, d’autant que le projet de loi du ministre Luc Ferry sur l’organisation et le fonctionnement des universités vient interférer dans le débat. En mai 2003, le conseil d’administration vote une motion exprimant son opposition au projet de loi sur la modernisation des universités, qui sera finalement suspendu. Des débats internes animés portent sur le mouvement étudiant qui s’oppose à la réforme LMD en y associant la question du montant des frais d’inscription (novembre 2003). Ce mouvement de grève et de blocus – et ceux qui suivront les années suivantes – concerne presque exclusivement l’UFR lettres, langues et sciences humaines même si des étudiants et des enseignants-chercheurs d’autres composantes ou d’autres institutions viennent y participer. L’occupation des locaux est la question la plus délicate à gérer pour des raisons évidentes de sécurité, mais aussi sur un plan plus politique : la préfecture comme le rectorat sont très attentifs à la situation, font passer des messages à la présidence de l’université... Le mouvement de 2003 inaugure une période troublée de plusieurs années avec notamment un mouvement des IATOSS demandant l’annulation de la mise en place à l’université d’Angers du décret « évaluation-notation- avancement » (2004), l’engagement du collectif Sauvons la Recherche (2004-2005) et la forte mobilisation des étudiants contre la loi instituant le CPE (Contrat Première Embauche) en 2006 qui sera retirée (fig. 1).

La mise en place de l’ANR (Agence Nationale pour la Recherche) en tant qu’agence de moyens contractuels pour la recherche dans le cadre d’une loi d’orientation, de programmation et d’innovation sur la recherche entraîne une motion du conseil d’administration (février 2005) qui « juge sa mise en œuvre dangereuse dans ses choix sur la gestion et l’évaluation de la recherche publique française », « l’application de ce texte serait un recul dans la gestion démocratique des universités et un pas de plus dans la remise en cause du service public de la recherche. » Quelques mois plus tard (novembre), l’université organise une demi-journée de réflexion sur l’avant-projet de loi intitulé « Pacte sur la recherche » qui prévoit notamment la création de PRES (Pôles de Recherche et d’Enseignement Supérieur) mais sans en fixer le contenu. Une centaine d’enseignants- chercheurs, IATOSS, représentants du CNRS, de l’INRA, de l’INSERM, de l’INH, du CHU et des collectivités territoriales participe aux débats. Promulguée en 2006, la loi de programme pour la recherche crée également l’AERES (Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supérieur) qui suscite de vives critiques dans les laboratoires notamment en raison de la prééminence des critères bibliométriques retenus pour l’évaluation

(3)

L’adaptation de l’université d’Angers à ces nouveaux cadres se trouve être l’enjeu principal de l’élection de 2007. En février Daniel Martina, enseignant-chercheur en sciences économiques depuis près de trente ans à l’université d’Angers est élu président par le congrès regroupant le conseil d’administration, le conseil scientifique et le CEVU. Il avait auparavant assumé la charge de vice-président du conseil d’administration (2006) et occupé successivement toutes les fonctions d’animation pédagogique et de responsabilité administrative au sein de l’UFR droit, économie et gestion jusqu’à la charge de doyen.

L’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République (mai 2007) et la mise en application rapide de son programme pour l’enseignement supérieur par la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités (dite LRU ou loi Pécresse) promulguée le 10 août impose une nouvelle accélération des réformes.

La loi LRU provoque un mouvement d’opposition dès la rentrée universitaire de la part des étudiants et des universitaires. Des grèves, blocages et perturbations diverses touchent près de la moitié des universités, y compris celle d’Angers, surtout à l’UFR lettres, langues et sciences humaines. Comme lors des mouvements précédents, la gestion en interne est de mise : dialogue avec les représentants étudiants, pas d’intervention extérieure et négociation des conditions de la reprise des enseignements. Les décrets d’application de la loi LRU, surtout ceux portant réforme du statut des enseignants-chercheurs, provoquent d’autres mouvements, d’autant que cette question est concomitante de celles du budget de l’enseignement supérieur, de la mastérisation de la formation des enseignants du secondaire et de la diminution du nombre de postes ouverts aux concours de recrutement (2008 et 2009).

Parallèlement à ces mouvements et quelles que soient leurs positions sur ces mesures, des enseignants-chercheurs, des personnels IATOSS et des élus de l’université préparent la mise en place des réformes afin de ne pas léser les intérêts des étudiants et de placer l’université en capacité de s’intégrer dans la nouvelle architecture de l’enseignement supérieur français.

L’application de la loi LRU implique une modification en profondeur des statuts de l’université d’Angers et de sa gouvernance. La composition du conseil d’administration est réduite à trente membres dont quatorze enseignants-chercheurs (7 professeurs et 7 maîtres de conférences), cinq étudiants, trois personnels IATOSS et huit personnalités extérieures. Au début de l’année 2008, un nouveau conseil d’administration est composé dans cette configuration. Face à la nécessité de négocier au mieux cet important tournant pour l’université d’Angers, les enseignants-chercheurs présentent une liste unique dans chacun des deux collèges. Daniel Martina est confirmé dans ses fonctions de président par le nouveau conseil d’administration en mars 2008.

La loi LRU est liée à la Loi Organique relative aux Lois de Finances (LOLF) qui s’impose dans les ministères à partir de 2006 et est censée devenir un outil d’orientation stratégique des établissements d’enseignement supérieur. La question des moyens alloués aux universités va de pair avec la réforme LRU. Le nouveau mode de calcul d’attribution des moyens aux universités – dit modèle Sympa – s’appuie non seulement sur le nombre d’étudiants et de formations mais également sur les résultats et la performance tant dans les domaines de la formation que de la recherche. Le modèle qui intègre l’efficience des universités est largement favorable à Angers, université reconnue comme sous dotée en postes depuis sa création : en 2009, la dotation de l’État augmente de 25 % pour atteindre plus de 20 millions d’euros (16 millions en 2008). Malheureusement le déficit en personnel n’est pas comblé, cependant la LRU autorise, que ce soit pour l’enseignement, la recherche ou les tâches administratives, le recrutement d’agents contractuels. L’université décide de strictement encadrer cette pratique. Le Comité Technique Paritaire (CTP) institué en 2008 est l’instance privilégiée d’échanges entre l’administration et les représentants du personnel sur les orientations politiques et stratégiques.

(4)

Après un vaste débat organisé au sein de l’institution au cours duquel de réelles inquiétudes s’expriment, l’université choisit d’accéder aux Responsabilités et Compétences Élargies (RCE) prévues par la loi LRU. Elle fait partie de la deuxième vague des universités à passer aux RCE le 1er janvier 2010. Désormais l’université est pleinement autonome et donc décisionnaire dans ses choix de gestion des ressources humaines. Le budget de l’établissement intègre la masse salariale – soit un passage de 20 à 100 millions d’euros – ce qui doit permettre d’en optimiser l’utilisation en s’appuyant sur des méthodes et des outils (GPEEC à partir de 2007, bilan social depuis 2006, comités de sélection) et afin d’opérer des choix de gestion en conformité avec le contrat d’établissement.

Lancé fin 2007 par Valérie Pécresse, le Plan Réussite en Licence (PRL) visant à réduire le taux d’échec en premier cycle universitaire est mis en œuvre à l’université d’Angers à partir de 2009. Toute une série de mesures sont proposées : des journées « M’essayer c’est m’adopter » permettent aux lycéens de découvrir l’université, des tutorats d’accueil et des formations proposés dès la rentrée ainsi que des tests de positionnement (en langues, en techniques rédactionnelles…), la détection et le suivi des étudiants en situation de décrochage (programme Transver’sup du SUIO-IP), l’accompagnement du projet personnel et professionnel (PPP) dans toutes les licences, etc.

La réforme qui prévoit que la dotation des IUT soit désormais attribuée par les universités et non plus directement par l’État est appliquée en 2009 alors que l’IUT d’Angers- Cholet compte 1 700 étudiants et une centaine d’enseignants et d’enseignants-chercheurs. De l’avis de tous les protagonistes, la réforme se passe bien à Angers, ce qui n’est pas le cas dans toutes les universités. La gestion rigoureuse de l’IUT, la volonté de l’université de lui donner les moyens de poursuivre sa mission et le respect mutuel acquis de longue date permettent d’appliquer sereinement la mesure.

La loi LRU et les réformes qui y sont associées renforcent la nécessité d’une identité et d’un projet d’établissement. Après avoir adopté un nouveau logo en 2007 (fig. 2), l’année suivante l’université se dote d’une charte graphique afin de donner à l’ensemble des laboratoires et des composantes une identité visuelle commune. Un nouveau site web portail de l’université est opérationnel en 2011, une page Facebook existe depuis 2010.

2. Un développement équilibré

Les années 2000 permettent à l’université d’Angers d’atteindre la vitesse de croisière d’une université de plein exercice de taille moyenne que ce soit dans son développement immobilier, son offre de formation, la reconnaissance de sa recherche ou l’implantation de l’université dans la cité.

Pendant la décennie, les locaux d’enseignement de la faculté de médecine sont restructurés et la construction de nouveaux amphis de 700, 450 et 200 places est réalisée (fig. 3). Ils permettent d’accompagner l’augmentation du numerus clausus (140 en 2007, 158 en 2008) et la mise en place de la première année commune aux études de santé (PACES) à la rentrée 2010. Concernant la recherche, l’important bâtiment IBS (Institut de Biologie en Santé) est entré en fonction au début de l’année 2011 pour accueillir et développer une recherche transrelationnelle entre l’université et le CHU (fig. 4). S’y trouvent regroupés le plateau de biologie hospitalière (PBH) et l’Institut de Recherche et d’Ingénierie de la Santé (IRIS). Cette opération sera complétée par un nouveau bâtiment destiné à accueillir les recherches travaillant sur le petit animal (dit IRIS 2) inscrit au CPER signé en 2007 qui court jusqu’en 2013. La restructuration de l’IUT, de bâtiments de l’UFR sciences pharmaceutiques et ingénierie de la santé et l’extension de l’ISTIA est également programmée.

(5)

Le programme le plus important depuis l’IBS porte sur la construction d’un Institut du végétal regroupant sur un même site les équipes angevines de recherche sur le végétal et les centres de transfert associés au pôle Végépolys. Cet institut s’intègre dans le projet « campus du végétal » qui regroupe les établissements assurant les formations et la recherche sur le végétal (université, Agrocampus Ouest, INRA, ESA, GEVES, ARES…). Au sein du pôle végétal et environnement, depuis le 1er janvier 2008, un IFR (Institut Fédératif de Recherche) regroupe à Angers les équipes scientifiques de l’INRA, d’Agrocampus Ouest et de l’université d'Angers autour d'une thématique commune : Qualité et Santé du Végétal (IFR QUASAV).

Dans tous les pôles d’excellence de la recherche des progrès notables sont faits dans la labellisation des unités de recherche. L’université compte 4 unités mixtes de recherche avec l’INRA et Agrocampus Ouest appelées à se transformer en TGU (Très Grande Unité de recherche) ; 5 unités mixtes avec l’Inserm et une unité mixte avec l’Inserm et le CNRS, 4 unités mixtes avec le CNRS. Certains laboratoires sont co-habilités avec des universités partenaires du grand Ouest. Par ailleurs 16 unités Équipes d’Accueil (EA) sont reconnues par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche. Le soutien des collectivités locales a permis la construction d’une Maison des sciences humaines (opérationnelle en 2008) regroupant les laboratoires de recherche de l’UFR de lettres, langues et sciences humaines (fig. 5). Le département de géographie ayant rejoint cette composante cette année-là, deux UMR interrégionales en géographie et histoire sont hébergées à la MSH. Le programme pluridisciplinaire structurant qui y est associé a pour but de renforcer la cohérence des recherches menées dans ces disciplines à l’université et leur donner plus de visibilité et de lisibilité.

Sur le plan structurel et institutionnel, la création d’une école d’ingénieurs s’inscrivant dans la poursuite de la politique de professionnalisation a renforcé l’image de l’université.

Paradoxalement, au début des années 2000 Angers est l’une des rares universités françaises à ne pas disposer d’école d’ingénieurs interne alors qu’elle est l’une des plus professionnalisées.

La réforme LMD pousse à reconsidérer les formations et en 2004 un projet d’école d’ingénieurs est déposé. Il suscite des débats internes car un cursus de cinq ans peut impliquer une concurrence pour les formations de l’IUT et de l’UFR sciences. Des passerelles pour les étudiants venant de ces composantes sont mises en place afin de minimiser cet effet. Fort du soutien des collectivités locales et après l’aval des ministères concernés, l’ISTIA – qui a accédé au rang de composante à part entière en 2006 – devient école d’ingénieurs de l’université d’Angers en 2007. Elle a pour objectif de former des ingénieurs aptes à mettre en œuvre les méthodes et des outils permettant d’optimiser la conception, l’élaboration et le fonctionnement des systèmes industriels dans le respect des facteurs humains et environnementaux (fig. 6).

L’ESTHUA, également instituée comme département d’université au début des années 1990, développe de nombreuses formations à Cholet et Saumur. Au début des années 2000, comme beaucoup d’antennes universitaires pluridisciplinaires, celle de Cholet doit trouver sa voie. C’est chose faite sous le mandat d’administrateur de Michel Bonneau (ancien président de l’université) avec la délocalisation de formations de l’ESTHUA, en particulier des licences professionnelles spécifiques : services aériens, animation, mode… (fig. 7) D’autres formations en tourisme et patrimoine s’installent à Saumur au sein du Pôle Universitaire du Saumurois créé à la rentrée 2003 avec l’engagement fort de la municipalité (fig. 8). Le développement des formations de l’IMIS, dans un domaine de formation différent de celles de l’ESTHUA, pousse à une réorganisation de la composante IMIS-ESTHUA qui compte 2 500 étudiants à la fin des années 2000. Elle accède au statut d’UFR en 2010 sous le nom d’UFR ITBS (Ingénierie du Tourisme, des Bâtiments et des Services). En 2011, l’université compte

(6)

donc six UFR, l’école d’ingénieurs ISTIA et l’IUT d’Angers-Cholet avec ses six départements, le dernier en date étant Carrières sociales ouvert à Cholet en 2007.

L’université d’Angers a récemment vu évoluer ses relations avec les facultés libres de l’Ouest dont l’existence à Angers constitue pour elle une donnée très particulière, unique en France même. Au début des années 2000, l’UCO délivre un certain nombre de diplômes d’État en passant une convention avec un établissement public qui détient l’habilitation correspondante. Ainsi, en 1997 le DEUG de psychologie est dispensé sous conventionnement avec l’université d’Angers. Lorsque cette convention n’est pas possible, l’UCO demande un jury rectoral que le recteur nomme dans l’académie où les formations sont mises en place. Il comprend souvent des enseignants-chercheurs de l’université d’Angers. Mais l’expérience montre qu’ils ne peuvent pas jouer véritablement leur rôle parce que bien souvent les modalités sont mal établies. Il leur est difficile de contrôler les enseignements dispensés et les évaluations réalisées. De plus, pour ce qui est des conventions, les facultés libres s’adressent à des universités lointaines. Du point de vue de l’université d’Angers il paraît donc important d’avoir une politique globale, d’où un protocole d’accord rédigé à l’automne 2001 qui consiste à placer l’université d’Angers comme partenaire privilégié de l’UCO pour de nouvelles formations. Mais la mise en place du système LMD bouleverse la donne en rendant obligatoire le conventionnement, d’où une certaine tension entre les deux établissements angevins. En 2005, un accord est trouvé pour intégrer dans l’offre de formation de l’université des formations de l’UCO, comme c’est le cas pour la licence de psychologie depuis 2004. Le débat interne animé qui s’ensuit n’est pas nouveau : les syndicats des enseignants-chercheurs et des IATOSS et d’autres personnels estiment que l’université n’a pas à soutenir la concurrence privée. En revanche, des éléments plaident en faveur d’un accord, surtout en raison du droit de regard sur l’offre de formation de l’UCO que l’université pourrait avoir et le leadership de la politique de site en matière d’enseignement supérieur.

Dès sa création l’université s’est attachée à développer une offre de formation continue largement ouverte aux différents âges de la vie à toutes et à tous. À la fin des années 2000, l’université accueille chaque année environ 4 500 stagiaires inscrits en formation continue – dont près des deux tiers en spécialité santé. Après quelques années passées dans un bâtiment de la rue Rouchy, non loin de la présidence, en 2010 le CUFCO s’installe dans les anciens locaux de la CCI (centre Soulez-Larivière), ce qui lui donne davantage d’espace, mais l’éloigne des trois campus angevins. La consolidation de la formation continue semble devoir être envisagée au niveau régional. Ainsi, pour la première fois en 2011, un panorama complet de l’offre de formation continue des principaux établissements des Pays-de-la-Loire est réalisé.

La politique culturelle de l’université contribue à améliorer la qualité de vie des étudiants tout en constituant une interface privilégiée avec les collectivités locales et leurs habitants. Dès le début des années 2000, les activités culturelles de l’université sont reconnues mais des moyens supplémentaires sont indispensables pour satisfaire des besoins nouveaux. À la rentrée 2005, l’université met en place un service culturel conçu comme outil de développement d’activités avec quatre grandes missions : encourager les pratiques culturelles de l’université, développer le partenariat avec les acteurs de la région, accompagner les initiatives des associations étudiantes, gérer les moyens financiers et humains dont il dispose.

En 2008, des Unités d’Enseignement Libre (UEL) sont créées par le service puis deux diplômes d’université en 2009. En 2010, une direction de la culture ainsi qu’une commission culturelle statutaire sont mises en place afin d’affirmer la culture comme une priorité (fig. 9).

L’espace culturel de l’université situé dans le bâtiment de la présidence est relayé sur le campus de Belle-Beille par des salles dédiées au sein de La Passerelle, la maison des services aux étudiants ouverte en 2010. Cette nouvelle structure permet d’aller à la rencontre des

(7)

étudiants sur le campus le plus fréquenté. Par exemple La Passerelle accueille des répétitions de spectacles, des projections de films organisées par des associations étudiantes.

À partir du milieu des années 1990, la bibliothèque universitaire de Belle-Beille propose régulièrement des expositions et développe des actions culturelles. En 2004, l’université d’Angers acquiert les archives d’Hervé Bazin, mises aux enchères à l’Hôtel Drouot, grâce au concours de la ville d’Angers, du Conseil général et de l’État. En 2008, l’université crée la « Galerie 5 » au sein même de la BU et dédie cet espace à la création contemporaine. Très vite, la grande capacité d’accrochage et l’importance de la fréquentation en font un lieu recherché des artistes (fig. 10). L’agrandissement de la bibliothèque universitaire Saint-Serge permet depuis 2010 d’avoir un autre lieu d’exposition très ouvert en plein cœur de la ville (fig. 11). La valorisation des fonds spécifiques du Service commun de documentation – tel celui du photographe Claude Dityvon – est ainsi facilitée.

Chaque anniversaire commémoré par telle ou telle composante est l’occasion de rappeler le rôle et la place importante de l’université dans la ville. Le bicentenaire de l’École de médecine et de pharmacie d’Angers est célébré en décembre 2007 par un colloque intitulé

« Médecine et hôpitaux en Anjou du Moyen Âge à nos jours », co-organisé par la faculté de médecine et le Centre de recherche historiques de l’Ouest (UMR CERHIO) [Petit, Saint- André] (fig. 12). Cette manifestation est complétée par l’exposition « Deux siècles de médecine en Anjou » réalisée par les Archives départementales de Maine-et-Loire, partenaire privilégié de l’université, notamment dans le cadre de la formation d’archivistique de haut niveau. L’université est par ailleurs partie prenante et partenaire d’acteurs majeurs de la culture comme le festival Premiers Plans, la bibliothèque anglophone d’Angers, la Maison de l’Europe Angers-Maine-et-Loire, l’Institut Confucius des Pays-de-la-Loire d’Angers…

(fig. 13)

Très présente dans la ville, dotée de 166 000 m² de surface bâtie (dont 21 000 supplémentaires en 2010) et troisième employeur dans l’agglomération angevine, l’université se doit de minimiser son empreinte écologique. Les enjeux de déplacements, de gestion des déchets (radioactifs, chimiques, papiers...) ou d’amélioration des performances énergiques supposent en outre la participation des acteurs de l’agglomération. À ce titre, le tramway qui passe au milieu des campus Santé et Saint-Serge à partir de juin 2011 est de nature à diminuer fortement l’empreinte carbone de l’université… en attendant la desserte tant souhaitée et si nécessaire de Belle-Beille…

3. Penser et construire l’université à d’autres échelles

Dès sa création l’université a noué des partenariats internationaux sous des formes variées. Ce mouvement d’ouverture dans les domaines des formations et de la recherche ne s’est jamais démenti et a suivi les évolutions du monde contemporain. Les premières relations bilatérales et les programmes ERASMUS ont accompagné la construction européenne. Les années 1990 et 2000 sont propices au développement de relations avec les pays d’Europe centrale et orientale dans le cadre des programmes TEMPUS destinés à soutenir les processus de transition et de réforme de l’enseignement supérieur en Hongrie, Lituanie, Ukraine... La francophonie et l’émergence de la Chine et de l’Inde engagent des universitaires à tisser des liens qui se transforment parfois en coopérations institutionnalisées. La mobilité des étudiants dans le cadre d’échanges institués (ERASMUS, ISEP, CREPUQ, AUF…) ou en démarche individuelle est devenue le moyen privilégié de découvrir une autre culture, de se préparer au mieux à la vie active. De plus en plus de formations intègrent dans leur programme un stage ou une partie du cursus à l’étranger ; de plus en plus d’étudiants étrangers choisissent l’université d’Angers pour y faire une partie de leurs études.

(8)

Tableau 18 : mobilités étudiantes entrantes et sortantes à l’université d’Angers années Mobilité sortante avec aides

financières* Mobilité entrante**

2005/2006 450 258

2008/2009 602 264

2010/2011 670 315

* Nombre d’étudiants inscrits à l’université d’Angers effectuant un séjour à l’étranger (incluant les stages bénéficiant d’une aide à la mobilité)

** Nombre d’étudiants étrangers en échange (ERASMUS, CREPUQ, ISEP, accords bilatéraux, etc.)

L’université d’Angers s’est engagée fortement à partir de 2007 dans la mise en place de co-diplômations de formations avec des partenaires étrangers. En FLE, en géographie, en psychologie, en tourisme, en chimie et en gestion, des masters sont délivrés en co-diplômation avec des universités du Royaume-Uni, de Grèce, de Roumanie, de Tunisie, d’Indonésie, d’Allemagne, d’Ukraine, de Pologne. L’ISTIA et l’ITBS sont engagés dans des délocalisations de formations au Maroc, en Chine, en Roumanie, au Cameroun. Dans une démarche qualité, à partir de 2010, une charte pour la mise en œuvre de formations françaises à l’étranger a été établie afin d’éviter toute ambiguïté sur le diplôme, le financement, le recrutement des étudiants et des enseignants. Un programme Erasmus Mundus en nanomédecine et innovation pharmaceutique court sur la période 2011-2014. Au niveau du doctorat, l’université encourage les cotutelles avec l’étranger. En 2010, plus de 70 thèses sont ainsi encadrées par des directeurs de recherche d’Angers et d’universités étrangères et chaque année près d’une dizaine de thèses en cotutelle sont soutenues. Un BACE (Bureau d’accueil des chercheurs étrangers) mis en place en 2009 facilite la venue à Angers d’enseignants- chercheurs, de post-doctorants ou de personnels administratifs de recherche étrangers. À l’occasion du bicentenaire de l’École de médecine (2007), une cérémonie de remise de doctorats honoris causa – la troisième depuis la création de l’université – a distingué les professeurs Jean-Marie Fecteau (Histoire, Montréal UQAM), Peter Radermacher (médecine, Ulm) et Gareth Williams (médecine, Bristol) dans le tout nouveau grand amphi Averroès de la faculté de médecine (fig. 14).

L’évolution de l’université française dans les années 1990 témoigne d’une volonté des gouvernements successifs de favoriser l’émergence d’une nouvelle armature aux niveaux régional et national. Ainsi était né le RICO (Réseau Interuniversitaire du Centre Ouest) en 1990. Puis, à l’échelle interrégionale du grand Ouest, les présidents des neuf universités des trois régions Bretagne, Pays-de-la-Loire et Poitou-Charentes se réunissent de façon informelle deux fois par an à partir de 1998. Le but est d’échanger les expériences et de monter certains dossiers ensemble, comme les DEA ou la formation des personnels. La création d’une association institutionnalise ces échanges en 2001 avec le RUOA (Réseau Universitaire de l’Ouest Atlantique), premier réseau de ce type formalisé par des statuts. En 2004, les Presses Universitaires de Rennes (PUR) sont transformées en un SAIC (Service d’Activités Industrielles et Commerciales) commun aux universités de l’Ouest Atlantique, c’est-à-dire celles constituant le RUOA plus l’université François Rabelais de Tours.

Le développement de l’enseignement à distance est également un objectif dont la réalisation passe par une coopération entre universités voisines. L’attention de l’équipe dirigeante de l’université d’Angers à la médiation des recherches scientifiques par les

(9)

en Pays-de-la-Loire (UVPL) créée en 2003 par le Conseil régional, les trois universités de la région et l’IUFM. Ainsi a été financée en 2004 la construction par le STIC du site de Musea (Musée virtuel de l’histoire des femmes et du genre) qui renforce le pôle de recherche sur l’histoire des femmes et du genre développé à Angers en lien avec le CAF.

À partir de 2005, la réflexion et les projections sur la construction de PRES dominent la vie universitaire. Certes le RUOA existe mais il ne concerne que les universités et dans des domaines d’intervention très limités répondant à des opportunités. Par ailleurs, un certain repli régional voire métropolitain se manifeste à propos des PRES. Face à la volonté nantaise d’élaborer une construction métropolitaine stricto sensu, l’université d’Angers et l’université du Maine travaillent à un projet de PRES Anjou-Maine, ce qui rapproche beaucoup les deux institutions. Le dossier nantais n’ayant pas été accepté par l’État, des négociations s’engagent ensuite au niveau régional et aboutissement au décret de création du PRES L’UNAM (L’Université Nantes Angers Le Mans) en décembre 2008. Construit autour de quatre établissements principaux – les trois universités et l’École centrale de Nantes – auxquels s’ajoutent sept autres établissements fondateurs (dont le CHU d’Angers, Agrocampus Ouest et le groupe ESA), le PRES compte en plus dix-huit membres associés (dont l’ENSAM, le centre Paul Papin devenu Institut de Cancérologie de l’Ouest, l’UCO, l’ESSCA et le groupe ESEO). En mars 2009 Daniel Martina est élu premier président du PRES dont le lancement opérationnel se fait en juin. L’UNAM dont le siège est fixé à Nantes compte 76 000 étudiants et 11 000 personnels dont 4 200 enseignants-chercheurs et chercheurs.

L’encadrement et la formation des doctorants est un domaine où les périmètres évoluent notablement dans les années 2000 et ce concomitamment avec la question du PRES.

Créée en 2000, l’École doctorale d’Angers (EDA), monosite et pluridisciplinaire, est le fruit d’une étroite collaboration entre l’université et des partenaires angevins comme l’INRA- centre d’Angers, l’INH… L’EDA est reconduite en 2004 avec un avis du CNESER favorable à la création d’une seconde école doctorale couvrant le champ des sciences humaines, sociales, juridiques et gestion, tout en précisant que ces secteurs auront « plutôt avantage à interagir avec leurs homologues des écoles doctorales les plus adéquates dans les Pays-de-la- Loire ou de l’Ouest. » Est posée ainsi à l’université d’Angers la question du passage d’une école doctorale monosite et pluridisciplinaire à la participation à des écoles de taille régionale ou plus large encore mais recentrées disciplinairement. De même que pour les PRES, après une réflexion poussée sur une organisation entre Le Mans et Angers, un schéma est arrêté à l’échelle régionale entre les trois universités des Pays-de-la-Loire et cinq autres établissements dont Agrocampus Ouest. Neuf écoles doctorales thématiques sont créées en 2008 dont deux sont portées par l’université d’Angers : l’ED SCE (Sociétés, Cultures, Échanges) et l’ED VENAM (Végétal, Environnement, Nutrition, Agroalimentaire, Mer). La coordination des neuf écoles doctorales qui regroupent 2 300 doctorants en 2011 et comptent 300 thèses soutenues par an, relève de L’UNAM. Deux des principales missions du PRES portent en effet sur la formation doctorale en cohérence avec les axes forts de la recherche et l’insertion professionnelle des docteurs. Quant à lui, le Collège doctoral de l’université assure la lisibilité et la visibilité des différentes écoles doctorales sur le site d’Angers, notamment en organisant un Forum annuel des doctorants au cours duquel sont remis les diplômes de doctorat (fig. 15).

De quoi sera fait l’avenir de l’université d’Angers ? En 2010 et 2011, elle a participé à l’élaboration de réponses au plan CAMPUS et aux appels à projets relatifs au « grand emprunt » : IDEX, EQUIPEX, LABEX… Le travail en commun a été réalisé au niveau du PRES L’UNAM et au niveau interrégional avec le PRES UEB (Université Européenne de Bretagne). Face au leadership interrégional du tandem Nantes-Rennes, l’université d’Angers

(10)

affirme sa place et s’insère dans une carte universitaire en recomposition en faisant valoir ses atouts. La réactivité, le dynamisme et l’adaptabilité sont des capacités précieuses qui lui ont permis de connaître un développement considérable durant quarante ans. Demain, comme hier et aujourd’hui, l’université d’Angers saura assurer son destin.

___________________________

Illustrations

- Fig. 1 : Le mouvement anti-CPE à l’université d’Angers. Titre et photographie d’un article du Courrier de l’Ouest, 11 et 12 mars, 2006.

- Fig. 2 : Logos de l’université d’Angers avant et après 2007. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 3 : Les trois nouveaux amphis de la faculté de médecine. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 4 : Institut de Biologie en Santé (IBS), inauguré en 2011. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 5 : Maison des sciences humaines (MSH), inaugurée en 2008. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 6 : Exemple d’interface homme/machine. Université d’Angers, ISTIA.

- Fig. 7 : « Campus mode » au Domaine Universitaire du Choletais, 17 février 2011. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 8 : Maison dite « de la reine de Savoie » abritant le Pôle Universitaire Saumurois (PUS). Wikimédia Commons.

- Fig. 9 : Spectacle « Île des esclaves » par AIDAS, donné à l’espace culturel, 30 mars 2011.

Université d’Angers, direction de la culture.

- Fig. 10 : Exposition « Triptyque », novembre 2008. Université d’Angers, bibliothèque universitaire, Galerie 5.

- Fig. 11 : La bibliothèque universitaire Saint-Serge, 2010. Université d’Angers, bibliothèque universitaire.

- Fig. 12 : Affiche du colloque commémorant le bicentenaire de l’école de médecine, 2007.

Université d’Angers, conception service communication.

- Fig. 13 : Exposition d’œuvres des peintres chinois Zao Wou-Ki et Chu Teh-Chun à l’espace culturel, février 2011. Université d’Angers, direction de la culture.

- Fig. 14 : Cérémonie de remise de doctorats Honoris Causa. Autour du président Martina, du recteur d’académie et du président Legohérel, les récipiendaires et leurs parrains, décembre 2007. Université d’Angers, service communication.

- Fig. 15 : La promotion 2011 « Geneviève Rivoire » des docteurs et Habilités à Diriger les Recherches lors du Forum des doctorants 2011. Université d’Angers, direction de la recherche.

Références

Documents relatifs

La professionnalisation des universitaires, l'augmentation du nombre des étudiants, la multiplication et l'évolution des chaires, la structuration des enseignements ou

Rassemblant dans son périmètre initial 6 universités pilotes, l'Université Catholique de Valence, l'Université de Zadar, l'Université d'Agriculture d'Athènes, l'Université

L'économie au service des citoyens : Ouvrage collectif en mémoire de Peter Tschopp. Genève :

Nouveau développement des recherches du Laboratoire archéologie et Peuplement de l'Afrique de l'Université de Genève..

Cette recherche du consensus et du partenariat est, paradoxalement, concomitante à un accroissement de la visibilité (et du nombre ?) des conflits relatifs à l’usage et

LUSSI BORER, Valérie, PERISSET BAGNOUD, Danièle.. LUSSI BORER, Valérie, PERISSET

Tout accident, même apparemment bénin, survenu à un étudiant dans le cadre d’une formation et/ ou sur le Campus, doit être immédiatement signalé à la Direction du Campus ou

Celle-ci s’inscrit dans une longue mobilisation commencée à la fin de l’année 2019, avec une grève du 25 novembre au 4 décembre, pour obtenir de meilleures conditions de travail