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Elizabeth Tchoungui Billets d humeur

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Academic year: 2022

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Elizabeth Tchoungui Billets d’humeur

Collection Documents

Depuis deux ans, la journaliste et animatrice de télévision Elizabeth Tchoungui écrit chaque semaine un billet d’humeur sur

aufeminin.com, le

site féminin le plus fréquenté en France.

Alternant les sujets sérieux et légers, elle

s’empare de l’actualité avec un regard

documentaire et un humour piquant,

pour exprimer tantôt sa révolte (aussi

bien contre la misère qui touche les

mères isolées, le viol conjugal, que

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contre la chirurgie esthétique ou la télé- réalité), tantôt sa fierté de voir se concrétiser certaines avancées sociales (la meilleure représentation des femmes à des postes clefs en politique, l’innovation scientifique que constitue le

« bébé du double espoir » ou encore l’excellent taux de natalité en France).

L’ensemble des billets d’humeur publiés

en 2010 et 2011 sont repris ici dans

l’ordre où ils ont paru, pour en garder

toute l’énergie, au plus près du réel. Au

gré de ces textes rapides et mordants, où

la colère le dispute toujours à la

tendresse, se dessine une réflexion à la

fois détaillée et globale sur la société

française (et parfois la communauté

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internationale). Les thématiques qui sont au cœur de nos préoccupations en cette intense période électorale y sont analysées avec autant de drôlerie que d’audace.

Elizabeth Tchoungui est journaliste et animatrice de télévision. Elle présente, depuis septembre 2011, le nouveau magazine hebdomadaire consacré à la culture sur France 2, « Avant-premières

». Elle est également l’auteur des romans

Je vous souhaite la pluie (Plon, 2006) et Bamako Climax (Plon, 2010).

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EAN numérique : 978-2-7561-0956-5

EAN livre papier : 9782756103822

www.leoscheer.com

978-2-7561-0955-8

www.centrenationaldulivre.fr

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Billets d’humeur

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DU MÊME AUTEUR

Je vous souhaite la pluie, Plon, 2006

Sept filles en colère, recueil de nouvelles, ouvrage collectif, Les petits matins, 2007

Bamako Climax, Plon, 2010

© Éditions Léo Scheer, 2012 www.leoscheer.com

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Elizabeth Tchoungui

Billets d’humeur

Pour aufeminin.com

Éditions Léo Scheer

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I. Nos ovaires ont des neurones

La rentrée, on le sait, ce n’est pas gai. Après les kilomètres de bouchons sur la route du retour, il faut avaler sans sourciller les hectomètres de queue à la caisse de l’hyper, le Caddie rempli de fournitures scolaires et de gosses en vrille, sans parler de la nuit à la belle étoile sur le trottoir de la mairie pour inscrire les enfants aux activités extrascolaires, ni du troisième tiers déjà en embus- cade dans la boîte aux lettres. Loin de moi l’idée de vous saper un peu plus le moral, mais pendant l’heure passée dans l’antichambre bondée du pédiatre, à attendre qu’il me délivre en trente secondes le certificat nécessaire à mon fils pour entrer en crèche, j’en ai feuilleté, des journaux, et une info m’est restée en travers de la gorge : une maman solo étrangle sa fillette handicapée avant de tenter de se suicider. L’histoire se répète, depuis Zola. Un homme, une femme, un enfant. Un jour, l’homme part. Il court, il vole même, lorsque l’enfant est handicapé, parce que c’est trop dur pour lui, il ne supporte plus. Et puis c’est bien

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connu, un enfant a plus besoin de sa mère. Mais sa mère parfois est chômeuse, ou travaille à temps partiel, et se retrouve dès le 15 du mois aux Restos du cœur, la honte au ventre. Voilà pourquoi en France, 30 % des femmes sont en situation de précarité, contre 6 % des hommes.

Qu’elle est loin de la sordide réalité française, Angelina Jolie, qui déroule sa plastique droïdienne dans le même journal pour la promotion de son dernier film, Salt. Elle a l’air d’aller mieux, Angelina : elle a pris 300 grammes. Mais la vraie bonne nouvelle, c’est que dans Salt, elle pique le rôle d’un mec. L’agent secret de la CIA sans surprise, aux prises avec des Nord-Coréens, et par méprise accusé d’être un espion russe, devait à l’origine être incarné par Tom Cruise : à Hollywood aussi, la discrimination existe, les actrices les mieux payées le sont toujours moins que les hommes, elles sont moins bankables, bonnes pour les comédies sentimentales avec chien à long poil en accessoire, pas pour les films testostéronés. La sortie de Salt fera donc date dans l’histoire du féminisme : ce n’est pas un soutien-gorge qui brûle, c’est un usage macho qu’on dégomme. Victoire !

La révolution était en marche déjà avec Kathryn Bigelow, première réalisatrice à obtenir un Oscar, venant récompenser de surcroît un film d’action.

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De la castagne, de l’adrénaline, avec peut-être un chouïa de nuance. Prisme féminin ? On pourrait se poser la question tant la première réalisation d’Ariane Ascaride, diffusée récemment sur France 2 et injustement cantonnée au petit écran, possède cette même capacité à faire bouger les lignes, à offrir un regard différent.

Dans Ceux qui aiment la France, Ariane tisse, toujours avec cette tendresse engagée qui la rend si attachante, une réflexion sur l’identité nationale, à travers une fillette de 11 ans qui vit dans un HLM de Marseille : Amina est d’origine algé- rienne, voue un culte à la République française, et surtout déteste les Arabes. Nul ne peut accuser de racisme Ariane Ascaride, petite fille d’immigrés napolitains, élevée au métissage des quartiers populaires. Loin de la bien-pensance artistique, son parti pris culotté est plus efficace pour avancer sur cette question cruciale du vivre-ensemble que toutes les saillies, tantôt nauséabondes tantôt commisératives, entendues ces derniers jours au sujet des Roms. Alors plutôt que de reprendre le chemin de nos open-spaces en traînant la patte, réjouissons-nous, mes sœurs : nos ovaires ont des neurones !

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II. Bébé Barnum

C’est bien connu, les publivores aiment les bébés.

Des ballets aquatiques de chérubins pour vendre de l’eau minérale aux frimousses sanglées à l’arrière d’un monospace spécial familles recomposées, les nourrissons font vendre. Quelle ménagère de moins de 50 ans résisterait à leurs jolies bouilles, qui viennent insuffler un peu de douceur dans ce monde de brutes ?

Loin de moi l’idée de vouloir jeter bébé avec l’eau du grand bouillon publicitaire, mais il y a tout de même des limites : un minimum d’adéquation entre le bout’chou d’amour et le produit qu’il incarne est requis. En vertu de ce sage préambule, les bras m’en tombent lorsque je découvre la nouvelle campagne d’un grand quotidien économique français : un bébé – un peu crispé d’ailleurs, parce que les cotations boursières, pour lui, ce n’est pas l’éclate – qui arbore pour seul vêtement une couche siglée d’un titre dudit quotidien : « Natalité : l’excep- tion française ».

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Je passerai sur la propension du créa qui a pondu cette pub à jouer avec le feu : nul n’ignore qu’un mauvais canard peut s’avérer utile, en cas de panne de rouleau hygiénique épaisseur triple. Je veux bien considérer avec indulgence le même concepteur- rédacteur, qui, briefépar un client peut-être désireux de féminiser son lectorat, s’est dit : Eurêka !un bébé, ça fera la blague.

Ce qui m’exaspère, c’est que je ne veux pas voir nos bébés se faire récupérer par le grand capital, fût-ce à travers le prisme d’un journal respectable. Je ne veux pas que mon enfant porte des couches aux couleurs des licenciements intempestifs qui en- graissent les souscripteurs de juteux fonds de pensions. Je pense que l’effigie de Buzz l’Éclair l’amuse plus que celle des vilains traders. Respectons le temps de l’innocence : le jour où la chair de notre chair devra payer des impôts pour renflouer les banques indélicates viendra bien assez vite.

Loin des démiurges du grand capital – pardon Arlette pour le plagiat –, une gueule noire bloquée dans une galerie abyssale attend de revoir le jour.

C’est un bébé qui sera son rempart contre la folie : Ariel, l’un des trente-trois mineurs emprisonnés sous la terre chilienne, est papa pour la troisième fois. L’accouchement a été filmé par la famille, qui espère faire voyager la vidéo par la mince excavation

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qui relie les damnés du magma à la vie. Le bébé est une fille. Elle s’appelle Esperanza. Espoir. Le tour- billon de la vraie vie, celui qui balaie les faussaires de la pub.

Mais puisque le bébé aux couches estampillées CAC 40 nous bassine à longueur de colonne Morris avec cette exceptionnelle natalité française, arrêtons-nous un instant sur ce document de l’INED (l’Institut national d’études démogra- phiques) qui vient de paraître et pointe un pic de naissances au mois de septembre. Exclusivement dues aux conceptions du nouvel an, figurez-vous.

Faire un bébé pour célébrer ce futur qui nous tend les bras, comme c’est romantique ! La réalité l’est moins. À la Saint-Sylvestre, en France, on boit beaucoup. Résultat : on oublie sa pilule. Ou on la vomit. Le pic d’IVG constaté à la fin du mois de janvier corrobore cette hypothèse peu glamour.

Dommage. Cette étude aurait dû paraître lorsque les pubards du grand quotidien économique étaient encore en plein brainstorming : l’inscription sur la couche de leur bébé de papier glacé aurait au moins eu le mérite de nous faire rire – « Nata- lité : l’exception française est due aux murges du réveillon ».

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III. Mariez-vous, qu’ils disaient !

Mariés de l’an 2011, lacérez sauvagement vos bans, revendez sur le net votre robe meringue et chantilly et votre queue-de-pie amidonnée, annulez la location de la salle des fêtes, indemnisez votre wedding- planner : tout ce tralala nuptial, ça ne sert plus à rien.

Vous allez en effet dépenser des sommes folles sans que cela vous rapporte un kopeck : sauf descente massive dans la rue de promises vêtues de leur seule jarretière, finie l’économie d’impôts consentie aux jeunes mariés, ce tour de passe-passe qui consistait, l’année du mariage, à réduire son tiers provisionnel tout en remplissant trois déclarations.

À moins de recevoir en cadeau de noces un bouclier fiscal en platine massif, le coup porté aux fiancés est rude. Pourtant, cet argent qui n’enrichissait pas le Trésor public l’année de leurs noces aurait fini par renflouer les caisses de l’État : tôt ou tard, un jeune couple achète sa résidence principale, frais de mutation exorbitants compris.

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Ex-futurs mariés de l’été 2011, vous avez raison de râler, et plutôt deux fois qu’une : « Symboliquement, c’est très moche », pour paraphraser une internaute gauchiste ou romantique. En même temps, ce symbole, la télé l’aura tué quelques jours avant les gouvernants : qui voudrait passer devant M. le maire après Amélie, Senna et leurs noces en carton- pâte dans Secret Story, cette émission de téléréalité qui a enlevé au mariage sa part de rêve ?

Et l’amour, dans tout ça ? me direz-vous, ex-futurs mariés de l’an 2011. Vous saper le moral me rend fort contrite, mais même le philosophe Pascal Bruckner s’interroge dans son dernier essai, Le mariage d’amour a-t-il échoué ? (publié chez Grasset).

Pour lui, la réponse, c’est oui, si l’on ne teinte pas la passion de raison. Oui, si l’on surinvestit la dimension amoureuse. Mieux vaut surinvestir dans des SOFICA et des FCPI que dans le mariage d’amour qui dure toujours : dans le premier cas de figure, au moins, vous payez moins d’impôts.

Fiancés de l’an 2011, désolée d’en rajouter, mais que veut encore dire le mariage lorsqu’en Afghanistan, les rebelles talibans viennent d’ériger un décret pour en limiter le coût, prouvant ainsi leur mainmise croissante sur le pays ? La mesure profite à l’homme, qui n’a plus à verser une dot conséquente pour prendre femme. Le décret ne dit pas s’il lui passe

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d’abord la bague au doigt, ou s’il lui enfile direct une burqa.

Ex-futurs mariés de l’an 2011, je vous sais déjà fort marris, donc je ne m’étendrai pas sur l’éloquent taux de divorce français. Au contraire, si vous per- sistez à vouloir coûte que coûte vous unir devant M. le maire, le curé, l’imam, le rabbin, vous asseoir sur le cadeau fiscal et vous ruiner en petits fours, je ne peux que louer votre motivation : votre foi en l’amour est exemplaire, à l’heure où un pays entier songe à divorcer. Car aujourd’hui, la Belgique se déchire. La Flandre prendra les moules, la Wallonie récupérera les frites, mais qui aura la garde de l’humour ?

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IV. Rendez-nous nos seins !

Le rire pour éluder le pire. En France, selon le rapport de l’INSEE publié ce mardi, une famille mono- parentale sur trois vit sous le seuil de pauvreté, établi à 950 euros par mois. Pourtant, au buzzo- mètre de la semaine, c’est une famille monoparentale bien à l’abri du besoin qui est numéro un : Rachida Dati et son réjouissant lapsus, Rachida Dati confon- dant variable économique et gâterie classée X. Ainsi va le cirque médiatique.

Élevons le débat, remontons au-dessus de la ceinture, et intéressons-nous plutôt à un essai aussi informatif que ludique, Le Sein, une histoire. Traduit dans une vingtaine de pays, de la Turquie à la Chine, publié en France aux éditions Galaade, avec préface d’Élisabeth Badinter en prime, l’ouvrage de l’uni- versitaire américaine Marilyn Yalom soulève une question toujours d’actualité : à qui appartiennent nos seins ? Il en ressort, de la préhistoire à nos jours, que notre vénérable poitrine appartient tantôt à l’enfant – le sein nourricier – tantôt à l’homme – l’objet érotique –, et parfois, on s’en passerait

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Sommaire

I. Nos ovaires ont des neurones...

II. Bébé Barnum...

III. Mariez-vous, qu’ils disaient !...

IV. Rendez-nous nos seins !...

V. Des Nobels et des blondes...

VI. Femmes d’honneur...

VII. Un parfum de fin du monde...

VIII. Vive les catherinettes...

IX. Un pas en avant, un pas en arrière...

X. Humeurs mécréantes...

XI. Chabadababeurk...

XII. Bienvenue en jemenfoutismocratie...

XIII. Miss Dissidente...

XIV. Botoxittude...

XV. Rhabillés pour l’hiver...

XVI. Le Père Noël n’est pas un imbécile...

XVII. En avoir ou pas...

XVIII. Rabais et rabat-joie...

XIX. La décimale jubilatoire...

XX. La baguette ou la schlague...

XXI. Une journée ordinaire dans la vie d’Élodie...

XXII. Baby médoc...

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XXIII. La vengeance des soubrettes...

XXIV. Un si joli conte de fesses...

XXV. Glace au lait maternel : bienvenue chez les psys...

XXVI. Dire ou ne pas dire...

XXVII. Urgence clitoridienne...

XXVIII. Comment épouser un terroriste ?...

XXIX. C’est la lutte finale...

XXX. Le septième ciel est au rayon « surgelés » XXXI. Christine, Martine, Eva :Girlpower ! XXXII. Requiem pour la téléréalité...

XXXIII. Loue trois pièces, références exigées, homosexuels s’abstenir...

XXXIV. Mannequins anorexiques : de qui se moque-t-on ?...

XXXV. So sexist...

XXXVI. Pippa contre Oussama...

XXXVII. De très mauvais poil...

XXXVIII. DSK, Baby Bling et les coyotes....

XXXIX. Je ne suis pas une salope...

XL. Nos ados dépravés...

XLI. Ma concierge s’appelle Twitter...

XLII. Noces barbares...

XLIII. Et la tendresse, bordel ?...

XLIV. Sexus politicus...

XLV. Femme ordinaire (et fière de l’être)...

XLVI. I will survive...

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