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Un poing frôla le visage du jeune homme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Camille manqua de lui envoyer son pied dans le ventre, une fois. Deux fois.

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Academic year: 2022

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(1)

« Séjour au soleil. »

Alertés par le cri de femme, une poignée de gardes se précipitèrent vers sa source. Le soleil était levé depuis peu, et il n’était pas rare qu’une malheureuse capturée par des brigands tente d’échapper à ses ravisseurs endormis.

Ils débouchèrent sur une petite clairière et y virent une scène proche de ce qu’ils avaient craint, mais légèrement inversée.

Ce n’était pas un homme en train d’attaquer une femme, mais le contraire. Camille était debout, couverte de sueur, haletant avec difficulté, dominant Vincent au sol, une expression de totale incompréhension sur le visage, et la trace d’un violent coup de poing sur la joue.

La jeune femme était parvenue à passer sa garde, et pour la première fois depuis près d’un mois d’entraînement, venait de le toucher. La surprise et la joie de Camille lui avait fait pousser un hurlement de satisfaction incontrôlé. Elle ne parvenait pas à arrêter de sourire comme une petite fille à un anniversaire surprise, malgré les deux dents qu’elle venait de faire perdre à Vincent. Il fallut donc aux deux jeunes gens de très longues minutes pour convaincre les garde qu’ils ne se battaient pas sérieusement, qu’ils ne désiraient pas se faire du mal, et qu’ils étaient sincèrement désolés d’avoir réveillé les gens du relai.

Pour ne pas risquer d’attirer plus l’attention, le groupe leva rapidement le camp, et sous les regards inquiets des gardes, reprit sa route vers Pluz.

À peine eurent-ils quitté le relai que Camille se remit à déborder d’excitation.

« Je t’ai eu ! Je t’ai enfin eu !! Tu ne t’es pas laissé faire hein ? C’était pour de vrai ? J’ai pu t’avoir à la loyale ! Haha ! Enfin ! Mince, tu n’as pas mal hein ? Je t’ai euuuu ! Aaaaaah ce que ça fait du bien ! Pas de te frapper… Enfin si. Mais pas… Enfin merde ! Je t’ai eu !

– Tu m’as brisé deux dents. Pov’ malade.

– Ho hé hein ! Tu les as faites repousser à ce que je sache ??? Tu vas pas faire ta chochotte pour si peu ! Avec tout ce que tu m’as mis sur la gueule depuis qu’on s’entraîne…

– On s’entraîne parce que tu le voulais je te signale.

– T’es fâché ?

– Non, mais vexé que tu prennes avec autant de joie le fait de me péter la tronche.

– Excuse-moi. Je me suis emportée. Pardon pardon. »

Très sincère, Camille vint prendre son ami dans ses bras. Mais moins de dix secondes plus tard, elle se remit à trépigner de joie.

« Gnaaaah ! Je t’ai euuuuu ! Enfin !!! Erm. Pardon. Je voulais dire. C’était un bon combat. Et…

– Vincent voulu rouler des yeux vers le ciel et soupira.

– C’est bon, j’ai compris. Réjouis-toi.

– Aaaaaaaah ! J’ai réussiiiiiiiiii !

– Anna, qui n’avait pas encore dit un mot pour éviter de contrarier Vincent, ou de gâcher le plaisir de sa compagne, entra dans la conversation.

– Alors c’est bon, Camouch’ est maintenant une super guerrière de l’espace capable de te faire la peau malgré tes pouvoirs divins ?

– Un peu de ça. Mais on est pas à l’abri d’un coup de chance al-- – Mauvais perdant !!! Je t’ai euuuuuuu !

– Alors il faudra voir la prochaine fois si elle arrive à le refaire.

– Je vais te pourriiiiiiir ! Erm. Enfin. Il est fort possible que nos entraînements changent un peu à partir de maintenant.

– On verra ça. En attendant, interdiction de crier maintenant. Tu vas nous attirer des emmerdes à force.

– Oups, hihi. »

Quand vint la pause de midi, et bien que Vincent n’éprouvât aucune envie de se refaire sauter la mâchoire, ce fut lui qui proposa à Camille de reprendre le combat. Évidement, celle-ci ne se fit pas prier.

(2)

Sous le regard imperturbable de Sanrine, à qui il avait demandée d’assister à l’entraînement, les deux jeunes gens s’affrontèrent pendant près d’une heure.

D’un coup de pied, il parvint à faire trébucher Camille, qui tomba sur le sol en grognant.

« Alors, où est passée ta joie de ce matin ? Il semblerait que ça ait bien été un simple coup de bol après tout. »

Elle se redressa avec colère et tenta de percuter Vincent de son épaule. Le jeune homme l’évita avec aise et laissa simplement son pied sur sa trajectoire pour la faire à nouveau trébucher.

« Graaaaah ! Pourquoi je n’y arrive plus ?!? »

Dans un dernier geste rageur, elle balança son poing en direction de Vincent. Son ami le bloqua avec douceur et profita de sa prise pour redresser son amie.

« Hé, ça fait un mois qu’on s’entraîne, et tu viens de réussir. Laisse un peu le temps, tu ne vas pas réussir à me battre à nouveau tout de suite !

– Laisse-moi souffler ! Je mange un truc et on remet ça avant de partir ! – Cam’, ça fait une heure qu’on se bat. C’est déjà l’heure de repartir.

– Sérieux ? Bon ben ce soir alors ! Mince, faut que je mange pour être en forme. »

Camille s’éloigna en titubant à cause d’un genou écorché, et avala un bol de soupe pour être prête à reprendre la route. Vincent se tourna vers Sanrine.

« Alors, tu as vu quelque chose.

– Rien de clair. Cela pourrait aussi bien être l’envie de vaincre.

– C’est ce que je pensais. Ce matin, pendant un instant j’ai cru voir un esprit en elle. C’est pour ça que je voulais que tu regardes.

– Je te connais, je sais comment tu bouges. Tu es capable de voir l’esprit du temps avant que celui- ci ne soit à nos cotés. La simple rage ne lui permettrait pas de t’atteindre. J’observerai vos prochains affrontements si tu le désires. Tu l’as dit toi-même, une fois ne suffit pas à savoir.

– Merci de te proposer. Elle refuse de l’admettre tant qu’elle ne m’aura pas définitivement battu, mais elle s’est vraiment améliorée, et j’ai du mal à la combattre tout en voyant les esprits.

– Je te l’ai déjà dit, le feu du combat brûle en elle. Il consume les obstacles et s’en nourrit pour se renforcer. Elle-qui-guide est le feu de la volonté. »

Son bol encore à la main, Camille les interpella.

« Bon allez, on repart, pas le temps de traîner !

– Tu ne veux pas qu’on te soigne ton genou avant de partir ? Tu boites vachement, ça va te torturer toute l’aprèm.

– Que-dalle, ça m’apprendra à trébucher comme une idiote ! On avance, ça partira tout seul. » Vincent entendit Sanrine rire à côté de lui.

« Je ne pensais pas que le feu pouvait dévorer les blessures.

– Que veux-tu, une idiote pareille, la logique n’a pas de prise sur elle.

– J’ai entendu ! »

Le soir tombant, après un bon dîner chaud-

« (**) Bon bon, je commence à en avoir teeeeeeellement plein le cul de la soupe de pomme de terre ! Heureusement qu’on arrive bientôt, je vais craquer à force ! »

Camille profita qu’ils soient seuls au relai et reprit ses habitudes mesquines. Elle tenta d’attaquer Vincent à son insu et laissa Anna prévenir les gardes de ne pas faire attention, mais non, ils sont copains, vous savez, la vie de couple, haha, vous avez pas un morceau de lard à partager ? L’attaque échoua, et résulta en un combat similaire à celui du début d’après-midi. La jeune femme ne parvint pas à atteindre son ami. Elle finit par tomber en arrière, se laissant aller à un cri de frustration en percutant le sol.

« Pourquoi j’y arrive plus !! Pourquoi pourquoi pourquoi !! »

Alors qu’elle martelait le sol de ses poings rageurs, Sanrine s’approcha d’elle et s’agenouilla.

« Qu’est-ce que tu as en tête ? – Pardon ?

(3)

– Ne réfléchis pas. Dis-moi ce qui te vient en tête.

– La tête de con de Vincent que je veux exploser ! Raaaah ! Arrête de me narguer enfoiré !!

– C’est ce que je vois autour de toi. Mais rage et colère ne sont pas tes alliées. Tu es la fille du feu.

Et le feu doit être en toi.

– Vincent se pencha vers Anna et lui murmura.

– Va chercher de l’huile, faut foutre le feu à Cam’.

– Qu’est-ce que ça veut dire ?

– Cela veut dire que tu ne peux pas te battre avec colère, mais avec passion, avec fougue, avec vigueur. Qu’avais-tu en tête cette après-midi ?

– Je voulais réussir à toucher Vins’, encore. Pour recommencer comme ce matin.

– Et qu’avais-tu en tête ce matin ? – Ben… Je voulais frapper Vins’ ? – Merci Cam’, moi aussi je t’aime.

– Es-tu sûre de cela ?

– Qu’est-ce que je pouvais avoir d’autre ? On se battait, je voulais gagner, c’est tout !

– Gagner et frapper sont deux choses différentes. Tu dois te souvenir de ce que tu avais en tête quand tu as réussi. Retrouve ton allié, et vaincs avec son aide. »

Une pensée traversa l’esprit de Vincent. Il s’approcha de son amie et l’invita à se relever.

« Chasseresse m’a montré quelque chose d’un peu étrange une fois. Faut pas confondre objectif et moyen. C’est quoi que tu veux vraiment ? Pour quelle raison tu te bats ?

– Camille voulu répondre, mais Vincent l’interrompit.

– Tatata. Je ne veux pas le savoir. C’est pas une question pour moi, mais une question pour toi.

C’est ça que tu voulais lui dire hein ?

– Sanrine acquiesça du regard, sans dire un mot, puis se recula pour libérer le terrain d’entraînement.

– Alors on va recommencer, et cette fois tu ne vas pas vouloir me frapper, ou refaire comme ce matin. Tu vas refaire comme ce matin.

– Je crois que je vois la différence.

– Alors c’est parti ! »

Le début du combat fut similaire au précédent. Camille s’énervait de ne pas réussir à atteindre Vincent, et sa rage la poussait à la limite de son endurance. Il l’envoya voler en arrière. Elle atterrit lourdement sur les fesses.

« C’est pas me toucher que tu veux. C’est me battre !

– Mais c’est pareil putain de merde de foutre cul de pute borgne !

– Oh, chérie ! Même moi je te trouve vulgaire. Qu’est-ce que je t’aime. »

Un sourire enamouré aux lèvres, Anna s’approcha de Camille et lui passa ses bras autour du cou.

Camille voulu se débattre légèrement pour se redresser et retourner au combat, mais Anna ne lui en laissa pas le loisir. Elle passa une main dans ses cheveux, et commença à la bercer tendrement, en lui murmurant des mots que Vincent décida d’ignorer.

Après quelques minutes de calme, Anna colla son front contre celui de sa compagne, la regarda en souriant et lui fit un clin d’œil, que Camille lui rendit accompagné d’un délicat baiser.

« Pète-lui la gueule louloute.

– (**) Ça va devenir désagréable à force… »

Camille se releva et essuya le léger filet de sang séché qui avait coulé de sa lèvre fendue. Elle prit une profonde inspiration et expira lentement. Puis elle chargea. Quelque chose avait changé. Ses gestes étaient plus mesurés, plus fluides, mais pas seulement. Bien que toujours incapable de le toucher, elle s’en approchait de plus en plus.

« (**) Elle a compris.

– Et donc ?

– (**) Et donc je vais prendre cher. »

(4)

Un poing frôla le visage du jeune homme. Une fois. Deux fois. Trois fois. Camille manqua de lui envoyer son pied dans le ventre, une fois. Deux fois. Quatre fois. Il voulut la mettre au sol, l’immobiliser, la déséquilibrer. Mais échoua. Une fois. Dix fois. Cent fois. Camille exultait. Elle parvenait à contrer chacune des attaques de Vincent. Et toutes celles qu’elle lançait s’approchaient dangereusement de leur cible. Le pouvoir de Vincent n’avait pas diminué. Au contraire. Il voyait plus clairement qu’il n’avait jamais vu. Il savait où Camille allait attaquer, il voyait comment elle se défendrait, et comment passer ses défenses.

Mais attaque après attaque, elle prit le dessus. Il se baissa pour esquiver un crochet du poing gauche et manqua de se faire heurter par son poing droit. Il plaça ses bras en défense contre un coup direct et se fit frôler par un uppercut. Il ne pouvait plus lire ses mouvements. Camille n’essayait plus de le frapper. Elle voulait gagner. Et Vincent ne pouvait pas lire comment elle obtiendrait cette victoire.

Il protégea son visage avec ses bras, s’apprêta à encaisser une dernière attaque. Un puissant coup le cueillit en plein dans le menton et le souleva du sol, manquant presque de lui faire perdre

connaissance. Il roula en arrière et ne se releva pas.

Devant lui, Camille brillait à la lumière du coucher de soleil, auréolée par l’astre qui semblait essayer de l’enlacer. Ses yeux étaient devenus brillants et émettaient leur propre lumière.

Camille sera recouverte des lances du tout puissant, qui aura abandonné la fin de son combat pour observer celui de la jeune femme. Ému par ce qu’il verra, il lui donnera ses armes. Et dans son dos, Vincent entendra Sanrine murmurer avec émotion.

« Ohtanarfea ! L’incarnation du tout puissant ! »

Avant d’être capable de pousser un nouveau cri de victoire, Camille chancela et manqua de s’effondrer. Anna se jeta sur elle et l’attrapa avant qu’elle ne touche le sol.

« Chérie ? Ça va ? Chérie ?!?

– T’en fais pas Anna. Elle est juste épuisée.

– Qu’est-ce qu’il vient de lui arriver ? Vous vous battiez, c’est elle qui t’a cogné, c’est toi qui devrais tomber dans les pommes !

– Toujours au sol, la mâchoire endolorie, Vincent tourna son visage vers Sanrine, qui s’approchait révérencieusement de Camille.

– Je pense que Chasseresse expliquera ça mieux que moi.

– Chaque être vivant en lien avec les esprits possède une… Quel est le mot déjà ? – Affinité.

– C’est cela. Une affinité avec un type d’esprit particulier. Je suis Sul, enfant des vents. Mon père est Arda, enfant de la terre. Les affinités sont aussi nombreuses que les esprits, mais rare sont ceux qui ne sont pas de la terre, du vent, de l’eau ou du feu. Elle-qui-guide est l’enfant du tout puissant.

La fille d’Anar, le soleil, et Otha, la guerre. »

La déclaration de Sanrine jeta le silence sur le campement. Les regards alternèrent entre elle et Camille, et personne ne sut quoi dire.

Ce ne fut que lorsque que la jeune femme gémit et ouvrit les yeux qu’Anna reprit la parole.

« Camouille ! Tu vas bien ?

– Gnnn. Pas si fort chérie. Mal à ma tête. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? J’ai encore perdu ? – Pas vraiment non !

– C’est vrai ? J’ai gagné ?

– Vincent s’approcha en se massant le menton.

– Oh que oui. Tu as gagné.

– Quoi ? Pour de vrai ? Je veux dire ! Bien sûr que j’ai gagné ! Je… J’ai fait comment ?

– Souffle donc deux minutes, je pense que ton corps n’est pas trop habitué… Ou même fait pour ce qu’il vient de se passer. Je vais aller préparer de quoi manger. Chasseresse, tu lui expliques ? Je pense qu’entre utilisatrices d’Efea, vous avez beaucoup de trucs à vous dire.

– Cela sera un plaisir d’instruire une âme aussi brillante.

– Quoi ? Efea ? Brillante ? De quoi vous parlez ?

– Bien qu’il mourût d’envie de participer à la conversation pour assister aux réactions de Camille, Vincent savait que son amie aurait rapidement besoin de nourriture afin de compenser la perte

(5)

d’énergie qu’elle avait subie en s’éveillant aux esprits. Il s’éloigna en agitant la main par-dessus son épaule.

– Je laisse la chef t’expliquer, moi j’ai la popote à faire.

– Comment tu sais qu’elle a besoin de manger d’ailleurs ?

– (**) Tu sais bien que j’en sais riiiiiiiiiiiiien du tout. Mais je le sais, c’est tout. À croire que la magie dans cette Histoire existe, mais que personne ne l’a débloquée. Donc comme je suis à moitié Narrateur, à moitié Personnage omniscient, je sais ça. »

Anna le rejoignit quelques minutes plus tard, et s’installa à côté de lui en rouspétant.

« Gnagnagna, et voilà, je me fais encore voler ma nana.

– Par Chasseresse en plus, je comprends que tu sois jalouse sur ce coup-là.

– Je te jure que si ta copine me tire la mienne, tu n’auras aucune chance avec moi ! – Pfuhuhu, prétentieuse, j’ai prévu de les rejoindre si ça arrive.

– Une indiscernable expression de tristesse traversa le visage d’Anna pendant une fraction de seconde.

– Qu’est-ce que tu as ?

– Anna le regarda comme s’il pouvait voir à travers ses vêtements.

– Arrête de tout voir.… C’est gênant.

– Navré, je ne contrôle pas. Je peux faire comme si je ne voyais pas si tu préfères ?

– Non mais c’est juste que… Des fois, je suis un peu jalouse de vous deux. Vous vous connaissez tellement… Ça me fait me sentir seule.

– Oh. Tu sais que je pourrais presque me vexer non ? On est pas pote tous les deux ?

– Je sais que tu te vexeras pas. C’est pour ça que je me permets de te confier ça… Sisi, on est potes.

Mais… Je veux dire, Camille te connaît tellement… Et tu la connais encore plus.

– On a déjà eu cette conversation.

– Je sais ! Mais… Merde, c’était quand elle et moi c’était tout jeune ! Ça fait longtemps qu’on est ensemble maintenant, je pensais t’être passé devant…

– On est amis depuis des années… Je suis sûr que dans quelques années, tu la connaîtras encore mieux qu’elle ne se connaît elle-même. Et laisse-moi quoi ? Dix ans ? Et je te connaîtrais plus que tu ne le supporteras.

– Anna replia ses jambes devant elle et posa son menton sur ses genoux.

– C’est long dix ans… On sera toujours comme ça dans autant de temps ? »

Vincent pencha légèrement la tête sur la droite, et observa son amie. Venant de n’importe qui d’autre, il aurait trouvé la question clichée, voire extrêmement caricaturale, mais venant d’Anna, il ne put s’empêcher de la trouver légitime. Mais vu qu’il y a des gens niveau zéro en relation et psychanalyse ici, tu expliquerais en quoi c’est légitime ?

« (**) Anna, six ans, abandonnée par son père. Anna, je sais pas quel âge, mais un âge auquel moi je devais sûrement bouffer de la colle, vient de perdre son premier ami, parce qu’elle est à l’armée.

Anna, un peu plus vielle, perd tous ses amis parce que son père la change de régiment, pour la faire chier… Anna, seize ans, perd Ivan. Qui a toujours été dans sa vie. Mis à part lui, tu crois que sa plus grande amitié a durée combien de temps ? Et était profonde à quel point ? »

Il laissa tomber son rôle de chef surveillant en cuisson de l’eau et s’approcha de la jeune femme, reproduisant la posture que Camille avait déjà utilisée avec lui pour lui remonter le moral. Épaule à épaule. Dans cette position, il avait inexplicablement l’impression d’être plus proche des gens, physiquement, bien évidement, mais aussi mentalement.

« Quand on aura fini tout ce bordel… J’ai un imbécile à retrouver. Parce que ça sera dangereux, parce que je sais que lui et toi, vous n’avez rien partagé, sauf peut être Camille, et c’est limite une mauvaise chose, je ne te demanderai pas de venir. Cependant, que tu décides de m’imposer ta sale trogne ou non le temps que je le fasse revenir à la raison, une fois que ça sera fait, crois bien que je reviendrai te dire des saloperies. Alors ouais… Ouais, je pense que dans dix ans, c’est toi qui en auras plein le cul de me voir, crois-moi.

(6)

– Anna lui rendit son sourire, s’appuya légèrement contre son épaule, et lui donna un coup de coude étrangement délicat par rapport à ses habitudes.

– Je viendrai sans doute pas en effet. Je crois que je ne vais plus trop être bonne à quoi que ce soit pendant un moment. Mais j’attendrai par contre, et je garderai une seconde place au chaud pour ton idiot de petit copain. »

Anna se chargea d’apporter de quoi manger à Mava, et Vincent s’occupa de Sanrine et Camille, qui parlaient toujours d’esprit. Il les trouva l’une en face de l’autre, entourées par des centaines

d’esprits qui même sans être vus par Camille, voulaient saluer celle qui venait de s’éveiller à eux.

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