I/ La poésie de la première moitié du XVIIe siècle 1/ François de Malherbe, ses partisans et ses opposants
2/ les poètes indépendants, ex. Théophile de Viau 3/ le burlesque: ex. Paul Scarron
II/ La poésie de la deuxième moitié du XVIIe siècle : 1/ Jean de La Fontaine :
a/ Contes: composition, thèmes
b/ Fables: sources, composition, thèmes 2/ Nicolas Boileau : Satires, Epîtres (CM8)
1598 - 1620: Agrippa d'Aubigné, Jean de
Sponde, Jean-Baptiste Chassignet, Jean de La Ceppède, Nicolas Vauquelin des Yveteaux
François de Malherbe et ses disciples: Honorat de Racan, François Maynard, Antoine Godeau opposant : Mathurin de Régnier.
1620-1650: Théophile de Viau, Vincent Voiture, Guillaume Colletet, Jean Oger
Gombauld, Claude Malleville, Etienne Durand, Saint-Amant, Tristan l‘Hermite, Georges de Scudéry, Isaac de Benserade, Paul Scarron.
1660-1715: Jean de La Fontaine, Nicolas Boileau
François de Malherbe (1555-1628)
„un bon poète n'est pas plus utile à l'Etat qu'un joueur des quilles”
Tous vous savent louer, mais non également;
Les ouvrages communs vivent quelques années:
Ce que Malherbe écrit dure éternellement.
Sonnet, Au roi (Louis XIII), 1624
1620 : Malherbe fréquente Jean Chapelain, Guez de Balzac, Claude Vaugelas
L'œuvre poétique de Malherbe est peu abondante et se compose d'odes, de stances et de sonnets, le plus souvent dictés par la circonstance. Pas de doctrine imprimée.
Philippe Desportes (1546-1606, poète maniériste de la cour d'Henri III)
Desportes: "Sans yeux je vois ma perte, sans langue je crie"
Malherbe: Sottise imitée de Pétrarque
Selon Malherbe :
- la poésie est un métier
- la poésie accessible, la recherche de meilleures formules, rimes, rythmes, pensées, images.
- ses principes sont : la concision, la simplicité, la clarté.
- épurer la langue des mots encombrants, des archaïsmes, des néologismes et des provincialismes.
- respecter les règles de la grammaire, éliminer tout ce qui met à mal le sens.
- l'emprunt à la mythologie grecque et latine doit se limiter à ce qui appartient à la culture générale.
- il comparait la poésie à la danse qui a besoin d'être réglée à la perfection.
Quelques thèmes :
l'éloge des puissants, chanter la qualité du règne, souvent commandés: Prière pour le Roi Henri le Grand allant en Limousin, 1607, A la Reine Mère du Roi sur les heureux succès de sa régence,1610, Pour la reine mère pendant sa régence, Pour le Roi allant châtier la rébellion des Rochelois (Louis XIII).
[...]Prend ta foudre, Louis, et va comme un lion Donner le dernier coup à la dernière tête
De la rébellion. [...]
Marche, va les détruire: éteins-en la semence;[...]
Pour le Roi allant châtier la rébellion des Rochelois, 1627 la mort: A M. Du Périer sur la mort de sa fille, Sur la mort de son fils,
l'amour: nombreuses chansons, Dessein de quitter une dame, 1612, Pour Alcandre, XII, 1609
Mathurin de Régnier (1573-1613), auteur de 16 satires (dont trois publiées à titre posthume).
Cependant leur savoir ne s'étend seulement
Qu'à regratter un mot douteux au jugement, Prendre garde qu'un qui ne heurte une
diphtongue,
Epier si des vers la rime est brève ou longue, [...]
Ils rampent bassement, faibles d'inventions, Et n'osent, peu hardis, tenter les fictions.
Satire IX
Théophile de Viau (1590-1626), Œuvres poétiques 93 éditions au XVIIe s (Malherbe 16)
„la règle me déplaît, j'écris confusément, [...]
Malherbe a très bien fait, mais il a fait pour lui, [...]
J'approuve que chacun écrive à sa façon, J'aime sarenommée et non pas sa leçon”
Elégie à une dame, 1620
-Il considère la poésie comme un moyen d'expression sincère des sentiments.
-L'œuvre poétique de Théophile comprend des odes, des stances, des sonnets, des élégies et quelques satires.
-L'inspiration amoureuse et l'évocation de la nature.
-Poésie épicurienne, l'érotisme, l'éloge de la légèreté.
Quand tu me vois baiser tes bras, Que tu poses nue sur tes draps,
Bien plus blancs que le linge même:
Quand tu sens ma brûlante main Se promener dessus ton sein,
Tu sens bien Cloris que je t'aime.
Ode, 1620
Je baignerai mes mains folâtres Dans les ondes de tes cheveux, Et ta beauté prendra les vœux De mes œillades idolâtres.
La Solitude, 1621
Saint-Amant (1594-1661): Le Melon, Le Fromage, La Jouissance
poésie de salon (Vincent Voiture) cf. CM salons
Le burlesque: discordance de tons, dans la langue ancienne veut dire "plaisanterie", désigne une
manière d'écrire qui consiste à "traiter en ridicule les sujets sérieux" (Furetière), à utiliser un style familier, désinvolte, leste, trivial, grossier .... pour traiter un sujet noble.
Paul Scarron (1610-1660), Recueil de quelques vers burlesques, (1643-1644), une parodie
burlesque de récit mythologique, Le Typhon, 1644 et une parodie d'épopée, Le Virgile travesti, 1648-
1650).
Revenez, mes fesses perdues Revenez me donner un cul En vous perdant j'ai tout perdu
Jean de La Fontaine (1621-1695) L'Eunuque (1654) comédie,
Adonis (1658) poème héroïque,
Elégie aux nymphes de Vaux (1659), Songe de Vaux (1671)
Contes (1664),
Fables choisies mises en vers (livre I-VI, 1668),
Les Amours de Psyché et de Cupidon (1669) roman mêlé de prose et de vers,
Nouveaux Contes (1674),
Fables (livre VII-XI, 1678-79), Fables (livre XII, 1694)
Je suis chose légère et vole tout sujet;
Je vais de fleur en fleur et d'objet en objet;
A beaucoup de plaisirs je mêle un peu de gloire.
J'irais plus haut peut-être au temple de Mémoire
Si dans un genre seul j'avais usé mes jours;
Mais quoi! Je suis volage en vers comme en amours.
Discours à Mme de La Sablière, 1684
Contes: (1664), Nouveaux Contes (1674) 64 pièces en vers
contes-épigrammes, contes-anecdotes, certains relèvent de la nouvelle
caractère licencieux, genre fondé sur la gaieté
"il faut du piquant et de l'agréable si
l'on veut toucher"
"On ne considère en France que ce qui
plaît: c'est la grande règle, et pour ainsi dire la seule. Je n'ai donc pas cru que ce fût un crime de passer par-dessus les anciennes coutumes, lorsque je ne pouvais les mettre en usage sans leur faire tort. Du temps
d'Esope, la fable était contée simplement, la moralité séparée, et toujours ensuite.
Phèdre est venu, qui ne s'est pas assujetti à cet ordre: il embellit la narration et
transporte quelquefois la moralité de la fin au commencement."
Préface du Ier recueil des Fables.
La fable (l'apologue) :
un court récit, souvent agrémenté d'un dialogue et qui sert à illustrer une morale fondée sur le bon sens. Les personnages sont la plupart du temps des animaux dotés des traits psychologiques humains.
-le 1er recueil : dédié au Dauphin, inspiration : Esope VI s. avant
J-C et Phèdre, auteur latin du Ier s.
-le 2ème recueil: dédié à Mme de Montespan, sources plus diversifiées : les conversations avec les personnes rencontrées chez Mme de La Sablière (par ex. François Bernier voyageur, philosophe, médecin) ou l’ispiration par la mode de l’Orient: par ex. les fables du sage indien Pilpay
Thèmes plus ambitieux, plus philosophiques que ceux du 1er recueil.
Chez La Fontaine la morale est présente uniquement si elle ne gâche pas le plaisir de la lecture et l'instruction passe surtout par le récit même.
Gnaton
Que le pouvoir est grand du bel art de flatter!
Qu'on voit d'honnêtes gens par cet art subsister! [...]
[...] je fuis ceux qui sont chiches,
Et cherche les plus sots, quand ils sont les plus riches.
Je les repais de vent, que je mets à haut prix;
Prends garde à ce qui peut allécher leurs esprits;
Sais toujours applaudir, jamais ne contredire; [...]
L'Eunuque, acte II, sc.1 Apprenez que tout flatteur
Vit aux dépens de celui qui l'écoute.
Cette leçon vaut bien un fromage sans doute.
Le Corbeau et le Renard (I,2) Le loup reprit: Que me faudra-t-il faire?
Presque rien, dit le Chien; donnez la chasse aux gens Portants bâtons, et mendiants;
Flatter ceux du logis, à son maître complaire;
Le Loup et le Chien (I, 5)
