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R ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE LA BIODIVERSITÉ À LA CRÉATION DE RICHESSES COMPRENDRE

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ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE LA

BIODIVERSITÉ À LA CRÉATION DE RICHESSES

R

éintégrer l’économie dans les limites de la biosphère suppose un changement de regard sur la nature. Pour cela, il faut prendre conscience que la biodiversité constitue le socle des activités économiques.

Or, ce que l’on fait est dépendant de ce que l’on mesure. Si les mesures sont défectueuses, les décisions peuvent être inadaptées. C’est dans cette logique que la Commission Stigliz-Sen-Fitoussi (2009) sur la mesure des performances économiques et du progrès social met en évidence les limites du système de comptabilité nationale sur lequel se base l’estimation de la croissance économique aujourd’hui. En effet, ce système ne prend pas en compte l’épuisement des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement. Cependant, l’antagonisme apparent entre prospérité économique et préservation de l’environnement serait profondément réduit si la détérioration de la biodiversité était appréciée de manière appropriée dans l’évaluation de la richesse d’une nation et des avantages tirés de son utilisation par les acteurs privés. Le présent article s’attache à clarifier la mesure actuelle de la contribution de la biodiversité au développement économique, avant d’en expliciter les limites. Il tente ensuite de rendre compte et de matérialiser les bénéfices liés à la conservation et à l’utilisation de la biodiversité pour les entreprises afin de contribuer à transformer ce qui est peut être perçu comme un risque en une opportunité à saisir.

La comptabilisation

actuelle de la contribution de la biodiversité

au développement économique

En cohérence avec les nomenclatures internationales en vigueur, la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement du ministère français de l’Ecologie propose

deux approches, par la demande et par l’offre, pour l’évaluation de la contribution de la biodiversité à la richesse nationale.

L’approche par la demande

Le compte de dépense de protection de l’environnement, compte satellite(1) de la comptabilité nationale, mesure l’effort financier des ménages, des entreprises et des administrations publiques pour la prévention, la réduction et la suppression des dégradations de l’environnement(2). L’objectif consiste à évaluer les ressources affectées par une nation à la protection de l’environnement et à décrire le financement des coûts liés à ces activités. Ces dépenses sont réparties sur plusieurs domaines environnementaux, suivant la nature de ce que l’on cherche à protéger (sol, air,…) ou la pression que l’on cherche à traiter (bruit, déchets radioactifs,…). Au sein de cet agrégat, il est possible d’isoler la dépense nationale en faveur de la biodiversité et des paysages, qui regroupe des actions liées à la gestion des espaces et des espèces (création/gestion de zones protégées, conservation in situ), à la réduction des pressions (mesures agro-environnementales et dépenses de prévention des dommages par l’industrie et les transports), et à la connaissance (inventaires et expertises relatives au patrimoine naturel, conservation ex situ).

En 2011, la dépense nationale de protection de la biodiversité et des paysages s’élève à 2,2 milliards d’euros (Figure 1), soit 4,7 % des dépenses totales de protection de l’environnement (46 milliards d’euros) qui sont largement dominées par la gestion des déchets (34 %) et l’assainissement des eaux usées (28 %) (CGDD, 2013).

(1) Selon l’INSEE, un compte satellite est un cadre de présentation des données de l’économie d’un domaine particulier en relation avec l’analyse économique globale du cadre central de la comptabilité nationale.

(2) Le compte de dépense de protection de l’environnement fait l’objet d’une description normalisée par le système européen de rassemblement de l’information économique sur l’environnement (Seriee). Les différents types de dépenses sont issus de la nomenclature d’activités CEPA 2000 d’Eurostat.

Avec un taux d’évolution annuel moyen qui avoisine les 6 % entre 2000 et 2011, les dépenses liées à la biodiversité et aux paysages figurent parmi les plus dynamiques dans l’ensemble des postes considérés. Sur la période, leur progression est largement supérieure à celle du PIB en valeur (+85 % contre 39 %). Cette dynamique est à mettre au profit de la forte progression de la composante « gestion des espaces et des espèces » qui constitue plus de la moitié des dépenses totales en 2011. Les opérations d’investissement comme la restauration et la gestion des milieux aquatiques ainsi que l’acquisition de zones humides par les Agences de l’eau ont participé à cette croissance ces dernières années (638 millions d’euros en 2011).

Les pouvoirs publics (Etat, collectivités locales, Agences de l’eau) financaient en 2011 les trois quarts de la dépense de

Figure 1 - Evolution de la dépense nationale pour la protection de la biodiversité et des paysages par composante, en France (en millions d’euros)

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011

2500

2000

1500

1000

500

0

(sd) (p)

„ Connaissance

„ Autres actions de protection

„ Réduction des pressions

„ Gestion des espaces et des espèces Source : SOeS - Commission des comptes et de l’économie de l’environnement, 2013. sd : semi-définitif ; p : provisoire

(2)

protection de la biodiversité et des paysages, dont 50 % à la charge des collectivités locales qui ont vu leurs compétences s’élargir progressivement en matière environnementale au cours de la décennie (Figure 2).

Figure 2 - Part de chaque acteur dans le financement des actions en faveur de la biodiversité et des paysages en 2011

50%

19%

15% 8%

4% 3%

„ Collectivités locales

„ Entreprises

„ Etat

„ Agences de l’eau

„ Autres (dont Europe)

„ Ménages Source : CGDD-SOeS, 2013

Les dépenses des entreprises en faveur de la biodiversité, qui s’établissent à un total de 405 millions d’euros en 2011, sont relativement stables depuis 2000. Elles correspondent essentiellement à des actions de réduction des pressions et comprennent les investissements dédiés à la protection de la biodiversité et des paysages (achats d’équipements, …), les études (en vue d’investissement ou réglementaire) et les dépenses courantes de fonctionnement.

Le secteur de l’industrie représente à lui seul 58 % des dépenses de réduction des pressions sur la biodiversité. Ce poids est largement imputable aux investissements du secteur de l’énergie(3). Les dépenses en faveur de la biodiversité comptent pour une faible part des montants engagés par l‘ensemble des entreprises en matière de protection de l’environnement (2 %) au regard de ceux engagés pour la gestion des déchets (43 %), la gestion des eaux usées (21 %) et la protection de l’air ambiant et du climat (8 %).

(3) Source : enquête Antipol 2010 de l’INSEE

L’approche par l’offre

Les éco-activités regroupent les activités qui produisent des biens et services ayant pour finalité la protection de l’environnement ou la gestion des ressources naturelles. L’approche adoptée retient les activités qui participent à la production d’écoproduits pour lesquels il existe des classifications précises. Au sein de ces éco-activités figurent les activités liées à la nature, au paysage et à la biodiversité qui visent à protéger ou réhabiliter les espèces faunistiques et floristiques, les écosystèmes et les habitats, ainsi que les paysages naturels et semi-naturels.

Le chiffre d’affaires des activités liées à la nature, au paysage et à la biodiversité est estimé à 1,1 milliards d’euros, soit 1,1 % de la valeur de la production des éco-activités

en France (CGDD-SOeS). Le secteur constitue une filière à forte valeur ajoutée comparativement aux autres éco-activités et employait un total de 13 400 personnes en 2011 (contre 455 600 pour l’ensemble des éco-activités). Ainsi, le secteur apparait encore comme une niche au sein de la filière de l’environnement en France. Ses effectifs ont montré une tendance à la hausse de moindre ampleur par rapport à l’ensemble des éco-activités depuis 2004 (+2,6 % en rythme annuel moyen contre 4,2 %). Le dynamisme de l’emploi dans le domaine de la protection de l’environnement semble principalement porté par la filière de réhabilitation des sols et des eaux pollués (+12,8 % en moyenne entre 2004 et 2011) dont la croissance est tirée par les conversions à l’agriculture biologique (48 100 ETP en 2011) (Figure 3).

COMPRENDRE ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE LA BIODIVERSITÉ À LA CRÉATION DE RICHESSES

Figure 3 - L’emploi environnemental par domaine

0 20 000 40 000 60 000 80 000 100 000

Activités transversales

f

fServices généraux publics f

fR&D f fIngénierie

Gestion des ressources

f

fEnergies renouvelables f

fRécupération f

fMaitrise de l’énergie f

fGestion des ressources en eau

Protection de l’environnement

f fDéchets

f fEaux usées

f

fRéhabilitation des sols et des eaux f

fNature, paysage, biodiversité f

fBruit f

fPollution de l’air

Source : CGDD- SOeS, 2013 „ 2009 „ 2010 „ 2011

© tc397

(3)

Limites et enjeux liés à l’évaluation de la contribution de la biodiversité à l’activité économique

Les comptes de l’environnement visent à pallier les limites du système de comptabilité nationale, qui ne mesure pas directement la détérioration de la biodiversité. Cependant, en ne remettant pas en cause les fondements de l’évaluation de la richesse nationale, cette approche ne constitue qu’une alternative incomplète. Elle permet de prendre conscience pour partie des valeurs de l’environnement et de la biodiversité via les comptes satellites, mais n’intègre pas, dans la mesure de la performance économique et du progrès social, l’ensemble des coûts environnementaux engendrés par les activités économiques et des bénéfices que les sociétés humaines tirent des écosystèmes.

L’inadéquation du PIB quant à la mesure du bien-être social et de la qualité de vie d’une population participe d’une réflexion plus large sur la pertinence des indicateurs de mesure du développement d’un pays. Le sujet de la biodiversité cristallise justement toutes ces problématiques.

En dépit de son indéniable intérêt pour éclairer la décision, la comptabilisation existante de la place de la biodiversité dans l’économie répond à une logique n’intégrant pas la soutenabilité des modes de production et de consommation. Cette vision est essentiellement restreinte à la prise en compte de la biodiversité dite remarquable, c'est-à-dire formée des entités (gènes, espèces, habitats, paysages) que la société a identifiées comme ayant une valeur écologique et/ou patrimoniale à préserver.

Ainsi, l’estimation des dépenses liées à la nature, au paysage et à la biodiversité porte en grande partie sur les activités des structures dédiées à la gestion des zones protégées financées traditionnellement sur fonds publics. Cette appréhension de la biodiversité omet que celle-ci constitue en définitive l’ensemble du tissu vivant de la planète. En particulier, l’approche sous- évalue le rôle de la biodiversité, qui, par l’abondance et les multiples interactions entre ses entités, contribue à des degrés divers au fonctionnement des écosystèmes, et par la même, à la qualité des services écosystémiques dont les sociétés humaines dépendent pour perdurer. Ces services tirés de la nature peuvent prendre la forme de services d’approvisionnement qui fournissent les denrées alimentaires, l’eau douce, les matières premières comme le bois. La biodiversité constitue un réservoir

d’innovations dans des domaines variés (matériaux inspirés du vivant, médicaments, procédés de dépollution, …). Les

caractéristiques fonctionnelles des espèces et la composition de la faune et de la flore influent sur la capacité des écosystèmes à réguler le climat et la propagation des maladies, à purifier l’air et les masses d’eau ou à fertiliser les sols. L’ensemble de ces services ne sont pas comptabilisés à hauteur de leur contribution effective à l’activité économique, soit par effet de substitution (certains services sont identifiés mais non appréhendés comme résultant de la biodiversité), soit par omission (le cadre actuel de la comptabilité nationale n’inclut pas les services écosystémiques ne faisant pas l’objet de transactions monétaires).

L’enjeu réside donc dans la reconnaissance d’une vision élargie de la biodiversité source de services écosystémiques et, par conséquent, dans le choix du périmètre à prendre en considération pour la mesure des activités économiques en relation avec les écosystèmes qui les englobent.

Ce constat est aujourd’hui partagé.

L’intégration de la valeur des écosystèmes dans les systèmes de comptabilité nationale à l’horizon 2020 figure dans les Objectifs d’Aichi de la Convention sur la diversité biologique et la stratégie de l’Union Européenne pour la biodiversité.

Les emplois favorables à la biodiversité en France et en Ile-de-France

Les comptes de l’environnement imputent au secteur de la biodiversité, de la nature et du paysage un peu plus de 13 000 ETP. D’après le rapport du comité de filière « biodiversité et services écologiques » du ministère de l’Ecologie, le secteur mobiliserait en réalité environ 20 000 professionnels.

L’estimation est issue d’une définition de la filière qui inclut les emplois dont l’activité principale est de contribuer à la connaissance, la gestion, la

valorisation et la restauration de la biodiversité, ou de contribuer à la prise en compte des enjeux de biodiversité dans les autres activités économiques.

Cette définition, en élargissant le périmètre d’étude, reflète mieux la réalité de la contribution économique de la biodiversité dans les secteurs d’activité. Elle a notamment été utilisée dans le cadre d’une étude menée par le Centre d’Etude de l’Emploi pour le compte de Natureparif,

l’agence régionale pour la nature et la biodiversité en Ile-de-France.

L’étude dénombre un total de 6 400 ETP « bio-emplois » en Ile-de-France répartis dans l’agriculture (31 %), les activités associatives (26 %), l’administration publique (16 %) et la recherche et développement (12 %).

Par ailleurs, un total de 2 900 emplois induits est estimé au niveau national par les emplois franciliens.

Source : http://www.natureparif.fr/attachments/observatoire/

EtudeEmplois/CEE-Natureparif-rapport_final_web.pdf

(4)

La biodiversité source d’opportunités

économiques

Si la mesure de la contribution de la biodiversité à la richesse nationale se doit d’être modifiée au niveau macroéconomique, la mise en lumière des opportunités liées aux bénéfices tirés de la biodiversité pour les entreprises est tout aussi essentielle. Dans cette optique, deux approches paraissent complémentaires : favoriser l’émergence de domaines d’activités propres à la biodiversité et aux services écosystémiques créateurs de valeur, d’une part, et identifier les bienfaits de l’intégration de la biodiversité dans les secteurs d’activités, d’autre part(4).

La création d’une filière « génie écologique et biodiversité »

Fort d’un portage politique du ministère de l’Ecologie, le secteur du « génie écologique », en cours de structuration, constitue le cœur de la filière « biodiversité » aujourd’hui. Il regroupe les activités d’étude et de suivi, de maîtrise d’œuvre et de travaux favorisant la résilience des écosystèmes en s’appuyant sur les principes de l’ingénierie écologique. Ses contours et son chiffrage restent encore flous. La filière n’est pas dissociée – en matière de nomenclature d’activités - des activités de dépollution des sols, de restauration des sites pollués ou encore de gestion, production et distribution des ressources en eau et d’assainissement (où des groupes comme Veolia Environnement et Suez Environnement ont construit une position de leader à l’international). Mais les domaines du diagnostic environnemental, de la réhabilitation des milieux, notamment aquatiques (avec une focalisation sur le grand cycle de l’eau), de leur dépollution (phytoremédiation), de la compensation écologique et du traitement des eaux usées par la biodiversité (phytoépuration) figurent déjà comme très prometteurs. Le contexte de législation environnementale de plus en plus exigeant renforce cette dynamique (loi sur la responsabilité environnementale,

(4) La frontière entre ces deux approches est cependant ténue. De nombreuses activités liées à la biodiversité ne sont pas créées de toutes pièces mais proviennent de la reconversion ou de l’adaptation de compétences associées à des secteurs existants.

lois Grenelle, directive cadre sur l’eau…).

Le secteur, hétérogène de par la taille des entreprises qui le compose, est structuré autour d’un tissu de 150-200 petites et moyennes entreprises, mais aussi de groupes disposant de chiffres d’affaires conséquents (plusieurs millions d’euros pour certains) et dont l’activité peut être tournée de manière non-négligeable vers l’international (Biotope, Egis ou Phytorestore par exemple).

L’enjeu d’avenir de la filière du génie écologique réside dans la reconnaissance de son savoir-faire auprès des maîtres d’ouvrage en s’appuyant tant sur un maillage de PME dynamiques que sur l’expérience d’acteurs historiques, comme la Caisse des Dépôts qui a créé en 2008 CDC Biodiversité (opérateur de compensation).

L’intégration de la

biodiversité dans quelques secteurs économiques

L’intégration de la biodiversité au cœur de l’entreprise engendre une valeur ajoutée tangible en améliorant le rapport coût- efficacité des processus de production et la qualité des produits, en sécurisant la durabilité de la chaîne d’approvisionnement et en augmentant les revenus via la pénétration de nouveaux marchés et le ciblage de nouveaux clients (TEEB, 2009).

f

Ä Dans le domaine de l’agriculture : l’agro- écologie et l’agro-foresterie proposent des modes d’utilisation des terres fondées sur l’adaptabilité du vivant et la réintégration de l’activité dans son environnement. En effet, le modèle d’agriculture dite conventionnelle pousse à la sélection des espèces cultivées ainsi qu’à l’utilisation intensive des engrais de synthèse et de produits phytosanitaires dans une optique d’artificialisation des agro-systèmes destinée à la hausse des rendements. Ce faisant, cette spécialisation des systèmes de production agricole peut avoir des externalités négatives (érosion et réduction de la qualité des sols, baisse de la qualité des eaux...). Mais des alternatives sont possibles. Par exemple, la lutte biologique contre les insectes ravageurs et l’utilisation de plantes locales participent à enrayer le développement des pathogènes. Le maintien d’un couvert végétal favorise la fertilité des sols. Enfin, l’association d’espèces et la

rotation adaptée des cultures (céréales, légumineuses, tubercules, …) permettent une meilleure distribution des nutriments et augmentent in fine les rendements. En bref, de nombreux indices donnent à penser que le maintien d’écosystèmes culturaux et fonctionnels renforce la résilience et la productivité des agrosystèmes, ce qui est donc à la fois source de création de valeur et de préservation de la biodiversité.

f

Ä L’émergence des marchés de produits verts via l’éco-certification des sites et filières de production de matières premières (bois, produits de la pêche, agriculture, soja, sucre de canne, huile de palme, …) offre des perspectives intéressantes de débouchés intéressantes pour les entreprises en réponse aux changements des préférences des consommateurs en cours et à venir. Ces marchés représentent un total de 6,6 milliards de dollars par an au niveau mondial pour les produits certifiés agricoles, forestiers et de la mer (Parker et al., 2012). Si la prime de marché(5) est variable selon les filières, la certification trouve sa justification pour les entreprises dans la garantie à l’accès à certains marchés, comme par exemple en Europe celui des produits en bois.

(5) Différentiel de prix sur un marché entre un produit certifié et un produit non certifié.

Cette prime est payée par le consommateur.

COMPRENDRE ANALYSE DE LA CONTRIBUTION DE LA BIODIVERSITÉ À LA CRÉATION DE RICHESSES

© ARENE IDF - Marie-Laure Falque-Masset

(5)

de nouveaux métiers et compétences en lien avec l’utilisation de la biodiversité. Dans un contexte de forte pression sur les coûts et de raréfaction des ressources fossiles, le secteur de la chimie - représentant un marché de 87 milliards d’euros en France - soutient actuellement l’essor de la chimie verte, et en particulier de la chimie du végétal(6) qui compte 23 400 emplois directs en France (CGDD, 2013). Dans cette perspective, les acteurs de l'industrie chimique se sont engagés en 2007 à utiliser d'ici 2017, 15 % de matières premières d'origine végétale dans leurs procédés.

Ce nouveau segment de marché crée des opportunités en termes de gains de compétitivité (réduction des consommations de ressources) et de diversification d’activités dans un paysage concurrentiel en évolution rapide.

f

ÄDans le domaine des matériaux biosourcés, les polymères naturels issus de la faune et de la flore ou de procédés industriels basés sur la fermentation sont utilisés pour la fabrication de résine destinée au secteur de la plasturgie(7). Ils servent principalement à la confection d’emballages légers et rigides. Le marché a un potentiel de croissance important (0,3 % de la production mondiale de plastique en 2010) et de nouveaux segments se développent (jouets, secteur médical, cosmétique, …). De même, le chiffre d’affaires des matériaux composites produits à partir de fibres végétales (lin et chanvre notamment) atteint les 200 millions d’euros en France en 2011 (CGDD, 2013).

Ces matériaux offrent des perspectives intéressantes dans le domaine du bâtiment, des transports, du textile et du papier.

f

ÄEnfin, dans le secteur financier, la compréhension des risques systémiques à l’origine de la crise financière, non sans liens avec la crise écologique actuelle selon des auteurs comme Jacques Weber, reste encore limitée. La prise en compte de la biodiversité et des services écosystémiques dans les produits de prêts et d’investissement peut participer à une meilleure couverture de ce risque dans la mesure où la détérioration du capital naturel a des répercussions directes sur les résultats financiers des institutions

(6) La chimie du végétal comprend la gestion des bioressources, la mise en point de procédés de transformation de la biomasse, la reproduction de molécules d’origine pétrochimique et l’élaboration de molécules offrant de nouvelles fonctionnalités propres aux matières premières végétales. Le lien avec la préservation de la biodiversité n’est toutefois pas automatique.

(7) Transformation des matières plastiques.

financières. Par exemple, concernant le marché des dettes publiques, qui représente 40 % des marchés obligataires au niveau mondial, la dégradation de l’environnement, la raréfaction des ressources naturelles et la vulnérabilité aux impacts du changement climatique peuvent avoir des conséquences directes sur la croissance économique des pays, et donc sur leur capacité à rembourser leurs emprunts. On estime notamment qu’une variation de 10 % de la capacité productive d’une nation en matière de ressources biologiques engendre une dégradation de la balance commerciale équivalente à une fourchette de 1 % à plus de 4 % du PIB(8) (UNEP FI-GFN, 2012)(9). Les institutions financières, pour qui les obligations sont généralement perçues comme des actifs peu risqués, ont donc tout intérêt à intégrer cette dimension environnementale dans l’analyse des risques de crédit souverain.

La préservation de la biodviersité passe au moins en partie par son intégration dans l’économie et par sa valorisation.

Si le recours à la monétarisation fait débat, la reconnaissance des valeurs de la biodiversité est aujourd’hui un objectif partagé. Mais pour cela, encore faut-il pouvoir disposer d’outils

(8) L’état de la balance commerciale d’un pays est un des critères utilisés par les analystes financiers et les agences de notation dans l’évaluation du risque de crédit souverain.

(9) A noter que la Caisse des Dépôts et Consignations a contribué à cette étude.

permettant de quantifier sa contribution effective au développement des activités économiques. Pour le secteur public, l’enjeu est de construire le cadre réglementaire incitatif favorable à cette reconnaissance tout en clarifiant son rôle dans la préservation de la biodiversité ordinaire et des services écosystémiques.

Quant aux acteurs privés, la problématique reste encore perçue comme une contrainte supplémentaire qui se rajoute à un contexte de crise économique source d’incertitudes.

La biodiversité peut être une source d’opportunités à identifier, analyser et comptabiliser à sa juste valeur. Dans le monde de demain, elle peut favoriser l’insertion des entreprises qui sauront s’en saisir.

Références :

Commissariat Général au Développement Durable (CGDD) - SOeS, 2013. L’économie de l’environnement en 2011-Rapport de la Commission des comptes et de l’économie de l’environnement.

Collection Références.

Commissariat Général au Développement Durable, 2013. Les filières industrielles stratégiques de l’économie verte : enjeux et perspectives. Collection Références.

United Nations Environment Programme Finance Initiative - Global Footprint Network (UNEP FI-GFN), 2012. A New Angle on Sovereign Credit Risk. E-RISC: Environmental Risk Integration in Sovereign Credit Analysis, , Phase 1 report.

Parker, C., Cranford, M., Oakes, N., Leggett, M., 2012. The Little Biodiversity Finance Book, Global Canopy Programme, Oxford.

Stiglitz J.E., Sen A., Fitoussi J-P., 2009. Rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social.

TEEB, 2010. The Economics of Biodiversity and Ecosystem Services for Business.

© Olivier Lantzendörffer

(6)

La biodiversité au cœur d’une

stratégie de valorisation immobilière

Phytorestore a été commandité par le Groupe POINT.P (n°1 de la distribution de matériaux de construction, filiale de Saint-Gobain Distribution Bâtiment), dans le cadre de sa stratégie de développement durable, afin d’intégrer durablement les infrastructures de la plateforme du bâtiment dans le paysage urbain à Aubervilliers et à Pantin. En effet, la capacité à intégrer ses sites de manière durable sur le territoire est considérée comme un enjeu crucial pour le groupe. L’objectif est de créer un patrimoine aussi bien immobilier que naturel. Cette stratégie permet au groupe au-delà d’une amélioration de l’image de l’enseigne, de mieux valoriser son foncier, mais aussi de développer son patrimoine immobilier dans des zones stratégiques. Cette initiative de valorisation immobilière s’inscrit

également dans la stratégie nationale de la Direction du patrimoine

immobilier du groupe Saint-Gobain.

Dans cette perspective, Phytorestore a proposé un projet global de valorisation des 20% d’espaces verts imposés par le plan local d’urbanisme (principal document de planification urbaine au niveau communal). Le projet consiste à mettre en place des jardins pour le traitement de l’eau (zéros rejets en eaux usées du site et des eaux pluviales), valoriser la biodiversité à travers la création de zones humides pour la réintroduction des habitats écologiques menacés en Ile-de-France, et enfin dans le cas du projet de Pantin, intégrer une dimension sociale par la création d’un square public.

Cette initiative s’inscrit également dans la logique communale des divers

schémas d’aménagement, notamment dans la démarche de continuité écologique de la Trame verte et bleue.

Ces espaces verts réglementaires devenus « utiles » ont, au-delà de la valorisation de la biodiversité, des retombées économiques directes non-négligeables comme la diminution des coûts de gestion et d’entretien des sites, ainsi que la diminution des coûts de restauration des ressources, notamment pour l’eau.

Ce projet illustre comment la biodiversité peut être source de valeur et devenir le support d’une stratégie globale d’entreprise.

Une entreprise

de génie écologique : Phytorestore

Créée par Thierry Jacquet en

2004, Phytorestore est une société spécialisée dans le traitement des pollutions (eau, air et sol) par les plantes et l’aménagement paysager.

Pour répondre à la problématique des pollutions générées par certaines infrastructures (rejets industriels, urbains, ...), Phytorestore a mis au point le concept des Jardins Filtrants®. Le principe est d’allier les fonctionnalités écologiques des plantes au design paysager (grâce

à la technique des zones humides) pour dépolluer un sol, valoriser la biodiversité en créant des sites conservatoires pour la faune et la flore, et assurer la rentabilité économique des projets par une diminution des coûts de fonctionnement. Les jardins filtrants sont aujourd’hui réalisés en France et à l’international notamment au Brésil et en Chine.

L’activité générée est de l’ordre de 4 millions d’euros de chiffre d’affaires par an dont 60% à l’international.

© Phytorestore/Yhierry Jacquet

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