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View of Danièle Méaux, Géo-Photographies. Une approche renouvelée des territoires

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Academic year: 2021

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IMAGE [&] NARRATIVE Vol. 17, No.1 (2016) 103

Danièle Méaux,

Géo-Photographies. Une approche renouvelée des territoires

Olivier Belon

Pour repérer un changement d’attitude au sein d’une photographie attachée à la représentation des territoires contemporains, Danièle Méaux utilise la figure de la conversion, cette impulsion qui permet à un skieur de se retourner sans bouger sur une pente glissante. Les pistes explorées s’inscrivent principalement dans le domaine de la photographie de paysage, un domaine précisément balisé qui ne cesse de s’étendre depuis bientôt deux siècles. En s’éloignant des schémas consacrés, l’auteur explore les champs croisés de la photographie documentaire et de l’art contemporain pour mettre à jour d’importants changements de paradigmes.

De nombreux photographes surfent désormais sur des pistes jalonnées par les sciences humaines en se jouant des reliefs accidentés produits par leurs prédécesseurs et plusieurs générations de théoriciens. La photographie de paysage se trouve ainsi profondément bouleversée par la mise en œuvre de cheminements méthodiques associés à des approches plus soucieuses d’éthique que d’esthétique, dirigés vers une véritable compréhension des enjeux socio-économiques liés à l’évolution rapide des territoires. Aux antipodes du coup d’œil esthétisant et rapporteur d’anecdotes, Danièle Méaux présente des artistes qui se positionnent minutieusement face à leur sujet en utilisant des chambres grand format, dans la lignée de Walker Evans, renouvelant ainsi la forme documentaire pour en faire un support d’observation et d’échanges. Parcourant tout type de territoire, du local au global, et témoignant toujours de façon singulière d’un état du monde, la force de la photographie réside alors dans sa capacité à déverrouiller les frontières pour que les images deviennent de véritables outils de réflexion.

Danièle Méaux relève les paramètres de cette régénération en huit chapitres, en se basant sur des démarches d’artistes et de photographes caractérisées par une complémentarité entre la rigueur de la prise de vue et l’éloquence des images. Depuis les Becher jusqu’à Cyprien Gaillard, les démarches étudiées permettent à l’auteur de circonscrire des filiations, une proximité liée à l’usage responsable de l’outil photographique, chacune de ses parties soulignant l'impact positif que peuvent avoir des études menées dans le domaine des sciences humaines et sociales. À l’intérieur de la partie qui s’intéresse à la question de l’usage de protocoles, l’auteur analyse par exemple le travail de Thierry Girard en le rapprochant du modèle du “transect” des géographes, qui consiste à tracer une ligne virtuelle sur une portion de territoire donné pour observer précisément certains phénomènes ; puis elle localise certaines cheminements engagés sur le long terme à travers des règles de reconductions, souligne l’utilisation d’enquêtes, de relevés typologiques, avant de se confronter dans un autre chapitre à des procédures plus libres qui font appel au déplacement et à l’expérience physique du paysage.

Danièle Méaux

Géo-Photographies. Une approche renouvelée des territoires

Trézélan, Filigranes, 2015

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IMAGE [&] NARRATIVE Vol. 17, No.1 (2016) 104

L’essai s’appuie notamment sur deux penseurs qui dans les années 70 ont étudié le territoire sous un angle social et politique, John B. Jackson et Henri Lefebvre. L’historien et écrivain américain s’est attaché à présenter le paysage sous son aspect vernaculaire, comme le fruit de multiples activités humaines, prenant de la distance avec une tradition qui valorisait les représentations d’une nature sauvage et sublime, alors même que le philosophe et sociologue français envisageait le paysage urbain comme une entité éminemment politique pour critiquer la montée d’une standardisation généralisée. À la faveur d’une importante documentation nourrie par un remarquable ensemble de références, Géo-Photographies constitue donc une étude rigoureuse, soucieuse d’utiliser un vocabulaire juste et précis, y compris lorsqu’il s’agit de faire référence aux sciences humaines ; les analyses détaillées et les éclairages apportés par l’auteur sur des recherches de photographes contemporains nous engagent à partir à la découverte d’œuvres qui valorisent une transcription éclairée de la réalité des territoires.

Olivier Belon est professeur agrégé en arts plastiques à l’université Jean Monnet de Saint-Etienne Email : olivier.belon@univ-st-etienne.fr

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