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La gestion des risques portés par le client en banque et assurance : comportements et éthique des acteurs

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Academic year: 2021

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La gestion des risques portés par le client en banque et

assurance : comportements et éthique des acteurs

Carole Simonnet

To cite this version:

Carole Simonnet. La gestion des risques portés par le client en banque et assurance : comportements et éthique des acteurs. Gestion et management. Conservatoire national des arts et metiers - CNAM, 2015. Français. �NNT : 2015CNAM1020�. �tel-01344414�

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ÉCOLE DOCTORALE Management & Société

Laboratoire Interdisciplinaire de Recherche en Sciences de l’Action (LIRSA)

THÈSE

présentée par :

Carole Simonnet

soutenue le 15 décembre 2015

pour obtenir le grade de : Docteur du Conservatoire National des Arts et Métiers Discipline/ Spécialité

: Gestion (Prospective Innovation Stratégie et Organisation)

La gestion des risques portés par le client en

banque et assurance : Comportements et

éthique des acteurs

THÈSE dirigée par :

M. COLLOMB Alexis Professeur, Cnam

RAPPORTEURS :

M. BANCEL Franck Professeur, ESCP Europe

M. LAMARQUE Eric Professeur, Université Paris I Sorbonne - IAE

JURY :

M. GAREL Gilles Professeur, Cnam, Président du jury

M. COHEN Arthur Philosophe et PDG, Editions Hermann

Mme. LESPIAU Catherine Docteur en droit, Autorité de contrôle prudentiel et de résolution

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2 A mon père.

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Remerciements

Mes premiers mots sont pour Alexis Collomb : Je tiens à le remercier pour la confiance qu’il m’a accordée depuis le début. Cette confiance m’a permis d’avoir la liberté de vivre et d’appréhender cette recherche comme je le ressentais et j’ai pu être indépendante et autonome comme je le voulais. J’ai toujours pensé que les opposés peuvent faire émerger une collaboration constructive grâce à l’enrichissement de deux approches différentes du monde. J’ai beaucoup appris de son regard scientifique très cartésien et précis. Pour trouver le juste équilibre et ainsi tendre vers le meilleur, il faut un échange entre le rationnel et l’émotionnel, c’est ce qui a été justement fait.

La première personne à qui je pense ensuite est Nicolas Dufour. D’abord un ami mais aussi un formidable coéquipier de recherche durant ces trois années. Je le remercie sincèrement de sa disponibilité, de la richesse de nos échanges, de nos désaccords parfois et de ses précieux conseils qui m’ont permis de me remettre aussi en question quand il le fallait. Merci d’avoir été là jusqu’au bout.

Cette thèse a pu débuter grâce à Pauline de Chatillon qui m’a fait confiance et a cru en moi et en mon projet lors de notre rencontre à l’ACPR en juillet 2012. Je la remercie énormément pour m’avoir permis de réaliser ma thèse au sein de cette grande institution, ce fut une opportunité enrichissante qui a nourri ma recherche et a ouvert des perspectives plus grandes sur mon sujet. Je pense aussi à Christine Decubre et à Charles Banaste qui a été mon chef ses derniers mois. Je tiens à le remercier de sa bienveillance, de sa disponibilité et de son écoute durant ces trois années au sein de la DCPC. Merci à Hélène et Elise qui ont été présentes lorsque j’avais besoin d’explications et de comprendre certains aspects plus techniques qu’elles maitrisent parfaitement. Une pensée particulière pour Fatima, ma collègue de bureau, devenue une amie, qui a été d’un grand soutien dans les moments de doute. Et enfin un grand merci à Catherine pour m’avoir tant appris sur la notion de risques portés par le client. J’espère qu’elle sera heureuse et fière du travail accompli aussi grâce à ses précieux conseils. Je remercie tous les « acteurs » que j’ai pu rencontrer durant ces trois années de recherche qui ont contribué chacun à leur manière à ces résultats. J’ai appris de chacun et certaines rencontres resteront privilégiées dans mes souvenirs.

Merci à mes amis, Olivia, Fabien, Edouard, Abigael et tous les autres pour m’avoir soutenue, écoutée et pour avoir compris ce que je pouvais ressentir quand j’en avais besoin.

Un merci tout particulier pour Laurent qui a été présent durant les derniers mois, sa patience et sa présence m’ont aidé à mettre le point final à cette thèse plus sereinement.

Mes dernières pensées sont pour mes parents : ma mère Suzette, que j’aime très fort. Mon père, Yves. Je n’ai aucune certitude mais je m’accorderai ici une seule conviction : il m’a insufflé la force, d’où il est, dont j’avais besoin durant les moments les plus difficiles à gérer durant ces trois années. J’ai envie de croire qu’il aurait été fier aujourd’hui de sa fille.

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Résumé

Notre recherche consiste à étudier les comportements des professionnels dans les secteurs de la banque de détail et des compagnies d’assurance, des dirigeants aux conseillers, et des clients qui ont des incidences sur les risques portés par ces derniers. Les législateurs et superviseurs se sont concentrés sur la réglementation et les normes, notamment prudentielles, comptables et techniques, mais ont sous-estimé le rôle et l’impact des comportements de chaque acteur qui peuvent être inappropriés et déloyaux malgré le nouveau cadre réglementaire. La compréhension, la prise en compte et le contrôle des comportements de chaque acteur sont nécessaires pour permettre un équilibre entre une efficience saine de l’entreprise et le respect des intérêts des clients de manière pérenne.

Cette étude s’est déroulée en immersion durant trois années au sein de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), ce qui a permis de voir, analyser et comprendre en parallèle les problématiques des superviseurs et des sujets de leurs contrôles. L’analyse de divers rapports nationaux et internationaux, des procédures et rapports de contrôle, des questionnaires à destination des professionnels ainsi que des entretiens semi-directifs avec toutes les parties prenantes en lien avec notre sujet de recherche, ont permis d’avoir les éléments pertinents, fiables et concrets pour répondre à notre problématique centrale.

Les activités financières reposent sur la confiance et dans ce contexte de crise persistant, la nécessité d’une surveillance et d’une régulation est croissante. Les secteurs de la banque et de l’assurance étant complexes, techniques et difficilement intelligibles pour le plus grand nombre, les comportements des acteurs de la finance doivent être exemplaires dans leurs interactions avec les clients, particulièrement quand ils présentent et expliquent les produits financiers.

Depuis le début de la crise fin 2007, de nombreux scandales au niveau international ont mis en évidence un grand nombre d’erreurs humaines liées à des comportements non éthiques en matière de protection des consommateurs. Au-delà des failles concernant les risques financiers ou opérationnels, les pratiques commerciales de certaines entités financières ont été clairement mises en cause conduisant à la sanction du superviseur national pour certaines banques et compagnies d’assurance.

Se pose ainsi la question essentielle de la place de l’éthique au sein de l’organisation et des effets des comportements de chaque partie prenante à la relation commerciale. L’éthique implique les notions de responsabilisation, de respect et de courage, elle doit être prise en

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5 considération et mise en pratique afin d’atteindre un double objectif : la performance humaine et économique de l’entreprise.

Les législateurs et régulateurs, à travers les directives CRD4, Solvabilité2, MIF2, IDD2 et Priips focalisent principalement leurs exigences sur les règles comptables, techniques et liées aux pratiques commerciales. Même si les nombreux scandales financiers, notamment depuis 2007, ont montré de graves dérives comportementales dans la finance, les moyens mis en place (outils de gestion, méthodes ou dispositifs) pour décrypter et contrôler les comportements au sein des entreprises financières sont encore peu développés et utilisés, particulièrement pour les risques portés par le client.

Notre étude décrit et analyse les comportements des professionnels et des clients, la place des émotions dans les prises de décisions financières, l’influence des normes et de leurs contrôles sur les comportements des professionnels afin de comprendre ce qui va à l’encontre d’un fonctionnement organisationnel interne vertueux et de pratiques commerciales responsables. Nous nous interrogeons sur la gestion des risques portés par le client au sein de l’organisation et des moyens alloués à la protection de la clientèle, et proposons une série de préconisations afin d’atténuer ces risques à l’avenir.

Mots clés : Gestion, risques, comportements, éthique, responsabilité, contrôle, émotions,

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Résumé en anglais

Our research consists of studying the behavior of professionals, leaders, advisors, and customers, in the areas of retail banking and insurance that have implications for the risk borne by clients. Legislators and supervisors focused on regulations and standards, in particular in prudential, accounting and technical areas but underestimated the role and impact of the behavior of each actor that may be inappropriate and unfair despite the new regulatory framework. Understanding, recognition and control of the behavior of each actor are necessary for a healthy balance between efficiency of the company and respect of the interests of customers in a sustainable manner.

This study was conducted in immersion during three years within the Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution, allowing to see, analyze and understand in parallel the issues of supervisors and the subjects of their controls. The analysis of various national and international reports, procedures and monitoring reports, questionnaires for professionals and semi-structured interviews with all stakeholders related to our research subject, allowed to have relevant, reliable and practical elements to address our central problem.

The financial activities are based on trust and in this context of continuing crisis, the need for monitoring and regulation is increasing. Banking and insurance sectors are complex, technical and hardly intelligible to the general public, the behavior of financial actors must be exemplary in their interactions with customers, especially when they present and explain financial products.

Since the beginning of the crisis at the end of 2007, many international scandals have highlighted a large number of human errors related to unethical behavior in the field of consumer protection. Beyond the loopholes regarding financial or operational risks, the business practices of some financial institutions have been challenged leading to penalties by the national supervisor for certain banks and insurance companies.

This raises the essential question of ethics within financial institutions and the effects of each stakeholder’s behavior in the business relationship. Ethics involves the concepts of accountability, respect and courage, it must be taken into consideration and put into practice to achieve a double objective: the human and economic performances of companies.

Legislators and regulators through the directives CRD4, Solvency 2, MIF2, IDD2 PRIIPs and their requirements focus mainly on accounting rules, technical and related business practices. Although many financial scandals, particularly since 2007, have shown serious behavioral excesses in finance, the measures implemented (management tools, methods or devices) to

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7 decrypt and control the behavior within financial firms are underdeveloped and underused, particularly for the risks borne by the customer.

Our study describes and analyzes the behavior of professionals and clients, the role of emotions in financial decisions, the influence of standards and their controls on the behavior of professionals to understand what is contrary to a virtuous organizational functioning and responsible business practices. We question the management of risks borne by the customer within the organization and resources allocated to the protection of customers.

Keywords: management, risk, behaviors, ethics, responsibility, control, emotions, values,

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Table des matières

Remerciements ... 3

Résumé ... 4

Résumé en anglais ... 6

Table des matières ... 8

Liste des tableaux ... 14

Liste des figures ... 16

Liste des annexes ... 17

Introduction ... 18

Chapitre introductif : La pertinence d’une recherche sur la gestion des risques portés par le client en banque et assurance ... 19

Les risques portés par le client en banque et assurance : un concept émergent et un enjeu prépondérant ... 19

Objet d’étude ... 20

Contexte de la recherche ... 20

La gestion des risques portés par le client en banque et assurance: La prise en compte des comportements pour améliorer les pratiques commerciales ... 25

Les risques portés par le client dans l’entreprise : une préoccupation aujourd’hui centrale ... 28

Le risque et l’entreprise financière ... 31

Problématique et question de recherche ... 37

Première partie Contexte professionnel de la gestion des risques portés par le client : De comportements irresponsables à des contrôles renforcés ... 42

Introduction ... 43

Chapitre 1. Etude de l’évolution récente des comportements des professionnels du secteur financier et de leurs clients ... 45

1.1 Les banques de détail et les compagnies d’assurance : des activités au cœur du système économique ... 47

1.1.1 La banque ... 48

1.1.2 La compagnie d’assurance ... 50

1.2 Les scandales liés aux dérives comportementales des professionnels de la finance au niveau international : persistance de la défiance dans le secteur financier ... 53

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1.2.2 Un vif débat sur la régulation ... 56

1.2.3 Liens entre risques portés par le client et risque systémique : cas des « subprime » 69 1.3 L’innovation au cœur d’une restructuration du modèle de la banque et de l’assurance : une nouvelle approche de la relation-client ... 72

1.3.1 L’essor du numérique en assurance et banque ... 73

1.3.2 L’innovation financière ... 84

Chapitre 2 : La réaction des législateurs et des régulateurs par l’accroissement des normes et de leur contrôle ... 91

2.1 La prise en compte des risques portés par le client dans l’élaboration des nouvelles normes du secteur financier ... 92

2.1.1 Les pratiques commerciales au cœur des liens étroits entre le risque prudentiel et les risques portés par le client ... 92

2.1.2 Le constat de pratiques commerciales déloyales sur le marché de la banque et de l’assurance ... 98

2.1.3 Une vision d’ensemble de la réglementation européenne et nationale ... 108

2.2 Objectivation des comportements attendus des conseillers et de la gouvernance . 115 2.2.1 Conflits d’intérêts, rémunération, gouvernance des produits….des problématiques autour de la responsabilité de tous les professionnels au cœur des préoccupations européennes ... 120

2.2.2 Gouvernance et concept de « Duty of care » spécifique à la protection de la clientèle et le concept générique des politiques de « gestion saine/efficace et prudente » 127 2.2.3 Le « Fit and proper » ... 129

2.3 Le contrôle des pratiques commerciales en banque et assurance : rôle du superviseur et de la direction conformité pour gérer les risques portés par le client ... 135

2.3.1 Le rôle du superviseur national : l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR) ... 136

2.3.2 Les recommandations de l’ACPR : constater les règles de bonnes pratiques professionnelles en matière de commercialisation et de protection de la clientèle ... 138

2.3.3 Les sanctions croissantes des superviseurs financiers ... 140

2.4 La fonction conformité en banque et assurance ... 147

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2.4.2 La fonction conformité en assurance ... 150

Conclusion Partie 1 ... 154

Partie 2. De la compréhension des comportements des acteurs à l’exigence de responsabilité dans le secteur financier ... 157

Introduction ... 158

Chapitre 3 - Cadre théorique : La prise en considération des biais comportementaux en finance et de la responsabilité de toutes les parties prenantes pour une gestion des risques portés par le client efficiente et pérenne. ... 160

3.1 Choix des deux théories principales et état de l’art ... 162

3.1.1 Etat de l’art relatif aux enjeux de protection de la clientèle en sciences de gestion 163 3.1.2 Etat de l’art de l’économie et de la finance comportementale face au défi de la protection des consommateurs ... 166

3.2 Finance comportementale et erreur humaine : des marchés financiers à la pratique commerciale en banque et assurance ... 170

3.2.1 La rationalité de l’agent au cœur des préoccupations ... 172

3.2.2 Les biais comportementaux en finance ... 176

3.2.3 La finance comportementale dans la pratique commerciale en banque et assurance ... 179

3.3 De l’erreur de décision à l’intervention comportementale : le paternalisme libertarien ... 192

3.3.1 Les nudges et leur rôle dans l’accompagnement au changement de comportements ... 194

3.3.2 Le paternalisme libertarien face à l’exigence éthique ... 197

3.4 Le principe de responsabilité (Hans Jonas) ... 201

3.4.1 Ethique de la responsabilité ... 205

3.4.2 Le principe de responsabilité appliqué à la pratique du secteur de la banque et de l’assurance ... 207

3.4.3 L’évolution du principe par la définition de différents niveaux de responsabilité : apports de Thomas Scanlon ... 212

3.5 La notion fondamentale liant la théorie de la finance comportementale et le principe de responsabilité : L’éthique ... 216

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3.5.2 Distinction entre éthique déontologique, conséquentialiste et procédurale ... 225

3.5.3 La mise en place de procédures éthiques au sein de l’organisation ... 228

Chapitre 4 : Démarche méthodologique, la pertinence d’une recherche qualitative pour la gestion des risques et la compréhension des comportements ... 234

4.1 Conception du protocole de recherche ... 235

4.1.1 La sociologie compréhensive comme positionnement épistémologique ... 235

4.1.2 Le choix d’une recherche qualitative comme méthode de recherche ... 243

4.1.3 La fiabilité de la mesure des données ... 245

4.1.4 La méthodologie face aux limites de l’approche qualitative ... 252

4.2 L’intérêt d’une thèse en sciences de gestion par une Cifre ... 254

4.2.1 L'utilité d'une immersion au sein de la Direction du contrôle des pratiques commerciales (DCPC) ... 257

4.2.2 Les limites de l’accès aux données internes ... 260

4.3 Une méthode qualitative à travers trois procédés : Entretiens, Documentation interne et externe et exploitation de « Questionnaires protection de la clientèle » ... 262

4.3.1 Une recherche qualitative avec données primaires et données secondaires ... 265

4.3.2 Les données secondaires : Analyse de contenu et sources de documentation mobilisées ... 268

4.3.3 Les données primaires : les entretiens semi-directifs avec les acteurs du marché de la banque et de l’assurance ... 284

4.3.4 Les entretiens semi-directifs, justification des données confirmatoires ... 286

Résumé du protocole de recherche ... 309

Chapitre 5 : La gestion des risques portés par le client : un dysfonctionnement profond du management et des dispositifs de contrôle dû à une incapacité à prendre en considération les émotions des acteurs de la relation-client ... 311

5.1 L’évidence d’un premier résultat suite à notre recherche: Les mauvaises pratiques commerciales sont la conséquence d’un dysfonctionnement profond des pratiques managériales ... 312

5.1.1 Un sentiment d’impunité chez les dirigeants de la finance ... 312

5.1.2 Un pouvoir destructeur à défaut d’une autorité porteuse de sens collectif ... 319

5.2 Une « souffrance éthique » chez le conseiller ... 333

5.2.1 Un besoin de retrouver du sens et des valeurs pour adopter les comportements appropriés ... 338

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12 5.2.2 Une pression psychologique exercée sur les commerciaux ... 340 5.3 Les émotions au cœur des prises de décision : une nécessité d’intégrer la notion d’intelligence émotionnelle dans l’organisation ... 343

5.3.1 La peur comme émotion dominante ... 344 5.3.2 Une intelligence émotionnelle absente de l’organisation ... 348 5.4 Un client dépendant par méconnaissance et incompréhension des mécanismes financiers ... 356

5.4.1 Une éducation financière indispensable pour une prise de décision libre du consommateur ... 357 5.4.2 Les mathématiques comme cause d’incompréhension ... 360 5.5 Un contrôle interne défaillant, le contrôle du superviseur perçu comme inefficace

365

5.5.1 Résultats suite à l’analyse des Questionnaires « Protection de la Clientèle » (QPC) en banque et assurance ... 366 5.5.2 Réclamations des clients reçues et analysées par l’ACPR : le reflet des mauvaises pratiques commerciales et de dysfonctionnement dans la gestion des risques portés par le client au sein des entreprises ... 370 5.5.3 Les sanctions récentes en matière de pratiques commerciales déloyales ont replacé la gestion des risques portés par le client comme une priorité ... 389 Chapitre 6 : Discussions, apports et préconisations : une contribution à la gestion des risques et à la prise en considération de l’humain dans la perspective d’une double performance humaine et économique de l’entreprise financière ... 395

6.1 Discussions : Un dysfonctionnement récurrent des acteurs dans le secteur financier dû à une perte de sens profonde et à une complexité croissante ... 396

6.1.1 Décryptage et compréhension des comportements des acteurs du système financier ... 396 6.1.2 L’entreprise financière : un rôle avant tout social pour une responsabilité réelle ?

406

6.1.3 L’utilisation de la finance comportementale : Risque ou opportunité pour le client ? 411

6.2 Contributions de notre recherche : De l’intelligence émotionnelle à la considération humaine : compréhension et prise en compte des comportements pour une gestion des risques portés par le client efficiente et pérenne ... 414

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13 6.2.1 L’émotion par l’empathie doit être au service de l’humain et de ses décisions . 422 6.2.2 Une gestion des risques efficace passe par la compréhension et la prise en compte

de la psychologie des acteurs du système financier ... 425

6.2.3 La nécessité d’un contrôle des comportements adapté pour une gestion durable des risques portés par le client ... 430

6.3 Nos préconisations : Définir et s’approprier des valeurs communes, guider et accompagner pour responsabiliser les parties prenantes à la relation commerciale ... 434

6.3.1 Développer une culture de la responsabilité en impliquant les dirigeants et managers ... 434

6.3.2 Mettre en place un dispositif de contrôle adapté à la gestion des pratiques commerciales ... 439

6.3.3 Affiner les critères de recrutement en prenant en compte l’intelligence émotionnelle des individus ... 442

6.3.4 Evaluer avec une approche plus humaine ... 444

6.3.5 Mettre en place des incitations plus justes et équitables pour les conseillers .... 445

6.3.6 Adapter la formation des professionnels à l’environnement complexe et fragile du secteur financier ... 449

Conclusion ... 452

Conclusion ... 454

Conclusion générale : De la compréhension des comportements à leur prise en considération dans la gestion des risques portés par le client ... 455

Bibliographie ... 464

Rapport et documents professionnels de référence ... 482

Résumé ... 506

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14

Liste des tableaux

Tableau 1. Montants correspondants aux plafonds légaux ou au niveau de frais couramment

constatés dans les principales banques de dépôts en 2014 ... 103

Tableau 2. L’approche par les risques opérationnels : focus sur les enjeux de protection de la clientèle, exemple de référentiel ... 126

Tableau 3. Les principaux superviseurs en lien avec la protection des clients/consommateurs ... 140

Tableau 4. Récapitulatif des sanctions de la commission des sanctions de l’ACPR depuis sa création en 2011 ... 144

Tableau 5. Biais comportementaux conduisant à l’erreur de jugement ... 177

Tableau 6. Biais du conseiller financier dans la pratique commerciale ... 182

Tableau 7. Dix biais comportementaux avec les effets liés dans les marchés de détails du secteur financier ... 185

Tableau 8. Distinction entre l’éthique et la morale ... 220

Tableau 9. Les principales postures épistémologiques, d’après Wacheux, 1996, p.42-44 .... 236

Tableau 10. Documentations collectées lors de la recherche ... 276

Tableau 11. Synthèse des entretiens réalisés entre juin 2013 et juillet 2015 ... 298

Tableau 12. Entretiens avec les « Agents généraux » ... 299

Tableau 13. Entretiens « Conseillers bancaires » ... 301

Tableau 14. Entretiens « Contrôleurs des pratiques commerciales » ... 302

Tableau 15. Autres acteurs rencontrés dans le cadre de notre sujet d’étude ... 303

Tableau 16. Déroulement des entretiens, adaptation d’après Wacheux, 1996, p.208 ... 305

Tableau 17. Etapes substantielles du déroulement de la recherche ... 309

Tableau 18. La pression commerciale en banque et assurance subi par les commerciaux/conseillers ... 342

Tableau 19. Enneagramme « Les 9 peurs » ... 345

Tableau 20. Les cinq compétences émotionnelles et sociales de l’intelligence émotionnelle 349 Tableau 21. Compétences dans lesquelles apparaissent les défaillances collectives ... 351

Tableau 22. Freins à la régulation des émotions et à leur considération au sein de l’organisation en Banque et Assurance ... 355

Tableau 23. Processus concernés par le dispositif du contrôle interne dans les entreprises bancaires ... 367

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15 Tableau 24. Processus concernés par le dispositif du contrôle interne dans le secteur de

l’assurance ... 368

Tableau 25. Le poids des normes dans les pratiques professionnelles des acteurs du marché de la banque et de l’assurance ... 378

Tableau 26. Verbatim thématique « formation et compétences » ... 380

Tableau 27. Perceptions du contrôle superviseur des Agents généraux ... 384

Tableau 28. Les attentes des agents généraux sur le contrôle de l’ACPR ... 385

Tableau 29. Perceptions des contrôleurs sur leur rôle ... 388

Tableau 30. Perception des contrôleurs sur le comportement des professionnels ... 388

Tableau 31. L’outil : Grille de compétences du salarié ... 431

Tableau 32. Grille de comportements professionnels ... 433

Tableau 33. Place des femmes dans la Direction générale et le Comité exécutif dans la Banque et Assurance ... 438

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16

Liste des figures

Figure 1. Les impacts de la législation européenne ... 109

Figure 2. Une vision par secteur ... 110

Figure 3. Le cheminement de la relation ... 115

Figure 4. Principes de l’information standardisée ... 116

Figure 5. Contenu et enjeux du Key information Document (KID) ... 117

Figure 6. Service de conseil délié et obligations liées au contrat (Directive MCD) ... 119

Figure 7. Le conseil dans la directive IMD2 (secteur assurance) ... 119

Figure 8. De la réaction à l’anticipation ... 121

Figure 9. Etape de la mise en œuvre de la gouvernance des produits ... 122

Figure 10. Le système européen de supervision financière ... 136

Figure 11. La procédure d’exploitation des QPC ... 281

Figure 12. Taux de réception des QPC ... 282

Figure 13. Volume et répartition des dossiers écrits ... 373

Figure 14. Volume et répartition des appels ... 374

Figure 15. Répartition infra-annuelle des volumes ... 374

Figure 16. Les étapes vers les comportements éthiques ... 415

Figure 17. Comparaison entre les effets d’un comportement humain rationnel ou émotionnel ... 417

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17

Liste des annexes

Annexe 1 : Entretien avec un conseiller bancaire ... 483

Annexe 2 : Entretien avec un agent général ... 486

Annexe 3 : Extrait du questionnaire sur le respect des règles de protection de la clientèle banque ... 491

Annexe 4 : Extrait de la recommandation sur le traitement des réclamations ... 494

Annexe 5 : Extrait de la décision de la Commission des sanctions ... 498

Annexe 6 : La formation des professionnels de l’assurance ... 501

Annexe 7 : Communiqué de presse « Pôle commun » ACPR – AMF sur le rapport annuel 2013 ... 503

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18

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19

Chapitre introductif : La pertinence d’une recherche sur

la gestion des risques portés par le client en banque et

assurance

Les risques portés par le client en banque et assurance : un

concept émergent et un enjeu prépondérant

L’objet de notre étude concerne la gestion des risques portés par le client en banque et assurance. Cette recherche a une approche particulière puisque elle s’intéresse plus précisément aux comportements de toutes les parties prenantes à la relation commerciale, des dirigeants, managers, conseillers aux clients. L’objectif est de comprendre, prendre en compte et d’encadrer les comportements de chaque acteur afin de trouver un équilibre entre une efficience saine de l’entreprise et la protection des clients de manière pérenne.

Cette recherche se concentre ainsi sur l’étude des enjeux de la gestion des risques en rapport avec les pratiques commerciales en sciences de gestion. Deux notions sont liées ici : la notion de risque et le contrôle. Des recherches françaises en épistémologie (Larkèche, 2011 ; Pesqueux, 2011) ont démontré que la notion de risque est au cœur des préoccupations de la Société, à la fois d’un point de vue général et individuel. Le risque est omniprésent, dans la Société et dans l’entreprise. Le contexte financier et le rôle substantiel qu’ont les grandes structures financières à travers le monde ont intensifié l’intérêt pour la recherche sur cette notion au centre du système financier. La gestion et le contrôle des risques sont aujourd’hui inévitables et indissociables. Les recherches existantes en sciences de gestion en matière de gestion et de contrôle des risques concernent en majorité le secteur de la finance et en comptabilité-contrôle-audit, ce qui s’explique principalement par le contexte de dérives financières au niveau international et à des échelons locaux.

Mais la littérature en sciences de gestion concernant les risques portés par le client est rare car ce concept de « risque portés par le client » est nouveau et que dans toute la typologie de risques lié à la finance, celle-ci ne constituait jusqu’ alors pas une priorité pour les entreprises financières telles que les banques de détail et les compagnies d’assurance. Comme dans toute

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20 entreprise, l’intérêt et la satisfaction du client devrait être la première préoccupation. Le profit reste l’intérêt prépondérant, très souvent au détriment du respect et de la protection du consommateur (Niall Ferguson, 2009 ; André Orlean, 1999).

Objet d’étude

La thèse étudie les comportements des professionnels dans les secteurs de la banque de détail (les banques privées sont exclues de la recherche car la relation commerciale n’est pas comparable) et des compagnies d’assurance (gouvernance, conseillers bancaires, agents généraux et clients) qui ont des incidences sur les risques portés par le client. Les législateurs et superviseurs se sont concentrés sur la réglementation et les normes, notamment prudentielles, comptables et techniques, mais ont sous-estimé le rôle et l’impact des comportements de chaque acteur qui peuvent être inappropriés et déloyaux malgré le nouveau cadre réglementaire. La compréhension, la prise en compte et le contrôle des comportements de chaque acteur sont nécessaires pour permettre un équilibre entre une efficience saine de l’entreprise et le respect des intérêts des clients de manière pérenne.

Contexte de la recherche

Les activités financières reposent sur la confiance et dans ce contexte de crise persistant, la nécessité d’une surveillance et d’une régulation est croissante. Les secteurs de la banque et de l’assurance étant complexes, techniques et difficilement intelligibles pour le plus grand nombre, les comportements des acteurs de la finance doivent être exemplaires dans leurs interactions avec les clients, particulièrement quand ils présentent et expliquent les produits financiers. L’éthique, qui révèle les notions de responsabilisation et de respect, doit être centrale afin d’éviter les agissements néfastes envers les clients.

Les législateurs et régulateurs, à travers les directives CRD4, Solvabilité2, MIF2, IDD2 et Priips1 focalisent principalement leurs exigences sur les règles comptables, techniques et liées

aux pratiques commerciales. Bien que les nombreux scandales financiers, notamment depuis 2007, ont montré de graves dérives comportementales dans la finance, les moyens mis en place (outils de gestion, méthodes ou dispositifs) pour décrypter et contrôler les comportements au sein des entreprises financières sont très peu développés et utilisés, particulièrement pour les risques portés par le client.

1 Directive 2013/36/EU on access to the activity of credit institution and the prudential supervision of credit

institutions and investment firms; Directive 2009/138/CE sur la situation financière des compagnies d’assurance et de réassurance; Directive 2004/39/CE sur les marches des instruments financiers, Directive intermédiation en assurance, règlement « Package retail and insurance-based investment products ».

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21 La gestion et le contrôle des risques dans le secteur financier sont intimement liés. Le contexte actuel incite au contrôle au sein des organisations, ce qui engendre cependant une dérive gestionnaire : la gestion des risques est plus un outil qu’une véritable manière de créer une impulsion dans les pratiques des acteurs au sein des organisations (Power, 1999). La notion de risque dans le secteur financier est prépondérante, certains chercheurs et experts nomment cette approche « perspective gestionnaire du risque » (Shiller, 2003 ; Méric et al., 2009 ; Laffort, 2013 ; Dufour, 2015).

La notion de confiance est clairement liée au risque et à ce qu’il incombe : prévenir le risque, anticiper le risque, supprimer le risque ou à défaut le gérer, ne peuvent s’appliquer que dans un climat où la confiance prédomine.

Cette recherche prend tout son sens et son utilité dans un contexte où la financiarisation tend à devenir un vecteur d’avènement d’une « Société du risque » (Beck, 1986), les sujets de gestion et de contrôle des risques au sein des entreprises financières (banques de détail et compagnies d’assurance) sont primordiaux (Dufour, 2011).

Face à la crise financière débutée fin 2007 et les scandales financiers qui en ont suivi, certains auteurs se sont interrogés sur la capacité des entreprises financières à gérer le risque (Hanlon). Les banques et assurances ne sont pas des entreprises comme les autres : une grande partie de l’activité de l’entreprise (services et produits commercialisés) a comme matière première le risque sous ses différentes formes. La gestion des risques est donc centrale. Elle est principalement fondée sur la gestion des risques opérationnels, qui ont un lien direct avec les risques portés par le client, le but étant de maitriser au mieux l’activité en atteignant parallèlement des objectifs de performance durable (Girotra, Netessine, 2011).

Les scandales financiers inhérents à la crise ont révélé des dérives comportementales. Les risques portés par le client qui sont directement liés aux pratiques commerciales ne constituent pas une catégorie particulière dans les typologies de risque. Mais nous verrons plus tard que les risques portés par le client ont un lien étroit avec le risque de non-conformité qui fait partie des sept catégories que constituent les risques opérationnels, catégorie qui demeure récente. Au même titre que les risques opérationnels, les risques portés par le client et les contrôles dont ils font l’objet suivent un processus d’institutionnalisation (Cappelletti, 2006). Les normes Bâle II et Solvabilité I qui ont été initiées avant la crise n’ont pas permis d’éviter certains risques opérationnels qui ont conduit à une succession d’erreurs. Concernant plus

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22 spécifiquement les risques portés par le client, les dispositions de MIF I et DIA I ont paru bien insuffisantes pour protéger les consommateurs des pratiques commerciales déloyales. Les nombreuses affaires médiatiques n’ont cessé de révéler depuis des années les failles concernant les problématiques autour des comportements des professionnels au sein des entreprises et face à leurs clients. Que ce soit au niveau international (AIG en ce qui concerne l’assurance ou bien Dexia pour la banque), ou national avec les sanctions de l’ACPR contre Allianz, CNP Assurances et Cardif, les entreprises financières ont révélé leur difficulté à adopter des comportements responsables et respectueux de la clientèle. Les failles en matière de gestion et de contrôle des risques ont mis en évidence des problématiques inhérentes à l’activité des banques et des assurances : nous pouvons faire le constat des difficultés à collecter les données et à les analyser, d’un manque d’outils et de dispositifs dédiés aux pratiques commerciales, de défauts au niveau de la formation des opérationnels,…les enjeux liés aux pratiques commerciales doivent être pensés, compris et pris en compte afin de créer et mettre en place des dispositifs et procédures pour une gestion et un contrôle des risques portés par le client optimale et efficace.

Le risque existe à toutes les étapes de la vie et particulièrement dans les métiers de la banque et de l’assurance : la gestion des risques est un enjeu inévitable dans la finance moderne (Shiller, 2003 ; Miller, 2009). Mais la gestion des risques, bien qu’elle existe dans toutes les entreprises financières, n’atteint pas le même niveau d’exigence et fait face à divers niveaux de maturité (Power, 2009). Les affaires médiatiques autour de la crise financière montrent depuis huit ans que les enjeux inhérents à la gestion des risques et à leur contrôle méritent que l’on continue à s’y attarder pour comprendre ce qui bloque l’atteinte à une efficacité pérenne. Les normes seraient donc nécessaires mais les faits montrent qu’elles ne suffisent pas. En matière de risques portés par le client, les sanctions infligées à Allianz et CNP assurances montrent qu’au-delà du respect ou non de la réglementation, les comportements des professionnels depuis des années sont à comprendre et à prendre en compte pour une meilleure gestion des risques portés par le client au sein de l’entreprise. Concernant la protection de la clientèle, la première étape indispensable est de respecter les règles existantes afin d’être en conformité, un objectif de plus en plus essentiel aux vues des dernières affaires. Le contrôle de la conformité est large et le respect des règles en lien avec les pratiques commerciales en fait partie. Il faut ici s’assurer d’une cohérence entre les exigences réglementaires et la réalité des enjeux de la pratique, et c’est ce que reprochent les

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23 professionnels à toutes ces normes qu’élaborent les législateurs et régulateurs. Certains emploie le terme « d’inflation normative », d’autres parlent de « contraintes normatives ». L’autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), l’autorité qui contrôle en France les banques et les compagnies d’assurances, a contribué depuis janvier 2011 à l’accroissement des exigences réglementaires à la fois pour le prudentiel et pour la protection de la clientèle. Suite au début de la crise, il y a eu un rapprochement entre les autorités d’agrément (CECEI2

et CEA3) et des autorités de contrôle des secteurs de la banque et de l’assurance (Commission

bancaire et ACAM) par l’ordonnance du 21 janvier 2010. Ainsi est née l’ACP devenue ACPR par la loi de séparation et de régulation des activités bancaires. L’objectif de cette fusion était de rendre plus puissant et efficace le contrôle des banques et assurances, au niveau prudentiel mais aussi pour la protection des consommateurs.

Dans ce contexte de risques divers et croissants, les banques et assurances doivent être plus exigeantes, rigoureuses et transparentes quant à leurs dispositifs internes et à leurs pratiques commerciales. C’est pour cela qu’en matière de protection de la clientèle, il y a un essor de la réglementation quant au formalisme attendu afin de pouvoir vérifier si tout a été fait pour que les pratiques soient loyales et respectueuses des intérêts des clients.

Lors de chaque crise importante ayant des conséquences au niveau international, il est d’usage de renforcer les règles, de les faire évoluer et d’en ajouter afin de réorganiser et structurer l’action des acteurs de l’économie et de la finance. C’est le rôle premier des législateurs et des superviseurs de se concentrer sur l’élaboration et le respect des normes mais le rôle et l’impact des comportements de chaque acteur sont sous-estimés dans cette recherche de protection optimale des clients et de leurs intérêts. On ne peut pas dissocier les règles des comportements.

Le monde financier suscite de nombreux débats quant à la pertinence d’une régulation toujours plus renforcée. Certains économistes considèrent que la régulation des banques, plus que celle des marchés financiers, a été trop laxiste dans les années 2000 (Thesmar, les Echos, 2012). A l’inverse, Catherine Lubochinsky4 démontre que la mise en place de réglementations

trop complexes favorise l’émergence d’organismes hors système bancaire, le système parallèle profitant d’arbitrages réglementaires. La complexité des règles inciteraient également les acteurs à les contourner. Certains défendent donc un renforcement de la

2 Comité des Etablissements de Crédit.

3 Comité des Entreprises d’Assurance et des Entreprises d’Investissement.

44 « Finance mondiale : les Etats doivent innover », session 8, samedi 9 jullet 2001, conférence rencontres

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24 régulation dans le but d’éviter les dérives comportementales des professionnels et d’autres sont totalement réfractaires car ils considèrent que cet accroissement de règles paralysent le marché et a un effet contre-productif, voir contraire à ce qui était souhaité initialement, c’est à dire un marché dans lequel la régulation offrirait un environnement où les entreprises d’un marché donné suivent les mêmes règles et ont les mêmes capacités à être compétitives.

Notre recherche s’intéresse plus spécifiquement à la gestion des risques portés par le client et donc également à leur contrôle, en s’intéressant rigoureusement aux facteurs de risques que sont entre autres les asymétries d’information et de compréhension, la complexification des produits financiers, la perte de compétences techniques des professionnels, la stratégie commerciale initiée par la gouvernance, les incitations financières et non financières et la méconnaissance des clients en matière financière.

Les législateurs et régulateurs, à travers les directives Bâle3, Solvabilité 2, IDD2, MIF2 et règlement Priips focalisent leurs exigences sur des règles comptables, techniques et liées aux pratiques commerciales. Bien que les scandales financiers depuis 2007 aient montré de graves dérives au niveau des comportements professionnels dans la finance, les moyens mis en place (outils de gestion, méthodes et/ou dispositifs) pour décrypter et contrôler les comportements éthiques et loyaux au sein des entreprises financières sont encore peu développés et utilisés, particulièrement pour les risques portés par le client.

Ces comportements éthiques et loyaux sont pourtant le fondement de toute relation de confiance, cette dernière étant le pilier du système financier.

Les différents scandales de diverses structures financières du monde entier ont définitivement révélés que les comportements devaient être pris en compte dans la gestion et le contrôle des risques en lien avec les pratiques commerciales, risques portés in fine par le consommateur. L’affaire Kerviel marque symboliquement en France le commencement des affaires liées aux dérives comportementales et à l’erreur humaine mais se sont multipliés par la suite les cas où les pratiques commerciales mettaient en évidence des comportements non éthiques, c’est à dire irresponsables et irrespectueux.

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25

La gestion des risques portés par le client en banque et

assurance: La prise en compte des comportements pour

améliorer les pratiques commerciales

Dans cette recherche, de nombreuses notions sont liées et complémentaires. Il est important de comprendre le sens de chaque concept afin de percevoir tout au fil de l’étude les liens entre chaque approche.

Les principales notions liées à notre recherche sont les suivantes :

- Le risque : le risque est omniprésent dans les activités financières, en en faisant même une matière première, c’est pour cela que plusieurs définitions peuvent être données à la notion de risque. Ces approches peuvent être juridiques, économique et financière, comptable, opérationnelle, technique, etc…

Nous développerons plus précisément cette notion dans les parties suivantes mais la définition que nous retiendrons et qui est appropriée par rapport à notre sujet d’étude est celle-ci : le risque est la mesure du niveau de développement et de préparation à l’action d’une organisation face à des évènements externes ou interne à celle-ci et potentiellement dommageables dans le futur, ou étant déjà survenus mais ayant un potentiel de récurrence. Ainsi, le risque est la mesure de l’action, l’élément à prendre en compte lorsque l’on se fixe un objectif donné compte tenu de son appétence au risque (le risque que l’on accepte de prendre) et son niveau de tolérance au risque (ses limites en cas de perte possible). Toutes ces composantes déterminent le profil de risque d’une organisation ou d’un agent économique5.

- La gestion des risques : La gestion du risque consiste en l’évaluation et en l’anticipation des risques, ainsi qu’à la mise en place d’un système de surveillance et de collecte systématique des données.

Afin de tendre vers une gestion des risques optimale, il existe cinq étapes de bases : premièrement l’identification des risques qui consiste à recenser toutes les parties exposées au risque. Deuxièmement, l’évaluation des risques qui consiste à évaluer les risques en fonction de leur gravité, déterminer leur impact potentiel et leurs conséquences. Troisièmement, la définition des priorités puis des solutions qui consiste à définir une solution en fonction du risque lui-même en étudiant la possibilité d’une disparition ou d’une limitation de ses effets. Quatrièmement, la mise en place des solutions qui consiste à l’application de la solution

5 La particularité est que l’agent (la banque), par son activité, fait courir des risques non pas à elle-même mais à

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26 choisie la plus adaptée à la situation globale. Cinquièmement et ultime étape, le suivi de la gestion des risques par le contrôle avec un suivi de l’efficacité des moyens de maîtrise alloués. Ces moyens concernent surtout la maîtrise du risque porté par l’établissement, pas par le client.

- Le contrôle au sein de l’organisation : L’approche de notre étude est cohérente avec les recherches effectuées par R.Simons (1991), A.Mikes (2007, 2009, 2011) ou bien encore M.Power (2005, 2009). Ainsi, nous abordons le contrôle de l’entreprise comme l’ensemble des fonctions, dispositifs et actions visant à réduire l’incertitude qui entoure l’organisation dans la conduite de la stratégie d’affaire ou l’atteinte de ses objectifs. Le contrôle est ici en lien avec l’approche de l’organisation.

Quant au contrôle des risques au sein de l’organisation, nous le définirons comme l’ensemble des fonctions et actions mises en place dans le but de maitriser les risques qui peuvent affecter l’organisation ou se créer en conséquence de l’activité de celle-ci, dans l’espace (risques internes et externes) et dans le temps (risque avérés ou potentiels).

- Le comportement : Notre recherche ayant une approche centrée sur l’étude des comportements, nous développerons cet aspect plus longuement et ultérieurement tout au long de l’exposé de l’étude. Nous retiendrons ici une définition issue de la philosophie et de la psychologie car notre recherche lie une approche philosophique et psychologique assumée et légitime.

Selon l’ouvrage de référence en philosophie d’André Lalande6, c’est un terme nouvellement

introduit dans la langue philosophique pour désigner l’objet de la « psychologie de réaction » appelée souvent d’un terme impropre « psychologie objective ». Le comportement d’un être est l’ensemble des réactions globales de son organisme, tant communes à l’espèce que particulières à l’individu. Edouard Clarapède7 a proposé de réserver le nom de conduite aux

réactions non stéréotypées dans l’espèce, mais y compris celles qui sont stéréotypées chez l’individu par habitude. Cette distinction semble être aujourd’hui entrée dans l’usage.

Dans la conduite, au sens usuel, il y a toujours une nuance venant du sens primitif de conduire : gouverner, diriger. On emploie les termes « conducteur », « la conduite d’une affaire, d’une démonstration ». « Avoir de la conduite », c’est gouverner, ne pas se laisser aller à ses instincts ou ses impulsions. « L’inconduite » est proprement l’absence de cette

6 Vocabulaire technique et critique de la philosophie, Puf, 2013. 7 L’éducation fonctionnelle, 1933.

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27 direction de soi-même. Dans les directives européennes en matière de banque et d’assurance, on emploie le terme « Business conduct », ce qui est très révélateur de ce qui est attendu. Au sens large, un comportement est l’ensemble des manifestations et des actions extérieures d’un individu, habituelles ou occasionnelles, tenant lieu d’interactions et de communication avec l’environnement, depuis la seule apparence physique jusqu’au geste intentionnel.

Les bases conceptuelles du comportement sont nées de la psychologie expérimentale, en grande partie animale, c’est-à-dire de l’unique prise en compte de données dites objectives, observables et quantifiables. Certaines lois se sont dégagées en ce qui concerne l’apprentissage de l’homme, en particulier les principes de conditionnement, qu’il soit classique, appelé aussi répondant (Pavlov, 1901) ou opérant (Thorndike, 1913), (Skinner, 1938).

Dans la finance, contexte de recherche qui nous intéresse dans cette thèse, les comportements éthiques sont les comportements des différents acteurs financiers qui peuvent rationnellement et raisonnablement être identifiés comme juste, c’est-à-dire respectueux et responsables. (Cohen, Rocque, 2014).

- L’éthique: Cette notion sera au cœur de notre recherche car elle englobe à elle seule beaucoup de valeurs sous-jacentes essentielles à des actions saines et vertueuses dans un monde financier nuisible et licencieux.

Il n’existe pas une seule définition de l’éthique car elle fait référence à la philosophie. Le philosophe est subjectif, il n’y a pas donc qu’une vérité sur ce mot. Cependant, il est reconnu par tous que l’éthique fait référence aux notions de responsabilité, de respect, de justice, d’équité ou encore de loyauté.

L’éthique, c’est avoir pleinement conscience du sens de ses actes. C’est avoir des valeurs et les partager.

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28

Les risques portés par le client dans l’entreprise : une préoccupation aujourd’hui

centrale

 La notion de risque : des approches différentes

Le risque est une notion importante, notamment dans les domaines de l’industrie, de l’environnement (risques industriels, risques majeurs), de la finance, du droit, de la santé et particulièrement dans l’assurance.

Le risque est la coexistence d’un aléa (les conséquences de l’action entreprise ne sont pas totalement prévisibles) et d’un enjeu (il y a espoir de gain et/ou de perte). Lorsqu’une personne prend un risque, elle entreprend une action avec un espoir de gain et/ou une possibilité de perte.

Il est possible d’appliquer ce concept à de nombreux domaines (G.Jousse, 2009). • Le jeu :

Aléa : le jeu a une part de hasard, où la complexité fait que l’on ne peut prédire ce que va faire l’adversaire.

Enjeu : le gain espéré peut être de l’argent, des biens matériels (lots), une reconnaissance (classement officiel, médaille) ou simplement la satisfaction de jouer, la distraction. La perte peut être de l’argent, le temps investi ou la frustration de l’échec.

• Le risque majeur (catastrophe naturelle, accident industriel) :

Aléa : il peut survenir un évènement climatique (inondation, tempête), un séisme,…ou bien un accident dans une unité de production ou de stockage.

Enjeu : on a construit dans cette zone géographique en raison de l’augmentation de la population locale, dû par exemple à une croissance démographique ou à un phénomène de migration, ou pour percevoir des impôts (gain). La perte peut être des dommages corporels, des destructions matérielles, ou bien encore une atteinte à l’environnement.

• La finance, la gestion d’entreprise :

Aléa : on ne peut pas prédire totalement comment va évoluer le marché, quelles seront les innovations techniques et comment vont évoluer les besoins des clients.

Enjeu : le gain espéré est un retour sur investissement, un maintien ou une progression de l’activité (en prenant des parts de marché). La perte peut être une absence de retour sur investissement, une baisse d’activité, éventuellement un plan social.

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29 Toute situation, toute activité peut produire un évènement profitable ou dommageable. Le risque est défini par la probabilité de survenue de cet évènement et par l’ampleur de ses conséquences. Il peut être appliqué à une personne, une population, des biens, l’environnement ou le milieu naturel.

En 1921, Frank Knight a proposé une distinction qui a valeur de référence entre le risque et l’incertitude : à un risque peuvent être assignées des probabilités mathématiques mais pas à une incertitude.

Dans certains domaines, on ne prend en compte que les conséquences négatives, que les pertes et pas les gains. On parle alors de risque aryétique.

L’acceptation d’un risque dépend des critères retenus par la où les personnes qui prennent la décision (ISO/CEI/ 73).

L’acceptabilité des risques est une notion subjective qui dépend du contexte socio-économique, de la culture et des attitudes et comportements (aversion au risque) de la personne (ou des pratiques de l’organisme) qui prend la décision. Cette acceptabilité des risques évoluent dans le temps.

Certains auteurs ont d’autres approches par rapport à la notion de risque. Tout d’abord, quelques-uns y voient une logique sociologique, le risque est ici considéré comme une forme particulière du sentiment de danger : la formalisation dans un cadre sociétal d’une vérité ontologique pour chaque individu, la peur du danger et la nécessité de s’en prémunir (Giddens, 1994 ; Méric et al. 2009). D’autres apportent à cette dernière approche une vision socio-économique comme la mesure de l’action pour les individus. Le risque est considéré comme un facteur d’incitation à l’action (ou de désincitation) permettant d’envisager le niveau de développement d’une société. Au sein de cette Société, l’individu est souvent amené à faire face à une des principales émotions qui le constitue : la peur. Sa peur liée à l’inconnu et à ce qui n’est pas certain, et donc à ses conséquences qui peuvent lui être préjudiciables, l’incite à se positionner sans une posture de compréhension et à s’extraire de son ignorance afin de constituer petit à petit une connaissance des diverses formes de dangers qui l’entourent. Face à ce phénomène, l’individu aura la volonté de prévenir cet évènement dommageable. Le risque est ici un construit social lié à la nature auto-protectrice de l’homme face à certains éléments externes mais également inhérents à la vie en société et aux effets de l’activité de l’homme.

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30 Au sein d’une organisation, la notion de risque n’est pas la même pour tout le monde et elle reste floue. Certains acteurs de l’entreprise pense savoir parler du risque alors qu’en réalité, ils font références à des concepts différents tels que les menaces, les faiblesses, les vulnérabilités ou bien encore les pertes (Méric et al. 2009 ; Pesqueux, 2011).

De plus, le développement de certaines activités humaines, et ce qui marque la dichotomie entre risque et incertitude), entraine une montée de l’incertitude (c’est-à-dire des évènements avec une survenance que l’on ne peut pas probabiliser et aux conséquences difficilement mesurables). De par le développement de ces pratiques à risque, on note progressivement la transition d’une approche moderne fondée sur la rationalité où il est question d’un danger à faire disparaitre par une action normative (interdire, restreindre, contraindre) ou par l’analyse scientifique (qui consiste à analyser et comprendre un phénomène et ses causes racines), à une approche post moderne où l’organisation, l’entreprise ou l’individu ont aussi pour rôle de gérer l’aléa consubstantiel à leur activité (Lascoumes, 1991).

Les problématiques entourant le risque sont délicates à traiter et elles sous-entendent simultanément l’expertise et la rationalité instrumentale mais suscitent l’ambiguïté et la controverse (Beck, Kropp, 2011). Le risque est au centre d’une vision générale qui considère que l’organisation intègre une perspective gestionnaire et ce vice privé qui suppose que la personne soit par nature adverse à être en accord avec une telle approche. Face à ce débat et ces contestations, il est complexe de trouver une réponse rigoureuse et ordonnée pour affronter les multiples risques qui sont inhérents à une organisation.

 Le risque et la norme

De par le contexte de crise et la difficulté de sa maitrise, le secteur financier est encadré par de nombreuses normes en ce qui concerne la gestion des risques. Les normes sont nombreuses en ce qui concerne le prudentiel (CRD4 pour les banques et Solvabilité 2 pour l’assurance et la réassurance) mais depuis cette volonté assumée de la Commission européenne de renforcer la protection du consommateur, les normes autour de la protection de la clientèle se sont développées et renforcées. On peut citer MIF2 pour la réglementation bancaire qui encadre principalement la distribution et la commercialisation des instruments financiers8, et DIA2

8 Les produits financiers sont des produits bancaires (crédits, contrats d’assurance,.. ;) alors que les instruments

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31 (IDD2 en anglais) qui concerne les mesures régissant l’intermédiation et la distribution en assurance. On peut évoquer également la loi de sécurité financière qui est plus générale. L’objectif prépondérant de ces normes initiées par les grandes institutions européennes via la Commission européenne, le Parlement européen et le Conseil européen est de veiller à ce que les établissements bancaires et assurantiels mettent en place les mesures nécessaires et adaptées afin d’apporter une solution appropriée face à leurs nombreux et divers risques.

Le risque et l’entreprise financière

 La gestion des risques dans l’entreprise

Il existe de nombreuses définitions de la gestion des risques mais nous retiendrons principalement la définition de la Federation of European Risk Management Associations (FERMA) qui la définit comme « un processus continu d’amélioration qui commence avec la

définition de la stratégie et se poursuit avec l’exécution de celle-ci. Elle devrait traiter systématiquement de tous les risques qui entourent les activités de l’organisation, que celles-ci soient passées, présentes ou futures ».

L’entreprise, particulièrement dans le secteur de la finance, doit faire face à un monde de plus en plus incertain et exigeant et c’est principalement pour cela que la gestion des risques a pour but d’atteindre des objectifs tout en répondant parallèlement aux risques organisationnels et aux risques pris de façon individuelle.

Une gestion des risques efficace et cohérente implique une compréhension globale des risques de l’entreprise (Guillon, 2009), c’est pourquoi il est essentiel de faire interagir plusieurs disciplines de l’entreprise. La gestion des risques (Risk Management) est parfois définie comme un processus transversal de création de valeur (Morlaye, 2006, p.60) au centre du processus organisationnel et impliquant toutes les fonctions de la chaine de valeur (Porter, 1986).

Mais la gestion des risques connait ses limites. En étudiant les comportements des acteurs, notre recherche a une approche philosophique et psychologique, il est donc intéressant de s’attarder sur les travaux d’Hammond qui dès le début des années 2000 insistait sur le fait que la plupart du temps, les dispositifs de maîtrise des risques sont focalisés sur les processus et l’organisation de l’entreprise avant d’être des logiques de raisonnement qui favoriseraient

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32 l’action des individus dans le but de diminuer les risques dans leurs pratiques courantes. Selon Hammond, la manière la plus efficace de gérer le risque serait de transformer les attitudes et les comportements. Dans cette approche provenant de la psychologie du risque, Pelzer (2009) estime que les défaillances fréquentes des systèmes de gestion des risques dans le secteur financier sont dues à l’absence de sanctions et de systèmes contraignants. Selon Demindenko et McNutt (2010), l’un des facteurs principal déterminant de réussite de la mise en pratique des politiques de risque est une bonne gouvernance de l’entreprise.

 La protection du consommateur : une préoccupation aujourd’hui centrale

La notion de protection des consommateurs n’est pas récente. Elle est apparue en France dans les années 1970 avec la loi Scrivner9 relative à l’information et à la protection des

consommateurs dans le domaine des opérations de crédit. La France a été précurseur sur cette approche, c’est seulement quelques années plus tard que l’Europe a développé ce concept dans l’élaboration de ses réglementations.

Suite au début de la crise financière fin 2007, la notion de protection du consommateur (ou appelée également protection de la clientèle) est apparue comme une préoccupation grandissante avant d’être aujourd’hui au cœur des projets réglementaires du fait de son incidence sur la stabilité financière.

Bien que les deux notions sont très similaires et sous-entendent les mêmes objectifs, on distingue les termes « protection de la clientèle » et « protection du consommateur » : la notion de consommateur employée dans le secteur bancaire concerne les particuliers pour des besoins autres que professionnels, et est définie au niveau européen, pas la notion de « clientèle ». La nuance concerne surtout la définition d’un périmètre de protection. Le terme protection de la clientèle est plus employé dans le secteur de l’assurance qui ne distingue pas ses assurés. Le secteur des instruments financiers quant à lui distingue les clients professionnels (sur critères objectifs du chiffre d’affaires et du bilan) qui débute à l’importante PME10 et les clients non professionnels (ou retail), c’est-à-dire tous les autres

clients dont le périmètre est bien plus large que celui du « consommateur ».

Le renforcement de la régulation financière, qui implique également la protection des intérêts de la clientèle des produits financiers, figurait parmi les priorités de la présidence française du

9 Loi n°78-22 du 10 janvier 1978. 10 Petites et moyennes entreprises.

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33 G20 en 2011. Depuis le sommet de Seoul en novembre 2010, le G20 a pris plusieurs initiatives en vue de renforcer la protection des consommateurs dans le domaine des services financiers. Il a confié au Conseil de stabilité financière (CSF) l’élaboration d’un rapport sur la protection de la clientèle de produits financiers, abordant plus spécifiquement les relations entre emprunteurs et prêteurs, et à l’organisation de coopération et de développement économique (OCDE), la mission de coordonner des travaux visant à dégager des principes communs sur la protection des consommateurs des produits financiers. Dans la déclaration finale du sommet de Cannes le 4 novembre 2011, les dirigeants du G20 ont approuvé les principes directeurs de l’OCDE sur la protection des consommateurs dans le domaine financier, ainsi que le rapport du CSF. La présidence française du G20 avait formulé trois demandes11 :

1. Impliquer les associations de consommateurs aux travaux du G20 et les associer à l’élaboration des principes communs,

2. Assurer les conditions d’une adhésion des pays émergents à ces principes communs, 3. Parvenir au consensus le plus ambitieux possible à la fois sur un large domaine (crédit,

épargne et services d’investissement) et sur un champ très étendu allant de la réglementation et de la régulation à la commercialisation.

La protection de la clientèle est donc au centre des préoccupations à la fois des législateurs, des superviseurs mais aussi des entreprises parce qu’elles se doivent d’être en conformité suite aux nombreux affaires médiatiques quant à l’atteinte au respect de la protection de la clientèle.

La notion de protection de la clientèle est avant tout le respect d’un cadre réglementaire. Elle est issue du code de la consommation et désigne l’ensemble des règles protectrices du consommateur dans le cadre d’une prestation de services fournie par un professionnel. Elle s’applique à l’ensemble des pratiques commerciales telles qu’elles sont définies dans l’article 2 de la directive 2005/29/CE : « Toute action, omission, conduite, démarche ou

communication commerciale y compris la publicité et le marketing, de la part d’un professionnel, en relation directe avec la promotion , la vente ou la fourniture d’un produit aux consommateurs ». Elle interdit également les pratiques commerciales déloyales : « contraintes aux exigences de la diligence professionnelle qui altère, ou est susceptible

d’altérer de manière substantielle, le comportement attentif et avisé, à l’égard d’un bien ou

Figure

Figure 1. Les impacts de la législation européenne 113
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