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Anses : 10 ans du Programme national de recherche environnement santé travail (Bilan) – Toute La Veille Acteurs de Santé, le hub de l'info du secteur santé

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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novembre 2016 14

Dossier du participant

Restitution du programme national de recherche environnement santé travail

Cité internationale universitaire de Paris Espace Adenauer

17, bd Jourdan - 75014 Paris

Regards croisés

sur 10 ans de recherche en appui à l’expertise

Enviro nneme nt Santé

Travail

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Éditorial

Le Programme national de recherche environnement santé travail (PNREST) fête déjà ses dix ans. Durant cette période, il a décliné les priorités nationales, notamment celles du Plan national santé environnement, du Plan santé travail et du Plan cancer. Il a apporté un soutien constant à la communauté des chercheurs actifs sur des thématiques en amont de l’évaluation de risque. C’est ainsi que le PNREST aura financé plus de 350 projets de recherche impliquant près de 1 000 équipes issues d’établissements variés et représentant un large éventail de disciplines scientifiques. Il aura contribué à la production d’un grand volume de connaissances avec, lorsque les travaux encore en cours seront achevés, près de 700 publications.

La production de nouvelles connaissances sur les scénarii d’exposition de la population, la mise en évidence d’effets biologiques, la compréhension de mécanismes d’action ont nourri tout au long de cette période les évaluations de risque. Parfois, des projets de recherche ont contribué à lancer des alertes. Les questions que l’évaluateur de risque pose à la recherche sont en perpétuel renouvellement. Il s’agit, bien sûr, d’intégrer les nouvelles connaissances et les questionnements qu’elles induisent, mais également de prendre en compte l’évolution des expositions de la population et celle des pratiques, et d’appréhender les changements technologiques. C’est ainsi que des thèmes apparaissent comme « radiofréquences et santé », « effets du changement climatique » ou « antibiorésistance et environnement ». Le PNREST s’est continûment adapté au contexte, et il constitue un outil précieux pour soutenir des projets de recherche qui relèvent de nouveaux défis en santé environnement et santé travail.

Ces rencontres scientifiques de novembre 2016 sont l’occasion d’esquisser un bilan de dix ans d’existence du PNREST, en illustrant les avancées de la recherche sur trois thématiques qui ont particulièrement bénéficié de l’appui de ce programme : i) la qualité de l’air et son impact sur la santé humaine ; ii) les pathologies telles que les cancers associés à l’exposition professionnelle, l’asthme et les allergies respiratoires en population générale ; iii) les nanoparticules, les conséquences sanitaires et environnementales liées à la généralisation de leurs usages.

Pour compléter le panorama, nous vous invitons à découvrir 35 projets de recherche soutenus par le PNREST, en cours de réalisation ou de finalisation, présentés sous forme d’affiche. Lors de la table ronde qui suivra ces présentations scientifiques, divers acteurs institutionnels, ministériels et représentant les alliances Aviesan et AllEnvi présenteront leur vision des interactions entre recherche et expertise sanitaire. Il est difficile de résumer en un seul évènement toute la richesse de ces dix années de recherche, mais j’espère que ces rencontres permettront de nombreux échanges impliquant le public, très varié et les scientifiques contributeurs.

Pour conclure cet éditorial, je voudrais remercier tous les acteurs qui se sont impliqués dans ce programme, tout au long de ces dix ans : les ministères de l’environnement et du travail, qui ont accompagné avec constance ce programme depuis l’origine, et les cofinanceurs, qui ont contribué à amplifier cette action (l’Ademe, l’Alliance Aviesan et l’InCA, l’Onema et le ministère de l’Agriculture). Je citerai aussi les équipes de l’Agence qui font que cet appel à projets est géré avec rigueur en suivant des procédures semblables à celles des grandes agences de financement. Enfin, merci à tous les scientifiques, membres de comités ou experts qui œuvrent pour que les projets retenus soient de haut niveau.

Roger GENET Directeur général de l’Anses

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Session 1 - Qualité de l’air et gestion des risques Impact de la pollution atmosphérique d’origine

automobile (PAA) sur l’incidence des problèmes respiratoires et allergiques chez l’enfant :

étude de la cohorte PARIS

Fanny RANCIERE1 ; Nicolas BOUGAS1 ; Malika VIOLA1 ; Isabelle MOMAS1,2

1Université Paris Descartes/Sorbonne-Paris-Cité ; 2Mairie de Paris, Paris. Contact : isabelle.momas@parisdescartes.fr

La compréhension de l’histoire naturelle de l’asthme et des allergies au cours de la petite enfance est encore parcellaire. De plus, il persiste des incertitudes quant à la contribution des facteurs comportementaux et environnementaux, notamment de l’exposition à la pollution d’origine automobile (PAA), au développement de ces maladies.

Les objectifs : 1) étudier l’histoire naturelle des symptômes respiratoires et allergiques chez de jeunes enfants de 0 à 4 ans en identifiant des phénotypes, c’est-à-dire, des profils par des analyses de classification ; 2) quantifier leur exposition précoce à la PAA et 3) déterminer l’impact de cette exposition précoce à la PAA sur les phénotypes respiratoires/allergiques identifiés.

Ce travail s’inscrit dans le cadre du suivi de la cohorte de naissances PARIS (Pollution and Asthma Risk:

an Infant Study) mise en place en 2003 et incluant 3 840 nouveau-nés. Des auto-questionnaires régulièrement renseignés par les parents tous les 3 mois la première année, tous les 6 mois la deuxième année puis une fois par an par la suite ont permis de documenter l’état de santé des enfants en termes de symptômes et de pathologies respiratoires/allergiques, ainsi que leur mode et cadre de vie. La sensibilisation allergénique a été déterminée par dosage des IgE spécifiques dans le sang. Un bilan de santé à 8 ans comportait, outre, un interrogatoire, des explorations fonctionnelles respiratoires, des tests cutanés allergologiques et une prise de sang afin de constituer une biothèque. L’exposition précoce à la PAA intégrant les différents lieux de vie (domicile, lieu de garde) a été évaluée pour la première année de vie des enfants par un modèle physico-chimique de dispersion de polluants traceurs du trafic, en l’occurrence les oxydes d’azote, conduisant à un indice (ExTra). L’identification de phénotypes respiratoires/allergiques entre 0 et 4 ans a été effectuée par des analyses de classification transversales et longitudinales. L’association entre ExTra et les phénotypes identifiés a été étudiée par des modèles de régression logistique multinomiale ajustés sur les facteurs de confusion potentiels, avec recherche des interactions.

Entre 0 et 4 ans, l’analyse des trajectoires de 4 symptômes (sifflements, toux sèche nocturne, rhinite allergique et dermatite atopique) étudiés simultanément a permis d’identifier un groupe avec une faible prévalence de symptômes [n=1236, 49,0%] et quatre phénotypes respiratoires/allergiques distincts : deux transitoires (« rhinite transitoire » [n=295, 11,7%] et « sifflements transitoires » [n=399, 15,8%]), non associés avec la sensibilisation IgE dépendante, et deux persistants (« toux/rhinite » [n=284, 11,3%] et « dermatite » [n=308, 12,2%]), associés à la sensibilisation allergénique.

L’exposition au trafic durant la première année de vie n’est significativement associée qu’à la trajectoire des sifflements persistant et à la présence de plus de 2 symptômes respiratoires persistant à 4 ans. Cependant, les antécédents parentaux d’allergie et la survenue d’évènements familiaux modifient l’association entre exposition à la PAA et sifflements, toux sèche nocturne et rhinite. Ainsi, l’exposition à la PAA est significativement associée à toutes les trajectoires de symptômes respiratoires persistants chez les jeunes enfants qui ont des antécédents familiaux d’allergie ou qui ont vécu au cours de leurs 2 premières années un évènement familial (séparation/

divorce des parents, chômage, grave problème de santé ou décès d’un membre de la famille).

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Ce travail contribue à mieux comprendre l’histoire naturelle des manifestations respiratoires et allergiques durant les années préscolaires et suggère l’existence de différents phénotypes avant l’âge scolaire. En outre, il apporte quelques résultats-clés sur la relation entre exposition précoce à la PAA et persistance des symptômes respiratoires à 4 ans ainsi que sur les facteurs qui modifient cette relation, tels l’atopie et le stress.

Air intérieur

Séverine KIRCHNER

Université Paris Est/CSTB, Direction santé confort/Observatoire de la qualité de l’air intérieur, Champs sur Marne, France Contact : severine.kirchner@cstb.fr

La qualité de l’air est un axe de progrès en santé environnement en France et dans de nombreux pays.

La population passe près de 80% de sont temps dans des environnements clos. La qualité de l’air respiré joue donc un rôle crucial sur la santé, la capacité d’apprentissage des enfants et l’absentéisme au travail. La présence de nombreuses substances dans l’air ou les poussières des lieux de vie peut notamment favoriser l’émergence d’effets sanitaires comme les cancers, les pathologies respiratoires, les troubles du développement, les impacts sur le système reproductif, les effets irritatifs ou des situations d’inconfort.

Imposée comme un sujet de société, la qualité de l’air intérieur a mobilisé une communauté scientifique qui fait aujourd’hui référence à l’échelle internationale. Plusieurs recherches ont ainsi été menées au cours des 10 dernières années qui ont contribué à l’évaluation des risques et à l’élaboration des politiques de gestion des risques. On peut citer notamment les connaissances, acquises ou en cours, à l’échelle du parc de bâtiments, par l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur, sur les agents physiques, chimiques et microbiologiques présents en mélange dans les logements, les écoles, les bureaux ou les établissements de loisirs. Ces états de la pollution couplés aux travaux aujourd’hui disponibles sur l’identification des facteurs environnementaux et comportementaux influençant les niveaux de polluants sont autant de données qui ont servi l’action : Plan Qualité de l’Air Intérieur/PNSE3, étiquetage des produits de construction et de décoration, valeurs guides de l’air intérieur, surveillance des écoles et des crèches, évaluation des risques liés au formaldéhyde.

Par ailleurs, dans un contexte où les enjeux se multiplient pour le secteur de la construction en termes d’énergie, d’environnement, de sécurité sanitaire ou d’accessibilité, les recherches ont ciblé les bâtiments neufs ou réhabilités, performants en énergie, afin d’orienter les acteurs de la construction vers des pratiques en faveur de la qualité de l’air intérieur. L’attention s’est aussi portée sur des substances à fortes incertitudes, comme les composés organiques semi-volatils (COSV) ou sur des innovations, nouveaux matériaux et nouveaux systèmes, dits intelligents ou actifs, et dont les performances sont dopées par des technologies qui questionnent la qualité de l’air, comme les nanotechnologies.

Enfin les recherches menées alimentent progressivement l’image encore incomplète de l’exposome des populations et apporteront à terme des données utiles pour aborder de manière plus holistique la gestion de nos environnements proches.

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Session 2 - Pathologies : lien avec les environnements de vie et de travail

Travail de nuit et cancer du sein : où en est-on de la recherche épidémiologique ?

Emilie CORDINA-DUVERGER ; Alexandru POPA ; Pascal GUENEL

Centre de recherche en épidémiologie et santé des populations (CESP), équipe cancer et environnement, Inserm U1018, Université Paris-Sud/Université Paris Saclay, Villejuif ; France. Contact : pascal.guenel@inserm.fr

Le travail de nuit et le travail à horaires décalés ont fait l’objet au cours des vingt dernières années d’inquiétudes concernant leurs effets sur le risque de cancer. En 2007, le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) avait conclu que le « travail posté entrainant des perturbations du rythme circadien » était

«probablement cancérogène » sur la base de « preuves limitées chez l’Homme » et de « preuves suffisantes chez l’animal ». Les études épidémiologiques considérées montraient, en particulier, une modeste augmentation du risque de cancer du sein chez les femmes ayant travaillé de nuit sur de longues durées. Ces éléments de preuve étaient confortés par l’existence de mécanismes physiopathologiques possibles par lesquels une « perturbation des rythmes circadiens » pourrait favoriser le développement de tumeurs malignes, incluant i) les conséquences de l’exposition à la lumière durant la nuit à l’origine de la suppression du pic nocturne de mélatonine et de ses effets anti-cancérogènes, ii) les perturbations du fonctionnement physiologique normal des gènes de régulation du rythme circadien ou l’immunodéficience liée aux troubles du sommeil.

Depuis la publication du rapport du CIRC, de nouvelles études épidémiologiques ont été menées pour évaluer l’association entre le travail de nuit et le risque de cancer du sein. Parmi celles-ci, une large majorité a rapporté l’existence d’une association statistiquement significative entre le travail de nuit et le cancer du sein.

Par ailleurs, les méta-analyses réalisées rapportent une augmentation de 10 à 20% du risque de cancer du sein chez les femmes ayant déjà travaillé de nuit. Ces résultats doivent, toutefois, être interprétés à la lumière des forces et des faiblesses de chacune de ces études. La principale difficulté réside dans les méthodes d’évaluation de l’exposition au travail de nuit, souvent imprécises, et dans la définition même du travail de nuit très variable d’une étude à l’autre. Les disparités entre études limitent notamment la portée des méta-analyses. Malgré les progrès réalisés dans les études les plus récentes, ces difficultés ne permettent pas d’obtenir à ce jour une vision claire du risque de cancer du sein chez les femmes exposées au travail de nuit.

Des résultats récents rapportent que l’exposition au travail de nuit pourrait être associée à certains sous- types spécifiques de cancer du sein (définis par le profil de récepteurs hormonaux des tumeurs ou par le statut ménopausique). Ces aspects doivent faire l’objet d’études plus approfondies. Enfin, il est essentiel de coordonner les efforts de recherche dans ce domaine à l’avenir. Des analyses combinées d’études épidémiologiques permettant de disposer de définitions communes du travail de nuit, tout en augmentant le nombre de sujets disponibles, constitue une voie prometteuse. Des exemples de travaux dans ce sens seront montrés.

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Cancer colo-rectal et exposition professionnelle à l’amiante

Christophe PARIS

Institut de recherche en santé, environnement et travail (IRSET) U1085, Université de Rennes 1 Contact : christophe.paris@inserm.fr

L’exposition à l’amiante est associée depuis de nombreuses années au cancer broncho-pulmonaire, et au mésothéliome, et plus récemment aux cancers de l’ovaire et du larynx (CIRC 2012). Toutefois, le rôle de l’amiante dans la survenue de cancers digestifs, et en particulier du cancer colo-rectal, reste aujourd’hui discuté.

Depuis l’étude princeps de Selikoff en 1964, qui retrouvait une association positive avec le décès par cancer du côlon parmi les calorifugeurs américains, de nombreuses études ont été publiées avec des résultats contradictoires. En 1994, dans une revue de la littérature, Gamble se prononçait en faveur d’une association positive entre exposition à l’amiante et décès par cancer colo-rectal, mais sans pouvoir retenir l’existence d’une relation dose-réponse. Plusieurs études publiées ensuite, principalement des études de mortalité, ont rapporté l’existence de cette association, tandis que d’autres ne retrouvaient pas ce résultat. En 2012, le CIRC, analysant ces études, retenait également une probabilité forte de l’existence de cette association, mais sans obtenir un consensus sur le classement, du fait notamment de l’absence d’une relation dose-réponse évidente, peu d’études rapportant une telle analyse. Ainsi, Albin note en 1990 une augmentation du risque de décès par cancer colo- rectal de 1.6% par fibres.années/ml dans une cohorte de 1929 travailleurs exposés à l’amiante. Plus récemment, Wang (2013) observe également une relation significative entre décès par cancer gastro-intestinaux et amiante pour les expositions les plus fortes, supérieures à 100 fibres.années/ml.

Trois études également récentes analysent l’incidence du cancer colo-rectal et l’exposition à l’amiante.

Clin en 2011 note une tendance significative entre les tertiles d’expositions cumulées à l’amiante et l’incidence du cancer du côlon, mais pas avec l’indice d’exposition cumulée lui-même, cette étude étant toutefois basée sur un petit nombre de cas. Boulanger en 2016 retrouve dans une cohorte de 2024 sujets une relation significative entre incidence du cancer colique et une durée d’exposition à l’amiante de plus de 25 ans (SIR=1.75 [1.05- 2.73]).La troisième étude est une vaste étude de cohorte (Offermans 2014) portant sur 58 279 hommes, et qui rapporte une association positive entre l’incidence du cancer du côlon et le dernier tertile de la durée d’exposition (médiane = 30 ans) chez les sujets les plus fortement exposés. Toutefois dans cette étude, il n’est pas observé de relation significative avec la durée ou l’exposition cumulée lorsque l’on considère l’ensemble des sujets, et pas seulement les plus fortement exposés.

Une étude récente, financée par l’Anses, vient également d’être publiée (Paris 2016). Dans cette étude de cohorte comportant 14 515 hommes et 181 cancers du côlon incidents, il est mis en évidence une relation dose-réponse positive et indépendante avec l’exposition cumulée à l’amiante (HR = 1.14 [1.04-1.26] par unité d’exposition.année) et avec une latence depuis le début de l’exposition à l’amiante comprise entre 20 et 40 ans (HR = 4.67 [1.92-11.46]), alors qu’il existe une association négative et significative pour une latence de plus de 60 ans (HR = 0.26 [0.10-0.70]). Dans cette étude, une association avec une latence de 20 à 40 ans est également observée pour l’incidence du cancer du rectum, mais pas avec l’exposition cumulée. De plus, le nombre de cancers du rectum est toutefois faible ce qui empêche de conclure.

D’autres types d’études, peu nombreuses, sont également en faveur de cette association. Une étude expérimentale a ainsi montré que l’ingestion de fibres d’amiante chez le rat entrainait des lésions pré-cancéreuses du côlon (Corpet 1993). Par ailleurs, l’ingestion d’eau contaminée a été associée à un excès de cancer du côlon (Kjaerheim 2005) mais ce résultat n’est pas confirmé par d’autres études (Browne 2005).

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Au total, si la relation entre cancer colo-rectal et exposition à l’amiante est discutée depuis longtemps, les résultats les plus récents sont en faveur d’une relation significative, avec présence d’une relation dose-réponse en particulier pour le cancer du côlon.

Références

Albin M, Jakobsson K, Attewell R, Johansson L, Welinder H. 1990. Mortality and cancer morbidity in cohorts of asbestos cement workers and referents. British journal of industrial medicine 47(9): 602-610.

Boulanger M, Morlais F, Bouvier V, Galateau-Salle F, Guittet L, Marquignon MF, Paris C, Raffaelli C, Launoy G, Clin B. Digestive cancers and occupational asbestos exposure: incidence study in a cohort of asbestos plant workers. Occup Environ Med. 2015 Nov;72(11):792-7

Browne ML, Varadarajulu D, Lewis-Michl EL, Fitzgerald EF. 2005. Cancer incidence and asbestos in drinking water, Town of Woodstock, New York, 1980-1998. Environmental research 98(2): 224-232.

Corpet DE, Pirot V, Goubet I. 1993. Asbestos induces aberrant crypt foci in the colon of rats. Cancer letters 74(3): 183-187.

Gamble JF. 1994. Asbestos and colon cancer: a weight-of-the-evidence review. Environmental health perspectives 102(12):

1038-1050.

IARC. 2012. Arsenic, metals, fibres, and dusts. IARC Monogr Eval 100(Pt C): 11-465.

Kjaerheim K, Ulvestad B, Martinsen JI, Andersen A. 2005. Cancer of the gastrointestinal tract and exposure to asbestos in drinking water among lighthouse keepers (Norway). Cancer causes & control: CCC 16(5): 593-598.

Offermans NS, Vermeulen R, Burdorf A, Goldbohm RA, Keszei AP, Peters S, et al. 2014. Occupational asbestos exposure and risk of esophageal, gastric and colorectal cancer in the prospective Netherlands Cohort Study. International journal of cancer Journal international du cancer 135(8): 1970-1977.

Paris C, Thaon I, Hérin F, Clin B, Lacourt A, Luc A, Coureau G, Brochard P,Chamming’s S, Gislard A, Galan P, Hercberg S, Wild P, Pairon JC, Andujar P. Occupational Asbestos Exposure and Incidence of Colon and Rectal Cancers in French Men: The Asbestos-Related Diseases Cohort (ARDCo-Nut). Environ Health Perspect. 2016 Aug 12.

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Méthylisothiazolinone dans les produits d’usage courant et allergies cutanées

Cécilia SOLAL ; Céline DUBOIS ; Nathalie PRINTEMPS ; Cécile MICHEL ; Christophe ROUSSELLE Anses, Maisons-Alfort. Contact : cecilia.solal@anses.fr

La méthylisothiazolinone (MIT) est une substance utilisée comme conservateur dans de nombreux produits tels que des détergents, des peintures, des cosmétiques mais aussi dans des mélanges à usage professionnel (fluides de coupe par exemple). La MIT est reconnue comme substance sensibilisante cutanée, sur la base de données expérimentales animales et humaines. Elle a récemment fait l’objet d’une classification harmonisée européenne au titre du règlement « CLP ». Pour autant, dans l’attente de la mise en vigueur effective de cette réglementation, la MIT ne fait l’objet actuellement d’aucune obligation d’étiquetage sur les mélanges en contenant. De par sa très large utilisation, de nombreuses publications scientifiques ont mis en lumière une augmentation alarmante du nombre de cas d’allergies cutanées à cette substance en France comme en Europe depuis 2010. Le Comité européen scientifique de sécurité des consommateurs a été saisi en 2013 afin d’émettre un avis sur la nécessité de réduire la concentration maximale autorisée de MIT dans les cosmétiques, actuellement à 100 ppm.

Considérant les produits à usage grand public contenant de la MIT, l’Anses s’est autosaisie afin de dresser un état des lieux de ses utilisations et de décrire les risques associés de sensibilisation cutanée. Cette autosaisine a notamment reposé sur une revue bibliographique des données scientifiques récentes. Ces données portaient sur la relation dose-réponse et le potentiel d’élicitation de la MIT. L’étude de Hosteing et al. (2014) a calculé l’incidence des tests positifs à la MIT en France et son évolution de 2010 à 2012. Seize centres français (7 874 patients testés) ont participé à l’étude. L’analyse des données a montré que la proportion de tests positifs a plus que triplé en trois ans entre 2010 et 2012. L’incidence de la sensibilisation à la MIT a augmenté significativement dans le temps avec 1,50% en 2010, 3,26% en 2011 et 5,56% en 2012. Parmi les patients sensibilisés au MIT, 80% à 90% des cas étaient cliniquement pertinents. L’étude de Lundov et al. (2011), portant sur l’élicitation à la MIT, a montré que 18% des individus ont développé une réaction cutanée allergique à 5 ppm.

Les auteurs considèrent que le seuil de 100 ppm autorisé dans les produits cosmétiques n’est pas suffisamment protecteur vis-à-vis des sujets déjà sensibilisés. L’étude de Yazar et al. (2015) conclut que le seuil de 50 ppm dans les produits cosmétiques rincés, chez des individus sensibilisés, n’est pas sûr pour les consommateurs. Cette étude n’a pas permis de définir de dose protégeant de l’élicitation.

Par ailleurs, depuis 2010, des cas d’eczéma de contact par voie aéroportée ont été publiés, chez des enfants et des consommateurs à partir de murs peints, de colles ou de produits détergents contenant de la MIT seule.

Afin de confirmer le caractère volatil de la MIT contenue dans des peintures, Lundov et al. (2014) ont étudié l’émission d’isothiazolinones contenues dans 19 peintures à l’eau commercialisées au Danemark. Toutes les peintures contenaient de la MIT, entre 10 et 300 ppm. Après application de la peinture, la concentration en MIT à l’émission a pu être détectée plus de 42 jours après, avec un pic d’émission quelques heures après l’application.

D’après cette publication, l’évaporation lente et donc l’exposition chronique à la MIT par voie aéroportée lors de l’application de peintures est possible. Dans l’étude d’Aerts et al. (2014), 8,7% des patients sensibilisés à la MIT entre 2010 et 2012 présentaient une localisation de leurs manifestations cutanées compatibles avec un mode d’exposition aéroporté. La peinture contenant de la MIT (parfois en association avec d’autres isothiazolinones) était, dans 28/29 cas, la cause de l’allergie. Le nombre de cas de dermatites allergiques de contact aéroportées à la MIT devrait augmenter dans le futur en raison de l’augmentation de l’incidence de la sensibilisation à la MIT.

Depuis cette expertise, de nombreuses mesures réglementaires ont été adoptées afin de restreindre l’utilisation de la MIT dans les produits de consommation courante et les cosmétiques, limitant dans l’avenir les risques de sensibilisation cutanée à cette substance.

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Expertise collective de l’Anses sur le développement des moisissures dans les bâtiments et leurs

conséquences sur la santé des populations

Marion KEIRSBULCK1 ; Christina ASCHAN-LEYGONIE2 ; Thomas BAYEUX1 ; Valérie BEX3, Stéphane BRETAGNE4 ; Denis CAILLAUD5 ; Anne-Claire COLLEVILLE6 ; Clémence FOURNEAU1 ;

Emilie FREALLE7 ; Stéphane GINESTET8 ; Laurence LE COQ9 ; Bénédicte LEYNAERT10 ; Rachel NADIF11 ; Isabelle OSWALD12 ; Gabriel REBOUX13 ; Sandrine ROUSSEL13

1Anses, Maisons-Alfort ; 2Université Lumière Lyon 2, Lyon ; 3Laboratoire d’hygiène de la ville de Paris, Paris ; 4Laboratoire de parasitologie mycologie, AP-HP de Paris, Paris ; 5Centre hospitalier universitaire Clermont-Ferrand ; 6Santé Publique France/

Institut de veille sanitaire ; 7Laboratoire de parasitologie mycologie CHRU, Lille ; 8Institut national de sciences appliquées, Toulouse ; 9École des Mines de Nantes, Nantes ; 10Inserm, Paris ; 11Inserm, Villejuif ; 12Inra, Toulouse ; 13Laboratoire de parasitologie mycologie CHU, Besançon. Contact : marion.keirsbulck@anses.fr

Depuis plusieurs années, une attention croissante est portée aux effets de la pollution des environnements intérieurs sur la santé. L’Anses a été saisie par les Ministères chargés de la santé et de l’environnement afin de conduire une expertise sur la problématique du développement des moisissures et la production associée de mycotoxines dans les bâtiments.

L’expertise conduite par l’Agence confirme l’existence d’effets avérés sur la santé respiratoire liés à l’exposition aux moisissures. Ces effets incluent, d’une part, le développement et l’exacerbation de l’asthme chez les enfants et les adultes exposés sur leur lieu de travail et, d’autre part, la rhinite allergique. Ce travail a également souligné que certains groupes de population sont davantage susceptibles de développer des pathologies lorsqu’ils sont exposés aux moisissures : les enfants dès leur naissance, les enfants et adultes asthmatiques, les individus prédisposés à développer plus facilement des allergies (atopiques) ou présentant une hypersensibilité, ainsi que les patients immunodéprimés ou atteints de pathologies respiratoires chroniques. Sont également concernées les populations potentiellement surexposées du fait de caractéristiques socio-économiques défavorables, comme la précarité énergétique ou une sur-occupation du logement.

Selon l’expertise, l’exposition aux moisissures dans les environnements intérieurs concerne une part importante des logements : entre 14 et 20% de logements en France présentent des moisissures visibles.

Il existe, par ailleurs, des variations géographiques des espèces fongiques notamment associées aux caractéristiques météorologiques et climatiques qui peuvent avoir des influences au niveau local. Le rapport, qui s’appuie sur des connaissances issues d’une revue de la littérature scientifique, de consultations en France et au niveau international de différents organismes ainsi que d’auditions d’acteurs de terrain, a en outre, permis de faire le point sur les multiples approches permettant de caractériser une contamination par des moisissures dans les environnements intérieurs. Les différentes méthodes ont été comparées et les intérêts et limites de chacune précisés.Faisant le constat que le risque fongique constitue un problème fort de santé publique, l’Agence recommande :

1. de mieux prévenir le développement des moisissures dans le bâti, par :

• un renforcement de la coordination entre les acteurs des secteurs d’activités concernés (construction, énergie, etc.), ainsi qu’entre les autorités et acteurs publics, afin d’améliorer la gestion des risques.

Il s’agit, notamment, de mettre en place des actions de formation et d’information pour sensibiliser l’ensemble des professionnels impliqués dans les opérations liées aux bâtiments (conception, construction, rénovation et remédiation) à la problématique des moisissures ;

• une meilleure information des locataires et propriétaires sur les mesures efficaces de prévention du développement des moisissures dans l’habitat et sur les acteurs susceptibles de les conseiller et les aider dans cette démarche. Des campagnes d’information sur la qualité de l’air intérieur ou des animations au niveau des territoires pourraient, par exemple, être mises en place.

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2. de prévenir les conséquences sanitaires des expositions aux moisissures, en particulier par une évolution de la réglementation relative à l’habitat, afin de prendre en compte spécifiquement les risques liés à ces expositions.

Il s’agit notamment :

• d’encadrer les actions à conduire par l’instauration de seuils de contamination par les moisissures (ex : estimation de surface moisie), l’objectif étant de prévenir ou de remédier à leur développement ;

• d’améliorer le recueil et le traitement des signalements relatifs au développement de moisissures dans le bâti rapportés par les occupants.

Ces actions devraient être prioritairement mises en place pour les groupes de populations à risques identifiés.

L’Agence encourage enfin la réalisation d’études, afin d’améliorer les connaissances sur la situation française, sur les effets sur la santé et dans le domaine des sciences humaines et sociales.

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Session 3 - Les nanoparticules, un défi pour la recherche

Nanoparticules : usages et effets sanitaires

Dominique LISON

Louvain centre for Toxicology and Applied Pharmacology, Bruxelles, Belgique. Contact : dominique.lison@uclouvain.be

Nanotechnologies exploit unique properties of the matter at the nanoscale (generally between 1 and 100 µm). They impact virtually all industrial activities and are already integrated in consumer goods. Additional developments are foreseen in the coming years, implying investments in research and development at a level of several billions dollars. The same unique physico-chemical properties that make nanomaterials so technologically attractive may also represent potential challenges to human health and the environment. There is, therefore, an immense demand for nanotoxicology evaluations, and our laboratory has been involved in this effort since early 2000. We will try to review key achievements and gaps in nanotoxicology research, to draw some lessons from these 10 years of research. This will be illustrated by examples from our own work on silica, silver nanoparticles and carbon nanotubes. After a critical evaluation of the existing literature we will conclude with some personal, more epistemologic, reflections on how programing and steering research on emerging risks such as nanomaterials.

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Nanoparticules et environnement : impact écotoxique ?

Jeanne GARRIC

Institut national de recherche en sciences et technologies pour l’environnement et l’agriculture (Irstea), Antony Contact : jeanne.garric@irstea.fr

Les nanotechnologies connaissent un essor spectaculaire. Elles sont largement utilisées en milieu industriel dans la synthèse de nouveaux produits aux propriétés inédites, permettant de répondre aux attentes de la société de consommation. Des nanomatériaux commercialisés apparaissent ainsi dans une multitude de domaines, allant de l’électronique à la médecine, en passant par les textiles et les revêtements de surface, et ces applications devraient encore se multiplier. Un grand nombre de nanoparticules (NPs) sont déjà utilisées dans des produits de consommation courante, en particulier les nanoparticules à base d’oxyde de titane, d’oxyde de cérium ou d’or qui sont retrouvées dans les produits cosmétiques, d’hygiène corporelle ou comme suppléments dans des peintures. Toutefois, cet engouement pour le progrès nanotechnologique s’accompagne d’une réelle prise de conscience quant au risque environnemental associé.

En effet, les nanomatériaux et nanoparticules sont de par leur taille capables d’interagir avec la machinerie cellulaire, et représentent une catégorie de substances nouvelles au plan toxicologique, susceptibles d’effets sur les organismes, qui ne sont aujourd’hui connus que partiellement. La taille nanométrique des nanoparticules les rend relativement mobiles dans l’environnement, leurs grandes surfaces spécifiques et réactivités de surface favorisent les interactions bio-physicochimiques avec les constituants de l’environnement, dont les particules minérales ou organiques facilement assimilables par les organismes vivants. Les organismes des écosystèmes peuvent ainsi être exposés non seulement via leur milieu de vie, mais également par leur source de nourriture.

Des efforts de recherche sont consacrés à l’impact des nanoparticules sur les organismes de l’environnement, en particulier aquatique, et des résultats sont disponibles, le plus souvent sur quelques produits relativement simples (métaux, oxydes métalliques, SiO2, carbone, CNT) alors que de nouvelles générations de nanomatériaux apparaissent. Néanmoins les connaissances sont encore parcellaires sur le transfert de ces nanoparticules depuis les milieux vers les organismes, ainsi que sur leurs effets sur des cibles animales et végétales très diverses.

La capacité de ces nanomatériaux à être des vecteurs de contaminants reste aussi à explorer plus largement.

A partir de résultats issus de la littérature et de nos travaux sur l’exposition et les effets de nanoparticules dans des organismes aquatiques, nous tenterons de brosser un état des lieux des connaissances sur le danger écotoxicologique associé à la dispersion de nanomatériaux dans les écosystèmes.

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RESUMÉS

DES POSTERS

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P1- Étude de la pathogénicité pulmonaire de la pollution particulaire ultrafine

Yara SALEH1 ; Sébastien ANTHERIEU1 ; Romain DUSAUTOIR1 ; Laurent ALLEMAN2 ; Esperanza PERDRIX2 ; Pierre DUBOT3 ; Anne PLATEL1 ; Ludivine CANIVET1 ; Fabrice NESSLANY1 ; Guillaume GARÇON1 ;

Jean-Marc LO-GUIDICE1

1Université Lille, CHU Lille, Institut Pasteur de Lille EA4483-IMPECS ; 2Mines de Douai-SAGE, CS10838, Douai ; 3MCMC, ICMPE UMR7182, Thiais. Contact : yara.saleh@univ-lille2.fr

De nombreuses études épidémiologiques montrent que la pollution atmosphérique particulaire constitue un risque sanitaire majeur. Selon l’OMS, elle est à l’origine de 7 millions de décès prématurés dans le monde dont 42 000 en France. Au niveau respiratoire, l’exposition à la pollution particulaire contribuerait à l’initiation ou l’exacerbation de l’asthme de la BPCO et du cancer pulmonaire. Actuellement, les particules fines font l’objet d’une règlementation européenne qui vise à déterminer un seuil à ne pas dépasser pour limiter leurs effets néfastes. Cependant, cette réglementation ne concerne pas les particules ultrafines (PUF), alors qu’elles représentent en nombre 80% de l’aérosol et sont potentiellement plus nocives du fait de leur plus grande (i) capacité de pénétration et rétention dans le tractus respiratoire, et (ii) réactivité de surface que les particules fines.

Le projet NANATMOPATH propose de mesurer, à l’aide d’un modèle murin, l’impact sur la santé respiratoire de doses réalistes de fractions particulaires fines et ultrafines. Des particules fines (PM2.5) et ultrafines (PM0.18) ont été collectées dans la zone urbano-industrielle de Dunkerque. Des souris BALB/c ont été ensuite exposées à ces particules par instillations intranasales selon 3 protocoles : un mode d’exposition aiguë à des doses uniques de particules (10, 50 ou 100 µg), et 2 modes d’exposition sub-chronique de 1 et 3 mois, à raison de 3 expositions (10 μg) par semaine. Après sacrifice des souris, des lavages bronchoalvéolaires (LBA) ont été réalisés, ainsi que des prélèvements de sang, de poumons et d’autres organes cibles, afin d’évaluer la pénétration cellulaire et les effets toxiques/génotoxiques des particules, et d’identifier, à l’aide de techniques pangénomiques, des biomarqueurs associés à la pathogénicité de ces polluants.

L’analyse de la composition chimique élémentaire des particules par ICP-MS a permis de confirmer leur caractère industriel (richesse en métaux). Des études par XPS et spectroscopie infra-rouge ont montré que la surface des PM2.5 était plus riche en composés aromatiques que celle des PUF.

L’analyse cytologique du LBA des souris exposées a révélé une augmentation significative du nombre de cellules, en particulier des macrophages alvéolaires, suggérant l’apparition d’une inflammation pulmonaire. Après 3 mois d’exposition, seules les PUF maintenaient une augmentation significative du nombre de macrophages.

Des profils d’expression pulmonaire d’ARNm et de miARN ont été établis chez les souris exposées de manière aiguë. La dérégulation de nombreux ARNm a été observée, en particulier suite à l’exposition aux PUF.

Une analyse fonctionnelle in silico des gènes dérégulés a permis d’identifier une dizaine de cibles jouant un rôle dans le contrôle du calibre des voies aériennes, de leur résistance et de l’inflammation. La surexpression de ces gènes était plus importante chez les souris exposées aux PUF et croissait avec la dose de particules instillées. Il a aussi été mis en évidence des différentiels d’expression pour environ 60 miARN chez les souris exposées. Certains miARN dérégulés spécifiquement par l’exposition aux PUF sont impliqués dans la pathogenèse de maladies pulmonaires chroniques ou tumorales. Des analyses transcriptomiques issues des expositions chroniques complèteront ces données, de même que l’étude de l’impact des particules sur la survenue d’altérations génétiques et épigénétiques.

Ces premières données montrent qu’il existe un effet des PM2.5, et en particulier, des PUF sur l’inflammation pulmonaire. Les résultats des analyses pangénomiques préliminaires confortent cet effet spécifique des PUF.

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A l’issue de ce projet, les biomarqueurs identifiés pourraient être évalués chez l’homme, afin d’étudier leurs corrélations à des maladies respiratoires environnementales. La validation de ces biomarqueurs permettrait une meilleure surveillance des populations exposées, notamment des populations vulnérables atteintes de maladies respiratoires chroniques.

Projet PNREST 2014-183.

P2- Effets cardiovasculaires de polluants atmosphériques d’origine automobile :

étude par inhalation chez le rat de l’effet du NO 2 seul et en mélange dans des gaz d’échappements de

moteurs Diesel (CARDIOX)

Ahmed KAROUI1 ; Cécile CORBIERE1 ; Clément CROCHEMORE1 ; David PRETERRE1,2 ; Fabrice CAZIER3 ; Dorothée DEWAELE3 ; Jean-Marie VAUGEOIS1 ; Valérie LECUREUR4 ; Paul MULDER5 ; Christelle MONTEIL1

1Normandie Université, UNIROUEN, ABTE, Rouen ; 2Certam, Saint-Etienne du Rouvray ; 3Centre commun de mesure, ULCO, Dunkerque ; 4IRSET, UMR Inserm 1085, Rennes ; 5Normandie Université, Inserm 1096, Rouen

Contact : christelle.monteil@univ-rouen.fr

La pollution de l’air liée au trafic automobile demeure un problème de santé publique et est reconnu comme un facteur de risque de maladies cardiovasculaires. Si les effets des particules d’origine urbaine sont connus depuis de nombreuses années sur la santé humaine, des études récentes tendent à montrer que l’exposition par inhalation au dioxyde d’azote (NO2) peut également induire des effets néfastes, en particulier sur la fonction cardiovasculaire. La part relative de l’effet du NO2 seul par rapport à l’effet d’une association avec d’autres polluants particulaires et gazeux, reste encore difficile à évaluer compte tenu du manque d’informations disponibles et du peu de connaissances des mécanismes mis en jeu.

Par conséquent, l’objectif de ce projet est de mettre en évidence les effets, sur l’appareil cardiovasculaire, du NO2 seul ou en mélange avec d’autres polluants gazeux avec ou sans particules émis par un moteur Diesel.

Les différentes conditions expérimentales sont : émissions d’un moteur Diesel catalysé sans filtre à particules (Fap)/émissions d’un moteur Diesel catalysé avec Fap/NO2 seul à des concentrations proches de celles mesurées dans les émissions diesel. Les effets des différents polluants testés sont mis en évidence par une évaluation de la fonction cardiaque, de la réponse cellulaire globale, de l’inflammation et du stress oxydant. Ces différentes réponses sont obtenues après des expositions répétées de 3 h/j, 5j/semaine, pendant 3 semaines et comparées à celles observées en aigu afin d’identifier des marqueurs précoces d’effet.

Les évaluations de la fonction cardiaque immédiatement après une première exposition ont montré une légère dilatation ventriculaire qui persiste et s’aggrave après 3 semaines, avec une légère diminution de la fraction de raccourcissement statistiquement significative en aval du Fap par rapport aux témoins. Ces effets sont retrouvés après les expositions répétées au NO2, conditions pour lesquelles la dysfonction cardiaque est la plus marquée. En parallèle, les évaluations de la fonction mitochondriale cardiaque montrent une altération après 3 semaines d’exposition aux émissions diesel, statistiquement significative en aval du Fap par rapport aux témoins. Ces altérations sont retrouvées également après les expositions répétées au NO2.

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Cette perturbation de la fonction mitochondriale est retrouvée par l’analyse transcriptomique réalisée grâce à une étude par microarrays. De même, cette analyse a permis de mettre en évidence une régulation différentielle de miRNAs, bien que les niveaux de régulation restent quantitativement faibles. A noter toutefois que ces événements sont observés à distance de la dernière exposition.

Les différentes approches méthodologiques mises en œuvre dans ce projet permettent d’apporter de nouvelles connaissances concernant les effets cardiovasculaires du NO2, seul et en mélange avec d’autres polluants spécifiques à la motorisation diesel. L’analyse complète des résultats permettra par ailleurs une meilleure compréhension des mécanismes cellulaires et moléculaires mis en jeu lors d’exposition au NO2 et aux émissions de moteur Diesel pouvant conduire au développement de pathologies cardiovasculaires.

Projet PNREST 2013-237.

P3- Pollution atmosphérique sur le territoire français : modélisation et effets sanitaires (PATer)

Emmanuel RIVIERE1 ; Johanna LEPEULE2 ; Emie SEYVE2 ; Pierre-Yves ROBIC3 ; Julien BERNARD1 ; Jonathan VIRGA4 ; Fabrice DUGAY5 ; Alexandre OCKLER6 ; François DUCROZ7 ; Agnès HULIN8 ; Jérôme CORTINOVIS9 ; Anne LABORIE10 ; Laure MALHERBE11

1ASPA, Schiltigheim ; 2Inserm/UGA U1209, Grenoble ; 3ORAMIP, Toulouse ; 4AIR PACA, Marseille ; 5AIRPARIF, Paris ;

6AIR Lorraine, Villers-lès-Nancy ; 7AIR Pays-de-la-Loire, Nantes ; 8ATMO Poitou-Charentes, Périgny ; 9AIR Normand, Rouen ;

10ATMO France, Paris ; 11Ineris, Verneuil-en-Halatte. Contact : eriviere@atmo-alsace.net

Les auteurs remercient Mathilde Pascal et Malek Bentayeb de Santé publique France pour l’expertise qu’ils apportent à travers leur participation au comité de pilotage de PATer.

La prématurité et le petit poids de naissance sont associés à des difficultés d’apprentissage ainsi qu’à l’apparition de maladies cardio-vasculaires, métaboliques, et respiratoires chez l’enfant et l’adulte. De nombreuses études indiquent une association entre l’exposition maternelle à la pollution atmosphérique et une réduction de la durée de gestation et du poids de naissance. Cette question a souvent été étudiée à partir de larges bases de données issues des certificats de naissance. Néanmoins, ces études souffrent, d’une part, de l’absence d’information sur certains facteurs de confusion individuels tels que le tabagisme maternel, et d’autre part, d’une faible résolution spatio-temporelle des données d’exposition aux polluants atmosphériques.

Quelques études, menées à l’échelle locale comme la cohorte EDEN, ont montré l’intérêt d’une caractérisation fine des variations intra-urbaines pour étudier les liens entre exposition à la pollution de l’air et croissance intra-utérine. La cohorte ELFE (Étude longitudinale française depuis l’enfance) offre la perspective d’étudier la croissance fœtale et la prématurité sur un effectif élevé tout en alliant la prise en compte de facteurs de confusion individuels, ainsi qu’une caractérisation fine de l’exposition aux polluants atmosphériques sur le territoire national.

La convergence des progrès réalisés pour l’évaluation des polluants dans l’air, des méthodes et des résultats des études épidémiologiques, autorise pour la première fois, en France, la réalisation d’un maillage national à haute résolution spatiale, qui permet d’étudier de manière fine les relations entre les niveaux de pollution et les issues de grossesse. La caractérisation de l’exposition à la pollution de l’air s’appuie sur des modèles de simulation : le modèle CHIMERE permet de produire des cartes de qualité de l’air à l’échelle de la France métropolitaine, avec une résolution de 5 km x 5 km et une descente d’échelle permettant d’atteindre une résolution kilométrique.

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Ce modèle est également mis en œuvre à l’échelle de nombreuses régions métropolitaines. En complément, les grandes agglomérations bénéficient de modèles à l’échelle urbaine, sur des maillages très fins de l’ordre de quelques dizaines (en proximité routière) à quelques centaines de mètres, qui permettent d’évaluer la qualité de l’air à proximité des sources émettrices. Les données issues de ces modèles sont ensuite utilisées pour déterminer l’exposition des femmes durant leur grossesse et les conséquences de cette exposition sur le développement intra-utérin et la prématurité.

La première phase du projet a permis de géo-coder les adresses des femmes de la cohorte ELFE et d’analyser statistiquement la part des individus présents dans chaque domaine de modélisation mis en œuvre par les AASQA et l’Ineris.

La seconde phase du projet a vu la mise en œuvre des simulations de la qualité de l’air par les équipes des AASQA (modèles à l’échelle régionale et à l’échelle urbaine) et de l’Ineris (modèle à l’échelle nationale).

Cette phase s’est déroulée sur l’année 2015 et le début de l’année 2016 et a abouti à l’alimentation d’une base de données intégrant, pour chaque individu de la cohorte ELFE et chaque polluant d’intérêt, des données de concentrations journalières issues des différents modèles disponibles pour cette adresse.

Afin de pouvoir évaluer les différents modèles disponibles, un indicateur de confiance doit être calculé pour chaque concentration disponible dans la base. La méthode de calcul de ces indicateurs est en cours de finalisation par les partenaires du projet. La phase finale du projet vise à évaluer, parmi les 18 329 femmes participant à l’étude ELFE, les associations entre l’exposition aux polluants atmosphériques pendant la grossesse d’une part et la prématurité et le poids de naissance de l’enfant d’autre part.

Le projet PATer en cours de réalisation a permis, pour la 1ère fois, l’intégration dans une base de données unique des résultats de modélisation de la qualité de l’air pour les années 2010 et 2011 par les équipes des AASQA et de l’Ineris. Cette base de données permet aux épidémiologistes de disposer de données d’exposition à la pollution de l’air en tout point du territoire métropolitain (modèle national) tout en prenant en compte la variabilité importante de ces niveaux d’exposition à proximité des principales sources de pollution (modèles urbains). Une première exploitation épidémiologique vise à évaluer les effets des polluants de l’air sur les issues de grossesse dans la cohorte ELFE.

Projet PNREST 2013-216.

P4- Effets à court terme d’une exposition quotidienne aux particules de fumées de diesel pendant la gestation sur le développement du système olfactif chez le lapin

Estefania BERNAL-MELENDEZ1,2 ; Marie-Christine LACROIX1 ; Jacques CALLEBERT3 ; Didier DURIEUX1 ; Marie-Annick PERSUY1 ; Josiane AJOUN4 ; Sarah VALENTINO4 ; Delphine ROUSSEAU-RALLIARD4 ; Anne TARRADE4 ; Pascale CHAVATTE-PALMER4 ; Henri SCHROEDER2 ; Christine BALY1

1NBO, Inra UR1197, Université de Paris-Saclay, Jouy-en-Josas ; 2URAFPA, Inra UC340, Université de Lorraine, Vandœuvre-lès- Nancy ; 3Service de biochimie et biologie moléculaire, Hôpital Lariboisière, Paris ; 4BDR, INRA UR1198, ENVA & Université de Paris Saclay, Jouy-en-Josas. Contacts : henri.schroeder@univ-lorraine.fr ; Christine.baly@jouy.inra.fr

Alors que la pollution atmosphérique a été montrée comme affectant le cerveau adulte et exerçant des effets délétères sur le système olfactif, la neurotoxicité d’une exposition gestationnelle à cette forme de pollution reste à démontrer et a été peu étudiée jusqu’à présent.

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Cette étude vise à étudier les effets d’une exposition contrôlée aux particules de fumées de diesel à un niveau d’exposition comparable à celui observé en milieu urbain dans une ville comme Paris, sur le développement du système olfactif chez le lapin.

Des lapines gestantes ont été exposées quotidiennement par voie nasale (nose-only) à une atmosphère filtrée et contaminée avec une quantité définie de particules de fumées de diesel (1 mg/m3) ou de l’air non contaminé du 3e au 28e jour de gestation, 2h/jour, 5j/semaine. A la fin de la période d’inhalation, 12 femelles (5 animaux contrôles et 7 exposés) ont été sacrifiés pour collecter au niveau des fœtus la muqueuse et le bulbe olfactif pour faire des investigations anatomiques et neurochimiques. Au 2e jour de vie postnatale, 62 lapereaux témoins et 55 exposés aux particules provenant de 18 portées différentes ont été testés pour leurs capacités à reconnaître une phéromone maternelle, le 2-NBT (2-méthyl-3-butyl-2-ol).

L’analyse en microscopie électronique de la muqueuse et du bulbe olfactif montre la présence de particules de taille nanométrique (20-48 nm) dans ces tissus au niveau des neurones sensoriels et de la couche glomérulaire du bulbe s’accompagnant d’une hypertrophie cellulaire et axonale. Elle s’accompagne au niveau du bulbe d’une augmentation du niveau tissulaire de sérotonine et d’une baisse de celui de la dopamine et de ses métabolites chez les fœtus exposés par rapport aux témoins. Au plan fonctionnel, la réponse à la phéromone maternelle des lapereaux nés de mères exposées est également altérée.

Les premiers résultats de ce travail montrent qu’une exposition in utero aux particules de fumées de diesel perturbe le développement neurosensoriel olfactif des lapereaux exposés avec des conséquences fonctionnelles quant à leurs capacités de perception olfactive dès le plus jeune âge. Du fait du continuum tant anatomique que fonctionnel entre le système olfactif et le reste du cerveau, ces altérations précoces au niveau olfactif pourraient être indicatrices de perturbations à plus long terme dans des régions plus centrales.

Projet PNREST 2014-190.

P5- Qualité de l’Air Intérieur dans les établissements HOSPitaliers (QAIHOSP). Premières campagnes d’ampleur pour l’analyse physicochimique et

microbiologique de l’air en milieu hospitalier

Estelle BAURES1,2 ; Olivier BLANCHARD1 ; Emilie SURGET1,2 ; Fabien MERCIER1,2; Pierre LE CANN1,2 ; Alexandre RIVIER3 ; Jean-Pierre GANGNEUX4,5 ; Arnaud FLORENTIN3,6

1EHESP Rennes, Sorbonne Paris Cité, Rennes ; 2Inserm, U 1085-IRSET, LERES, Paris ; 3CHRU Nancy, Nancy ; 4CHU Rennes, Rennes ; 5Université de Rennes 1, Laboratoire Parasitologie-Mycologie/Inserm, U 1085/Irset, Rennes ; 6Université de Lorraine, INGRES, EA 7298, Nancy. Contact : estelle.baures@ehesp.fr

La maitrise de la qualité de l’air est un enjeu primordial dans certains environnements sensibles comme le milieu hospitalier. La surveillance et le contrôle de la qualité biologique de l’air des hôpitaux sont essentiels et intégrés dans la démarche de prévention des maladies nosocomiales.

L’objectif de cette étude est de disposer de données qualitatives et quantitatives sur la contamination de l’environnement intérieur hospitalier par des substances chimiques et des agents microbiens de différents établissements hospitaliers afin d’évaluer l’exposition du personnel, des visiteurs et des patients et la variabilité spatio-temporelle de la contamination.

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L’étude se déroule dans deux établissements de santé français (le CHU de Rennes et le CHRU de Nancy). Les prélèvements ont été réalisés dans 7 pièces choisies en lien avec l’activité : hall d’accueil, salle de soins infirmiers, salle de réveil post-opératoire, chambre d’un patient, unité de désinfection des endoscopes, laboratoire de parasitologie et salle de découpe de plâtres. Deux campagnes de prélèvement ont eu lieu en été 2014 et en hiver 2015. Des prélèvements actifs ont été réalisés pour les paramètres chimiques : 7 aldéhydes, 34 composés organiques volatils (COV), 13 composés organiques semi-volatils (COSV). Les agents microbiologiques prélevés par collecteur cyclonique sont les moisissures (5), les bactéries (5) et 3 virus. Enfin les particules PM2,5 et P10 ont aussi été prélevées pour être analysées. En parallèle des prélèvements, des mesures in situ ont été réalisées pour les paramètres de confort (température, pression, humidité et CO2).

Tous les prélèvements ont pu être réalisés dans les conditions prévues. Les résultats montrent que les principaux composés chimiques sont les mêmes dans les deux hôpitaux avec des concentrations moyennes (en µg/m3) du même ordre de grandeur : alcools (éthanol : 334 et isopropanol : 23), aldéhydes (formaldéhyde : 4.5), cétones (acétone : 17), éthers (éther : 9.5) et terpènes (limonène : 2.7). Pour les phtalates, les concentrations les plus fortes ont été mesurées pour le diisobutylphtalate (DiBP : 0.26). Une variabilité spatiale a été observée pour certains composés, principalement pour les concentrations en alcools, probablement due à l’utilisation intensive de solutions hydro alcooliques dans certains services.

De même, nous n’observons pas de différences globales entre les deux établissements pour la contamination moyenne (en UFC/m3) fongique (226) ou bactérienne (352). La contamination bactérienne ne varie pas entre les locaux contrairement à la contamination fongique et particulaire. Cette dernière (en moyenne) est plus importante dans le hall (879), le laboratoire de parasitologie (333) et la salle de plâtres (310). Nous ne retrouvons pas de corrélation significative entre le nombre de personnes, le taux de CO2, l’humidité relative et le dénombrement bactérien ou fongique. Néanmoins, nous retrouvons une relation forte entre la température du local et la contamination bactérienne ou fongique d’une part, et entre la contamination fongique et les PM10

d’autre part.

Lors de ces campagnes, une pollution plutôt faible de l’air intérieur a été analysée dans les deux hôpitaux.

Ceci est principalement dû à une ventilation double-flux qui induit un renouvellement d’air important. Les valeurs faibles retrouvées sont du même ordre de grandeur que celles analysées dans l’étude de faisabilité Aicha.

Les profils de contamination sont similaires entre Rennes et Nancy et superposables aux activités. L’activité semble donc plus déterminer le profil de pollution que la géographie et surtout le renouvellement d’air, qui montre son efficacité.

Projet PNREST 2013-140.

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P6- FOS EPSEAL : une étude participative en santé environnement sur le front industriel de deux villes du golfe de Fos (France)

Barbara ALLEN1 ; Yolaine FERRIER2 ; Alison COHEN3 ; Johanna LEES4

1Virginia Tech University, Washington DC ; 2Centre Norbert Elias, Marseille ; 3University of California, Berkeley ; 4Centre Norbert Elias, Marseille. Contact : yolaine.ferrier@gmail.com

L’étude participative en santé environnement ancrée localement (EPSEAL) à Port-Saint-Louis-du-Rhône et Fos-sur-Mer, deux villes de front industriel dans lesquelles les habitants s’inquiètent depuis les années 2000 de l’impact cumulé de l’exposition aux polluants environnementaux sur leur santé, vise à dresser un tableau de la santé locale en lien avec l’environnement, de manière systématique, représentative et légitime.

Pour ce faire, l’équipe a développé l’étude en étroite collaboration avec les habitants et d’autres acteurs locaux (comme les médecins généralistes et spécialistes, les associations locales…), depuis le stade de son élaboration et de celle du questionnaire d’enquête, jusqu’au stade de l’analyse, de l’interprétation et de la réflexion sur l’utilisation des résultats, en passant par celui de la collecte des données. Des ateliers collaboratifs et réunions locales rythment donc le développement de l’analyse des données recueillies pendant l’enquête, conduite sept mois durant (juin/décembre 2015) au porte-à-porte, dans les deux villes, selon une méthode éprouvée d’épidémiologie de terrain.

Les résultats obtenus sur l’échantillon aléatoire, totalement représentatif de la population des deux villes et composé de plus de 800 réponses, venant documenter la santé de plus de 2 000 habitants dont 455 enfants (soit en tout plus de 8% de la population de ces villes), montrent conjointement :

• une élévation de l’asthme cumulatif chez les adultes (15.8% de prévalence standardisée sur la population française dans notre étude, contre 10% en France), débutant le plus souvent à l’âge adulte ;

• une élévation des cancers (une prévalence brute de 12% et standardisée en France de 10.5%, contre 6%

en France), avec un fardeau particulièrement lourd porté par les femmes (14.5% des femmes de notre étude ont ou ont eu un cancer, contre 5.4% des femmes en France) ;

• une élévation des diabètes tous types (prévalence brute de 12.9% et standardisée France de 11.6%, contre moins de 6% pour les diabètes diagnostiqués traités ou non en France), avec une élévation significative de la part relative de diabète de type 1 (11.5% de tous les diabètes documentés dans notre étude, en comparaison de 5.6% de tous les diabètes en France) ;

• qu’au minimum, 63% de notre population rapporte au moins une maladie chronique (parmi : asthme, maladie respiratoire autre que l’asthme, allergie respiratoire autre qu’au pollen, affection dermatologique, cancer, maladie auto-immune, maladie endocrinienne et/ou diabète), contre 36.6% en France (indicateur qui englobe plus d’affections chroniques que le nôtre) ;

• que 63% de notre population est affecté par au moins l’un de ces symptômes chroniques (par ordre décroissant de fréquence dans la population) : irritations des yeux (43.4%), symptômes nez/gorge (39%), maux de tête (37.2%), problèmes de peau (26.8%), saignements de nez (7.5%) ;

• que plus de 40% de notre population rapporte au moins une affection respiratoire chronique (parmi : asthme, allergies respiratoires autres qu’au pollen ; maladies respiratoires autres que l’asthme), et près d’un enfant sur quatre (23%).

De telles études participatives en santé publique ancrées localement, plus courantes aux Etats-Unis où elles sont nées dans les années 1980 et existent sous leur forme actuelle en santé environnementale depuis une quinzaine d’années, repose sur une alliance entre chercheurs et habitants, afin d’accroître la pertinence et la rigueur des résultats, ainsi que leur possible impact dans la prise de décision et l’action.

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C’est la première fois (à notre connaissance) que cette méthode de fabrique participative de connaissances locales en santé environnement est employée en Europe, et l’analyse participative poussée à un tel degré d’inclusion des habitants. De plus, le corpus de données de l’étude, collecté sur un échantillon aléatoire d’habitants, est à notre connaissance, l’un des plus larges dans le monde en utilisant la méthode participative en santé environnement ancrée localement.

Le but ultime de cette étude est de permettre enfin la prise en compte locale, effective et objective de l’état de santé des habitants, en vue de son amélioration collective. L’équipe de recherche agira en ce sens, en fonction des objectifs fixés par les habitants tout au long de l’étude.

Projet PNREST 2014-023.

P7- Comparaison des effets génotoxiques

de 160 mycotoxines sur des modèles cellulaires humains

Laure KHOURY ; Daniel ZALKO ; Marc AUDEBERT

Toxalim, Université de Toulouse, Inra, ENVT, INP/Purpan, UPS, Toulouse. Contact : marc.audebert@toulouse.inra.fr

Les mycotoxines sont des composés issus du métabolisme secondaire de plusieurs espèces de moisissures.

Plus de 300 mycotoxines ont été identifiées à ce jour. Depuis quelques années, plusieurs rapports tendent à montrer que les mycotoxines représentent des dangers émergents en Europe. Suite à l’Étude de l’alimentation totale française 2 (EAT2), l’Anses a émis en 2011 une recommandation en faveur d’une meilleure connaissance de la toxicité de ces composés. En effet, l’Agence considère qu’un risque pour le consommateur ne peut être écarté.

Les effets chroniques (exposition répétée à de faibles doses) des mycotoxines sont les plus redoutés en raison des habitudes alimentaires et de la stabilité de ces composés. La nature des effets toxiques des mycotoxines est très variée. Certaines toxines exercent un pouvoir hépatotoxique, d’autres se révèlent néphrotoxiques ou neurotoxiques. Certaines mycotoxines sont reconnues ou suspectées d’être cancérogènes. Cependant, seul un nombre limité de ces substances a fait l’objet d’études approfondies de toxicité, et encore moins en prenant appui sur des modèles cellulaires humains.

Le principal objectif du projet de recherche MYCO-TOX est de comparer les effets toxiques de 160 mycotoxines sur des modèles cellulaires humains. Il doit permettre de mieux appréhender la génotoxicité et la cytotoxicité de nombreuses mycotoxines, en prenant appui sur quatre lignées cellulaires humaines issues des tissus cibles des mycotoxines.

La principale méthode mise en œuvre dans le projet MYCO-TOX est le test de génotoxicité γH2AX/pH3 afin de comparer la génotoxicité et la cytotoxicité de 160 mycotoxines sur quatre lignées cellulaires humaines issues des tissus cibles des mycotoxines (foie, colon, rein et cerveau). Les lignées cellulaires rénale (ACHN) et neuroblastique (SH-SY5Y) sont dépourvues d’activité à l’inverse des lignées hépatique (HepG2) et issue de côlon (LS-174T) qui présentent toutes les deux une importante capacité de biotransformation des composés par les enzymes de phases I et II du métabolisme.

Dans une première phase des travaux, nous avons comparé la génotoxicité et la cytotoxicité de 160 mycotoxines, sur quatre lignées cellulaires humaines issues des tissus cibles des mycotoxines (foie, colon et rein) en utilisant le test γH2AX/pH3.

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